Notes
-
[1]
La loi n° 2010-737 du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation.
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[2]
Il s’agit en l’occurrence des travaux effectués par l’Inspection générale des finances (Brabant, Dugos, Massou, 2009) et par le Conseil national de l’information statistique (Valentin, Mosquera-Yon, Masson, 2011).
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[3]
Voir par exemple Noorderhaven, Thurik, Wennekers, Van Stel (2004), Kautonen, Palmroos (2010), Fayolle, Nakara (2010), Giacomin, Janssen, Guyot, Lohest (2011).
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[4]
BEP : Brevet d’études professionnelles. CAP : Certificat d’aptitude professionnelle.
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[5]
Dans la suite du papier, et notamment pour les encadrés, nous utiliserons les abréviations suivantes :
Emp = Emprunteur. ; Dém = utilité au démarrage ; Dév = utilité au développement ; Diff = utilité face aux difficultés ; Prat = changement dans les pratiques ; Cog = domaine cognitif.
Introduction
1Source de croissance, l’entrepreneuriat apparaît en France comme un vecteur d’insertion sociale. En effet, « l’entrepreneuriat se développe aujourd’hui comme un mode d’insertion professionnelle alternatif au recrutement classique, voire comme un cursus permettant aux plus démunis de sortir de l’exclusion. Ainsi les chômeurs créateurs d’entreprise sont-ils de plus en plus nombreux ; ainsi les travailleurs sociaux s’appuient-ils sur des dynamiques entrepreneuriales ; ainsi les groupes discriminés s’emparent-ils d’un projet pour accéder à l’emploi. » (Brasseur, 2010 : 1). La mise en place de dispositifs et d’actions permettant de pérenniser les entreprises ainsi créées est une nécessité. Le rapport ministériel intitulé « Accompagner l’entrepreneuriat, un impératif pour la croissance » recommande d’ailleurs de considérer l’accompagnement comme un « reflexe entrepreneurial », autrement dit un axe central dans le processus de création (Mathot, 2010). L’accompagnement entrepreneurial englobe « des services qui permettent d’améliorer la performance de l’entreprise, son accès aux marchés et sa compétitivité. (…) [Il couvre] toute une gamme de services commerciaux, aussi bien stratégiques qu’opérationnels » d’après le Comité des bailleurs pour le développement de la petite entreprise (CBDPE, 2001). Son rôle a été souligné en tant que « pratique d’aide à la création d’entreprise, fondée sur une relation qui s’établit dans la durée et n’est pas ponctuelle, entre un entrepreneur et un individu externe au projet de création. À travers cette relation, l’entrepreneur va réaliser des apprentissages multiples et pouvoir accéder à des ressources ou développer des compétences utiles à la concrétisation de son projet. » (Cuzin, Fayolle, 2004 : 79). Plus complète, la vision de Messeghem, Bakkali, Sammut (2014 : 30) met en exergue l’importance du réseau et le rôle crucial en matière d’aide à la décision. Ainsi, pour les auteurs, l’accompagnement entrepreneurial correspond à un « processus organisé par une tierce partie, s’inscrivant dans la durée et permettant à un (ou des) porteur(s) de projet ou un (ou des) entrepreneur(s) de bénéficier d’une dynamique d’apprentissage (formation, conseil…), d’un accès à des ressources (financières, informationnelles…), d’une mise en réseau, de services (administratifs, hébergement…) et d’une aide à la décision (coaching, mentorat…) ».
2Soutenue par les pouvoirs publics, une énorme activité s’est développée autour de l’accompagnement (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2013), une « nouvelle industrie » en quelque sorte. Face à cet engouement, on peut s’interroger sur la réelle efficacité de l’accompagnement comme élément-clé de la réussite du projet entrepreneurial. Les études sur la question présentent des résultats contrastés. Quand certaines concluent à une performance positive des structures d’accompagnement (Aerts, Matthyssens, Vandenbemptk, 2007 ; Ahmad, Ingle, 2011 ; Arlotto, Sahut, Teulon, 2011 ; Colombo, Piva, Rentocchini, 2012 ; Barbelo et al., 2012 ; Pluchard, 2013), d’autres affichent des résultats plus nuancés (Abduh, D’Souza, Quazi, Burley, 2007;Tamásy, 2007 ; Schwartz, 2009, 2011, 2013 ; M’Chirgui, 2012). Au-delà des seuls résultats, les approches d’analyse diffèrent d’une étude à une autre (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2013). On distingue ainsi des travaux évaluant la performance sous un angle économique via l’utilisation d’indicateurs tels que le taux de survie, le nombre d’emplois créés ou encore l’évolution du chiffre d’affaires ; des études s’intéressant davantage au transfert des compétences et à l’amélioration du capital humain ; et d’autres qui considèrent principalement la satisfaction de l’accompagné. En l’absence de consensus, certains auteurs (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2010 ; Messeghem, Bakkali, Sammut, Swalhi, 2018) proposent une approche globale qui consiste à adapter le Balanced Scorecard (ou tableau de bord prospectif) de Kaplan et Norton (1996, 2001) au contexte de l’accompagnement entrepreneurial. Ceci permet de prendre en compte différents aspects de la performance et d’évaluer objectivement et subjectivement l’accompagnement tant au regard de la structure d’accompagnement que du point de vue de l’accompagné (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2013). Notre analyse adopte le point de vue du créateur. Nous privilégions ainsi, non pas l’efficacité réelle et globale de l’accompagnement entrepreneurial, mais son efficacité perçue et la satisfaction des accompagnés.
3L’accompagnement évalué ici est celui proposé dans le cadre du microcrédit professionnel. Celui-ci se définit comme des prêts d’un montant inférieur à 25.000 euros, accordés à des personnes exclues du financement bancaire et désirant créer, reprendre ou développer une entreprise, d’après un rapport établi par le Conseil national de l’information statistique (Valentin, Mosquera-Yon, Masson, 2011). L’accompagnement est un élément essentiel et obligatoire de ce dispositif. On retrouve cette exigence tant dans les textes légaux (cf. loi Lagarde [1]) que dans les résultats des travaux diligentés par l’Etat en vue de mieux appréhender le secteur de la microfinance en France [2]. Ces services sont destinés à améliorer les chances de réussite du projet et la capacité de remboursement de l’emprunteur. Ils sont d’autant plus importants que les bénéficiaires du microcrédit sont fréquemment des personnes vulnérables, parfois non dotées de toutes les compétences et capacités nécessaires à la création et au développement d’une entreprise. C’est pourquoi un appui non financier s’avère essentiel en complément du prêt. L’activité de l’IMF, objet de cette étude, rentre dans ce cadre. L’accompagnement proposé, qui est, pour l’essentiel, financé par les pouvoirs publics, nécessite cependant de mobiliser de nombreuses ressources (financières, humaines, logistiques…). D’où un légitime questionnement quant à son utilité. De ce point de vue, notre analyse revêt une importance certaine, d’autant que la littérature relative à cette question spécifique – efficacité de l’accompagnement dans le cadre du microcrédit de type insertion sociale – demeure restreinte. Elle permet également de renseigner les acteurs (IMF et pouvoirs publics) sur la performance perçue des ressources mobilisées tout en leur proposant des voies possibles d’amélioration.
