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Article de revue

La dimension culturelle de l'exemple dans le dictionnaire bilingue : le cas du Dictionnaire français-kabyle (1902-1903)

Pages 227 à 239

Notes

  • [1]
    La Kabylie est une région berbérophone située au Nord de l’Algérie, à l’Est d’Alger.
  • [2]
    Ce prix est décerné par l’Institut de France aux ouvrages qui contribuent au progrès de la philologie comparée.
English version

1. INTRODUCTION

1Notre propos prend place dans le cadre de l’histoire culturelle des dictionnaires. Nous nous proposons d’étudier la dimension culturelle de l’exemple dans le dictionnaire bilingue de la période coloniale française en Algérie. Nous traiterons plus particulièrement du cas du Dictionnaire français-kabyle (1902-1903) du Père Gustave Huyghe.

2 L’heureuse formule de Pierre Larousse, calquée sur celle de Voltaire, « un dictionnaire sans exemples est un squelette », témoigne de la large place accordée dans les dictionnaires de langue aux énoncés illustratifs. La fonction principale de l’exemple est de fournir des informations sur le mot-entrée, sur ses constructions syntaxiques, sur sa sémantique, par le biais des collocations, et même des renseignements culturels dans la mesure où il témoigne des pratiques d’une époque (Lehmann, 1995a : 122). À ce propos, si nous éprouvons beaucoup de plaisir à parcourir les dictionnaires bilingues anciens, c’est parce qu’ils nous font découvrir un monde enfoui et ouvrent devant nous des fenêtres d’observation sur les rapports interculturels.

3 La période de la colonisation française en Algérie a vu paraître de nombreux dictionnaires bilingues souvent tournés vers l’utilité immédiate. Par exemple, le Dictionnaire français-kabyle du Père Gustave Huyghe a été rédigé à des fins d’évangélisation. L’auteur a introduit dans son ouvrage plus de 4000 exemples et expressions à teneur culturelle. La part qu’il fait à la culture dans les énoncés-exemples est prépondérante.

4 Compte tenu du caractère oral de la langue kabyle, les exemples présentés par Huyghe sont tous forgés (énoncés non signés) et sont donc empreints d’une réalité sociale. De ce fait, ils présentent un intérêt particulier parce qu’ils constituent un reflet crédible des cultures qui se trouvent confrontées. En effet, comme le souligne Josette Rey-Debove (1971 : 273), les exemples « dévoilent la société vue par le lexicographe, non pas dans une vue toute personnelle […] mais dans un type d’évocation préférentiel ».

5 Nous aborderons la dimension culturelle de l’exemple dans le dictionnaire bilingue du Père Huyghe à travers les questions suivantes : quelle image présente-t-on de la colonie et de ses habitants ? Quels jugements de valeur véhicule-t-on sur les indigènes ? Les pratiques culturelles en milieu kabyle sont-elles décrites ? Quelles croyances ou erreurs sont stigmatisées ? Rencontrons-nous des énoncés-exemples opposant les Arabes aux Kabyles ? Évoquent-ils la condition de la femme dans la société kabyle ?

2. CONTEXTE HISTORIQUE

6 Avant tout, il convient de rappeler brièvement le contexte d’émergence du Dictionnaire français-kabyle du Père Huyghe pour mieux comprendre les données du contenu culturel et idéologique. Gustave Huyghe est né en 1861 dans la commune de Morbecque, située dans le département du Nord. En 1868, soit trente-huit ans après la prise d’Alger, le cardinal Charles Lavigerie fonde la Société des Missionnaires d’Afrique et choisit rapidement la Kabylie [1] comme terrain privilégié de l’action missionnaire. En 1884, à l’âge de vingt-trois ans, Gustave Huyghe est ordonné prêtre et décide de servir dans la Société des Missionnaires d’Afrique. Il sera envoyé la même année auprès de ses confrères de Kabylie où il montre un zèle ardent pour l’étude de la langue kabyle. En 1896, il fait paraître le Dictionnaire kabyle-français, ouvrage lithographié, avant de lui donner une version imprimée en 1901. Rapidement, Huyghe donne la contrepartie de son premier ouvrage en publiant le Dictionnaire français-kabyle (1902-1903) à Malines, en Belgique, chez Godenne. Il sera récompensé pour cet ouvrage par le prix Volney [2] en 1904.

7 L’objet d’étude du Dictionnaire français-kabyle est la description de la langue kabyle parlée dans la Haute-Kabylie qui, rappelons-le, présente des variations de tribu à tribu et de village à village. Cet ouvrage de 890 pages contient une nomenclature étendue et très détaillée, riche de plus de 15000 entrées. L’auteur a accordé le plus grand soin aux énoncés illustratifs, même pour rendre compte de leur fonctionnement en discours. À ce propos, il s’exprime ainsi dans sa préface :

