Notes
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[1]
10 % vivaient dans des petites villes (micropolitan areas) et 6,3 % en zone rurale.
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[2]
Les comtés américains sont divisés entre les zones « incorporées », dans lesquelles la population a obtenu la création d’un gouvernement local et qui correspondent à nos municipalités, et les zones « non-incorporées », qui sont gérées directement par l’administration du comté. Les zones incorporées disposent de plus de services mais doivent payer des impôts municipaux, alors que les zones non-incorporées ne doivent s’acquitter que des taxes du comté.
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[3]
La ville de South Tucson est créée en 1938. Elle se trouve rapidement entourée par Tucson de tous les côtés, et elle représente une petite fraction de la population totale. Il s’agit beaucoup plus d’un quartier ayant fait sécession que d’une ville à part entière.
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[4]
Source US Bureau of Census, ACS 2016.
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[5]
Source : US Bureau of Census.
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[6]
Comme expliqué dans le texte, les limites des secteurs censitaires ne coïncidant pas exactement avec les zones incorporées, le découpage présenté ici nous est propre.
Le secteur « Entreville » désigne les quartiers non-incorporés de Casas Adobe et Tortolita, situés entre les villes de Tucson, Marana et Oro Valley. -
[7]
Aux termes des accords signés à l’issue de la guerre entre le Mexique et les États-Unis, en 1848, la Gila river, située au nord de Tucson, constituait la nouvelle frontière entre les deux pays. Désireux de disposer d’une région de plaine plus propice à l’établissement d’une ligne de chemin de fer, les États-Unis ont acheté en 1853 une bande de terrain supplémentaire au Mexique, qui comprenait le Sud de l’Arizona actuel et la ville de Tucson.
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[8]
Parcs à camping-cars qui assurent l’hivernage ou accueillent les retraités vivant dans leurs camions durant des périodes pouvant aller jusqu’à plusieurs mois.
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[9]
Le climat du Sud de l’Arizona est aride, avec un peu moins de 300 millimètres de précipitations par an. Celles-ci sont principalement concentrée entre mi-juillet et mi-août, une période désignée localement comme la « mousson ».
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[10]
Un open spaces comittee officiel est même créé en 1985 pour formuler une politique à ce sujet.
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[11]
Les deux réserves indiennes de la nation Tohono O’oham n’ont pas souhaité rejoindre le Sonoran Desert Conservation Plan alors qu’elles représentent environ 40 % du Pima County. Le Sonoran Desert Conservation Plan concerne environ 14 000 kilomètres carrés situés en dehors des territoires amérindiens. De cette surface, environ 4 000 kilomètres carrés sont localisés dans la portion ouest du comté et n’appartiennent pas à l’agglomération de Tucson.
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[12]
Pour plus d’information sur la structure foncière de l’Arizona et la concession des droits d’usage des terres, voir Le Tourneau, 2019.
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[13]
Groundwater Site Inventory (GWSI), voir http://gisweb.azwater.gov/waterresourcedata/
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[14]
Données US Census bureau à partir du recensement de 2010, voir https://www.census.gov/geo/reference/ua/urbanrural-2010.html et http://www2.census.gov/geo/docs/reference/ua/ua_list_ua.xls (consultés novembre 2018).
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[15]
L’approvisionnement doit être réalisé en ressources renouvelables, mais celles-ci ne doivent pas nécessairement être localisées exactement au même endroit. Les promoteurs peuvent donc approvisionner un quartier en pompant dans l’aquifère du moment qu’ils achètent un volume équivalent de quotas d’eau du Central Arizona Project à infiltrer dans les installations de rechargement situées près de Tucson.
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[16]
Statistiques compilées par le projet Making Action Possible / University of Arizona : https://mapazdashboard.arizona.edu/infrastructure/residential-water-use
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[17]
Par le biais de baux emphytéotiques permettant la construction de quartiers sur des terres louées par les Amérindiens.
1L’étalement des grandes villes (urban sprawl) et la croissance d’anneaux urbains peu denses mais très étendus sont l’un des principaux moteurs de la transformation de l’espace aux États-Unis. Bien que des contraintes spécifiques, en particulier sur le plan foncier, fasse qu’elle ne soit pas nécessairement la région la plus touchée, le Sud-Ouest américain, et en particulier l’Arizona, est souvent vu comme un exemple emblématique du phénomène (Nédélec, 2016). Cette aire géographique est effectivement caractérisée par des lotissements de milliers de maisons individuelles semés le long des principales voies de communication et reliés entre eux par d’immenses zones commerciales (Travis, 2007). Consommateur d’espace, ce mode de développement est aussi gourmand en eau : il faut sans cesse allonger les réseaux pour approvisionner les nouveaux développements, et le mode de vie lié à la maison avec jardin (souvent équipée d’une piscine vu le taux d’ensoleillement) implique une grande consommation individuelle dans une région également caractérisée par son aridité. Malgré les efforts faits depuis les années 1990 pour améliorer la performance en ce domaine (Poupeau et al., 2016), la plupart des observateurs pointent la faible perspective de durabilité de villes comme Phoenix ou Las Vegas.
2Tucson et l’unité administrative dont elle dépend, le Pima County, veulent apparaître dans ce contexte comme un contre-modèle. Préoccupée de son environnement depuis les années 1950, la ville a cherché à se distancier de la croissance à tout prix, et elle soumet depuis presque vingt ans l’ensemble de son développement à un rigoureux plan de préservation de l’environnement, le Sonoran Desert Conservation Plan, tout en ayant modifié en parallèle la gestion de l’eau en privilégiant la diminution de la consommation. Ambitieuse dans son affichage, cette politique atteint-elle les résultats escomptés ? Est-elle capable de faire émerger un mode de croissance économe en espace et sobre en eau, en un mot plus durable ?
3Pour répondre à cette question, nous proposons ici une analyse basée sur une série de données géographiques publiques, qui permettent d’analyser la croissance démographique récente, l’étalement urbain et le changement d’occupation des sols, et enfin la consommation des ressources en eau. Le croisement de ces différentes couches de données permet de mettre au jour quelques succès mais aussi la difficulté des institutions à contrôler les transformations du paysage et l’urbanisation, ainsi que les déséquilibres à moyen et long termes qui sont ainsi engendrés.
