Couverture de ELA_154

Article de revue

Le Dictionnaire d'un pays, le pays d'un dictionnaire

Un type particulier de dictionnaire lexiculturel

Pages 191 à 203

Notes

  • [1]
    UMR 71 87 CNRS, Université de Cergy, Université de Paris 13.
  • [2]
    Galisson, « Accéder à la culture partagée par l’entremise des mots à CCP », ÉLA n° 67, 1987.
  • [3]
    3. ÉLA n° 137, J. Pruvost.
  • [4]
    Dictionnaires anciens consultables sur le portail informatisé du CNRTL.
  • [5]
    J. Pruvost, ÉLA n° 137, 2005.
English version

1 En 2006 et à l’université de Cergy-Pontoise, est née, au sein du laboratoire Lexiques, Dictionnaires et Informatique [1], grâce à l’enthousiasme des étudiants de Master 2 des Sciences du langage, une nouvelle collection de dictionnaires nommée « Pays, Mots et Dictionnaires ». En septembre 2008 la collection se composait déjà de deux dictionnaires, Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, et Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires. En octobre 2008, l’équipe rédactionnelle se remettait à la composition d’un Dictionnaire du Québec, le Québec des dictionnaires, conçu rigoureusement dans le même état d’esprit que ses prédécesseurs, en présentant notamment les termes étrangers relatifs à un pays, entrés dans la langue française.

2 Les dictionnaires qui constituent la collection « Pays, Mots et Dictionnaires » n’offrent pas une simple nomenclature, mais une nomenclature multiple dans la mesure où ce n’est pas à travers un terme seul que l’on pourra donner toute la dimension culturelle dont il est question, mais en utilisant les différents réseaux de nomenclature traversant l’ensemble de l’ouvrage.

3 Dans chaque article proposé, le lecteur va retrouver la dimension lexiculturelle. C’est notamment à travers le regard des lexicographes français dans différents dictionnaires, qu’ils soient contemporains ou d’une époque ancienne, que nous avons dégagé diverses perceptions culturelles qui nous sont parfois fort étrangères, tant elles sont oubliées et pourtant sans doute encore prégnantes çà et là. C’est donc, un regard lexiculturel français qui est offert dans ces dictionnaires, car l’une des idées fortes de ces ouvrages est d’expliquer les termes et d’en présenter l’histoire au travers des différents dictionnaires français du XVIe siècle (par exemple les Epithètes françoises de Maurice de Laporte) à aujourd’hui (entre autres, les éditions millésimées du Petit Larousse et du Petit Robert). Pour faire état de lexiculture, il faut pouvoir associer spontanément un terme à une représentation culturelle dans une communauté linguistique donnée et il faut ici prendre conscience que ce n’est pas d’une lexiculture japonaise dont il est question dans le dictionnaire du Japon ou de la Chine, mais de la perception française de la culture nipponne ou chinoise, les termes présentés faisant partie de notre lexique. Il en va de même lorsqu’il s’agit d’emprunts, puisqu’ils ont été recueillis dans la langue française.

4 Il existe en réalité quatre types de termes pris en compte.

5 Tout d’abord, une grande partie des mots que l’on trouve dans la nomenclature des dictionnaires de la collection représentent des emprunts. Les emprunts pouvant être des mots, japonais par exemple, que la langue française a accueillis (sashimi, surimi, ou encore kyogen).

6 Ensuite, au-delà des emprunts, nous pouvons également rencontrer des régionalismes. En effet, le Dictionnaire du Québec, le Québec des dictionnaires n’est constitué, pour la grande majorité des termes retenus, que de régionalismes : ce sont en effet presque toujours des termes français qui possèdent une autre signification outre-Atlantique. Si nous consultons les dictionnaires de langue française, nous pouvons effectivement remarquer que pour bien des termes, il est mentionné « régionalisme » à côté de l’entrée, suivi d’une définition correspondant à la réalité québécoise. Pour ne citer que quelques termes du domaine de l’alimentation, nous trouverons ainsi dans ce dictionnaire : « breuvage », « boisson », « caribou » ou encore « gomme » avec une définition bien autre que celle des dictionnaires français puisqu’au Québec, le caribou est d’abord un alcool et non un animal, et la gomme ne s’utilise pas sur un cahier, c’est un chewing-gum.

7 Les dictionnaires de la collection comportent également des noms propres. En effet, lorsqu’il s’agit du cinéma ou de la littérature les personnes les plus représentatives des cultures étudiées possèdent une entrée attribuée à leur nom. Nous trouvons notamment Xingjian Gao dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, écrivain qui s’est vu décerné en 2000 le prix Nobel de littérature.

