Empan 2014/4 n° 96

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Article de revue

Ensembles, mouvance et système D

Survivance de François Tosquelles

Pages 42 à 46

Notes

  • [*]
    Pascale Molinier, psychologue, université Paris 13-Sorbonne Paris Cité, ufr des lettres, des sciences de l’homme et des sociétés, 99 avenue Jean-Baptiste Clément, 93430 Villetaneuse.
    pascalemolinier@gmail.com
  • [1]
    Intervention orale de F. Tosquelles, « Les idées en matière de psychiatrie institutionnelle. L’état actuel des recherches », 1re rencontre de Saint-Alban. La psychothérapie institutionnelle, document ronéotypé, 1986, p. 53-59.
  • [2]
    M. Minard, « Note liminaire », dans François Tosquelles, De la personne au groupe, document ronéotypé, 1994.
  • [3]
    F. Tosquelles, « In Memoriam. Sur Daumezon, quelques autres et moi », L’Évolution psychiatrique, vol 56, n° 5, 1980, p. 557-588.
  • [4]
    F. Tosquelles, « Encore quelques précisions sur la psychothérapie institutionnelle », Soins psychiatriques, n° 9, 1981, p. 8-20.
  • [5]
    F. Tosquelles, 1980, op. cit.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    H. Chaigneau, Paroles, La Borde, Institutions, coll. « La boîte à outils », 2011, p. 30 et 63.
  • [8]
    S. Laugier, « L’importance de l’importance. Expérience, pragmatisme, transcendantalisme », Multitudes, 2005/4, n° 23, p. 153-167.
  • [9]
    O. Apprill, Une avant-garde psychiatrique. Le moment gtpsi (1960-1966), Paris, Epel, 2013, p. 106.
  • [10]
    Op. cit, p. 152.
  • [11]
    Op. cit., p. 30.
  • [12]
    Op. cit, p. 153.
  • [13]
    F. Tosquelles, « L’effervescence saint-albanaise », L’information psychiatrique, vol. 63/8, 1987, p. 959-963.
  • [14]
    F. Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Point, 2012, p. 63.
  • [15]
    C. Gaudart, Âge et travail à la croisée des temporalités. L’activité face aux temps, hdr d’ergonomie, université Segalen-Bordeaux II, 2013, p. 99.
  • [16]
    Intervention de F. Tosquelles au Symposium sur la psychothérapie collective, L’Évolution psychiatrique, fasc. III, 1952, p. 572-574.
  • [17]
    J. Oury, « Le travail est-il thérapeutique ? Entretien avec L. Gaignard et P. Molinier à la clinique de La Borde, 2 septembre 2007 », Travailler, 2008, 19, p. 15-34.
  • [18]
    Il ne s’agit pas de rejeter la gestion en tant que pratique – il est nécessaire de bien gérer l’argent –, mais d’en marquer les limites en tant que discours et système idéologique dominant.
  • [19]
    Voir P. Molinier, Le travail du care, Paris, La Dispute, 2013.
  • [20]
    « Encore quelques précisions sur la psychothérapie institutionnelle », op. cit.
  • [21]
    G. Didi-Huberman, Survivance des lucioles, Paris, éditions de Minuit, 2009.
  • [22]
    F. Tosquelles dans P. Delion, Actualité de la psychothérapie institutionnelle, Vigneux, Matrice, 1994.
English version

1Lors des « nouvelles premières rencontres » de Saint-Alban en 1986, François Tosquelles conclut une allocution en disant : « J’aimerais bien que l’on essaie un petit peu de mettre en lumière cette histoire de “Qu’est-ce que cela veut dire que le Collectif de soins ?” Pour les uns et pour les autres. Je n’ai pas une opinion très... je n’ai jamais parlé de Collectif, moi. J’ai parlé des structures, des ensembles, mais le Collectif, je ne sais pas qu’est-ce-que-c’est [1]. » Dans De la personne au groupe, il dit également : « Dans les groupes de soins, on bricole et on braconne. Dans les deux cas, on rassemble des éléments – qui apparaissent d’une façon disparate – dans les ensembles, d’autant plus qu’il n’y a jamais d’élément qui ne soit déjà surgi en tant que forme dans un ensemble qui comporte un fond [2]. » À quoi cette référence aux « ensembles » peut-elle nous servir aujourd’hui pour penser les collectifs de soin ?