8

chaque fois que cela m’a paru utile, j’ai donné des exemples dans une forme simple, mais rigoureusement conforme aux règles de la grammaire. Ils se comptent par milliers dans le cours de l’ouvrage. […] J’ai donc fait suivre les exemples ordinaires, d’un bon nombre de tournures et d’expressions qui diffèrent totalement des nôtres quant à la forme. Ces expressions et ces tournures ne sont évidemment pas les seules qui puissent être employées ; elles aussi serviront de modèles pour la construction de phrases analogues. (Huyghe, 1902-1903 : IX-X)

9 Ainsi, comme le montre si bien cet extrait, la fonction première de l’exemple est de donner des informations linguistiques sur les unités lexicales décrites. Cependant, au niveau « mondain », ces mêmes énoncés se prêtent à une autre lecture car ils fournissent des renseignements sur le monde. Sous cet angle, leur composante culturelle paraît comme le revers de l’information linguistique mais, il faut le souligner, tous les exemples ne se font pas nécessairement porteurs d’une valeur culturelle.

3. FORME DES EXEMPLES

10 Les exemples dans le Dictionnaire français-kabyle sont quasiment tous signalés par la métalangue « Ex. », ce qui permet de les distinguer des autres énoncés illustratifs (locutions, expressions, proverbes, etc.). Comme il s’agit d’un dictionnaire de traduction, l’auteur mentionne d’abord l’exemple en français puis le fait suivre de sa traduction en kabyle. À cet effet, la taille des exemples est variable et l’auteur en propose parfois plusieurs dans le même article. De ce fait, l’exemple dans le dictionnaire de Huyghe n’est pas un « luxe confortable » mais une séquence discursive doublement fonctionnelle. Par ailleurs, il faut signaler que ces énoncés ne figurent pas à une place déterminée dans le corps de l’article mais peuvent apparaître à des endroits différents. Autrement dit, les données du programme microstructurel ne sont pas organisées d’une manière systématique.

11 L’observation des exemples retenus dans l’ouvrage permet de révéler les thèmes préférentiels du lexicographe. Comme il s’agit essentiellement d’exemples forgés, il est aisé de mettre en évidence les clichés culturels, les lieux communs et le parti pris idéologique du lexicographe.

4. DIMENSION CULTURELLE DE L’EXEMPLE

12 Nous aborderons ici la dimension culturelle de l’exemple à travers des thématiques récurrentes relevant de la vie quotidienne, des relations interpersonnelles, des valeurs, des croyances, des rituels, etc. En d’autres termes, l’ensemble des traditions, des habitudes de vie et des valeurs propres à la société kabyle du début du XXe siècle.

4. 1. Vie quotidienne

13 Étant donné que le missionnaire-lexicographe s’était installé au milieu de la population kabyle, il était plus aisé pour lui d’observer, de comprendre avant de s’attacher à la description de quelques aspects de la vie collective. En effet, Huyghe nous offre à travers plusieurs exemples un tableau illustrant les réalités de la vie quotidienne. Observons quelques exemples :

amonceler, Ex. : il est parti amonceler le blé dans la chambre, iru? ad-ijmâ ennâma.
ajourner, Ex. : le caïd a ajourné le marché à cause de la fête, isfuger elqaid essuq ala ?a?er lâid.
arracher, Ex. : le jardinier arrache les pierres de son jardin, ab?airi iqlâ id?a?en deg tib?irt-is.
burnous, Ex. : où as-tu acheté ce burnous ? anida tu?e? taclu?t agi ?
conduire, Ex. : cette maladie le conduisit aux portes de la mort, a?an agi isauo?-it i tizi lmu?.
dégât, Ex. : il a laissé son troupeau commettre des dégâts, ibra i lmal-is ?ef lem?erra.
industrie, Ex. : leur principale industrie, ce sont les jardins potagers, ecce?el-ensen amoqran d-tib?irin.
mettre, Ex. : le village mettra un impôt sur les maisons, taddart a-tebzer ?ef i?amen.
mortalité, Ex. : la mortalité est grande dans cette contrée, tâum elmu? di tmurt agi.
prendre, Ex. : je te prie de prendre ces quelques figues que je t’offre, ma ihda-k Rebbi a-taui? ?ra ini?man agi d-el?ir.
poudre, Ex. : veux-tu m’acheter un peu de poudre ? – Non, merci, je n’ai pas de fusil, teb?i? a-k-zenze? cuit n-seksu ? – Ala, ike??er ?ir-ek, ur sâi? ara ?ij?elt.
sur, Ex. : un lion est venu sur mon champ, ikcem izm tamurt-iu.
terrain, Ex. : un lion est venu sur mon terrain, ikcem izm tamurt-iu.

14 Ces exemples contiennent de précieux renseignements sur la communauté kabyle de la Haute Kabylie du début du XXe siècle. L’auteur décrit l’activité journalière des habitants : « il est parti amonceler le blé dans la chambre », « le jardinier arrache les pierres de son jardin », etc., la virulence des maladies « cette maladie le conduisit aux portes de la mort », « la mortalité est grande dans cette contrée », etc., les rapports interpersonnels « où as-tu acheté ce burnous ? », « veux-tu m’acheter un peu de poudre ? », « je te prie de prendre ces quelques figues que je t’offre », etc., l’organisation sociale « le caïd a ajourné le marché à cause de la fête », « le village mettra un impôt sur les maisons », etc., et même des témoignages sur les modifications de la faune relatifs à la disparition de certaines espèces animales comme le lion : « un lion est venu sur mon champ ». En effet, les derniers lions auraient été tués en Kabylie vers la fin du XIXe siècle, mais leur souvenir reste encore vif dans les mémoires et dans les récits oraux transmis de génération en génération. De ce point de vue, le dictionnaire de Huyghe constitue une mémoire écrite riche en informations culturelles permettant de reconstituer une image réelle de la vie quotidienne propre au milieu kabyle.