8 Et enfin, nous trouvons aussi, au sein des dictionnaires de la collection, des mots courants emblématiques de la culture dont il est question. Dans quelque domaine que ce soit, nous rencontrons en effet des termes bien connus tels que « canard laqué », « cité interdite », « estampe », « idéogramme », pour la Chine par exemple.

9 Ce sont des étudiants confirmés qui, dans le cadre d’un séminaire consacré aux dictionnaires sous la direction de Jean Pruvost, ont été les rédacteurs de l’ensemble des deux ouvrages. Chacun d’entre eux s’est occupé des recherches concernant les termes qui lui étaient attribués, ainsi que de la rédaction de l’article y correspondant. L’intérêt de ce type d’approche étant de ne pas rester dans la théorie et d’apprendre, grâce à son propre investissement dans cette aventure, comment se rédige un dictionnaire, quels sont les problèmes que rencontre un lexicographe, puis quels sont ceux à résoudre par un dictionnariste.

10 Par ailleurs, le troisième ouvrage, Dictionnaire du Québec, le Québec des dictionnaires entraîne d’autres questions que ne soulevaient pas les deux prédécesseurs. En effet, la langue parlée au Québec restant le français, avec cependant quelques nuances, la démarche se trouve être encore plus marquée d’un point de vue lexiculturel que lors de la rédaction des deux dictionnaires précédents, puisqu’à des termes déjà bien connus en France font écho des traits culturels différents de ceux de la culture française. Ce sera donc d’autant plus sensible lexiculturellement parlant.

11 Ces différents dictionnaires présentent donc une forte dimension lexiculturelle et les étudiants utilisent leurs propres indices de lexiculture, comme première base de travail, en tant que tenants d’une culture implicite partagée. Chacun est par ailleurs bien conscient dans l’équipe de rédacteurs formés par Jean Pruvost que nous devons à Robert Galisson le terme et le concept de « lexiculture » qu’il a développé dans la revue ÉLA, Études de linguistique appliquée en 1987  [2] et qu’il préférera dénommer par la suite « pragmatique lexiculturelle ».

12 Nous commencerons tout d’abord par présenter de façon concrète les dictionnaires qui composent la collection « Pays, Mots et Dictionnaires », puis nous montrerons que ce sont des dictionnaires lexiculturels actuels, enfin, nous essaierons de signaler en quoi ce sont des dictionnaires historiques de la lexiculture.

1. PRÉSENTATION DES DICTIONNAIRES DE LA COLLECTION

13 Le Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires se compose de 128 articles correspondant à des mots et sujets propres à la culture nippone. Le dictionnaire de la Chine est le plus volumineux, en affichant pas moins de 160 entrées. Tous deux renferment 18 thèmes classés par ordre alphabétique, afin de faciliter l’accès aux informations encyclopédiques. Les thèmes sont variés : l’alimentation, les arts, les loisirs, ou encore la spiritualité, etc. Cependant, ces deux ouvrages ne traitent pas forcément des mêmes domaines, ainsi par exemple, l’économie ne fait pas l’objet d’un article spécifique dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires alors qu’elle l’est dans celui du Japon. Inversement, apparaît dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, un thème réservé aux sciences qui n’existait pas dans l’ouvrage précédent.

14 La démarche de l’équipe rédactionnelle a consisté à donner une définition aux termes typiquement japonais ou chinois, et désormais aux termes québécois, de façon à laisser s’exprimer toute la culture se cachant derrière les mots traités. En effet, les dictionnaires généraux en langue française ne se préoccupent guère de ce que R. Galisson dénomme la « charge culturelle partagée » (CCP). Or, nous avions pour ambition d’enrichir nos dictionnaires par cet apport culturel partagé. C’est ce qui rendit indispensable la consultation d’un grand nombre d’ouvrages pour arriver au résultat escompté.

1. 1. Un dictionnaire du Japon

15 Avant de présenter les ouvrages, et surtout la façon dont ils sont conçus, il faut brièvement expliquer pourquoi un tel type de titre a été choisi. Pourquoi en effet le Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires ? Nous devons l’idée du titre à Sabine Albert, l’une des rédactrices du dictionnaire.

