Notes
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[3]
Chabaud, D., Ehlinger, S. (2009) Les réseaux des incubateurs publics, une envergure critique ? Colloque Académie de l’Entrepreneuriat, Troyes, 1 et 2 octobre.
- [4]
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[5]
Adkins, D. (2002). A brief History of Business Incubation in the United States, Athens: NBIA.
-
[6]
National Business Incubation Association. www.nbia.org
-
[7]
Arlotto J, (2012) Les performances des pépinières d’entreprises vues par les jeunes entrepreneurs accompagnés. Une étude exploratoire. Thèse de doctorat en sciences de gestion.
-
[8]
Cet incubateur devrait accueillir 1 000 start-ups, ce qui n’aura aucun équivalent au monde, avec notons-le les avantages et les inconvénients que peut générer une structure gigantesque.
-
[9]
Barbier J.Y. et Alquier E. (2010), « Quel modèle pour l’incubation académique ? Le cas des incubateurs des grandes écoles de commerce françaises », XIXe Conférence Internationale de Management Stratégique, Luxembourg, 2-4 juin.
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[10]
Bakkali, C. Messeghem, K., Sammut, S. (2010) Les structures d’accompagnement à la création d’entreprise à l’heure de la gestion des compétences. Revue Management et Avenir 39, 149-162.
-
[11]
Depuis 1991 pour l’un des auteurs qui a créé et développé plusieurs pépinières, incubateurs et réseaux de pépinières et d’incubateurs d’entreprises.
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[12]
La dénomination générique «incubateur» a été confirmée lors de l’Assemblée générale du 1er juillet 2013 du réseau.
-
[13]
Bernasconi M., Albert Ph., Crochot C. et Le Roux C. (2005), Les incubateurs étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur en France. Étude soutenue par Advancia.
-
[14]
Boissin, J.-P. (2003). Le concept de « Maison de l’Entrepreneuriat ». Un outil d’action pour l’initiative économique sur les campus. Paris : Direction de la Technologie du Ministère français de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche.
-
[15]
Basé à Orsay au pied du plateau de Saclay, cet incubateur est souvent cité en exemple pour la qualité de son accompagnement entrepreneurial.
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[16]
Id note 12.
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[17]
Par exemple le réseau des Boutiques de Gestion (1985) ou le réseau Entreprendre des CCI (1997).
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[18]
Voir note 12.
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[19]
Présentés lors de la 28e conférence NBIA, 18-21 mai 2014, Nouvelle-Orléans.
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[20]
SSII : Société de Services en Ingénierie Informatique.
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[21]
À la création de IES!, il n’y avait que des directeurs, depuis 2012 les premières directrices ont rejoint le réseau.
Les points forts
- La mise en réseau d’incubateurs favorise le retour d’expérience, le partage des meilleures pratiques et la dynamique collective.
- La création en 2010 de l’association IES! (Incubateurs de l’Enseignement Supérieur) [2] met en évidence la valeur ajoutée d’un tel réseau pour construire les compétences indispensables.
- Répondant à une forte attente, ce réseau a entre autres permis de mutualiser des ressources au service de la construction de référentiels, de logiciels ou d’outils de gestion communs.
1L’incubateur, dispositif d’accompagnement né aux États-Unis, s’est installé en France à la fin des années 90, suite à des initiatives soit privées (Kangaroo Village, Républic Alley...), soit menées au sein des établissements d’enseignement supérieur (ESCP Europe, EM Lyon, ESSEC Venture...) ou encore dans le cadre d’appels à projets publics (Loi Allègre 1999). À cette époque, l’appellation d’incubateur s’est assez rapidement imposée à tous les organismes d’accompagnement et d’hébergement existants qui ne répondaient pas à la norme ISO 9001 de pépinière d’entreprises ou qui étaient en cours de création.
2Les travaux de Chabaud et Edlinger [3] sur les incubateurs publics soulignent l’importance de leur mise en réseau. Celle-ci aide à affiner les processus d’accompagnement, en favorisant un meilleur partage des retours d’expériences et des pratiques qui fonctionnent. Elle permet aussi de minimiser le risque de fausses pistes et limite l’impact des pratiques les moins performantes. Le but d’un réseau d’incubateurs est donc de promouvoir une logique de partage entre structures et de faire émerger une politique de coopération plutôt que de compétition.
