Notes
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[1]
Cf. Centre for Development Research à Copenhague, Refugee Studies Centre à Oxford, Humanitarianism and War Project aux États-Unis, etc.
-
[2]
Conférence donnée à l’Institut Nobel de la paix d’Oslo, le 7 octobre 1994, à l’invitation de Nini Haslund-Gleditsch et Sölvi Sogner publiée dans : Rose Duroux, « Alice, Nini et les autres. La Norvège au secours des réfugiés espagnols (1936-1945) », Exils et migrations ibériques au xxe siècle, n° 2, 1996, pp. 63-95. Id., « La ayuda de Noruega y Suecia », in El Exilio de los niños, Alicia Alted Vigil, Roger González Martell, M. J. Millán Trujillo (éd.), Madrid, Fondations Francisco Largo Caballero / Pablo Iglesias, 2003, pp. 128-145.
-
[3]
F. A. Abadie-Maumert, « Le pacifisme norvégien entre 1919 et 1940 et ses conséquences », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et des conflits contemporains, Paris, PuF, n° 160, octobre 1990.
-
[4]
La Chaux-de-Fonds, ASCI : 20.362-3b.
-
[5]
NB. En dehors des liens officiels entre les organismes, il existe des relations de « bon voisinage ». Ne nous étonnons pas si la machine à coudre de la Maternité suisse de Brouilla (Pyrénées-Orientales) provient d’une générosité norvégienne (voir l’article de Jeanine Sodigné dans le présent ouvrage), ou si, à l’occasion, comme le rappelle N. Haslund, on fait du troc : « [Les quakers] m’ont donné de la farine et moi je leur ai donné du poisson de mes provisions (morue et huile de foie) » (9 mars 1992).
-
[6]
FUE. AR. FP : 549-1.
-
[7]
Voir la thèse de Célia Keren, L’Évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France : cartographie d’une mobilisation transnationale (1936-1940), sous la direction de Laura Lee Downs, Paris, EHESS, 2014.
-
[8]
Berne, AFS: E 2001 (D) 1, vol. 148, B. 73. E 70. 2a.
-
[9]
Alicia Alted Vigil, « El exilio español y la ayuda a los refugiados », Guerra Civil. Historia 16, 24 mai 1988, pp. 90-103. Jesús Alonso Carballés, 1937. Los Niños vascos evacuados a Francia y a Bélgica. Historia y memoria de un éxodo infantil, 1936-1940. Bilbao, Asociación de Niños evacuados el 37, 1998, pp. 244-245.
-
[10]
John Stanghelle, Nini Haslund Gleditsch, Opprör. Ein Biografi, Oslo, Samlaget, 1993. Échange de lettres, rencontre à Oslo en octobre 2014 à l’occasion de ma conférence à son sujet à l’INP. Les lettres de Nini citées dans le présent article sont traduites par Kristian Gleditsch et relues par elle-même. Ma gratitude envers eux est grande.
-
[11]
Berne, AFS : E 2001 (D) 1, vol. 148, B. 73. E 70. 2a.
-
[12]
Un bon descriptif de la création de cet organisme in Luis Manuel Exposito Navarro, La conexión Burjassot: Ayuda suiza durante la Guerra Civil (1937-1939), Valence / Burjassot, Diazotec / Plataforma de Burjassot por la III República, 2011, pp. 142-144.
-
[13]
OSE (Œuvre de secours aux enfants). Voir : Katy Hazan, Le Sauvetage des enfants juifs pendant l’Occupation dans les maisons de l’OSE 1938-1945, avec la participation de Serge Klarsfeld, Paris, Somogy, 2008.
-
[14]
J’ai longuement dialogué avec Alice Resch-Synnestvedt (courrier, téléphone, visites), de 1991 à 2006. Ses archives étaient son grand souci : le journal de Toulouse (900 p.), celui de Normandie – « Tant de pages ! Il faudrait raccourcir, rédiger… Pour qui ? Dans quelle langue ? » (24 mars 1991). Elle l’a fait : Over the Highest Mountains. A Memoir of Unexpected Heroism in France during World War II, Pasadena, Californie, Intentional Productions, 2005, 268 p. Y tiennent peu de place les Espagnols dont elle m’a tant parlé.
-
[15]
Ses archives sont à l’Arbeiderbevegelsens arkiv og bibliotek d’Oslo.
-
[16]
FUE. AR. FP: 549-1, 550-1, 872-2. Alicia Alted Vigil, El Archivo de la República española en el exilio [AR], 1945-1977 (Inventario Fondo de París), Madrid, FUE, 1993.
-
[17]
Lettre du 9 mars 1992.
-
[18]
La Chaux-de-Fonds, ASCI : 20366/1. Colonies : Hospital Fridtjof Nansen, Mare Nostrum, Flor de Mayo, Entre naranjos, Hotel Sánchis.
-
[19]
Eva Koch, fille de Chris, est l’auteure d’une création multimédia (Villar, 2002) qui met en scène les retrouvailles de Chris avec Villar del Cobo.
-
[20]
7 octobre 1994.
-
[21]
Hormis le petit groupe des 119 enfants bel et bien envoyés au Danemark ; voir Célia Keren, L’Évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France, op. cit., p. 336 : voir notes 59 à 62.
-
[22]
Thèse d’Emmanuelle Carle, Gabrielle Duchêne et la recherche d’une autre route : entre le pacifisme féministe et l’antifascisme, History Department McGill University, Montreal, avril 2005. http://digitool.library.mcgill.ca/webclient/StreamGate?folder_id=0&dvs=1423300976940~523 [8 janvier 2015].
-
[23]
Pour plus d’information : Rose Duroux, « Alice, Nini et les autres…, art. cit.
-
[24]
FUE. AR. Fonds Paris, 872-2. De 1946 à 1950, Nini réintègre le Komiteen et préconise un boycott du régime de Franco.
-
[25]
9 mars 1992.
-
[26]
Alicia Alted, El Exilio republicano…, op. cit., p. 8. Id., « La Cruz Roja Republicana española, 1945-1986 », Historia Contemporánea, 6 (1991), pp. 223-249. Nous traduisons.
-
[27]
Comité Narvik, 31, rue du Général-Beuret, Paris. Secrétaire en 1946 : Carlos Martínez Parera.
-
[28]
« Notamment les cas des orphelins, fils de mutilés, ou récemment évadés d’Espagne », selon les priorités déjà établies pour les autres colonies, FUE. AR. FP : 878-2, Règlement.
-
[29]
FUE. AR. FP : 878-2 et 899-5. Installation par les comités américains : 750 000 Fr ; mensualités Spania-Komiteen : 500 000 Fr ; aides occasionnelles : Unesco, FICE, OIR…
-
[30]
FUE. AR. FP : 549-1.
-
[31]
En 1949, aussi, Redd Barna organise une maison à Konnerud Kollen (à 40 km d’Oslo) pour des enfants juifs d’Afrique du Nord.
-
[32]
Frank Scheer (délégué en Francia del Spania-Komiteen), « Colonia infantil de vacaciones », Libertad. Para España, por la República, 21 juillet 1949, n° 59, p. 2. Voir aussi FUE. AR. FP : 745-1.
-
[33]
Manon Pignot, Postface, in J’ai dessiné la guerre. Le regard de Françoise et Alfred Brauner, Rose Duroux, Catherine Milkovitch-Rioux (éd.), Clermont-Ferrand, Unesco/pubp, 2011.
-
[34]
Il s’agit de la fille de la famille d’accueil, à peu près de l’âge d’Esther.
