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Article de revue

L’absence d’article en français langue étrangère

Pages 139 à 150

Notes

  • [1]
    Auxquels Grevisse ajoute trois autres cas mineurs : l’infinitif de narration (et flatteurs d’applaudir), souvent derrière soit, tant… que, ni… ni (Soit instinct, soit expérience ; ni Dieu ni maître), dans les annonces, les titres, les adresses… (Maison à vendre, Précis d’Arithmétique, rue du commerce).
  • [2]
    Prudence est mère de sûreté, Abondance de biens ne nuit pas, Patience et longueur de temps font plus que force et que rage, Pauvreté n’est pas vice, etc.
  • [3]
    Voir par exemple Poisson-Quinton, Mimran, Maheo-Le Coalic (2002) ; Chollet, Robert (2009).
  • [4]
    Et aussi disparition de l’article avec la préposition de devant négation ou avec des déterminants de quantité : ne pas avoir de voiture, avoir beaucoup de copains.
  • [5]
    Voir Robert (2002, 42-43).
  • [6]
    Mais l’histoire de France. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un nom composé (une matière scolaire).
  • [7]
    Sauf quelques exceptions : Le Corbusier, La Fontaine, Le Havre, La Rochelle, etc.
  • [8]
    Et aussi Israël.
  • [9]
    Tout comme dans les cas de synthèmes (où il ne s’agit pas d’article zéro) : l’hôtel de ville n’est pas l’hôtel de la ville, et une pomme de terre d’Islande n’est pas de même nature qu’une pomme de la terre d’Islande.
  • [10]
    Particulièrement en médecine.
  • [11]
    « Chauffeur, à la gare de Lyon », chanson de Barbara.
  • [12]
    Sauf dans des romans de Marcel Pagnol : « Comment vas-tu, boulanger ? »
  • [13]
    Contrairement à l’Église, il ne s’agit pas d’une variante libre. Un soldat ou un officier inférieur en grade dira Mon général, Mon colonel, mon commandant, etc. Mais un officier supérieur en grade dira Colonel, commandant, capitaine, etc. Le mon n’est pas un adjectif possessif mais l’abréviation de monsieur. C’est ce qui explique que les femmes officiers soient appelées général, colonel, commandant, capitaine, etc.
  • [14]
    Sinon il faut un possessif : Mon oncle, Ma tante, ou l’ajout du prénom : Oncle Bernard, Tante Berthe.
  • [15]
    Lorsque l’animal personnifie un humain, il peut fréquemment être utilisé comme apostrophe (ou vocatif) : Meurs, chien ! Vipère ! Cochon ! Dans ces derniers cas, il s’agit d’insultes. Les insultes sont généralement sans article : Bouffon ! Cornichon ! Patate ! etc.
  • [16]
    Toi, l’imbécile, tais-toi vs Tais-toi, imbécile. Mais si un adjectif accompagne le substantif, l’article est généralement supprimé : Toi, triste imbécile / grand imbécile, tais-toi.
  • [17]
    Mais aussi de souhait ou d’appréciation : Bonne idée, Excellent travail, Bonne soirée, Bon courage, bon vent, bonne chance, bonnes vacances, mauvaise pioche, etc. Et aussi de salutation : Serviteur, Monsieur.
  • [18]
    Il peut aussi s’agir d’une sorte d’interjection : Malédiction !, Enfer et damnation !, Misère !, Trahison !, Victoire !, Horreur !, etc.
  • [19]
    Dans le cas de ce prêtre français, le lendemain de cet enlèvement, le quotidien 20 minutes titrait : Prêtre français enlevé au Cameroun : les ravisseurs ont abandonné 300 munitions. S’il y avait article, ce serait Le et non Un.
  • [20]
    Mais aussi pour les titres de films, de sculptures, de photos, de chansons, d’ouvrages scientifiques, etc.
  • [21]
    Et aussi Carmen (Mérimée), Cyrano de Bergerac (Rostand), Thérèse Desqueyroux (Mauriac), Don Juan (Molière), François le champi (Sand), Jacques le fataliste (Diderot), Justine ou les malheurs de la vertu (Sade), Lorenzaccio (Musset), Pantagruel (Rabelais), René (Chateaubriand), Ruy Blas (Hugo), Thérèse Raquin (Zola), Ubu roi (Jarry), etc.
  • [22]
    Voire le surnom : Le petit chose (Alphonse Daudet).
  • [23]
    Ce qui est à rapprocher du père Goriot et du cousin Pons.
  • [24]
    Mais Le rouge et le noir (Stendhal).
  • [25]
    Les titres des films tirés de cet ouvrage ont les deux variantes : La confession d’un enfant du siècle (1974) et Confession d’un enfant du siècle (2012).
  • [26]
    À moins que cet événement ne soit pas unique : Combat de Mars contre Minerve (David).
  • [27]
    L’image paraît également dans Encrevé (2013).
  • [28]
    Même si, plus rarement, l’inverse existe aussi : Leçon d’anatomie du docteur Tulp (De anatomische les van Dr. Nicolaes Tulp, Rembrandt).
  • [29]
    Mis à part L’Ultima Cena de léonard de Vinci.
  • [30]
    Mais Crucifiement de Saint Pierre (Crocifissione di san Pietro, Le Caravage).
English version

1. OMISSION DE L’ARTICLE OU ARTICLE ZÉRO

1 Pour la grammaire normative, l’absence d’article équivaut à une omission de l’article. Grevisse (1969 : 80) recense six cas d’omission d’article [1] :

2

  • Derrière certaines prépositions comme de ou en : un poète de génie, une montre en or.
  • Dans certains proverbes ou certaines expressions : Noblesse oblige, blanc comme neige, anguille sous roche[2].
  • Devant certaines énumérations : Vieillards, hommes, femmes, enfants…
  • Devant un nom apposé ou attribut : Le lion, terreur de la forêt. Vous êtes roi.
  • Devant le nom, mis en apostrophe : Cieux, écoutez ma voix.
  • Dans un grand nombre d’expressions dans lesquelles le complément est lié au verbe ou à la préposition : avoir peur, perdre patience, avec soin, sans gêne, par hasard, sous clef, etc.