3Ce réseau peut aussi permettre la création, de manière concertée, d’outils de gestion quotidienne des incubateurs, favorisant une logique de mutualisation, voire de communalisation différenciée, en vue d’une meilleure efficience. De fait, étant confrontés chaque jour à de nouveaux défis liés notamment à l’accélération des changements technologiques et à des demandes de plus en plus diverses, les incubateurs doivent accroître leur stock de ressources. Ce renforcement passe par le partage d’expériences et la mutualisation.
4En l’absence de structure pouvant répondre à leurs problématiques spécifiques, plusieurs directeurs d’incubateurs d’établissements d’enseignement supérieur ont choisi de créer en 2010 l’association IES! (Incubateurs de l’Enseignement Supérieur) [4]. Les premières initiatives illustrent la valeur ajoutée d’un tel réseau pour construire les compétences indispensables à la réalisation des missions dévolues aux incubateurs et montrent que cette mise en réseau était attendue.
5L’accompagnement à la création d’entreprise doit pouvoir s’appuyer sur les impératifs de politique publique en termes de création d’emploi et de richesse pour le territoire, sans s’y limiter. Ainsi, le réseau national vise à donner de l’efficacité et de la souplesse aux membres qui le composent, et à leur permettre d’adapter rapidement leur posture à la demande des entrepreneurs, des établissements d’enseignement supérieur et des pouvoirs publics.
De l’émergence au processus organisé
6En 1959, dans la petite ville de Batavia (État de New York), Jim Mancuso essayait de trouver un locataire pour occuper des locaux vacants qu’il possédait. Après plusieurs mois de recherche infructueuse, il les proposa à plusieurs jeunes et petites entreprises. Le succès fut rapidement au rendez-vous, et progressivement, l’offre de services fut renforcée. Si la division de l’espace locatif était le premier service apporté aux jeunes entrepreneurs, les services d’accueil, de réception des visiteurs ainsi que le « coffee corner » contribuèrent rapidement au succès de ce nouveau type de prestation de services [5]. Depuis cette date, les incubateurs et les pépinières d’entreprises n’ont cessé de se développer, grâce notamment à l’action d’un nombre varié et croissant d’acteurs économiques. En 2015, d’après les analyses du réseau NBIA [6] (qui compte plus de 2000 membres), il y aurait plus de 8 000 incubateurs à travers le monde.
7Ce succès de l’incubation est aussi la source de sa fragilité. Le nombre d’acteurs augmentant et chacun faisant un peu « ce qu’il veut », il est difficile de trouver une définition commune à ces structures. Cependant, les structures d’incubation portent aujourd’hui de véritables enjeux à la fois économiques et politiques. De plus, leurs modèles économiques et leurs objectifs ont évolué, nécessitant le développement de métiers spécifiques (directeur d’incubateur, accompagnateur à la création d’entreprises [7]).
L’incubation en France : combien de divisions ?
8Il est aujourd’hui admis qu’une entreprise n’éclot pas ex nihilo et que les premières phases de développement sont les plus problématiques. Disposer d’entreprises pérennes et performantes nécessite d’accompagner au mieux les entreprises à leurs débuts. Le réseau IES! a réalisé plusieurs dénombrements depuis sa création. La dernière étude (en 2013), a permis d’identifier plus de 450 structures répondant aux appellations de « pépinière », (appellation française la plus ancienne, utilisée depuis les années 80), « d’incubateur », « d’accélérateur », « d’écloserie », ou encore de « ruche » d’entreprises (sans compter d’autres organismes tels que des « couveuses », « cantines numériques », « espaces de coworking » ou réseaux de type « BGE », qui ont des modalités de fonctionnement différentes des incubateurs).
9Ces structures peuvent être initiées et pilotées par des organismes publics ou parapublics ou par des associations. Elles peuvent aussi émaner d’entreprises privées, souvent adossées à des fonds d’investissement ou des business angels, tel le projet de « plus grand incubateur du monde » porté par Xavier Niel qui verra le jour en 2016 à la halle Freyssinet à Paris [8].