Contexte et méthodes
Gestion de l’espace et gestion de l’eau, deux enjeux majeurs pour le Sud-Ouest américain
4L’étalement est une des caractéristiques de la croissance des villes américaines, dont les banlieues pavillonnaires constituent une icône de l’american way of life. En 2010, 83,7 % de la population totale du pays vivaient dans des aires métropolitaines [1], dont près de 46,8 % dans les banlieues contre 36,9 % dans les centre-villes (Rennie Short, 2012). D’abord principalement présent sur la côte est et responsable de l’apparition d’un tissu urbain continu sur de très vastes étendues (la megapolis de Jean Gottmann), le phénomène du urban sprawl a pris son essor dans l’Ouest principalement à partir des années 1950, au moment où le climat chaud (désormais supportable grâce à la climatisation) et la disponibilité foncière ont entraîné une croissance massive de villes comme Phoenix, Las Vegas ou les grandes villes de la côte californienne. Selon une étude historique du Census Bureau, la région Ouest comptait 19,5 millions d’habitants en 1950, soit 13 % de la population des États-Unis. En 2010, elle représentait presque 72 millions d’habitants, soit 23,3 % de la population étasunienne. Déjà urbaine à 69 % dans les années 1950, la population de l’Ouest l’est encore plus aujourd’hui, neuf habitants sur dix étant installés dans des zones urbaines ou péri-urbaines. Bien que les surfaces occupées par habitant puissent amener à débattre de la part de cette croissance urbaine qui correspondrait vraiment à du sprawl (Nédélec, 2016), l’extension rapide des quartiers pavillonnaires est une réalité incontournable des grandes villes de cette région.
5La consommation d’espace liée au mode de vie péri-urbain américain a souvent été pointée du doigt comme non-durable pour de nombreuses raisons. En effet, elle entraîne une consommation de ressources importantes pour la construction de chaque unité d’habitation, mais implique en plus une extension de tous les réseaux (routiers, d’adduction d’eau, électrique, etc.) qui est aussi gourmande en matière première (Barrington-Leigh, Millard-Ball, 2015). Elle se fonde également sur une logique de déplacements individuels en voiture (vers le lieu de travail, vers les zones commerciales) qui est source de grandes quantités d’émissions de CO2 et de polluants liés à l’automobile (Brody, 2013). Elle est, surtout, consommatrice d’espace : de 1982 à 2012, la surface artificialisée des États-Unis a considérablement grandi, passant de 3,7 à 6 % de la superficie totale du pays (USDA, 2018) et près de 16 000 kilomètres carrés ont été transformés en surfaces urbanisées de 2001 à 2011, même si un ralentissement net a été constaté après la crise économique de 2008 (Homer et al., 2015). La croissance des banlieues se fait non seulement au détriment des espaces ruraux mais aussi des zones considérées comme « sauvages » (wildlands), précisément recherchées par certains habitants pour leur beauté naturelle ou leurs paysages intacts. Se développe ainsi une vaste « interface sauvage-urbain » (wildland-urban interface, voir Radeloff et al., 2005) qui pose de redoutables problèmes de gestion écologique dont les récents incendies de Californie ont montré l’une des facettes.
6Dans le Sud-Ouest du pays, de nombreuses métropoles sont installées dans des environnements arides ou semi-arides dans lesquels la disponibilité en eau est limitée. Or le mode de vie associé à la vie péri-urbaine, avec ses pelouses et ses piscines, est fortement consommateur de cette ressource. Jusqu’au début des années 1980 le phénomène a été largement ignoré et masqué, soit par le détournement de plus en plus d’eau du fleuve Colorado, soit par la multiplication des pompages dans les nappes phréatiques. L’épuisement de celles-ci a commencé à entraîner des conséquences graves, comme des subsidences dans la région de Phoenix, alors que l’écosystème du Colorado a été sévèrement affecté et que l’intensité du changement climatique (Garfin et al., 2013) entraîne des étiages répétés qui menacent le système d’approvisionnement mis en place depuis les années 1930.
7Les conséquences négatives de l’étalement urbain comme celles de la dilapidation des ressources en eau ont amené certaines villes ou collectivités à proposer des politiques pour y remédier et amorcer une transition écologique. L’un des exemples les plus forts de tentative pour limiter la consommation d’espace a ainsi été mis en place par la métropole de Portland dès 1979. Elle a ainsi défini une « limite de croissance urbaine » (urban growth boundary, voir Song, Knaap, 2004), interdisant la conversion des sols vers des développements urbains au-delà de cette zone. Mais la plupart des villes sont réticentes à utiliser des mécanismes coercitifs de ce type, car l’industrie de développement urbain est un des principaux moteurs de leur croissance, notamment dans le Sud-Ouest où des quartiers résidentiels cherchent à attirer des segments de population spécifique, en particulier les personnes âgées aisées, en leur promettant un cadre de vie idyllique loin de la cohue des centre-villes. Dans d’autres cas des États fédérés ont édicté des politiques publiques pour limiter la consommation d’espace et préserver des milieux sensibles. Bien qu’elles permettent de freiner un peu l’étalement, ces mesures ne sont cependant souvent pas très concluantes, notamment du fait du manque de soutien de la part des hommes politiques et des administrations locales, qui refusent de brider leur croissance économique (Anthony, 2004). Concernant la gestion de l’eau, la principale amélioration est intervenue en Arizona où, en échange de la construction d’un canal traversant le Sud de l’État (le Central Arizona Project), on a drastiquement diminué les prélèvements dans les nappes phréatiques (Poupeau et al., 2016).
8Les innovations en cours changent-elles vraiment la donne et sont-elles en mesure d’apporter aux villes du Sud-Ouest une durabilité qui est pour le moment particulièrement douteuse ? Nous voulons ici répondre à ces questions par l’observation fine des dynamiques autour de la ville de Tucson, en Arizona. Ville moyenne (sa population est aujourd’hui d’un peu moins d’un million d’habitants), elle ne dispose pas des ressources et du pouvoir politique des grandes métropoles. Pour autant, elle souhaite s’affirmer comme leader sur les questions de durabilité (un enjeu qui fait l’objet d’un secrétariat dédié dans l’administration du comté de Pima, dont Tucson dépend) et affirme haut et fort son ambition de contenir l’étalement urbain et de réduire sa consommation en eau. Mais les résultats sont-ils à la hauteur de ces objectifs ?
Tucson, une agglomération moyenne du Sud-Ouest américain
9La ville de Tucson se situe dans le comté de Pima, en Arizona (fig. 1). Elle se trouve au centre d’une agglomération qui regroupe cinq villes ou incorporated areas [2] (Tucson, Marana, Oro Valley, Sahuarita et South Tucson [3]) et des développements urbains situés dans des zones encore « non-incorporées ». La population totale du comté de Pima était estimée en 2016 à environ un million d’habitants (dont environ 600000 pour la ville de Tucson) [4]. Lors du recensement de 2010, environ 30 % des habitants du comté, soit autour de 300 000 personnes, résidaient dans les zones non-incorporées et le reste habitait dans les villes formant l’agglomération [5], [6].
