Couverture de EGER_272

Article de revue

Strindberg, journaliste français

Pages 517 à 542

Notes

  • [*]
    Gunnel ENGWALL, Professeure émérite, Université de Stockholm, Lilla Frescativägen 4D, SE-11418 STOCKHOLM ; mail : gunnel.engwall@fraita.su.se
  • [1]
    August Strindbergs Samlade Verk (SV). Nationalupplaga. Les 71 volumes ont été édités à Stockholm par Almqvist & Wiksell entre 1981 et 1985 et par Norstedt entre 1986 et 2013. De plus, les volumes ainsi que les commentaires critiques sont en cours de publication sur Internet : www.litteraturbanken.se.
  • [2]
    Les lettres de Strindberg ont été publiées dans August Strindbergs brev sous la direction de Torsten Eklund (vol. 1-15) et de Björn Meidal (vol. 16-22) à Stockholm : Bonnier, 1948-2001. Les textes français dans SV (n. 1) sont aussi donnés en traduction suédoise dans cette édition.
  • [3]
    August Strindbergs brev (n. 2), le 07-10-1894 (notre trad.). Voir aussi idem, le 30-06-1894, et Stellan Ahlström : Strindbergs erövring av Paris. Strindberg och Frankrike 1884-1895, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1956.
  • [4]
    Nous y incluons tous les articles de Strindberg en français, même ceux qui ont été publiés en Belgique, en Espagne ou en Suisse. – Voir le paragraphe d’introduction dans l’Annexe pour des inventaires antérieurs concernant certaines périodes de la vie de Strindberg.
  • [5]
    Voir « Résumé des contacts français », texte de Strindberg, établi et publié dans Gunnel Engwall : « Strindberg et ses contacts français », dans : Mots chiffrés et déchiffrés – Mélanges offerts à Étienne Brunet (dir. Sylvie Mellet et Marcel Vuillaume), Paris : Honoré Champion Éditeur, 1998, p. 473-501.
  • [6]
    La lettre citée du marquis d’Hervey de Saint-Denys appartient aux Archives Mörner, Bibliothèque de la ville d’Örebro, tandis que les manuscrits originaux de cette notice sont conservés à l’Académie Royale des Sciences de Suède. Pour le texte de la notice, voir August Strindberg : Kulturhistoriska studier, Stockholm : Norstedt, 2009, p. 245-269, et pour les différentes versions de la notice, voir les commentaires de Bo Bennich-Björkman dans idem, p. 344-348, et August Strindbergs brev (n. 2), note 2 à la lettre du 21-04-1878.
  • [7]
    Les références exactes à ce texte et aux autres articles de Strindberg que nous citons sont indiquées dans l’Annexe.
  • [8]
    Voir Maurice Gravier : « Strindberg écrivain français », dans : Revue d’histoire du théâtre 30 (1978), 3, p. 243-265 ; Gunnel Engwall : « “Le Plaidoyer d’un fou” : Un plaidoyer de Strindberg ou de Loiseau ? », dans : Stockholm Studies in Modern Philology. New Series, 6 (1980), p. 29-54 ; Olof Eriksson : « Explicit och implicit översättning : exemplet Légendes », dans : Strindbergiana 28 (2013), p. 93-101, pour des remarques sur les connaissances de la langue française de Strindberg.
  • [9]
    L’édition des lettres de Strindberg (n. 2) a rendu possible de préciser les dates et les lieux des séjours ainsi que les voyages de Strindberg.
  • [10]
    Voir par exemple les remarques de Strindberg sur son séjour dans la région parisienne dans August Strindbergs brev (n. 2), le 13, le 15 et le 19-10-1883 et le 03-01-1884.
  • [11]
    En ce qui concerne l’intérêt de Strindberg pour Rousseau, voir ibid. le 29-03, le 16-2-1883 et le 06-06-1884. Cf. Elie Poulenard : Strindberg et Rousseau, Paris : PUF, 1959.
  • [12]
    Les circonstances autour du procès de Mariés sont décrites par Ulf Boëthius dans les commentaires d’August Strindberg : Giftas I-II, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1982, p. 326-330. Voir aussi Gunnar Brandell : Borta och hemma (1883-1894) dans : August Strindberg – Ett författarliv, 2, Stockholm : Alba, 1985, p. 59-83.
  • [13]
    Pour la biographie de Kramer, voir Charles Serfass : « Jules-Henri Kramer, 1827-1910 », dans : Musée neuchâtelois, 48 (1911), p. 29-47.
  • [14]
    Il s’agit des p. 115-200 du manuscrit de « Jäsningstiden [La Fermentation] ». – Voir les commentaires de Conny Svensson dans August Strindberg : Tjänstekvinnans son, Stockholm : Norstedt, 2007, p. 430, sur le manuscrit français de « La Mouette ».