Les incubateurs de l’enseignement supérieur
10Certains, dont l’Union Européenne, parlent d’incubateurs « académiques » ou « universitaires » [9] [10]. Cependant, l’expérience de terrain [11], semble indiquer que ces dénominations ne sont pas utilisées par les directeurs du réseau des Incubateurs de l’Enseignement Supérieur [12] qui y préfèrent le terme « incubateur » tout court. Pour beaucoup, le terme « académique » renvoie en effet aux différentes parties prenantes une image trop liée à la réflexion théorique plutôt qu’à l’opérationnel.
11D’autres auteurs parlent d’incubateurs étudiants [13] et s’attachent à décrire un phénomène français naturellement ancré dans les écoles d’ingénieurs. Les deux écoles pionnières en matière d’incubation ciblant un public d’étudiants, de diplômés voire d’enseignants ont été l’EM Lyon en 1984, et l’École des Mines d’Alès un an plus tard. On observe un réel développement de ces structures à partir de 1997, puis un ralentissement à partir de 2001. Cependant, aucun établissement interrogé par ces auteurs n’a signalé la fermeture de son incubateur, témoignant ainsi de l’utilité permanente de ce dispositif. À l’origine de ce mouvement, on trouve des enseignants ou anciens élèves qui croient par expérience ou ambition dans les vertus de l’entrepreneuriat et l’utilité de l’accompagnement. Intrapreneurs ou entrepreneurs, ils ont l’accès aux réseaux d’affaires et de conseil qui permettent aux jeunes pousses de s’aguerrir. Enfin, si les incubateurs sont ouverts aux étudiants de tous les programmes, ils ne sont pas nécessairement ouverts aux étudiants de toutes les années, en particulier aux premières années. Ils sont fréquemment utilisables par des personnes extérieures et presque toujours par les anciens étudiants.
12Aux États-Unis, le mouvement des incubateurs étudiants ou d’établissements du supérieur est postérieur à celui des établissements français. En effet la plupart (notamment ceux de Babson College, de Harvard, du MIT ou de Stanford) ont vu le jour après 2010. En outre, la création de ces incubateurs est souvent précédée par des opérations de sensibilisation des étudiants entrepreneurs (comme le 100 K$ puis le 50 K$ contest du MIT) ou par des programmes d’apprentissage de l’entrepreneuriat. En France, le programme de formation-action Challenge Plus de HEC Paris, lancé en 1990 sous l’impulsion d’Etienne Krieger, en est un exemple.
13Avec l’entrée en vigueur de la loi de 1999 sur l’innovation (loi Allègre), les universités vont saisir l’opportunité des appels à projet pour s’impliquer. À Grenoble, Jean-Pierre Boissin [14], met en œuvre la première « Maison de l’Entrepreneuriat ». D’autres universités comme Paris Dauphine créent des incubateurs parfois seules, le plus souvent associées à d’autres (Agoranov, Incuballiance). Aujourd’hui, 28 incubateurs publics sont opérationnels, certains ayant fusionné (par exemple IDFI et IFSI donnent naissance en 2004 à Incuballiance [15]), d’autres ayant cessé leur activité. Si l’objet premier de ces incubateurs était de permettre à des chercheurs de se lancer dans les meilleures conditions, le faible nombre de projets provenant des organismes de recherche publique ou des universités a amené les plus dynamiques d’entre eux à convaincre la puissance publique d’élargir la cible des projets et de permettre ainsi à des projets en provenance de la recherche privée de pouvoir bénéficier de l’appui de ces incubateurs sous certaines conditions.
14Ainsi, dans l’univers des initiatives destinées à favoriser l’entrepreneuriat et l’innovation, les incubateurs que nous désignons comme incubateurs de l’enseignement supérieur s’inscrivent dans une dynamique nationale qui vise à développer l’esprit d’entreprise et l’innovation. À l’image des formations qui les ont précédés, ceux qui ne s’inscrivent pas dans le cadre législatif du soutien à l’innovation semblent se singulariser par une attention particulière portée à l’étudiant et à sa capacité à faire l’expérience, à entreprendre. En France, les directeurs d’incubateurs éprouvent souvent des difficultés à réunir les financements pour assurer la pérennité des organisations qu’ils animent [16]. Celles qui sont dédiées à l’innovation et à la recherche bénéficient du soutien de l’état et d’une légitimité institutionnelle qui, à défaut de les protéger totalement, leur assurent un relatif confort de travail. Les autres « bricolent » avec peu de visibilité sur le moyen terme et le peu de moyens alloués par leurs établissements (hommes / finances). La très grande majorité des incubateurs de l’enseignement supérieur repose alors sur l’énergie et l’engagement d’une poignée « d’intrapreneurs » mobilisés par la cause qu’ils défendent et leur ambition de la voir réussir. Spécialistes ou non de l’accompagnement d’entreprise, ce sont des personnes de réseau. Face à la nécessité, il est naturel qu’ils aient cherché à se constituer comme tel.