16 Étant donné qu’il s’agissait d’un dictionnaire du Japon, mais abordé d’un point de vue culturel et non linguistique, il ne pouvait pas s’intituler uniquement « Dictionnaire du Japon ». Cette formulation devait rester néanmoins présente dans le titre par le fait même que le dictionnaire offre aussi des définitions de mots, bien que parfois succinctes, telles qu’on les trouve dans de nombreux dictionnaires. Ceci correspond de fait à la première partie de chaque chapitre thématique. En effet, chaque terme retenu se voit doté d’une double entrée. Ainsi, est-il tout d’abord rapidement présenté à l’ouverture du thème, là où sont rassemblés en une à deux pages tous les mots retenus pour le thème. Ils sont ici suivis d’une définition minimale et de quelques éléments étymologiques. C’est ainsi que nous pouvons tout d’abord lire pour le mot maki, l’un des 15 termes employés dans la partie « alimentation » du Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, la définition suivante : « MAKI : Sushi que l’on roule dans une feuille d’algue sèche. Maki vient de l’abréviation du mot japonais maki sushi, sushi en rouleau. »

1. 2. Un chapeau présentant le dictionnaire

17 À la suite de la présentation définitoire et étymologique sommaire donnée pour tous les mots retenus en tête de chaque thème, se trouve un chapeau qui traite de façon générale dudit thème, de manière à faire entrer dans le sujet le lecteur français qui peut tout à fait être ignorant quant au domaine abordé, un domaine qui par définition lui est étranger : Ainsi, lira-t-il dès les premières lignes :

18

Partie intégrante de la culture, la tradition culinaire japonaise a été élevée au rang d’un art dans l’archipel. (Dictionnaire du Japon, le Japon du dictionnaire, p. 21)

1. 3. Un Japon des dictionnaires

19 Pour chaque thème, à la suite de cette présentation générale, incluant donc la liste de mots sommairement définis et un développement généralisant sur ledit thème, commence à proprement dit la partie réservée aux articles du thème, avec notamment des extraits tirés des dictionnaires français anciens et récents. C’est cette partie de l’ouvrage qui justifie pleinement la seconde partie du titre : « le Japon des dictionnaires ». En effet, nous y retrouvons la perception des lexicographes contemporains ainsi que celle, particulière et oubliée, des lexicographes de la première heure, tels que Richelet qui écrivit son Dictionnaire françois en 1680.

20 Ainsi, dans cette partie du dictionnaire, à propos du maki, on constatera que nous ne connaissons le maki japonais que depuis peu, bien que ce terme apparaisse dans les dictionnaires français depuis des siècles.

21

Le maki est une sorte de sushi (maki-sushi, maki-nori) très populaire en occident. Le mot maki est attesté dans les dictionnaires français depuis le XVIIIe siècle, mais avec un sens tout différent, puisqu’il a en effet un homonyme, le lémurien de Madagascar à museau pointu ! Aussi, est-ce seulement dans l’édition 2007 du Petit Robert que nous le trouvons avec le sens japonais correspondant à cette spécialité culinaire. (Dictionnaire du Japon, le Japon du dictionnaire, p. 23)

22 Les définitions sont précédées d’une citation en épigraphe qui peut parfois être très surprenante, à connotation humoristique, telle qu’à l’article « kimono » dans le Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires :

23

1976, Dictionnaire des mots d’esprit, 11 000 définitions humoristiques à l’usage des cruciverbistes, Jean Delacour (Albin Michel), définition du kimono : « Négligé au Japon »… (Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, p. 104)

24 Les épigraphes qui précèdent chaque article portent presque toujours sur le mot décrivant la réalité japonaise, et assez souvent, comme on vient de le constater, elles ne manquent pas de charme. Il peut s’agir parfois de la première attestation du mot dans un dictionnaire français, mais parfois aussi, rarement il est vrai, de la réalité même du sujet, présenté alors universellement avec le charme des dictionnaires anciens de la langue française. Ainsi, à l’article « œufs de cent ans » dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, est tout simplement mentionnée la définition du mot « œuf » dans le plus ancien dictionnaire encyclopédique français : le Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière :

25

1690, Dictionnaire universel, Furetière, définition du mot œuf :
« un bon cuisinier doit sçavoir faire cinquante sortes d’œufs ». (Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, p. 29)

26 Il serait difficile de retrouver ce genre de précision dans les dictionnaires de langue ou encyclopédiques du XXIe siècle. En revanche, au XVIIe siècle, il était alors « lexiculturellement » concevable d’exprimer de tels points de vue et d’offrir éventuellement des anecdotes au sein d’un article, ce que fera encore sans hésiter Pierre Larousse dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. Aujourd’hui, les lexicographes se doivent de présenter le plus objectivement possible l’information, ils ne peuvent se permettre de dévoiler leurs opinions. Certes, la subjectivité peut se retrouver dans les exemples forgés. De la même façon, les citations peuvent être choisies de manière sub-jective afin d’appuyer un propos que l’on souhaite justifier, mais de manière générale les commentaires sont de loin plus rares et moins démonstratifs qu’à l’époque.

