Enfance 2002/1 Vol. 54

Couverture de ENF_541

Article de revue

Le fonctionnement moteur dans le cas d'autisme

Pages 63 à 73

Notes

  • [1]
    Traduction française de Jacqueline Nadel.
  • [2]
    University of Colorado Health Sciences Center.
  • [3]
    University of Rochester.

1L’autisme est un désordre neurodéveloppemental qui se caractérise par des troubles des relations sociales et de la communication, et un éventail restreint d’intérêts et d’activités. En raison de la nature sévère et persistante de ces troubles, les recherches se sont surtout focalisées sur l’identification des déficits neuropsychologiques sous-jacents, ou déficits primaires, qui pourraient mener à la progression développementale des symptômes de l’autisme. Une hypothèse qui reçoit récemment une attention accrue est celle d’un déficit du fonctionnement moteur.

2La référence à des caractéristiques motrices particulières est partie intégrante de la description de l’autisme depuis l’article originel de Kanner (1943). Les individus manifestant des troubles dans la sphère autistique (autistic spectrum), et en particulier de type syndrome d’Asperger, ont souvent été décrits comme maladroits, avec un tonus musculaire anormal et une démarche particulière. En outre, beaucoup d’entre eux présentent des comportements moteurs stéréotypés. Malgré la cohérence de ces observations, peu de travaux empiriques se sont intéressés à la nature de ces anomalies motrices dans le cas d’autisme et à leurs relations avec les déficits plus caractéristiques qui se manifestent dans le domaine de la socialisation, de la communication et du comportement.

3Damasio et Maurer (1978) ont été les premiers à proposer que les anomalies motrices observées pourraient être indicatives d’un dysfonctionnement neurologique sous-jacent. Ils ont fait état de perturbations de la motilité, y compris des dystonies, des bradykinésies, des hyperkinésies, des mouvements involontaires, un tonus musculaire, une démarche et des postures anormales, ainsi qu’une asymétrie faciale qui ressemble à une paralysie faciale des expressions émotionnelles. Ils ont avancé que ces symptômes moteurs ressemblent à ceux vus chez des patients atteints de lésions des lobes frontaux, des ganglions de la base et du thalamus, y compris des structures situées dans la partie médiane des lobes frontaux et temporaux.

4Des études ultérieures examinant plus avant les habiletés motrices ont généralement confirmé les observations de Damasio et Maurer quant à un dysfonctionnement moteur. Ces études se sont concentrées sur le fonctionnement moteur de base, aussi bien que sur les déficits de planification motrice, ou praxiques. Les chercheurs ont utilisé un large éventail de méthodologies, y compris des études rétrospectives du développement précoce, des examens neurologiques et neuropsychologiques, et des analyses des imitations. Dans les pages qui suivent, nous passerons en revue ce que l’on connaît sur le fonctionnement moteur dans l’autisme, et nous suggérerons un modèle qui commence à expliquer comment un fonctionnement moteur troublé peut perturber en cascade le développement normal des enfants autistes.

PREMIER DÉVELOPPEMENT MOTEUR DANS LE CAS D’AUTISME

5Plusieurs études pionnières ont rapporté des déviances concernant les étapes motrices des enfants autistes (cf. DeMyer, 1979 ; Ornitz, Guthrie, & Farley, 1977). Parmi les études les plus impressionnantes réalisées récemment, figurent des études montrant les différences motrices des enfants autistes sur la base de vidéos familiales réalisées au cours du premier développement de l’enfant. Par exemple, Adrien et coll. (1993) ont évalué les vidéos de 12 enfants autistes et de 12 enfants sans troubles du développement. L’analyse des vidéos précédant le premier anniversaire ont révélé une hypotonie et un manque d’expression faciale dans le groupe des enfants postérieurement diagnostiqués autistes, et les vidéos prises entre 12 et 24 mois ont révélé en outre des différences dans les postures. De même, Baranek (1999) a montré que trois symptômes sensori-moteurs – une attention visuelle pauvre, l’exploration buccale des objets, et l’aversion pour le contact physique – différencient, dans la période de 9 à 12 mois, les enfants autistes des enfants à développement lent et des enfants sans troubles du développement. Enfin, Teitelbaum, Teitelbaum, Nye, Fryman, et Maurer (1998) ont examiné les vidéos de 17 jeunes enfants postérieurement diagnostiqués autistes. Leurs analyses ont révélé des perturbations motrices chez des enfants autistes dès 4 à 6 mois. Ces études démontrent que des anomalies de mouvement sont présentes très tôt chez des enfants autistes, et peuvent même précéder l’émergence des symptômes classiques du syndrome.