Professionnaliser l’accompagnement
15En France, les réseaux et associations de professionnels de l’accompagnement à la création d’entreprise existent depuis près de 30 ans [17]. Ils proposent à leurs structures membres des outils communs, des procédures de travail, de la formation et une représentation auprès des instances publiques nationales pour professionnaliser et structurer leur approche. Depuis la même époque, le réseau Elan fédère les directeurs des Pépinières avec le même objectif. Le réseau Rétis, quant à lui, est une association qui regroupe les membres de réseaux nationaux ou européens autour de la question de l’innovation et des territoires.
16Le projet de créer une association nationale des incubateurs de l’enseignement supérieur est le fruit des ambitions et du parcours de ses membres fondateurs. Il a pris de la consistance et du sens face à la demande des directeurs d’incubateurs de l’enseignement de gestion qui n’appartenaient à aucune structure de coordination nationale ou qui ne trouvaient pas de réponse au sein de celles auxquelles ils étaient affiliés. L’acte fondateur de l’association fut posé à Seattle, lors d’une communication présentée en 2007 au congrès du NBIA par deux des membres fondateurs du réseau IES. L’objectif était de présenter l’état de l’art en France en matière d’incubation et de présenter les résultats de l’étude « Les incubateurs étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur en France » [18]. À l’époque, il s’agissait pour les auteurs d’approcher l’association américaine, à laquelle certains étaient affiliés, pour obtenir des ressources techniques afin d’améliorer leur pratique de responsable d’incubateur, voire de conceptualiser leur pratique afin de pouvoir la transmettre. L’étude et leur pratique leur avaient révélé que les incubateurs naissaient à l’initiative de professeurs ou d’étudiants. Et ils savaient que s’ils avaient l’envie, et une connaissance de l’entreprise ou de l’entrepreneuriat, peu connaissaient l’accompagnement d’entrepreneurs.
17Dans un premier temps, les fondateurs envisagèrent l’adhésion à une structure existante (Rétis, avec l’adhésion de l’incubateur d’Advancia et l’élection au Conseil d’administration de son directeur Joël Saingré). Mais le paysage des acteurs de l’innovation allait profondément muter. Les contraintes budgétaires publiques, la création des SATT et l’attention croissante des pouvoirs publics pour les pôles de compétitivité amenèrent Rétis à concentrer ses efforts sur le développement des services proposés à ses membres historiques. Le recrutement des incubateurs portés par les établissements d’enseignement supérieur n’était plus d’actualité. La nécessité de créer IES! pour porter la voix des professionnels de l’accompagnement sans référence à l’innovation ni à la recherche devint alors évidente.
18L’association IES! fut donc créée en 2010 par plusieurs directeurs d’incubateurs d’écoles de commerce et d’ingénieurs pour travailler sur les problématiques de l’accompagnement de jeunes entrepreneurs au sein de leurs établissements. En 2015, elle regroupe 32 membres issus d’écoles de commerce et d’écoles d’ingénieur et d’universités, représentant plus de 60 établissements d’enseignement supérieur.
Les objectifs de l’association IES
19La définition des objectifs permet de délimiter la mission générale d’une organisation et son positionnement. De ce point de vue, les statuts d’IES! ne devaient laisser transparaître aucune ambiguïté. Ainsi, l’association fut fondée avec l’objet de promouvoir le développement et le savoir-faire des incubateurs d’entreprises de l’enseignement supérieur, la diffusion d’un esprit entrepreneurial au sein des établissements d’enseignement supérieur, ainsi que la mise en réseau de ces incubateurs.
