Introduction
1Diagnostiquer le plus tôt possible afin de prendre en charge le plus tôt possible, voilà la règle qui domine face à toutes les pathologies. Une règle à laquelle n’échappent pas les troubles spécifiques du développement du langage et ceux de la communication : plus on les repère tôt, plus on les traite rapidement et plus les chances de les résorber sont grandes. Repérer les troubles dès le plus jeune âge est donc un facteur essentiel de l’avenir de l’enfant. Mais pour pouvoir effectuer ce diagnostic précoce, encore faut-il disposer des marqueurs développementaux adéquats. Afin d’identifier ceux-ci, il semble nécessaire d’appréhender le plus précisément possible les processus d’émergence des compétences communicationnelles, ce qui ne peut se faire qu’en alliant les données des études sur le développement normal et celles des études en pathologie.
2Certes, la prise en charge de la plupart des troubles développementaux concernant le langage s’est, ces dernières années, très nettement améliorée. Il n’en demeure pas moins que le repérage de trajectoires atypiques s’avère toujours difficile, en particulier chez les enfants non encore intelligibles et chez ceux privés des capacités leur permettant d’exploiter complètement leurs moyens d’expression. Il y a principalement deux explications à cela : d’abord, les professionnels manquent d’outils d’évaluation, ensuite le développement est marqué par une grande variabilité interindividuelle (il n’est pas une suite d’étapes homogènes, rythmées à l’identique chez tous les enfants).
3Jusqu’à présent, pour estimer les progrès en langage, on a privilégié l’analyse de certains comportements non verbaux (les regards, les activités ludiques, etc.) parfois au détriment d’indices communicationnels. Et lorsque ces derniers indices sont pris en compte, ils le sont bien souvent de façon parcellaire. C’est le cas par exemple pour l’examen pédiatrique du jeune enfant, qui se limite à une appréciation assez succincte de l’expression verbale entre 2 et 36 mois : la capacité à associer des syllabes, l’âge d’arrivée des premiers mots, des combinaisons de mots, des prépositions, des pronoms personnels, etc. Mais d’autres indices communicationnels importants sont laissés de côté, qui pourraient pourtant attester de la prise en compte du contexte et des interlocuteurs par l’individu apprenant. En l’occurrence, il s’agit de la gestion des pauses, des tours de parole et de l’alliance d’indices linguistiques. De plus, aucune attention n’est prêtée aux manifestations vocales proprement dites, c’est-à-dire aux aspects prosodiques qui correspondent aux premières formes linguistiques que l’enfant s’approprie pour entrer dans le langage.
4 La prosodie est donc, pour l’heure, rarement utilisée dans les évaluations du développement langagier. Pourtant, lorsque des psychologues, dans leurs pratiques de soin, essayent de comprendre et de résoudre un trouble de ce développement (langage absent, hors norme ou abîmé), ils sont d’emblée confrontés à la question de la parole – et donc, par extension, à la question de la prosodie. Là réside toute l’originalité de ce numéro d’Enfance : il est entièrement consacré à l’étude de la prosodie dans le processus d’acquisition.
5 Comme on peut supposer que les formes précoces du langage portent en elles les germes des troubles, c’est à ces formes précoces qu’il faut s’intéresser. En l’occurrence, il s’agit tout d’abord de ce qu’on appelle communément les gazouillis. Les gazouillis se transforment ensuite en vocalisations, puis progressivement en unités prosodiques relevant du système linguistique maternel.
6 Dans ce numéro, certains auteurs travaillent sur les premiers liens entre perception et production (M. Soderstrom). D’autres travaillent sur l’apparition des indices phonétiques pendant la période prélinguistique (C. Dodane et K. Martel). D’autres sur des indices lexicaux (H. Balog, F. Roberts et D. Snow, ainsi que S. Millotte et A. Christophe, L. D’Odorico, M. Fasolo et D. Marchione, et M.-T. Le Normand). D’autres encore, sur des indices pragmatiques (M. Aguert, J. Bernicot et V. Laval). L’intérêt de ce numéro est ainsi de réunir différentes approches autour du traitement du signal. C’est la mise en regard de ces approches qui permettra, pensons-nous, d’étendre les connaissances sur les périodes clés de l’acquisition et, partant, de réfléchir à la manière d’enrichir les techniques d’évaluations afin donc de déceler les troubles le plus tôt possible.
L’enfant aborde le langage à travers sa musique : la prosodie
7La prosodie désigne le niveau suprasegmental du langage. D’un point de vue phonétique, elle décrit les variations de hauteur, d’intensité et de durée (Lacheret et Beaugendre, 1999), qui correspondent d’un point de vue perceptif aux phénomènes d’intonation, d’accentuation, de débit ou encore la perception des pauses et qui possèdent différentes fonctions : pragmatique, modale, syntaxique et expressive. À plusieurs reprises, il a été établi que ces phénomènes aident considérablement les bébés à opérer une présegmentation du flux sonore en unités de sons et de sens, et à acquérir le lexique de leur langue (Nazzi, Jusczyk et Johnson, 2000 ; Ramus, 2002 ; Seidl, 2007).