15 Le choix des exemples semble obéir au critère de fréquence d’usage de ces énoncés dans le discours. En effet, dans une langue à tradition orale comme le kabyle, l’auteur n’avait d’autre choix devant lui que de recueillir les énoncés-illustratifs de la bouche même des locuteurs natifs. Sur le plan linguistique, la traduction de l’énoncé français en kabyle permet de mettre en évidence les relations sémantiques et de présenter l’environnement syntaxique du mot-entrée et de son équivalent en langue cible.

16 Par ailleurs, les évènements relevant de la vie quotidienne ne sont pas les seuls retenus dans le dictionnaire, mais d’autres aspects de la société kabyle sont illustrés, notamment celui ayant trait aux valeurs partagées par les locuteurs algériens.

4. 2. Valeurs communes

17 Bon nombre d’exemples expriment, dans le Dictionnaire français-kabyle du Père Huyghe, un contenu culturel par le biais de lieux communs, de principes communément admis dans les cultures française et kabyle correspondant à une vision du monde partagée. Ces valeurs et ces représentations communes transcendent les seules communautés française et kabyle car elles relèvent de l’expérience de tous les peuples. Considérons quelques exemples :

apanage, Ex. : l’ignorance est l’apanage du paresseux, eljehel d-aila umâdu?.
contracter, Ex. : celui qui fréquente les gens vertueux contractera leurs vertus, uin itezzin d-iâr?iin, ad-iaui deg lâr?-ensen.
creuser, Ex. : celui qui creuse une fosse y tombera, uin iqazen tasraft ad-iu?el deg-s.
défaut, Ex. : la colère est un grand défaut, el?ecc d-lâib amoqran.
plaire, Ex. : l’homme ami de la justice plait [sic] à Dieu, bab el?aqq ilhu ?er Rebbi.
plutôt, Ex. : il vaut mieux pour toi de travailler plutôt que de ne rien faire, ?ir-ek lukan a-te?eddeme? uala a-?eqime?.
prérogative, Ex. : la parole est la prérogative de l’homme, leh?ur d-aila m-bunadem.
remède, Ex. : le travail est un remède à l’ennui, el?edma tetekkes elua?c.
temps, Ex. : le temps est un bon maître, ezzeman isahfed a?as.

18 Les exemples ci-dessous exposent un ensemble de principes et de règles devant régir les rapports interpersonnels dans la société. Certains exemples à contenu moralisateur tirent leur origine des sentences morales et religieuses destinées à servir de règles de vie dans les religions judéo-chrétiennes. C’est le cas, par exemple, des énoncés tels que « celui qui fréquente les gens vertueux contractera leurs vertus », « celui qui creuse une fosse y tombera », « l’homme ami de la justice plait [sic] à Dieu ». Quelques-unes de ces expressions, fruit de l’expérience humaine, sont entrées dans le langage courant et devenues des proverbes qui se rencontrent dans plusieurs cultures. D’autres exemples mettent en exergue l’expérience collective, interculturelle, à valeur généralement partagée, valable pour tous en tous temps et en tous lieux. Ainsi, les énoncés « la colère est un grand défaut », « la parole est la prérogative de l’homme », « le travail est un remède à l’ennui », « le temps est un bon maître », etc., sont des lieux communs découlant d’une morale largement partagée. Remarquons par ailleurs que le contenu de ces exemples entretient un rapport particulier avec l’entrée illustrée qui apparaît tantôt comme sujet tantôt comme prédicat.

19 Au demeurant, il appartient de souligner que Huyghe, en tant que missionnaire-lexicographe, puise ses sources dans ses lectures religieuses qu’il transforme en exemples illustratifs véhiculant des valeurs admises par les autochtones, que l’action apostolique vise à convertir au Christianisme. En effet, Huyghe était conscient que la connaissance de la langue kabyle était un facteur déterminant permettant d’établir de bonnes relations avec les autochtones et que pour atteindre l’objectif de la mission il fallait nécessairement connaître les indigènes dans leur culture. Pour lui, faire adhérer les autochtones à la religion catholique revient à exploiter les dénominateurs communs qui se trouvent dans les religions catholique et musulmane. Cela a permis à l’auteur d’insérer dans son ouvrage de nombreux exemples à teneur religieuse.