3 En grammaire du français langue étrangère, l’absence de l’article est répertoriée (avec parfois mention de l’article zéro) [3] :

4

  • Après certaines prépositions comme à, avec, en, de[4], par, pour, sans : un verre à eau, à vélo, avec rapidité, une robe de soie, en avion, en tenue de soirée, par hasard, par semaine, sans scrupules, etc.
  • Après des conjonctions de coordination (et, ou, ni) : Fromage ou dessert, fromage et dessert, ni vin ni bière.
  • Dans des locutions verbales : avoir peur, avoir sommeil, avoir faim, etc.
  • Dans les dates : jours (lundi, mardi, …), mois (janvier, février, …), minuit, midi, mais article avec complément : le lundi de la Pentecôte, le mardi qui a suivi l’événement.
  • Parfois derrière il y a : il y a cours, école, fête au village, faute, urgence, (aussi dans des expressions figées : il y a anguille sous roche, péril en la demeure) et il fait : il fait jour, nuit soleil
  • Avec les noms attributs : il est musicien, architecte…
  • Dans les énumérations : Tables, chaises, commodes, tapis… tout avait été enlevé.
  • Apostrophes : Hep, Taxi. Chauffeur, à la gare.
  • Et comme chez Grevisse, les annonces (mais aussi les télégrammes) et les titres.

5 Il est parfois possible de préciser ces règles. Par exemple, la préposition à n’est pas suivie d’article dans les cas où elle indique une fonction : une tasse à café, un verre à vin, un couteau à poisson, (pour le café, pour le vin, pour le café) ou un ornement : une robe à fleur, un pantalon à rayures. Mais dans le cas des aliments, si la préposition indique un ingrédient ou un mode de préparation, il faut un article : un gâteau au chocolat, une glace à la vanille, une tarte aux fraises, des champignons à la grecque…

6 Autre préposition à problème, de, particulièrement avec des pays ou des régions : Elle vient d’Allemagne, de Bavière, il vient du Portugal, etc. La règle est simple : de/d’ avec noms féminins ou commençant par une voyelle (d’Irak), du pour noms masculins (du Maroc) et des pour noms pluriel (des Pays-Bas). Mais si la préposition de n’est plus complément de verbe mais de nom, les choses se compliquent [5] :

7

  • Pas d’article si de indique l’origine ou la localisation : un vin d’Espagne, de Bourgogne, de Moravie, des fromages de Hollande, les villes d’Allemagne, les montagnes de Norvège, les fleuves de Russie, le consul de Belgique, etc.
  • Article si de indique l’appartenance : la capitale de la Hongrie, l’économie de la Chine, les conquêtes de l’Espagne, l’histoire de la Russie[6], sauf s’il s’agit de personnes : les empereurs d’Autriche, les rois de France, les écrivains de Grande-Bretagne.
  • Article avec pays masculins et pluriels : les villes des États-Unis, un vin du Portugal

8 Il existe aussi quelques autres cas particuliers, comme la suppression de l’article derrière l’adjectif tout. Deux cas se présentent :

9

  • Lorsqu’il s’agit d’une vérité générale, parfois passée en proverbe, tous/ toutes les se transforme en tout/toute : Tous les hommes sont mortels, tout homme est mortel ; toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, toute vérité n’est pas bonne à dire.
  • Dans certaines expressions, derrière une préposition, l’article peut disparaître. L’adjectif tout (toute) est alors au singulier ou au pluriel : à tout âge (mais à tous les âges), à toute heure, de tout côté ou de tous côtés (de tous les côtés), en toutes lettres, etc.

10 Les patronymes et les toponymes n’ont normalement pas d’articles [7] : Molière, Depardieu, Sartre, Paris, Berlin, Madrid, Rome, etc. De même, certains pays, des îles ou des villes, n’en ont pas non plus : Chypre, Cuba, Haïti, Madagascar, Malte, Taïwan, Singapour, Monaco, etc. [8] Mais avec un adjectif ou la préposition de, ces noms peuvent avoir un article : Le Bonaparte révolutionnaire, le Chirac de la cohabitation, la Rome impériale, le Paris de la Révolution, le vieux Toulouse, etc. Il est parfois difficile de choisir le genre : la Marseille de Pagnol ou le Marseille de Pagnol ? un Chypre divisé ou une Chypre divisée ?

11 Pour certains linguistes, il y a une distinction nette entre omission de l’article et article zéro :

12

Parler « d’article zéro », c’est supposer qu’il n’y a pas ici absence d’article mais un véritable article, qui a pour particularité d’avoir une réalisation phonétique nulle. Son sens s’opposerait à celui des autres : donner permission n’est pas donner une permission, renoncer à richesse et honneurs n’est pas renoncer à la richesse et aux honneurs. (Maingueneau, 2007 : 72).

