Le Nord peut être appréhendé comme un imaginaire mais il se définit aussi dans son rapport avec l’Autre. Cela se vérifie en particulier dans le discours de réception journalistique suédois contemporain où le Nord est convoqué et réactivé de manière aussi répétitive que singulière lorsque les critiques suédois commentent différents événements ou publications liés à la littérature étrangère, notamment à la littérature de langue française. La réception littéraire est, par excellence, un lieu d’interculturalité qui touche au domaine des représentations de l’autre (appelée encore imagologie) et s’élargit au champ des transferts culturels. Il va donc de soi que la réception soit un des réceptacles des représentations imaginaires. À la croisée de plusieurs champs d’étude, les études de réception s’inscrivent depuis leur origine dans le cadre des études de littérature comparée et plus précisément des contacts de culture. À ce titre, le nouveau cadre de pensée du boréalisme apparaît comme une approche épistémologique éclairante pour approfondir certains mécanismes liés à la réception littéraire où les concepts Nord et Sud sont en jeu. Plus précisément, le boréalisme offre un nouveau champ critique conceptuel à partir duquel il devient possible de penser la réception littéraire comme un « discours endogène sur le “Nord” » (Briens 2018, p. 163), si l’on prend pour point de départ le champ récepteur étranger nordique. C’est ce discours du Nord dit « endogène » qui sera au cœur de cet article…