Notes
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[*]
Texte de la conférence prononcée le 15 février 2013 à Toulouse.
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[**]
Claude Léger est psychanalyste à Paris, membre de l’epfcl.
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[1]
C. Léger, « La veste noire », L’en-je lacanien, n° 8, Toulouse, érès, 2007, p. 13-20.
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[2]
C. Léger, « Sade après Lacan », Mensuel, n° 67, epfcl-France, février 2012, p. 59-63 ; « La fosse une fois recouverte… », Sigila, n° 17, printemps-été 2006, Paris, Gris-France.
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[3]
C. Léger, « Homosexualité masculine et structures cliniques : premières questions », La cause freudienne, n° 37, oct. 1997, Paris, diff. Navarin-Seuil, p. 18-24.
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[4]
G. Lantéri-Laura, Lectures des perversions, Paris, Masson, 1979, p. 42.
-
[5]
J. Lacan, « Jeunesse de Gide », dans Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 748.
-
[6]
Elle fit trois tranches d’analyse, avec, successivement, E. Sokolnicka, R. Loewenstein et R. Laforgue.
-
[7]
J. Lacan, « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », dans Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 84.
-
[8]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, 1958-1959, inédit, leçon du 10 juin 1959.
-
[9]
J. Lacan et M. Cénac, « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie », dans Écrits, op. cit., p. 125-149.
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[10]
Publié au Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2011.
-
[11]
P. Klossowski, Sade mon prochain, Paris, Seuil, 1967.
-
[12]
J. Lacan, « Kant avec Sade », dans Écrits, op. cit., p. 780.
-
[13]
Dans J.-A. Miller (sous la dir. de), L’excommunication, La communauté psychanalytique en France (II), Bibliothèque d’Ornicar?, suppl. du n° 8, 1976, p. 44.
-
[14]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, op. cit., leçon du 3 juin 1959.
-
[15]
Ibid., leçon du 24 juin 1959.
-
[16]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 166.
-
[17]
Ibid.
-
[18]
P. Klossowski, Les lois de l’hospitalité, Paris, Gallimard, coll. « Le chemin », 1965.
-
[19]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, op. cit., leçon du 24 juin 1959.
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Ibid., leçon du 1er juillet 1959.
-
[22]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 80.
-
[23]
J. Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 237.
-
[24]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XX, Encore, op. cit., p. 80.
-
[25]
J. Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 24.
-
[26]
Ibid., p. 368.
-
[27]
P. Aulagnier-Spairani et coll., Le désir et la perversion, Paris, Seuil, 1967.
-
[28]
« La perversion », L’inconscient, n° 2, Paris, puf, avril-juin 1967.
-
[29]
J. Clavreul, « Le couple pervers », dans P. Aulagnier-Spairani et coll., Le désir et la perversion, op. cit., p. 99.
-
[30]
J. Lacan, « Kant avec Sade », op. cit., p. 779.
-
[31]
J. Lacan, « Conférence du mercredi 19 juin 1968 », Bulletin de l’Association freudienne, n° 35, nov. 1985.
-
[32]
J. Lacan, « Conclusion des journées d’automne de l’efp », Lettres de l’efp, n° 24, novembre 1975, p. 248.
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[33]
Ibid.
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[34]
Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, leçon du 18 novembre 1975, p. 13.
-
[35]
S. Faladé, « Journées de l’efp “Les mathèmes de la psychanalyse” », Lettres de l’École, 1977, n° 21, p. 69-70.
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[36]
J. Lacan, « Discussion de clôture », ibid., p. 506-507.
-
[37]
J. Lacan, « Du discours psychanalytique », conférence du 12 mai 1972, dans Lacan en Italie 1953-1978, éd. bilingue, Milan, La Salamandra, 1978.
-
[38]
P. Valas, Les dimensions de la jouissance, Paris, Éditions du Champ lacanien, nouvelle édition, 2009, p. 135.
1Lorsque l’on me propose de faire une conférence, j’accepte volontiers, avec l’arrière-pensée qu’une telle contrainte me fera travailler, en remettant sur le métier ce que je croyais avoir compris, car j’oublie souvent – et ce n’est pas faute de l’avoir lu à maintes reprises dans le corpus lacanien – de faire preuve d’une certaine prudence à l’égard de la compréhension, qui est sœur, entre autres, de la paresse.
