Le phénoménal succès des mangas nous oblige à nous interroger sur la fascination qu’ils exercent sur les enfants et les adolescents. Du point de vue du dessin, tout n’y semble que violence et désordre. Mais leur lecture nous dévoile souvent des personnages tourmentés par des monstres intérieurs.
Ce succès est aujourd’hui relayé par des films d’animation qu’on appelle anime (prononcer « animé »). C’est le cas du manga Demon Slayer, de Gotôge Koyoharu, qui s’était vendu à plus de 150 millions d’exemplaires en février 2021 et a donné lieu à une série télévisée dont a été tiré un anime sorti le 19 mai sur les écrans français sous le titre Demon Slayer. Kimetsu no Yaiba – Le Train de l’infini.
Les héros de Demon Slayer sont des enfants. Cette particularité de tous les anime, qui a contribué au succès planétaire du genre, a une explication culturelle. Au Japon, celui qui perd au combat est discrédité. C’est pourquoi tant d’officiers japonais se sont suicidés. Depuis la défaite du pays contre les Américains, en 1945, aucun adulte ne peut plus faire office de figure identificatoire. Les nouveaux héros sont donc des enfants, ou des robots, ou un mélange des deux. Ainsi s’explique le succès prodigieux d’Astro Boy.
Dans les contes de fées occidentaux aussi, les héros sont souvent des enfants, qui au cours de leurs aventures apprennent de leurs échecs, dépassent leurs faiblesses et atteignent leur rêve. Mais, dans les mangas, les héros doivent affronter, en plus des difficultés extérieures, leurs démons intérieurs…