  • [15]
    Voir « [Zola et l’Académie] », dans August Strindberg : Vivisektioner II, Stockholm : Norstedt, 2010, p. 244-245 et les commentaires de Gunnel Engwall et Per Stam, p. 360-364.
  • [16]
    August Strindbergs brev (n. 2), le 27-07 et le 25-10-1894 (notre traduction).
  • [17]
    Dix-huit essais de la série française des « vivisections », manuscrits de la main de Strindberg, nous sont parvenus et sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de Suède. Ils ont tous été examinés et publiés dans August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15).
  • [18]
    Voir les commentaires de Per Stam dans August Strindberg : Naturvetenskapliga skrifter II, Stockholm : Norstedt, 2003, p. 539-553, pour des renseignements plus détaillés sur les lieux de séjour et les voyages de Strindberg entre 1894 et 1898.
  • [19]
    Voir Ahlström (n. 3), p. 246.
  • [20]
    Pour plus de détails concernant le débat sur la position de la femme et sur d’autres « vivisections », dont nous ne traitons que quelques-unes dans le présent article, voir Gunnel Engwall : « Orthonet et les Vivisections d’August Strindberg », dans : Mélanges offerts à Charles Muller pour son centième anniversaire (22 septembre 2009), (dir. Christian Delcourt et Marc Hug), Paris : Conseil international de la langue française, 2009, p. 169-181. Voir aussi August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15).
  • [21]
    Le texte imprimé dans L’Éclair est un peu raccourci par rapport au texte du catalogue. Pour plus de détails sur la lettre-préface, voir Göran Söderström : Strindberg och bildkonsten, Stockholm : Forum, 1972 [1990], p. 279-283, et Göran Söderström, « Strindbergs Gauguinföretal », dans : Strindbergiana 2 (1987), p. 146-160.
  • [22]
    Voir Arne Eggum : « Munch tente de conquérir Paris (1896-1900) », dans : Munch et la France [Exposition], Paris : Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1991, p. 188-221.
  • [23]
    Dans August Strindbergs brev (n. 2), note 1 à la lettre du 3-04-1897, il est indiqué par mégarde qu’aucune traduction des Gens de Hemsœ n’a été publiée dans La Revue hebdomadaire.
  • [24]
    Citation tirée d’August Strindberg : Naturvetenskapliga skrifter II (n. 18), p. 96.
  • [25]
    Mickaëlle Cedergren : « À propos de l’écriture catholicisante dans l’œuvre de Strindberg. Quelques réflexions sur l’emprunt culturel », dans : Revue Romane 48 (2013), 1, p. 131-146.
  • [26]
    Ce texte a été conservé sous forme manuscrite et en suédois à la Bibliothèque nationale de Suède et publié dans August Strindberg : Essäer, tidningsartiklar och andra prosatexter 1900-1912, Stockholm : Norstedt, 2004, p. 100-101. Strindberg l’a probablement traduit lui-même en français avant de l’envoyer au Mercure de France (voir les commentaires de Conny Svensson dans idem, p. 263).
  • [27]
    Soulignons que le chiffre 97 inclut toutes les contributions de Strindberg, même les textes très courts, et que des écrits répartis sur plusieurs numéros sont comptés comme plusieurs contributions. Voir plus haut, chap. II.
  • [28]
    August Strindberg : Les Mariés : douze caractères conjugaux, Lausanne : Benda, 1885.
  • [29]
    Sophie Grimal : « Strindberg dans la presse française 1894-1902 », dans : Strindberg et la France, (dir. Gunnel Engwall). Acta Universitatis Stockholmiensis, Romanica Stockholmiensia 15, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1994, p. 65-67. – Notre inventaire tend à l’exhaustivité, afin de donner une image complète de la présence de Strindberg dans la presse française. Si toutefois des textes de Strindberg sont encore retrouvés dans cette presse, nous prions les lecteurs de nous les signaler.
  • [30]
    Voir August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15), Naturvetenskapliga skrifter I, Stockholm : Norstedt, 2009, Naturvetenskapliga skrifter II (n. 18) et Legender, Stockholm : Norstedt, 2001. – Ajoutons que le prénom de Strindberg est souvent écrit « Auguste » dans les journaux français de l’époque, variation orthographique dont nous ne rendons cependant pas compte dans la présente annexe.