27 Toutes les définitions sont ponctuées de citations de dictionnaires, qui sont du même ton que l’exemple cité ci-dessus tiré du Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière. Parfois il en est ainsi afin d’éclairer le lecteur, parfois aussi pour le charmer. Nous apprenons ainsi que l’unité de mesure « li » correspond d’après l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert à « l’espace où la voix de l’homme peut porter dans une plaine quand l’air est tranquille et serein », ce qui n’est pas vraiment une donnée scientifique

28 Les dictionnaires de la collection « pays, mots et dictionnaires » reposent donc en partie sur la consultation de dictionnaires généraux, d’hier notamment, tant dictionnaires de langue qu’encyclopédiques, ou encore de spécialités, afin d’offrir au lecteur un panorama large de ce qui a été écrit sur le thème, à travers des citations enrichissantes, humoristiques, surprenantes ou tout simplement informatives.

2. UNE COLLECTION DE DICTIONNAIRES LEXICULTURELS

2. 1. Définition de la lexiculture

29 Comme nous l’avons constaté dans l’introduction, lorsqu’il s’agit de lexiculture, il faut s’appuyer sur la théorie de Robert Galisson. Pour bien comprendre tout ce que représente un mot, il faut non seulement prendre en compte « les composantes lexicales mais aussi les composantes culturelles propres au pays qui en colore l’usage »  [3]. R. Galisson explique la lexiculture ainsi : « J’appelle “charge culturelle partagée” la valeur ajoutée à leur signification ordinaire et pose que l’ensemble des mots à charge culturelle partagée connus de tous les natifs, circonscrit la lexiculture partagée. Laquelle est toute désignée pour servir de rampe d’accès à la culture omniprésente dans la vie des autochtones et que les étrangers ont tant de mal à maîtriser. » Ainsi, grâce à certains termes, plus particulièrement représentatifs de la lexiculture, nous accédons à une culture qui nous est peu ou pas connue.

30 Pour Robert Galisson, apprendre une culture passe d’abord par l’apprentissage de la langue et de son vocabulaire, car la charge culturelle fait partie intégrante des mots. Cependant, nous ne nous plaçons pas dans la même perspective que R Galisson pour qui les concepts de « lexiculture » et de « charge culturelle partagée » (CCP) constituent d’abord des outils destinés à l’enseignement du français langue étrangère. Les dictionnaires de la collection « mots, pays et dictionnaires », n’ont effectivement pas de vocation pédagogique dans la mesure où leur objectif n’est pas l’enseignement d’une langue, mais la découverte d’une culture par les mots avec la perception française de ladite culture. Il est en général question de termes déjà connus pour le lecteur non natif des pays présentés. C’est l’approche même de ces termes que nous considérons comme lexiculturelle et qui fait l’originalité des ouvrages proposés.

2. 2. Les éléments lexiculturels de ces dictionnaires

31 La première attitude des étudiants lors de la rédaction des dictionnaires reste de proposer des termes qui leur semblent être typiquement représentatifs du pays traité. C’est-à-dire, culturellement, ce qui à leurs yeux constituent les premiers termes associés à ce pays, de culture bien éloignée de celle de la France. Tel est en effet le principe de la lexiculture, au-delà de la définition consignée dans les dictionnaires, retrouver le point de vue de la communauté française à travers le lexique.

32 On associe à un lexique les composantes culturelles du pays dont il est question, en fonction de l’idée que s’en font les Français. C’est ainsi que se sont trouvés tout naturellement à l’esprit des auteurs des mots tels que « sushi » ou « geisha » lorsqu’il s’agissait du Japon, et « feng-shui » ou « acuponcture » pour la Chine. Bien qu’il s’agisse de deux cultures très éloignées de celle de l’équipe rédactionnelle, nous possédions tous en effet à travers notre lexique français marqué par le Japon ou la Chine un minimum de connaissances quant à ces deux pays, notamment en ce qui concerne le domaine culinaire, ne serait-ce que par le biais des restaurants japonais ou chinois, assez courus en France. Par ailleurs, les frontières ne sont plus étanches comme il y a encore un siècle. Rappelons par exemple, sans évoquer d’emblée la Chine que, jusqu’en 1868, le Japon avait fermé ses portes à tous les pays, hormis la Hollande avec qui il commerçait. Nous avons sans difficulté aujourd’hui connaissance de l’histoire de la Chine et du Japon, de leurs sports, ou de leur technologie. Il y a infiniment plus d’échanges culturels que dans le passé. On notera par ailleurs que la culture japonaise et la culture chinoise ne sont pas sans exercer une certaine fascination parmi les jeunes – et ce faisant dans l’équipe de rédaction – ce qui a parfois facilité le travail lors du choix de la nomenclature.