13 D’autres, comme Buvet (2009 : 145), ne voient que trois cas d’absence de l’article, en fonction de facteurs :

14

  • de nature lexicale, des séquences figées (refaire surface),
  • de nature stylistique comme l’énumération (Adieu, veau, vache, cochon, couvée),
  • de nature syntaxique : construction prépositionnelle (être en colère), construction à support (avoir peur), construction causative (faire plaisir à quelqu’un) et construction attributive (Luc est médecin).

15 Pour cet auteur, l’article zéro est permutable avec d’autres types de déterminants. Il y aurait donc un article zéro avec certaines constructions mais aussi présence possible d’un déterminant : avoir peur/avoir la peur de sa vie, Luc est médecin/Luc est un médecin du SAMU, ce qui est aussi possible avec les prépositions : un garçon de génie, un garçon d’un grand génie, à condition que la sémantique du nom ne change pas comme avec un garçon du génie (non plus un garçon brillant, mais un ingénieur spécialisé dans les constructions militaires) [9]. De même, l’absence d’article n’est souvent qu’une contraction : de + (du, de la, des) = de : La présence d’étudiants étrangers (de quelques étudiants étrangers), la présence des étudiants étrangers (de tous les étudiants étrangers), beaucoup de paysans ruinés/beaucoup des paysans ruinés, etc. La permutabilité est possible avec des déterminants devant négation ou des déterminants de quantité : Je n’ai pas bu de vin/je n’ai pas bu du vin que tu m’as offert. Peu d’étudiants ont réussi l’examen/Peu des étudiants présents ont réussi l’examen, etc. L’article zéro devant une énumération ne serait qu’une variante libre, stylistique : Mexicains, Argentins, Colombiens, Cubains parlent espagnol = Les Mexicains, les Argentins, les Colombiens, les Cubains parlent espagnol. C’est aussi le cas dans certaines expressions avec préposition + tout : de toute façon (de toutes les façons), de tout côté (de tous les côtés). L’absence d’article peut provenir de l’usage. Internet à l’origine avait un article (comme en anglais d’où vient de terme : the Internet), dans l’usage courant, la majuscule a été gardée mais l’article supprimé (être sur Internet, le développement d’Internet, se connecter à Internet), sans doute parce qu’utilisé comme un nom de média : Canal Plus, France Inter, Arte

16 Certains cas de suppression de l’article sont rarement pris en compte par les grammaires et les manuels : avec le vocatif, l’injonction et les titres (presse, littérature, peinture, musique). Plus que de FLE (français langue étrangère) à fonction communicative ou actionnelle, il s’agirait de FOU (français sur objectifs universitaires). Le public de cette discipline étant régulièrement confronté à des écrits (de spécialité ou culturels), il ne semble pas inapproprié de les familiariser avec ces types d’absence d’articles qu’ils sont susceptibles de rencontrer fréquemment. De plus, l’étudiant non-francophone pourra utiliser cette connaissance (particulièrement la présence ou l’absence d’articles dans les titres) dans ses travaux universitaires ou scolaires : exposé, essai, article, mémoire, etc.

2. ABSENCE D’ARTICLE ET VOCATIF

17 Le vocatif est un cas grammatical qui exprime l’interpellation. Il se trouve en latin, en roumain et dans quelques langues slaves (bulgare, tchèque, polonais…). En français, langue sans déclinaison, ce cas n’existe pas (le terme consacré est apostrophe) mais il peut être rendu par l’omission de l’article. Ce qui se remarque dans l’adresse, l’interpellation avec des termes de politesse (monsieur, madame, mademoiselle, mais aussi jeune homme) ou d’autres termes liés à la profession : Docteur, Professeur[10], Maître (avocat, chef d’orchestre, artistes…), etc. Ces termes, plutôt des titres, sont rarement des noms de métiers. Certes, on peut utiliser Garçon pour un garçon de café, Maître d’hôtel ou Chauffeur (de taxi) [11], mais il serait malséant (ou archaïque) de saluer des catégories professionnelles par : bonjour garagiste, au revoir boulangère[12], bonsoir dentiste, etc. L’armée et l’Église utilisent souvent le vocatif avec l’adjectif possessif : Père, Mère, Frère/Mon père, Ma mère, Mon frère (religieux) ; Général, Colonel, Commandant/Mon général, Mon Colonel, Mon commandant[13]. Et aussi les titres de noblesse (entre aristocrates, sinon il faut faire précéder de monsieur, madame) : Duc, Comte, Marquis, Marquise, etc. : À moi, comte, deux mots (Corneille), Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour (Molière). Tout va très bien, madame la marquise (chanson des années trente). Et encore Dieu et ses saints : Seigneur, prends pitié ; Saint Antoine, priez pour nous. La famille n’est pas absente, mais souvent en diminutif : Papa, Maman (plus rarement Père, Mère), Grand-père, Grand-mère, Tonton, Tata[14], Frérot, Sœurette.

18 En dehors de ces « titres » (professionnels, familiaux…), le vocatif (ou l’apostrophe) concerne généralement des humains, à l’oral comme à l’écrit et sous des plumes diverses : Homme libre, toujours tu chériras la mer (Baudelaire), Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? (Mathieu, 14, 22-23), Femme nue, femme noire (Senghor), Femmes, je vous aime (Julien Clerc), Femmes, pourquoi pleurez-vous ? (Jean 20, 11-18), Et demain matin, petit garçon, tu trouveras dans tes chaussons (Graeme Allwright), Petite fille de ma rue (Michel Polnareff), Frères humains, qui après nous vivez (Villon), Frère Jacques, dormez-vous ? (comptine enfantine), Allons enfants de la patrie… (La Marseillaise), Enfants de tous pays, tendez vos mains meurtries (Enrico Macias), Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur la plaine ? (Le chant des partisans), Chevaliers de la table ronde, goûtons voir si le vin est bon (chanson à boire), Tremblez, tyrans ! (La Marseillaise), Prolétaires de tous les pays, unissez-vous (Marx), Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère (Baudelaire), etc.