Introduction

1L’Année Strindberg 2012, commémorant le centenaire de la mort de l’écrivain suédois, a clairement montré que l’importance d’August Strindberg dans la vie culturelle est encore manifeste aujourd’hui. L’activité théâtrale et culturelle en Suède, en France et ailleurs, mais aussi le nombre de publications se rapportant à Strindberg ont été impressionnants. Au cours de 2012, trois volumes du Journal occulte ainsi que le roman Les Gens de Hemsö ont été publiés dans l’édition nationale des Œuvres Complètes d’August Strindberg. Ce roman, si aimé et apprécié par des générations de lecteurs, ayant pour sujet la vie des fermiers sur une île de l’archipel de Stockholm, constitue le 71e volume imprimé de l’édition nationale. [1] Cette édition, qui réunit tous les écrits de Strindberg, excepté ses lettres déjà publiées en 22 volumes, contient naturellement surtout des textes en suédois, mais elle englobe aussi des textes en français, rédigés dans cette langue par Strindberg lui-même. [2]

2Dans le présent article, nous donnerons un aperçu des textes de Strindberg qui ont été publiés dans la presse française de son vivant. Le regroupement fera donc apparaître les textes que Strindberg a écrits directement en français ainsi que ceux qui ont été traduits par quelqu’un d’autre. Par cet aperçu, présentant pour la première fois toutes les contributions de Strindberg, notre but est de montrer sa présence dans les journaux, et par là, de donner une idée de l’influence qu’il a pu exercer en France à son époque à travers la presse. Nous examinerons aussi les dates de publication des textes par rapport aux différentes étapes de la vie de Strindberg, afin de savoir si ses différents séjours en France et en Suisse romande correspondent chronologiquement à ses publications dans la presse française.

Aperçu général

3Les lettres dévoilent le désir de Strindberg d’être connu, joué et lu en France. Il rêvait de conquérir Paris et d’écrire dans des journaux français. En octobre 1894, par exemple, il annonça : « Écrire en français dans le Figaro fut la réalisation d’un rêve de jeunesse ». [3] De fait, il publia trois articles dans Le Figaro et de nombreux articles dans d’autres journaux français. Ceci ressort de l’Annexe, dans laquelle toutes les contributions de Strindberg parues dans la presse française sont présentées par ordre chronologique. [4] La distribution de ces contributions est exposée année par année dans la Figure 1 ci-dessous. Pour dresser les propriétés de la courbe de cette figure, nous avons inventorié chaque apparition textuelle de sa main, sans prendre en considération l’étendue du texte. Ainsi sont inclus dans les calculs aussi bien de très courts textes que de plus longs s’étendant sur plusieurs pages, voire sur une dizaine de pages. De plus, dans les cas où un écrit a été réparti, par exemple, sur trois numéros différents, il a été recensé comme trois contributions.

Figure 1

Nombre de contributions de Strindberg dans la presse française, année par année

Figure 1

Nombre de contributions de Strindberg dans la presse française, année par année

4Le nombre de contributions de Strindberg varie considérablement d’une époque à l’autre, comme l’illustre clairement la Figure 1. Elle montre que la première contribution fut publiée en 1883 et que, de même, un seul texte parut en 1884. La courbe atteint ensuite son premier pic, relativement faible, qui correspond à 14 textes publiés pendant les trois années 1885-1887. Puis, la courbe s’aplanit jusqu’en 1894, illustrant le nombre restreint de contributions pendant cette période. En 1894 débute un deuxième sommet, nettement plus important que le premier, qui dure jusqu’en 1898. Pendant cette période de cinq ans, nous comptons jusqu’à 73 textes publiés. À partir de 1899, il n’y a de nouveau que de rares articles de Strindberg dans la presse française, ce qui ressort de la dernière partie de la courbe relativement plate.

5Nous savons que la vie de Strindberg fut mouvementée et même parfois tumultueuse, il voyagea beaucoup et déménagea souvent. Afin de définir s’il existe une relation entre, d’une part, ses lieux de séjour en France et en Suisse romande et, d’autre part, le nombre de ses contributions dans la presse française, nous comparerons les points ascendants et descendants de la courbe de la Figure 1 avec ses séjours passés en pays francophones.

Les premiers séjours en France et la naissance d’une nouvelle production

6C’est en octobre 1876 que Strindberg s’est rendu en France pour la première fois. La Bibliothèque nationale de Suède, où il tenait un poste d’assistant depuis deux ans, lui avait confié la mission d’examiner une collection de littérature scandinave à la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris. Pendant ce séjour de quelques semaines, Strindberg rédigea également des articles sur les « merveilles d’alors Parisiennes », comme il l’a exprimé dans un texte résumant ses contacts français. [5] De fait, il a publié deux articles, qui présentent ses points de vue sur les nouvelles tendances de la littérature et de l’art français. Ces deux articles de la fin de 1876 ne sont pourtant pas répertoriés dans les comptes illustrés dans la Figure 1, puisqu’ils sont rédigés en suédois et publiés dans le quotidien suédois Dagens Nyheter.