4. 3. Religion

20 Les exemples à contenu religieux sont très nombreux dans le dictionnaire. Toutefois, les énoncés-illustratifs les plus retenus sont ceux qui font consensus dans les deux religions. L’auteur s’est donc efforcé d’éviter les exemples à contenu controversé qui, s’ils étaient réutilisés dans le discours, auraient pour conséquence immédiate la polémique. Or, les règles de la société prescrivent l’évitement de toute occasion de polémique surtout dans un milieu soumis à l’influence d’un marabout musulman. Considérons quelques exemples :

alors, Ex. : pourquoi les disciples de Jean jeûnent-ils, alors que vos disciples…, acu?ef telami? g-Ia?ia, nitni ?u?umen, uala telami?-inek… (ne jeûnent pas, ur ?u?umen ara).
arbitre, Ex. : c’est Dieu qui est l’arbitre des événements, d- Rebbi ag bab lumur.
convertir, Ex. : ils se convertirent au Seigneur, nitni tuben ?ur Rebbi.
convertir, Ex. : c’est moi qui l’ai converti par les prières que j’ai faites pour lui, d-nek id-it-ibuin ?er eddin-enna?, s-ta?allit-inu ?ur Rebbi, fell-as.
créer, Ex. : c’est Dieu qui a créé le monde, d-Rebbi ag iuqmen dunit.
dont, Ex. : celui dont le fils jeûne, uin uimi iu?am emmi-s.
en, Ex. : Dieu créa le ciel et la terre en six jours, Rebbi i?leq igenni d-eddunit deg sett iiam.
léguer, Ex. : les usages que Moïse nous a légués, lâddat i-a? d-ijja Musa.
louer, Ex. : les oiseaux louaient Dieu dans leurs chants, eddiur deg uselbeduc-ensen âbbeden (ou ?emden) Rebbi.
monter, Ex. : Jésus-Christ monta aux cieux, siidna Aisa iûli s-igennuan.
partout, Ex. : Dieu est partout, Rebbi di kull umkan ig illa.
patriarche, Ex. : le patriarche Abraham, siiedna Ibrahim ; – le patriarche Noé, siiedna Nu?.
péché, Ex. : j’ai péché contre le ciel, ?enbe? ?ef igenni.
principe, c’est Dieu qui est le principe de tout ce qui existe, d-Rebbi ag-i?elqen ok dunit.
supérieur, Ex. : Dieu est supérieur à tous les hommes, Rebbi ikka ennig medden ok.
voir, Ex. : le clocher se voit de loin, e??umâa teban ?er elbâd.

21 Trois types d’énoncés se distinguent à travers les exemples ci-dessus. Le premier met en relief la puissance de Dieu considéré comme l’être suprême : « c’est Dieu qui a créé le monde », « Dieu est partout », « Dieu est supérieur à tous les hommes », etc. Notons que ces considérations sont partagées par les croyants monothéistes et ne risquent donc pas de heurter la sensibilité religieuse d’autrui. Rappelons que les autorités coloniales de l’époque interdisaient toute forme de propagande religieuse, craignant plus que tout un prosélytisme chrétien qui pourrait exciter le « fanatisme musulman » et menacer la paix publique.

22 Le deuxième type d’énoncés met en scène des personnages bibliques mais également coraniques bénéficiant du respect et de la considération des musulmans. Mentionnons les exemples suivants : « Jésus-Christ monta aux cieux », « le patriarche Abraham », « le patriarche Noé », « les usages que Moïse nous a légués », etc. Ces quatre grands personnages sont communs aux deux religions et se retrouvent donc dans les deux textes sacrés. Cette proximité entre les textes des deux religions a permis à Huyghe d’introduire des contenus à valeur religieuse, tout en restant en conformité et en adéquation avec les connaissances culturelles des autochtones qui ne peuvent que souscrire à ce qu’ils considèrent comme « vrai ». Du point de vue de la pragmatique, et selon Paul Grice (1989 : 30), nous pouvons parler du respect de la maxime conversationnelle de qualité qui se base sur le principe de vérité et du bien-fondé des propos. Ainsi présenté, le christianisme ne s’inscrit pas en opposition avec l’Islam puisqu’il correspond aux représentations que se font les Algériens des personnages religieux. En revanche, ni le personnage de Mahomet ni les noms des califes qui lui ont succédé n’apparaissent dans les énoncés-exemples. Cela montre encore une fois que l’auteur fait passer l’opposition entre Islam et Christianisme au second plan, le premier plan faisant ressortir les similitudes existantes entre eux. Partant de ces points communs, le dialogue peut aisément se nouer entre chrétiens et musulmans et les relations qu’ils entretiennent peuvent devenir plus étroites.

23 Le troisième type d’énoncés concerne l’objet même de la présence missionnaire en Algérie, son action pratique liée à la conversion des autochtones. Notons ces deux exemples explicites : « ils se convertirent au Seigneur », « c’est moi qui l’ai converti par les prières que j’ai faites pour lui ». Ces énoncés révèlent le but ultime des missionnaires qui cherchent à utiliser avec tact et délicatesse les traits caractéristiques partagés entre les deux religions pour aboutir à la conversion des musulmans.