-
[35]
Cf. Célia Keren et al., « Introduction », in Enfances en guerre. Témoignages d’enfants sur la guerre, Rose Duroux, Catherine Milkovitch-Rioux (éd.), Genève, Éditions Georg, « L’Équinoxe », 2013. Célia Keren et Alicia Pozo-Gutiérrez in « Les enfants de la Guerre d’Espagne. Expériences et représentations », Didier Corderot et Danielle Corrado (dir.), Témoigner, n° 112, juin 2012. Je remercie Célia Keren pour la relecture du présent article.
-
[36]
Master en ligne : Hilde Haraldstad, Franco-Spanias fiende nummer 1?: Norges politikk overfor Franco-Spania, 1946-1960, Université d’Oslo, 1994.
-
[37]
Voir la Une de El Socialista, septembre 1970.
1En son temps, le Suédois Alfred Nobel dut considérer le pays voisin comme le plus apte à illustrer le pacifisme puisque, dans son testament de 1895, il stipula que le prix de la Paix serait attribué par le parlement norvégien.
2En Norvège, le pacifisme est une valeur consensuelle au moins depuis la fin du xixe siècle, ce qui explique le dynamisme du mouvement social pacifiste, mais aussi les orientations officielles en matière de politique étrangère.
Un pacifisme bien enraciné
3La recherche sur l’engagement humanitaire en situation de guerre et d’exode est inégale : abondante dans les pays scandinaves et anglo-saxons [1], lacunaire et dispersée ailleurs. Ainsi, tant en France qu’en Espagne, l’historiographie dit bien peu de chose sur l’action humanitaire de la Norvège durant et après la guerre d’Espagne. C’était vrai il y a vingt ans [2] et cela reste vrai aujourd’hui.
4La Norvège voulut venir en aide à un gouvernement légal agressé. De toutes les motivations, la plus fédératrice fut sans conteste le pacifisme. Tous les organismes impliqués que nous allons citer sont pacifistes.
5Retraçons à grands traits ce courant de pensée. L’un des mouvements pacifistes les plus anciens, en Norvège, est celui des quakers (Société des Amis), une secte dérivée du protestantisme opposée au port des armes ; introduit dans le pays en 1818, il ne compte, en 1931, que 81 membres (sur 120 000 dans le monde), c’est donc une minorité, mais une minorité très active qui dispose d’importants moyens financiers et siège dans des comités sur un pied d’égalité avec des mouvements de milliers de membres, comme l’IOGT (The International Order of Good Templar : cf. la Grande Loge), fondé en Norvège, en 1877, et dont la section norvégienne compte, toujours en 1931, 15 % des effectifs mondiaux [3].
6Bien d’autres organisations pacifistes ont fleuri en Norvège, telles Den Norske Fredsforening (Association norvégienne pour la paix), qui remonte à 1885, la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, l’Association chrétienne pour la paix ou le mouvement espérantiste. Certaines émanent de catégories professionnelles, comme Laerernes Fredsnemd (enseignants) ou Presters Fredslag (ministres du culte protestant). Un autre mouvement bénéficie d’une large audience : l’Internasjonal Dugnad, la branche norvégienne du Service civil international (SCI), mouvement créé en Suisse mais qui a des branches autonomes dans divers pays ; l’Internasjonal Dugnad œuvre pour la légalisation d’un service civil en remplacement du service militaire. Citons enfin le Folkereisning mot Krig (Soulèvement populaire contre la guerre), section norvégienne du War Resisters’ International, qui est d’un pacifisme inconditionnel ; son émergence coïncide avec l’absorption, par le Parti socialiste norvégien, des mouvements pacifistes de gauche Clarté et Mot Dag (Vers le jour), deux mouvements connexes (émules du groupe « pacifiste révolutionnaire » Clarté, créé en France en 1919 par Henri Barbusse) qui fournissent la plupart des cadres des partis de gauche, des syndicats et même de l’université.
7Ces associations n’étaient pas étanches, ainsi les quakers avaient des sympathisants dans le Folkereisning mot Krig et dans l’Internajonal Dugnad. Au Comité norvégien d’aide à l’Espagne, Den Norske Hjelkomiteen for Spania, se retrouvaient des antimilitaristes affiliés au Service civil international [4] et au Mot Dag.
8Quand la guerre d’Espagne éclate, le Parlement norvégien est majoritairement pacifiste et le chef du gouvernement, H. Koht, plaide pour l’armistice à la SDN. L’engagement des brigadistes (dont on évalue le nombre à 300) n’est ni encouragé ni interdit.
9C’est encore ce même esprit pacifiste qui anime les acteurs de la Maternité d’Elne, pétris qu’ils sont des valeurs du Service civil international [5].
10Dans ce large débat, je vais surtout m’intéresser à l’aide à l’enfance et, spécifiquement, à des programmes de déplacement et d’accueil d’enfants. Mon objectif est double :
- travailler sur l’aide humanitaire norvégienne en faveur de l’Espagne républicaine en montrant la persistance de certaines formes d’aide à l’enfance via des hébergements temporaires (et de certaines formes organisationnelles), et ce en allant au-delà de la borne chronologique de 1939 et même de celle de 1945, alors que la décennie de l’après-Seconde Guerre mondiale est généralement délaissée ;
- publier des extraits d’entretiens et de témoignages peu connus ou inédits sur ces expériences de déplacements et d’accueil d’enfants. Ces documents proviennent de la correspondance que j’ai pu établir, à partir des années 1990, d’une part avec des « acteurs humanitaires » – notamment avec deux pacifistes norvégiennes, Alice Resch-Synnestvedt et Nini Haslund-Gleditsch aujourd’hui décédées –, d’autre part, avec des « bénéficiaires » des hébergements temporaires, en famille ou en colonie, offerts par la Norvège de l’après-guerre mondiale [6].
Deux internationales humanitaires
11De nombreux pays, à l’image de la Norvège, créent des comités d’aide à l’Espagne républicaine, rassemblant partis, syndicats, etc. Pour la France, le plus bel exemple est le Comité d’accueil aux enfants d’Espagne (CAEE) [7], fondé à l’initiative de la CGT.
12Très vite, des personnalités éminentes créent des structures supranationales aptes à rationaliser l’attribution des aides. Arrêtons-nous sur deux internationales humanitaires majeures : le Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine (CICIAER), conçu à Paris dès août 1936, et la Commission internationale d’aide aux enfants espagnols réfugiés, fondée à Genève en 1937 et transférée à Paris en 1939.
13Le CICIAER, sous la présidence de Victor Basch, de la Ligue des droits de l’homme, et de Paul Langevin, du Comité mondial contre la guerre et le fascisme, organise des conférences d’harmonisation. L’une des rencontres phare a lieu les 20 et 21 novembre 1937 à Paris [8] : 135 délégués représentent 17 pays (sur les 236 délégués de 22 pays qui figurent sur le rapport de la commission des mandats). Un thème fédérateur émerge : la situation de l’enfance.
14De l’aire scandinave sont présents : Fredrik Haslund, secrétaire du comité norvégien, Sonja Branting et Siri Aschberg, porte-parole du comité suédois, ainsi que des représentants de l’hôpital suédo-norvégien d’Alcoy (Valence) et de la Fédération scandinave des ouvriers du transport.
15Pour faire face aux problèmes liés à la santé et à la scolarité, le CICIAER canalise les secours à travers la Centrale sanitaire internationale (CSI) et l’Office international pour l’enfance (OIE) [9]. L’une des chevilles ouvrières dans ce réseau est une Norvégienne : Nini Haslund-Gleditsch (1908-1996) [10]. Je reviendrai sur sa trajectoire.
