À un moment charnière pour les écoles de commerce françaises, bien que leurs diplômés soient aujourd’hui en moyenne mieux payés à l’embauche que ceux des écoles d’ingénieurs, cette thèse sur les plus grandes d’entre elles, les parisiennes, est tout à fait bienvenue.
Par son approche historique des transformations de ces écoles du début du xixe siècle à nos jours, son analyse qui fait la liaison avec les classes préparatoires (pertinentes pages 61-63 du tome III sur ce sujet), ses comparaisons informées avec les écoles d’ingénieurs sur toute la période, son étude du modèle des business schools américaines, cette thèse apporte des éléments très neufs sur un sujet qui a beaucoup attiré l’attention des historiens, des sociologues et des gestionnaires depuis 1972. Il est rare de voir sur ce sujet un travail qui, loin de baigner dans la célébration (sauf sur des points méconnus : 31 % d’enseignants étrangers, t. III p. 48), donne leur importance réelle aux fortes crises qu’ont traversées toutes ces écoles : la thèse prend à bras le corps des phénomènes qu’une partie des dirigeants, des enseignants, des élèves, des anciens et des médias auteurs de classements ne considèrent pas à leur juste mesure. J’ai été sensible à la vision internationale, notamment dans le tome III, ainsi qu’à l’esprit critique dont cette recherche témoigne : par exemple les implications tirées dans le tome II du fait que les écoles étudiées ne sont pas des établissements, l’indication que les admis sur titres sont aujourd’hui 30 % d’une promotion mais affublés d’un sobriquet péjoratif, l’histoire des difficultés de la fusion ESCP-EAP dans le tome I, les pages sur l’ESSEC, dont l’auteur est issu, dans les trois tomes, sur les chambres de commerce et d’industrie dans le tome II et celles sur les organismes d’accréditation et leur impact dans le tome III…