8 Plusieurs études en Intonologie Développementale ont ainsi expliqué que la prosodie représente non seulement la première structure linguistique perçue par les enfants (Mehler, Jusczyk, Lambertz, Halsted, Bertoncini et Amiel-Tison, 1988 ; Mehler, Dupoux, Nazzi, et Dehaene-Lambertz, 1996), mais aussi, sur le plan productif, le premier système fonctionnel précoce (Konopczynski, 1999a ; Snow et Balog, 2002). La prosodie constituerait donc l’une des principales voies d’accès au langage pour les enfants, la nature même des traits prosodiques, la musicalité et le rythme de la langue cible, étant d’emblée exploitée par le cerveau du tout-petit, incité par ailleurs à cela par les adultes qui ne cessent de mettre en exergue ces traits quand ils s’adressent à lui (Bruner, 1977 ; Wyatt, 1969). Dès la naissance, ses capacités perceptives permettent au nouveau-né, sur la base d’indices prosodiques, de reconnaître la voix de sa mère et quelques semaines plus tard, de discriminer les inflexions de la voix humaine qui correspondent à un contenu sémantique interprétable, de différencier deux langues étrangères entre elles (à condition qu’elles appartiennent à des classes rythmiques différentes), et de distinguer sa langue maternelle d’une langue étrangère (Nazzi, Floccia et Bertoncini, 1998 ; Dehaene-Lambertz, Dehaene et Lucie Hertz-Pannier, 2002 ; Floccia, Nazzi et Bertoncini, 2000). À 4 mois, le bébé est ensuite capable de repérer les syllabes à faible contraste phonétique comme [pa] versus [ba] et de détecter les productions vocales masculines et les productions vocales féminines (Beckman et Edwards, 1990 ; 1992 ; Jusczyk, 1997 ; Maye, Werker et Gerken 2002 ; Soderstrom, Seidl, Kemler Nelson et Jusczyk, 2003 ; Gout, Christophe et Morgan, 2004 ; McMurray et Aslin, 2005 ; Millotte, 2008). Dans leur article rédigé pour ce volume, Séverine Millotte et Anne Christophe expérimentent par ailleurs la manière dont les jeunes enfants utilisent les informations prosodiques pour extraire la forme sonore des mots. Elles constatent que ces informations s’allient à des connaissances relatives à la catégorie grammaticale des mots.
9Néanmoins, si l’être humain est doué pour traiter de façon précoce et efficace l’input maternel, il faut également que la communication qui fonde la relation adulte-enfant soit de bonne qualité, qu’elle soit étayante, c’est-à-dire qu’il y ait un partage émotionnel à valence positive (Trevarthen et Aitken, 2003). Pour ce faire, l’adulte adopte des stratégies langagières spécifiques. Afin de solliciter son attention, il adapte son débit à l’état d’éveil de l’enfant, il exagère les modulations d’intonation, il utilise plus fréquemment des glissandi, des pauses prolongées, des mots isolés désignant les objets environnants, des diminutifs, des questions, des répétitions et des vocatifs (Fernald, 1989 ; Garnica, 1977). Dans sa contribution à ce numéro, Melanie Soderstrom rappelle que le processus d’acquisition du langage est issu d’un savant mélange entre les capacités de perception du jeune enfant et la qualité du langage auquel il est soumis. Elle insiste sur le fait que la qualité du langage qui lui est adressé est une véritable clé pour le développement de ses connaissances grammaticales.
10D’autres travaux ont par ailleurs étudié l’évolution du système prosodique à travers le développement des productions orales. Ils ont révélé que les propriétés prosodiques propres à la langue ambiante sont actualisées dès 6-7 mois dans les productions prélinguistiques. L’activité vocale du bébé est par conséquent rapidement influencée par la langue cible, notamment par les propriétés rythmiques de celle-ci (Kent et Murray, 1982 ; Boysson-Bardies, Sagart et Durand, 1984 ; Konopczynski, 1991 ; Diop, Bernal, Margules et Christophe, 2005, Vihman, dePaolis, Nakai et Hallé, 2004). C’est en fait à partir de 3 mois que, tout en étant encore très rudimentaires, peu nombreuses et accompagnées de cris et de grognements, les émissions vocales prennent un caractère différencié. Il s’agit souvent de vocalises en écho, associées à des échanges de regards. Puis, aux environs du quatrième mois, le bébé devient plus habile pour moduler et contrôler les changements de hauteur, de durée et d’intensité de sa voix ; il entre dans la « phase exploratoire » aussi appelée « phase d’expansion ». Les vocalisations augmentent en quantité, en variété et en complexité. C’est le début des « jeux vocaux » grâce auxquels commence à se mettre en place une communication élémentaire avec l’entourage. À ce moment-là, la prosodie porte déjà des fonctions communicative et réflexive qui sont des processus psychologiques indispensables à l’émergence du langage et de ses unités. Puis, à partir du second semestre de la première année de vie, l’enfant entre dans la phase du babillage proprement dit. Cette phase marque une rupture avec la période précédente. L’enfant commence en effet à faire des choix propres aux structures de sa langue maternelle, aux niveaux prosodique, phonétique et syllabique (Oller, 1980 ; Stark, 1980 ; Gayraud et Kern, 2007). Ces premiers pas vers l’articulation constituent une étape primordiale qui reflète l’existence d’un lien fonctionnel entre les processus de perception et la production des sons vocaux et qui donne la possibilité à l’enfant d’exercer des feedbacks proprio-perceptifs (Plaut et Kello, 1999).
