Notes
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[1]
Inédit, cet article résulte d’une conférence prononcée à l’ambassade du Portugal à Paris le 14 mai 2010, dans le cadre d’une manifestation sur « La ligue de Paris et l’exil politique portugais en France (1927-1940). »
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[2]
João Duarte Seguro devient en 1932 le secrétaire administratif de la fédération des Transports. Conjointement avec João Dias et Alberto de Araújo, il représente le Portugal au congrès des travailleurs maritimes à Hambourg. De retour au Portugal, il est arrêté. Lors de sa libération, le parti décide de l’envoyer à l’étranger. Il est arrêté à la fin de 1932 à Hambourg, pour propagande auprès des équipages portugais et brésiliens. Libéré peu après, il effectue une mission de l’Internationale syndicale de Hambourg à Copenhague et de Paris à Madrid. En juillet 1933, il est à Lisbonne mais il retourne à Paris où il est chargé de représenter la CIS et le PCP auprès des organisations françaises. ICS, F. 495, op. 253, d. 22/AHS-IC, doc. 87, M. 13, cx. 1.
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[3]
Pendant l’exil à Madrid, au début des années 1930, Basílio Lopes Pereira appartient au groupe des Budas. Suite à l’amnistie de décembre 1932 il rentre au Portugal. En 1935, il contrôle à l’intérieur du Portugal l’organisation révolutionnaire des Budas, connue sous la désignation de groupe des « AAA » (Association antifasciste et anticléricale), lié à la maçonnerie.
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[4]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Augusto dos Reis à Armando de Magalhães, du 24 février 1937.
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[5]
La participation se ferait au moyen d’un délégué au Comité d’action (envoyé du Portugal ou désigné sur place), et par la constitution au Portugal d’un comité parallèle, mais qui dépendrait de celui de Paris. « Apelo a todos os liberais e antifascistas », MAE, série Europe 1930-1940, sous-série Portugal, vol. n° 72.
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[6]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Armando de Magalhães à Augusto dos Reis, du 19 février 1937.
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[7]
Idem, 495/179/12, compte rendu n° 1 du Comité d’action du FPP, du 3 mai 1937.
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[8]
PVDE, proc. 1360/38 [Armando de Magalhães], documentation annexe, « Ao secretariado do PCP », doc. n° 3.
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[9]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Armando de Magalhães au comité central du PCP, du 3 juin 1936.
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[10]
Deux bombes furent posées dans les installations de l’officieux consulat des nationalistes espagnols, l’une dans le hall, l’autre au 2e étage. La rupture des canalisations a provoqué une inondation. Deux autres bombes ont explosé au ministère de l’Éducation et à la station de radio à Parede, Radio Club Português. Une cinquième bombe fait exploser un wagon de la Vacuum Oil (qui deviendra Móbil), à Alcântara. Une autre bombe, posée au ministère de l’Intérieur, n’a pas explosé.
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[11]
Le montant de six mille cinq cents francs est remis le 12 janvier à Roberto Queirós de Mello par l’intermédiaire de l’ambassade espagnole à Paris.
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[12]
Fundação Mário Soares, fonds Afonso Costa/Frente Popular Portuguesa/Empréstimo, doc. n° 07219, compte rendu de la réunion du Comité de Paris avec Luis Araquistáin, du 22 février 1939.
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[13]
Une fois en France, il se rapproche de la tendance anarchiste favorable au Front populaire et obtient de la CGT une accréditation auprès de l’AIT. Il participe à la réunion des exilés de septembre 1937 où est discuté le programme du FPP, réunion à la suite de laquelle il prétend amener la CGT à entrer dans l’organisation.
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[14]
Ce journal fonctionne en tant qu’organe officieux de l’opposition républicaine. Jaime Brasil reste en France comme correspondant du Primeiro de Janeiro.
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[15]
Dont l’identification, ainsi que celle du délégué des militants de la CIS, Pedro Correia, n’a pas été établie.
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[16]
Il utilise les pseudonymes d’Aurélio Nunes et d’Augusto Nunes.
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[17]
AHS, C. 63, Ms. 440, compte rendu des réunions tenues à Paris entre la CGT et la CIS, en février 1938. L’idée des communistes de fusion des deux centrales syndicales, de façon à constituer une centrale unique n’est pas nouvelle. D’autres tentatives de fusion avaient déjà été proposées à la CGT, notamment en avril ou mai 1937. La proposition consistait en l’entrée au comité confédéral de la CGT de délégués de la CIS, mais le comité confédéral n’est disposé à accepter que des communistes délégués de syndicats adhérents.
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[18]
Nous n’avons pas réussi à en établir l’identification.
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[19]
AHS, C. 63, Ms. 1381.
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[20]
AHS, C. 63, Ms. 1369, lettre de la CGT/Lisboa à la délégation à Paris, du 12 mai 1938.
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[21]
MNE, P2 A59 M266, dépêche du ministre des Affaires étrangères au ministre à Paris, 15 novembre 1939.
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[22]
BM, cx. 121, lettre d’Agatão Lança à Bernardino Machado, du 23 novembre 1939.
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[23]
Le déclenchement des hostilités le 3 septembre 1939 et l’entrée en guerre de la France ont pour conséquence le durcissement du gouvernement envers les étrangers. La circulaire du ministère de l’Intérieur aux préfets, du 17 septembre, a pour objet de déterminer la situation en temps de guerre des étrangers suspects du point de vue national ou dangereux pour l’ordre public. Selon celle-ci ils seront soit conduits sous escorte à la frontière, soit internés. Le camp du Vernet fonctionnera à partir du 2 octobre comme camp d’internement pour les étrangers suspects. Les femmes sont internées à Rieucros.