4La préoccupation qui nous anime est donc de déterminer si, du point de vue des emprunteurs, l’accompagnement de l’IMF a été utile et s’ils en sont satisfaits. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les résultats d’une enquête qualitative approfondie réalisée auprès de 22 créateurs aquitains financés et accompagnés par une IMF. Il s’avère que, si les services d’accompagnement sont dans l’ensemble jugés utiles, il existe une différence de perception parmi les bénéficiaires. Prolongeant l’analyse, nous recourons à une analyse des correspondances multiples, (ACM) réalisée sur un échantillon de 80 créateurs accompagnés (localisés en Aquitaine), afin de montrer que l’impact perçu de cet accompagnement dépend notamment des caractéristiques sociales des bénéficiaires.
5Cet article présente tour à tour le rôle des structures d’accompagnement, les résultats de quelques études portant sur la performance de ces structures, notre démarche méthodologique, ainsi que les résultats de nos enquêtes. Nous concluons et proposons quelques pistes d’amélioration du service dans une dernière section.
1 – Rôle des structures d’accompagnement dans le processus de création
6Selon Vallat (2000), l’accompagnement entrepreneurial poursuit trois objectifs : i) s’assurer de l’adéquation entre la personne et son projet ; ii) faire acquérir le capital social jugé minimum pour la pérennité du projet ; iii) dans cette optique, mettre en réseau le créateur et ses partenaires commerciaux, financiers et institutionnels. Les organismes d’accompagnement ont par là même trois rôles à jouer : la prévention, la mise en adéquation et la médiation (Guérin, 2002 ; Balkenhol, Guérin, 2003).
7Un marqueur d’efficacité est en premier lieu la dissuasion des porteurs de projets de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale lorsque le niveau des risques est excessivement élevé ; c’est le rôle de prévention de l’accompagnement. Il est ici question de faire prendre conscience à la personne « qu’elle a une expérience trop limitée, qu’elle n’est pas suffisamment motivée, qu’elle n’est pas prête à prendre de risques et que les menaces sur l’environnement familial sont trop fortes ou que celui-ci n’est tout simplement pas prêt à la suivre » (Guérin, 2002 : 56). Ce rôle de prévention est particulièrement nécessaire dans le cas d’un entrepreneuriat contraint ou de nécessité [3].
8Les études en entrepreneuriat ont par ailleurs mis en évidence l’importance de l’adéquation homme/projet (Bruyat, 1993 ; Fayolle, 2012 ; Fayolle, Filion, 2006). Parvenir à cette adéquation nécessite de s’interroger successivement sur la connaissance que l’on a de soi en tant qu’homme, en tant qu’entrepreneur potentiel : motivations, atouts, faiblesses, et sur celle du projet : compétences et connaissances requises, ressources nécessaires… (Fayolle, 2012). « Ce travail permet de vérifier que le projet que l’on a choisi a priori est susceptible de déboucher sur la situation entrepreneuriale désirée, une situation faisable et contrôlable » (Fayolle, Filion, 2006 : 56). Dans son rôle de mise en adéquation, l’organisme d’appui aide le porteur de projet à ajuster celui-ci et à l’adapter, tant à ses compétences qu’à son environnement. Il s’agit plus précisément d’épauler le porteur de projet/l’entrepreneur dans l’acquisition d’un ensemble de savoir-faire et de savoir être liés à la gestion et au développement d’une entreprise (Langevin et Jacob, 2008). Cet appui se doit d’être personnalisé (compte tenu de la singularité des trajectoires), multidimensionnel, à savoir intervenir tant sur les aspects techniques (formalisation du projet, construction du plan de financement, formations dans le but d’acquérir des compétences économiques et entrepreneuriales) que psychologiques (gestion du stress, confiance en soi…), tout en s’inscrivant dans la durée, au-delà du montage du projet et de son démarrage (Guérin, 2002).
9Les organismes d’appui assurent également un rôle de médiation. Bénéfique, celle-ci permet de réduire le stress des créateurs et leur isolement. L’objet est en l’occurrence de faciliter la création d’un réseau, les démarches administratives et institutionnelles, mais aussi les liens avec les établissements bancaires. Il n’est aucunement question de se substituer au créateur. Comme le précise Vallat, le but visé de l’accompagnement est à terme l’autonomie de la personne. Ainsi, « au long de toutes les phases de l’accompagnement le maître mot est de « faire faire plutôt que de faire à la place de ». C’est l’unique moyen de permettre au créateur de s’approprier toutes les dimensions de son projet, et ainsi, de gagner en autonomie et en capacité à agir » (Vallat, 2000 : 7).
2 – Performance des structures d’accompagnement
10On dénombre peu d’études portant sur la performance de l’accompagnement dans le cadre du microcrédit. Les études existantes suggèrent une performance positive des structures d’accompagnement. Tel est le cas de l’étude réalisée en Belgique par la Proximity Finance Foundation (PFF, 2007) qui atteste d’une certaine efficacité de ces structures en matière de dissuasion. En effet, 76 % des personnes qui contactent une structure d’appui ou une IMF ne donnent pas suite à leur demande. Dans 60 %, voire 95 % des cas, la décision de ne pas solliciter le crédit survient après un entretien exploratoire avec l’agent de crédit. Parmi ceux qui maintiennent leur demande, seuls 10 % à 15 % bénéficient effectivement du crédit. Cette étude fait en outre état d’une bonne communication en matière de possibilités d’accompagnement. Seuls 2 % parmi les 20 % des personnes interrogées n’ayant pas été accompagnées ignoraient pouvoir bénéficier d’un tel dispositif. Quelques lacunes sont néanmoins mises en lumière : certains besoins en matière d’accompagnement ne sont pas satisfaits, notamment dans les domaines de l’élaboration du business plan, de la comptabilité/fiscalité et du marketing/. Pire, certains domaines ne sont pas couverts par les mesures d’accompagnement, et pour être plus précis les champs juridique et administratif. Ces micro-entrepreneurs auraient souhaité parallèlement un accompagnement régulier (PFF, 2007). En Australie, 44 % des personnes sondées estiment que, sans cet appui, elles n’auraient pu démarrer leur activité ; 36 % ’qu’elles n’auraient pas pu survivre (Herms et al., 2012). En Espagne, des évolutions significatives ont été observées relatives au pouvoir de négociation : de 60 % à 75 % des femmes actives affirment avoir constaté une amélioration de leur pourvoir de négociation vis-à-vis de leurs clients et fournisseurs. Sur les 10 femmes enquêtées par Estapé-Dubreuil et Torreguitart-Mirada (2010), huit disent avoir obtenu un accompagnement en amont de la part de l’IMF ou d’une institution publique, et s’en déclarent très satisfaites. Toutes les femmes interrogées dans cette étude, déclarent par ailleurs avoir été globalement très bien assistées. En Angleterre, l’étude effectuée en 2008 par le WEETU (Women’s Employment Enterprise And Training Unit) souligne l’importance de l’accompagnement sur l’amélioration du capital humain des femmes créatrices (Flemons, 2008). En France, l’enquête du Bureau international du travail (Boulan, Rouhaud, Deville, 2014) conclut à un rôle positif des réseaux d’accompagnement : 84 % des micro-entrepreneurs accompagnés estimant utile, voire déterminant, le rôle de ces réseaux dans la conduite de leur projet. En outre, environ 78 % des entrepreneurs déclarent s’être sentis suffisamment accompagnés au moment de la création/reprise de leur activité, et environ 52 % après la création.