2Il n’est pas anodin que je vienne parler à Toulouse de la perversion, puisque ce fut grâce à Michel Bousseyroux, qui sollicitait, il y a quelques années, ma participation à un numéro de L’en-je lacanien sur la perversion, que fut publié un texte assez ancien, paru uniquement en anglais et en espagnol, intitulé « La veste noire [1] », à propos d’une pratique fétichiste chez un névrosé obsessionnel. Si j’ajoute à cela quelques travaux sur Sade [2] et un article sur les premiers cas d’homosexualité masculine de la littérature psychanalytique (Sadger, Ferenczi, H. Deutsch [3]), je pourrais me croire une compétence en matière de clinique des perversions. Je ne puis, malheureusement, guère y prétendre, ne fût-ce que faute d’avoir eu à mener l’analyse de sujets que je pourrais dire pervers au-delà d’entretiens préliminaires, qui se conclurent par des départs prématurés, en tout cas prématurés pour moi qui aurais voulu en savoir un peu plus sur ce qu’on appelait – et que, je crois, on appelle encore – la structure perverse.
3Je dois donc me contenter d’une démarche compilatrice pour éclairer le fait, semble-t-il avéré, qu’un sujet pervers n’attend habituellement pas grand-chose de l’expérience analytique. Mais encore faut-il savoir ce qu’est un sujet qu’on puisse qualifier de pervers, en se référant à ce que la psychanalyse fournit comme opérateurs, tout en n’oubliant pas que la perversion pose la question du lien social qu’elle sous-tend et, donc, du discours dans lequel elle pourrait s’inscrire. D’autant que, de ce point de vue, nous partons, si je puis dire, de loin. Je donnerai volontiers cette description, cet état des lieux résumé avec humour par G. Lantéri-Laura : « La description clinique fait donc porter tout l’accent sur la multiplicité des aspects sémiologiques […] et sur l’extrême diversité des sujets qui en témoignent : idiots profonds et professeurs d’université, vagabonds et hommes du meilleur monde, travestis infâmes et ministres du culte, le pandémonium de Krafft-Ebing, tout comme le Balcon de Jean Genet, s’avère à la fois une académie et une cour des miracles [4]. »
4La compilation m’a amené à recenser évidemment les écrivains qui ont servi à Lacan à conceptualiser plus encore qu’à illustrer l’hypothèse de la structure perverse. Lacan n’a pas manqué d’en faire usage, si je puis dire, à de nombreuses reprises. Il s’agit principalement de Sade, Gide et Klossowski ; mais aussi de Genet et Nabokov. Les trois premiers peuvent être mis en série, ne fût-ce que par une commune position fétichiste à l’égard de leurs écrits – Sade pleurant des larmes de sang après la perte du manuscrit des Cent vingt journées de Sodome ; Gide et son « gémissement de femelle de primate frappée au ventre » après que Madeleine eut brûlé ses lettres ; enfin, Klossowski qui, en fétichisant le regard, fait advenir La Femme par l’écriture.
5On peut relever aussi la filiation de Klossowski par rapport à Gide, lequel fut son mentor durant ses humanités et dont il devint le secrétaire en 1923. C’est justement l’année où Eugénie Sokolnicka, missionnée par Freud pour porter la bonne parole psychanalytique à Paris, organise chez elle un séminaire, auquel assistent des membres de la nrf. Gide va la rencontrer et fera même quelques séances avec elle. Lacan note à ce propos : « […] un trop gros morceau, pour n’avoir pas échappé aux prises manquant sans doute un peu de force pénétrante, de la sympathique pionnière [5] ». 1923 est l’année où Gallimard fait paraître la traduction, par Blanche Reverchon-Jouve [6], des Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud. Au début des années 1930, Pierre Klossowski rencontre lui aussi la mouvance psychanalytique, en devenant secrétaire de René Laforgue, lui-même analysé par E. Sokolnicka, et en écrivant son premier texte sur Sade pour la Revue française de psychanalyse, sous le titre : « Éléments d’une étude psychanalytique sur le marquis de Sade », centré sur le thème de la haine de la mère. Il suit, par ailleurs, le séminaire de Kojève, où il côtoie Bataille, Blanchot, Lacan et quelques autres… La Société psychanalytique de Paris fut fondée en novembre 1926 ; son premier président fut René Laforgue. La Revue française de psychanalyse, où Klossowski publia son article sur Sade, naquit un an plus tard.
6Comme on le voit, la psychanalyse s’est installée dans le paysage intellectuel français plus vite que dans le milieu médical, en partie grâce aux rencontres que je viens d’évoquer, grâce également à des gens comme Jacques Rivière, directeur de la nrf, détaché de l’influence de Claudel par Gide, puis attiré vers Freud grâce à E. Sokolnicka. Gide fait son coming out en 1924, en publiant Corydon, sorte de manifeste de la pédérastie heureuse, contre la noiceur de l’homosexualité proustienne incarnée par le personnage de Charlus dans La recherche – Sodome et Gomorre est publié en 1922 et 1923. Une autre avant-garde, beaucoup plus ambiguë sur la question de l’homosexualité, le mouvement surréaliste, va aussi, dès 1924, s’intéresser à Freud et à la psychanalyse, mais à partir de malentendus sur les supposées visées esthétiques de la découverte de Freud. C’est néanmoins dans cette ambiance que Lacan sera « aspiré vers Freud ».