ÉTUDES NEUROLOGIQUES ET NEUROPSYCHOLOGIQUES DU FONCTIONNEMENT MOTEUR

6Une étude compréhensive du fonctionnement neurologique dans l’autisme a été réalisée par Rapin (1996), qui a comparé des enfants autistes à plusieurs groupes cliniques différents, tous manifestant de faibles capacités de communication. Ses résultats suggèrent que l’hypotonie est commune aux enfants autistes, de même que des difficultés praxiques. De même, Jones et Prior (1985) montrent une augmentation significative du nombre des signes modérés de dysfonctionnement neurologique chez les enfants autistes comparés aux enfants qui se développent sans problème, qu’ils soient appariés sur l’âge ou sur le niveau développemental. Tous les enfants autistes de cette étude ont manifesté des mouvements choréiformes, et 70 % ont des difficultés d’équilibre. Cohen-Raz, Volkmar et Cohen (1992) ont relevé, chez des enfants autistes, des différences frappantes dans des tâches impliquant de rester en équilibre sur des surfaces instables.

7Des études qui ont examiné les performances motrices globales ont aussi montré l’existence de déficits spécifiques de l’autisme. Hauck et Dewey (2001) ont trouvé un retard de cinq mois par rapport à un groupe contrôle clinique. En outre, les enfants autistes n’avaient pas de dominance manuelle. Selon Minshew, Goldstein et Siegel (1997), une déficience des habiletés manuelles fines fait partie du profil neuropsychologique d’adultes autistes de haut niveau de fonctionnement cognitif. Ces résultats rencontrent ceux de Rumsey et Hamburger (1988), et ceux de Szatmari, Tuff, Finlayson et Bartolucci (1990). Enfin, Benetto (1999) a comparé les habiletés motrices de 19 enfants et adolescents autistes de haut niveau de fonctionnement à un groupe de 19 jeunes dyslexiques soigneusement appariés. Les jeunes autistes ont eu des performances significativement inférieures à celles des jeunes dyslexiques sur trois des quatre facteurs du fonctionnement moteur évalués : la force, la coordination bimanuelle, la stabilité et l’équilibre.

FONCTIONNEMENT MOTEUR DANS DES TÂCHES IMITATIVES

8L’imitation est un processus multifacette durant la première enfance, qui peut servir des rôles cruciaux dans le développement du savoir social avec des adultes et d’autres enfants (Nadel & Butterworth, 1999). À côté des aspects sociaux de l’imitation qui ont été largement pris en considération (Nadel et al., 1999 ; Meltzoff et Moore, 1999 ; Rogers, 1999), l’étude de l’imitation offre aussi une piste pour évaluer le fonctionnement moteur dans l’autisme. Les tâches d’imitation se prêtent particulièrement bien aux questions qui concernent la séquenciation et la planification des mouvements complexes, les dissociations entre les habiletés motrices concernant différentes régions du corps (cf. mouvements orofaciaux versus mouvements des membres), et peut-être encore mieux à l’étude du rôle des habiletés motrices de base sur le développement des compétences sociales. Un déficit de l’imitation motrice a tout d’abord été décrit par DeMyer et coll. (1972). Depuis, il a été confirmé par les études de très jeunes enfants (Charman et al., 1998 ; Stone et al., 1997), et jusqu’à l’âge adulte (Rogers et al., 1996), avec des groupes à fonctionnement de bas niveau aussi bien que de haut niveau (cf. Rogers et Pennington, 1991 ; Smith et Bryson, 1994 ; Rogers et Benetto, 2000). Parmi les études bien contrôlées qui ont été publiées, seules deux études n’ont pas retrouvé ces résultats (Charman et Baron-Cohen, 1994 ; Morgan et al, 1989).