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[24]
Estimation obtenue à partir des dossiers individuels des internés et des registres des entrées. Leur nombre a été légèrement supérieur car quelques internés passent au travers, notamment pendant la période d’octobre 1939 à juin 1940.
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[25]
Au moment de la libération du camp il y a quatre Portugais à Dachau. AN, 72 AJ 326.
1La France, et en particulier sa capitale, a été pendant longtemps une terre d’asile pour les exilés portugais de tous courants idéologiques, soit de gauche soit de droite, avant et après 1926. Nous nous intéresserons à une phase particulière de cette présence, celle de 1936 à 1939, qui assume des caractéristiques particulières, liées à l’arrivée au pouvoir des Fronts populaires en France et en Espagne, et à la guerre civile qui en découle dans ce dernier pays. Rappelons qu’au début de 1936 les exilés portugais en France étaient peu nombreux, car l’Espagne était depuis 1931 le foyer de l’exil pour des raisons de proximité géographique et de facilité d’action, même si l’activité reste réduite en 1934-1935. Cependant, à Paris étaient restés les emblématiques chefs républicains Afonso Costa et José Domingues dos Santos, ainsi que l’anarchiste José Agostinho das Neves revenu en France en 1934 après son expulsion d’Espagne. De leur côté, vers 1934, les communistes commencent à mettre en place une structure d’accueil pour les militants en transit pour l’URSS, à partir de laquelle ils feront les premiers pas vers la politisation de l’émigration économique, et dont l’âme sera, en 1934-1935, João Duarte Seguro (Praxedes) [2]. Les trois courants idéologiques étaient ainsi représentés à Paris au début de 1936, mais les relations entre eux restaient assez cloisonnées à cette date.
2La victoire électorale du Front populaire en Espagne, en février 1936, supprime les contraintes d’action des exilés portugais, bien qu’on puisse dégager une reprise de la conspiration avant cette date car, fin 1935, Jaime de Morais se déplace au Portugal pour analyser la situation révolutionnaire de Basílio Lopes Pereira [3]. La revolução fixée au 22 juillet sera une fois de plus ajournée par les événements espagnols ; l’alzamiento du 18 juillet 1936 lance l’Espagne dans une guerre civile et empêche le déclenchement du mouvement portugais à partir de ses bases d’action espagnoles. Face à la guerre d’Espagne les exilés portugais sont amenés à prendre position. Si anarchistes et communistes se placent d’emblée du côté du gouvernement espagnol, la famille républicaine se divise. La gauche républicaine soutient inconditionnellement la République espagnole ; elle reste en Espagne pendant le conflit et un certain nombre d’individus n’hésitera pas à prendre les armes pour la défendre (notamment César de Almeida, Alexandrino dos Santos, Oliveira Pio, Américo Sanches…) Le républicanisme modéré, incarné par les frères Poppe, Ribeiro de Carvalho, Francisco Aragão, qui considèrent que les exilés portugais n’ont pas à intervenir dans un conflit interne à l’Espagne, abandonne le pays pour s’installer en France, au Maroc et en Belgique. Position qui n’empêchera pas ce courant d’accepter l’aide de l’Espagne républicaine pour continuer leur lutte contre le régime de Salazar. Au groupe installé en France viendra se joindre Bernardino Machado qui, en raison de l’évolution de la guerre d’Espagne, finit par abandonner Valence. Dès lors, l’exil portugais – dans ses trois versants – aura deux plateformes d’action : une en Espagne, l’autre en France ; leur action sera complémentaire même si l’entente républicaine est plutôt de circonstance, comme le démontre les épithètes de « vieux renards » et de « cadavres actuellement sans valeur [4] », employées dans l’intimité par Jaime de Morais et Jaime Cortesão pour se référer à Bernardino Machado et à Afonso Costa. L’activité développée en France par les républicains, les anarchistes et les communistes s’insère dans la recherche d’une action commune qui se traduira par la création du Comité d’action, expression française du FPP, et par la poursuite d’objectifs spécifiques à chacun des courants ayant comme toile de fond la guerre civile d’Espagne.
L’action commune : le Comité d’action du Front populaire portugais
3Théoriquement, le FPP naît au Portugal en février 1936 à partir des démarches lancées l’année précédente par la Ligue portugaise contre la guerre et le fascisme, une des organisations satellites du PCP, mais il restera à l’état embryonnaire jusqu’aux démarches de Pável auprès des exilés, effectuées durant l’été 1936. Pável attend à Paris le moment de rentrer au Portugal pour renforcer la direction du PCP, décapitée par les détentions de la fin 1935, et mettre en place la stratégie de front commun adoptée par le VIIe congrès du Komintern. Il entame ses démarches à Paris en esquissant un rapprochement de la famille républicaine, divisée entre les groupes de Madrid/Barcelone et Paris. Pável est secondé dans ce travail par un autre cadre en provenance de Moscou, Armando de Magalhães. C’est dans ce contexte qu’Armando de Magalhães est envoyé à Madrid en été 1936. Dans la capitale madrilène, il rencontre Álvaro Cunhal entre-temps arrivé du Portugal et, ensemble, ils œuvrent dans le sens de la mise en place d’une structure de front populaire, à la laquelle participeraient les différents courants présents en exil. De leurs efforts résultera l’Union des antifascistes portugais résidant en Espagne (UAPRE), le 18 août 1936. Disons-le d’ores et déjà, le caractère de « front populaire » de cette organisation ne se maintiendra guère longtemps ; elle tombera rapidement entre les mains des communistes lorsque les républicains quittent Madrid.