Une pratique institutionnelle conçue comme une Gestalt

2Forme et fond : un ensemble, Tosquelles l’entendait donc au sens de la Gestalt, à laquelle il se réfère explicitement dans plusieurs textes tout au long de sa vie ; il rapporte qu’à Barcelone, durant sa formation à l’Institut Pere Mata, Werner Wolf, l’un des psychanalystes juifs émigrés, aurait dit « qu’une “institution” était un “ensemble”, c’est-à-dire une Gestalt [3] ». Il écrit encore : « Une institution – et pas seulement celle qu’on appelle à tort ou à raison institution psychiatrique – est un ensemble ou une Gestalt dont chacun des membres acquiert une valeur ou change de valeur seulement en rapport avec la mouvance et la forme de l’ensemble, et où, du même fait, n’importe quelle modification d’un élément particulier retentit et produit des effets sur l’ensemble et sur chacun des éléments [4]. »

3Ce qui caractérise la « forme » est que lorsqu’on change un élément de l’ensemble, tout l’ensemble en est transformé. Que l’on change, par exemple, une note dans une mélodie, la mélodie initiale peut disparaître pour former un nouvel ensemble. Étudier les ensembles, dans le domaine du soin, c’est étudier une matière sociale éminemment changeante dont la vie même est de se transformer, changer de forme. En ce sens, il ne peut donc y avoir un ensemble, mais toujours des ensembles, ou comme dit Tosquelles « l’ensemble des ensembles ». Rien n’est statique ou figé, tout est marqué par la précarité, la transformation. Un ensemble est voué, pour ainsi dire, à disparaître et à se recomposer dans un autre ensemble. Ou bien, sinon, c’est un ensemble défensif, fermé aux intrusions et aux circulations, qui ne travaille qu’à maintenir son existence sous une forme défensivement instituée, c’est-à-dire immobile, empaillée et morte.

4Tosquelles écrit à propos de la dimension « gestaltique » de l’institution : « Une pratique institutionnelle conçue comme une Gestalt est simplement le fait précis que quoi qu’il en soit des changements ou d’un changement même dans l’équipe soignante, cela va provoquer des changements sur les autres constitutifs de la “Gestalt” dont la structuration “administrative” ne révèle en aucun cas les vrais composants en interaction [5]. » L’ensemble n’est pas seulement changeant, la dimension gestaltique devrait permettre la « mouvance », le changement des rôles dynamiques et de ce que chacun représente pour lui et pour les autres au cours des échanges vécus par le groupe dans son ensemble. La mouvance est un terme qui revient souvent sous la plume de Tosquelles, qui l’oppose notamment à « la structure immobile obsessionnalisante et bureaucratique [6] ».

5« L’ensemble » ainsi compris est proche de ce qu’Hélène Chaigneau dit de la nécessité de garder vivant le caractère provisoire de ce qu’on institue et d’assumer la précarité, l’instabilité et la fragilité comme autant de dispositions contre la routine. N’hésitant pas à juger « ringarde » la nostalgie des clubs thérapeutiques qui étaient, selon les nostalgiques, « si beaux », Chaigneau disait : « Une expérience institutionnelle est unique et non reproductible […], c’est-à-dire qu’il faut évoluer, il faut vivre […]. On ne peut pas s’autoreproduire sur place parce que c’est mourir, ni reproduire ailleurs car c’est caricaturer et se casser la figure [7]. »