9Les études sur l’imitation motrice ont utilisé différentes tâches pour repérer des aspects distincts de l’imitation. En général, les études sur les jeunes enfants utilisent des batteries d’imitation prises dans la littérature développementale, et les études sur les enfants plus âgés et les adultes s’inspirent de la littérature médicale et utilisent des tâches d’imitation originellement développées pour dépister l’apraxie chez des patients neurologiques. Quand elles examinent deux groupes d’âge, les études se focalisent sur trois habiletés : les actions sur les objets, les mouvements manuels et posturaux, et les mouvements orofaciaux (y compris les vocalisations pour les jeunes enfants). Bien que les enfants autistes manifestent des performances déficitaires comparées aux contrôles dans les trois types de tâches, l’imitation d’actions sur les objets tend à être moins déficitaire que l’imitation de gestes de la main (cf. DeMyer et al., 1972 ; Stone et al, 1997), et l’imitation orale semble la plus sévèrement atteinte (Rogers et al., en revue ; Page et Boucher, 1998).

10Donc, le fait que l’imitation est plus affectée chez les personnes autistes que chez celles qui présentent d’autres troubles est relativement bien établi. Cependant, on ne sait pas quels mécanismes sous-tendent ces déficits imitatifs. Historiquement, l’imitation a été décrite comme une manifestation d’un déficit métarepésentationnel (cf. Baron-Cohen, 1988). Cette théorie était basée sur la nature sociale et communicative des enfants, et est cohérente avec les performances faibles des enfants autistes dans des tâches sur l’imitation signifiante ou symbolique. Mais il y a de nombreuses études, maintenant, qui montrent que les enfants autistes ont aussi de faibles performances à des tâches non signifiantes (cf. Jones et Prior, 1985 ; Smith et Bryson, 1998). Dans deux études qui étudient à la fois l’imitation signifiante et non-signifiante, la signification semble aider les enfants autistes de la même manière que les contrôles (Rogers et al., 1996 ; Stone et al., 1997). Ces résultats ont conduit aux théories selon lesquelles les faibles performances en imitation sont secondaires dans l’autisme à un déficit de praxis (Jones et al., 1985 ; Rogers et al., 1996 ; Gernsbacher et Goldsmith, en revue ; Benetto, 1999).

DYSPRAXIE ET AUTISME

11La dyspraxie se réfère à un trouble dans l’aptitude à planifier et exécuter des mouvements en l’absence d’autres symptômes moteurs (Ayres, 2000). DeMyer, Hintgen et Jackson (1981) ont été les premiers à faire l’hypothèse que le déficit d’imitation dans l’autisme pouvait refléter une dyspraxie sous-jacente. Une recherche ultérieure de Rogers et coll. (1996) a testé cette hypothèse en faisant varier systématiquement la complexité et la durée des stimuli à imiter. Les auteurs ont trouvé que les personnes autistes ont généralement des performances plus mauvaises que les contrôles sur les mouvements séquentiels comparés aux mouvements simples, ce qui suggère que la planification et l’exécution de mouvements complexes pourraient être déficitaires dans l’autisme. Des capacités faibles de planification motrice iraient bien avec un déficit du fonctionnement exécutif. En effet, des patients avec lésion du cortex frontal présentent souvent une dyspraxie et d’autres troubles de la motricité intentionnelle (Heilman et Watson, 1991).

12Deux autres études récentes ont évalué systématiquement les composantes de l’imitation non signifiante dans l’autisme, en se focalisant tout particulièrement sur le rôle du fonctionnement moteur et de la séquenciation des comportements moteurs. Smith et Bryson (1998) rapportent dans le détail les capacités de 20 enfants autistes de haut niveau à imiter des postures non symboliques et des séquences, en utilisant des tâches contrôles pour la mémoire gestuelle et la dextérité manuelle. Deux groupes de comparaison appariés ont été constitués, l’un avec des troubles du langage, l’autre constitué de sujets présentant un développement normal. Les enfants autistes ont montré des performances imitatives plus pauvres que les deux groupes de comparaison, pour les postures simples, de même que pour les aspects praxiques et la dextérité manuelle. En outre, les capacités de langage réceptif expliquaient 11 % de la variance des habiletés imitatives des enfants autistes, et la praxie en expliquait 37 %.