7Sa première contribution à la presse française, écrite directement en français, n’est parue que sept ans plus tard, en 1883. Il s’agit d’une notice sur les relations de la Suède avec la Chine et les pays tartares depuis le milieu du XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Le sujet de ce texte, rédigé en 1878, peut nous étonner, mais il s’explique par la tâche confiée à Strindberg d’inscrire des livres chinois au catalogue de la Bibliothèque nationale de Suède. Pour pouvoir remplir cette tâche, il avait appris à lire et à écrire un certain nombre de signes chinois et s’était ainsi intéressé aux relations entre la Chine et la Suède.

8Par une lettre du marquis d’Hervey de Saint-Denys, nous savons que le marquis avait reçu le manuscrit de la notice. Dans cette lettre du premier juin 1878, le marquis accuse non seulement réception du manuscrit, mais s’offre aussi à en modifier le style. Même si tout est « très clairement exprimé », écrit-il à Strindberg, le texte exige « que l’on francise les tournures de langage étrangères ». Il mentionne également la possibilité de communiquer la notice à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. En effet, le marquis d’Hervey de Saint-Denys a apparemment « francisé » le texte français de Strindberg, car les deux versions originales conservées de ce texte font état des modifications de sa main ainsi que de la main d’autres personnes. Il a aussi lu le texte, mais raccourci, devant l’Académie en juin 1879. [6] Cette version de la notice a ensuite été publiée dans la Revue de l’Extrême-Orient (1882, imprimée en 1883) et réimprimée en brochure en 1884. [7]

9Dans ce cas, nous savons qu’une partie du texte a été corrigée par un francophone identifié et nous pouvons examiner comment la révision a été effectuée, puisque le manuscrit original a été conservé. Ceci est pourtant relativement rare, quand il s’agit des articles de journaux qui, vraisemblablement, ont tous été revus avant la publication. Cependant, dans les cas où les manuscrits sont perdus, on ne peut se prononcer ni sur le degré ni sur la manière dont le texte a été corrigé. Pour ce qui est des autres genres, et en particulier pour les textes littéraires, les manuscrits de Strindberg sont souvent accessibles, heureusement, car ceci est bien sûr crucial, si l’on veut savoir ce que Strindberg a réellement écrit ou examiner ses connaissances de français à diverses époques. [8]

10Si la première contribution dans un journal français a paru lorsque Strindberg était encore en Suède, il n’en va pas de même pour la deuxième. Cette contribution constitue un article élogieux sur l’écrivain norvégien Bjørnstjerne Bjørnson, paru dans Le Monde poétique en juin 1884. Strindberg se trouvait alors déjà depuis neuf mois avec sa famille dans un pays francophone. Pendant ce premier long séjour à l’étranger, qui dura entre 1883 et 1889 et que Strindberg qualifia lui-même d’exil, il déménagea souvent. Afin d’illustrer la vie vagabonde de Strindberg, nous avons dressé la carte présentée dans la Figure 2. Elle résume les lieux de séjour de Strindberg, ainsi que ses voyages en France et en Suisse romande, à partir de son premier voyage à Paris en octobre 1876 jusqu’au dernier voyage de cette période à Genève et à Ouchy en août 1887. [9]

Figure 2

Séjours de Strindberg en France et en Suisse romande 1876-1887

Figure 2

Séjours de Strindberg en France et en Suisse romande 1876-1887

11Les Strindberg quittèrent la Suède en septembre 1883 pour aller à Grez-sur-Loing, ce célèbre village d’artistes situé entre Fontainebleau et Nemours au sud de Paris. Ils y restèrent quelques mois parmi les peintres scandinaves avant de se rapprocher de Paris où ils s’installèrent, d’abord à Passy, puis à Neuilly. Malgré quelques moments heureux, ces mois ont dû être plutôt tristes, à en croire les lettres de Strindberg. Il déplorait l’impertinence des Français de même que la boue et le froid de la région parisienne qu’il ne supportait qu’à grand peine. [10]

12De fait, cela ne doit pas nous étonner, car les idées de Rousseau attiraient Strindberg à cette époque. [11] Il se résolut donc à quitter Paris et alla s’installer en Suisse avec sa famille au début de l’année 1884. Les Strindberg se rendirent d’abord à Ouchy près de Lausanne, qui fut leur domicile fixe pendant six mois. Leur séjour fut pourtant interrompu en mars par un voyage de 15 jours en Italie. Puis, nous les retrouvons à Genève, d’où Strindberg repartira en octobre pour se rendre à Stockholm et y rester pendant trois semaines afin de paraître devant les juges au cours du procès de Mariés.[12] En décembre 1884, ils s’installèrent de nouveau à Ouchy pour quelques mois, mais Strindberg continua sa vie vagabonde et voyagea encore une fois en Italie au mois de février 1885, sans sa famille mais en compagnie de l’auteur suédois Verner von Heidenstam et de sa femme.