19 Certains linguistes, dans le cas d’apostrophes, voient dans l’opposition article/absence d’article une « différence de niveau de langue » :

20

L’apostrophe actualise le substantif puisque, par elle, s’établit immédiatement le rapport à une situation concrète. Dans ce cas, pour les substantifs évoquant des animés, l’opposition ARTICLE/PAS D’ARTICLE correspond à une différence de niveau de langue : L’ami ! Eh ! La Jeanne ! (Pinchon et Wagner, 1967/1991 : 98)

21 Le vocatif peut concerner aussi des animaux (personnifiant des humains ou non [15]), le temps, un lieu, un objet, voire une idée abstraite : Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix (prière), Biche, ô ma biche, lorsque tu soulignes, au crayon noir tes jolis yeux (Frank Alamo), Coucou hibou/Cerf, cerf, ouvre-moi… (comptines enfantines), Ô temps, suspends ton vol, et vous, heures propices… (Lamartine), France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? (Jean-Paul II), Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille (Racine), Bergère, Ô tour Eiffel, le troupeau des ponts bêle ce matin (Apollinaire), Amour sacré de la patrie, soutiens nos bras vengeurs / Liberté, liberté chérie ! Combats avec tes défenseurs (La Marseillaise), Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté (Éluard), Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom (Madame Roland), Bonjour, tristesse (Sagan), etc.

22 Cependant, l’absence d’article (en cas de vocatif ou d’apostrophe) n’est pas systématique. L’article peut apparaître lorsqu’il y a un pronom tonique comme toi ou vous. C’est alors le pronom qui porte la valeur de l’apostrophe (inutile de supprimer l’article) [16] : Toi l’Auvergnat (Brassens), Toi le frère que je n’ai jamais eu (Maxime Le Forestier), Vous les femmes (Julio Iglesias), Vous les copains, je ne vous oublierai jamais (Sheila). Ce phénomène peut aussi se retrouver derrière des formules de politesse ou de salutation : Au revoir, les enfants (film de Louis Malle), Salut l’ami, adieu le trésor (film italien), Salut l’artiste (film français), Bonjour les amis (chanson), Debout les morts (Fred Vargas), etc. Cependant, si l’expression suit le vocatif, l’article peut être omis : Amis de la poésie, bonsoir (Le club des poètes). Parfois dans certains slogans ou mots d’ordre politiques, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un nous ou d’un vous : Ouvriers, paysans, étudiants, chômeurs, retraités, même combat. Mais ne s’agit-il pas dans ce cas d’injonction ?

23 Certaines phrases nominales sans articles peuvent servir d’injonctions, sortes de phrases à valeur impérative [17]. En voici quelques-unes : Paix au Vietnam (en Irak, en Afghanistan, dans le monde, etc.), Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, Mort aux tyrans, aux traîtres, Halte au feu, Feu à volonté, Guerre à la guerre (au racisme, au tabac), Stop aux mensonges, Silence dans les rangs, Trêve de plaisanterie, Branle-bas de combat, Gloire à Dieu, Louange à toi, Seigneur Jésus, Honneur aux dames, Malheurs aux vaincus, Honte à toi, Pitié pour les femmes (titre d’un ouvrage de Montherlant), Longue vie au roi, à l’empereur, etc. Un seul substantif peut suffire (Silence ! Stop !) [18]. Plus fréquentes sont les injonctions de la vie quotidienne : pièce d’identité, s’il vous plaît ; passeport, billet, suivant, etc. Dans le cas d’un seul substantif, l’absence ou l’ajout de l’article peut changer la sémantique : Paix, les enfants (plus de querelles), La paix, les enfants (faites silence).

24 Plus difficilement classables sont les jurons. Certains participent des insultes comme putain (insulte ou juron selon le contexte). D’autres n’ont pas de fonction vocative, plutôt une fonction expressive, comme Bordel ! Merde ! Punaise ! Purée ! Sapristi ! etc. Ils sont généralement sans article. Mais comme avec l’injonction, la présence ou l’absence d’article peut changer le sens : Con ! (insulte, variantes : Espèce de con !, Sale con !), Ah le con ! (appréciation négative de l’action ou du comportement de quelqu’un), Bordel ! (juron), Le bordel ! (devant une situation chaotique ou un grand désordre).

3. LES TITRES

25 Dans la presse, les titres (souvent des phrases nominales), peuvent se trouver avec ou sans articles : Augmentation prochaine des impôts, Chômage en hausse, Déraillement d’un train, Gel des négociations, Chine : ouverture économique, Explosion et incendies, Catastrophes climatiques : non au fatalisme, Alerte à la cocaïne, etc. Mais aussi : L’horreur d’un lynchage à Madagascar, L’écotaxe, catalyseur du déclassement, Le modèle allemand chahuté, Le savon de Marseille sauvé, etc. Variantes stylistiques ? Si le substantif est suivi d’un complément de nom (Gel des négociations, déraillement d’un train) ou d’une construction prépositionnelle (Alerte à la cocaïne), il y a souvent absence d’article. Dans le cas d’attribut ou d’apposition, l’article est souvent maintenu (l’écotaxe, catalyseur du déclassement ; le modèle allemand chahuté ; le savon de Marseille sauvé).