4Toutefois, le rassemblement de l’exil n’était qu’une première étape, dont la deuxième serait la jonction avec l’opposition de l’intérieur. Pável avait bien compris que seuls les chefs de l’exil pouvaient être les interlocuteurs avec les différentes tendances républicaines et même avec le mouvement anarchiste qui refusait tout contact avec le PCP. Le travail mené par Pável (secondé par Álvaro Cunhal) auprès des chefs républicains à Paris (Afonso Costa, José Domingues dos Santos et Bernardino Machado après son installation à Monaco) aboutit à un appel à l’unité, par le biais duquel on prétend rassembler les républicains. Pour la diffusion de cet appel, Afonso Costa envoie un agent au Portugal début 1937. La démarche reçoit un accueil favorable de la part des républicains de l’intérieur, qui adhérent au Comité d’action [5]. Mais ce Comité, à caractère trop républicain, ne correspond pas encore aux aspirations des communistes. Armando de Magalhães, devenu le représentant du PCP en France après le retour au Portugal de Pável, continuera à « travailler » Afonso Costa dans le but de l’amener à des positions plus favorables au parti [6]. Afonso Costa finit par accepter que l’activité du Comité d’action soit coordonnée avec celle du FPP. Ainsi naît le Comité d’action du Front populaire portugais, le 3 mai 1937 [7].
5Le Comité de Paris est composé d’Afonso Costa, qui en assume la présidence, des républicains Agatão Lança, Álvaro Poppe, José Domingues dos Santos et du communiste Armando de Magalhães. Bernardino Machado, au-dessus des groupes, devient son président d’honneur. La gauche républicaine exilée en Espagne – les Budas – est la grande absente. Pour contrecarrer la présence communiste, il est constitué au sein du Comité d’action une commission autonome, la commission des finances, composée d’Afonso Costa, José Domingues dos Santos et Álvaro Poppe. En été 1937, Alberto de Araújo, membre du comité central du PCP, venu à Paris pour reprendre en mains les contacts avec le PCF, essaie en vain de faire entrer le PCP dans cette commission [8].
6L’action que le Comité de Paris se propose de mener sera de trois types : doctrinaire, de propagande et « révolutionnaire ». Toutefois, reste à résoudre la question du moyen par lequel se fera le renversement de la dictature. Le programme du Front populaire publié en 1936 passait sous silence cette question. Elle est tranchée par les républicains : il aura lieu au moyen d’un soulèvement militaire, qualifié par les communistes de « putsch » et que leur organe, O Avante, ne cesse de dénoncer. Mais pour les républicains, il n’y a pas d’autre issue car c’est l’espoir d’un succès « révolutionnaire » qui permet leur rassemblement, même s’il est placé sous la bannière du FPP. Et sans revolução, l’opposition républicaine n’existerait plus depuis belle lurette.
7Malgré la constitution du Comité d’action, son aile modérée garde d’énormes réserves à l’égard du FPP. Agatão Lança, considérant que l’assimilation, qui se fait dans certains milieux de l’intérieur du républicanisme conservateur, entre FPP et communistes porte préjudice à la revolução, propose de renommer le rassemblement « Front de Liberté » qui, selon lui, est plus en mesure de séduire les officiers d’active, qui n’apprécient guère celui de « populaire ». Au sein du Comité de Paris la présence du PCP est davantage tolérée qu’acceptée. D’après Armando de Magalhães, elle a été imposée par José Domingues dos Santos, qui parvient à en convaincre Afonso Costa [9].
8Le décès d’Afonso Costa, quelques jours après la constitution du Comité d’action, entraîne des changements d’orientation. José Domingues dos Santos en devient la figure centrale ; il restructure l’organisation par la redéfinition des rapports entre le FPP en exil et celui de l’intérieur et se rapproche du groupe républicain en Espagne. Le Comité d’action entreprend ainsi un virage à gauche mais c’est aussi le début de l’affrontement avec le PCP, visible dans les pages du journal Unir. Celui-ci se présente en tant qu’organe du FPP, mais il sera avant tout le journal des républicains en exil, même si les communistes essayent d’influer sur la ligne politique. Il est publié à Paris, de juillet 1937 à juin 1939. La publication de Unir sera la seule action que l’on peut véritablement placer dans le cadre du Front populaire, car elle fut seule à avoir la collaboration des anarchistes.