13Les Strindberg revinrent en France au mois d’avril 1885, passèrent le printemps à Neuilly et le début de l’été à Luc-sur-mer, près de Caen. Ensuite, ils retournèrent à Grez-sur-Loing pour y rester presqu’un an, avant de quitter les pays francophones. Ils se dirigèrent d’abord vers la Suisse alémanique, ensuite vers l’Autriche et l’Allemagne, puis le Danemark avant de rentrer en Suède en avril 1889. Ainsi, Strindberg termina-t-il « son premier exil ».

Une première période fertile entre 1885 et 1887

14Le premier sommet de la courbe de la Figure 1, comprenant au total quatorze contributions publiées, coïncide avec les séjours de Strindberg en Suisse et en France pendant les trois années 1885-1887. De janvier 1885 à juillet 1886, quatre textes ont paru dans la Revue universelle internationale, parmi lesquels deux ont été répartis sur plusieurs numéros de la revue (voir Annexe).

15Le premier texte paru dans cette revue constitue la nouvelle « Remords », publiée dans trois numéros consécutifs à partir de la mi-janvier 1885. Il s’agit d’une traduction du suédois de « Samvetskval », effectuée par Jules-Henri Kramer et ensuite révisée par Strindberg. Ce traducteur suisse, qui a traduit ensuite plusieurs ouvrages de Strindberg, était professeur de français et devint plus tard consul de Suisse à Stockholm. [13]

16Kramer a également traduit du suédois en français la deuxième nouvelle de Strindberg, « Buts supérieurs », parue dans la Revue universelle internationale en octobre 1885. Cette nouvelle, dont l’original porte le titre « Högre ändamål », est marquée dans la revue comme un « extrait d’une série chronologique de tableaux de la vie suédoise », le premier tome, « Moyen Âge », du recueil Svenska Öden och Äventyr.

17La fable « La Mouette », qui est le troisième texte de la même revue, apparaît sous la rubrique « Contes et fabliaux inédits par Auguste Strindberg » en décembre 1885. Il s’agit de l’une parmi plusieurs fables ou fabliaux que Strindberg a rédigés directement en français, mais malheureusement, seule celle-ci nous est parvenue à l’état de manuscrit. Ce manuscrit est pourtant difficile à manier, car Strindberg en a coupé les feuilles en deux et les a réutilisées, entre autres, pour rédiger au verso une partie de « La Fermentation » qui constitue la deuxième partie du Fils de la servante.[14]

18Le quatrième texte enfin, la chronique « Lettres de Stockholm », est paru de mai à juillet 1886 dans trois numéros consécutifs de la Revue universelle internationale. Cette chronique traite de divers aspects de la vie sociale et culturelle de Stockholm, ce que les rubriques signalent déjà : « La Société – Les Clubs » (no 13), « Les hommes du jour » (no 14), « Écrivains – Journalistes », « Les Théâtres » et « Les Artistes » (no 15).

19En 1887, un autre périodique, Le Mémorial diplomatique, répartit également un long texte de Strindberg sur plusieurs numéros. Il s’agit de « La France en Suède. Esquisse historique des relations des deux pays », paru en novembre et décembre 1887. Ce texte est la dernière contribution de Strindberg publiée dans la presse française, pendant son premier exil. Comme nous l’avons vu, il s’agit de textes de genres et de caractères différents : des textes littéraires, des essais sur la Suède, touchant la vie culturelle et sociale de ce pays aussi bien contemporaine que passée, et sur ses relations avec d’autres pays, comme la France bien sûr, mais aussi la Chine et les pays tartares.

Retour vers la Suède. Une période de sécheresse entre 1888 et 1892

20Lorsque les Strindberg quittent les pays francophones, les contributions de l’auteur suédois dans la presse française diminuent considérablement (voir Figure 1). Pour l’année 1888, nous n’avons rien trouvé dans la presse et pour celle de 1889 uniquement une courte présentation et une scène inédite de Mademoiselle Julie, publiées en septembre 1889 dans la Revue d’art dramatique. À cette époque, les Strindberg étaient déjà de retour en Suède depuis quatre mois.