26 Parfois, absence ou présence de l’article ne change pas le sens : L’horreur d’un lynchage à Madagascar/Horreur d’un lynchage à Madagascar. Mais quelquefois, l’article défini peut insister sur le caractère unique : La journée contre le racisme (il n’y en a qu’une par an) Journée contre la réforme scolaire (il peut y en avoir beaucoup). Dans le premier cas, on peut imaginer l’absence d’article (Journée contre le racisme), mais pas la présence d’article dans le second, ou alors ce serait institutionnaliser cette journée. L’absence d’article peut s’opposer à la présence d’article pluriel : Les nouvelles armes contre le cancer du sein n’a pas le même sens que Nouvelles armes contre le cancer du sein. Dans le premier cas, il s’agit d’une présentation de toutes les nouvelles armes contre le cancer du sein (les armes), dans le second de quelques armes (des armes). L’article indéfini apparaît rarement dans les titres de la presse écrite ou des informations : Un iceberg de la taille de Manhattan à la dérive, Un prêtre français enlevé dans le nord du Cameroun[19]. Les titres se retrouvent aussi en littérature, peinture et musique [20].

3. 1. Littérature : essai de classification

27 En littérature, si le titre comporte le genre littéraire (Chroniques, Conte, Essai, Fable, Histoire, Lettres, Mémoires, Pensées, Poème, Poésie, Sonnet, etc.), il n’y a pas d’article : Chroniques italiennes (Stendhal), Chronique des Pasquier (Duhamel), Contes cruels (Villiers de l’Isle-Adam), Contes fantastiques (Gautier), Essais (Montaigne), Fables (La Fontaine), Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (Abbé Prévost), Histoire de Charles XII de Suède (Voltaire), Lettres choisies (Madame de Sévigné), Lettres persanes (Montesquieu), Lettres de mon moulin (Daudet), Mémoires d’outre-tombe (Chateaubriand), Mémoires d’espoir (de Gaulle), Mémoires d’Hadrien (Marguerite Yourcenar), Oraisons funèbres (Bossuet), Pensées (Pascal), Poèmes saturniens (Verlaine), Poésie (Mallarmé, Musset, Rimbaud), Satires (Boileau), Sonnets pour Hélène (Ronsard), etc.

28 Les titres composés de noms ou de prénoms n’ont pas d’articles non plus, par exemple : Adolphe (Benjamin Constant), Bérénice (Racine), Candide (Voltaire), Eugénie Grandet (Balzac) [21]. Les surnoms peuvent ne pas avoir d’article : Bel-Ami, Boule de suif (Maupassant), Poil de carotte (Jules Renard), Gros-Câlin (Émile Ajar). Lorsque le nom, ou le prénom [22], est précédé d’un adjectif ou d’une présentation, il y a alors un article : La petite Fadette (Sand), Le grand Meaulnes (Alain-Fournier), Le cousin Pons, La cousine Bette, Le père Goriot (Balzac), etc. Mais aussi s’il s’agit d’une famille : Les Thibaud (Martin du Gard). Les quelques titres avec des vocatifs n’ont pas d’article : Garçon, un bock (Maupassant), Mort, où est ta victoire ? (Daniel Rops).

29 Lorsqu’il s’agit d’un personnage, d’un événement précis, d’une époque ou d’un endroit unique, il faut l’article défini : Le colonel Chabert (Balzac), La princesse de Clèves (Mme de la Fayette), Le Cid (Corneille), Le comte de Monte Christo (Dumas) [23], La chartreuse de Parme (Stendhal), La Vénus d’Ille (Mérimée), Le mariage de Figaro (Beaumarchais), La tentation de saint Antoine (Flaubert), La mort du loup (Vigny), La légende des siècles, Notre-Dame de Paris (Hugo), La débâcle (Zola), La maison Tellier (Maupassant), La mare au diable (Sand), etc. Plus rarement intervient l’article indéfini : Une vie (Maupassant), Un roi sans divertissement (Giono), Une saison en enfer (Rimbaud).

30 Dans beaucoup d’autres cas, l’absence de l’article semble stylistique. C’est le cas lorsque le titre comporte deux substantifs (ou plus) [24] reliés par et : Grandeur et décadence de César Birotteau (Balzac), Comédies et proverbes (Musset), Servitude et grandeurs militaires (Vigny), Belluaires et porchers (Léon Bloy), Bâtons, chiffres et lettres (Queneau), Stupeur et tremblements(Amélie Nothomb), etc., sans pour autant être systématique : Les plaisirs et les jours (Proust). Mais pourquoi Souvenirs d’un étudiant pauvre (Vallès) plutôt que Les souvenirs d’un étudiant pauvre ? Fénelon écrivit Les Aventures de Télémaque et Daudet Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. De même, Colette écrivit Dialogues de bêtes et Bernanos Le dialogue des carmélites. Il y a Les Confessions de Rousseau et Confessions de Saint Augustin (titre original en latin, langue sans article : Confessiones). Quant à l’ouvrage de Musset, il apparaît selon les éditions sous la forme Confession d’un enfant du siècle ou La confession d’un enfant du siècle[25].