11Le babillage se compose d’une succession d’étapes ordonnées. D’abord, entre 7 et 10 mois, c’est le babillage « canonique » qui se caractérise par la production de syllabes simples (consonne-voyelle : CV) très souvent redupliquées en séries et qui diffèrent selon les communautés linguistiques (les caractéristiques mélodico-rythmiques sont empruntées à la langue maternelle). Ensuite, vers 11-12 mois, c’est le babillage dit « varié » ou « mixte » : l’enfant émet un plus grand nombre de productions polysyllabiques à l’intérieur desquelles les voyelles et les consonnes varient de façon constante. Pour exprimer une demande, un commentaire, etc., il utilise désormais des schémas mélodiques à des fins linguistiques. La mélodie du babillage devient alors intonation. Ces transformations sont souvent liées les unes aux autres pour soutenir les progrès de l’apprenant. Puis à la fin du babillage « varié » (vers 13/14 mois), on note une augmentation sensible des séquences syllabiques complexes (CVC, VCV, CCV…), ainsi qu’une production plus diversifiée de voyelles (Vihman et Miller, 1988 ; Vihman et Velleman, 2000) qui remplissent les contours intonatifs produits et constituent les proto-mots, futures holophrases des enfants. Des travaux déjà anciens ont évoqué la forte implication de la prosodie dans les premiers énoncés. Pour nombre d’entre eux, les mots isolés peuvent même exister comme des énoncés à part entière et être interprétés comme tels grâce à la prosodie qui véhicule la force illocutoire du message (Dore, 1975 ; Halliday, 1975 ; Snow, 1994 ; Chen et Fikkert, 2007 ; Prieto et del Mar Vanrell, 2007). En outre, il ressort de ces études, d’une part, que quand les enfants commencent à produire leurs premiers mots, ils disposent déjà d’un inventaire étendu de contours intonatifs et que le développement du système intonatif est corrélé avec une augmentation de la taille du vocabulaire. D’autre part, quand les productions enfantines deviennent identifiables en tant qu’unités signifiantes de la langue adulte, il se produit une sorte de « réorganisation » de l’ensemble des contours intonatifs utilisés, qui peut durer jusqu’à la fin de la période des mots isolés, voire un peu plus longtemps. À partir de ce moment, les contours descendants, jusque-là majoritaires quels que soient les types d’expressions (de syntagmes impliqués), commencent à régresser au bénéfice des contours montants. Des recherches ont en outre souligné la mise en place progressive de l’allongement de la syllabe finale destiné, dans certaines langues, à souligner l’accentuation (Konopczynski, 1999b ; Nathani, Oller et Cobo-Lewis, 2003). En français par exemple, ce phénomène apparaît entre 13 et 16 mois, faisant rapidement suite à l’arrivée des premiers mots. L’absence ou l’exagération de l’allongement de la syllabe finale peut donc être considérée comme un marqueur potentiel d’un développement original ou retardé.
12Quand émergent les premières associations de mots, la prosodie est encore une fois mise à contribution. Pour certains auteurs, les premières combinaisons de mots sont formulées avec un accent sur chaque mot (Rodgon, 1976, 1977 ; Martel, 2008), la position de l’accent n’étant absolument pas, au départ, dépendante des relations sémantiques exprimées ou du statut informatif de chaque mot. Pour d’autres, en revanche, un contour intonatif unique permet de lier les mots entre eux (Stockes et Branigan, 1978). Ces résultats, pour le moment, font donc encore débat (D’Odorico et Carrubi, 2003). D’où l’intérêt de l’étude présentée par Laura D’Odorico, Mirco Fasolo et Daniela Marchione dans ce numéro. Celle-ci porte sur le développement de la capacité à utiliser les caractéristiques prosodiques pour marquer différentes structures syntaxiques d’énoncés à plusieurs termes chez des enfants italiens âgés de 1 an et 3 mois à 3 ans. Les auteurs comparent les patterns obtenus pour les productions respectant l’ordre canonique des mots à ceux relatifs aux productions contenant un ordre non canonique.