20Tout aussi important était la définition d’un incubateur IES comme une « structure d’accompagnement des nouveaux projets d’entreprise appartenant à un établissement d’enseignement supérieur et accompagnant notamment des étudiant(e)s, et ou des diplômé(e)s de l’enseignement supérieur », ainsi que comme un « outil de promotion de la création d’entreprise et de l’entrepreneuriat comme une perspective professionnelle valorisante ».
21Les missions principales données aux incubateurs IES regroupent l’accompagnement et la mise en réseau des entrepreneurs, la fourniture de services communs ou encore d’hébergement. En outre, ces dispositifs contribuent à mettre en valeur les carrières entrepreneuriales. Ils doivent de plus disposer de ressources internes dédiées, notamment en termes d’enseignants experts. Dans ce contexte l’association vise à aider les incubateurs membres et favoriser l’émergence de nouveaux acteurs, et à contribuer à l’amélioration des savoirs et des savoir-faire des responsables et intervenants dans ces structures.
De prestations et des outils ciblées
22Les objectifs d’IES! impliquent de partager et mobiliser les connaissances, et de mutualiser les efforts et les ressources, pour créer de nouveaux outils répondant aux besoins des directions d’incubateurs et par là même aux incubés. Deux programmes [19] furent rapidement mis œuvre pour commencer à répondre à ces objectifs, afin de créer des solutions et outils nouveaux, en les articulant sur de nouvelles façons de faire et de combiner les ressources.
23Le premier porte sur la problématique de la mise à disposition d’élèves ingénieurs « codeurs » pour des start-ups lancées par des étudiants d’écoles de commerce n’ayant pas de compétences en codage informatique. En effet, il est souvent difficile de trouver des codeurs pour des start-ups. Il peut être tentant pour un jeune ingénieur de commencer sa carrière dans une grande entreprise industrielle ou une SSII [20], plutôt que dans une start-up aux conditions financières plus spartiates. Cependant, le côté « aventure », « défi », et le potentiel de développement avec la possibilité de devenir actionnaire de la société, peuvent cependant amener de jeunes codeurs à travailler ou intégrer des start-ups. Après une expérience originale et concluante menée par Denis Gallot, directeur de l’incubateur de NEOMA Business School, sa méthodologie va être testée dans d’autres incubateurs de IES!.
24Le deuxième programme porte sur un nouvel outil au service des directeurs d’incubateur, un logiciel qui a été défini et pensé par un groupe de directeurs d’incubateurs et testé par d’autres directeurs d’incubateur. En effet, plusieurs directeurs d’incubateurs avaient constaté qu’ils partageaient les mêmes problématiques (management, accompagnement entrepreneurial, formation, mise en relation, détection de projets, formation d’accompagnateurs, organisation d’événements, suivi de projets, élaboration de statistiques…) au sein de leurs incubateurs. D’autre part, en dépit de leurs recherches, ils n’avaient pas trouvé de logiciel adapté à leurs besoins spécifiques. Ils ont donc décidé de rédiger un cahier des charges détaillé afin de mettre au point un outil logiciel qui permettrait de manager plus facilement un incubateur, de mieux suivre les projets, d’éditer des statistiques avec différents niveaux de détail et de personnaliser ces dernières.
25Parmi les autres réalisations en cours, nous pouvons citer l’élaboration d’un référentiel de compétences à la direction d’un incubateur, d’un référentiel de compétences à l’accompagnement entrepreneurial, et d’un test de connaissances entrepreneuriales (qui aura pour objectif la définition un socle commun de connaissances lié à l’ingénierie entrepreneuriale et à la création d’entreprise).
26Si certains des directeurs ont une grande expérience de l’entreprise, des start-ups et de l’accompagnement entrepreneurial, d’autres ont une expérience plus réduite qu’ils compensent par une importante motivation et le goût d’entreprendre et d’innover. Les séminaires organisés plusieurs fois par an sont là pour en témoigner : il y a beaucoup d’échanges et d’émulation entre les différents directeurs et directrices d’incubateurs [21]. L’échange d’expériences enrichit le savoir-faire et l’expertise de ces différents professionnels.