16Quant à la Commission internationale d’aide aux enfants espagnols réfugiés – ou IC, International Commission for the Assistance of Child Refugees in Spain –, elle est constituée officiellement le 3 décembre 1937 lors d’une réunion qui se tient à Paris. Cette nouvelle organisation est une initiative de la branche humanitaire des quakers britanniques (le Friends Service Council, FSC), et en particulier d’Edith Pye, T. Edmund Harvey et Hilda Clark, en collaboration avec les quakers américains (l’American Friends Service Committee, AFSC). Deux autres organisations humanitaires y participent directement : le SCI et l’UISE (l’Union internationale de secours aux enfants) présidée un temps par le Norvégien Christian Lous Lange – lequel partagea le prix Nobel de la paix de 1921 avec Hjalmar Branting. Michael Hansson [11], un juriste international norvégien, sollicité pour présider ladite commission, est alors le président de l’Office Nansen pour les réfugiés, c’est-à-dire le successeur de Nansen lui-même [12].
17L’idée de base, à l’origine de la création de l’International Commission, est de monter un dispositif d’aide alimentaire pour les enfants espagnols des deux camps, sur le modèle du programme alimentaire créé en Allemagne par le FSC après la Première Guerre mondiale. La Commission internationale est créée comme un organisme neutre qui serait financé par des fonds gouvernementaux.
18Au moins jusqu’à la Retirada et le transfert de ses activités en France, l’IC a exclusivement une activité de programme alimentaire : elle ravitaille des cantines pour enfants. À partir de l’exode massif de janvier 1939, la Commission étend son aide aux réfugiés des centres d’hébergement et des camps d’internement français ; elle collabore aussi aux réémigrations vers l’Amérique en subventionnant des traversées (dont celle du Sinaia en juin 1939).
19Et, là encore, je citerai une cheville ouvrière norvégienne : Alice Resch-Synnestvedt (1908-2007), bien connue pour avoir sauvé des enfants juifs – ce qui lui a valu le titre de Juste parmi les nations en 1982 – mais grandement méconnue pour son action auprès des enfants espagnols. Résumer en quelques lignes son parcours ressemble à une gageure.
20D’une famille d’armateurs, Alice Resch connaît une jeunesse dorée. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, elle décide de « servir » en France. C’est dans le cadre de la délégation quaker de Toulouse qu’elle s’occupe pour la première fois d’enfants espagnols, dans une colonie dirigée par le Secours suisse et soutenue par l’AFSC : le Château de Larade (ill. 1, ill. 2). Bientôt s’ajouteront des enfants juifs. La Délégation gère aussi à Toulouse un refuge de jour à La Halle aux Grains et envoie des vivres aux camps proches (Noé, Récébédou). Des milliers de rations. Les collaborateurs sont souvent des réfugiés espagnols : Trias, Quer, Galy, Solanes, Merello, Folch, Lligonya, Milas, Lescarboura, etc. Pour employer des réfugiés divers, la Délégation se lance même, avec l’Unitarian Service Committee, dans un projet de réhabilitation de villages semi-abandonnés (Penne du Tarn, Puycelsi). Alice Resch quitte Toulouse en janvier 1945 pour la Normandie en ruines. Par la suite, elle s’occupe d’orphelins espagnols au « Château des Ifs » à Orgerus. Son dernier engagement en France (1950-1954) est la Maison des petits convalescents de Sèvres – qui deviendra l’Aérium des Bruyères de l’OSE [13]. Elle nous confie qu’en cinquante ans personne ne l’a interrogée sur les réfugiés espagnols :
« J’ai suivi jusqu’à ce jour des enfants juifs. […] En revanche, je ne pourrai vous raconter l’itinéraire d’aucun enfant espagnol. »
Le comité norvégien [15]
22Avant de nous centrer sur l’aide à l’Espagne républicaine du comité d’Oslo, rappelons le dynamisme de son homologue de Stockholm, le Svenska hjälpkommittén för Spanien, qui eut un leader charismatique en la personne du sénateur social-démocrate Georg Branting, fils du lauréat du Prix Nobel de la paix, et surtout père fondateur de la social-démocratie suédoise. On organisa 400 comités locaux, 3 000 meetings, 500 fêtes de solidarité ; on épingla un million d’insignes… On parvint ainsi à expédier des tonnes de marchandises : ravitaillement, médicaments, matériel chirurgical. Il fallait œuvrer dans deux directions « assistancielles » : ouvrir en France des colonies pour enfants réfugiés, sans perdre de vue l’assistance aux enfants évacués en Espagne même. Après la Retirada, le nombre d’enfants secourus en France s’élève. Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses colonies ferment ; puis, la guerre finie, le comité se reconstitue en partie et, avec l’appui du Rädda Barnen (UISE suédois), subventionne des maisons d’enfants (dont l’orphelinat d’Orgerus) [16].
23Venons-en, à présent, au Spania-Komiteen norvégien (Sp. Kom). Malgré son petit nombre d’habitants (3 millions environ), la Norvège met sur pied quelque 200 comités locaux. Dès les premières semaines de la guerre, la Confédération ouvrière de Norvège (LO) collecte plus de cent mille couronnes et peut procéder à un envoi rapide de matériel médical au ministère de la Santé de Madrid. Nini Haslund-Gleditsch nous écrit après coup :
« Tout de suite, le Comité norvégien eut plus de trente conférenciers à sillonner le pays. Au cours d’une brève visite en Norvège, en 1938, j’ai parlé dans un meeting en plein air dans une petite ville – Skien – qui avec les villages environnants devait avoir 20 000 habitants. Il en vint 5 000… [17]»
25Nini Haslund-Gleditsch se rappelle la naissance du Spania-Komiteen le 10 novembre 1936, porté par les syndicats, le Parti travailliste, la Norvège intellectuelle et les libres-penseurs de gauche. Il y avait des médecins, des avocats, et même un théologien, un collectionneur d’art (qui possédait la plus grande collection privée de tableaux du peintre norvégien Munch)… Le Comité Espagne avait à sa tête douze membres, deux femmes, dix hommes (dont Fredrik Haslund et Kristian Gleditsch).
26Avec l’aval du Spania-Komiteen, Nini est déléguée du CICIAER et de l’OIE (ill. 3, ill. 4). Elle a la responsabilité, dans la zone de Madrid et de Valence, de la distribution de nourriture et fournitures à quelque 300 colonies scolaires.
« Le personnel de mon bureau, à Valence, près de la gare, était très modeste : deux secrétaires, deux chauffeurs, un magasinier. Ils disposaient d’une fourgonnette et d’un camion de cinq tonnes ».
28Parmi ces colonies, cinq sont norvégiennes, toutes sises à Oliva [18] – l’une étant l’hôpital pour enfants Fridtjof Nansen. C’est alors que Nini adopte une fillette de 6 ans, Cristobalina, native de Villar del Cobo [19], et qui a grandi dans un orphelinat de Teruel ; Nini l’appelle Chris (ill. 5) « ma fille espagnole [20] ».
29Il n’en reste pas moins que la Norvège renonce par deux fois à recevoir des enfants sur son territoire, d’abord en 1937, puis en 1939. Elle en a l’intention pourtant. Elle s’apprête à en accueillir plus de mille en juillet. Mais l’idée est abandonnée à la suite d’atermoiements divers et les enfants qui devaient reprendre un bateau à Pauillac vers la Scandinavie restent finalement en France [21].