24 En substance, la stratégie interculturelle adoptée par les missionnaires se fonde sur les liens unissant les deux doctrines religieuses. Ils se résument à ceci : la croyance des musulmans en un Dieu vivant unique, leur reconnaissance des principaux personnages prophétiques issus des traditions mosaïques et, de surcroît, leur vénération de Jésus. Pour les missionnaires, tous ces traits communs devaient faciliter la conversion des Algériens au Christianisme.

25 À côté de ces religions monothéistes cohabitent des croyances populaires et des pratiques rituelles plus anciennes, présentes dans la culture berbère sous forme d’un syncrétisme spirituel.

4. 4. Croyances populaires et pratiques rituelles

26 Les croyances populaires et les pratiques rituelles ont toujours été très vivantes en Kabylie. Ces représentations magico-religieuses traditionnelles font partie de la culture berbère ; elles se transmettent depuis la préhistoire, par le biais de l’oralité, à travers les récits mythiques, contes populaires, légendes, etc. Le dictionnaire de Huyghe nous offre quelques exemples qui s’inscrivent dans le patrimoine culturel et historique de la Kabylie. Considérons quelques exemples :

compère-loriot, ille?, pl. ille?en ; chez les indigènes, celui qui a ce mal, dresse au milieu du chemin une pyramide de sept petites pierres, en disant : tâcuct g-ille?, uin i?-ihudden at in?e? ; « cabane du compère loriot, que celui qui la renverse, le gagne ». orgelet, ille?, pl. -?en ; – celui qui a un orgelet dispose au milieu du sentier un cône de 7 petites pierres en disant, tâcuct g-ille?, uin-it-ihudden a-t-in?e? ; cabane de l’orgelet, que l’orgelet s’attache à celui qui la renversera.
poupée, tislit, pl. tislatin (litt. jeune mariée) ; – poupée qu’on promène dans les villages pour obtenir la pluie, An?ar (c. c. ua), on chante chemin faisant : An?ar, An?ar, a-t-isiuo? Rebbi ar a?ar, « pluie, pluie ! que Dieu la fasse pénétrer jusqu’aux racines ».
immolation, tamezliut et tanezliut, pl. tim-uin ; – d’une poule pour un sortilège, asfel ; – action de perdre, de sacrifier.., ase?ser ; asellem ; asebbel.
agape, timecre?, pl. timecra? ; uziâa (l), pl. uziât (la viande qui est partagée entre toutes les familles du village).
mort, Ex. : les morts ressuscitent, elmegtin a?ian-d.
sortir, Ex. : un homme qui sortait des tombeaux, argaz id-iffe?en g-izquan.

27 Les entrées « compère-loriot » et « orgelet » illustrent la pratique rituelle des autochtones qui, pour faire disparaître cette pathologie, édifient dans la rue, derrière le dos, en se baissant et en prononçant une formule rituelle, un tas de sept pierres (ou de sept fèves). La personne renversant le tas attrapera l’orgelet. Notons ici la symbolique et la valeur magique du chiffre sept, qui se retrouve dans la plupart des cultures, dont celle des Kabyles. Ce chiffre figure dans plusieurs exemples du dictionnaire tels que : « dont il avait chassé sept démons, deg uai deg izâ sbâa lejnun », « une maison à sept étages, a?am bu sbâ lâliat », « pas un des sept ne laissa de postérité, ula iun deg sbâa ur d-ijja ?erria ».

28 Sous l’entrée « poupée », qui désigne également la jeune mariée « tislit », Huyghe trouve l’occasion d’introduire l’un des rites les plus populaires en Kabylie, celui d’Anzar ou rite d’obtention de la pluie en période de sécheresse. La légende raconte que le personnage mythique Anzar, « Maître de l’eau et de la pluie fécondante », désirerait épouser une jeune fille qui se refuserait à lui. Il menacerait alors de faire assécher les rivières et ne leur ferait reprendre leur cours que lorsque la jeune fille se serait offerte à lui. Dans la cérémonie d’Anzar, une jeune fille du village joue le rôle « tislit g Anzar » (la fiancée d’Anzar). Elle tient en main une poupée de bois suggérée par une louche ou cuillère à pot parée, qu’elle promène en cortège dans tout le village avec d’autres enfants chantant en chœur des vœux qu’Anzar devrait exaucer. Les participants reçoivent de chaque maison des dons et se font surtout asperger d’eau en passant.

29 Sous l’entrée « immolation », l’auteur présente une pratique rituelle magique de transfert ou d’expulsion de mal dénommée « Asfel ». Ce mot désigne à la fois le rite lui-même à fonction thérapeutique et l’offrande qui sert d’objet de transfert et d’expulsion du mal. Cette pratique consiste à immoler un animal (bouc, mouton, poule, etc.) ou à sacrifier une offrande (œuf, sel, laine, etc.) à l’intention d’une personne malade. Le transfert se fait par giration de l’offrande, sept fois, au dessus du patient suivie parfois d’insufflation de la part du malade vers l’objet sacrifié. Ainsi pense-t-on que le mal serait expulsé du malade en gagnant l’objet sacrifié qui sera par la suite détruit ou consommé.