13Tous les travaux effectués jusqu’ici montrent que la prosodie constitue bel et bien une base pour l’avènement de la grammaire. Son rôle continue pourtant d’être parfois négligé dans les études sur l’évolution du langage. Dans le domaine de l’acquisition, la prosodie mérite encore toute notre attention.
La dysharmonie prosodique : un indice pour repérer des développements troublés du langage
14Toutes les études mentionnées ci-dessus montrent à quel point la prosodie est indispensable à l’acquisition de la langue par l’enfant. Elle reste pourtant rarement prise en compte en acquisition du langage, et plus rarement encore dans l’évaluation des pathologies, car vraisemblablement considérée comme non pertinente. Beaucoup de praticiens et de chercheurs s’accordent néanmoins sur l’intérêt des unités prosodiques dans la détection de difficultés langagières Mais on ne dispose pour l’instant que de peu d’éléments au sujet de l’évolution des paramètres mélodiques (D’Alessandro, 2006 ; Benner, Grenon et Esling, 2007). Il reste ainsi plusieurs indices à explorer dans la parole du très jeune enfant, comme le volume, le débit et les changements de tonalité. De même, les modifications de la qualité vocale sont rarement étudiées. Elles sont pourtant à mettre en relation avec les dimensions attitudinale ou émotionnelle du locuteur, c’est-à-dire les fonctions expressives et pragmatiques, utiles pour initier la communication, la maintenir ou décrypter les intentions d’un locuteur. C’est d’ailleurs ce qui résulte de l’article cosigné par Marc Aguert, Josie Bernicot et Virginie Laval dans ce numéro. Leur recherche sur le rôle de la prosodie lors de la compréhension d’énoncés par des sujets âgés de 5 à 9 ans met en avant le fait que c’est à partir de 9 ans que les enfants commencent réellement à utiliser l’intonation (préférentiellement au contexte) pour saisir et interpréter l’intention communicative d’autrui.
15 Jusqu’à présent, la plupart des auteurs se sont de surcroît servis de systèmes d’annotation faisant uniquement référence à la parole adulte (Silverman, Beckman, Pitrelli, Ostendorf, Wightman, Price, Pierrehumbert et Hirschberg, 1992 ; Hirst, Veronis et Ide, 1994). Les données nécessitent donc d’être à nouveau éclaircies, avec l’idée qu’il s’agit d’un système en émergence. En cela la psycholinguistique a tout son rôle à jouer en psychologie de l’enfant.
16Lorsque la prosodie est prise en compte dans des tests ou échelles d’évaluation, les principales caractéristiques observées sont réduites aux possibilités d’imitation de séquences langagières ou au fait d’utiliser une gamme de fréquences ample qui va du murmure aux cris suraigus (Vinter, 1998). Les vocalisations sont très peu observées. Certes, on constate qu’elles sont exécutées en nombre et en série, mais il n’est fait aucune mention de leur nature, de leur forme, de leurs régulations fréquentielles ou bien de la stabilisation de formes prototypiques usuelles. Or la prise en compte de ces indices permettrait certainement d’enrichir l’interprétation des résultats obtenus à l’aide des instruments psychométriques adaptés au proto-langage, à l’instar de questionnaires parentaux tels que : (i) les Inventaires Français du Développement Communicatif, de 8 à 30 mois (Kern, 2003 ; 2007) issus des MacArthur-Bates Communicative Development Inventories, ou (ii) le Développement du Langage de Production en Français, de 16 à 42 mois (Bassano, Labrell, Champaud, Lemétayer et Bonnet, 2005). L’analyse des aspects prosodiques pourrait de la même façon compléter les bilans obtenus via des épreuves d’évaluation de l’intelligence verbale et du niveau langagier chez l’enfant en très bas âge, comme :
- – l’échelle du pré-langage et du langage de Brunet-Lézine (1965) ;
- – la Mac Carthy Scales of Children’s Abilities (McCarthy, 1976), pour les enfants de 2 ; 6 à 8 ; 6 ans ;
- – le test de vocabulaire en images (réservée aux 3-5 ans) de Légé et Dague (1976) ;
- – la BEPL-A (Batterie d’Évaluation Psycho-Linguistique : Chevrie-Muller, Simon, Le Normand et Fournier, 1988), pour les enfants âgés entre 2 ; 9 et 4 ; 3 ans ;
- – l’échelle d’Évaluation de la Communication Sociale Précoce (Guidetti et Tourrette, 1993), applicable au jeune enfant de 3 à 30 mois ;
- – le D.P.L.3 (Dépistage et prévention du langage à 3 ans : Coquet et Maëtz, 1996) ;
- – l’échelle E.L.O. : Evaluation du langage oral de Khomsi (2001), destinée aux enfants de 3 à 11 ans ;
- – la Batterie d’évaluation du langage oral chez les enfants de 2 ans 3 mois à 6 ans 3 mois : EVALO 2-6 (Coquet, Ferrand et Roustit, 2004) ou encore
- l’échelle de langage Rossetti (2006), qui mesure la communication et l’interaction chez l’enfant de 0 à 3 ans.