30C’est donc en France qu’assistants et soignants norvégiens parcourent, en 1939, camps et refuges : telles Nora Cornelissen pour l’AFSC, Sigrid Helliesen Lund pour Redd Barna (UISE norvégien), ou Nini Haslund, toujours mandatée par le Spania-Komiteen, l’OIE et le CSI. Cette dernière poursuit son action en France jusqu’à l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale. La rapide occupation de la Norvège réduit à néant le Spania-Komiteen. Les Gleditsch suivent leur gouvernement à Londres.
31En définitive, Nini Haslund et Alice Resch, nées toutes deux en 1908 et éduquées dans le pacifisme prégnant de l’entre-deux-guerres, illustrent les deux versants de l’humanitaire que représentent le Comité de coordination et la Commission internationale : le premier allie les principes pacifistes et antifascistes qui animent le Spania-Komiteen – ce que l’on a appelé le « pacifisme amalgamé [22] » ; la seconde assume le pacifisme dit, à tort ou à raison, « pur » : à la Délégation on est tenu de ne pas afficher sa sensibilité politique car c’est à ce prix que l’humanitaire peut durer sous Pétain [23].
Après la Seconde Guerre mondiale
32Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’une fois la guerre finie, le Spania-Komiteen renaît de ses cendres [24]. Ce sont pourtant les années difficiles de l’immédiat après-guerre. On recherche des fonds. Nini écrit :
« Nous [le Sp. Kom] avons fait une exposition d’artistes exilés espagnols, avec même un tableau de Picasso. Malheureusement il a été vendu à un homme d’affaires et il a fini aux États-Unis. Mais nous en avons tiré un prix élevé [25]. »
En France
34Toujours motivé par le combat sanitaire, le Spania-Komiteen choisit de subventionner les dispensaires ouverts à Paris, Toulouse, Montauban et Bayonne par la Croix-Rouge de la République espagnole en exil (CRRE) et reconnus par la Sécurité sociale française. L’enveloppe mensuelle, selon Alicia Alted, s’élève à 225 000 francs de 1947 à 1950 :
« La distribution mensuelle de cette quantité entre les quatre dispensaires se faisait de la manière suivante : [ex.] mois de novembre 1949 : Paris 102 608 / Toulouse 56 096 / Montauban 36 578 / Bayonne 10 050 / Aides occasionnelles : 10 257. Total : 215 589 [26]. »
36Par ailleurs, le Spania-Komiteen subventionne une colonie au Domaine de Veyssières, près de Saint-Raphaël. Le gouvernement de la République en exil (GRE) la baptise « Narvik » – « pour le sang versé par nos compatriotes sur le sol norvégien en 1940 ». Cette colonie est cogérée par le Sp. Kom. et le GRE via le « Comité Narvik [27] ». Pour financer l’installation, on a recours aux Comités d’aide à la République espagnole d’Amérique latine (CARE de Mexico, Montevideo, La Havane, Porto Rico, Buenos Aires, plus Tampa en Floride). La colonie est inaugurée le 20 septembre 1949, avec 39 enfants de 4 à 12 ans, « de situations méritantes [28] ». Le séjour est de quatre à six mois.
37Les lettres échangées (1949-1950) entre le délégué espagnol du GRE, Manuel Torres Campañá, ex-ministre, et le directeur de la colonie, le pédagogue Lorenzo Gascón, décrivent la vie quotidienne et le personnel (deux institutrices diplômées espagnoles, deux monitrices, une cuisinière, un aide-cuisinier, un concierge-factotum, une laveuse). Chaque mois le directeur envoie un tableau récapitulatif au responsable norvégien (H. J. Nilsen, président du Sp. Kom.), car les initiatives doivent avoir l’approbation d’Oslo : l’acquisition d’un vélo avec remorque, d’une machine à coudre… (cette dernière sera offerte par Branting). Mais la pédagogie est du seul ressort du GRE ; elle s’inspire de celle de la ILE (Institución libre de Enseñanza) et se veut moderne, naturelle, active (on pense à Freinet) : observer la vie d’une ferme, chanter les Danses norvégiennes, écouter des disques d’Edvard Grieg (Peer Gynt), apprendre la géographie de la Norvège, le dessin, rédiger un journal collectif (El Pequeño Narvik) [29].
En Norvège
38Nous finirons par l’action qui a laissé chez ses bénéficiaires le souvenir le plus indélibile : les séjours d’été en Norvège.
39En 1947, le comité d’Oslo propose au GRE de recevoir des enfants pendant les vacances. D’autres pays font des propositions semblables (Suisse, Yougoslavie). Cependant, l’assiduité de la Norvège mérite une attention particulière.
40Les organisations ouvrières proposèrent l’envoi de 40 enfants réfugiés, de 7 à 12 ans, sans maladie contagieuse, durant un mois ; les organisateurs s’engageaient à prendre en charge le voyage Paris-Oslo-Paris et l’habillement durant le séjour. Mais, rapidement, on passa à 80 enfants pendant deux mois. Les fiches d’inscription étaient à solliciter auprès des organismes espagnols de solidarité et à envoyer au « Comité Narvik » [30].
41Pour une meilleure approche de ces étés norvégiens, nous allons resserrer la focale sur l’un de ces étés, l’été 1949 [31], et croiser deux regards testimoniaux : le contemporain et le rétrospectif.
Le regard du témoin
L’œil adulte du reporter de Libertad
42Il ne fait aucun doute que le périodique le mieux informé sur l’expédition qui nous occupe c’est l’organe du parti Union républicaine (UR) : Libertad. Para España, por la República, pour la bonne raison que les deux personnalités qui ont, alors, la haute main sur cette expédition sont, justement, affiliées à l’UR ; il s’agit du président du GRE, Álvaro de Albornoz (août 1947-juillet 1951), et de son ministre de l’Émigration. La colonia noruega a d’autant plus les honneurs de Libertad qu’elle est une belle vitrine pour le GRE en place.
43Un reportage circonstancié met en scène les organisateurs, le départ, le voyage et l’arrivée relayée par les médias (presse, radio). Les 80 enfants, regroupés au dispensaire de la rue Kléber le premier week-end de juillet, sont conduits gare du Nord. Un voyage de deux jours les attend : ils traversent la Belgique, la Hollande, l’Allemagne le Danemark, la Suède. Dans les villes traversées (Hambourg, Padborg, Copenhague) diverses œuvres leur prodiguent attentions et collations.
44Le délégué norvégien, Frank Scheer, raconte [32] :
« À Hambourg, le Comité norvégien d’aide à l’Europe est venu nous accueillir et il nous a servi du chocolat et des sandwiches, si abondamment que lorsque nous sommes arrivés à la frontière danoise nous n’avions pas encore fini de les manger… Plus tard, une fois sur le bateau, le Secours danois pour l’enfance nous a offert un repas chaud. En plus, à Copenhague, tout le monde nous proposait du lait et des sandwiches.
En arrivant en Suède, nous sommes montés dans un grand wagon-lit envoyé par la direction des Chemins de fer nationaux norvégiens d’Helsingborg à notre intention. C’est ainsi que s’est écoulée la dernière nuit : tous les enfants ont dormi dans un lit et, en arrivant à Oslo, le samedi matin, ils étaient bien reposés et impatients. Les dernières heures avant de descendre du train, les enfants les ont passées à chanter, tandis que les autres voyageurs contemplaient en silence ces petits représentants des combattants espagnols en train d’entonner les chants de leur beau folklore.
