1Tamás Szmrecsányi avait soutenu la revue Entreprises et Histoire depuis le début. Il avait participé au n° 54 (avril 2009) sur les entreprises d’Amérique latine. Nous lui rendons ici hommage.
2Né en Hongrie, Tamás Szmrecsányi s’est réfugié encore enfant avec sa famille au Brésil au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Après des études de philosophie à l’Université de São Paulo (1961), la plus cosmopolite des universités brésiliennes, il a obtenu des diplômes de doctorat (1976) et de post-doctorat en économie à l’Université d’État à Campinas (São Paulo) et à l’Université d’Oxford (1990). Ses recherches sur l’histoire économique brésilienne du XIXe et XXe siècle, sur la culture de la canne à sucre et sur l’histoire des sciences font autorité au Brésil et à l’étranger.
3On lui doit livres et articles sur ces thématiques, dont certains furent publiés en Argentine, au Mexique, en Espagne, en Allemagne, en Belgique, aux Etats-Unis et en Angleterre. Dans le domaine de l’historiographie française, ses travaux ont porté sur les ingénieurs électriciens et sur l’histoire de la Société de Sucreries Brésiliennes, compagnie française établie à São Paulo.
4Il fut aussi professeur invité dans plusieurs universités, enseignant notamment à l’Université de Toulouse II (1991-1992). Fondateur et premier président de l’Association Brésilienne des Chercheurs en Histoire Économique (ABPHE), il devint membre du Comité exécutif de l’Association Internationale d’Histoire Économique (1998-2006), où ses convictions et sa sagesse furent très appréciées. Il fut aussi membre du comité de rédaction de revues d’histoire économique des Amériques et de l’Europe.
5Participant aux débats sur la réforme agraire au Brésil dès son époque d’étudiant à São Paulo, Szmrecsányi deviendra un des plus grands spécialistes de l’histoire rurale brésilienne. Sa connaissance approfondie de l’histoire et des problèmes de la culture extensive de la canne à sucre faisait de lui un analyste respecté de l’actualité. Ainsi, à contre-courant de l’opinion dominante au Brésil, il critiquait la politique de biocombustibles prônée par le gouvernement Lula, soulignant les méfaits de la monoculture et le poids de l’agro-négoce sur les décisions gouvernementales.
6Au mois de juillet 2009, quelques semaines après sa mort, un colloque sur son œuvre fut organisé à la section de São Paulo de l’Institut National de Réforme Agraire (INCRA), avec la participation de spécialistes de l’histoire économique et des problèmes agraires. Sa contribution à la recherche scientifique et au débat politique fut saluée par des chercheurs, des membres du gouvernement et des représentants des associations professionnelles et syndicales.
7Beaucoup de ceux que l’ont côtoyé à l’Université d’État à Campinas, au Brésil, en France et à l’étranger garderont le souvenir de son esprit savant, de sa discrétion affectueuse et de l’intérêt attentif qu’il portait aux recherches de ses collègues et de ses collègues.