Les propositions pivot : ce qui compte

6Wittgenstein appelait « propositions pivot » celles dont on ne doute pas, comme dans les exemples « j’ai deux mains » ou « j’ai un cerveau ». La certitude ou le doute ne sont pas forcément les problèmes principaux quand il s’agit d’orienter l’action. Dans ce domaine, les propositions pivot peuvent être identifiées plus sûrement à partir de « ce qui compte » (et sous-jacent, le désir). Est-ce qu’on peut s’accorder sur ce qui compte ? Sur l’importance de l’importance, dirait la philosophe Sandra Laugier [8]. « On s’en fout qu’il y ait vocation ou pas, l’important, c’est d’être là », dit Oury à Olivier Apprill [9]. Ou encore : « Ce qui compte, ce n’est pas le cadre, la structure, l’organisation, mais une pratique intériorisée [10]. » « Il n’y a qu’une seule chose qui compte, écrit Hélène Chaigneau, le respect des personnes souffrantes et la confiance dans leur humanité [11]. » Ces « choses » qui comptent figurent parmi les propositions pivot susceptibles d’orienter ce que l’on va faire ensemble, ce sur quoi on va s’accorder, étant entendu que ce ne sont pas des problèmes de techniques. Les techniques, ou même ces créations collectives très sophistiquées que sont les règles de métier, dépendent de propositions pivot ou d’accords sur ce qui compte. C’est autour de ce qui compte que peut se formuler un souci commun. On peut maintenant se demander plus précisément, en reprenant ce que disent Oury et Chaigneau, comment transmettre dans un ensemble une « pratique intériorisée » ? Comment transmettre la « confiance dans l’humanité des malades » ? Sachant que la confiance est toujours un pari et une pratique intériorisée, ce qui affleure, peut-être, dans le langage, ou dans certaines attentions, de presque indécelable ; être là… mais est-ce que cela se travaille ensemble ?

7Jean Oury à Olivier Apprill : « On dit, pour bien travailler dans une institution, pour faire de la psychiatrie ordinaire, le premier travail de l’institution, c’est de faire du nettoyage pour rendre le milieu moins nocif sans être farci par des quantités de théories et de techniques. » Et Oury parle de « se nettoyer le citron [12] ». Comment faire pour transmettre ce nettoyage ?

8Pour que l’ensemble se forme, se déforme, se reforme, il faut des nouveaux éléments qui apportent la vie comme série d’éléments et d’ensembles qui se mêlent et se font suite, qui bousculent et rendent possibles les « liaisons vitales » ; mais il faut aussi des anciens éléments pour que la succession des ensembles s’inscrive dans une continuité la moins nocive possible ; il ne faudrait pas non plus que les anciens bloquent le processus des ensembles par peur de ce qui pourrait advenir du leur, rétrospectivement figé comme le dit Chaigneau dans la « nostalgie ». « L’ensemble » ou la Gestalt permet de penser « le collectif de soins » comme un tissu de relations en constante création dans une continuité temporelle ; la peau de l’ensemble des ensembles est le temps.

9Travailler ensemble, c’est également travailler avec les morts, considérer le jeu des présents et des absents. « Il ne faut pas oublier, à ce sujet, écrit Tosquelles, ce que l’oubli ou l’écart des morts ne réussit pas toujours à faire taire. L’histoire vise l’avenir, mais la tradition et le passé, notamment le non-dit et le caché, jouent souvent un premier rôle en psychopathologie [13]. »

10L’ensemble désigne ainsi un processus de temporalisation, indissociablement mémoire, impliquant ses inévitables déformations ou mythologies. C’est dire que ces ensembles, pour demeurer vivants, doivent échapper au « présentisme », qui désigne une hypertrophie du présent – typique du néolibéralisme – niant le passé considéré comme archaïque tout en réduisant le futur à une négativité (demain tout sera pire, sur le mode des théories du déclin). L’historien François Hartog caractérise ce présentisme comme « minceur de l’expérience [14] ». Le champ d’expérience est rejeté au profit d’un « changement permanent » et d’une adaptation permanente, sur le modèle de la flexibilité généralisée. « Coincés dans le présent du temps, ces changements permanents sont sans passé, sans histoire, effacés à chaque nouveau changement et leur avenir reste de court terme », écrit l’ergonome Corinne Gaudart [15].