9Le groupe d’Espagne est le plus actif dans l’aide à l’Espagne républicaine. Il considère qu’en agissant en Espagne pour défendre la République menacée, il œuvre en faveur du rétablissement de la République portugaise et d’un régime démocratique. Exploitant les amitiés tissées lors de l’exil parisien commun de Portugais et d’Espagnols, renforcées pendant la IIe République espagnole, la gauche républicaine en exil utilise ces réseaux pour se procurer des moyens financiers et un soutien logistique pour des actions au Portugal, dont le résultat se traduira en janvier 1937 par les bombes placées à Lisbonne contre des cibles stratégiques franquistes ou représentatives de l’aide apportée par Salazar à Franco [10]. Ces attentats furent financés par la Generalitat de Catalogne qui remet à Jaime de Morais et Jaime Cortesão les fonds pour des actions à mener par le Front populaire portugais à Lisbonne. Étant donné l’état embryonnaire du FPP tel que le concevait la direction du PCP, l’organisation « frentista » qui préparera ces attentats n’est autre que celle contrôlée par Costa Tassara en s’appuyant sur les syndicats autonomes (SA) de « Silva da Madeira » et Silvino Ferreira. C’est-à-dire sur l’organisation révolutionnaire de la gauche républicaine et les contacts de celle-ci avec le mouvement anarchiste et les communistes. Mettant une nouvelle fois en pratique une position qui datait de 1927, celle de participer aux initiatives visant le renversement de la dictature, les organisations anarchistes collaborent activement dans la préparation et l’exécution des attentats. Plus difficile à expliquer est la présence d’éléments communistes, car la direction du PCP condamne et interdit leur participation dans ce genre d’action. La participation aurait été faite à titre individuel et sans en référer aux instances de direction. Cependant, le fait qu’un de ces éléments, qui de surcroît participera à l’attentat contre Salazar, soit envoyé peu après en exil par la direction du PCP vient soulever des doutes quant à la non-implication du Parti et semble indiquer l’existence de différentes sensibilités qui se confrontent au sujet des moyens de lutte et surtout une désynchronisation de la direction avec la base. Celle-ci, moins sensible aux questions de stratégie de lutte, donne la primauté à l’action immédiate. Le succès des bombes donne des ailes à de nouveaux projets d’action, dont l’attentat contre Salazar en mai 1937. Si l’affaire des bombes a été si bien préparée que la police n’a jamais réussi à en découvrir les auteurs, par contre l’attentat contre Salazar révèle de grosses erreurs des conspirateurs. Il a été préparé avec les « moyens du bord » et avec un degré élevé d’improvisation, ce qui nous amène à penser que l’exécution des attentats de janvier fut dirigée par des éléments ayant une solide expérience conspirative, voire des étrangers venus au Portugal pour encadrer les « poseurs des bombes ». D’ailleurs, à partir de Barcelone, Jaime de Morais se prononce par radio contre l’attentat et cherche même, en vain, à stopper l’action.
Les républicains
10Le but des républicains est, depuis 1927, la revolução, qu’ils préparent par la voie du mouvement militaire et la propagande républicaine, celle-ci destinée à créer une ambiance favorable au renversement de la dictature. On l’a dit, en juillet 1936 le mouvement était sur le point d’éclore, le début de la guerre d’Espagne créera de nouvelles opportunités, notamment le projet de libération des déportés de l’île de São-Nicolau, à la fin 1936. Cependant les groupes se méfient les uns des autres ; ainsi, même s’ils œuvrent en faveur d’une action commune, cela ne les empêchera pas de comploter séparément, en préparant un mouvement qui leur donnerait un ascendant lors de la victoire ou simplement parce que leurs incompatibilités sont trop importantes pour leur permettre de travailler ensemble. Début 1937, on décèle au moins deux mouvements parallèles en préparation, l’un en Espagne fomenté par la gauche républicaine, l’autre à Paris autour d’Afonso Costa et des républicains modérés. Tous comptent sur le soutien financier du gouvernement républicain espagnol. Suivons la préparation de ce dernier.
11Vers la fin janvier 1937, Afonso Costa envoie à l’intérieur du Portugal un agent pour se rendre compte de la situation révolutionnaire et s’entretenir avec Ribeiro de Carvalho, leur habituel chef révolutionnaire, en exil au Maroc. Un deuxième volet du voyage est la diffusion de l’appel au rassemblement d’Afonso Costa et José Domingues dos Santos et l’adhésion des organisations républicaines de l’intérieur au rassemblement républicain. Le voyage de Roberto Queirós de Melo est financé par Giner de los Rios, ministre des Communications du gouvernement espagnol [11]. Celui-ci conçoit l’aide financière aux républicains portugais en tant que moyen d’œuvrer en faveur de la cause républicaine espagnole, idée largement répandue au sein des républicains espagnols et notamment au gouvernement. Les milieux républicains modérés de l’intérieur se montrent peu favorables à un mouvement au caractère populaire trop prononcé, qui suscite l’hostilité des éléments restés fidèles au républicanisme, notamment chez les officiers d’active qui craignent que le communisme n’envahisse le Portugal. La crainte ressentie par ces milieux augmente suite à l’affaire des bateaux du Tage et aux bombes placées dans les ministères, dont les communistes sont suspectés d’être les auteurs. Rappelons que, dans les milieux modérés du républicanisme de l’intérieur, se fait l’amalgame entre la gauche radicale et le communisme, assimilation qui est due au fait que l’ancien communiste Godinho, l’un des responsables des explosions à Lisbonne, côtoyait en Espagne la gauche républicaine exilée. La vague répressive déclenchée par ces affaires rend l’action du petit nombre de républicains militaires d’active plus difficile. Queirós de Melo rapporte à ce propos : « C’est un fait qu’ils détestent la dictature, mais ils tremblent face à l’éventualité d’une révolution communiste. » Dans ces conditions, le décès d’Afonso Costa, début mai, aura des conséquences sur la marche révolutionnaire future. Ribeiro de Carvalho et avec lui ces milieux militaires républicains continuent à conspirer mais ils se rapprochent de plus en plus de la droite anti-libérale ; on les verra en 1938 mêlés aux préparatifs révolutionnaires des nacionais-sindicalistas et des royalistes, ce qui montre à quel point les républicains sont aux abois. À son tour, la gauche républicaine est de plus en plus poussée vers le mouvement populaire, le seul qui lui donnerait les hommes dont elle a besoin pour avoir la direction de la revolução. Entre les deux, se placent les organisations telles que l’UCRAL (União dos Combatentes da República Aliança Liberal) ou le Comité des sergents de l’armée de terre et de la marine qui se tiennent toujours prêts à faire la révolution pourvu qu’on leur donne des fonds, s’alliant tant à gauche qu’à droite en fonction des sollicitations reçues.