33 Afin de souligner à quel point la lexiculture représente un trait linguistique fort important, on peut prendre l’exemple du terme « médecine ». Pour la France comme pour la Chine, nous employons pour désigner ce concept un mot semble-t-il équivalent, or celui-ci correspond en l’occurrence à deux réalités fort différentes. Il suffit ainsi de lire les premières lignes de l’article consacré à la médecine dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires pour le comprendre :

34

Il est logique qu’en 1992 et au début du XXIe siècle, Alain Rey définisse dans son Dictionnaire historique de la langue française, la médecine occidentale comme l’art de s’occuper des malades, en référence au latin medecina, « art de guérir ». Mais en Chine, en vérité, la situation est inversée puisque la médecine traditionnelle chinoise ne s’occupe pas des malades en premier, mais des gens en bonne santé. (Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, p. 266)

35 Nous percevons d’emblée que, bien que le terme employé en français soit le même, la pratique de la médecine est tout à fait différente : les chinois ne payent leur médecin que lorsqu’ils ne sont pas malades !

2. 3. Les éléments non lexiculturels

36 La lexiculture ne peut être omniprésente dans ces dictionnaires, car pour certains mots, il faut déjà connaître le pays dont il est question. En effet, seules les personnes déjà averties de la lexiculture du Québec peuvent percevoir l’importance du terme « merisier » dans la nomenclature du dictionnaire que nous lui consacrons, puisqu’il représente l’emblème végétal de cette région. Notons à ce propos que pour un français landa, l’emblème serait plutôt l’érable et non le merisier, car de façon générale, les Français ne font pas une grande différence entre le Canada, dont l’emblème est l’érable, et le Québec. Soulignons d’ailleurs que les dictionnaires français n’offrent pas cette information qui pourtant ne manque pas d’intérêt. Ainsi, la définition du Petit Larousse illustré 2009 se limite-t-elle à « cerisier sauvage, appelé aussi cerisier des oiseaux, dont le bois est apprécié en ébénisterie », sans jamais évoquer le fait que ce soit un emblème québécois et qu’il porte également le nom de « bouleau jaune » dans ce pays francophone. C’est pourquoi il est très utile de se mettre en situation de recherche pour s’informer sur le pays auquel on s’intéresse.

37 Ainsi, comme nous l’avons précisé précédemment, le choix de retenir un mot dans la nomenclature peut être spontané ou au contraire résulter d’un travail de recherche, dans la mesure où nous ne pouvons connaître d’emblée la culture d’un pays et le lexique s’y rapportant. Les données lexiculturelles n’étant que rarement mentionnées dans les articles concernés des dictionnaires de langue, c’est donc grâce aux nombreux dictionnaires anciens consultables sur internet  [4] permettant d’effectuer des recherches plein texte, que nous avons souvent pu trouver des termes qui ne nous paraissaient pas évidents à ajouter à la nomenclature comme « ketchup » dans ses variantes orthographiques pour le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires. Ce n’est pas spontanément en effet que ce dernier mot aurait été retenu par l’équipe de rédacteurs. C’est en effet en passant par l’étymologie des mots que l’on prend parfois conscience du rapport à établir. Le Kôe-tchiap est bien de fait un condiment d’origine chinoise qui ne sera apporté en Europe par les Anglais qu’à la fin du XVIIe siècle. Ainsi, nous associons aujourd’hui à tort le ketchup à la seule culture américaine alors qu’il s’agit d’un condiment d’origine chinoise. La recherche étymologique est au reste chose délicate et révélatrice, car il serait possible que l’origine du mot ketchup soit malaisienne, et ce serait alors les Hollandais qui l’auraient importé de Malaisie en Chine. Ce qui montre assez combien la culture est aussi affaire de glissements.

38 Avec la rédaction du Dictionnaire du Québec, le Québec des dictionnaires, la question de la lexiculture s’est amplifiée dans la mesure où nous devons tenir compte de ce que l’on peut appeler en termes linguistiques des « faux amis » ou plus précisément des « faux frères », à savoir des mots qui sont en homonymie avec la langue française, mais qui ne correspondent pas à la même réalité québécoise. Un des exemples le plus marquant est la « boisson », mot ainsi simplement défini dans le Petit Robert 2009 : « Liquide qui se boit ». Cela signifie qu’en France, une « boisson » peut être un liquide alcoolisé ou non comme en témoignent les exemples du Petit Robert citant les sodas ou les alcools. Tandis qu’au Québec, ce ne peut être qu’un liquide alcoolisé comme en témoigne le Dictionnaire de la langue québécoise (1997) à l’article boisson : « toute boisson alcoolisée ».