Localisation et contexte foncier de l’agglomération de Tucson
Localisation et contexte foncier de l’agglomération de Tucson
10Comme le prouvent les vestiges archéologiques de Tumamoc Hill, la région de Tucson est habitée depuis plusieurs millénaires par des groupes amérindiens qui profitaient de l’approvisionnement en eau fourni par la rivière Santa Cruz (Fish et al., 2011). Au xviiie siècle, au moment où apparaissent les premiers explorateurs européens, elle était dominée par les groupes de culture O’odham, qui avaient développé des réseaux de canaux d’irrigation au pied de diverses collines (Sheridan, 2012).
11La colonisation espagnole débute au xviiie siècle avec l’installation d’une mission jésuite fondée par le père Kino, puis le déplacement en 1775 de la garnison de Tubac, située un peu plus au sud, vers Tucson. La colonisation durant la fin de la domination espagnole et durant le début de l’indépendance mexicaine est cependant contrainte par la pression exercée par les raids des Apaches. En 1830 Tucson ne comptait que moins de 500 habitants (Sheridan, 2012, p. 56).
12Bien que des contacts aient eu lieu avec des trappeurs dès les années 1820, et bien que la piste de Santa Fé ait été intensément utilisée au moment de la ruée vers l’or de Californie en 1849, ce n’est qu’en 1854 que la région est annexée par les États-Unis via « l’achat Gasden » [7]. Durant les années 1860-1870, Tucson est au centre des guerres menées contre les Apaches et son activité économique est principalement tournée autour de l’approvisionnement des militaires (Jacoby, 2009). À partir de 1880, l’arrivée du chemin de fer va la réorienter autour de l’élevage pour l’approvisionnement de marchés distants, comme la Californie, déclenchant douze ans plus tard une crise écologique sévère due au surpâturage des ressources limitées de cette région aride. Autour de Tucson, l’installation d’un nombre croissant d’exploitations agricoles entraîne le creusement de canaux d’irrigation de plus en plus profonds à partir de la rivière et le pompage agressif de la nappe phréatique. Celle-ci connaît une baisse rapide de son niveau et la rivière Santa Cruz devient alors intermittente (Parker, 1948 ; Serrat-Capdevila, 2016).
13La ville de Tucson renoue avec la croissance durant les années 1920, notamment avec le début de la promotion de son climat exceptionnellement ensoleillé par le Tucson Sunshine Club (Peterson, 1988). Celui-ci encourage le tourisme naissant, mais aussi l’afflux de malades de la tuberculose pour qui la sécheresse de l’air est bénéfique (Sheridan, 2012, p. 239). La ville devient donc une « ville du soleil », comme la désigne la géographe Margaret Parker (1948). L’université, créée en 1885, est un des autres pôles de développement, notamment avec l’essor des études écologiques autour de la station écologique de Tumamoc Hills, financée par la fondation Carnegie, et avec son département d’ingénierie minière, lié à l’essor de l’exploitation du cuivre et créé dès 1888. Le gros de la croissance urbaine se réalise donc dans l’espace encore vide entre le centre-ville et le campus (Sonnichsen, 1982).
14Entre la place de l’écologie et la volonté de développer le tourisme, la question de la préservation de l’environnement apparaît de manière précoce dans le Pima County. Dès 1929 une partie des collines situées à l’ouest de la ville sont protégées par la création du Tucson Mountain Park. En 1933 cette protection s’étend avec la création du Saguaro National Monument, transformé en parc national en 1961 (Devine, 2015). Au nord et au sud de la ville se trouvaient déjà des forêts nationales, créées en 1902 afin de préserver la ressource forestière et discipliner l’utilisation des pâturages d’altitude.
15Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Arizona se développe rapidement grâce à l’implantation d’industries de défense et de bases d’entraînement de l’armée de l’air. Ce mouvement continue après le conflit, les industriels commençant à s’intéresser aux avantages locaux, notamment les terrains peu chers et la qualité de la « vie au soleil » pour leurs cadres. L’amélioration rapide des systèmes d’air conditionné, permettant d’échapper aux températures estivales caniculaires qui dépassent souvent les 45°C, contribue fortement à cette transformation – jusqu’aux années 1940 les familles les plus aisées avaient l’habitude de passer l’été dans des résidences de villégiature situées dans le centre de l’Arizona ou en Californie (Sonnichsen, 1982). La trajectoire de croissance de la population de la seconde moitié du xxe siècle s’amorce à ce moment (fig. 2), avec comme conséquence une extension de l’empreinte urbaine. Elle se conforte dans les années 1960 et 1970, avec notamment la participation des snowbirds, des retraités qui viennent passer l’hiver et achètent des résidences secondaires ou font tourner l’économie des « RV parks [8] ». Dans les années 1970, le développement des banlieues entraîne l’apparition de nouveaux centres urbains, qui acquièrent peu à peu le statut de ville comme Oro Valley, en 1974 ou Marana, en 1977. Ces développements capitalisent souvent sur l’environnement qu’ils sont à même de proposer, et particulièrement sur les vues spectaculaire des Santa Catalina Mountains dont disposent certains quartiers. Les prix de l’immobilier reflètent cette recherche des aménités naturelles, les maisons dans le nord de l’agglomération étant bien plus chères en moyenne que celles du sud (Mulligan et al., 2002).
Croissance de la population et cycles de construction dans le Pima County
Croissance de la population et cycles de construction dans le Pima County
16Dépourvue de cours d’eau permanent depuis l’assèchement de la Santa Cruz river dont le lit n’est en eau que durant les forts orages de mousson [9] depuis les années 1940, la région reposait entièrement pour son approvisionnement en eau sur des pompages dans la nappe phréatique, dont le niveau diminue de manière alarmante. Durant les années 1970, une prise de conscience s’observe au niveau local avec la mise en place d’une politique visant à pénaliser financièrement les plus gros consommateurs (Euzen, Morehouse, 2014) et une plus grande ouverture concernant l’adoption de jardins composés de végétaux adaptés à l’aridité (Saarinen, 1988). En toute hypothèse cependant, les ressources locales ne pouvaient suffire. On se tourna alors vers les eaux du Colorado, dont l’Arizona, grâce à sa victoire juridique obtenue en 1963, pouvait désormais disposer en partie. Dès 1973, l’État s’est donc lancé dans le Central Arizona Project (CAP), un canal permettant de faire parvenir cette ressource vers ses principales villes, Phoenix et Tucson. L’importance des travaux à réaliser et le coût pharaonique du chantier font toutefois que celui-ci n’est achevé qu’au début des années 1990. En échange d’une aide du gouvernement fédéral, l’État s’est alors engagé à une meilleure gestion de l’eau (Poupeau et al., 2016). Il a ainsi instauré le Groundwater Management Act, une législation dont le principe fondateur est de parvenir à un « volume assuré » (safe yield) à l’horizon 2025 en adoptant de meilleures pratiques et en diminuant la consommation. À partir de 1992 Tucson est donc approvisionnée à la fois par les eaux du Central Arizona Project et par les pompages.