7Je dois faire quelques enjambées pour tenir mon fil sur la perversion, avec « Les complexes familiaux » de 1938, important article, car le premier à rendre compte du stade dit du miroir, où Lacan reprend l’assertion que Freud avançait dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle, en 1905, selon laquelle c’était faute de toute norme sexuelle qu’il y avait des normes sociales. Ce qu’il applique ainsi en 1938 à l’homosexualité : « Si la psychanalyse est partie des formes patentes de l’homosexualité pour reconnaître les discordances psychiques plus subtiles de l’inversion, c’est en fonction d’une antinomie sociale qu’il faut comprendre cette impasse imaginaire de la polarisation sexuelle, quand s’y engagent invisiblement les formes d’une culture, les mœurs et les arts, la lutte et la pensée [7]. » Lacan maintiendra longtemps la particularité de l’homosexualité dans « la perversion en général », comme « quelque chose de très spécial, dont le facteur commun ne semble pas avoir été trouvé », constatera-t-il en 1959, dans Le désir et son interprétation [8].
8Par ailleurs, il est frappant de mesurer le temps qu’il a fallu pour que la psychanalyse confronte les perversions à leurs implications médico-légales – la conférence sur les fonctions de la psychanalyse en criminologie [9] date de 1950, et encore les auteurs n’y évoquent-ils pas les crimes de ceux qu’on désigne comme « criminels pervers » ou « prédateurs sexuels », non seulement parce que les psychanalystes ne rencontraient habituellement pas leurs auteurs – et pour cause –, mais surtout du fait que la subjectivité de l’époque, l’immédiate après-guerre, était fascinée par la découverte de crimes d’une dimension industrielle si considérable que les petites entreprises, comme celle d’un Landru, même relatée avec le génie de Chaplin, ne pouvait faire florès en 1947, l’année où fut réalisé Monsieur Verdoux.
9On saisit mieux ce qu’a pu être ce que j’appellerai la fonction de Sade à ce moment-là. Éric Marty, dans son récent ouvrage Pourquoi le xxe siècle a-t-il pris Sade au sérieux [10] ?, relève que 1947 est une année fondamentale, « fondatrice du sérieux moderne », la substantivation de « sérieux » renvoyant, comme il se doit, à la série. Il s’agit des nombreuses publications sur Sade qui paraissent cette année-là, en tête desquelles on peut placer l’essai de Klossowski : Sade mon prochain [11]. Mais c’est aussi l’année où paraissent des textes importants de Blanchot, Bataille, Adorno et Horkheimer. Cet intérêt assez exclusif, en particulier de la part de certains des anciens participants du séminaire de Kojève, va même surprendre Hannah Arendt, laquelle n’a pas encore abordé la banalité du mal, comme elle le fera quinze ans plus tard avec le procès Eichmann. En fait, Sade permet de poser les termes d’une définition du « sujet pervers comme nouveau sujet de l’Histoire », selon la formule d’É. Marty, l’Histoire renvoyant à la fois à la période récente du nazisme et à la Révolution française. C’est en particulier la trame que va suivre Klossowski pour désigner Sade comme « l’homme intégral », expression utilisée par Kojève à propos de la fin de l’Histoire, Kojève dont l’Introduction à la lecture de Hegel est justement éditée par Queneau cette même année 1947.
10Sade, homme intégral, est assurément, sous la plume de Klossowski, un pervers polymorphe, au sens de la multiplicité de ses transgressions, mais aussi le support d’une réécriture perverse de la dialectique du maître et de l’esclave, ce dernier devenant maître de la Nature grâce à son travail, ce qui dénote beaucoup d’optimisme de la part de l’auteur. De toute façon, lorsque Lacan fera l’éloge, dans son « Kant avec Sade », de la perspicacité de Klossowski à avoir fait de Sade un prochain qui se refuse à l’être, il avancera cette formule devenue depuis célèbre, que « Sade n’est pas assez voisin de sa propre méchanceté pour y rencontrer son prochain », en ajoutant que c’est un « trait qu’il partage avec beaucoup et avec Freud notamment [12] ».
11Nous sommes en 1963, à quelques mois de « l’excommunication » de Lacan. – Je vous demande d’excuser ce qui pourrait paraître anecdotique dans ce que je vais rappeler maintenant. – Je viens de m’apercevoir que « Kant avec Sade » est paru dans le numéro d’avril de la revue Critique, moins d’un mois avant ce qu’on a appelé le « rapport Turquet », en fait la version française du rapport établi par les « enquêteurs » de l’ipa pour l’exécutif central, transcrite par F. Perrier. On peut y lire, à propos de la pratique de Lacan : « Il est très douteux que la majorité de ses élèves soit analysée. Il joue à tort et à travers avec l’analyse du transfert. Il le manipule [13]. » Lacan sera même explicitement traité de pervers pour avoir incité lesdits élèves à mentir aux « enquêteurs » sur sa technique, surtout sur la durée des séances. Est donc nécessairement pervers celui qui tente de formaliser la perversion au-delà du registre des pratiques sexuelles.