17C’est seulement depuis une dizaine d’années que l’on trouve des pistes de recherche prometteuses sur le sujet, et ce dans différentes communautés. Une première a été initiée par des travaux sur la surdité. En 1997, Gabrielle Konopczynski et Shirley Vinter mettent en effet en avant que les enfants sourds, une fois appareillés et en mesure de contrôler la qualité de leur voix (la cohérence de la structure mélodique), améliorent leur apprentissage et leur compréhension des règles pragmatiques de la communication sociale. Une deuxième piste fait apparaître que les grands prématurés présentant un retard dans l’émergence du babillage, ainsi qu’une mauvaise manipulation des ressources prosodiques, accusent un retard sur le plan syntaxique (premières combinaisons : Le Normand, Delfosse, Crunelle et Vittrant, 1995). Le manque d’organisation prosodique à la période charnière de 9/10 mois, aurait par conséquent une influence négative sur la suite du développement du langage.
18 Plus récemment, Isabelle Hesling et ses collaborateurs (2009) de l’Institut CNRS des Neurosciences de Bordeaux (UMR 5231) ont entamé des études visant à mieux comprendre les déficits prosodiques des sujets atteints d’autisme, mais ayant accès à la parole. L’autisme est, la plupart du temps, caractérisé par des altérations graves dans l’élaboration de la communication, des interactions sociales et du comportement. En l’occurrence, les enfants atteints d’autisme ont des difficultés significatives avec le module prosodique, comme une impossibilité ou une grande gêne à exprimer et comprendre des états affectifs ou encore à utiliser l’accent d’insistance ou à reproduire des phrases courtes ou longues. Les troubles de la prosodie expressive engendrent une barrière communicative pour ces enfants, les autres capacités langagières ne pouvant pas compenser les déficits en prosodie. Néanmoins, il est possible d’augmenter leur sensibilité aux paramètres prosodiques. Les auteurs supposent que ces sujets présentent une altération de la dimension pragmatique du langage et des modalités non verbales, c’est-à-dire d’une altération de la boucle perception/production.
19Divers types de pathologies commencent ainsi à être investigués. Dans ce numéro, Marie-Thérèse Le Normand expose un travail sur les réalisations prosodiques d’enfants dysphasiques de 4 à 6 ans. Elle met en avant la persistance des problèmes prosodiques chez ces sujets, avec notamment la production de suraccentuations.
Conclusion
20Étant donné l’importance de la période préverbale et du caractère complexe de la prosodie, il devient évident que la modélisation de l’acquisition du langage passe par l’étude approfondie des traits suprasegmentaux. Pour ce faire, il est donc nécessaire de compléter les descriptions et les analyses de la mise en place du système prosodique de la langue maternelle entre 6 et 36 mois.
21 Les enjeux d’un tel travail sont à la fois d’enrichir les connaissances sur les premières étapes du langage et de clarifier les frontières pathologiques du développement langagier. Ils concernent aussi le travail de transcription et d’annotation des données prosodiques qui consiste non seulement à transposer les phénomènes oraux dans un format écrit pertinent et partagé tel que le CHAT du CHILDES (Child Language Data Exchange System, McWhinney 1991, http://childes.psy.cmu.edu/), mais aussi à isoler le rôle de chaque paramètre grâce à l’utilisation de logiciels d’analyse du signal performants.
22 On peut dès lors poser l’hypothèse que les « anomalies » prosodiques sont à considérer comme de potentiels marqueurs précoces de trajectoires déviantes. Compte tenu de la grande variabilité entre les individus au cours des trois premières années, il faut d’emblée envisager une approche comparative entre des enfants tout-venant et des enfants susceptibles de présenter un développement atypique.
23 Mener des études détaillées sur une période allant de la naissance jusqu’à l’émergence de la syntaxe, serait un moyen de constituer un corpus original pour réaliser une analyse prosodique en vue de : (i) décrire les trajectoires de la population typique (l’utilisation du canal vocal, l’âge d’apparition du babillage, des mots…), et (ii) procéder à des analyses comparatives entre des suivis d’enfants tout-venant et d’enfants appartenant à des populations dites à risques. Christelle Dodane et Karine Martel tentent d’ailleurs dans ce numéro de mettre au jour la période sensible à laquelle démarre la stabilisation des contours intonatifs en analysant les données écologiques de deux enfants, issues du corpus français Paris [1] (Morgenstern, 2009) déposé récemment sur le site du CHILDES. Il s’agit là d’un premier travail de description systématique de parole spontanée d’enfants en cours d’acquisition du langage. C’est aussi le cas de Heather L. Balog, Felicia D. Roberts et David Snow qui examinent ici la production vocale de jeunes enfants âgés de 12 à 23 mois, apprenant l’anglais américain standard, afin de déterminer si les contours intonatifs réalisés sont influencés par le contexte discursif et le niveau de développement.