11Bien qu’intéressants, ces résultats doivent être considérés avec prudence compte tenu du fait qu’ils sont parfois issus d’études non académiques, réalisées ou commanditées par des IMF ou les organismes d’accompagnement eux-mêmes, d’où de légitimes réserves quant à leur objectivité. Qui plus est, les démarches méthodologiques adoptées ne répondent pas toujours aux critères de rigueur nécessaires à l’obtention de résultats fiables. Les études académiques dignes de ce nom ne concernent presque qu’essentiellement l’entrepreneuriat classique. Deux courants se dégagent ainsi (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2013). Le premier regroupe les recherches dites positives, utilisant des critères tels que le taux de survie, le chiffre d’affaires ou le nombre d’emplois créés afin d’évaluer la performance des structures d’appui. Elles concluent à un impact positif des structures sur le développement et la pérennité des entreprises accompagnées (Aerts, Matthyssens, Vandenbemptk, 2007 ; Ahmad, Ingle, 2011 ; Arlotto, Sahut, Teulon, 2011 ; Colombo, Piva, Rentocchini, 2012 ; Barbelo et al., 2012 ; Pluchard, 2013). Les recherches constituant le deuxième courant, affichent des résultats plus nuancés. Tamásy (2007) et M’Chirgui (2012) soulignent le faible impact des structures d’accompagnement en matière de création d’emploi ; Abduh, D’Souza, Quazi et Burley (2007) déplorent la faible satisfaction des porteurs de projet ; Schwartz (2009, 2011, 2013) remet en question leur capacité à favoriser la pérennité des entreprises accompagnées ; Chan et Lau (2005) considèrent, qu’en dehors de l’aide à l’hébergement et la mise à disposition de ressources physiques réduisant les coûts de démarrage, les structures d’accompagnement n’ont pas d’efficacité ni d’impacts significatifs.
12Comme on peut le voir, il n’existe pas de consensus sur l’incidence des structures d’accompagnement. Ceci serait dû aux difficultés méthodologiques de l’évaluation de tels dispositifs (Colombo, Delmastro, 2002 ; Vedel et Gabarret, 2013 ; Bakkali, Messeghem, Sammut, 2013) : difficulté à constituer un groupe de contrôle en tous points identique au groupe de traitement ; non prise en compte de facteurs de médiation (conjoncture économique, capital humain des porteurs de projet, soutien de leur entourage…) dans le processus d’évaluation ; existence de biais de sélection. Une autre raison expliquant ces résultats mitigés réside dans l’angle d’analyse choisi. Certaines études évaluent d’ailleurs la performance sous un angle économique (via l’utilisation d’indicateurs tels que le taux de survie, le nombre d’emplois créés ou encore l’évolution du chiffre d’affaires). D’autres s’intéressent davantage au transfert des compétences et à l’amélioration du capital humain. Pour d’autres encore, c’est la satisfaction des micro-entrepreneurs accompagnés qui détermine l’efficacité de la structure d’accompagnement. En l’absence de consensus, certains auteurs (Bakkali, Messeghem, Sammut, 2010 ; Messeghem, Bakkali, Sammut, Swalhi, 2018) proposent une approche globale qui consiste à adapter le Balanced Scorecard (ou tableau de bord prospectif) de Kaplan et Norton (1996, 2001) au contexte de l’accompagnement entrepreneurial, prenant ainsi en compte différents aspects de la performance dans le processus d’évaluation. Cette adaptation permet ainsi d’articuler l’évaluation autour de quatre axes de performance : l’axe « performance économique » ; l’axe « processus d’accompagnement » ; l’axe « apprentissage et innovation » ; et l’axe « porteurs de projet ». Via une telle approche, la performance est évaluée objectivement et subjectivement au regard des structures d’accompagnement et des porteurs de projet, et les pouvoirs publics sont renseignés sur l’efficacité de leur investissement. Eu égard à l’objectif de notre étude qui est, rappelons-le, d’apprécier l’utilité perçue des services d’accompagnement, il ne nous semble pas opportun d’utiliser cet outil dans son ensemble. Notre évaluation s’articule donc autour du seul axe « porteurs de projet » puisque nous nous focalisons sur la satisfaction des micro-entrepreneurs accompagnés. Nous rejoignons ainsi des auteurs tels que Abduh, D’Souza, Quazi et Burley (2007) pour lesquels la satisfaction de ces derniers est essentielle à la mesure de performance des structures d’accompagnement. Notre approche est de ce fait subjective.
3 – Design méthodologique
13Notre étude repose sur une enquête qualitative menée en janvier 2011 dans deux départements aquitains. Nous nous sommes entretenus avec des emprunteurs ayant bénéficié d’au moins un service d’accompagnement proposé par une association spécialisée : IMF de type insertion sociale dont la mission est de soutenir, via des services financiers et non financiers, les micro-entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit bancaire, plus particulièrement les chômeurs et les allocataires des minima sociaux. Elle joue ainsi le double rôle de financeur et d’accompagnateur. Comme le veut la réglementation en vigueur, le montant de ses prêts n’excède pas 10 000 euros dans l’objet de financer des projets de création, reprise ou développement d’activité. Les personnes financées bénéficient en outre d’un accompagnement gratuit et personnalisé, assuré le plus souvent par une personne dédiée, un bénévole, qui a une expérience concrète de la gestion d’entreprise. Ce peut être un chef d’entreprise, un expert-comptable, un consultant en marketing, un cadre bancaire en activité ou à la retraite. Son rôle est d’aider le créateur à maîtriser les différents aspects liés au démarrage et au développement de son activité. Cet accompagnement, qui peut prendre différentes formes (formations pratiques individuelles ou collectives, rendez-vous « conseils d’expert », plateforme d’assistance téléphonique, coaching individuel), s’articule autour de trois gammes de services : le montage du projet, le démarrage de l’activité et son développement. À ces services peut se rajouter une troisième gamme relative à la cessation d’activité. Il s’agit d’une assistance dont le but est d’aider les emprunteurs à effectuer les démarches nécessaires à la clôture de leur activité et à rebondir sur un nouveau projet.