12D’ailleurs, depuis plusieurs années, Lacan cherche à dégager une « solution perverse » à la structure du désir. C’est le cas dans les dernières leçons du séminaire Le désir et son interprétation, en juin 1959 – un mois, soit dit en passant, avant la demande d’affiliation de la sfp à l’ipa. Lacan y distingue le fantasme pervers de la perversion, laquelle, nommée au singulier, indique bien son projet d’en faire une entité structurale. Ce qu’il nomme alors « solution perverse » est la façon dont le sujet, dans le fantasme, vise le désir de l’Autre et « croit y voir un objet [14] ». Alors que, selon une formule heureuse de Lacan, « par rapport au désir, le névrosé est toujours à l’horizon de lui-même [15] ». Cet objet métonymique, le phallus, est le signifié du désir de la mère, mais aussi ce sur quoi porte la Verleugnung, le démenti du pervers. Ce n’est cependant pas ce qui arrête Lacan à ce moment-là ; il ne fait pas non plus alors du fétichisme le paradigme pervers et il laisse la fustigation et le supposé masochisme aux fantasmes du névrosé. Non, il va privilégier l’usage du regard, ce qu’il nommera « l’aperçu dans l’inaperçu », ou encore « la fente dans le désir ».
13Il part des « charmantes pulsions vitales », selon une expression de Paul Eluard sur le « donner à voir », pour désigner la fente à quoi le sujet pervers se réduit lui-même, surtout comme exhibitionniste. Ce donner à voir suppose un espace, un lieu public, pour une pratique à risques, et fonctionne comme fascinum, attrape-regard. C’est aussi le regard qui est en jeu pour le voyeur, mais comme « sujet-objet », selon une expression qui anticipe ce qui sera minutieusement déployé dans le Séminaire XI à propos du regard et de sa schize d’avec l’œil. « Ce que le voyeur cherche et trouve, dira-t-il alors, ce n’est qu’une ombre, une ombre derrière le rideau. Ce qu’il cherche, ce n’est pas, comme on dit, le phallus, mais justement son absence [16]. » Alors que l’exhibitionniste vise, dit encore Lacan, « ce qui se réalise dans l’autre, l’autre en tant que forcé, au-delà de son implication dans la scène [17] ». L’usage du verbe « se réaliser » indique bien, me semble-t-il, le réel qui est en jeu ici et désigne l’angoisse de l’autre, visée, comme on vise une cible, par le sujet-objet-regard. Toujours est-il que, dans un cas comme dans l’autre, exhibitionniste ou voyeur, le sujet se réduit « à l’artifice de la fente ».
14Il n’est pas anodin de relever que 1959 est l’année où Klossowski fait paraître La révocation de l’Édit de Nantes, premier volet de la trilogie des Lois de l’hospitalité [18], lesquelles lois consistent, pour le narrateur, à prêter son épouse à des « invités », et le dispositif voyeuriste, à ouvrir la porte, pour découvrir, en même temps que la scène, en un instant de « fulguration », que le narrateur-voyeur est lui-même regard.
15Lacan va ensuite introduire la voix dans la série des objets sécables qui répondent à la division du sujet, à sa refente, dans le fantasme. En rédigeant, il y a bien longtemps, un exposé sur les voix, celles de la psychose, je les avais mises en série avec la voix perverse, la voix de celui qui, au téléphone, vient « distiller le venin de l’obscénité… puis, on raccroche, on coupe, là encore ». En 1959, Lacan considère également le phallus comme objet dans la série. Il va jusqu’à dire que « la perversion se présente comme une sorte de simulation de la coupure [19] » : ce que le sujet n’a pas, il l’a dans l’objet ; ce que le sujet n’est pas, c’est son objet idéal – le phallus idôlatré – qui l’est : c’est ainsi qu’il évoque Gide et l’homosexualité. En fait, Lacan prend, selon les époques, les diverses perversions comme paradigmes de ce qu’il tente de conceptualiser : ici l’homosexualité par rapport au phallus, ailleurs c’est le voyeurisme et l’exhibitionnisme sur le thème du regard, de la pudeur et de la levée du voile, puis ce sera le sadisme et le masochisme au début des années 1960, avec l’angoisse visée chez l’autre, sa schize, y compris en s’en faisant le rebut.