30 L’entrée « agape » décrit une pratique socioculturelle ancestrale à laquelle les Kabyles sont très attachés, appelée « timecre? » ou « ouziâ ». Il s’agit de sacrifier par rituel des animaux (moutons ou bœufs) dont la viande est partagée à part égale parmi les habitants d’un village. Cette cérémonie de sacrifice-partage, organisée par la communauté villageoise intervient plusieurs fois dans l’année pour célébrer des occasions diverses. Par exemple, le sacrifice agraire marquant l’ouverture de l’année agricole, celui fait en faveur d’un défunt ou celui célébrant le retour d’un émigré dans le village, etc. Soulignons que les femmes n’assistent pas aux sacrifices-partages mais se chargent de toute la préparation culinaire qui suit l’abattage. Notons enfin que ces cérémonies sont aussi l’occasion de resserrer les liens sociaux qui, sur le plan symbolique, visent à affirmer la place de l’individu dans la communauté.

31 Les entrées « mort » et « sortir » abordent la question des morts et de leur rapport avec le monde des vivants. Dans les représentations kabyles, le monde des morts (At laxert) n’est pas dans le ciel mais se trouve dans le monde souterrain. Ainsi, pour assurer au mort le passage du monde terrestre au monde souterrain, un certain nombre de rites sont accomplis comme, par exemple, la distribution d’offrandes aux passants. Plusieurs pouvoirs magiques sont attribués aux morts, notamment celui de la fécondité et de la fertilité. Aussi, dans les représentations collectives, les morts sont liés au monde terrestre et sont présents dans la vie quotidienne des vivants. La proximité des deux mondes facilite le passage de l’un à l’autre, d’où certains de croire qu’ils ont vu une personne sortir du tombeau.

32 Enfin, les contenus faisant référence à des croyances ou à des pratiques rituelles ne sont pas les seuls à figurer dans l’ouvrage de Huyghe ; nous trouvons également des énoncés qui révèlent le parti pris idéologique de l’auteur.

4. 5. L’idéologie

33 Les exemples à contenu idéologique sont moins nombreux par rapport aux énoncés traitant de la religion. Cependant, il arrive que Huyghe exprime ces opinions idéologiques par le biais de l’exemple. Ce parti pris idéologique se rencontre particulièrement dans des thèmes délicats tels que celui de l’« insurrection » contre le pouvoir établi. Ainsi, dans une époque où la paix publique ne cesse d’être troublée par des soulèvements populaires, le lexicographe dévoile sa prise de position idéologique dans les exemples suivants :

battre, Ex. : Bou-Mezrag a été battu complètement, Bu-Mezrag i?ubahdel.
crainte, Ex. : de crainte qu’il y ait une rébellion, amar ad-iili ucebbuel.
couture, Ex. : Bou Mezrag a été battu à plate couture Bu-Mezrag i?ubahdel.

34 Pour révéler la signification de ces trois exemples, il faut les replacer dans le contexte de l’époque. L’auteur fait référence au contexte insurrectionnel de révoltes populaires qui éclatèrent dans plusieurs endroits de l’Algérie de la seconde moitié du XIXe siècle. Il s’agit plus précisément ici de l’insurrection de 1871 déclenchée à l’initiative de Hadj Mohammed Mokrani, tué au combat le 5 mai de la même année. Il fut remplacé par son frère Bou-Mezrag Mokrani, qui poursuivit la résistance jusqu’à son arrestation en 1872. Il fut condamné à trente ans d’exil et déporté en Nouvelle-Calédonie où il se trouva en compagnie des victimes de la répression de la Commune de Paris. Le choix de ce personnage historique issu d’une famille de notables n’est pas anodin. Il constitue, en effet, l’un des symboles de la résistance populaire qui s’est insurgée contre le pouvoir colonial. Ainsi, pour illustrer les entrées « battre » et « couture », l’auteur recourt à ce rebelle soumis de force et puni sévèrement pour en faire un exemple. L’énoncé « Bou-Mezrag a été battu », commun aux deux entrées illustrées, est neutre puisqu’il possède un caractère informatif. Mais l’adjonction de l’adverbe « complètement », signifiant « d’une manière aussi réelle ou absolue que possible », et de la locution adverbiale « à plate couture », « de manière écrasante et évidente », relève de la subjectivité de l’auteur qui exprime un jugement sur le contenu du message. Ce jugement révèle le parti pris du missionnaire-lexicographe face à cet évènement historique. La preuve en est dans la traduction faite en kabyle où les deux exemples sont traduits par « Bu-Mezrag i?ubahdel » qui veut dire littéralement « Bou-Mezrag est déshonoré, humilié et ridiculisé ». Huyghe fait de cet exemple une leçon dissuasive. Il suggère, en creux, que toute personne insurgée contre le pouvoir colonial connaîtra le même sort que Bou-Mezrag, elle sera déshonorée aux yeux de ces pairs. Cette séquence illustrative relève donc d’un choix idéologique précis.