Dyschronies entre les temps de la gestion et du soin

11Dans un ensemble, chaque élément compte, a son importance, doit faire l’objet d’attention. Chaque élément nouveau déséquilibre et recompose l’ensemble dans sa mouvance. L’ensemble des ensembles s’inscrit dans une temporalisation du champ d’expérience. Les éléments qui forment l’ensemble sont hétérogènes, qu’il s’agisse des travailleurs entre eux (médecins, agents de service, psychologues, infirmiers), des patients ou des familles. Les ensembles fonctionnent toujours en systèmes ouverts et incidents dans le temps et l’espace, contrairement à l’idée d’une systématisation ou d’un contrôle prévisionnel. La notion d’ensemble est moins porteuse d’une cohésion d’ensemble toujours illusoire ou leurrante que d’une capacité à se déformer et se reformer en permettant un changement temporalisé qui ouvre à la précarité de l’expérience, non au chaos. Ou en d’autres termes, les ensembles constitués par les collectifs de soins doivent pouvoir se temporaliser, c’est-à-dire devenir temps qualitatif, temps de l’expérience vécue, narrée, partagée et continuée, dans un champ d’expérience qui intègre le passé vivant et le futur comme horizon d’attente, tout en endurant les changements d’éléments et en accueillant les remaniements créatifs qu’ils impliquent.

12Une telle conception dynamique ne laisse pas place à une idéalisation du passé – pensé comme retranché, clivé dans un temps mythifié –, où celui-ci serait utilisé comme arme dénonciatrice d’un présent « empêché ». Cette vision du collectif de soin dans sa temporalisation s’oppose au temps du présentisme néolibéral, à celui de la performance, ou encore au temps comme succession de présents. Les ensembles désignent une autre forme d’organisation du travail que celle actuellement majoritaire, dite « organisation gestionnaire ». Or ces deux modèles d’organisation sont aujourd’hui souvent imbriqués, ce qui ne peut que générer des discordances entre définitions différentes du « collectif » ou des dyschronies entre le temps de la gestion et le temps du soin.

13Dans une vision gestionnaire, l’hétérogénéité est entendue dans un cadre restrictif clivant – le collectif de soin inclut les soignants seulement – et hiérarchisé en fonction des grilles de qualification, de salaire, d’ancienneté et de responsabilité, voire de prestance. Pourtant, un infirmier nouvellement arrivé pourra désigner des patients comme ayant été ses « formateurs » au club thérapeutique. Ou bien des responsables du ménage ont pu donner de précieux renseignements à un interne. La souplesse de l’ensemble s’oppose aux rigidités catégorielles et aux binarités soignants/patients, ou soignants/familles, ou présents/absents. Cette conception de « l’ensemble psychothérapique » a permis, notamment, les écriteaux dans les salles de Saint-Alban, comme celui où l’on pouvait lire : Vous qui vous croyez guéri et demandez à quitter l’hôpital, demandez-vous plutôt : « Ai-je contribué à guérir un autre malade ? » Si vous répondez « Non », c’est que vous n’êtes pas guéri[16].

14Dans les « ensembles », on ne produit ni des biens matériels pour le marché globalisé ni même un « service à la personne », comme le montre bien l’exemple de l’écriteau. Le service à la personne désigne une prestation standardisée et évaluable sur des critères mesurables, sans réversibilité ou transversalité des fonctions. Dans un ensemble, on crée du temps pluriel, de la mémoire, des rencontres et des continuités, du monde habité, de l’expérientiel (Erlebnis) et de l’appareil psychique et/ou interpsychique.