12Mais revenons à la revolução préparée début 1937 à Paris, pour laquelle le 28 avril 1937, Afonso Costa, José Domingues dos Santos et Alvaro Poppe reçoivent du gouvernement espagnol, par l’intermédiaire de l’ambassadeur à Paris, Luis Araquistaín, une somme de 6 millions de francs qui, selon les termes de l’emprunt, serait employée pour créer « un large et profond mouvement de propagande, d’organisation et d’action » destiné à restaurer la République. Toutefois ce même accord financier prévoyait qu’en cas de non utilisation ou d’utilisation partielle des fonds, la partie non utilisée serait remise au bailleur. C’est ainsi que, le 22 février 1939, le groupe de Paris confie la garde du solde à Luis Araquistaín et José Domingues dos Santos jusqu’à ce qu’il puisse être remis à Juan Negrín, président du Conseil du gouvernement espagnol. Des 6 millions de francs empruntés en mai 1937 seront restitués 5 723 770 francs ; le peu d’argent dépensé est symptomatique de l’impossibilité de faire la revolução. Les sommes furent utilisées dans la publication du journal Unir. Le groupe de Paris, face à une situation qui se dégradait de plus en plus au fils du temps, ne s’était pas laissé embarquer dans des aventures inconséquentes. Le Comité d’action du Front populaire portugais ne se trouvera pas impliqué dans les conspirations qui anéantissent les restes de l’opposition républicaine tant de gauche que de droite. Le groupe constate amèrement « l’impossibilité qui s’est avérée jusqu’à aujourd’hui de faire les grandes dépenses qu’on comptait. Malheureusement, les circonstances ont empiré depuis [la signature de l’emprunt] et pour cette raison il n’a pas été possible de faire plus [de dépenses] [12]. »
Les communistes
13L’activité des communistes à Paris se déploie autour d’organisations auxquelles ils prétendent imprimer un caractère de Front populaire, telles la Fédération des émigrés portugais en France, le Comité d’aide aux victimes du fascisme portugais ou encore le Comité d’aide à l’Espagne républicaine. La seule organisation qui s’affiche en tant qu’émanation communiste est le groupe « Amigos do Avante ».
14La victoire électorale du Front populaire en France, en mai 1936, ainsi que la dynamique acquise par le PCF et le succès du mouvement gréviste de juin 1936 ont des répercussions sur les exilés portugais. À l’image de ce qui existait déjà pour l’émigration espagnole, italienne ou polonaise, le PCF envisage l’organisation d’une association de travailleurs portugais émigrés. La Fédération des émigrés portugais en France (FEPF) naît le 13 janvier 1937, à partir du travail développé dans les années précédentes par João Duarte Seguro. Avec l’arrivée à Paris d’Armando de Magalhães, le travail politique au sein de la colonie portugaise s’intensifie. Il est secondé dans cette tâche par João Martins, un émigré économique affilié au PCF, et postérieurement par Emídio Guerreiro. Toutefois, la FEPF se présente en tant qu’organisation apolitique d’entraide aux émigrés. L’émigration économique devient un enjeu majeur pour les communistes et un terrain d’affrontement avec le gouvernement portugais. Les communistes peuvent y accentuer leur travail auprès des masses sans forte concurrence de la part des républicains, qui s’intéressent fort peu à l’émigration économique (ce qui ne les empêche pas, notamment Afonso Costa et José Domingues dos Santos, d’apporter leur aide à la résolution de problèmes spécifiques tels que la régularisation de situations administratives ou la rénovation de permis de séjour et de travail), et auprès des anarchistes, qui n’ont pas à leur disposition un appareil de parti, comme ce fut le cas des communistes. La concurrence pour le PCP viendra en particulier du gouvernement portugais, ou plutôt des autorités consulaires, qui finissent par noyauter la FEPF, fin 1938, à un moment où les autorités françaises se montrent peu disposées à consentir à la politisation de l’émigration.
15Le Comité d’aide aux victimes du fascisme portugais dénonce les crimes de la dictature et son but est la solidarité envers les détenus politiques, les déportés et leur famille, ainsi que l’aide aux réfugiés espagnols au Portugal. On recueillit des fonds au moyen de fêtes et de quêtes, tant au sein de la colonie en France que dans d’autres pays d’émigration portugaise. Citons, à titre d’exemple, la contribution de José Rodrigues Miguéis installé aux États-Unis ; l’écrivain offre au Comité des exemplaires de Casa de Ricos pour être vendus au profit du comité et cède les droits d’auteur de A terra e o pão, une pièce de théâtre sur les conditions de vie des travailleurs de l’Alentejo. À l’été 1938, le Comité avait déjà ramassé de 5 à 6 mille francs, qu’il remet à la section portugaise du Secours rouge international. Le Comité portugais d’aide à l’Espagne républicaine vient remplacer le Comité d’aide aux victimes du fascisme portugais, probablement sous la pression des instances communistes, à un moment où l’aide à l’Espagne devient une des priorités du mouvement communiste français. Le CPAER prétend centraliser l’ensemble de l’aide à l’Espagne et aux combattants portugais. Mais les fonds recueillis sont restreints, soit parce que les émigrés portugais préfèrent collaborer avec d’autres organisations (cas des anarchistes qui ont leur propre structure), soit parce qu’ils ne veulent pas se trouver impliqués dans des activités que les autorités françaises peuvent juger avoir un caractère politique. La preuve de la faible influence du CPAER est le « camion du Portugal antifasciste » qui devait être le fleuron de la solidarité portugaise, dont l’envoi est annoncé pour le mois de juillet 1938 et qui n’arrivera finalement qu’à la fin de l’année. Le séjour en France de quelques combattants portugais blessés ou convalescents est en partie pris en charge par le CPAER.