4. 6. Place de la femme

35 Plusieurs exemples témoignent de la place de la femme dans la tradition culturelle de la société kabyle de l’époque. Le portrait dressé par Huyghe décrit une femme reléguée au domaine domestique, par opposition au domaine public occupé par les hommes. Autrefois, la femme remplissait essentiellement les fonctions nourricières, de production et surtout la fonction de reproduction. Voici quelques thèmes abordés par Huyghe :

bouder, Ex. : ma femme me boude, tetca?-ii tame??ut-iu.
fâcher, Ex. : ma femme est fâchée contre moi, tetca?-ii tame??ut-iu.
communiquer, Ex. : celui qui communique son secret aux femmes, iun itsauo?en esserr-is i-l?alat.
prendre, Ex. : celui qui prend l’avis des femmes court à sa perte, uin i?a?en errai n-tilauin iru? ad-inger.
héritage, Ex. : elles n’ont pas part à l’héritage, ur sâint ara amur i luer?.
part avoir part, Ex. : les femmes n’ont point de part à l’héritage, tilauin ur ?a?ent ara g-luer?.
pétrir, Ex. : les femmes pétrissent le pain, tilauin teggunt a?rum.
traire, Ex. : les femmes traient les vaches, tilauin la-te??egent tistan.

36 Sous les entrées « bouder » et « fâcher », l’auteur décrit l’état d’esprit caractérisant une femme qui manifeste ostensiblement son mécontentement à l’égard de son mari. Dans une culture où l’implicite occupe une part importante, cette attitude peut être interprétée comme un signe de la part de la femme pour affirmer sa place dans le foyer familial.

37 Certains exemples introduisent les stéréotypes sur les femmes, qui se traduisent par des préjugés et des jugements de valeurs. Ainsi sous l’entrée « communiquer », nous pouvons lire « celui qui communique son secret aux femmes ». Cet exemple remet en cause le modèle masculin tel que le représente la culture kabyle, où l’homme est tenu d’observer le devoir de réserve pour tout acte relevant du ressort des hommes (monde masculin). L’exemple retenu sous « prendre » constitue le prolongement du précédent et considère que les femmes seraient de mauvaises conseillères : « celui qui prend l’avis des femmes court à sa perte ».

38 D’autres exemples mettent en lumière les traitements juridiques liés à la succession et la transmission des biens. Ainsi, les entrées « héritage » et « part » sont illustrées par deux exemples qui expriment le non-droit des femmes à la succession. En effet, l’ancien droit coutumier kabyle exclut la femme de l’héritage comme de la filiation, de la politique, de certains rites collectifs, etc. La propriété se transmettait exclusivement d’homme à homme. Aujourd’hui, d’après le code de la famille algérien, les femmes héritent de la moitié de l’héritage d’un homme.

39 Enfin, nous relevons des exemples qui renvoient aux différentes tâches domestiques dont les femmes s’acquittent. Ainsi, elles s’occupent de la fabrication du pain : « les femmes pétrissent le pain » ; ce sont elles aussi qui s’occupent de l’activité de la traite : « les femmes traient les vaches », etc. Ces quelques exemples montrant la condition défavorisée des femmes ne doivent pas sous-sestimer le rôle central de celles-ci. En effet, comme l’écrit Camille Lacoste-Dujardin (2005 : 176), la « représentation symbolisant la complémentarité homme-femme est visible dans la maison kabyle traditionnelle, où l’homme est comparé à la poutre faîtière (asalas, masculin en kabyle), soutenu dans sa fourche, par le pilier central féminin (tigejdit) ».

4. 7. Opposition entre Arabes et Kabyles

40 L’opposition entre Arabes et Kabyles fait partie de l’ethnopolitique coloniale, exploitée pour diviser afin de mieux régner. L’image d’un antagonisme Arabes/Berbères se fonde sur des clichés alimentés par plusieurs considérations : les Kabyles seraient des descendants d’anciens habitants chrétiens de l’Afrique berbère et romaine, la spécificité de l’Islam kabyle, l’antipathie prétendument réciproque entre Arabes et Kabyles, leur aspect physique, etc. Cette dichotomie Arabes/Kabyles se retrouve dans certains exemples qui ne relèvent pas nécessairement de l’ethnopolitique mais font vivre certains clichés. En voici quelques-uns :

alors, Ex. : les Arabes labourent beaucoup, alors que les Kabyles…, Araben ?errezen a?a? uanag leqbail
tandis que, Ex. : les Arabes font paître (les troupeaux), tandis que les Kabyles…, âraben na-kessen, uanag leqbail
tentes, Ex. : dressons les tentes, eiau, a-nesebbed iqi?unen ; – les Arabes habitent sous des tentes, âraben tanezdu?t-ensen d-icla?.
habitation, Ex. : maison d’habitation, a?am tamezdu?t ; – les Arabes ont des tentes comme habitations, âraben tamezdu?t-ensen d-icla?.