24Une telle entreprise implique aussi de se conformer à des règles méthodologiques strictes concernant le travail sur des données orales. Parmi celles-ci, on note par exemple la nécessité de recueillir des données brutes au domicile des sujets ou au sein d’institutions spécialisées de façon régulière, en utilisant un matériel numérique qui assure une qualité de son optimale. Des études longitudinales doivent être menées par ailleurs dans des situations de communication variées (séances de jeux, lecture de livres, apprentissage de nouveaux mots, etc.) et impliquant des partenaires variés (entourage familier, pairs, etc.). Un tel recueil de productions en situation naturelle est une source d’informations irremplaçables. Chaque sujet peut ainsi donner lieu à la description d’un profil. Ces profils peuvent ensuite être comparés, individuellement et collectivement, par rapport aux niveaux de développement linguistique et psychologique. Ce sont, nous semble-t-il, les conditions obligatoires pour que l’étude de la prosodie et de son développement puisse contribuer à une approche clinique de l’acquisition du langage.
25 L’ensemble des contributions de ce numéro d’Enfance permet de présenter différentes méthodologies et différents points de vue sur le développement du langage : le point de vue du psychologue, celui du linguiste, celui du clinicien. Ces points de vue sont non seulement originaux mais ils sont de surcroît complémentaires et témoignent, les uns comme les autres, du grand espace de connaissances que peuvent encore ouvrir les recherches sur la prosodie.
Références
- Bassano D., Labrell F., Champaud C., Lemétayer F., & Bonnet P. (2005). Le DLPF : un nouvel outil pour l’évaluation du développement du langage de production en français. Enfance, 2, 171-208.
- Beckman M.E., & Edwards J. (1990). Lengthenings and shortenings and the nature of prosodic constituency. In Kingston J. & Beckman M.E. (Eds.), Papers in Laboratory Phonology I: Between the Grammar and the Physics of Speech (pp.152-178). Cambridge University Press.
- Beckman M.E., & Edwards J. (1992). Intonational categories and the articulatory control of duration. In Tohkura Y. Vatikiotis-Bateson E. & Sagisaka Y. (Eds.), Speech Perception, Production and Linguistic Structure (pp. 356-375). Tokyo: OHM Publishing Co.
- Benner A., Grenon I., & Esling J.H. (2007). Infants’ phonetic acquisition of voice quality parameters in the first year of life. In Trouvain J. & Barry W.J. (Eds.), Proceedings of the 16th International Congress of Phonetic Sciences, vol. 3, (pp. 2073-2076). Saarbrücken: Universität des Saarlandes.
- Boysson-Bardies de B., Sagart L., & Durand C. (1984). Discernible differences in the babbling of infants according to target language. Journal of Child Language, 11, 1-15.
- Bruner J.S. (1977). Early social interaction and language acquisition. In Schaffer R.H. (Eds.), Studies in mother – infant interaction. London: Academic Press.
- Brunet O., & Lézine I. (1965). Le développement psychologique de la première enfance. Paris : PUF.
- Chen A, & Fikkert P. (2007). Intonation of early two-word utterances in Dutch. In Trouvain J. & Barry W.J. (Eds.), Proceedings of the 16th International Congress of Phonetic Sciences, vol. 3, (pp. 1553-1556). Saarbrücken: Universität des Saarlandes.
- Chevrie-Muller C., Simon A.M., Le Normand M.T., & Fournier S. (1988). Batterie d’évaluation psycholinguistique pour enfants de 2 ans 9 mois à 4 ans 3 mois (BEPL). Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée.
- Coquet F., & Maëtz B. (1996). Dépistage et prévention langage à 3 ans. Ortho Éditions.
- Coquet F., Ferrand P., & Roustit J. (2004). Batterie d’évaluation du langage oral chez les enfants de 2 ans 3 mois à 6 ans 3 mois : EVALO 2-6. Ortho Edition.
- D’Alessandro C. (2006). À l’origine de la musique et de la parole… la voix. Revue du Palais de la Découverte, 340, 46-58.
- D’Odorico L., & Carrubi S., (2003). Prosodic characteristic of early multy-word utterances in italian children. First Language, 23, 97-116.
- Dehaene-Lambertz G., Dehaene S., & Hertz-Pannier L. (2002). Functional neuroimaging of speech perception in infants. Science, 298, 2013-2015.
- Diop C., Bernal S., Margules S., & Christophe A. (2005). Comment apprend-on si vite à parler ? La Recherche, 388, 52-56.