15Le soin psychiatrique, ainsi considéré, constitue une forme de travail à part qui n’a rien à voir avec l’économie capitaliste, ce que Jean Oury a bien montré à partir de sa lecture des Grundrisse de Marx [17]. Ce qu’il désigne comme travail inestimable échappe au calcul ou à la mesure tout en étant pourtant ce qui compte le plus [18]. Le travail inestimable est informe dans les catégories classiques de la compétence, de la professionnalisation, de la binarité soignant/soigné ou de l’évaluation gestionnaire, il ne peut être compris ou saisi par aucune des théorisations proposées dans le cadre ordinaire des sciences du travail, ce qui implique un effort conceptuel pour théoriser le soin avec d’autres catégories [19]. Le travail dans les ensembles est « organisé », mais selon des principes orientés par la recherche d’un milieu le moins nocif possible. Il est difficile de comprendre, pour les gestionnaires, que ce milieu est aussi bien conçu pour ne pas marcher tout à fait, voire pour permettre l’écart à la norme, l’inefficace, l’inadaptation. Penser avec et travailler à l’ensemble entre ainsi en conflit avec le culte de l’efficacité, l’augmentation des contraintes et l’intensification du travail, c’est-à-dire avec un temps densifié, marqué par l’accélération, qui mobilise un mode d’investissement au présent, à l’exclusion du passé et du futur. Ce présentisme est une forme d’immobilisme, au sens où l’activisme, ce n’est pas la mouvance de l’ensemble, mais la « bougeotte ». Ce type d’agitation présentiste correspond à ce que Corinne Gaudart appelle « être enfermé dans le présent du temps ». Enfermé tout seul. Avec mille choses en tête. Il n’y a plus alors que des éléments dispersés.

L’apocalypse, non

16Fatalité ? « Mais rien n’autorise à choisir jamais, disait encore Tosquelles, entre la mise au réfrigérateur, l’apocalypse ou le pur et simple “faire semblant de faire quelque chose”. Il y a aussi le système D. Ne l’oublions jamais [20]. »

17En hommage à la nocturne société du Gévaudan, je citerai quelques lignes du très beau livre de Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles. Les lucioles sont ici ces lueurs intermittentes qui font sortir fugacement de l’ombre les résistances du désir contre la grande lumière de la société du spectacle, ou de la marchandisation des masses, ou du néolibéralisme, ou de la bêtise. Les lucioles ont-elles toutes disparues (théories du déclin) ou bien survivent-elles malgré tout ?

18Didi Huberman écrit : « Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle [21]. »

19Comment se libérer du présent du temps ? Comment reformuler l’obstination d’un projet ? Ou l’intermittence d’un ensemble ? Honorer la survivance du désir ? Son rejaillissement ? Voici ce que dit Tosquelles, déjà très malade, dans son ultime texte, y préfigurant d’autres ensembles à venir : « En tout cas, malgré la confusion et le pessimisme où se trouvent engagés l’ensemble des hommes en 1994, malgré mon état physique actuel, qui justifient ensemble le pessimisme égocentrique le plus radical, je dois dire ici que je reste convaincu que, tant qu’il y a des hommes à la surface du monde, quelque chose de leurs démarches reste acquis, se retransmet, disparaît parfois, mais aussi resurgit quoi qu’il en soit des catastrophes mortifères qui nous assaillent souvent. Comme on sait, cette résurgence prend le plus souvent des formes nouvelles qui s’actualisent entre nous dans les enjeux du transfert [22]. » La vie toujours déborde le cadre, aurait dit Hélène Chaigneau. Contre le pessimisme et la lumière crue, y travailler… ensemble ?