16C’est en juin 1959, à la fin du séminaire Le désir et son interprétation, que Lacan énonce explicitement pour la première fois : « Le fantasme pervers n’est pas la perversion. L’erreur la plus grande est de nous imaginer que nous comprenons la perversion, nous tous tant que nous sommes, c’est-à-dire […] plus ou moins névrosés sur les bords, pour autant que nous avons accès à ces fantasmes pervers [20]. » Cette distinction est l’aboutissement d’une réflexion menée par Lacan durant cette année de séminaire, où il a déplacé sa conception du désir comme désir de reconnaissance vers celle de désir de l’Autre, celui du sujet divisé par le signifiant, désir auquel Lacan accroche cet objet métonymique qu’est le phallus. C’est à ce moment crucial de son enseignement, juste avant d’entreprendre la conceptualisation de la jouissance l’année suivante, que Lacan apporte cette distinction, voire une opposition de « la structure du désir » dans la névrose et dans la perversion. En se référant à son propre travail sur Gide et au livre de Jean Delay sur la jeunesse de Gide, il en arrive à envisager la reconversion de l’impasse du désir pervers dans la « matérialité signifiante » encore nommée « sublimation », qui articule « le désir et la lettre ». Lacan n’hésite pas à distinguer la sublimation de la valorisation sociale de l’activité culturelle, en insistant, au contraire, sur « les risques qu’elle comporte, jusques et y compris le remaniement, voire l’éclatement des conformismes antérieurement instaurés [21] ».
17La sublimation n’est pas, en tant que désexualisation pulsionnelle, selon la conception freudienne, une normalisation ni une satisfaction, qui accorderait à l’artiste « une vie large et heureuse », ce qui, comme le relève Lacan dans Encore, ne fut pas vraiment le cas de Sade, lequel aura payé de vingt-sept années d’enfermement la monstration de la preuve qu’« il y a une moralité de la conduite sexuelle [22] ». Cela dit, Sade n’a commencé à écrire qu’une fois enfermé et c’est, à peu de chose près, durant cet interminable enfermement qu’il écrira l’essentiel de son œuvre, cette œuvre que Lacan définissait en 1960 comme « la plus scandaleuse qui fût jamais écrite », et qu’il rangeait au registre de la littérature expérimentale, au sens où « elle arrachait le sujet à ses amarres psycho-sociales [23] ». L’expérience en question est aussi celle de la lecture de Sade, qu’il ne s’agit pas d’éluder sous le prétexte de l’ennui.
18Lacan a toujours un point de vue partagé sur la perversion : là où elle rejoint ce qu’en a fait Klossowski, en tant que subjectivité moderne, il y trouve de quoi argumenter une éthique sans morale (celle où la faute est d’avoir cédé sur son désir). À l’inverse, lorsqu’il rend hommage à Sade en le traitant, avec un accent de commisération pas tout à fait feint, de « pauvre idiot [24] », il laisse entendre que le pervers dépense parfois une énergie démesurée pour réaliser ses pratiques – et particulièrement pour le masochiste, avec tout le cérémonial du contrat. Mais le plus étonnant, c’est de découvrir dans la leçon programmatique de ce séminaire sur l’éthique de la psychanalyse le regret de n’avoir « même pas (encore) été capables, après tout notre progrès théorique, d’être à l’origine d’une nouvelle perversion [25] ». Il faut, bien entendu, mettre cette déception en perspective avec ce que Lacan soumet, là encore à titre expérimental, aux analystes de son auditoire, c’est que « la seule chose dont on puisse être coupable, au moins dans la perspective analytique, c’est d’avoir cédé sur son désir [26] ».
19Il n’est pas certain que cette sentence rende compte de ce que serait une nouvelle perversion, mais, par contre, elle projette la silhouette d’un désirant. Elle anticipe aussi sur ce qu’il va en être du « désir du psychanalyste », celui qui dépend de l’acte, de ce qui ne doit pas se remettre à demain, façon de dire : ne pas céder. Lacan formalisera cela quelques années plus tard, dans sa « Proposition du 9 octobre 1967 ».
20Je voudrais m’arrêter un instant sur ce qui a été un des effets probables de « Kant avec Sade » et du séminaire sur l’éthique de la psychanalyse. En effet, la perversion est apparue peu après la création de l’École freudienne de Paris (efp) comme thème de travail d’un groupe d’analystes, qui animèrent en 1965 et 1966 un séminaire, une sorte de cartel d’enseignement, puisqu’ils étaient cinq. Il s’agissait de Piera Aulagnier-Spairani, Jean Clavreul, François Perrier, Guy Rosolato et Jean-Paul Valabrega. Ils avaient tous fait partie du Groupe d’étude de la psychanalyse (gep) qui avait soutenu Lacan en 1963, au moment de la crise ayant abouti à son « excommunication ». On peut relever que ce sont eux qui seront, à l’exception de Clavreul, les premiers scissionnaires de l’efp. Leur départ, en 1969, sera motivé par le refus d’entériner la procédure de passe impliquée par la « Proposition du 9 octobre 1967 », devant la crainte d’une manipulation du dispositif par Lacan.