39 La lexiculture reprend ici tous ses droits, pour un même signifiant, nous n’associons pas les mêmes signifiés en France et au Québec, bien qu’il s’agisse de la même langue usitée dans ces deux lieux.

40 De la même façon, pour le « caribou » le Dictionnaire de la langue québécoise n’évoque que la boisson sans tenir compte du fait que ce soit également un animal, et ce, parce qu’il ne porte pas le même nom au Québec, alors qu’en France, le caribou est uniquement considéré comme un animal, comme en témoigne Le Petit Robert 2009 : « Renne du Canada ». Mais à aucun moment n’est évoquée dans le dictionnaire français la boisson que consomment les Québécois. « Boire un caribou » paraîtrait en effet incongru à un locuteur français.

41 Il est certes précisé dans la préface du Petit Robert que sont intégrés, en tant que « témoin de la variété dans l’espace, les régionalismes de France et d’ailleurs », mais il reste difficile de tous les repérer. Ce n’est pas en effet la même lexiculture qui est véhiculée dans les deux pays bien que ce soit la même langue et, dans la majorité des cas, le même lexique.

3. UNE LEXICULTURE LIÉE À L’HISTOIRE

42 L’intérêt de ce nouveau type de dictionnaire, dans lesquels sont cités à la fois des dictionnaires anciens et modernes, c’est qu’il permet au lecteur de repérer des points de vue différents selon les époques auxquelles ils ont été composés. Nos sources allant des Epithètes françoises de Maurice de Laporte (1571) aux éditions millésimées 2009 du Petit Larousse et du Petit Robert, le champ d’investigation représente pas moins de six siècles. Ainsi, les siècles passant, notre perception de ces cultures évolue, ce qui, d’un point de vue lexiculturel est important puisque certains témoignages d’hier peuvent aujourd’hui étonner. Certes, des termes comme « Daïmio », « geisha » ou encore « nô » se trouvent par exemple dans le Nouveau Larousse illustré (1898-1904) de Claude Augé, voire même auparavant comme « Kami », dès 1845 dans le Dictionnaire national de Bescherelle. Cependant, d’autres mots tels qu’ « origami » n’apparaissent qu’en 1984 dans le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse alors qu’il est bien précisé dans l’article qu’il s’agit d’ « un art traditionnel japonais » apparu dès l’époque des temples shinto, c’est-à-dire dès le Ve siècle. Ainsi, nous comprenons qu’un terme et l’utilisation de la chose s’y rapportant peuvent parfois prendre plusieurs siècles avant que la lexie ne soit connue et usitée dans une autre culture que celle d’origine. Ce type de phénomène relève en vérité des échanges culturels établis entre les deux pays.

43 Nous avons choisi de présenter des exemples japonais car ce pays a fermé ses frontières jusqu’en 1868, comme nous l’avons déjà signalé, ce qui explique en partie la longue absence de ces termes dans nos dictionnaires français. Dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, beaucoup de mots apparaissent en revanche déjà dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772) comme « ginseng », « gong », « li » ou « macao » sans oublier un mot comme « pagode ».

44 Cependant, nous constatons, en consultant le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, que le terme « jade » apparaît par exemple dans le premier dictionnaire monolingue français, le Dictionnaire françois de Pierre Richelet datant de 1680, même s’il n’évoque pas la Chine dans sa définition. De même, le mot « opium » est déjà attesté dans le Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière en 1690.

45 En revanche, pour la Chine, le « Feng shui » n’est attesté pour la première fois dans un dictionnaire français qu’en 2002 alors que c’est une culture chinoise vieille de 3 000 ans. De la même façon, l’acupuncture n’est reconnue en France que depuis deux siècles alors qu’elle remonterait à la préhistoire chinoise. On lira ainsi dans notre dictionnaire, à l’article « acupuncture », que « le premier ouvrage théorique chinois à cet égard daterait de 1 500 ans avant Jésus-Christ ».

46 Aussi, dans ce dernier chapitre, appréhenderons-nous la lexiculture historique à travers trois exemples : l’exemple des mots marqués de longue date, celui des mots récents, et enfin l’exemple d’un mot appelé à disparaître.

3. 1. L’exemple de mots marqués de longue date

47 La lexiculture n’est pas forcément ressentie de la même façon au cours des siècles, même lorsqu’il s’agit d’un terme déjà connu depuis un certain temps en France. Le contenu lexiculturel est appelé à changer en fonction du contexte. C’est-à-dire, qu’un terme peut figurer parmi ceux que l’on associe spontanément à une culture et à une communauté linguistique donnée, avec intensité à un moment donné, puis lentement, il peut perdre de son poids lexiculturel. Ainsi, dans le Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, l’épigraphe choisie pour « nid d’hirondelle » témoigne d’un rayonnement particulier de la formule.

