La famille étendue en tant que groupe rassemblant plusieurs générations sous le même toit et vivant de la même terre, des mêmes productions artisanales ou des mêmes activités commerciales a pratiquement disparu du paysage européen. Les grands-parents y jouaient un rôle important, prenant les principales décisions concernant les transactions économiques comme les mariages, et engageant ainsi l’avenir de l’ensemble de la famille. George Sand, observatrice de la vie rurale de son temps, témoigne de leur considérable pouvoir. Dans son roman La Mare au diable, un grand-père veut organiser le remariage de son gendre, veuf, avec une femme qui, selon ses propres critères, s’occupera bien des enfants. Le gendre refuse mais n’ose présenter l’élue de son cœur à ses beaux-parents. C’est finalement la grand-mère qui l’y encourage. Dans cette société patriarcale, dominée officiellement par les hommes âgés, les femmes d’expérience jouent – discrètement – un rôle considérable dans la résolution des conflits et la recherche de compromis. Grand-mères et grands-pères sont ainsi, chacun dans son rôle, les gardiens de la cohésion familiale.
Le couple grand-parental joue-t-il encore un rôle clé quand les générations vivent éloignées les unes des autres ? Dans le monde occidental, le nombre de petits-enfants vivant chez leurs grands-parents est en forte diminution depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les grands-parents prennent ponctuellement en charge leurs petits-enfants à la demande des enfants qui, d’ailleurs, n’apprécieraient pas de se voir dicter leur conduite…