14Nous avons opté pour des entretiens non-directifs afin de dépasser les réponses convenues et autoriser les bénéficiaires à parler librement de leur relation avec l’IMF et de leur perception des services offerts. Les personnes interrogées ont ainsi eu le choix de parler des actes ou situations qu’elles ont jugés importants ou marquants. Il n’était pas question de retracer chaque étape du processus d’accompagnement, chaque élément entrant dans ce service, ni chaque acte posé par les accompagnateurs, mais plutôt de mettre en évidence des moments et/ou situations qui, aux yeux des bénéficiaires, ont eu une portée significative justifiant leur satisfaction ou insatisfaction.
15L’échantillon retenu pour cette enquête est constitué de 22 emprunteurs. Non probabiliste, c’est un échantillon de commodité puisque les personnes retenues l’ont été en raison de leur accessibilité et de leur volonté de participer à l’enquête. Comme le montre le tableau 1, la majorité des créateurs rencontrés sont des hommes (59 %) ; la plupart ont un diplôme technique (50 %) et appartiennent à la tranche d’âges des 40-60 ans. On recense autant de créateurs en couple que de créateurs célibataires. Dans la grande majorité des cas (77 %), le microcrédit a été octroyé en vue d’une création ex nihilo. 23 % des créateurs retenus pour l’étude ont toutefois mis fin à leur activité.
Quelques caractéristiques des créateurs interrogés
Sexe | Objet du microcrédit | ||
---|---|---|---|
Femmes | 41 % | Création | 77 % |
Hommes | 59 % | Développement | 18 % |
Situation familiale | Reprise | 5 % | |
En couple | 50 % | Statut de l’activité | |
Seul(e)s | 50 % | En activité | 77 % |
Niveau de formation | En arrêt | 23 % | |
> Baccalauréat (Bac) | 18 % | Secteur d’activité | |
= Baccalauréat (Bac) | 18 % | Agriculture | 5 % |
BEP/CAP [4] | 50 % | Artisanat | 14 % |
Lire/écrire/compter | 9 % | Bâtiment | 9 % |
Illettré(e)s | 5 % | Commerce | 32 % |
Age | Services | 23 % | |
[25;40[ | 32 % | Restauration / hôtellerie | 18 % |
[40;60[ | 55 % | ||
60 ans et + | 14 % |
Quelques caractéristiques des créateurs interrogés
16Comportant des questions visant à encourager la personne interviewée à approfondir sa réponse en la relaçant au besoin, les entretiens concernaient cinq thématiques : l’utilité au démarrage, l’utilité au développement, l’utilité face aux difficultés, les changements dans les pratiques et l’impact psychologique (meilleure appréhension de son environnement, gestion du stress, confiance en soi, soutien moral…). Ces thématiques reprennent les gammes de services proposées par l’IMF.
17Notre méthode se cale sur le principe de l’analyse de contenu (Mucchielli, 1974 ; Ghiglione, Beauvois, Chabrol, Trognon, 1980). À l’issue de chaque entretien, des fiches récapitulatives et des notes d’observation ont été élaborées. Enregistrés, les entretiens ont fait l’objet d’une retranscription fidèle. Nous avons par la suite soumis ce corpus à un traitement sémantique, puis synthétisé les réponses et les idées collectées en reprenant les domaines dans lesquels l’accompagnement est supposé avoir eu des effets, à savoir les cinq thématiques sus-présentées. Nous avons effectué un traitement manuel qui a consisté à étudier les idées véhiculées par chaque personne interviewée, à apprécier le sens et l’importance du service dont elle a bénéficié à ses yeux. Nous avons ainsi procédé à une interprétation factuelle (Wolcott, 1994).
18S’inspirant de la méthodologie d’analyse utilisée par Gloukoviezoff, Palier et Lazarus (2008) dans leur travail d’évaluation de l’impact du microcrédit personnel en France, nous avons opté pour une notation en « + », « = » et « - » pour rendre compte de l’ampleur ou de la qualité d’impact de l’accompagnement sur le créateur et sur son activité. Par exemple, si un créateur nous dit qu’à la suite d’une des formations à laquelle il a assisté, il a globalement revu sa façon de travailler, nous lui affectons la note « ++ » dans le domaine « changement dans les pratiques ». S’il nous dit qu’il n’a revu qu’une ou deux choses et que l’essentiel était déjà là, nous attribuons la note « + ». Si, au contraire, il nous dit n’avoir rien changé, nous notons « = ».
19Nous avons parallèlement effectué une notation numérique et attribué des scores allant de – 2, lorsque l’effet est jugé négatif (« - »), à 4 lorsqu’ un fort impact positif est perçu (« ++ ») (voir tableau 2). Nous avons par la suite déterminé un score global pour chaque individu sondé et avons décomposé notre échantillon en divers groupes : un groupe dont les scores des individus sont au-dessus de la moyenne ; un groupe dont les scores sont dans la moyenne, et un groupe dont les scores sont en dessous de la moyenne. Ce faisant, nous avons identifié cinq parcours d’accompagnement que nous avons illustrés par quelques cas: un parcours « utilité forte », un parcours « utilité significative localisée », un parcours « utilité marginale localisée », un parcours « sympathique-social » et, enfin, un parcours « mal vécu ».
Signification de la notation et correspondance numérique pour la construction des radars
Signes | Signification | Note pour les radars |
---|---|---|
++ | Fort effet positif | 4 |
+ | Effet globalement positif | 2 |
= | Pas d’effet ou effet neutre | 0 |
- | Effet négatif | -2 |
Signification de la notation et correspondance numérique pour la construction des radars
20Cette première analyse nous a amené à nous interroger sur les déterminants de l’impact mis en lumière. En effet, l’analyse des différents parcours et cas présentés nous a donné à penser que la perception du bénéficiaire quant à l’impact du service, dépend entre autres de ses caractéristiques propres. Ceci fait écho au courant de la littérature qui lie la performance des structures d’accompagnement et le capital humain du créateur (Peña, 2004 ; Arlotto, Sahut, Teulon, 2012). Afin de déterminer si effectivement les caractéristiques du bénéficiaire influencent sa perception de l’efficacité de l’accompagnement, nous avons effectué, en complément, une analyse des correspondances multiples. L’ACM est une méthode d’analyse de données applicable uniquement sur des données qualitatives. Elle permet d’identifier les relations qui existent entre les différentes variables. Elle aboutit à des cartes de représentation sur lesquelles on peut relever des proximités entre catégories de variables qualitatives et les observations faites. La qualité de la représentation sera d’autant meilleure que le pourcentage cumulé d’inertie ajusté sera élevé (Greenacre et Pardo, 2005). Le nombre d’axes choisi dépendra alors du niveau total d’inertie qu’ils expliquent. Pour l’interprétation de ces axes, il convient de s’appuyer sur les cosinus carrés des variables, sur leur contribution à la construction de l’axe ou sur leurs valeurs test. Pour l’interprétation d’un axe, on ne retiendra ainsi que les variables dont les valeurs test sont significatives sur l’axe, ou qui contribuent le plus à la constitution de cet axe, ou encore qui ont le plus fort cosinus carré.