- Dore J. (1975). Holophrases, speech acts and language universals. Journal of Child Language, 2, 21–40.
- Fenson L., Dale P.S., Reznick J.S., Thal D., Bates E., Hartung J.P., Pethick S.J., & Reilly J. (1993). MacArthur Communicative Development Inventories: users guide and technical manual. Singular Publishing Group, San Diego.
- Fernald A. (1989). Intonation and communicative interest in mother’s speech to infants: Is the melody the message? Child Development, 60, 1497-1510.
- Floccia C., Nazzi T., & Bertoncini J. (2000). Unfamiliar voice discrimination for short stimuli in newborns. Developmental Science, 3 (3), 333-343.
- Garnica O. (1977). Some prosodic and paralinguistic features of speech to young children. In Snow C. & Ferguson C. (Eds.), Talking to children (pp. 63-88). Cambridge: Cambridge University Press.
- Gayraud F., & Kern S. (2007). Caractéristiques phonologiques des premiers noms : depuis le babillage jusqu’à la langue cible. Enfance, 59 (4), 324-338.
- Gout A., Christophe A., & Morgan J. (2004). Phonological phrase boundaries constrain lexical access: II. Infant data. Journal of Memory and Language, 51, 547-567.
- Guidetti M., & Tourrette C. (1993). L’ECSP ou l’Evaluation de la Communication Sociale Précoce. Paris: EAP.
- Hallé P. A., de Boysson-Bardies B., & Vihman M.M. (1991). Beginnings of prosodic organization: Intonation and duration patterns of disyllables produced by Japanese and French infants. Language & Speech, 34, 299-318.
- Halliday M.A.K. (1975). Learning How to Mean: Explorations in the Development of Language. London: Arnold.
- Hesling I., Dliharreguy B., Galéra C., Etchegoyen K., Bouvard M., &, Allard M. (2009). Prosodic speech integration in autism evidenced by F0 decoding. Poster at International conference on Innovative Research In Autism (IRIA 2009)..
- Hirst D., Veronis J., & Ide N. (1994). Analysis of fundamental frequency patterns for multi-lingual synthesis using INTSINT. Proceedings of Workshop Speech Synthesis, New York, USA.
- Jusczyk P. W. (1997). The discovery of spoken language. Cambridge, MA: MIT Press.
- Kent R.D., & Murray A.D. (1982). Acoustic Features of Infant Vocalic Utterances at 3, 6 and 9 Months. Journal of the Acoustical Society of America, 72, 353-365.
- Kern S. (2003). Le compte rendu parental au service de l’évaluation de la production lexicale des enfants français entre 16 et 30 mois langage en émergence. Glossa, 85, 48-61.
- Kern S. (2007). Le compte rendu parental comme méthode d’évaluation du développement langagier précoce. Rééducation orthophonique, 231, 139-153.
- Khomsi A. (2001). Evaluation du langage oral, Paris : ECPS.
- Konopczynski G. (1991). Le Langage Émergent : Aspects Vocaux et Mélodiques. Hamburg: Buske Verlag.
- Konopczynski G. (1999a). Interactive developmental intonology: theories and application to French. Revue Parole, 7/8, 177-202.
- Konopczynski G. (1999b). De l’énoncé présyntaxique à la phrase canonique : aspects syntaxico-prosodiques. Revue Parole, 7/8, 265-290.
- Konopczynski G., & Vinter S. (1997). Constructing a voice from babbling: a comparison of hearing and profoundly deaf children. VIth. I.C.P. L.A., Nimègue..
- Lacheret A., & Beaugendre F. (1999), La prosodie du français, Paris : éditions du CNRS.
- Le Normand M.T., Delfosse M.J., Crunelle D., & Vittrant C. (1995). Le développement du langage dans une population de 52 enfants nés avant 36 semaines et de faible poids de naissance : résultats à deux ans et à trois ans et demi. ANAE, 7, 4-10.
- Légé Y., & Dague P. (1976). Test de Vocabulaire en Images. Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée.
- MacWhinney B. (1991). The CHILDES Project : Tools for Analyzing Talk. Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum.
- Martel K. (2008). Contribution de la prosodie dans la mise en place de la syntaxe chez l’enfant de trois ans (pp. 81-94). Actes du 21ème colloque du CerLiCO : Grammaire et Prosodie, PUR.
- Maye J., Werker J.F., & Gerken L.A. (2002). Infant sensitivity to distributional information can affect phonetic discrimination. Cognition, 82, 101-111.
- McCarthy D. (1976). Manuel des échelles d'aptitudes pour enfants de McCarthy. Paris : Les Editions du Centre de Psychologie appliquée.
- McMurray B., & Aslin R.N. (2005). Infants are sensitive to within-category variation in speech perception. Cognition, 95, 15-26.
- Mehler J., Jusczyk P. W., Lambertz G., Halsted N., Bertoncini J., & Amiel-Tison C. (1988). A precursor of language acquisition in young infants. Cognition, 29, 143-178.