21Les textes résultant des « travaux scientifiques » de ce « club des cinq » sont publiés au Seuil, au début de 1967, dans la collection « Le Champ freudien », où venait de paraître en décembre 1966 le volume des Écrits de Lacan. Ils sont réunis sous le titre Le désir et la perversion [27]. Mais, simultanément, celle qui apparaît comme le leader du petit groupe, Piera Aulagnier, publie dans le numéro 2 de la revue qu’elle vient de fonder avec Clavreul et Conrad Stein, L’inconscient [28], un ensemble de textes sur la perversion, où l’on retrouve des contributions de quatre des cinq membres du collectif. D’aucuns auraient pu être tentés de voir, dans ce regroupement, étayé par une « revue de psychanalyse », qui ne faisait aucune mention de l’appartenance de ses contributeurs à l’efp, la mise en place d’une opposition interne. Elle prendra plus nettement corps après le 9 octobre de la même année, pour aboutir au départ des intéressés en 1969.
22Il n’est peut-être pas anodin de relever que ces élèves de Lacan sont ceux qui vont, les premiers, utiliser le terme « perversion » au singulier, sur le même modèle que celui que Lacan utilise en 1958 avec « la psychose », ce qui n’est pas une mauvaise chose, puisqu’on est passé d’une nosographie qui était en fait un vaste catalogue des pratiques sexuelles les plus incongrues à une tentative de définition « structurale », avec le fétichisme comme forme paradigmatique du démenti de la castration maternelle. La Verleugnung, qu’ils ont choisi de traduire par déni ou désaveu, devenait l’opérateur de la perversion, comme la Verwerfung était celui de la psychose. Ce sont ces auteurs, élèves de Lacan, qui, les premiers, produisent des travaux cohérents, étayés par des données cliniques issues de leur pratique, dont l’importance laisse d’ailleurs perplexe. Ils dressent un portrait de celui qu’ils nomment : le pervers, toujours masculin – à l’inverse de l’hystérique, toujours féminine. Je retiendrai quelques points, trouvés surtout chez Clavreul :
- la vocation du pervers à discourir sur la morale, l’esthétique, l’amour et « sur tout ce qui contribue à constituer les idéaux qui ordonnent le comportement humain » ;
- la force de conviction et le prosélytisme, opérés sans inhibition, par la séduction et la fascination, comme en fait preuve la jouissance du partenaire ;
- le penchant pédagogique du pervers, de celui qui initie, qui débarrasse la jeunesse de son innocence, qui enseigne le pourquoi, plus encore que le comment, jouir ;
- l’importance du secret, celui du savoir-faire, qui n’est pas vraiment un savoir, mais plutôt un tour de prestidigitateur ; c’est aussi le secret dans le transfert : l’analysant met l’analyste « dans le secret » de ses pratiques perverses et cherche ainsi à le rendre complaisant, voire complice ;
- pareillement, la recherche par le pervers du point d’angoisse de l’autre, par le suspens, en ménageant ses effets, certain que son domaine de prédilection restera inaccessible au profane, là encore sous le sceau du secret.
23Dans son texte sur le couple pervers, Clavreul évoque, bien entendu, celui que le pervers va tenter de former avec l’analyste qu’il peut être amené à rencontrer. Comme je l’ai constaté moi-même, la demande formulée par le pervers n’est pas superposable à celle du névrosé, elle n’est pas demande de savoir sur un symptôme. Le pervers n’est pas en position innocente, de celui qui ne sait pas et chercherait un supposé savoir. Il rencontre habituellement un analyste lorsqu’il y a « de l’eau dans le gaz », si je puis dire, lorsqu’il est à la recherche d’une protection contre de possibles conséquences médico-légales de ses actes, ou même d’un alibi, cherchant, comme je disais, à faire de l’analyste un complice.
24Quelle est alors la marge de manœuvre de celui-ci, entre le Charybde de la complaisance et le Scylla du moralisme ? C’est à ce point même que se joue le « désir de l’analyste », c’est là que se joue l’éthique de la psychanalyse. Je renvoie aux termes mêmes dont use Lacan à cette époque, en 1968. Il s’agit du séminaire intitulé L’acte analytique : « J’en étais, dit Lacan dans une conférence donnée vers la fin du séminaire, au moment où j’allais montrer ce que comporte d’avoir à prendre place dans le registre du sujet supposé savoir, et ceci justement quand on est psychanalyste […] particulièrement bien placé pour en connaître la radicale division », division du sujet, donc, et Lacan continue un peu plus loin : « […] cette position inaugurale à l’acte psychanalytique, [qui] consiste à jouer sur quelque chose que votre acte va démentir ». Voilà le démenti qui apparaît. « C’est pour cela que j’avais réservé pendant des années, mis à l’abri, à l’écart, le terme de Verleugnung […] je voulais le réserver, le faire vivre là où il est poussé à son point le plus haut de pathétique, au niveau de l’analyste lui-même [31]. » Le démenti, c’est ce qui affirme tout en niant. C’est le « je sais bien, mais quand même » du pervers face à la castration maternelle.