21Pour cette analyse, nous nous sommes basés sur les informations recueillies via une enquête de satisfaction réalisée par téléphone sur un échantillon non probabiliste de 80 créateurs aquitains accompagnés (voir tableau 3).
Quelques caractéristiques des créateurs interrogés
Sexe | Situation familiale | ||
---|---|---|---|
Femmes | 44 % | En couple | 54 % |
Hommes | 56 % | Seul(e)s | 46 % |
Formation | Âge | ||
>Bac | 13 % | -30 | 8 % |
Bac | 18 % | 30-55 | 75 % |
BEP/CAP | 59 % | 55+ | 18 % |
Sans diplôme | 11 % | ||
Objet du microcrédit | Statut de l’activité | ||
Création/reprise | 86 % | Activité | 69 % |
Développement | 14 % | Arrêt | 31 % |
Quelques caractéristiques des créateurs interrogés
22Le tableau fait globalement apparaître une nette majorité du genre masculin (56 %). Si les créateurs détiennent pour la plupart un diplôme de type technique (59 %), la tranche d’âges majoritaire de l’échantillon correspond aux 30-55 ans. Parmi les créateurs accompagnés, on retrouve surtout des célibataires (54 %). Concernant les prêts consentis, 86 % des créateurs les ont sollicités dans le but de créer ou reprendre une activité, même si 31 % d’entreeux sont aujourd’hui en cessation d’activité.
23Les questions posées aux micro-créateurs concernent quatre domaines : modification des pratiques, utilité au démarrage, utilité face aux difficultés, et utilité au développement de l’activité. Nous leur avons demandé si, selon eux, l’accompagnement qu’ils ont reçu leur a été utile dans ces différents domaines. Nous avons ensuite ordonné les réponses obtenues afin qu’elles répondent aux parcours identifiés plus haut. La procédure a été la suivante :
- si les réponses sont toutes positives dans les quatre domaines, nous assimilons ce cas au parcours « utilité forte » ;
- si seuls trois domaines sont concernés, nous parlons d’« utilité significative » ;
- si les réponses positives ne concernent que deux domaines, nous invoquons l’« utilité partielle » ;
- s’il n’y a qu’un seul domaine positivement impacté, nous qualifions le parcours « utilité marginale » ;
- si, enfin, les réponses sont négatives dans tous ces domaines, nous parlons soit de parcours « sympathique-social » soit de parcours « mal vécu ».
24Les résultats indiquent que 29 % de l’échantillon correspond au parcours « utilité forte », 24 % au parcours « utilité marginale », 20 % au parcours « utilité partielle », 21 % au parcours « utilité significative » et 6 % au parcours « sympathique » ou « mal vécu ».
4 – Résultats de l’analyse qualitative
4.1 – Un impact globalement positif de l’accompagnement
25Le tableau 4 ci-dessous présente les résultats de notre enquête.
Récapitulatif des effets de l’accompagnement [5]
Récapitulatif des effets de l’accompagnement [5]
26Au vu de ces résultats, certains créateurs voient en l’accompagnement un réel apport, notamment dans la gestion de leur entreprise, tandis que d’autres le vivent comme un échange sympathique, sans plus. Le tableau 4 ci-dessus récapitule l’impact de l’accompagnement de l’IMF sur les 22 personnes rencontrées. Les résultats indiquent que l’accompagnement a eu un impact globalement positif, voire très positif sur l’activité. En effet, nous dénombrons 16 « + » dont 9 « ++ » contre 6 « = ». En analysant séparément les différents domaines d’impact, on note néanmoins quelques disparités. Si l’accompagnement apparaît fort utile au démarrage de l’activité, il a en revanche un impact limité pour son développement, et globalement neutre au regard des changements de pratiques du créateur. Le faible impact constaté dans le domaine « difficultés », n’est pas dans tous les cas imputable à l’accompagnateur. En effet, il ressort de nos entretiens que certains créateurs ont rencontré des difficultés sans toutefois en faire part à leur accompagnateur. Certaines de ces personnes vivent l’accompagnement comme un contrôle et en sont de ce fait réfractaires, d’autres sont peu enclines à parler de leurs difficultés, par pudeur ou par honte, d’autres encore ignorent qu’elles peuvent contacter l’accompagnateur pour lui faire part de leurs problèmes rencontrés.
27Les résultats de l’impact dans le champ cognitif sont éloquents. On dénombre 18 « + » dont 8 « ++ » contre 3 « = ». Ceci indique que la plupart des créateurs sont rassurés et soulagés du simple fait de savoir qu’une aide est disponible. Notons cependant le marqueur « - » pour l’emprunteur 22, qui justifie une explication plus avant.
28Comme nous l’avons mentionné plus haut, et afin de mieux appréhender l’impact de l’accompagnement, nous avons effectué une notation numérique (voir tableau 2) et attribué des scores allant de – 2 (effet jugé négatif) à 4 (impact jugé très positif). Ceci nous a permis de déterminer un score global pour chaque créateur interrogé. Le score moyen obtenu est de 8,4, le score maximum de 20 et le score minimum de 0. Après notation numérique, le partitionnement de notre échantillon en différents groupes a permis d’identifier cinq parcours d’accompagnement : « utilité forte », « utilité significative localisée », « utilité marginale localisée », « sympathique-social » et un « mal vécu ».
4.2 – Présentation des différents parcours
- Le parcours « utilité forte » : l’accompagnement perçu comme nécessaire, voire indispensable
Parcours « utilité forte » : scores globaux supérieurs à 10
Parcours « utilité forte » : scores globaux supérieurs à 10
30Le parcours « utilité forte », identifié chez huit bénéficiaires dont les scores sont au-dessus de la moyenne (encadré 1), renvoie aux situations où l’accompagnement a eu un impact positif significatif dans l’ensemble des domaines étudiés. Il a ainsi permis aux créateurs de démarrer dans de bonnes conditions, de développer certaines compétences en matière de gestion et d’affronter plus sereinement les défis qui se sont présentés à eux. Prenons l’exemple des emprunteurs 4 et 5.
Radar accompagnement emprunteur 4
Radar accompagnement emprunteur 4
31Vendeuse de plats cuisinés, l’emprunteuse 4, qui initialement faisait du porte-à-porte et la tournée des campings, a contacté l’IMF pour se lancer sur les marchés. D’origine étrangère, elle n’est titulaire d’aucun diplôme et n’a pas suivi de formations. Elle lit, écrit et parle très difficilement le français. Dans ce contexte, son accompagnement a été déterminant pour démarrer son entreprise et la pérenniser. Il a porté sur les formalités administratives relatives à la création de son activité, la tenue d’un livre de comptes, l’obtention d’un local commercial, l’achalandage des produits… Bref, l’accompagnateur est intervenu significativement dans tous les domaines étudiés, et ce sur une période plus longue que celle initialement prévue.