À la gare d’Oslo, sont venus nous accueillir des représentants du Comité norvégien d’aide aux Espagnols ; parmi eux, le président, M. Hans Jacob Nilsen, la secrétaire, Mme Cappelin, M. W. Werner et beaucoup d’autres amis de l’Espagne républicaine qui ont aidé les enfants à descendre du train tandis que les journalistes leur posaient des questions. Carmen, qui était déjà venue en Norvège l’année dernière et parlait un peu le danois, a été l’héroïne du jour et, avec deux enfants qui ont déjà séjourné ici, elle a répondu avec panache aux questions des journalistes.
De la gare, les enfants se sont rendus à un établissement de bains où ils ont été examinés par un médecin. Pendant ce temps, leurs “parents de l’été” les attendaient avec impatience, désireux de voir leurs petits et de pouvoir les embrasser. Ainsi, le peuple norvégien se sentait heureux et orgueilleux de pouvoir aider ses amis espagnols, et Lydia, Juan, Pedrito et tous les autres répondaient à ce chaleureux accueil avec une joie indescriptible. »
46« Alegría indescriptible » (une joie indescriptible), l’expression n’est pas de pure rhétorique : l’écho de cette joie, nous allons le voir, se perçoit encore aujourd’hui.
L’œil d’une enfance revisitée
47Nous allons à présent inverser la focale, retourner le regard, et essayer de nous placer dans « l’œil de l’enfance [33] », afin de voir cet été norvégien à travers le regard rétrospectif des bénéficiaires. Les auteurs des témoignages, qui avaient à l’époque entre 10 et 12 ans, ont eu pour toute consigne de ma part : « Écrivez-moi votre été 1949. » Pas de questionnaire, pas de formatage. Le lecteur trouvera ici leur récit intégral.
48• Esther Ferré-Belin, « Mon été 49 » :
« L’été 49 c’est l’été de la Norvège ! J’ai fait partie d’un groupe d’enfants espagnols qui ont été accueillis par des familles norvégiennes l’espace d’un été et l’on m’avait dit que pour la durée des vacances j’aurais une maman et un papa de Norvège.
Le premier souvenir de ce voyage c’est la piqûre de pénicilline administrée par le Dr Boix, un ami de ma famille, dans le haut de la cuisse et dont, si je ferme les yeux, je ressens encore la brûlure. Puis la nuit dans la couchette du train : j’avais ouvert la valise et mis un pyjama. Voyage long. Quelque part en Allemagne le train s’est arrêté dans une gare et des soldats armés sont montés dans le train et ouvert les portes des compartiments, je n’étais pas rassurée ! Puis il y a eu le grand bateau où on nous a donné à boire du lait auquel j’ai trouvé un goût étrange ; j’étais très excitée : c’était la première fois que j’étais dans un bateau et en plus de nuit, quant à la mer je l’avais à peine aperçue à Barcelone et à Cerbère. Puis ce fut un quai, la nuit ; on a attendu un autre train qui nous a emportés à Oslo.
Dans mon souvenir, nous étions tous dans une salle haute de plafond, à côté de nos valises. Des gens un peu partout et d’un coup une dame un peu replète et un monsieur mince se sont approchés et m’ont embrassée : le papa et la maman de Norvège étaient là ! Dans l’excitation qui a suivi, personne n’a pensé à me donner le dictionnaire espagnol-norvégien qui devait aider dans la plongée dans l’inconnu !
Et nous voilà partis dans un autocar ; il me semble qu’il y avait d’autres enfants comme moi, mais je regardais partout, tant les paysages étaient différents de ceux que j’avais vus jusqu’alors. Il y a eu un arrêt dans une espèce d’auberge où nous avons eu une collation et j’y ai appris les trois premiers mots de norvégien, les seuls dont je me souvienne encore : brød = pain, smør (smeurr) = beurre et melk = lait. À l’arrivée, il y avait une petite fille de mon âge, Maria. Nous avions une petite chambre, à deux lits, avec des anges collés sur le mur à la tête du lit.
Le lendemain j’ai vu que nous habitions au bord d’un fjord, les maisons étaient en bois et peintes de couleurs vives. Il y avait de petites plages où ensuite, avec Maria [34], je suis allée vider et laver le poisson que nous consommions. C’est là où, pour la première fois, j’ai vu des méduses : de grandes méduses, d’un blanc laiteux, qui couvraient pratiquement la surface de la mer et que les garçons enlevaient à leur milieu naturel à l’aide de cadres de bois auxquels étaient fixés des morceaux de grillage. Il y avait donc quelques maisons et surtout un hangar où se construisait une grande barque. Cela sentait bon le bois, il y avait des copeaux partout ! Les enfants de ce petit hameau se retrouvaient souvent là et je me souviens d’y avoir vu un jeune enfant dont les cheveux étaient presque blancs à force d’être blonds et qui avait des yeux gris-vert foncé ! Encore une nouveauté pour moi. Ce qui était aussi nouveau c’est que le soir nous mangions des sandwiches avec du fromage et du lait et que les tomates se prenaient au dessert avec du sucre !
Le dimanche nous allions en autocar jusqu’à une plus grande agglomération où il y avait un bac et nous traversions le fjord pour aller au temple où se déroulait l’office protestant. Au début, le sous-sol était le terrain de jeux pour les plus jeunes enfants et les quelques petits Espagnols qui étaient là mais bientôt je me suis lassée des jeux où je ne comprenais pas bien ce qui se passait et j’ai rejoint le banc de “ma” famille, j’ai appris quelques psaumes que je chantais avec eux ce qui visiblement leur faisait plaisir. Au retour, on avait généralement droit, Maria et moi, à une glace toute blanche dont je n’ai jamais retrouvé le goût ailleurs.
Un soir où le papa et la maman de Norvège discutaient ensemble, j’ai compris qu’il était question que la maman nous laisse le lendemain, Maria et moi, pour aller faire quelques courses au bourg. J’ai dit que je ne voulais pas rester et que je voulais aussi aller au bourg ! Ils me regardèrent stupéfaits. Maria aussi ! J’avais digéré pas mal de norvégien de toute évidence. La maman m’emmena seule avec elle le lendemain ; je fus pesée par la bascule d’un commerçant du bourg, nous allâmes consommer un müesli avec, pour la première fois pour moi, des flocons d’avoine et elle acheta du tissu avec lequel elle nous confectionna à Maria et moi, la même robe. La maman de Norvège avait une machine à coudre avec une roue à volant pour actionner le moteur, pas à pédale comme celles que j’avais vues jusque-là. Cela m’intriguait beaucoup ! Quand elle cousait, la maman de Norvège me laissait tourner le volant !
Un jour nous partîmes, la maman, Maria et moi, laissant le papa seul. Nous prîmes un autocar qui nous emmena dans un village en montagne : nouveaux paysages ! Nous étions chez la sœur de la maman. Elle habitait une ferme où il y avait des porcs mais surtout des vaches que je voyais en vrai pour la première fois de ma vie ! La maison était pleine d’enfants, plus de dix si je me souviens bien et que des garçons sauf une fille laquelle était folle de joie de retrouver sa cousine et moi avec. Je me souviens de chambres avec des lits partout. Je ne sais pas combien de jours nous sommes restés dans la ferme mais j’allais de découverte en découverte : les vaches d’abord, des outils que je n’avais jamais vus, de nouvelles fleurs, des fraises des bois, des sapins partout et des odeurs si nouvelles aussi.