41 Dans ces exemples, l’opposition Arabes/Kabyles est abordée à travers le thème de l’agriculture et de l’habitation. Ainsi, les Arabes sont présentés comme plus enclins aux pratiques agricoles que les Kabyles. Certes, les vastes plaines céréalières sont cultivées par les Arabes mais les Kabyles ont toujours labouré leurs terres, même les parcelles les plus pentues du versant de la montagne. Soulignons pour les exemples donnés sous les entrées « alors » et « tandis que » la présence des points de suspension qui sous-entendent la suite de l’énoncé. L’habitation est également une autre occasion de marquer l’opposition Arabes/Kabyles, suggérant que les premiers habitent sous des tentes, alors que les seconds vivent dans des maisons. Cette représentation crée une imagerie qui oppose l’Arabe nomade au Kabyle sédentaire. Les tentes sont en effet utilisées par les nomades ou bédouins comme habitat.

42 Comme nous pouvons le constater, le dictionnaire de Huyghe nous a transmis une empreinte de cet antagonisme Arabes/Kabyles qui a traversé toute la période coloniale et continue à vivre même de nos jours sous d’autres formes.

43 Enfin, en tant que discours sur le monde, les énoncés-exemples facilitent le passage du linguistique au monde réel en fournissant des renseignements sur la culture, sur l’organisation sociale et sur les pratiques des Algériens de l’époque. Cependant, il est regrettable que, dans certains cas, l’exemple ne fournisse que très peu d’informations sur l’aspect culturel décrit, ce qui contraint le lecteur à consulter d’autres sources. Mais cela n’enlève rien au fait que le dictionnaire de Huyghe porte les marques culturelles de la société kabyle du début du XIXe siècle dont il est issu.

5. CONCLUSION

44 Pour conclure, le dictionnaire bilingue de la période coloniale joue le rôle de témoin et se constitue comme outil à la fois linguistique et culturel, offrant à travers les exemples une image assez fidèle de la communauté kabyle de l’époque. L’histoire culturelle des dictionnaires rédigés pendant la colonisation française offre un cadre à l’étude des usages sociaux du lexique. Leur réalisation, leur rédaction, leur commercialisation s’inscrivent au sein d’échanges et d’affrontements qu’ils permettent d’éclairer de l’intérieur. En effet, comme le notent Gaudin et Mahtout (à paraître), l’histoire culturelle des dictionnaires

45

s’articule à une sociolinguistique inscrite en diachronie ; l’étude des objets linguistiques replacés au sein d’objets sociétaux durables permettront de mieux comprendre la place que jouent les dictionnaires dans l’identité des communautés linguistiques quand elles se donnent des images d’elles-mêmes et quand elles sont en relation les unes avec les autres.

46 C’est la mémoire de cette altérité qui fait le prix de ces archives lexicographiques.

Références bibliographiques

  • DUVAL, A. 2000. « Le rôle de l’exemple dans le dictionnaire bilingue français-anglais », dans T. Szende (dir.), Approches contrastives en lexicographie bilingue. Paris, Champion, p. 79-87.
  • FOURMENT-BERNI CANANI, M. 2002. « Les informations culturelles dans un dictionnaire bilingue d’apprentissage », Études de linguistique appliquée, 128, p. 467-479.
  • GAUDIN, F., MAHTOUT M. à paraître. « Les dictionnaires de combat : quelle histoire ? », dans A. Mollard-Desfour, J. Pruvost (dir.), Un dictionnaire…, Pourquoi ? Comment ? Pour qui ? Paris, Champion.
  • GRICE, H. P. 1989. Studies in the Way of Words. Cambridge (Mass.), Londres, Harvard University press.
  • HEINZ, M. 2002. « L’exemple lexicographique à fonction culturelle dans le Robert pour tous », Études de linguistique appliquée, 128, p. 413-430.
  • HUYGHE, G. 1902-1903. Dictionnaire français-kabyle, Qamus Rumi-Qbaili, Malines, L. & A. Godenne.
  • LACOSTE-DUJARDIN, C. 2005. Dictionnaire de la culture berbère en Kabylie. Paris, La Découverte.
  • LEHMANN, A. 1995a. « La composante culturelle de l’exemple dans les dictionnaires de langue », dans J. Pruvost (dir.), Les Dictionnaires de langue : méthodes et contenus, Actes du colloque, La Journée des dictionnaires, p. 121-128.
  • LEHMANN, A. (dir.). 1995b. « L’exemple dans le dictionnaire de langue : Histoire, typologie, problématique », Langue française, 106. Paris, Larousse.
  • MAHTOUT M., GAUDIN F. 2010. « Approche historique et sociolinguistique de la lexicographie bilingue missionnaire et les langues minoritaires en Algérie coloniale (1830-1930) : la cas du berbère », dans Actes du XIVe Congrès international de lexicographie. Leeuwarden, Ljouwert, Fryske Academy, p. 832-841.
  • REY-DEBOVE, J. 1971. Étude linguistique et sémiotique des dictionnaires français contemporains. La Haye, Paris, Mouton.

Date de mise en ligne : 26/12/2013

https://doi.org/10.3917/ela.170.0227

Notes

  • [1]
    La Kabylie est une région berbérophone située au Nord de l’Algérie, à l’Est d’Alger.
  • [2]
    Ce prix est décerné par l’Institut de France aux ouvrages qui contribuent au progrès de la philologie comparée.

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