Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris X-Nanterre
Le thème de cette troisième table ronde porte sur les sujets et les archives sensibles. L’existence de sujets ou d’archives perçus comme sensibles est la contrepartie du développement de véritables histoires d’entreprises, réalisées par des historiens indépendants. Tant que les histoires d’entreprises ont été complaisantes ou hagiographiques, ce type de problèmes ne s’est pas posé.
Dans une entreprise, il n’y a pas de service chargé spécifiquement de déterminer ce qui est sensible, et de traiter le problème qui naît alors. Tandis que les thèmes des tables rondes précédentes concernaient la direction des Ressources humaines, celle de la Production ou les responsables de la Recherche, les points sensibles relèvent un peu de toutes les directions, et en dernier ressort de la Direction générale. Il a déjà été question, ce matin, d’archives relatives à la santé des employés, qui doivent être confidentielles, d’échecs commerciaux ou technologiques, dont le souvenir reste cuisant. Maintenant, il s’agit d’évoquer d’autres sujets sensibles, d’en faire un plus large inventaire.
Le caractère sensible d’un sujet ou d’un document d’archive peut s’expliquer par trois raisons principales :
d’abord sa date : une question trop récente, ou toujours d’actualité, est, par là même, sensible ;
ensuite son contenu : les archives comprenant des informations susceptibles de remettre en cause la position, l’image, ou la cohésion d’une entreprise, ou relevant du « secret des affaires » peuvent paraître gênantes…