Radar accompagnement emprunteur 5
Radar accompagnement emprunteur 5
32Quant à l’emprunteuse 5, elle a participé à plusieurs formations proposées par l’association et a également bénéficié d’un accompagnement personnalisé. En dépit d’un Bac +2 et d’une expérience en gestion (ancienne gérante de carrières), elle estime que tous ces services lui ont été utiles, non seulement pour son démarrage, mais aussi dans sa gestion quotidienne. Voici ce qu’elle pense de l’une des formations suivies : « … même si on a l’habitude, ça permet de connaître des petites choses, de recadrer. Non c’est jamais inutile… Il y a des petites choses, petites techniques toutes bêtes auxquelles on ne pense pas forcément, et c’est vrai que ça aide à s’organiser (…). Au sortir de la journée, j’ai dû faire deux ou trois petites choses pour gagner du temps dans mon activité. » Elle vit son accompagnement individualisé comme une stimulation, une sonnette d’alarme qui lui rappelle à tout moment ce qu’il faut faire, ce à quoi elle ne pense pas forcément, ou qu’elle fait mal. Qui plus est, le fait de savoir qu’elle n’est pas isolée la rassure grandement.
- Le parcours « utilité significative localisée » : l’accompagnement très utile dans certains domaines
Parcours « utilité significative localisée » : scores compris entre 5 et 10
Parcours « utilité significative localisée » : scores compris entre 5 et 10
33Les scores sont ici dans la moyenne. L’impact positif ne concerne certes pas tous les aspects étudiés, mais reste significatif dans l’ensemble, voire très significatif dans certains domaines. Ce parcours concerne deux bénéficiaires (encadré 2).
Radar accompagnement emprunteur 10
Radar accompagnement emprunteur 10
34Prenons par exemple le cas de l’emprunteur 10. Si ce dernier soutien que l’impact de l’accompagnement qu’il a reçu est davantage psychologique, il admet néanmoins que son accompagnateur l’a aidé pour les formalités administratives de départ, lui a expliqué certains éléments en matière de gestion dont il n’a pas la maitrise, examinait ses chiffres et le prévenait lorsque l’activité n’était pas suffisamment rentable : « Ce n’est pas lui qui va me dire comment il faut travailler puisqu’il ne s’y connait pas, il n’est pas plombier. Il est juste là pour me dire ‘attention vous ne rentrez pas assez d’argent’… Comme je lui disais, moi je veux des signaux, soit c’est vert, soit c’est rouge, soit s’est orange quoi. Voilà… Mais bon, c’était surtout un soutien moral on va dire. On ne connait pas tout, donc il nous explique un peu quoi, c’est tout. Et il ne va pas plus loin… »
- Le parcours « utilité marginale localisée » : l’accompagnement, une utilité positive plus limitée.
Parcours « utilité marginale localisée » : Scores compris entre 3 et 4
Parcours « utilité marginale localisée » : Scores compris entre 3 et 4
35Ce parcours concerne les individus constituant la frange supérieure du groupe se situant en dessous de la moyenne (encadré 3). L’impact de l’accompagnement est dans ce cas plus localisé et plus limité que précédemment. Les effets sont dans l’ensemble neutres, mais il y a des points positifs dans certains domaines, au démarrage de l’activité notamment, voire sur le plan psychologique.
Radar accompagnement emprunteur 12
Radar accompagnement emprunteur 12
36C’est le cas, par exemple, de l’emprunteuse 12 qui trouve sympathique son accompagnateur, apprécie sa sollicitude, mais n’a absolument pas besoin de son aide. Elle reconnaît néanmoins que le fait de disposer d’une aide au besoin la tranquillise quelque peu.
- Le parcours « sympathique-social » : l’accompagnement, un plus, sans plus…
Parcours « sympathique-social » : scores globaux égaux à 2
Parcours « sympathique-social » : scores globaux égaux à 2
37Le parcours est ici jugé « sympathique » car il n’a pas induit de changements notables dans les pratiques ; son impact sur l’activité, le démarrage, le développement et l’aide face aux difficultés, est qualifié de neutre (encadré 4). L’apport relationnel est bien perçu par les bénéficiaires. Il s’agit par exemple d’échanges avec l’accompagnateur et/ou entre créateurs lors de séances collectives. Si ces échanges sont perçus comme n’ayant pas d’incidences directes sur l’activité, ils permettent toutefois de créer du lien et réduisent l’isolement des micro-entrepreneurs. Par ailleurs, même si les emprunteurs n’en font pas usage, le simple fait de savoir que ce recours est possible les rassure. C’est ce que rapporte l’ensemble des créateurs identifiés dans ce parcours. Leur radar accompagnement est identique à celui de l’encadré 4.
- Parcours « mal vécu » : l’accompagnement parfois mal vécu ou mal perçu par les bénéficiaires…
Parcours « mal vécu » : scores globaux nuls
Parcours « mal vécu » : scores globaux nuls
39Dans ce cas de figure, l’accompagnement est vécu comme une intrusion, un contrôle, ou il n’est pas à la hauteur des attentes du bénéficiaire. Comme on peut le voir dans l’encadré 6, ce parcours concerne deux créateurs, les emprunteurs 21 et 22. L’analyse de ces deux cas montre que deux éléments majeurs concurrent à qualifier ce parcours : la mauvaise détection des besoins d’accompagnement et les qualités et degré d’implication de l’accompagnateur.
Radar accompagnement emprunteur 22
Radar accompagnement emprunteur 22
40L’emprunteur 22 attendait davantage de son accompagnateur, et précisément qu’il joue son rôle de médiation, en l’aidant à faire tomber les nombreuses barrières administratives qu’il a rencontrées tout au long de la réalisation de son projet, et qui ont été à l’origine de l’arrêt de son activité. Tel n’a pas été le cas selon lui. Il se serait retrouvé seul face à une administration qui est restée sourde à toutes ses demandes. Cet emprunteur estime n’avoir pas été soutenu par son accompagnateur, dont il remet par ailleurs en cause les qualités professionnelles : « Il ne garde pas du tout le secret professionnel. Aux Restos du Cœur, je me suis rendu compte que tout le monde connaissait la situation dans laquelle j’étais (…). Il devait envoyer les papiers et finalement je me rends compte que pour le RSI, ils n’ont pas reçu les papiers… Pour moi, personnellement, il ne m’a pas apporté beaucoup d’aide. L’URSSAF, c’est quand même important, mais ils n’ont jamais reçu les papiers… » Il reconnaît toutefois que son accompagnateur lui a été d’une aide, qu’il qualifie de minime, notamment dans le domaine de la gestion : « Il regardait les ressources, les dépenses. Quand je posais une question, il me répondait… ».