17Suivant la tendance amorcée dans les années 1930, Tucson et le Pima County démontrent également une préoccupation croissante pour la préservation de l’environnement, et ce dès après la Seconde guerre mondiale (Logan, 1995). Ce mouvement grandit localement et prend la forme d’un courant « anti-croissance » dans les années 1970, influencé entre autres par les écrits de l’écrivain écologiste Edward Abbey et par l’action du Sierra club. La préservation des open spaces, considérés comme la signature de la région, devient alors un trait saillant de la politique urbaine [10]. Après la révision du plan de développement en 1992, qui marque un premier tournant, le Pima County se lance à la fin des années 1990 dans une politique ambitieuse de conservation de la biodiversité. Il signe ainsi un « accord de préservation multi-espèces » avec le gouvernement fédéral, intitulé Sonoran Desert Conservation Plan (SDCP), dont l’un des principaux focus est le maintien des écosystèmes supportant les espèces en question, impliquant donc une régulation stricte de la croissance urbaine. En 2001 le Sonoran Desert Conservation Plan devient officiellement la ligne directrice pour le développement local par son incorporation dans le plan directeur du comté [11].
18Une des originalités de l’action menée depuis les années 1990 est de prévoir l’achat par le gouvernement local de ranchs autour de l’agglomération afin de garantir la pérennité des opens spaces. Les propriétés ainsi acquises peuvent conserver leurs activités d’élevage, mais elles ne peuvent plus être converties en lotissements urbains ou en zones commerciales. En 1997, un emprunt public a permis de rassembler 29,7 millions de dollars pour ce faire, et en 2004 une nouvelle édition a permis de rassembler 174 millions de dollars (O’Neill et al., 2018). Au total, environ 22 500 hectares ont été ainsi achetés, mais surtout ces propriétés entraînent également le contrôle de plus de 52 700 hectares de droits de pâturage sur des terres publiques appartenant à l’État fédéral ou à l’État d’Arizona [12].
19Par ses efforts pour une meilleure gestion de l’eau et par les outils donnés par son plan de conservation des paysages ouverts, le Pima county et la ville de Tucson semblent donc avoir réalisé de grands pas vers une plus grande durabilité. Mais quelle est l’efficacité de ces mesures sur le terrain, et répondent-elles au défi de la croissance urbaine ? L’analyse fine de données de différentes sources va nous permettre de voir que ces différentes mesures ont finalement un impact concret relativement modeste.
Données et méthodes
20Les sources de données permettant le suivi de l’empreinte humaine sur les espaces et les ressources hydriques sont assez abondantes pour l’étude du Pima County, mais elles nécessitent des traitements particuliers pour être exploitées.
21Sur le plan démographique, nous avons utilisé la version des données de recensement des années 1990, 2000 et 2010 publiées par le National Historical Geographic Information System de l’université du Minnesota. L’une des principales difficultés des comparaisons entre plusieurs éditions des recensements tient en effet au redécoupage constant des unités spatiales les plus fines (Le Tourneau, 2018). Ces données permettent de surmonter cet obstacle en proposant une redistribution des chiffres des éditions antérieures sur la maille des groupes de secteurs (blocks groups) de la maille utilisée en 2010. Même si elle n’est pas exempte d’approximations, cette méthode permet d’explorer les évolutions à une échelle plus détaillée que celle du comté. Nous nous sommes focalisés sur les groupes de secteurs de l’est du Pima county qui représentent plus de 99 % de sa population et recoupent l’ensemble de l’agglomération de Tucson. Les limites de ces groupes de secteur ne coïncident cependant pas à celles des incorporated areas, si bien que nous avons réalisé une cartographie agrégeant les groupes de secteur qui incident principalement sur les villes du Pima County en divisant les zones non incorporées en secteurs géographiques. Ce découpage nous permet d’analyser les tendances de croissance démographique en fonction de la localisation (fig. 1 et tabl. 1). Il induit de légères différences dans les totaux qui expliquent que les chiffres cités dans cet article ne correspondent pas totalement à ceux qui se trouvent sur les sites officiels des administrations concernées.
Évolutions démographiques par secteur pour Pima County, 1990-2010
Évolutions démographiques par secteur pour Pima County, 1990-2010
Données NHGIS ; les chiffres font référence à l’identification des secteurs dans la figure 1.22Un autre inconvénient des groupes de secteurs est qu’ils couvrent le territoire de manière uniforme alors que nombre des secteurs qu’ils agrègent sont dépourvus de population (Le Tourneau, 2018). Nous avons donc extrait de la maille des secteurs (blocks) ceux qui étaient déserts en 2010, soit pour l’utiliser comme masque, soit pour en soustraire la surface à celle des unités spatiales prises en compte dans le calcul des densités (tabl. 1).
23L’étalement progressif du tissu urbain de la ville de Tucson a été mesuré à partir des séries décennales d’occupation des sols issues de l’imagerie Landsat à trente mètres de résolution spatiale proposées par Miguel L. Villareal et al. (2011) pour la période 1979-2009, et, pour les dates antérieures, par digitalisation des cartographies historiques proposées par Don Bufkin (1981). Ces dernières, moins précises, ont été affinées par superposition avec les données satellitales d’occupation des sols disponibles pour 1979 afin de ne préserver que les espaces effectivement urbanisés au sein des polygones généralisés initialement proposés. Pour chaque date, la surface urbanisée totale a été estimée par comptage des pixels identifiés comme construits. Les séries temporelles récentes sont centrées sur le bassin versant des rivières Santa Cruz et Rillito, ils ne prennent donc pas en compte la zone située à l’ouest des Tucson Mountains. Celle-ci est donc masquée sur la figure 3.
Croissance urbaine de l’agglomération de Tucson, 1862-2009
Croissance urbaine de l’agglomération de Tucson, 1862-2009
24Concernant l’hydrologie, l’État d’Arizona dispose d’une base de données regroupant tous les puits connus, et beaucoup d’entre eux sont associés à des mesures de la profondeur de pompage [13]. Nous avons extrait de cette base les puits qui disposaient de plus de deux mesures sur une fenêtre glissante de trois ans centrée en fonction des besoins (autour de 1956, 1996 et 2016 pour l’étude de l’évolution du niveau de la nappe et autour de 1990 et 2010 pour la comparaison avec les données issues des recensements). Les mesures ponctuelles, représentant à chaque fois plusieurs centaines de points ont été interpolées pour réaliser les cartes de profondeur de la nappe présentées.