16Le groupe « Amigos do Avante », est créé par Armando de Magalhães à la demande du comité central du PCP, après la saisie en janvier 1938 de la première imprimerie, mais la mobilisation se fait surtout en mai 1937 après celle de la deuxième imprimerie. Il fonctionnera en tant que cellule du PCP en région parisienne. Maria Machado l’utilisera pour tenter de consolider la présence du PCP auprès des militants portugais du PCF en 1938-1939.
Les anarchistes
17Contrairement au groupe d’Espagne, les anarchistes portugais de France, dont les figures proéminentes pendant cette période sont José Agostinho das Neves, Luis Badessi (un Italien qui a vécu à Porto) et Jaime Brasil [13] (venu à Paris pour faire la couverture de l’Exposition universelle pour le journal República [14]) sont favorables à la participation au FPP. Ils collaborent aux initiatives du FPP et des communistes. Jaime Brasil sera le directeur technique du journal Unir. Armando de Magalhães sera d’ailleurs fortement critiqué par la direction du PCP pour avoir donné un « emploi rémunéré » à quelqu’un qui n’était pas du parti, alors qu’il n’avait pas le pouvoir de décider de l’attribution des fonctions au sein de Unir, le journal étant contrôlé par les républicains. José Agostinho das Neves sera membre de la FEPF ; lui et Germinal de Sousa, secrétaire général de la FAI à Barcelone, se trouveront impliqués dans la préparation de l’opération « Lusitânia ». Pour les « collaborationnistes », le FPP doit avoir un caractère de masse, qui ne peut lui être imprimé que par la participation du peuple. C’est cette participation qui lui conférera, une fois le régime salazariste vaincu, le droit de revendiquer l’application de ses droits. Par conséquent, la représentation du peuple doit être confiée aux organisations qui émanent de lui, c’est-à-dire aux organisations ouvrières.
18Le premier pas pour la constitution de la base du FPP serait l’unité syndicale. En janvier 1938, la CGT, la CIS (Comissão Inter Sindical) et les Sindicatos Autónomos publient en commun un manifeste contre la peine de mort, dont les rumeurs de rétablissement courent au Portugal, et contre les agressions dont sont victimes les détenus politiques et les déportés. À la suite de cette initiative, le délégué de la CIS à Paris, « José Monteiro [15] », propose au délégué de la CGT, José Agostinho das Neves [16], de consolider l’unité de l’action syndicale obtenue par le manifeste et de « lui donner un caractère permanent et effectif [17] ». En février 1938, à Paris, les représentants de la CGT, « Augusto Nunes » et « Álvaro Vargas [18] », et de la CIS, « José Monteiro » et « Pedro Correia », élaborent un projet d’unité d’action qui repose sur la création d’un Comité Nacional de Coligação Operária (Comité national de coalition ouvrière), composé de délégués de la CGT, de la CIS, des Sindicatos Autónomos et de la FAO (Federação das Associações Operarias). Il se chargerait de la coordination de l’action de lutte contre le fascisme et la dictature, de la défense de la révolution espagnole et de la promotion de l’unité syndicale [19]. Le projet est refusé par la CGT, comme le sera également le programme du FPP d’avril 1938 envoyé à Lisbonne. La CGT maintient sa position : elle est disposée à collaborer à toute initiative qui vise la fin de la dictature, mais en gardant son indépendance [20].
19Le groupe à Paris devient le canal de communication des organisations anarchistes portugaises – CGT, FARP (Federação Anarquista da Região Portuguesa) et Jeunesses libertaires – avec l’extérieur, après l’isolement de la FAPE (Federação dos Anarquistas Portugueses Exilados) en Espagne et la fermeture de la frontière portugaise avec la zone républicaine espagnole. C’est également par Paris que passera désormais l’aide financière vers l’intérieur du Portugal. Les fonds proviennent de la CNT-FAI mais sont distribués par l’AIT à Paris. En 1937, plus de 10 000 francs furent envoyés aux organisations de l’intérieur ; en 1938, l’aide d’environ 87 000 francs est plutôt canalisée vers le groupe de Paris pour la publication du journal Liberdade, qui sortira d’avril 1938 à juin 1939. Le journal à caractère antifasciste s’adresse aux milieux portugais en France, aux États-Unis, au Brésil et en Argentine ; il est également envoyé aux colonies portugaises et introduit clandestinement au Portugal. Le but est de créer chez les anarchistes une ambiance favorable à l’entente avec les autres forces politiques. Les idées soutenues dans Liberdade ne diffèrent pas de celles d’Unir. Mais lorsque les manœuvres déployées par les communistes pour prendre le contrôle du FPP deviennent trop pressantes, les anarchistes abandonnent l’idée de Front Populaire à laquelle ils opposent celle de Front antifasciste, c’est-à-dire une entente avec les républicains. Le deuxième objectif du journal est de combattre l’influence communiste dans les milieux de l’émigration économique portugaise.