Bibliographie

Bibliographie

  • Delion, P. 1994. Actualité de la psychothérapie institutionnelle, Vigneux, Matrice.
  • Molinier, P. 2013. Le travail du care, Paris, La Dispute.
  • Tosquelles, F. 1952. Intervention au symposium sur la psychothérapie collective, L’Évolution psychiatrique, fasc. III, p. 572-574.
  • Tosquelles, F. 1986. « Les idées en matière de psychiatrie institutionnelle. L’état actuel des recherches », 1re rencontre de Saint-Alban. La psychothérapie institutionnelle, document ronéotypé, p. 53-59.

Mots-clés éditeurs : Tosquelles, temporalisation, collectif de soin, Gestalt

Date de mise en ligne : 11/12/2014.

https://doi.org/10.3917/empa.096.0042

Notes

  • [*]
    Pascale Molinier, psychologue, université Paris 13-Sorbonne Paris Cité, ufr des lettres, des sciences de l’homme et des sociétés, 99 avenue Jean-Baptiste Clément, 93430 Villetaneuse.
    pascalemolinier@gmail.com
  • [1]
    Intervention orale de F. Tosquelles, « Les idées en matière de psychiatrie institutionnelle. L’état actuel des recherches », 1re rencontre de Saint-Alban. La psychothérapie institutionnelle, document ronéotypé, 1986, p. 53-59.
  • [2]
    M. Minard, « Note liminaire », dans François Tosquelles, De la personne au groupe, document ronéotypé, 1994.
  • [3]
    F. Tosquelles, « In Memoriam. Sur Daumezon, quelques autres et moi », L’Évolution psychiatrique, vol 56, n° 5, 1980, p. 557-588.
  • [4]
    F. Tosquelles, « Encore quelques précisions sur la psychothérapie institutionnelle », Soins psychiatriques, n° 9, 1981, p. 8-20.
  • [5]
    F. Tosquelles, 1980, op. cit.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    H. Chaigneau, Paroles, La Borde, Institutions, coll. « La boîte à outils », 2011, p. 30 et 63.
  • [8]
    S. Laugier, « L’importance de l’importance. Expérience, pragmatisme, transcendantalisme », Multitudes, 2005/4, n° 23, p. 153-167.
  • [9]
    O. Apprill, Une avant-garde psychiatrique. Le moment gtpsi (1960-1966), Paris, Epel, 2013, p. 106.
  • [10]
    Op. cit, p. 152.
  • [11]
    Op. cit., p. 30.
  • [12]
    Op. cit, p. 153.
  • [13]
    F. Tosquelles, « L’effervescence saint-albanaise », L’information psychiatrique, vol. 63/8, 1987, p. 959-963.
  • [14]
    F. Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Point, 2012, p. 63.
  • [15]
    C. Gaudart, Âge et travail à la croisée des temporalités. L’activité face aux temps, hdr d’ergonomie, université Segalen-Bordeaux II, 2013, p. 99.
  • [16]
    Intervention de F. Tosquelles au Symposium sur la psychothérapie collective, L’Évolution psychiatrique, fasc. III, 1952, p. 572-574.
  • [17]
    J. Oury, « Le travail est-il thérapeutique ? Entretien avec L. Gaignard et P. Molinier à la clinique de La Borde, 2 septembre 2007 », Travailler, 2008, 19, p. 15-34.
  • [18]
    Il ne s’agit pas de rejeter la gestion en tant que pratique – il est nécessaire de bien gérer l’argent –, mais d’en marquer les limites en tant que discours et système idéologique dominant.
  • [19]
    Voir P. Molinier, Le travail du care, Paris, La Dispute, 2013.
  • [20]
    « Encore quelques précisions sur la psychothérapie institutionnelle », op. cit.
  • [21]
    G. Didi-Huberman, Survivance des lucioles, Paris, éditions de Minuit, 2009.
  • [22]
    F. Tosquelles dans P. Delion, Actualité de la psychothérapie institutionnelle, Vigneux, Matrice, 1994.
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