48

1865-1876 Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Pierre Larousse : « nous devons ajouter le nid de la salangane, mets chinois dont la réputation est connue de l’univers entier. » (Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, p. 28)

49 Ce mets chinois est assurément « connu de l’univers entier » au XIXe siècle, comme une sorte de symbole, tandis qu’aujourd’hui, s’il reste connu, de fait il ne fait plus partie des incontournables culinaires chinois, très certainement parce qu’il n’apparaît pas dans les menus des restaurants chinois en France. Sa notoriété était ainsi bien plus forte au XIXe siècle qu’elle ne l’est auprès des jeunes de la fin du XXe siècle. Jules Verne fait aussi à propos du « nid d’hirondelles » de longs commentaires dans le Tour du monde en 80 jours publié en 1873, soit au cours de la même période que Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire universel. On doit donc admettre que le poids lexiculturel d’un mot peut varier selon les siècles, et ce qui peut être reconnu comme intensément lexiculturel à un moment donné peut ne plus l’être autant un siècle plus tard. Rappelons qu’il faut associer un terme relativement spontanément à une culture ou à un domaine pour parler de lexiculture. De fait, au XXIe siècle, les termes « canard laqué », « nem », « rouleau de printemps », « riz », « thé » ou « wok » sont aujourd’hui, pour un Français, plus directement associés à la culture chinoise, que le « nid d’hirondelle » qui ne parle plus vraiment aux jeunes, comme en témoignait l’ensemble des jeunes rédacteurs. Ce qui rejoint l’idée avancée par J. Pruvost dans ÉLA en 2005  [5] :

50

Ainsi, un homme politique en campagne électorale qui déclarerait aujourd’hui : « Je ne suis pas du genre à vous jouer de l’accordéon, je préfère vous offrir un brin de muguet et vous parler du vrai travail, réveiller en vous l’écureuil et sa tirelire qui sommeillent », serait compris de tout français. Pourtant si, au XXIIe siècle, la Caisse d’épargne n’existe plus, le 1er mai plus fêté, et l’accordéon de Giscard d’Estaing oublié, plus personne ne sera en mesure de traduire ce message. Aucun dictionnaire ne pourra l’aider.

51 À l’inverse, de nos jours le « wok » fait partie intégrante de la lexiculture de la cuisine chinoise. Il représente l’ustensile chinois principalement connu en France, alors qu’il n’entre dans les dictionnaires français qu’en 1998, par le biais du Petit Larousse illustré 1999. Rien ne permet d’ailleurs d’affirmer que d’ici quelques décennies ce type de récipient sera encore en usage. L’intérêt majeur de ces nouveaux dictionnaires consiste bien à mettre en relief des aspects culturels que les dictionnaires plus traditionnels oublient parfois.

3. 2. Un exemple de mots récents

52 Dans le domaine du sport par exemple, à propos de certains mots, la situation semble différente, il paraît par exemple relativement difficile que disparaissent des termes tels que « sumo », ou « karaté ». Ils ne sont pourtant tous deux attestés en France que très récemment, puisque « sumo » n’apparaît sous cette orthographe, qui se rapproche le plus de sa signification japonaise, que depuis 1981, et « karaté » n’est attesté dans la langue française que depuis 1956. Dans le Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, nous trouvons l’épigraphe suivante pour ce dernier mot :

53

1961, Encyclopédie des sports Larousse, Jean Dauven, article karaté : « D’après ses apôtres, le karaté serait, de tous les sports japonais, le plus typiquement oriental. » (Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, p. 246)

54 De fait, le karaté existe au Japon depuis le Xe siècle, et l’on constate qu’il n’a donc été connu en France que fort longtemps après son apparition dans son pays d’origine. Cependant, ce terme est aujourd’hui bien ancré dans la langue française : la réalité à laquelle il fait référence est désormais chargée culturellement de toute une série de références cinématographiques, avec sans doute une image française en partie différente de celle des Japonais pour qui le karaté n’a rien de récent.