20L’année 1939 marque la fin d’un cycle pour l’exil portugais en France. C’est certes la date de la fin de la guerre civile d’Espagne, ce qui entraîne l’arrivée d’une énorme masse de réfugiés, parmi lesquels des Portugais, qui seront internés sur les plages du Languedoc-Roussillon et parqués dans des camps d’internement, mais c’est surtout le début du conflit mondial et la fin de l’espoir de la part des exilés républicains d’être soutenus par la patrie des droits de l’homme. Aux républicains déjà présents en France se joignent les chefs politiques venus d’Espagne qui réussissent à échapper aux camps. La priorité est désormais la situation internationale et la position que le Portugal doit assumer dans celle-ci, dictée par ses anciens engagements envers les Alliées et l’alliance luso-britannique. La page révolutionnaire semble définitivement tournée pour la gauche républicaine, en raison de la gravité de la situation internationale et de la menace d’intervention étrangère qui pèse sur le Portugal. On craint que Franco n’envahisse le pays.
21La déclaration de neutralité de Salazar provoque la réaction des exilés qui veulent se démarquer de celui-ci et appréhendent que les autorités françaises ne leur refusent en conséquence le séjour en France. Le résultat sera la rédaction d’une note, connue sous la désignation de déclaration de Tours, dans laquelle sont dénoncées les ambitions de l’Allemagne et de l’URSS, « qui portent atteinte à l’œuvre sacrée de la civilisation », et la menace qui pèse sur l’intégrité du territoire et l’indépendance du Portugal. Dans cette note, les exilés réaffirment leur solidarité envers l’Angleterre et font appel à l’union de l’opposition en vue de la future entrée du Portugal dans la guerre, qu’ils considèrent inévitable en raison de l’alliance avec l’Angleterre. La déclaration est remise aux agences de presse Havas et Reuters. À Paris, le commissariat général à l’Information se montre soucieux de connaître la position de Salazar sur la déclaration avant de prendre une quelconque décision. Lisbonne se prononce contre la publication de la note dans la presse étrangère, en la présentant comme une action politique menée en territoire étranger [21]. Considérée contraire à la politique étrangère de non-ingérence de la France, la diffusion de la déclaration ne sera pas autorisée par le commissariat général à l’Information. L’agence Reuters se dérobe elle aussi [22]. Ce sont les restes d’une émigration amère, meurtrie et désenchantée mais non vaincue qui rentreront au Portugal en juin 1940. D’autres combats commenceront ailleurs.
22Ce sont les anarchistes et les communistes qui souffriront le plus durement de la défaite espagnole de 1939 et du tournant à droite opéré en France, ballottés d’un camp d’internement à l’autre, postérieurement forcés à s’engager dans les Compagnies de travailleurs étrangers et les Groupes de travailleurs étrangers ou dans la Légion étrangère. Les autorités de Vichy les contraignirent peu à peu au rapatriement. Pour certains, l’avenir passe par les barbelés du Tarrafal, d’autres séjourneront quelque temps dans les prisons métropolitaines, d’autres encore se sortent miraculeusement de l’épreuve du passage de la frontière. Rappelons toutefois que, dans les camps d’internement ou de répression, les réfugiés portugais d’Espagne sont rejoints par des immigrés économiques tenus par les autorités françaises comme suspects ou dangereux pour l’ordre public, suite à la circulaire du 17 septembre 1939 [23]. C’est ainsi que des immigrés portugais se trouveront internés au Vernet, dont les conditions d’internement et de discipline sont extrêmement dures. Entre octobre 1939 et juin 1944, une centaine de Portugais passent par le Vernet [24], parmi eux des réfugiés d’Espagne, notamment Germinal de Sousa, des évadés du camp de Gurs repris par la police française. Toutefois, la majorité est composée d’immigrés économiques qui n’ont pas respecté l’arrêté d’expulsion dont ils ont fait l’objet et des activistes de la FEPF qui s’étaient fait remarquer par leur activité politique d’avant la guerre. Le moindre prétexte était valide pour être interné au Vernet ; Tomás Vieira, activiste de la FEPF, y est interné en octobre 1939 pour avoir uriné sur la voie publique. Le Vernet servira également de tremplin pour les camps allemands : José Agostinho das Neves est déporté à Dachau, d’où il revient après la libération du camp par les Américains en avril 1945 [25] ; Tomás Vieira périt à Mauthausen ; Alberto Mateus Guerreiro est également envoyé en Allemagne. L’engagement politique des années 1936-1939 fut lourdement payé, mais il est également la contribution portugaise à la lutte antifasciste internationale.
Notes
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[1]
Inédit, cet article résulte d’une conférence prononcée à l’ambassade du Portugal à Paris le 14 mai 2010, dans le cadre d’une manifestation sur « La ligue de Paris et l’exil politique portugais en France (1927-1940). »
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[2]
João Duarte Seguro devient en 1932 le secrétaire administratif de la fédération des Transports. Conjointement avec João Dias et Alberto de Araújo, il représente le Portugal au congrès des travailleurs maritimes à Hambourg. De retour au Portugal, il est arrêté. Lors de sa libération, le parti décide de l’envoyer à l’étranger. Il est arrêté à la fin de 1932 à Hambourg, pour propagande auprès des équipages portugais et brésiliens. Libéré peu après, il effectue une mission de l’Internationale syndicale de Hambourg à Copenhague et de Paris à Madrid. En juillet 1933, il est à Lisbonne mais il retourne à Paris où il est chargé de représenter la CIS et le PCP auprès des organisations françaises. ICS, F. 495, op. 253, d. 22/AHS-IC, doc. 87, M. 13, cx. 1.