Radar accompagnement emprunteur 21
Radar accompagnement emprunteur 21
41Pour l’emprunteur 21, la neutralité de l’impact de l’accompagnement sur son activité est davantage liée aux qualifications de son accompagnateur. Il aurait aimé avoir comme accompagnateur une personne dotée d’expérience dans les domaines de la comptabilité et de la fiscalité. Il estime que l’ancien agent de l’EDF qui lui a été assigné n’était pas l’homme de la situation : « c’était un ancien agent d’EDF, un fonctionnaire (…). Je lui ai dit à un moment donné qu’il fallait arrêter de passer. Il venait, il ne m’apprenait rien, il me faisait perdre du temps. Il ne s’y connaissait pas plus que moi… Il venait tous les deux mois et j’avais l’impression que c’était plus pour surveiller ce que je faisais, j’avais le sentiment que c’était plus un contrôle ». Il admet cependant, qu’il n’est pas totalement étranger à l’impact neutre de l’accompagnement : « Peut-être que je n’en avais pas forcément besoin. J’avais plus besoin de finances. J’avais plus besoin qu’on me file les ronds et qu’on me laisse tranquille. »
42Au vu de ces différents parcours, il apparaît clairement que, si l’accompagnement est jugé utile dans l’ensemble, l’intensité de cette utilité perçue diffère d’un bénéficiaire à l’autre et d’une situation à l’autre. À la lumière de ces résultats, on peut imaginer que la perception chez le bénéficiaire de l’impact de ce service, dépendra de ses caractéristiques propres. Comme le laisse entrevoir le cas de l’emprunteur 4, les caractéristiques sociales apparaissent déterminantes pour l’intensité de l’impact de l’accompagnement. De même, les cas respectifs des emprunteurs 10 et 21 suggèrent que la technicité requise par l’activité peut orienter la perception du bénéficiaire sur l’utilité de ces services. En revanche, le cas de l’emprunteur 5 indique qu’une formation supérieure ou une expérience managériale n’affecte en rien cette utilité. Afin d’avoir une idée plus précise sur le sujet, nous avons effectué une analyse des correspondances multiples. Le but était de déterminer si les caractéristiques du bénéficiaire, et notamment son niveau de formation (technique, générale, supérieure, voirel’absence de diplômes) et ses caractéristiques sociales (femme/homme, seul(e)/en couple, jeune/senior) influencent l’impact de l’accompagnement.
5 – Résultats de l’analyse en composantes multiples
43Pour notre analyse des correspondances multiples, nous avons utilisé le logiciel XLstat. Le graphique 7 ci-après rend compte des deux premiers axes expliquant environ 47 % de l’inertie totale. Comme on peut le voir, le premier axe oppose le parcours « utilité significative » au parcours « sympathique/mal vécu ». Le premier parcours, qui se retrouve à gauche de l’axe, est associé aux personnes titulaires d’un BEP/CAP ou d’un diplôme supérieur au Bac, ayant moins de 55 ans et en activité. Le second parcours, est associé, à gauche de l’axe, aux créateurs en arrêt, ou de formation générale (niveau Bac ou lycée) et âgés de plus de 55 ans. Quant au second axe, il oppose les parcours « utilité forte » et « utilité marginale » au parcours « utilité partielle ». Les premiers sont associés, dans la partie inférieure de l’axe, aux femmes seules et non diplômées, créatrices ou repreneuses d’activité. Le second est associé, en haut de l’axe, aux hommes en couple ayant obtenu un prêt de développement.
44Bien qu’utile, cette représentation est néanmoins insuffisante pour mener une analyse juste. En effet, comme le montre le tableau 5, les valeurs test de certaines variables ne sont pas significatives sur ces axes, mais plutôt sur d’autres. C’est le cas par exemple de la variable « Sup Bac » dont la valeur test est significative sur les axes F4 et F5 et qui, de ce fait, est en réalité associée aux parcours « utilité marginale » ou « utilité partielle » et non au parcours « utilité significative ».
Valeurs test des variables
Valeurs test des variables
Les valeurs affichées en gras sont significatives au seuil alpha = 0,05.Graphique symétrique des variables
Graphique symétrique des variables
45L’examen des valeurs test de notre analyse aboutit aux conclusions suivantes :
- Globalement, l’accompagnement a un impact plus prononcé (utilité forte ou significative) sur les entrepreneurs de sexe féminin, vivant le plus souvent seules et n’étant pas diplômées (F2 et F7). Le fait qu’elles n’aient pas de partenaire de vie sur qui pouvoir s’appuyer au besoin, couplé à l’absence de qualification, explique sans doute pourquoi elles sont, plus que les hommes, réceptives à ce service.
- L’impact est plus fort parmi les titulaires d’un diplôme technique que parmi les titulaires d’un diplôme de l’enseignement général, et notamment ceux ayant effectué des études supérieures. Une explication peut être que les titulaires d’un diplôme technique sont conscients qu’ils ne possèdent pas toutes les capacités managériales requises pour la gestion d’une affaire (le cas de l’emprunteur 21). Ils demanderont donc, plus que les autres, de l’aide dans les domaines administratifs, comptables, fiscaux ou de la gestion quotidienne. D’après le graphique 7 présentant les trois principaux domaines d’intervention des accompagnateurs selon le type de diplôme, la part des bénéficiaires ayant reçu un appui dans ces domaines est plus importante parmi les détenteurs d’un diplôme technique. On constate également que les titulaires d’un diplôme supérieur au Bac obtiennent moins d’aide dans ces domaines. Leur niveau de formation les inciterait à penser qu’ils ne nécessitent pas d’appui dans des domaines qu’ils connaissent relativement bien de par leur formation. Ceci explique qu’on les retrouve davantage dans les parcours « utilité marginale » ou « utilité partielle » (axe 5).
- L’analyse nous permet également de mettre au jour une différence entre jeunes et seniors. Les jeunes s’inscrivent davantage dans le parcours « utilité significative » et les seniors dans le parcours « sympathique/mal vécu » (F1). Ceci peut s’expliquer par le degré d’expérience des uns et des autres. Comme le montre le graphique 6, les seniors possèdent une certaine expérience entrepreneuriale, compte tenu du fait qu’ils étaient déjà à leur compte avant l’obtention du microcrédit (ils sont associés sur le premier axe au microcrédit de développement). Outre cette expérience entrepreneuriale, ils sont plus nombreux que les jeunes à bénéficier d’une expérience professionnelle ou à avoir suivi une formation dans leur secteur d’activité (93 % contre 83 %). Ils sont par conséquent moins demandeurs d’une aide extérieure que les plus jeunes.
- On observe par ailleurs un positionnement ambigu des personnes sans activité : tantôt associées au parcours « utilité forte », tantôt au parcours « sympathique/mal vécu ». A contrario, les personnes en activité, s’inscrivent globalement dans les parcours clairement positifs (utilité forte ou utilité significative). Ce résultat nous donne une indication du rôle de l’accompagnement dans la réussite du prêt. La proximité du statut « arrêt » avec le profil « femme seule sans diplôme » (voir graphique 6) suggère que les éléments de capital humain sont des éléments déterminant dans la réussite ou l’échec entrepreneurial.