31 La traduction reprend souvent les règles ou les tendances françaises. Ainsi Wuthering Heights (Emily Brontë) devient Les Hauts de Hurlevent (lieu précis), Buddenbrooks (Thomas Mann) Les Buddenbrook (article devant famille), et le roman picaresque El Lazarillo de Tormes, Lazarillo de Tormes (pas d’article devant nom ou prénom). Ceci est encore plus perceptible dans les traductions du russe, langue qui ne possède pas d’article : Les frères Karamazof, Les possédés (Dostoïevski), Les âmes mortes (Gogol), mais Humiliés et offensés (Dostoïevski) et Guerre et Paix (Tolstoï). Bien que Tolstoï ait lui-même traduit son roman en français La Guerre et la Paix, l’éditeur français préféra comme titre Guerre et Paix, plus proche des canons français.

3. 2. Peinture

32 Comme pour la littérature, il n’y a pas d’article devant le genre de peinture : Portrait, Autoportrait, Étude, Composition, Nature morte, Paysage, Vue… : Portrait de Victor Chocquet (Cézanne), Portrait de Baudelaire (Courbet), Portrait de l’Artiste (Courbet, Degas), Autoportrait (Caillebotte, Cézanne, Corot, Fragonard, Gauguin, Renoir, etc.), Étude de chevaux (Delacroix), Composition au papillon (Picasso), Nature morte au melon vert (Cézanne), Nature morte au pichet (Matisse), Nature morte aux œufs (Monet), Paysage aux deux nymphes (Poussin), Vue des toits (Caillebotte), etc. Pas d’article non plus si le début du titre est un nom (prénom) : Madeleine au désert (Delacroix), Pierrot ou Gilles (Watteau), Bonaparte, Premier Consul (Ingres), Jane Avril (Toulouse-Lautrec), etc. Ou encore, toujours comme en littérature, lorsque le titre comporte deux substantifs : Pommes et biscuits (Cézanne), Raisin et Grenade (Chardin).

33 Dans le cas d’événements mythologiques, religieux, historiques, il faut généralement l’article [26] : La Mort de Socrate, Le Serment du jeu de paume, Le Sacre de Napoléon (David), La Liberté guidant le peuple (Delacroix), L’enlèvement des Sabines, Le Massacre des innocents (Poussin), etc. Il faut aussi un article lorsqu’il s’agit d’un lieu ou d’un moment précis, de quelque chose de particulier : L’Orchestre de l’Opéra (Degas), Le verrou (Fragonard), Le radeau de la méduse (Géricault), Le port de Trouville (Monet), L’Angélus (Millet), etc.

34 Sinon, la présence ou l’absence d’article peut paraître non motivée, que ce soit pour des femmes, des hommes, des activités, des nourritures et végétaux, des lieux…

35

  • Femme à la guitare, La Femme (Braque), Vieille femme au rosaire (Cézanne), La Femme à la perle, Femme avec des marguerites (Corot), Danseuses bleues, Femme au chrysanthème (Degas), Femmes d’Alger (Delacroix), Jeune fille aux petits chiens, La Liseuse (Fragonard), Femme à Arles (Gauguin), La grande Odalisque (Ingres), Les glaneuses, Bergère avec son troupeau (Millet), Femmes au jardin (Monet), Les demoiselles d’Avignon (Picasso), Femme enfilant ses bas (Toulouse-Lautrec), etc.
  • Le fumeur, Les joueurs de cartes (Cézanne), Lutteurs (Courbet), Chasseur de la garde (Géricault), Famille de paysan (Le Nain), etc.
  • Bénédicité (Chardin), Le Bain Turc (Ingres), Le déjeuner sur l’herbe (Manet), La Promenade (Millet), La Moisson (Pissaro), Bal du moulin de la Galette, Le déjeuner des canotiers (Renoir), Bal au moulin rouge (Toulouse-Lautrec), etc.
  • La brioche (Chardin), L’absinthe (Degas), Arbres bleus (Gauguin), Pivoines blanches, Bouquet de lilas, La prune (Manet), etc.
  • Le Calvaire breton (Gauguin), Terrasse à Sainte-Adresse (Monet), Usine près de Pontoise (Pissaro), etc.

36 On serait parfois tenté de voir dans la présence de l’article défini un symbolisme ou une personnification La Femme, L’absinthe et dans l’absence de l’article, l’absence de l’article indéfini : (Un) Chasseur de la garde, (Une) Famille de paysans, (Des) Femmes d’Alger ; en effet, l’article indéfini est rarement utilisé dans les titres de peinture : Un enterrement à Ornans (Courbet). Mais pourquoi, par exemple chez Manet, Pivoines blanches, Bouquet de lilas mais La prune ? Comment classer La Blanchisseuse (Toulouse-Lautrec, Chardin et Daumier), Les Blanchisseuses (Fragonard), Blanchisseuses souffrant des dents (Degas), Repasseuses (Degas), La repasseuse (Picasso) ?

37 Comme l’éditeur de Tolstoï, certains marchands de tableaux baptisent ou rebaptisent les toiles :

38

Souvenez-vous de la peinture Les Toits, de Nicolas de Staël. Lorsqu’il montre la toile à son marchand, en 1952, son titre est Ciel de Dieppe. Or, voilà que ça déplaît au marchand, qui lui propose Les Toits, plus vendeur, avec l’avantage de renvoyer à une toile célèbre de Van Gogh. Ce titre, qui semble simplement descriptif, n’est en fait qu’illusion. C’est une sorte de canular et pourtant, Les Toits est l’un des plus célèbres tableaux de Nicolas de Staël. Ajoutez à cela que le public perçoit réellement des toits sur la toile ! (Encrevé, 2013 : 38) [27]

39 Dans les traductions, il peut y avoir maintien ou suppression de l’article comme dans le titre original : La noce paysanne (De boerenbruiloft, Bruegel l’Ancien), Les désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, Goya), La ronde de nuit (De nachtwacht, Rembrandt), La laitière (De melkmeid, Vermeer), La Cène (L’Ultima Cena, Vinci), Tempête de neige (Snow Storm,Turner), … Mais aussi symbolisation avec l’ajout en traduction de l’article défini : Le Printemps (Primavera, Botticelli), Le carnaval d’Arlequin (Carnaval d’Arlequí, Miró), Le cri (Skrik, Munch), La jeune fille à la perle (Meisje met de parel, Vermeer), La jeune fille et la mort (Tod und Mädchen, Schiele) ; Les quatre cavaliers de l’Apocalypse (Apokalyptische Richter, Dürer) [28].