Au retour nous sommes allés dans une nouvelle maison, dans la campagne, plus proche de la carrière où travaillait le papa. La maison était plus grande que la précédente au bord du fjord et Maria et moi avions une petite maison pour jouer : une seule pièce, assez basse de plafond, mais où nous tenions debout et il y avait des quantités de jouets, essentiellement des dinettes, des batteries de cuisine et de ménage et des poupées : un vrai paradis ! Il y avait aussi une espèce de remise avec deux ou trois traineaux. Un jour cela a été un grand pique-nique organisé par les gens du temple. On a traversé le fjord dans de grandes embarcations où il y avait plusieurs familles avec de nombreux paquets. Je ne sais comment j’ai fait mais je me suis fortement brûlé un mollet (je ne sais plus lequel à présent) et on m’a trempé la jambe dans la mer, j’ai eu de grosses cloques puis on m’a fait des pansements et j’ai eu très mal. J’ai gardé la cicatrice quelques années !
Derrière la seconde maison où nous avons vécu il y avait un grand champ de blé (ill. 6). Un dimanche, beaucoup de monde arriva avec une grande charrette tirée par un gros cheval. Le blé fut moissonné et chargé dans la charrette. On nous installa Maria et moi tout en haut du chargement avec d’autres enfants ! Comme nous avons ri !
Puis Maria est retournée à l’école car c’était la rentrée des classes et je l’ai accompagnée ! J’étais ravie ! Nous partions le matin avec un sac contenant le déjeuner de midi que nous prenions dans la salle de classe. En calcul cela allait tout seul mais bien sûr en lecture et orthographe j’étais loin du compte, mais bon, j’ai joué le jeu à fond ! Cette école me plaisait beaucoup. Après le repas de midi on jouait à la balle ou on sautait à la corde, ou bien encore on dessinait, on faisait des découpages ou d’autres travaux manuels. C’est ainsi que j’ai fait au crochet un sac en filet. Il m’a servi plus tard pour y mettre le ballon que les enfants de l’école m’ont donné à mon départ.
Car il a bien fallu partir. Je n’ai aucun souvenir du voyage de retour ! J’avais dans ma valise des robes nouvelles, un superbe pull-over d’un style tout différent de ceux que j’avais eus jusque-là, des collants pour l’hiver inconnus en France à cette époque, des livres, des anges à coller sur le mur. Cette famille de Norvège était extraordinaire de simplicité et de générosité et vraiment tout au long de mon séjour je me suis sentie totalement intégrée à elle, pas de différence entre Maria et moi !
Quelques échanges de lettres ont eu lieu en anglais entre mon père, le vrai, et la maman de Norvège, puis j’ai su qu’ils ont émigré au Canada et la trace s’est perdue. Quant au norvégien que je savais, je l’ai tout oublié quand j’ai commencé à apprendre l’anglais. »
51Esther Belin est devenue une physicienne chevronnée.
52• Vida Manso-Zabraniecki, « Il était une fois… » :
53(Pour se réapproprier l’enfant qu’elle fut jadis, Vida choisit le récit à la troisième personne.)
« Vida se souvient également de ces très longues vacances. “Il était une fois… le voyage des premières fois pour une fillette de presque 12 ans, qui s’appelait Vida et n’était jamais sortie de sa petite ville”.
Premier voyage interminable en train, deux jours et une nuit, de Montauban à Oslo avec un long arrêt à Paris pour regrouper tous les enfants exilés qui participaient à cette expédition. À Oslo, premier contact, un peu troublant, avec la famille d’accueil : un couple assez âgé et d’apparence austère mais très affectueux et attentionné, qui la rassure malgré la difficulté d’une langue totalement inconnue. Ils s’appellent Rebecca et Amandus Norheim et habitent Skien, 3, Ibsengate… noms et adresse inoubliables car ils avaient pris soin de la graver sur une plaque d’identité qu’ils lui donnent aussitôt (ill. 7).
Premier départ dans une voiture privée (comme dans un film…) pour Skien et leur appartement qui, aux yeux de cette fillette pauvre, apparaît calme, très grand et luxueux (dans sa famille, ils vivaient à quatre dans une pièce unique). Première fois qu’elle dort dans une chambre rien que pour elle. Première fois que le dimanche elle va dans une sorte de temple en bois et sans curé où les gens lisent des textes, chantent et ont l’air heureux. Premières promenades en barque et succulents pique-niques dans les forêts. Vida, fillette urbaine du centre de Montauban, découvre avec stupeur l’immensité de la nature. Premiers parfums ou odeurs qui surgissent encore vivaces aujourd’hui de ces lointains souvenirs ; le parfum de la confiture de fraises, l’odeur si nouvelle et étrange de son premier salon de coiffure où ses nattes vont se transformer en une sorte de scarole bien frisée, l’odeur si neuve d’un magasin de confection où cette généreuse famille norvégienne lui achète vêtements et souliers, y compris une robe typique de la région que la fillette timorée n’ose refuser. Dans la ville de Skien, il y a une autre petite Espagnole qui s’appelle Rosita. Les deux familles organisent de temps à autre une rencontre pour qu’elles puissent parler : joie profonde de retrouver sa propre langue car malgré les efforts en norvégien et le petit dictionnaire, la communication reste assez limitée.
Sans doute y eut-il des moments d’angoisse, de tristesse et peut-être de peur.
Vida n’en garde aucun souvenir. Seule survit l’étrange impression d’un monde et d’une vie hors de la réalité, dans une ambiance douce et rassurante. Vida eut avec cette généreuse famille une correspondance suivie jusqu’en 1960. Ensuite une lettre restée sans réponse et un renoncement sans doute trop rapide et qu’elle regrette. Aujourd’hui, retraitée depuis des années de son métier de professeur, elle se souvient avec émotion et gratitude de ce séjour presque magique. »
56Vida Zabraniecki, agrégée d’espagnol, deviendra inspectrice pédagogique régionale.
57• Gloria Cuén-Lefièvre, « Le baume norvégien » :
58Gloria Cuén Blasco, née à Pina de Ebro, en Aragon, considère ses vacances en Norvège comme l’un des plus beaux souvenirs de son enfance. Elle y passa deux étés. Pourtant tout n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices.
59Gloria avait 10 ans lorsqu’elle est entrée clandestinement en France, avec sa mère, à travers les montagnes basques. Elle quittait son village pour aller rejoindre à Orléans un père qu’elle n’avait jamais connu. Ce fut pour elle un désastre affectif. Un jour de 1949, alors qu’elle parlait encore mal le français, sa mère lui annonça qu’elle allait « partir en vacances » dans un autre pays. Gloria n’était jamais sortie de son village. Inquiète, elle demanda à sa mère si elle allait l’accompagner. « Non », répondit-elle, « c’est juste pour les enfants espagnols ». La nuit qui suivit, la fillette ne parvint pas à s’endormir en pensant que sa mère avait décidé de l’abandonner.
« Le lendemain ma mère m’expliqua que je n’avais aucune crainte à avoir, que je reviendrais, et qu’elle m’aimait trop pour faire une chose pareille. Finalement, un beau jour je me suis retrouvée à Paris dans une gare remplie d’enfants, les uns riant, les autres montrant des signes d’inquiétude.
Le voyage fut très long. Après le train, il y eut le bateau puis encore le train jusqu’à Oslo où attendaient les familles d’accueil (ill. 8). Les personnes chez lesquelles j’allais rester durant deux mois me regardaient avec un sourire très accueillant ; elles m’embrassèrent. Elles me parlaient, bien sûr, dans une langue que je ne comprenais pas, mais on m’avait donné un petit dictionnaire pour faciliter la communication. Puis nous avons pris le bateau pour Saetre. J’admirais le paysage extraordinaire et les nombreuses îles. À notre arrivée, nous avons emprunté un chemin semi-montagneux et nous nous sommes retrouvés dans une sorte de hameau avec beaucoup de maisons.