- Mehler J., Dupoux E., Nazzi T., & Dehaene-Lambertz G. (1996). Coping with linguistic diversity: The infant’s viewpoint. In Morgan J.L. & Demuth K. (Eds.) Signal to syntax: Bootstrapping from speech to grammar in early acquisition (pp. 101-116). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.
- Millotte S. (2008). Le jeune enfant à la découverte des mots. Revue française de linguistique appliquée, XIII (2), 93-102.
- Morgenstern A. (2009). L’enfant dans la langue (avec la collaboration de Sandra Benazzo, Marie Leroy, Emmanuelle Mathiot, Christophe Parisse et Martine Sekali). Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle.
- Nathani S., Oller D.K., & Cobo-Lewis A. (2003). Final Syllable Lengthening (FSL) in infant vocalizations. Journal of Child Language, 30 (1), 3-25.
- Nazzi T., Floccia C., & Bertoncini J. (1998). Discrimination of pitch contours by neonates. Infant Behavior and Development, 21 (4), 779-784.
- Nazzi T., Jusczyk P. W., & Johnson E.K. (2000). Language discrimination by English-learning 5-month-olds: Effects of rhythm and familiarity. Journal of Memory and Language, 43 (1), 1-19.
- Oller D.K. (1980). The emergence of the sounds of speech in infancy. In Yeni-Komshian G. Kavanagh J. & Ferguson C. (Eds.), Child phonology, Volume 1, Production (pp. 93-112). New York: Academic Press.
- Oller D.K. (2000). The emergence of the speech capacity, Lawrence Erlbaum and Associates.
- Plaut D.C., & Kello C.T. (1999). The emergence of phonology from the interplay of speech comprehension and production: A distributed connectionist approach. In MacWhinney B. (Eds.), The emergence of language (pp. 381-415). Mahwah, NJ: Erlbaum.
- Prieto P., & Vanrell M.M. (2007). Early intonational development in Catalan. In Trouvain J. & Barry W.J. (Eds.), Proceedings of the 16th International Congress of Phonetic Sciences, vol. 3. Saarbrücken: Universität des Saarlandes.
- Ramus F. (2002). Language discrimination by newborns: Teasing apart phonotactic, rhythmic, and intonational cues. Annual Review of Language Acquisition, 2, 85-115.
- Rodgon M.M. (1976). Single-word usage, cognitive development and the beginnings of combinatorial speech. Cambridge University Press.
- Rodgon M.M. (1977). Situation and Meaning in One-and Two-Word Utterances: Observations on Howe’s The Meaning of Two-Word Utterances in the Speech of Young Children. Journal of Child Language, 4, 111-114.
- Rossetti L. (2006). The Rossetti infant – hoddler language scale: a mesure of communication and interaction. Linguisystems, U.S.A., www.linguisystems.com.
- Silverman K., Beckman M., Pitrelli J., Ostendorf M., Wightman C., Price P., Pierrehumbert J., & Hirschberg J. (1992). TOBI: A standard for labelling English prosody. Proceedings of ICSLP (pp. 867-870). Banff, Canada.
- Snow D. (1994). Phrase-final syllable lengthening and intonation in early child speech. Journal of Speech & Hearing Research, 37, 831-840.
- Soderstrom M., Seidl A., Kemler Nelson D.G., & Jusczyk P.W. (2003). The prosodic bootstrapping of phrases: Evidence from prelinguistic infants. Journal of Memory and Language, 49, 249-267.
- Stark R. (1981). Infant vocalization: A comprehensive view. Infant Medical Health Journal, 2, 118-128.
- Stark R.E. (1980). Stages of speech development in the first year of life. In Komshian G.Y. Kavanagh J. & Ferguson C. (Eds.), Child phonology, vol. 1 (pp. 73-90). New York: Academic Press.
- Stockes W., & Branigan G. (1978). On the definition of two-word utterances: or when does 1+1=2?, University of Boston.
- Trevarthen C., & Aitken K.J. (2003). Intersubjectivité chez le nourrisson : recherche, théorie et application clinique. Devenir, 4 (15), 309-428.
- Vihman M., & Miller R. (1988). Words and babble at the threshold of lexical acquisition. In Smith M.D. & Locke J.L. (Eds.), The emergent lexicon (pp. 151-183). New York: Academic Press.
- Vihman M., & Velleman S.L. (2000). The construction of a first phonology. Phonetica, 57, 255-266.
- Vihman M., dePaolis R., Nakai S., & Hallé P. (2004). The role of accentual pattern in early lexical représentation. Journal of Memory and Language, 50, 336–353.
Mots-clés éditeurs : troubles développementaux, prosodie, Acquisition du langage, développement psychologique
Date de mise en ligne : 01/11/2017
https://doi.org/10.3917/enf1.093.0259