Une croissance urbaine qui défie les tentatives pour améliorer la gestion des ressources ?
25La ville de Tucson et le Pima county ont développé des outils et des politiques censées contenir l’expansion urbaine et permettre une meilleure gestion de la ressource en eau. Mais quels résultats concrets peut-on observer ? L’analyse de différentes données statistiques et géographiques va nous permettre de montrer combien en réalité prédomine une impression de business as usual dans l’expansion urbaine contemporaine, et combien les effets des politiques adoptées, à l’exception notable de la gestion de l’eau, semblent marginaux.
Une croissance démographique qui demeure forte
26Si la croissance s’amorce véritablement dans les années 1950-1960 (fig. 2), Pima County reste très dynamique sur le plan démographique. Le tableau 1 permet de comparer les résultats des éditions 1990 et 2010 du recensement par ville et par secteur pour les zones non-incorporées. On constate en premier lieu l’importance de la croissance : 32 % entre 1990 et 2010, soit environ 326 500 habitants en plus. La ville participe donc du mouvement général de l’Arizona, qui est passé de 3,67 à 6,41 millions d’habitants durant la même période. Elle est toutefois bien moins dynamique que Phoenix de ce point de vue, puisque cette dernière a vu sa population croître de 57 % durant cet intervalle. On peut alors se demander si cette (très) relative modération de la croissance est due à l’attractivité moindre d’une ville moyenne ou bien aux politiques de contrôle mises en place depuis les années 1990.
27La croissance de la population de l’agglomération de Tucson se fait en parallèle avec une évolution de la répartition. La ville de Tucson voit ainsi son importance décliner de manière importante puisqu’elle rassemblait les deux tiers de la population de l’agglomération en 1990 et seulement 56,7 % en 2010. Les autres villes elles, voient leurs effectifs et leur proportion exploser. De moins de 30 000 habitants en 1990, leur population totale approche 120 000 personnes en 2010. Marana est la ville qui connaît la plus forte croissance dans l’État d’Arizona sur la décennie 1990-2000 (+520 %). Oro Valley suit de près et Sahuarita est incorporée en 1994 pour refléter la croissance démographique au sud de la ville le long de l’autoroute I-10. Représentant 4,4 % de l’agglomération en 1990, ces villes secondaires de l’agglomération atteignent 12 % vingt ans plus tard.
28Si l’augmentation en proportion est moins significative, le rôle et l’importance des zones non-incorporées doit être souligné. En 1990, celles-ci regroupaient environ 189 000 habitants, soit 28,2 % de la population de l’agglomération. En 2010 la proportion reste équivalente (31 %), mais le nombre des habitants a considérablement augmenté pour dépasser 305 000 personnes (+216 000). L’une des caractéristiques des zones non-incorporées étant l’étalement des propriétés sur des parcelles plus larges que dans le cadre urbain, il s’agit d’un des moteurs de la consommation de l’espace.
29L’augmentation de la population se réalise par le biais de cycles dépendants de la conjoncture économique. Ils montrent une variabilité significative dans le temps, comme le montre les oscillations du nombre de permis de construire concédés depuis les années 1960 (fig. 1). Les cycles économiques expliquent aussi la transformation du marché de l’emploi. Si celui-ci continue d’être dominé par le secteur privé, et si les entreprises Raytheon (aérospatiale) et Geiko (services en assurance) sont parmi les plus gros employeurs, la proportion des emplois publics dans le nombre d’emplois proposés augmente depuis plusieurs décennies. Selon une étude récente (United States Department of Housing and Urban Development, 2016), les services publics représentaient 76 600 emplois (20,7 % du total) en 2016, auxquels il faut ajouter 69 900 emplois dans le secteur « santé et éducation » (17,2 %). Avec 12 500 postes proposés, l’université d’Arizona est le premier employeur local, ce qui confirme le profil de ville universitaire de Tucson. La part des militaires décroît peu à peu, mais la base aérienne continue de rassembler près de 10 000 postes.
30L’afflux des retraités est un des moteurs de l’économie, et elle se lit dans les recensements (tabl. 2). La proportion des plus de 65 ans, inférieure à la moyenne nationale en 1960, lui est désormais supérieure de près de 2,4 % et a rapidement dépassé la proportion des 18-25 ans, renversant la pyramide des âges malgré l’existence d’une importante population universitaire (43 625 inscrits à l’université d’Arizona en 2016). De plus, ces chiffres sous-estiment probablement la réalité dans la mesure où une partie des snowbirds ne résident que quelques mois par an en Arizona. Le fait que près de 3 % du parc de logement soit occupé temporairement, l’importance des parcs pour camping-cars ou encore la multiplication des lotissements réservés aux plus de 55 ans sont d’autres indices du même phénomène, qui amène l’écrivain Frantz Douskey à désigner la ville comme « un ghetto gériatrique » (Kopp, Kopp, 1977, p. 285).
Proportion des 18-25 ans et de plus de 65 ans dans Pima County
Proportion 18-25 ans Pima County | Proportion 18-25 ans États-Unis | Proportion + de 65 ans Pima County | Proportion + de 65 ans États-Unis | |
---|---|---|---|---|
1960 | 7,4 | 9,2 | ||
1970 | 13,1 | 11,7 | 10,2 | 9,9 |
1980 | 14,8 | 13,3 | 11,7 | 11,3 |
1990 | 11,8 | 10,8 | 13,7 | 12,6 |
2000 | 10,9 | 9,6 | 14,2 | 12,4 |
2010 | 11 | 9,9 | 15,4 | 13 |
Proportion des 18-25 ans et de plus de 65 ans dans Pima County
Données US Census Bureau.31On peut noter que pour rapide qu’elle soit, la croissance réelle est constamment inférieure aux prévisions qui ont fondé les différents plans d’orientation. En 1960, on envisageait une population de 1,2 million d’habitants en 2000, mais la population à cette date n’était que de moins de 850000 personnes. En 1992, les prévisions étaient d’atteindre 1,2 million d’habitants en 2010 (on devrait difficilement dépasser un million), et 1,5 million en 2045.