25Mais c’est aussi l’acceptation par l’analyste, en faisant fonction de sujet supposé savoir, d’être mis à une place de semblant d’objet, dont il a à supporter le réel sans pour autant en jouir, tandis que le pervers, qui fait aussi, à sa façon, semblant d’objet a, en fait supporter le réel à son partenaire et en tire une satisfaction, et pourquoi pas ce qu’on appelle couramment une jouissance perverse. C’est cette satisfaction à laquelle le névrosé aspire, mais sans y parvenir. Lacan contestait à ce propos que la perversion fût de l’ordre de l’imaginaire, « puisque aussi bien, avançait-il, la perversion, à l’occasion est incarnée [32] ».
26Si la perversion est incarnée, c’est qu’il y a donc des pervers, des sujets répondant de façon logique au démenti ; et pas seulement des névrosés qui y aspireraient ou des psychotiques qui trouveraient dans des pratiques dites perverses un mode de réponse à la jouissance de l’Autre invasive. Lacan précise bien qu’« un démenti, on ne peut le recevoir que du réel ». On ne peut pas ne pas entendre ici une forme de similitude avec la forclusion. Il constate cependant que « la perversion existe, mais, chose étrange, nous ne savons pas comment ».
27En novembre 1975, alors qu’il commence son séminaire Le sinthome, il semble bien que Lacan réponde à Solange Faladé, qui, lors des journées précédentes, dont le thème était « Les mathèmes de la psychanalyse », avançait l’hypothèse d’un mathème de la perversion. Je serais d’autant plus enclin à le penser que Lacan ajoutait ceci à son argumentaire sur le démenti reçu du réel : « C’est bien en quoi la vérité y est intéressée, parce que la vérité, je l’ai dit, ne peut que se mi-dire, mais elle ne peut que concerner le réel [33]. » Or, « se mi-dire », c’est, avance Lacan dans sa première leçon du Sinthome [34], lorsque la vérité devient un « produit du savoir-faire ». Elle ne sera alors que mi-dite, s’incarnant d’un signifiant S indice Un. Ce signifiant S1 est précisément celui que Faladé situe à la place de la vérité du supposé discours du pervers.
28Faladé proposait, en fait, de construire avec les quatre éléments des discours de Lacan ($, S1, S2, a) deux mathèmes, l’un pour la perversion, l’autre pour la phobie ; ce dernier aurait été le symétrique du précédent, pour rendre compte, peut-être, de la fonction de plaque tournante de la phobie, entre névrose hystérique ou obsessionnelle et perversion, ainsi que Lacan l’avait proposé dans son séminaire D’un Autre à l’autre. Faladé notait dans son argument, qui est la seule trace que nous ayons de son travail : « Je partirai de ce moment nodal dans la stucturation du sujet, qui est le moment de la découverte par l’enfant, de l’absence de pénis chez la mère […]. Si l’enfant “verleugnet” ce qu’il vient de découvrir, c’est la perversion. Confronté à ce “pas-de-pénis” de la mère, le futur pervers place le pénis ailleurs et ne craint pas de savoir. Par excellence, le pervers est celui qui sait : savoir et jouissance. J’écris donc : $ ? S2. […] En voulant la jouissance de l’Autre, ce que suscite le pervers, c’est son angoisse […]. Ce qui est produit, ce qui va choir, c’est l’objet a. Quant à S1, il doit donc venir en position de vérité. En effet, pour le pervers, il n’y a de vérité que du phallus [35]. »
29D’où l’écriture proposée par Faladé :
30Lors de la clôture de ces journées, Lacan recusa l’existence de ce mathème, en répondant à S. Faladé : « […] à la vérité, [encore la vérité !] je nage dans ce mathème de la perversion ; je nage, non sans avoir des objections à y faire […] [36] ». Lacan nageait assurément dans ce mathème, puisqu’il l’avait lui-même proposé trois ans auparavant, en le nommant « discours du capitaliste » (dc), comme une perversion, ou plutôt une inversion du premier des discours, si nous considérons le discours du maître comme le premier au sens ordinal. Si l’on se souvient des quadripodes des discours, le schéma proposé par Solange Faladé comme mathème du pervers n’est rien d’autre que ce dc. En le produisant à Milan en mai 1972, Lacan notait qu’« une toute petite inversion entre le $ et le S1, ça suffit à ce que ça marche comme sur des roulettes […]. Un discours follement astucieux, mais voué à la crevaison [37] ». On voit que, dans ce discours, le savoir n’appartient plus au sujet, devenu celui de la libre entreprise.