21Au début des années 1890, l’intérêt de Strindberg pour les événements historiques et les relations internationales se manifeste de nouveau, avec les articles « Relations de la Suède avec l’Espagne et le Portugal jusqu’à la fin du dix-septième siècle », parus dans le Boletín de la Real Academia de la Historia (octobre 1890), et « Qu’est-ce que la Russie ? » dans La Nouvelle Revue (février 1892), qui dévoile ses tendances antidémocratiques à cette époque.

En Allemagne et en Autriche (1892-1894)

22Pendant l’automne 1892, Strindberg, divorcé, quitta de nouveau la Suède pour un long séjour à l’étranger. Il se dirigea vers Berlin où il rejoignit des artistes scandinaves, parmi lesquels l’artiste norvégien Edvard Munch. À Berlin, il rencontra aussi la journaliste autrichienne Frida Uhl, avec laquelle il s’est marié en mai 1893. Les nouveau-mariés s’installèrent bientôt en Autriche où, un an plus tard, ils ont eu une petite fille. Strindberg nourrissait encore son rêve de conquérir Paris par son théâtre, ses nouvelles et ses romans, mais aussi par des articles destinés aux journaux français. Il se mit alors à écrire des articles qu’il envisageait d’envoyer à Paris ou de les y apporter lors d’un séjour futur.

23En effet, c’est en 1894 que commence le deuxième sommet de la courbe, présentée dans la Figure 1, sommet bien plus important que le premier. Au début de 1894, une deuxième traduction de la nouvelle « Samvetskval » est parue dans La Revue des revues, neuf ans après la première. Cette nouvelle traduction, intitulée « Tortures de conscience », a été effectuée par Jean de Néthy, nom de plume de l’auteur Emmy de Némethy.

24Ensuite, en mai de la même année est parue dans L’Éclair, sous la rubrique « Les écrivains suédois », une lettre intéressante de Strindberg sur Zola et sa candidature à l’Académie française. Il apparaît que le journal avait demandé à Strindberg de se manifester en tant que porte-parole des écrivains suédois. Strindberg déclara cependant qu’il ne lui était pas possible de se prononcer au nom de la Suède, puisque son pays, par principe, ne soutenait jamais son point de vue. Il exposerait pourtant volontiers son opinion personnelle. Puis, il soutint fermement la candidature de Zola, ce qui peut nous étonner, car Strindberg s’était distancié du naturalisme et de Zola déjà vers la fin des années 1880. Il faut pourtant noter que l’auteur suédois ne rendait pas hommage au Zola naturaliste dans sa lettre, mais au Zola symboliste et synthétiste. [15] La Plume reproduisit, quelques mois plus tard, presque toute la lettre sur Zola dans un article de Mario Varvara, qui exprimait sa grande admiration pour les points de vue de Strindberg.

25L’été 1894, lorsque Strindberg se trouvait encore en Autriche, il se mit à rédiger des essais sur divers sujets. Il écrivait ces essais, qu’il nommait « vivisections », avec ardeur, ce qui ressort clairement des lettres, où il déclarait qu’il était en train d’écrire « un livre, en français, de sorte que [il] en [eût] une épilepsie » et que ses vivisections étaient « plus que jamais brutes, mais pleines de nouvelles pensées et de découvertes ». [16] Avec ces essais, il espérait conquérir la France, pays vers lequel il se tourna alors de nouveau. [17]

De retour en France (1894-1898)

26À la mi-août 1894, Strindberg quitta Dornach en Autriche et se rendit seul à Paris, tandis que sa femme et leur fille, qui n’avait alors que quelques mois, restèrent chez la famille Uhl à Dornach. Dès son arrivée, Strindberg s’installa chez son ami de jeunesse, Leopold Littmanson, qui habitait alors une grande villa à Versailles. Après y avoir séjourné trois semaines, Strindberg déménagea à Passy, la banlieue chic de Paris située à l’ouest de la ville. Pendant les années suivantes, il changea souvent d’adresse, mais ne bougea pas autant que pendant son premier exil (voir la Figure 2). Le Tableau 1, qui rend compte des lieux de séjour de Strindberg à partir de son arrivée en France en août 1894 jusqu’à son retour définitif en Suède en 1898, montre qu’il demeura surtout dans la région parisienne. Le tableau recense aussi ses visites chez des personnalités, même dans les cas de séjour de très courte durée. [18]