Une urbanisation extensive malgré des plans pour la limiter
32Comme on l’a vu, le Pima County dispose d’une assez longue histoire de planification de sa croissance urbaine. La ville de Tucson adopte ainsi son premier plan de zonage en 1930, et un plan à l’échelle du comté est adopté en 1953 (Pima County Masterplan, 1992). En 1960, il est révisé et désormais intitulé « general land-use plan ». Malgré les provisions prévues pour maintenir les paysages, ces outils sont cependant assez flexibles, et l’orientation générale en faveur de la croissance, vue comme une source de prospérité, fait que les autorités acceptent facilement de modifier la catégorie de telle ou telle zone pour accommoder les nouveaux projets de lotissement. C’est l’époque du « zonage à la demande » (Sonnichsen, 1982, p. 282). À la fin des années 1970, l’influence des opposants à la croissance continue devient plus importante. Le plan de 1977 propose de concilier la préservation de l’environnement et le développement économique, et il devient plus restrictif sur la possibilité de « rezoner » un secteur. La tendance consistant à encadrer plus fortement l’expansion urbaine se confirme dans le plan de 1992 et surtout dans ceux de 2001 et 2015, bâtis sur la base du Sonoran Desert Conservation Plan.
33Pour autant, l’analyse des données cartographiques disponibles, en particulier les données sur l’occupation des sols dérivées des images Landsat depuis 1979 montrent que l’est du Pima County a connu une transformation environnementale profonde depuis les années 1960, et que celle-ci ne semble pas véritablement marquer le pas jusqu’à 2010 (tabl. 3). L’aire urbanisée a été multipliée par 7,5 depuis 1960, et par 3,2 depuis 1979. Elle atteint 918 kilomètres carrés en 2009, soit une surface considérable pour une métropole d’à peine un million d’habitant. En conséquence, la densité de population est plutôt faible (1089 habitants par kilomètre carré, à rapporter à la densité moyenne de l’aire urbaine de Los Angeles – 2702 habitants par kilomètre carré, celle de Las Vegas – 1 779 habitants par kilomètre carré ou même celle de Phoenix – 1 222 [14]), reflétant la prédominance du mode de vie de l’Ouest américain, basé sur des maisons individuelles avec jardin et sur d’importantes surfaces commerciales et de voirie.
Croissance de l’aire urbanisée de l’agglomération de Tucson 1862-2009
Année | Aire totale (ha) | Expansion par rapport à la période précedente (ha) | Taux annuel de croissance moyen (%) |
---|---|---|---|
1862 | 14,8 | 14,8 | |
1883 | 45,5 | 30,7 | |
1936 | 2 090,6 | 2045,2 | |
1950 | 6848 | 4757,4 | 16,3 |
1960 | 12 319,5 | 5471,5 | 8 |
1967 | 14809,3 | 2489,9 | 2,9 |
1979 | 28662,6 | 13 853,3 | 7,8 |
1989 | 53 963,1 | 25 300,5 | 8,8 |
1999 | 70 242,2 | 16 279,1 | 3 |
2009 | 91820,5 | 21 578,3 | 3,1 |
Croissance de l’aire urbanisée de l’agglomération de Tucson 1862-2009
Données extraites des informations géographiques, en particulier Bufkin, 1981 et Villareal et al., 2011.34Dans le détail (fig. 3), la croissance urbaine est manifeste le long des principaux axes de communication, en particulier l’autoroute I-10 qui traverse la ville de Tucson mais aussi les zones incorporées de Marana et Sahuarita. On note aussi une expansion importante des zones d’urbanisation peu dense, qui s’étendent désormais sur presque tous les piémonts des reliefs qui entourent la ville : sur les Santa Catalina Mountains, au nord, mais aussi sur les Tucson Mountains, à l’ouest, et de plus en plus sur les Santa Rita Mountains, au sud-est.
35Cette expansion rencontre toutefois des limites qui la contraignent, mais elles ne viennent pas des plans de zonage du county. Elles sont liées aux politiques environnementales fédérales et locales. Au nord et à l’est, la ville côtoie désormais les limites de la forêt nationale de Coronado et du Saguaro National Park. Ces deux régions ne peuvent voir leur vocation modifiée et elles jouent donc le rôle d’une ceinture de contention. À l’ouest, l’ensemble des Tucson Mountains est aussi protégé et l’urbanisation le contourne en se développant désormais dans la Avra Valley. Le contexte foncier introduit aussi des éléments qui guident la croissance urbaine, dans la mesure où la plupart des terres qui ne sont pas encore urbanisées appartiennent au domaine public.
36Il faut cependant différencier ici entre les terres fédérales et celles sous le contrôle de l’État (Le Tourneau, soumis). Gérées par le Bureau of Land Management (BLM), les premières sont effectivement difficiles à urbaniser du fait de la politique nationale, bien qu’elles puissent être vendues sous certaines conditions. Les secondes, en revanche, sont obligatoirement gérées dans le sens du meilleur rapport financier, si bien qu’elles peuvent beaucoup plus facilement être converties en zones commerciales ou en développements résidentiels (comme c’est le cas avec le futur Sahuarita East Conceptual Plan). Comme on le voit dans la figure 1, les terres du Bureau of Land Management sont plus fortement présentes dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest. Elles ne représentent cependant pas une proportion suffisante de l’espace pour réellement contenir l’expansion.
37Enfin, il faut noter que de nombreuses zones refusent leur incorporation en tant que zones urbaines, à la fois pour des raisons fiscales (la contribution aux services publics urbains étant plus onéreuse), mais aussi par crainte que cela n’induise une transformation plus radicale du paysage. La banlieue aisée du nord de la ville de Tucson, les Santa Catalina Foothills, est au centre de ce mouvement, mais il touche aussi d’autres quartiers comme les quartiers de Casas Adobe et Tortolita, situés entre les zones de Tucson, Marana et Oro Valley (que nous avons désigné pour cette raison comme « Entrevilles » – dans la cartographie des secteurs non-incorporés). De ce point de vue, les politiques de protection peuvent dans une certaine mesure avoir des effets contre-productifs. On note ainsi que les développements à l’Est, au Nord et au Nord-Est de Tucson tendent à s’installer juste en limite des unités de conservation (Saguaro National Park, Coronado National Forest et Santa Catalina State Park) car la vue sur les montagnes est utilisée comme argument promotionnel par les promoteurs. De fait, les grandes étendues de Cactus Saguaro ou la vue sur les reliefs font partie des images iconiques mises en avant dans la promotion de la ville (Prytherch, 2002), alors que la référence à l’environnement « désertique » supplante peu à peu celle au climat dans les perceptions des résidents (Saarinen, 1988). Mais cette mise en avant de l’environnement naturel entraîne un effet antagonique, puisqu’elle conforte la demande de logements dans des zones toujours plus éloignées et contribue par là-même mécaniquement à la diminution des espaces encore « sauvages ». Le tissu urbain s’étend ainsi dans des zones vallonnées de piémont qui compliquent l’approvisionnement en eau ou la voierie, alors qu’il existe au sud de la ville une vaste plaine qui serait bien plus facilement construite.
Un approvisionnement garanti en eau ?