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[3]
Pendant l’exil à Madrid, au début des années 1930, Basílio Lopes Pereira appartient au groupe des Budas. Suite à l’amnistie de décembre 1932 il rentre au Portugal. En 1935, il contrôle à l’intérieur du Portugal l’organisation révolutionnaire des Budas, connue sous la désignation de groupe des « AAA » (Association antifasciste et anticléricale), lié à la maçonnerie.
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[4]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Augusto dos Reis à Armando de Magalhães, du 24 février 1937.
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[5]
La participation se ferait au moyen d’un délégué au Comité d’action (envoyé du Portugal ou désigné sur place), et par la constitution au Portugal d’un comité parallèle, mais qui dépendrait de celui de Paris. « Apelo a todos os liberais e antifascistas », MAE, série Europe 1930-1940, sous-série Portugal, vol. n° 72.
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[6]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Armando de Magalhães à Augusto dos Reis, du 19 février 1937.
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[7]
Idem, 495/179/12, compte rendu n° 1 du Comité d’action du FPP, du 3 mai 1937.
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[8]
PVDE, proc. 1360/38 [Armando de Magalhães], documentation annexe, « Ao secretariado do PCP », doc. n° 3.
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[9]
CRCEDHC, 495/179/13, lettre d’Armando de Magalhães au comité central du PCP, du 3 juin 1936.
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[10]
Deux bombes furent posées dans les installations de l’officieux consulat des nationalistes espagnols, l’une dans le hall, l’autre au 2e étage. La rupture des canalisations a provoqué une inondation. Deux autres bombes ont explosé au ministère de l’Éducation et à la station de radio à Parede, Radio Club Português. Une cinquième bombe fait exploser un wagon de la Vacuum Oil (qui deviendra Móbil), à Alcântara. Une autre bombe, posée au ministère de l’Intérieur, n’a pas explosé.
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[11]
Le montant de six mille cinq cents francs est remis le 12 janvier à Roberto Queirós de Mello par l’intermédiaire de l’ambassade espagnole à Paris.
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[12]
Fundação Mário Soares, fonds Afonso Costa/Frente Popular Portuguesa/Empréstimo, doc. n° 07219, compte rendu de la réunion du Comité de Paris avec Luis Araquistáin, du 22 février 1939.
-
[13]
Une fois en France, il se rapproche de la tendance anarchiste favorable au Front populaire et obtient de la CGT une accréditation auprès de l’AIT. Il participe à la réunion des exilés de septembre 1937 où est discuté le programme du FPP, réunion à la suite de laquelle il prétend amener la CGT à entrer dans l’organisation.
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[14]
Ce journal fonctionne en tant qu’organe officieux de l’opposition républicaine. Jaime Brasil reste en France comme correspondant du Primeiro de Janeiro.
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[15]
Dont l’identification, ainsi que celle du délégué des militants de la CIS, Pedro Correia, n’a pas été établie.
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[16]
Il utilise les pseudonymes d’Aurélio Nunes et d’Augusto Nunes.
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[17]
AHS, C. 63, Ms. 440, compte rendu des réunions tenues à Paris entre la CGT et la CIS, en février 1938. L’idée des communistes de fusion des deux centrales syndicales, de façon à constituer une centrale unique n’est pas nouvelle. D’autres tentatives de fusion avaient déjà été proposées à la CGT, notamment en avril ou mai 1937. La proposition consistait en l’entrée au comité confédéral de la CGT de délégués de la CIS, mais le comité confédéral n’est disposé à accepter que des communistes délégués de syndicats adhérents.
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[18]
Nous n’avons pas réussi à en établir l’identification.
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[19]
AHS, C. 63, Ms. 1381.
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[20]
AHS, C. 63, Ms. 1369, lettre de la CGT/Lisboa à la délégation à Paris, du 12 mai 1938.
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[21]
MNE, P2 A59 M266, dépêche du ministre des Affaires étrangères au ministre à Paris, 15 novembre 1939.
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[22]
BM, cx. 121, lettre d’Agatão Lança à Bernardino Machado, du 23 novembre 1939.
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[23]
Le déclenchement des hostilités le 3 septembre 1939 et l’entrée en guerre de la France ont pour conséquence le durcissement du gouvernement envers les étrangers. La circulaire du ministère de l’Intérieur aux préfets, du 17 septembre, a pour objet de déterminer la situation en temps de guerre des étrangers suspects du point de vue national ou dangereux pour l’ordre public. Selon celle-ci ils seront soit conduits sous escorte à la frontière, soit internés. Le camp du Vernet fonctionnera à partir du 2 octobre comme camp d’internement pour les étrangers suspects. Les femmes sont internées à Rieucros.
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[24]
Estimation obtenue à partir des dossiers individuels des internés et des registres des entrées. Leur nombre a été légèrement supérieur car quelques internés passent au travers, notamment pendant la période d’octobre 1939 à juin 1940.
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[25]
Au moment de la libération du camp il y a quatre Portugais à Dachau. AN, 72 AJ 326.