13Benetto (1999) a conduit une expérience également pour évaluer quelles sont les composantes de l’imitation déficitaires dans l’autisme. Elle a administré une batterie imitative de mouvements manuels non symboliques variant en longueur et complexité à 19 enfants autistes de haut niveau et à 19 enfants dyslexiques. Ses résultats indiquent que les enfants autistes ont des performances significativement plus pauvres que celles des enfants dyslexiques, avec des difficultés spécifiques à reproduire les configurations des membres dans les postures et l’aspect kinesthésique des mouvements. Par contre, ils ne manifestaient pas de déficits pour les mouvements impliquant seulement les doigts et les mains. Ces résultats sont en accord avec un récent travail rapportant une proprioception déficitaire mais des capacités motrices fines chez des enfants avec un syndrome d’Asperger (Weimer et al., 2001). Benetto ne trouve pas de différences entre les groupes pour des tâches impliquant la connaissance du schéma corporel, la représentation visuospatiale du mouvement ou la mémoire immédiate et différée du mouvement. Pourtant, le groupe des autistes a nettement moins bien réussi que les contrôles à une batterie de tâches motrices de base, et cette faible performance motrice rend compte de certaines, mais pas de toutes les difficultés d’imitation chez les enfants autistes.

14L’hypothèse d’une dyspraxie dans l’autisme a été aussi avancée pour expliquer des problèmes non imitatifs, tels que la planification motrice et la séquenciation (Hughes, 1996 ; Hill et Leary, 1993 ; Seal et Bonvillian, 1997). Par exemple, la maladresse est classiquement liée à la dyspraxie, et les enfants autistes comme les enfants avec un syndrome d’Asperger manifestent une maladresse très caractéristique (Ghaziudin et al., 1994). En utilisant une tâche motrice simple, Hughes (1994) a montré aussi des problèmes de planification motrice dans une étude comparative avec des adultes autistes.

RELATION ENTRE DYSPRAXIE ET SYMPTÔMES SOCIAUX ET COMMUNICATIFS DANS L’AUTISME

15L’un des aspects les plus intrigants des études sur la dyspraxie concerne le fonctionnement orofacial. Page et coll. (1998), examinant la performance motrice d’un groupe d’enfants autistes, indiquent que la dyspraxie oromotrice était présente chez 79 % des sujets, une prévalence plus forte que la dyspraxie manuelle (55 %) ou les difficultés de motricité globale (18 %). Dans une petite étude comparative, Adams (1998) rapporte aussi une plus grande difficulté oromotrice chez des enfants autistes que dans le groupe de comparaison.

16On sait qu’un pourcentage significatif d’enfants autistes n’acquiert pas le langage, mais on n’a pas d’explication de ce phénomène. Lord et Pickle (1996) ont montré que le degré de retard n’explique pas l’absence de langage dans l’autisme. Plusieurs études ont montré une relation entre dyspraxie motrice et production de communication symbolique. Seal et coll. (1997) trouvent une corrélation entre la précision du langage signé et la taille du vocabulaire signé, avec deux mesures d’apraxie chez 14 personnes autistes. Slavoff et Bonvillian (2000) ont trouvé une relation entre performance, mesures de l’apraxie, taille du vocabulaire parlé, et taille du vocabulaire signé.

17Des études récentes apportent un élément supplémentaire en faveur de l’hypothèse selon laquelle un dysfonctionnement moteur sous-tend l’absence de langage parlé, au moins chez certains enfants autistes. Dans une étude d’enfants autistes de 2 ans, Stone et coll. (1997) ont trouvé que les mouvements corporels sont liés aux capacités de langage expressif, alors que l’imitation d’actions sur des objets est indépendante de celle des mouvements corporels et associée aux comportements de jeu. Rogers et coll. (en revue) ont aussi examiné la spécificité du déficit imitatif, à partir d’actes imitatifs variés, et étudié la relation entre performance sociale et motrice et capacités imitatives. L’étude a porté sur 20 enfants autistes (âge moyen = 34 mois), 16 enfants avec un syndrome d’X fragile, et 19 enfants ayant d’autres troubles du développement. Les enfants autistes sont significativement plus déficitaires en imitations globales, imitations oromotrices, et imitations d’actions sur les objets. Les capacités imitatives des enfants à X fragiles dépendent du fait qu’ils ont ou non des symptômes autistiques. Dans le cas où ils ont des symptômes autistiques, ils présentent de sévères difficultés imitatives, dans le cas contraire, ils imitent aussi bien que les sujets contrôles. En ce qui concerne les enfant autistes, leurs capacités imitatives sont fortement liées à leur comportement sociocommunicatif, leur langage expressif et leurs comportements de jeu, même lorsque l’on contrôle le niveau développemental. En particulier, l’imitation oromotrice rend compte de la majorité de la variance du développement du langage.