38Jusqu’aux années 1990, l’approvisionnement en eau de Tucson reposait uniquement sur l’usage des eaux pompées dans la nappe phréatique. Le développement urbain ayant considérablement intensifié les retraits, celle-ci a vu une baisse de son niveau allant jusqu’à 60 mètres entre les années 1950 et 1992, date de l’achèvement du canal du Central Arizona Project (Sheridan, 2012, p. 409). Bien que moins graves qu’à Phoenix, des subsidences ont commencé à apparaître dans la ville, menaçant la stabilité du bâti. De ce fait, le choix a été fait d’utiliser une partie des nouvelles ressources pour recharger les eaux souterraines et enrayer le phénomène.
39Grâce au Central Arizona Project, Tucson peut compter sur environ 172 millions de mètres cubes d’eau du Colorado par an. Du fait de difficultés liées à la qualité de l’eau, ce volume est ré-infiltré dans la nappe phréatique et pompé à nouveau en partie pour la consommation urbaine. Cette dernière se montant à environ 123 millions de mètres cubes, à peu près 49 millions de mètres cubes d’excédents servent au rechargement de la nappe phréatique (Benitez-Gambirazio, 2016, p. 132). Le succès de cette politique est visible dans la figure 4, réalisée à partir d’une interpolation sur le niveau des puits entre 1956 et 1996, à gauche, et 1996 et 2016, à droite. Dans le premier cas, la baisse du niveau des eaux souterraines est généralisée, et particulièrement important sous le centre-ville ou sous la mine de cuivre installée à proximité de Sahuarita. Dans le second, on constate une augmentation dans plusieurs régions, en particulier autour des bassins de rechargement, à l’ouest de la ville, mais aussi dans le centre-ville. On constate toujours des diminutions dans certains secteurs périphériques, ce qui montre que l’expansion urbaine continue à avoir des conséquences sur la disponibilité de la ressource en eau malgré les politiques de responsabilité mises en place depuis les années 1980, en particulier l’obligation de prouver la durabilité de l’approvisionnement en eau sur cent ans instituée par le Groundwater Management Act [15].
Oscillation du niveau de la nappe phréatique à Tucson
Oscillation du niveau de la nappe phréatique à Tucson
40En plus d’avoir réussi à recharger la nappe phréatique grâce à l’apport du Central Arizona Project, la politique de prise de conscience de la rareté de la ressource a aussi entraîné une baisse sensible de la consommation, notamment par des mesures visant à modifier la physionomie des jardins. Depuis 1991, une ordonnance municipale de Tucson restreint la taille des pelouses à moins de 5 % de la surface totale d’une parcelle pour des résidences privées et 2,5 % pour des établissements commerciaux. Le reste des surfaces non-bâties doit être aménagé selon le principe du paysagisme adapté à l’aridité, ou xeriscape. Celui-ci impose d’utiliser des végétaux sobres en eau, de permettre une percolation rapide des eaux de pluie pour les approvisionner, d’utiliser des couvertures des sols qui limitent la dispersion des poussières par le vent et enfin d’utiliser des systèmes de recyclage de l’eau pour l’arrosage.
41De fait, les résultats de ces mesures sont importants. De plus de 460 litres par jour et par habitant en 1989, la consommation domestique a diminué à 311 litres d’eau en 2015 [16]. Elle reste tout de même élevée, près de deux fois supérieure à la consommation moyenne en France. La consommation par les activités commerciales et industrielles n’est bien sûr pas négligeable, représentant environ 38 % de la consommation totale. Mais il s’agit essentiellement d’un usage lié aux zones commerciales et aux infrastructures de loisir, l’économie de Tucson étant avant tout tournée vers les services. Du fait des règlements liés au paysagisme et grâce aux incitations pour l’utilisation de dispositifs plus économes, notamment dans les toilettes, ces autres types de consommation ont eux aussi diminué, si bien que la consommation totale par habitant, en incluant les usages résidentiels, industriels et commerciaux, est passée de 672 à 494 litres par jour et par habitant.
42La dernière facette de la politique de gestion de l’eau consiste à promouvoir le traitement et la réutilisation. À partir de 1984, la ville de Tucson a commencé à investir dans des infrastructures d’épuration et dans la réutilisation des eaux. Le premier objectif a consisté à promouvoir l’usage des eaux ainsi recyclées pour l’arrosage de grandes pelouses, en particulier celles des clubs de golf ou des terrains de sport. Aujourd’hui, des ordonnances adoptées dans l’ensemble des aires incorporées ont imposé cet usage à moins que le terrain en question ne soit pas desservi par le réseau de distribution des eaux ou à moins que le propriétaire ait obtenu des droits de pompages propres. Une autre destination pour ces eaux recyclées est le rechargement de la nappe phréatique. Après une longue phase de montée en puissance, l’infrastructure de Sweetwater Park a ainsi commencé à opérer à plein régime en 1996. Elle permet l’injection de plus de huit millions de mètres cubes par an, tout en créant un écosystème humide et un parc urbain grâce aux bassins de rechargement Grâce à ces efforts, les eaux recyclées représentent aujourd’hui environ 10 % de la consommation à Tucson et deux tiers du flux servent à compléter le rechargement des eaux du sous-sol. Toutefois, ainsi que le montrent Kerri Jean Ormerod et Christopher A. Scott (2013), les résidents de Tucson restent encore réticents à l’utilisation de ces eaux traitées pour l’approvisionnement en eau potable.
43Il est important de remarquer que la meilleure gestion de l’eau par l’agglomération de Tucson comporte toutefois encore plusieurs vulnérabilités. Ainsi, toutes les aires incorporées ne participent pas du réseau actuel de distribution et continuent de reposer sur des pompages dans les nappes phréatiques situées dans leur sous-sol. C’est aussi le cas des lotissements installés dans des zones non-incorporées, qui négocient des portions d’eau du Central Arizona Project, mais pompent effectivement dans des aquifères qui ne sont pas toujours connectés à celui situé sous Tucson. Le modèle de « baignoire » qui sous-tend le système des crédits d’eau suppose que l’eau infiltrée à un endroit compense l’eau pompée à un autre, mais la circulation souterraine est bien plus complexe… La seconde vulnérabilité est que les efforts réalisés, si on les considère à l’échelle de la région de gestion de l’eau (active management area) sont bien loin d’avoir permis un retour à l’équilibre. Les activités minières et l’agriculture (peu présente à proximité de Tucson même, mais importante en aval de la rivière Santa Cruz) continuent d’extraire de l’aquifère bien plus d’eau qu’on en recharge. Le « volume assuré » est donc encore loin d’être atteint.