27On voit bien que le réseau IES! poursuit alors un double objectif : celui bien sûr de faire connaître donc de diffuser, mais aussi, bien sûr, celui d’aider à « l’absorption » des meilleures pratiques dans un but final d’optimisation de l’accompagnement entrepreneurial. Le développement du réseau permet également de mieux se faire entendre des pouvoirs publics qui interviennent en matière de création d’entreprise et d’entrepreneuriat. Par exemple, dans le cadre du plan Pépite, il est prévu que les projets d’étudiants accompagnés par l’un des incubateurs du réseau IES!, ceux-ci bénéficieront automatiquement du statut « étudiant-entrepreneur » s’ils en font la demande.
Les apports du réseau
28En France, la notion d’accompagnement pose des problèmes de définitions qui n’ont pas que des seuls enjeux théoriques, puisqu’ils déterminent la structuration même des organismes chargés de le mettre en œuvre. Dans cette perspective, les directeurs membres de IES! ont travaillé à une meilleure définition de ces structures. De plus, pour les membres du réseau IES!, les autres incubateurs et les autres directeurs sont des confrères sur qui ils peuvent compter pour faciliter en cas de besoin le développement d’une jeune entreprise, pour partager leur expérience, mais aussi pour tester des solutions innovantes d’accompagnement ou d’ingénierie entrepreneuriale, voire pratiquer de la co-incubation. Ce faisant, leurs incubateurs unissent leurs efforts et adjoignent leurs services afin de permettre à de jeunes entreprises de faire face à certaines difficultés qu’il lui serait difficile de résoudre avec un seul incubateur.
Notes
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[3]
Chabaud, D., Ehlinger, S. (2009) Les réseaux des incubateurs publics, une envergure critique ? Colloque Académie de l’Entrepreneuriat, Troyes, 1 et 2 octobre.
- [4]
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[5]
Adkins, D. (2002). A brief History of Business Incubation in the United States, Athens: NBIA.
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[6]
National Business Incubation Association. www.nbia.org
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[7]
Arlotto J, (2012) Les performances des pépinières d’entreprises vues par les jeunes entrepreneurs accompagnés. Une étude exploratoire. Thèse de doctorat en sciences de gestion.
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[8]
Cet incubateur devrait accueillir 1 000 start-ups, ce qui n’aura aucun équivalent au monde, avec notons-le les avantages et les inconvénients que peut générer une structure gigantesque.
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[9]
Barbier J.Y. et Alquier E. (2010), « Quel modèle pour l’incubation académique ? Le cas des incubateurs des grandes écoles de commerce françaises », XIXe Conférence Internationale de Management Stratégique, Luxembourg, 2-4 juin.
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[10]
Bakkali, C. Messeghem, K., Sammut, S. (2010) Les structures d’accompagnement à la création d’entreprise à l’heure de la gestion des compétences. Revue Management et Avenir 39, 149-162.
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[11]
Depuis 1991 pour l’un des auteurs qui a créé et développé plusieurs pépinières, incubateurs et réseaux de pépinières et d’incubateurs d’entreprises.
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[12]
La dénomination générique «incubateur» a été confirmée lors de l’Assemblée générale du 1er juillet 2013 du réseau.
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[13]
Bernasconi M., Albert Ph., Crochot C. et Le Roux C. (2005), Les incubateurs étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur en France. Étude soutenue par Advancia.
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[14]
Boissin, J.-P. (2003). Le concept de « Maison de l’Entrepreneuriat ». Un outil d’action pour l’initiative économique sur les campus. Paris : Direction de la Technologie du Ministère français de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche.
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[15]
Basé à Orsay au pied du plateau de Saclay, cet incubateur est souvent cité en exemple pour la qualité de son accompagnement entrepreneurial.
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[16]
Id note 12.
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[17]
Par exemple le réseau des Boutiques de Gestion (1985) ou le réseau Entreprendre des CCI (1997).
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[18]
Voir note 12.
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[19]
Présentés lors de la 28e conférence NBIA, 18-21 mai 2014, Nouvelle-Orléans.
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[20]
SSII : Société de Services en Ingénierie Informatique.
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[21]
À la création de IES!, il n’y avait que des directeurs, depuis 2012 les premières directrices ont rejoint le réseau.