En analysant les raisons d’être des entreprises, par lesquelles les entreprises s’efforcent de définir leur rôle dans la cité, l’article cherche à repérer les orientations éthiques implicites de ces entreprises au regard du développement durable et, en comparant ces formulations de raisons d’être aux trajectoires des entreprises au regard des limites planétaires, à identifier celles des orientations éthiques qu’il serait bon de promouvoir dans les formes de gestion et d’encadrement juridique des entreprises, pour effectivement respecter ces limites. Dans un premier temps, sont présentées les diverses dimensions de la responsabilité politique écologique de l’entreprise décrites dans la littérature, ainsi que les critères éthiques liés aux enjeux écologiques. Dans un deuxième temps, ce cadre est appliqué à l’analyse des raisons d’être des entreprises du CAC 40. Cette étude permet de mettre en évidence certaines incertitudes et contradictions relatives à la contribution effective des (grandes) entreprises au respect des limites planétaires et le caractère encore insuffisant à cet égard des « raisons d’être », destinées par la loi Pacte à fournir un cadre de gouvernance stratégique pour toutes, et une clé de contrôle pour les parties prenantes et pour l’État, pour celles qui briguent le statut d’entreprise à mission.
Ethical foundations of corporate political responsibility at the Anthropocene era: from the “raison d’être” to systemic responsibility
By analyzing the “raison d’être” of French corporations, through which companies try to define their role, this article seeks to identify the implicit ethical orientations of these companies with regard to sustainable development. The definitions of “raisons d’être” are compared with how companies develop their positions with regard to planetary limitations. The article seeks to identify ethical orientations that should be promoted in terms of management structure and the legal framework of companies in order to respect these limitations more effectively. The first part of the paper outlines the various dimensions of ecological political responsibility described in the literature, as well as ethical criteria linked to ecological issues. This framework is then applied to the analysis of the “raison d’être” of CAC 40 companies. For companies registering as mission-led under the French “Pacte law” introduced in 2017, the notion of “raison d’être” was considered a means of control for stakeholders and the State. For all other companies, it was meant to provide a framework for strategic governance. The results of this research, however, highlight uncertainties and contradictions concerning the contribution of large companies to the need to address planetary limitations and the insufficient guidance provided by the notion of “raison d’être”.