40 Dans le cas de la peinture italienne, la traduction française comporte souvent l’article défini lorsqu’il s’agit d’un événement mythologique ou religieux, contrairement à l’original [29] : La naissance de Vénus (Nascita di Venere, Botticelli), La résurrection de Lazarre (Resurrezione di Lazzaro, Le Caravage) [30], La création d’Adam (Creazione di Adamo, Michel-Ange), Le Jugement dernier (Guidizio universale, Michel-Ange), La transfiguration (Trasfigurazione, Raphaël), Les Noces de Cana (Nozze di Cana, Véronèse), etc. Pour les langues sans articles, comme le russe, l’article peut apparaître : La charge de la cavalerie rouge (Malevitch), mais du même auteur : Carré noir sur fond blanc (traduction de Blanc sur blanc).

3. 3. Musique

41 Les titres d’œuvres musicales suivent plus ou moins les mêmes règles qu’en littérature et en peinture :

42

  • Pas d’article devant le genre de composition : Nocturne, Sonate, Symphonie, Quatuor, Fantaisies, Requiem, Trio, Concerto, etc.
  • Pas d’article lorsque le titre comporte deux substantifs : Poètes et paysans (Franz von Suppé).
  • Article défini s’il s’agit d’un lieu, d’un personnage ou d’un événement précis : La damnation de Faust (Berlioz), l’Arlésienne (Bizet), La vie Parisienne (Offenbach), Les Indes Galantes (Rameau), etc.
  • Avec ou sans article (rarement article indéfini) dans les autres cas : La mer (Debussy), Réveil des oiseaux, Un vitrail et des oiseaux (Messiaen), Le bœuf sur le toit (Milhaud), Dialogue des carmélites (Poulenc), Boléro (Ravel), Danse macabre (Saint-Saëns)… Comme pour la peinture et la littérature, faut-il y voir une symbolisation avec l’article défini (La mer) et une absence d’article indéfini (Danse macabre) ?

43 Les traductions sont souvent fidèles (même s’il s’agit d’article indéfini) : Eine kleine Nachtmusik (Une petite musique de nuit), Die Forelle (La truite), La gazza ladra (La pie voleuse), Le quadra stagioni (Les quatre saisons), etc. Il peut y avoir adaptation avec ajout d’article : La Lettre à Elise/Für Elise. Dans la traduction des œuvres russes, il y a fréquemment ajout de l’article : L’oiseau de feu, Le sacre du printemps (Stravinsky), Le lac des cygnes (Tchaïkovski), et même d’article indéfini : Une nuit sur le mont chauve (Moussorgski).

CONCLUSION

44 Beaucoup de cas d’omission de l’article sont répertoriés dans les manuels ou les grammaires de français langue étrangère. Mais il manque souvent une étude des occurrences qui préciserait les conditions de la présence ou non de l’article. L’absence de l’article est la marque pertinente de l’apostrophe, du vocatif et de l’injonction. Mais cette absence ne se justifie pas si un autre terme de l’énoncé assume cette fonction (toi, vous, salut, bonjour). En ce qui concerne les titres, on remarque des constantes :

45

  • Genre de l’ouvrage (pas d’article) : Essais, Poésie, Portrait, Paysages, Symphonie, Concerto…
  • Pas d’article si deux substantifs sont reliés par et : Grandeur et décadence, Pommes et biscuits, Poètes et Paysans
  • Article s’il s’agit de quelqu’un ou de quelque chose de particulier : La princesse de Clèves, La tentation de Saint Antoine, La Liberté guidant le peuple, Le sacre de Napoléon, L’Arlésienne, La Damnation de Faust
  • Variantes stylistiques : Les Aventures de Télémaque/Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon ; La Repasseuse/Repasseuses avec parfois accentuation sur la personnification avec l’article défini : La Femme, La Mer…

46 Toutes ces informations devraient permettre à l’étudiant non-francophone de mieux maîtriser l’absence d’article, de saisir les nuances ainsi que les différences sémantiques dues à la présence ou l’absence d’un article tant dans des situations de communication que dans un contexte culturel.

Références bibliographiques

  • BUVET, P.-A. 2009. « Détermination prédicative et article zéro ». Synergie Tunisie n° 1, 2009, p. 145-148.
  • CHOLLET, I., ROBERT, J.-M. 2009. Précis de grammaire. Paris : CLE International.
  • ENCREVÉ, P. 2013. « Pourquoi des titres », dans Vayssières, Z. (éd.), Le titre dans tous ses états. Paris : Archibooks, p. 36-41.
  • GREVISSE, M. 1969. Précis de grammaire française. Paris : Duculot (28e édition).
  • MAINGUENEAU, D. 2007. La syntaxe du français, n° 29. Paris : Hachette (2e édition).
  • PINCHON, J., WAGNER, R.L. 1967/1991. Grammaire du français classique et moderne. Paris : Hachette.
  • POISSON-QUINTON, S., MIMRAN, R., MAHÉO-LE COALIC, M. 2002. Grammaire expliquée du français. Paris : CLE International.
  • ROBERT, J.-M. 2002. Difficultés du français. Paris : Hachette.