Conclusion
44Les autorités qui gèrent l’agglomération de Tucson ont fait de la protection de l’environnement une priorité politique depuis près de cinquante ans. Parmi les mesures emblématiques de cette orientation, on trouve le plan de zonage destiné à permettre la conservation de l’écosystème du désert du Sonora (Sonoran Desert Conservation Plan – SDCP) et les mesures visant à une meilleure gestion des ressources en eau et à une baisse des prélèvements sur la nappe phréatique.
45Ce deuxième versant peut proclamer d’importants succès. La consommation en eau est ainsi en forte baisse et un rechargement important de l’aquifère est constaté. Ces progrès se réalisent toutefois aux dépens du fleuve Colorado dont la capacité à fournir à long terme autant d’eau dans le contexte du changement climatique en cours est de plus en plus contestée. Ils sont aussi bien moins rassurants dans le contexte régional, la gestion de l’aquifère de Tucson demeurant déficitaire à cause des prélèvements pour l’agriculture ou pour l’industrie minière.
46Concernant la gestion de l’espace, les résultats sont plus mitigés. Bien que le Sonoran Desert Conservation Plan ait été adopté en 2001, la croissance de l’espace urbanisé a été très forte de 1999 à 2009 et il est plus que probable que la révision décennale de la carte d’occupation des sols, prévue pour 2019, montrera que l’intensité de conversion des espaces naturels a peu baissé. On ne peut pas être véritablement surpris tant l’attraction de nouveaux habitants et la croissance démographique demeure un des moteurs principaux de la prospérité locale, encore confirmé par le nouveau plan directeur du Pima County, adopté en 2015. On peut même se demander dans quelle mesure les mesures de protection n’ont pas comme effet pervers de renforcer par leur affichage l’attractivité d’une installation à Tucson, et donc d’intensifier par là un étalement urbain déjà important.
47Plus que la planification locale, ce sont principalement les unités de conservation instaurées par le gouvernement fédéral dans la première moitié du xxe siècle, et les territoires amérindiens, qui sont aujourd’hui les barrières les plus efficaces pour contenir l’urbanisation. Si les premières semblent bien équipées pour résister à une pression accrue, les seconds pourraient à partir d’un certain moment voir les lotissements déborder sur eux [17] comme cela peut se voir dans d’autres grandes villes comme Palm Springs en Californie. À l’heure actuelle, donc, et malgré les discours progressiste, Tucson et son agglomération ne sont pas parvenues à créer un nouveau modèle de croissance urbaine reposant sur une plus grande concentration de la population et sur une moindre consommation d’espace.
Remerciements
Les auteurs remercient l’OHMI Pima county et le LABEX DRHIIM, financé au titre des investissements d’avenir sous le numéro ANR-11-LABX-0010 et géré par l’ANR, pour le financement des travaux ayant permis la rédaction de cet article.Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : croissance urbaine, États-Unis, étalement urbain, eau
Mise en ligne 24/05/2019
https://doi.org/10.3917/eg.481.0039Notes
-
[1]
10 % vivaient dans des petites villes (micropolitan areas) et 6,3 % en zone rurale.
-
[2]
Les comtés américains sont divisés entre les zones « incorporées », dans lesquelles la population a obtenu la création d’un gouvernement local et qui correspondent à nos municipalités, et les zones « non-incorporées », qui sont gérées directement par l’administration du comté. Les zones incorporées disposent de plus de services mais doivent payer des impôts municipaux, alors que les zones non-incorporées ne doivent s’acquitter que des taxes du comté.
-
[3]
La ville de South Tucson est créée en 1938. Elle se trouve rapidement entourée par Tucson de tous les côtés, et elle représente une petite fraction de la population totale. Il s’agit beaucoup plus d’un quartier ayant fait sécession que d’une ville à part entière.
-
[4]
Source US Bureau of Census, ACS 2016.
-
[5]
Source : US Bureau of Census.
-
[6]
Comme expliqué dans le texte, les limites des secteurs censitaires ne coïncidant pas exactement avec les zones incorporées, le découpage présenté ici nous est propre.
Le secteur « Entreville » désigne les quartiers non-incorporés de Casas Adobe et Tortolita, situés entre les villes de Tucson, Marana et Oro Valley. -
[7]
Aux termes des accords signés à l’issue de la guerre entre le Mexique et les États-Unis, en 1848, la Gila river, située au nord de Tucson, constituait la nouvelle frontière entre les deux pays. Désireux de disposer d’une région de plaine plus propice à l’établissement d’une ligne de chemin de fer, les États-Unis ont acheté en 1853 une bande de terrain supplémentaire au Mexique, qui comprenait le Sud de l’Arizona actuel et la ville de Tucson.
-
[8]
Parcs à camping-cars qui assurent l’hivernage ou accueillent les retraités vivant dans leurs camions durant des périodes pouvant aller jusqu’à plusieurs mois.
-
[9]
Le climat du Sud de l’Arizona est aride, avec un peu moins de 300 millimètres de précipitations par an. Celles-ci sont principalement concentrée entre mi-juillet et mi-août, une période désignée localement comme la « mousson ».
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Un open spaces comittee officiel est même créé en 1985 pour formuler une politique à ce sujet.
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Les deux réserves indiennes de la nation Tohono O’oham n’ont pas souhaité rejoindre le Sonoran Desert Conservation Plan alors qu’elles représentent environ 40 % du Pima County. Le Sonoran Desert Conservation Plan concerne environ 14 000 kilomètres carrés situés en dehors des territoires amérindiens. De cette surface, environ 4 000 kilomètres carrés sont localisés dans la portion ouest du comté et n’appartiennent pas à l’agglomération de Tucson.
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[12]
Pour plus d’information sur la structure foncière de l’Arizona et la concession des droits d’usage des terres, voir Le Tourneau, 2019.
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[13]
Groundwater Site Inventory (GWSI), voir http://gisweb.azwater.gov/waterresourcedata/
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[14]
Données US Census bureau à partir du recensement de 2010, voir https://www.census.gov/geo/reference/ua/urbanrural-2010.html et http://www2.census.gov/geo/docs/reference/ua/ua_list_ua.xls (consultés novembre 2018).
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L’approvisionnement doit être réalisé en ressources renouvelables, mais celles-ci ne doivent pas nécessairement être localisées exactement au même endroit. Les promoteurs peuvent donc approvisionner un quartier en pompant dans l’aquifère du moment qu’ils achètent un volume équivalent de quotas d’eau du Central Arizona Project à infiltrer dans les installations de rechargement situées près de Tucson.
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Statistiques compilées par le projet Making Action Possible / University of Arizona : https://mapazdashboard.arizona.edu/infrastructure/residential-water-use
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Par le biais de baux emphytéotiques permettant la construction de quartiers sur des terres louées par les Amérindiens.