Plusieurs familles nous attendaient ; une jolie table était dressée, couverte de gâteaux. Tous les voisins m’embrassèrent en me saluant avec un grand sourire et moi je les saluais aussi. Les enfants – voisins ou cousins –, tous d’un blond très clair, étaient surpris par la couleur noire de mes cheveux et les touchaient avec curiosité.
Ma première surprise, ce fut lorsque le soir venu on me donna une serviette et une savonnette et qu’on me conduisit à la salle de bains. Je n’avais jamais vu de salle de bains car, à Pina de Ebro et à Orléans, nous nous lavions dans l’évier de la cuisine. La douche, quelle merveille ! La dame me montra comment l’utiliser, m’aida à me sécher et à mettre mon pyjama puis elle m’installa dans ma chambre qui était très jolie. Après quoi, toute la famille vint m’embrasser et me souhaiter une bonne nuit. Le lendemain matin je me suis levée, j’ai ouvert la fenêtre et j’ai fait mon lit à la grande surprise de la dame qui appela sa fille pour lui montrer (j’ai oublié si cette dernière était plus jeune ou plus âgée que moi).
Ma première journée fut extraordinaire ; l’après-midi des voisins sont venus avec leurs enfants qui m’ont apporté des petits cadeaux. Plus tard, on servit le thé avec des gâteaux ; à nous les enfants, on nous donna du lait. Tous les après-midi c’était le même cérémonial. Mais nous allions d’une maison voisine à l’autre. Le dimanche, toute la famille partait faire un tour. Ils étaient certainement protestants, mais jamais ils ne m’ont fait assister à un office.
Tous étaient très aimables avec moi, aussi, en peu de temps, je me suis sentie très à l’aise et de plus nous nous comprenions pour communiquer. Souvent, l’après-midi, nous allions jouer à l’arrière de la maison, à l’orée du bois ; mes amis allaient dans les pins manger la résine comme de la gomme à mâcher mais je n’ai jamais aimé cela. D’autres jours, nous allions à la plage de Saetre. C’est là que j’ai appris à nager, mais je n’ai pas fait réellement de grands progrès. D’une embarcation, nous pêchions avec une canne et des épingles à nourrice. Quelquefois le chef de famille nous emmenait à la pêche, lui attrapait beaucoup de poissons, il les rapportait à la maison et son épouse en faisait des conserves.
Ce fut un temps de bonheur.
La nourriture était différente de la nôtre bien sûr mais très bonne, aussi j’ai grossi pas mal et ce fut pour le mieux car au retour le médecin m’a affirmé que mon anémie s’était grandement atténuée.
En face de la maison où j’habitais se trouvait une petite villa où vivait un couple sans enfants ; il possédait un gros chien berger allemand, j’en avais peur mais à force de gentillesse nous sommes devenus bon amis.
Lors de mon second voyage (était-ce l’année suivante ?), mon arrivée fut de nouveau comme une fête. Je connaissais déjà toutes les personnes, cependant l’attitude de la dame chez laquelle j’habitais changea à mon égard, spécialement lorsque j’allais chez le couple d’en face et, particulièrement, si j’étais avec le monsieur dehors, je ne comprenais pas la raison.
La maison où j’habitais n’était pas luxueuse ; mes hôtes, des personnes d’une grande bonté, n’étaient pas très aisés je pense, cependant ils m’achetèrent un manteau rouge et des souliers, entre autres, et, de plus, quand je les ai quittés, ils me donnèrent des pots de conserve et des pâtes que la dame avait faits elle-même pour mes parents.
En Norvège, j’ai vu et fait des choses que je n’aurais jamais imaginées. Je suis montée dans une automobile pour la première fois. C’était comme un conte.
Hélas, beaucoup de choses se sont effacées de ma mémoire ; cela fait si longtemps ; j’ai même oublié, et cela me trouble beaucoup, le nom des personnes et les visages de ceux qui m’ont accueillie, mais je n’oublierai jamais leur accueil. Aujourd’hui, j’aimerais tant pouvoir leur dire merci de tout mon cœur. Nous avons très peu correspondu et, au cours des quarante-cinq années que j’ai passées au Canada par la suite, les lettres échangées se sont perdues.
Envers toutes les personnes qui ont aidé à organiser ces voyages en Norvège, j’éprouve une reconnaissance qui n’aura pas de fin et j’aurais aimé pouvoir le leur dire même après tant d’années. »
62Gloria Lefièvre a fait carrière au Canada dans l’électronique aéronautique.
Épilogue
63Nous savons le travail que le temps opère sur la mémoire et les mémoires. Nous savons que le regard porté par un individu sur son passé est réactualisé par sa situation présente. Nous savons, aussi, que les effets contradictoires de l’oubli et de l’hypermnésie de l’enfance font ressortir ce qui, avec le recul, est resté marquant pour cet individu [35].
64Il nous est impossible, dans les limites de ce travail, d’analyser ces récits, qu’ils soient contemporains ou rétrospectifs. Nous laissons au lecteur le soin de mettre au jour les variations entre les différentes expériences enfantines et de déceler de possibles invariants.
65En revanche, il nous a semblé nécessaire de faire un long parcours avant d’arriver à ces récits, un parcours dont le fil rouge est le pacifisme, un pacifisme actif qui est humus d’humanitaire, un pacifisme qui n’est pas dans l’émotionnel mais s’inscrit dans le long temps. Les Norvégiens ont pensé avec persévérance aux niños de la guerra. Après la Seconde Guerre mondiale, la « question espagnole » continue de les hanter, comme une plaie de guerre mal fermée. Mais de là à penser que tous les Norvégiens soutiennent les campagnes pro Spania il y a une large marge : les débats sont tendus à ce sujet au Parlement. Il n’empêche que, de 1945 à 1951, sous le gouvernement travailliste de Einar Gerhardsen, la Norvège reste en pointe face au régime franquiste, et le général Franco, que cette Norvège récalcitrante irritait, a pu dire qu’elle se comportait en « ennemie numéro un de l’Espagne » comparée aux autres pays de l’Europe occidentale [36].
66Néanmoins, dans les années 1950, l’aide aux niños s’étiole. Le commerce maritime vital pour les Norvégiens vaut bien des accordailles, d’autant plus que l’Espagne entre peu à peu dans le concert des nations et que la guerre froide finit de la normaliser. Mais les liens tissés résistent au temps. On est même frappé de voir qu’à une date aussi tardive que 1970, le travailliste Kaare Werner assiste au XIe congrès du PSOE à Toulouse (13-16 août) au nom du Spania-Komiteen [37]. En somme, jusqu’à la mort du général Franco, la flamme ne s’est pas éteinte.
Date de mise en ligne : 28/08/2021
Notes
-
[1]
Cf. Centre for Development Research à Copenhague, Refugee Studies Centre à Oxford, Humanitarianism and War Project aux États-Unis, etc.
-
[2]
Conférence donnée à l’Institut Nobel de la paix d’Oslo, le 7 octobre 1994, à l’invitation de Nini Haslund-Gleditsch et Sölvi Sogner publiée dans : Rose Duroux, « Alice, Nini et les autres. La Norvège au secours des réfugiés espagnols (1936-1945) », Exils et migrations ibériques au xxe siècle, n° 2, 1996, pp. 63-95. Id., « La ayuda de Noruega y Suecia », in El Exilio de los niños, Alicia Alted Vigil, Roger González Martell, M. J. Millán Trujillo (éd.), Madrid, Fondations Francisco Largo Caballero / Pablo Iglesias, 2003, pp. 128-145.