3. 3. L’exemple d’un mot appelé à disparaître

55 À l’inverse de l’exemple précédemment donné, nous pouvons constater qu’il existe dans ces dictionnaires des termes définis mais voués à l’oubli. Nous pensons par exemple à « walkman ». En effet, ce terme pourtant récent – qui correspond au demeurant à une marque déposée par Sony en 1979 – ne semble pas devoir bénéficier encore de beaux jours devant lui. C’est en effet comme on le sait un baladeur à cassettes, or les cassettes ne sont plus très nombreuses sur le marché puisqu’elles ont été remplacées par les CD depuis déjà quelques années, et d’autres technologies viendront. Le Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires à l’article « walkman » offre ici à sa façon un témoignage marqué dans le temps, à travers les deux épigraphes choisies :

56

« Millésime 1982, Petit Larousse illustré, première entrée du mot walkman : « Walkman n. m. (nom déposé). Dispositif constitué d’un lecteur de cassettes portatif relié à un casque d’écoute et qui permet d’écouter de la musique tout en marchant. »

57

Millésime 2008, Petit Larousse illustré, article walkman : « n. m. Audiovis. Baladeur de la marque de ce nom. »

58 L’évolution est déjà perceptible…

CONCLUSION

59 Les exemples que donnent les dictionnaires de cette collection « Pays, Mots et Dictionnaires », sous forme de citations de dictionnaires tant anciens que nouveaux, constituent le vif de ce qui est typiquement lexiculturel. En effet, c’est grâce à ces représentations tout à fait diverses qu’on arrive à percevoir l’évolution de la dimension lexiculturelle de chaque terme. Ces perceptions ne datent pas des mêmes siècles, et les regards sont forcément différents à partir du moment où ils sont par ailleurs portés par des nationalités distinctes. Les citations extraites des dictionnaires d’hier témoignent du fait que, les siècles passant, les cultures évoluent et le regard lexiculturel d’hier peut ne plus être compris aujourd’hui, en fonction d’un nouveau contexte.

60 Nous pouvons, dans le cadre de cette collection dévolue à différents pays, bénéficier d’une approche beaucoup plus culturelle que celle apportée par les dictionnaires traditionnels, c’est au reste l’intérêt des dictionnaires de spécialité. Connaître un pays, ce n’est pas uniquement avoir accès aux termes s’y rapportant, mais aussi et surtout, prendre la mesure de l’importance que son signifié a dans la culture en question. Bien que la nomenclature de ces ouvrages ne puisse être exhaustive, elle permet cependant de par sa richesse de ne pas seulement aborder les connaissances de la culture convenue et de mettre en relief une lexiculture qui du même coup est à la fois plurielle et diachronique.

61 Nous pouvons par ailleurs constater à la lumière de cette expérience que la lecture d’un seul dictionnaire n’est pas suffisante lorsqu’on cherche des informations sur un domaine quel qu’il soit : la confrontation et la mise en commun de toutes les informations que nous trouvons dans la masse de dictionnaires qui nous est offerte permet d’accéder en profondeur à une lexiculture qui n’est pas seulement attestée en synchronie. Enfin, le fait de mettre en valeur un pays en soulignant le regard particulier d’une nationalité – française en l’occurrence – sur ledit pays, ouvre la voie à une lexiculture internationale et interculturelle. C’est bien au reste le message de Robert Galisson : mieux comprendre l’autre, mieux apprendre ce qui nous est au départ étranger. En somme, s’enrichir mutuellement.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

  • PRUVOST, J. 2005. « Quelques concepts lexicographiques opératoires à promouvoir au seuil du XXIe siècle », ÉLA n° 137, Dictionnaires et innovations, janvier-mars 2005.
  • GALISSON, R. 1987. « Accéder à la culture partagée par l’entremise des mots à CCP », ÉLA n° 67, juillet-septembre 1987.
  • —. 1999. « La pragmatique lexiculturelle pour accéder autrement, à une autre culture, par un autre lexique », ÉLA n° 116, octobre-décembre 1999.
  • PRUVOST, J. (dir.). 2007. Dictionnaire du Japon, le Japon des dictionnaires, Condé-sur-Noireau : Édition des Silves.
  • —. 2008. (dir.), Dictionnaire de la Chine, la Chine des dictionnaires, Condé-sur-Noireau : Édition des Silves.
  • DUMONT, P. 2001. L’interculturel dans l’espace francophone, Paris.
  • BERGERON, L. 1997. Dictionnaire de la langue québécoise, Québec : Typo Dictionnaire.
  • Petit Larousse illustré 2009, 2008. Paris.
  • Petit Robert 2009. Paris.

Notes

  • [1]
    UMR 71 87 CNRS, Université de Cergy, Université de Paris 13.
  • [2]
    Galisson, « Accéder à la culture partagée par l’entremise des mots à CCP », ÉLA n° 67, 1987.
  • [3]
    3. ÉLA n° 137, J. Pruvost.
  • [4]
    Dictionnaires anciens consultables sur le portail informatisé du CNRTL.
  • [5]
    J. Pruvost, ÉLA n° 137, 2005.
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