31Conséquences : d’une part, le sujet n’est plus représenté, il devient autonome, d’où une « démission subjective du discours, instituée par le démenti apporté aux attaches signifiantes du sujet ». Je retiens cette expression, que j’ai trouvée chez P. Valas [38], car elle met en valeur la Verleugnung signifiante ; d’autre part, dans le dc, le sujet et l’objet ne sont plus séparés. Le fantasme peut donc se réaliser : c’est plutôt courant aujourd’hui, sous une forme tant sadique que voyeuriste, dans ce que véhicule la sous-culture télévisuelle, en particulier. De ce qu’un fantasme se réalise ne fait pas d’un sujet, névrosé ou psychotique, un pervers.
Notes
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[*]
Texte de la conférence prononcée le 15 février 2013 à Toulouse.
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[**]
Claude Léger est psychanalyste à Paris, membre de l’epfcl.
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[1]
C. Léger, « La veste noire », L’en-je lacanien, n° 8, Toulouse, érès, 2007, p. 13-20.
-
[2]
C. Léger, « Sade après Lacan », Mensuel, n° 67, epfcl-France, février 2012, p. 59-63 ; « La fosse une fois recouverte… », Sigila, n° 17, printemps-été 2006, Paris, Gris-France.
-
[3]
C. Léger, « Homosexualité masculine et structures cliniques : premières questions », La cause freudienne, n° 37, oct. 1997, Paris, diff. Navarin-Seuil, p. 18-24.
-
[4]
G. Lantéri-Laura, Lectures des perversions, Paris, Masson, 1979, p. 42.
-
[5]
J. Lacan, « Jeunesse de Gide », dans Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 748.
-
[6]
Elle fit trois tranches d’analyse, avec, successivement, E. Sokolnicka, R. Loewenstein et R. Laforgue.
-
[7]
J. Lacan, « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », dans Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 84.
-
[8]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, 1958-1959, inédit, leçon du 10 juin 1959.
-
[9]
J. Lacan et M. Cénac, « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie », dans Écrits, op. cit., p. 125-149.
-
[10]
Publié au Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2011.
-
[11]
P. Klossowski, Sade mon prochain, Paris, Seuil, 1967.
-
[12]
J. Lacan, « Kant avec Sade », dans Écrits, op. cit., p. 780.
-
[13]
Dans J.-A. Miller (sous la dir. de), L’excommunication, La communauté psychanalytique en France (II), Bibliothèque d’Ornicar?, suppl. du n° 8, 1976, p. 44.
-
[14]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, op. cit., leçon du 3 juin 1959.
-
[15]
Ibid., leçon du 24 juin 1959.
-
[16]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 166.
-
[17]
Ibid.
-
[18]
P. Klossowski, Les lois de l’hospitalité, Paris, Gallimard, coll. « Le chemin », 1965.
-
[19]
J. Lacan, Le séminaire, Le désir et son interprétation, op. cit., leçon du 24 juin 1959.
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Ibid., leçon du 1er juillet 1959.
-
[22]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 80.
-
[23]
J. Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 237.
-
[24]
J. Lacan, Le séminaire, Livre XX, Encore, op. cit., p. 80.
-
[25]
J. Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 24.
-
[26]
Ibid., p. 368.
-
[27]
P. Aulagnier-Spairani et coll., Le désir et la perversion, Paris, Seuil, 1967.
-
[28]
« La perversion », L’inconscient, n° 2, Paris, puf, avril-juin 1967.
-
[29]
J. Clavreul, « Le couple pervers », dans P. Aulagnier-Spairani et coll., Le désir et la perversion, op. cit., p. 99.
-
[30]
J. Lacan, « Kant avec Sade », op. cit., p. 779.
-
[31]
J. Lacan, « Conférence du mercredi 19 juin 1968 », Bulletin de l’Association freudienne, n° 35, nov. 1985.
-
[32]
J. Lacan, « Conclusion des journées d’automne de l’efp », Lettres de l’efp, n° 24, novembre 1975, p. 248.
-
[33]
Ibid.
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[34]
Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, leçon du 18 novembre 1975, p. 13.
-
[35]
S. Faladé, « Journées de l’efp “Les mathèmes de la psychanalyse” », Lettres de l’École, 1977, n° 21, p. 69-70.
-
[36]
J. Lacan, « Discussion de clôture », ibid., p. 506-507.
-
[37]
J. Lacan, « Du discours psychanalytique », conférence du 12 mai 1972, dans Lacan en Italie 1953-1978, éd. bilingue, Milan, La Salamandra, 1978.
-
[38]
P. Valas, Les dimensions de la jouissance, Paris, Éditions du Champ lacanien, nouvelle édition, 2009, p. 135.