-
[3]
F. A. Abadie-Maumert, « Le pacifisme norvégien entre 1919 et 1940 et ses conséquences », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et des conflits contemporains, Paris, PuF, n° 160, octobre 1990.
-
[4]
La Chaux-de-Fonds, ASCI : 20.362-3b.
-
[5]
NB. En dehors des liens officiels entre les organismes, il existe des relations de « bon voisinage ». Ne nous étonnons pas si la machine à coudre de la Maternité suisse de Brouilla (Pyrénées-Orientales) provient d’une générosité norvégienne (voir l’article de Jeanine Sodigné dans le présent ouvrage), ou si, à l’occasion, comme le rappelle N. Haslund, on fait du troc : « [Les quakers] m’ont donné de la farine et moi je leur ai donné du poisson de mes provisions (morue et huile de foie) » (9 mars 1992).
-
[6]
FUE. AR. FP : 549-1.
-
[7]
Voir la thèse de Célia Keren, L’Évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France : cartographie d’une mobilisation transnationale (1936-1940), sous la direction de Laura Lee Downs, Paris, EHESS, 2014.
-
[8]
Berne, AFS: E 2001 (D) 1, vol. 148, B. 73. E 70. 2a.
-
[9]
Alicia Alted Vigil, « El exilio español y la ayuda a los refugiados », Guerra Civil. Historia 16, 24 mai 1988, pp. 90-103. Jesús Alonso Carballés, 1937. Los Niños vascos evacuados a Francia y a Bélgica. Historia y memoria de un éxodo infantil, 1936-1940. Bilbao, Asociación de Niños evacuados el 37, 1998, pp. 244-245.
-
[10]
John Stanghelle, Nini Haslund Gleditsch, Opprör. Ein Biografi, Oslo, Samlaget, 1993. Échange de lettres, rencontre à Oslo en octobre 2014 à l’occasion de ma conférence à son sujet à l’INP. Les lettres de Nini citées dans le présent article sont traduites par Kristian Gleditsch et relues par elle-même. Ma gratitude envers eux est grande.
-
[11]
Berne, AFS : E 2001 (D) 1, vol. 148, B. 73. E 70. 2a.
-
[12]
Un bon descriptif de la création de cet organisme in Luis Manuel Exposito Navarro, La conexión Burjassot: Ayuda suiza durante la Guerra Civil (1937-1939), Valence / Burjassot, Diazotec / Plataforma de Burjassot por la III República, 2011, pp. 142-144.
-
[13]
OSE (Œuvre de secours aux enfants). Voir : Katy Hazan, Le Sauvetage des enfants juifs pendant l’Occupation dans les maisons de l’OSE 1938-1945, avec la participation de Serge Klarsfeld, Paris, Somogy, 2008.
-
[14]
J’ai longuement dialogué avec Alice Resch-Synnestvedt (courrier, téléphone, visites), de 1991 à 2006. Ses archives étaient son grand souci : le journal de Toulouse (900 p.), celui de Normandie – « Tant de pages ! Il faudrait raccourcir, rédiger… Pour qui ? Dans quelle langue ? » (24 mars 1991). Elle l’a fait : Over the Highest Mountains. A Memoir of Unexpected Heroism in France during World War II, Pasadena, Californie, Intentional Productions, 2005, 268 p. Y tiennent peu de place les Espagnols dont elle m’a tant parlé.
-
[15]
Ses archives sont à l’Arbeiderbevegelsens arkiv og bibliotek d’Oslo.
-
[16]
FUE. AR. FP: 549-1, 550-1, 872-2. Alicia Alted Vigil, El Archivo de la República española en el exilio [AR], 1945-1977 (Inventario Fondo de París), Madrid, FUE, 1993.
-
[17]
Lettre du 9 mars 1992.
-
[18]
La Chaux-de-Fonds, ASCI : 20366/1. Colonies : Hospital Fridtjof Nansen, Mare Nostrum, Flor de Mayo, Entre naranjos, Hotel Sánchis.
-
[19]
Eva Koch, fille de Chris, est l’auteure d’une création multimédia (Villar, 2002) qui met en scène les retrouvailles de Chris avec Villar del Cobo.
-
[20]
7 octobre 1994.
-
[21]
Hormis le petit groupe des 119 enfants bel et bien envoyés au Danemark ; voir Célia Keren, L’Évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France, op. cit., p. 336 : voir notes 59 à 62.
-
[22]
Thèse d’Emmanuelle Carle, Gabrielle Duchêne et la recherche d’une autre route : entre le pacifisme féministe et l’antifascisme, History Department McGill University, Montreal, avril 2005. http://digitool.library.mcgill.ca/webclient/StreamGate?folder_id=0&dvs=1423300976940~523 [8 janvier 2015].
-
[23]
Pour plus d’information : Rose Duroux, « Alice, Nini et les autres…, art. cit.
-
[24]
FUE. AR. Fonds Paris, 872-2. De 1946 à 1950, Nini réintègre le Komiteen et préconise un boycott du régime de Franco.
-
[25]
9 mars 1992.
-
[26]
Alicia Alted, El Exilio republicano…, op. cit., p. 8. Id., « La Cruz Roja Republicana española, 1945-1986 », Historia Contemporánea, 6 (1991), pp. 223-249. Nous traduisons.
-
[27]
Comité Narvik, 31, rue du Général-Beuret, Paris. Secrétaire en 1946 : Carlos Martínez Parera.
-
[28]
« Notamment les cas des orphelins, fils de mutilés, ou récemment évadés d’Espagne », selon les priorités déjà établies pour les autres colonies, FUE. AR. FP : 878-2, Règlement.
-
[29]
FUE. AR. FP : 878-2 et 899-5. Installation par les comités américains : 750 000 Fr ; mensualités Spania-Komiteen : 500 000 Fr ; aides occasionnelles : Unesco, FICE, OIR…
-
[30]
FUE. AR. FP : 549-1.
-
[31]
En 1949, aussi, Redd Barna organise une maison à Konnerud Kollen (à 40 km d’Oslo) pour des enfants juifs d’Afrique du Nord.
-
[32]
Frank Scheer (délégué en Francia del Spania-Komiteen), « Colonia infantil de vacaciones », Libertad. Para España, por la República, 21 juillet 1949, n° 59, p. 2. Voir aussi FUE. AR. FP : 745-1.
-
[33]
Manon Pignot, Postface, in J’ai dessiné la guerre. Le regard de Françoise et Alfred Brauner, Rose Duroux, Catherine Milkovitch-Rioux (éd.), Clermont-Ferrand, Unesco/pubp, 2011.
-
[34]
Il s’agit de la fille de la famille d’accueil, à peu près de l’âge d’Esther.
-
[35]
Cf. Célia Keren et al., « Introduction », in Enfances en guerre. Témoignages d’enfants sur la guerre, Rose Duroux, Catherine Milkovitch-Rioux (éd.), Genève, Éditions Georg, « L’Équinoxe », 2013. Célia Keren et Alicia Pozo-Gutiérrez in « Les enfants de la Guerre d’Espagne. Expériences et représentations », Didier Corderot et Danielle Corrado (dir.), Témoigner, n° 112, juin 2012. Je remercie Célia Keren pour la relecture du présent article.
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[36]
Master en ligne : Hilde Haraldstad, Franco-Spanias fiende nummer 1?: Norges politikk overfor Franco-Spania, 1946-1960, Université d’Oslo, 1994.
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[37]
Voir la Une de El Socialista, septembre 1970.