Principaux domaines d’accompagnement selon le type de diplôme
Principaux domaines d’accompagnement selon le type de diplôme
Conclusion, discussions et recommandations
46L’accompagnement vise à contribuer au succès du projet entrepreneurial. L’objectif de ce papier est d’établir si ces services sont réellement utiles du point de vue des bénéficiaires. Les résultats de notre analyse qualitative renforcent l’hypothèse de cette utilité. En effet, la plupart des personnes interrogées indiquent que les services d’accompagnement sont plutôt utiles, tant au démarrage de l’activité, que pour son développement. Ceci diffère quelque peu des conclusions de Abduh, D’Souza, Quazi et Burley(2007) qui démontrent un niveau de satisfaction relativement faible des porteurs de projets, tout en soulignant le rôle positif des structures en matière d’hébergement et partage des ressources physiques.
47À travers notre analyse, nous apportons une nuance, en insistant sur le fait que les forts taux de satisfaction affichés ne rendent pas compte des différences de perception parmi les bénéficiaires. Alors que beaucoup jugent l’accompagnement nécessaire, voire indispensable (parcours « utilité forte » et parcours « utilité significative localisée »), d’autres lui trouvent une utilité plus limitée (parcours « utilité marginale localisée », un parcours « sympathique-social »). Pour certains même, son impact est plutôt négatif (parcours « mal vécu »). L’intensité de l’utilité perçue des services d’accompagnement diffère donc d’un bénéficiaire à l’autre, et d’une situation à l’autre. Grâce à une analyse des correspondances multiples, nous concluons que l’accompagnement a un impact plus prononcé sur les entrepreneurs de sexe féminin, particulièrement celles vivant seules, sur les créateurs sans qualification et sur les jeunes. Ces résultats rejoignent ceux de plusieurs études soulignant l’importance du capital humain (Peña, 2004 ; Arlotto, Sahut, Teulon, 2012) et l’existence de biais susceptibles d’affecter la relation entre accompagné et accompagnateur (Cullière, 2004). Nos résultats corroborent également ceux de Chan et Lau (2005) qui insistent sur l’impact des conseils en gestion sur une population possédant surtout des compétences techniques. À l’instar de ces auteurs, nous pensons que nombre d’accompagnés apprécient ces conseils en raison de leur connaissance insuffisante, voire leur méconnaissance totale des domaines en question.
48Trois éléments semblent expliquer, en partie, la neutralité et/ou l’impact négatif des services d’accompagnement sur les créateurs accompagnés : la communication sur les offres de services, la détection des besoins d’accompagnement et la personne de l’accompagnateur. Afin d’améliorer l’impact perçu de ces services, les organismes d’accompagnement doivent garantir et contrôler un certain niveau de qualité, notamment en matière de communication : informer le porteur de projet, dès le premier contact, de l’existence et de l’importance du service offert, de la possibilité d’y recourir au besoin, et le lui rappeler régulièrement. Il importe aussi de s’assurer de l’implication de l’accompagnateur, compte tenu du rôle central qu’il joue dans le processus. Il est en effet le pilier sur lequel le bénéficiaire s’appuie. Fort de son expertise, il aiguille ce dernier dans ses choix, le soutien lorsqu’il fait face à des difficultés et joue le rôle de médiateur entre lui et certains établissements et administrations (négociation des conditions bancaires, contacts avec l’administration, soutien comptable et fiscal…). Afin de jouer efficacement son rôle, il doit établir une relation de confiance avec le bénéficiaire, condition essentielle pour que l’entrepreneur parle ouvertement de ses difficultés et puisse ainsi recevoir l’aide appropriée. Adapter le service offert et trouver le bon profil d’accompagnateur pour être en adéquation avec le besoin et le profil de l’accompagné se révèle également primordial.
49Tout comme Pluchart (2013) et Messeghem, Sammut, Gangloff et Bakkali (2017), nous recommandons la mise en place par les structures d’une offre d’accompagnement ouverte et flexible, adaptée à la fois au profil des créateurs et au type de projet, et faisant la part belle au dialogue. Une attention particulière devrait être apportée aux femmes créatrices, a fortiori lorsqu’elles sont seules.
50Notre étude pose les premiers jalons pour appréhender l’impact des services d’accompagnement dans le cadre du microcrédit professionnel. Les limites de notre travail sont liées pour beaucoup à la taille de l’échantillon et à la méthodologie utilisée. L’approche subjective adoptée appelle à une certaine prudence quant à l’interprétation des résultats. En outre, la taille réduite de l’échantillon limite logiquement la portée de nos conclusions. Une étude quantitative à plus grande échelle permettrait de les renforcer. Il serait à ce titre intéressant d’appliquer l’outil développé par Messeghem, Sammut, Gangloff et Bakkali (2017) pour appréhender dans sa globalité la performance des structures d’accompagnement dédiées au microcrédit de type insertion sociale.
Bibliographie
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- SCHWARTZ M. (2013), « A control group study of incubators’ impact to promote firm survival », Journal of Technology Transfer, vol. 38, n° 3, p. 302-331.
- TAMÁSYC. (2007), « Rethinking technology-oriented business incubators: developing a robust policy instrument for entrepreneurship, innovation, and regional development? », Growth and Change, vol. 38, n° 3, p. 460-473.
- VALENTIN P., MOSQUERA-YON T., MASSON, C. (2011), Le Microcrédit, Rapport, CNIS [https://www.cnis.fr/wp-content/uploads/2017/10/RAP_2011_125_microcredit.pdf].
- VALLAT D. (2000), « Quel avenir pour les banques de l’économie sociale? », Revue Internationale de l’Économie Sociale, n° 277, p. 94-100.
- VEDEL B., GABARRET I. (2013), « Création d’emplois ou création de connaissances, quelle mesure de performance pour l’incubateur ? Le rôle de la sélection dans le processus d’incubation », Management International, vol. 17, n° 3, p. 126-139.
- WOLCOTT H.F. (1994), Transforming qualitative data: description, analysis, and interpretation. Sage.
Notes
-
[1]
La loi n° 2010-737 du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation.
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[2]
Il s’agit en l’occurrence des travaux effectués par l’Inspection générale des finances (Brabant, Dugos, Massou, 2009) et par le Conseil national de l’information statistique (Valentin, Mosquera-Yon, Masson, 2011).
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[3]
Voir par exemple Noorderhaven, Thurik, Wennekers, Van Stel (2004), Kautonen, Palmroos (2010), Fayolle, Nakara (2010), Giacomin, Janssen, Guyot, Lohest (2011).
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[4]
BEP : Brevet d’études professionnelles. CAP : Certificat d’aptitude professionnelle.
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[5]
Dans la suite du papier, et notamment pour les encadrés, nous utiliserons les abréviations suivantes :
Emp = Emprunteur. ; Dém = utilité au démarrage ; Dév = utilité au développement ; Diff = utilité face aux difficultés ; Prat = changement dans les pratiques ; Cog = domaine cognitif.