Tableau 1

Lieux de séjour et voyages de Strindberg entre 1894 et 1898

Tableau 1
Année Date Lieu de séjour 1894 17.8-5.09 Chez les Littmanson, 8 bis, bd Lesseps, Versailles 05.09-env. 15.10 Passy, Paris ; à la mi-septembre, Frida Uhl rejoint Strindberg env. 15.10-22.10 Hôtel des Américains, 14 rue de l’Abbé de l’Épée, Paris ; le 22.10, départ définitif de Frida Uhl 22.10-31.10 Chez les Thaulow, Dieppe 31.10.1894- Hôtel des Américains, 14 rue de l’Abbé de l’Épée, Paris 1895 -11.01.1895 11.01-31.01 Hôpital Saint-Louis, Pavillon Gabrielle, Paris 31.01-9.06 Pension de Mme Charlotte Futterer, 12, rue de la Grande Chaumière, Paris ; début avril, voyage à Rouen, invité par l’ingénieur André Dubosc 09.06-14.07 De Paris à Ystad, Suède ; chez le docteur Anders Eliasson 14.07-27.07 D’Ystad à Palaiseau (Seine-et-Oise) ; chez le journaliste Julien Leclerq 27.07.1895- -21.02.1896 Pension de Mme Charlotte Futterer, 12, rue de la Grande Chaumière, Paris 1896 21.02-19.07 Hôtel Orfila, 60-62, rue d’Assas, Paris ; le 25.6, visite à Marolles-en-Brie, au sud-est de Paris avec le docteur Papus 19.07-24.07 Fuite de l’Hôtel Orfila à la pension située 4, rue de la Clef (aujourd’hui 18, rue Censier) 24.07-28.07 Chez les Thaulow, Dieppe 28.07-28.08 De Dieppe à Ystad, Suède ; chez le docteur Anders Eliasson 28.08-27.11 D’Ystad en Autriche ; chez sa belle-mère Marie Uhl et la sœur de celle-ci à Saxen et à Klam 27.11.1896- D’Autriche en Suède ; séjour en Scanie, entre autres à Malmö et à Lund 1897 -24.08.1897 24.08.1897- De Lund à Paris ; Hôtel de Londres, 3, rue Bonaparte, Paris ; le 01.09, visite chez les Sjöstedt, St Thomas à Corbency ; dernier séjour à Paris 1898 -03.04 1898 03.04-13.08 De Paris à Lund 13.08-27.08 De Lund à Bruxelles et à Heyst-sur-Mer, les 24.08-25.08, visite à Maredsous, Belgique 27.08 Retour à Lund et en Suède

Lieux de séjour et voyages de Strindberg entre 1894 et 1898

Critiques et essais

27Il est vrai que Strindberg n’a réussi à faire publier tous les essais français, écrits en Autriche pendant l’été 1894, ni dans des revues ou journaux ni en volume comme il l’avait projeté au départ. Il a pourtant pu voir un bon nombre de ses « vivisections », ainsi que d’autres essais rédigés après son arrivée à Paris, imprimés en France à cette époque. Parmi ceux-ci nous trouvons, dans Le Figaro, un essai (« Césarine ») sur le drame symbolique La Femme de Claude d’Alexandre Dumas, alors d’actualité, car il avait été mis en scène en septembre 1894. Un autre essai sous le titre du « Barbare à Paris », dont le sujet porte sur les relations Franco-Scandinaves depuis le Moyen Âge jusqu’au temps de Strindberg, a paru dans le journal Gil Blas en août 1895. À ce qu’il semble, Strindberg l’a écrit en réaction directe à une conférence donnée le 10 décembre 1894 au Cercle Saint-Simon à Paris par l’écrivain Henri Chantavoine. [19]

28De même que les deux essais mentionnés, une grande partie des « vivisections » concernent la littérature, l’art ou les relations culturelles. Cependant, ce n’est pas avec ce genre d’essais que Strindberg a fait le plus de sensation à cette époque en France, mais avec ses opinions sur la femme et sa position dans la société. Dans des essais comme « De l’infériorité de la femme » et « Misogynie et Gynolatrie », il présentait des points de vue très difficiles, voire impossibles, à accepter aujourd’hui. Ils ont pourtant un intérêt historique et culturel certain, car Strindberg adhérait à un courant de l’époque en se référant au criminologue italien Cesare Lombroso et au philosophe anglais Herbert Spencer ainsi qu’à Darwin et Nietzsche.