18L’histoire des performances motrices de ces jeunes enfants peut être intéressante à considérer. Les parents d’enfants autistes rapportent qu’ils ont marché plus tôt que ceux des enfants non autistes (13 mois en moyenne au lieu de 17 pour le groupe en retard). Ainsi, dans la première enfance, les enfants autistes de cette étude ont eu une motricité globale plus mature que les contrôles. Mais à 34 mois, les enfants autistes et les contrôles ont un niveau de performance motrice équivalent (soit environ 22 mois). Ces résultats suggèrent que le développement moteur peut suivre une trajectoire différente chez ces enfants autistes, avec un infléchissement relatif du développement moteur au cours des années. On retrouve ce pattern pour les stéréotypies motrices, plus rares chez les jeunes enfants autistes que chez les plus âgés (Charman et al., 1998 ; Osterling et Dawson, 1994 ; Werner et al., 2000).

RÉSUMÉ

19Il y a des éléments convergents pour affirmer que les enfants autistes ont des déficits significatifs du fonctionnement moteur, et que ces déficits peuvent être présents dès la première année. Mais tous les aspects du fonctionnement moteur ne sont pas affectés dans l’autisme. Ce sont plutôt les conduites motrices plus complexes qui impliquent la planification et la séquenciation, et intègrent des informations kinesthésiques. Par contre, des capacités motrices relativement simples, particulièrement celles impliquant les mouvements moteurs fins, peuvent être intègres. Les études rapportées précédemment ont aussi montré que l’âge et la nature du groupe de comparaison jouent un rôle important dans le fait qu’une différence est manifeste ou pas. Il apparaît aussi que la motricité ne se développe pas au même rythme chez les enfants autistes que dans d’autres cas de troubles du développement, mais nous manquons d’études longitudinales.

20Il y a de plus en plus d’éléments qui renforcent l’idée que la performance imitative dans l’autisme, si elle est affectée par la qualité des liens sociaux avec les autres (Nadel et Pezé, 1993), est fortement influencée par la fonction motrice globale. Ce lien entre le fonctionnement moteur et l’imitation permet d’expliquer comment une capacité comme la praxis peut jouer un rôle dans la progression développementale des symptômes de l’autisme. Des modèles du développement normal ont montré l’importance de l’imitation précoce pour le développement de l’intersubjectivité et l’empathie (Stern, 1985), la compréhension de l’intentionnalité et la théorie de l’esprit (Barresi et Moore, 1996 ; Meltzoff et Gopnik, 1993), la socialisation et l’acculturation (Rogoff et al., 1993 ; Tomasello et al., 1993), les interactions avec les pairs (Nadel-Brulfert et Baudonnière, 1982), le jeu symbolique (Piaget, 1962), et le langage (Kuhl et Meltzoff, 1996), tous aspects absents ou altérés chez les enfants autistes.

21Donc, les difficultés motrices depuis la première enfance, reflétées en partie par des déficits imitatifs, pourraient bien avoir des effets négatifs significatifs sur le développement communicatif, social et culturel dans l’autisme. Cependant, les difficultés d’imitation reflètent aussi les difficultés de précision et de timing de la motricité. Des progrès dans la compréhension de la nature des déficits d’imitation et dans la mise au point de programmes d’interventions requièrent de se focaliser à la fois sur les aspects moteurs et interpersonnels de l’autisme.

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Notes

  • [1]
    Traduction française de Jacqueline Nadel.
  • [2]
    University of Colorado Health Sciences Center.
  • [3]
    University of Rochester.
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