Date de mise en ligne : 22/11/2016

https://doi.org/10.3917/ela.182.0139

Notes

  • [1]
    Auxquels Grevisse ajoute trois autres cas mineurs : l’infinitif de narration (et flatteurs d’applaudir), souvent derrière soit, tant… que, ni… ni (Soit instinct, soit expérience ; ni Dieu ni maître), dans les annonces, les titres, les adresses… (Maison à vendre, Précis d’Arithmétique, rue du commerce).
  • [2]
    Prudence est mère de sûreté, Abondance de biens ne nuit pas, Patience et longueur de temps font plus que force et que rage, Pauvreté n’est pas vice, etc.
  • [3]
    Voir par exemple Poisson-Quinton, Mimran, Maheo-Le Coalic (2002) ; Chollet, Robert (2009).
  • [4]
    Et aussi disparition de l’article avec la préposition de devant négation ou avec des déterminants de quantité : ne pas avoir de voiture, avoir beaucoup de copains.
  • [5]
    Voir Robert (2002, 42-43).
  • [6]
    Mais l’histoire de France. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un nom composé (une matière scolaire).
  • [7]
    Sauf quelques exceptions : Le Corbusier, La Fontaine, Le Havre, La Rochelle, etc.
  • [8]
    Et aussi Israël.
  • [9]
    Tout comme dans les cas de synthèmes (où il ne s’agit pas d’article zéro) : l’hôtel de ville n’est pas l’hôtel de la ville, et une pomme de terre d’Islande n’est pas de même nature qu’une pomme de la terre d’Islande.
  • [10]
    Particulièrement en médecine.
  • [11]
    « Chauffeur, à la gare de Lyon », chanson de Barbara.
  • [12]
    Sauf dans des romans de Marcel Pagnol : « Comment vas-tu, boulanger ? »
  • [13]
    Contrairement à l’Église, il ne s’agit pas d’une variante libre. Un soldat ou un officier inférieur en grade dira Mon général, Mon colonel, mon commandant, etc. Mais un officier supérieur en grade dira Colonel, commandant, capitaine, etc. Le mon n’est pas un adjectif possessif mais l’abréviation de monsieur. C’est ce qui explique que les femmes officiers soient appelées général, colonel, commandant, capitaine, etc.
  • [14]
    Sinon il faut un possessif : Mon oncle, Ma tante, ou l’ajout du prénom : Oncle Bernard, Tante Berthe.
  • [15]
    Lorsque l’animal personnifie un humain, il peut fréquemment être utilisé comme apostrophe (ou vocatif) : Meurs, chien ! Vipère ! Cochon ! Dans ces derniers cas, il s’agit d’insultes. Les insultes sont généralement sans article : Bouffon ! Cornichon ! Patate ! etc.
  • [16]
    Toi, l’imbécile, tais-toi vs Tais-toi, imbécile. Mais si un adjectif accompagne le substantif, l’article est généralement supprimé : Toi, triste imbécile / grand imbécile, tais-toi.
  • [17]
    Mais aussi de souhait ou d’appréciation : Bonne idée, Excellent travail, Bonne soirée, Bon courage, bon vent, bonne chance, bonnes vacances, mauvaise pioche, etc. Et aussi de salutation : Serviteur, Monsieur.
  • [18]
    Il peut aussi s’agir d’une sorte d’interjection : Malédiction !, Enfer et damnation !, Misère !, Trahison !, Victoire !, Horreur !, etc.
  • [19]
    Dans le cas de ce prêtre français, le lendemain de cet enlèvement, le quotidien 20 minutes titrait : Prêtre français enlevé au Cameroun : les ravisseurs ont abandonné 300 munitions. S’il y avait article, ce serait Le et non Un.
  • [20]
    Mais aussi pour les titres de films, de sculptures, de photos, de chansons, d’ouvrages scientifiques, etc.
  • [21]
    Et aussi Carmen (Mérimée), Cyrano de Bergerac (Rostand), Thérèse Desqueyroux (Mauriac), Don Juan (Molière), François le champi (Sand), Jacques le fataliste (Diderot), Justine ou les malheurs de la vertu (Sade), Lorenzaccio (Musset), Pantagruel (Rabelais), René (Chateaubriand), Ruy Blas (Hugo), Thérèse Raquin (Zola), Ubu roi (Jarry), etc.
  • [22]
    Voire le surnom : Le petit chose (Alphonse Daudet).
  • [23]
    Ce qui est à rapprocher du père Goriot et du cousin Pons.
  • [24]
    Mais Le rouge et le noir (Stendhal).
  • [25]
    Les titres des films tirés de cet ouvrage ont les deux variantes : La confession d’un enfant du siècle (1974) et Confession d’un enfant du siècle (2012).
  • [26]
    À moins que cet événement ne soit pas unique : Combat de Mars contre Minerve (David).
  • [27]
    L’image paraît également dans Encrevé (2013).
  • [28]
    Même si, plus rarement, l’inverse existe aussi : Leçon d’anatomie du docteur Tulp (De anatomische les van Dr. Nicolaes Tulp, Rembrandt).
  • [29]
    Mis à part L’Ultima Cena de léonard de Vinci.
  • [30]
    Mais Crucifiement de Saint Pierre (Crocifissione di san Pietro, Le Caravage).

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