29Lors de la publication de l’article sur l’infériorité de la femme en janvier 1895, Strindberg a eu d’abord une critique plutôt positive ; l’article a été caractérisé aussi bien d’amer que d’éblouissant. Peu après, l’atmosphère a pourtant changé et les thèses de Strindberg ont été combattues. Le journal Gil Blas a même interviewé des auteurs français pour connaître leurs points de vue sur les idées de Strindberg. On apprend ainsi qu’Alphonse Daudet trouvait les idées de Strindberg monstrueuses, qu’Alexandre Dumas évitait de prendre position et que Joris-Karl Huysmans estimait que les arguments de Strindberg étaient prétentieux, mais qu’au fond il avait raison. Strindberg s’est donc fait une réputation de misogyne et son article a été bien plus débattu que son roman Le Plaidoyer d’un fou, publié également en janvier 1895. [20]

30Parmi les essais sur l’art, rédigés pendant la même période, il y a lieu de mentionner les écrits sur les peintres Paul Gauguin et Edvard Munch. A la mi-février 1895, L’Éclair publia une lettre de Strindberg, suivie le lendemain par une réponse de Gauguin. Dans sa lettre, Strindberg déclinait l’offre de composer une préface pour le catalogue de l’exposition que Gauguin allait tenir à l’Hôtel Drouot. Strindberg lui déclara ouvertement qu’il ne pouvait ni ne voulait écrire une préface, tout simplement, parce qu’il ne comprenait ni n’aimait l’art de Gauguin. Vers la fin de sa longue lettre, Strindberg avouait néanmoins qu’il commençait à avoir une certaine compréhension pour cet art. Il est possible que ce soit cet aveu qui a amené Gauguin, malgré le refus de Strindberg, à choisir la lettre comme préface de son catalogue, à laquelle il ajoutait la réponse déjà publiée dans L’Éclair. Dans cette réponse, Gauguin présentait ses points de vue sur les différences culturelles et comment son art, influencé par la culture tahitienne, se distinguait de l’art européen. Ajoutons que, parmi les historiens d’art, la lettre-préface de Strindberg est bien connue, parce que l’écrivain suédois a été un des premiers à avoir saisi la nouveauté de l’art de Gauguin. [21]

31L’année suivante, en juin 1896, Strindberg se prononça sur l’art de Munch dans La Revue blanche. Il s’agit d’une interprétation subjective des tableaux de celui-ci sous forme d’un poème en prose. Munch, dont Strindberg avait fait la connaissance trois ans auparavant à Berlin, était alors d’actualité, car il avait ouvert sa première exposition à Paris en mai 1896.

32Les textes que Strindberg a consacrés à ces deux artistes semblent avoir eu deux effets tout à fait différents. Pour Gauguin, la préface a eu une importance positive et a probablement encouragé la vente de ses tableaux. Dans le cas de Munch, Strindberg a reporté sur l’œuvre de Munch sa propre vision des femmes, notamment sa misogynie, ce qui eut pour conséquence de créer un amalgame entre les deux artistes. Par la suite, on considéra aussi le peintre norvégien comme misogyne ; et par conséquent, cette préface aurait eu une mauvaise influence sur la vente de ses tableaux. [22]

33Encore deux textes littéraires, le roman Les Gens de Hemsœ et le drame Margit (La Femme du chevalier Bengt), ont été publiés à cette époque. Avant de paraître en volume en 1897, le premier a paru dans cinq numéros consécutifs de La Revue hebdomadaire, entre mars et avril 1897, dans une traduction de Léonie Bernardini. [23] Le second a été traduit par Georges Loiseau et publié dans trois numéros du Mercure de France entre mai et juillet 1898, puis est sorti en volume la même année.

Contributions de caractère scientifique

34Déjà en rédigeant les essais nommés « vivisections », Strindberg avait dans l’esprit de faire des expériences psychologiques en suivant les idées de Zola. De fait, celui-ci avait argumenté dans son Roman expérimental (1880) pour le rapprochement entre les écrivains et les scientifiques. Au début de 1895, au moment où le débat sur la position de la femme fut le plus animé, son intérêt pour les sciences naturelles prit de plus en plus le dessus. Il faisait des expériences chimiques en espérant trouver des éléments purs et même faire de l’or.

35Les titres des articles qu’il a écrits à cette époque témoignent de ce nouvel intérêt. Les trois premiers articles de ce type, publiés en 1895, concernent le soufre et ses caractéristiques, et sont intitulés « Le soufre est-il un corps simple ? », « L’affaire soufre » et « L’Avenir du soufre », parus respectivement en janvier dans Le Petit Temps, en février dans Le Figaro, puis en mars dans La Science Française. Un article sur l’iode a paru dans Le Temps en mai et dans le Moniteur Industriel en juin ; et en octobre 1895, nous trouvons une introduction à ce que Strindberg appelle « la chimie unitaire » dans le Mercure de France.

36L’année suivante, en avril et en mai 1896, six articles numérotés se sont succédé dans la revue occultiste L’Initiation. Ils soulèvent des questions qui touchent le soleil et l’œil, l’analyse spectrale, l’usage de la photographie directe en couleurs et la distance entre le soleil et la terre. Ensuite, L’Initiation a publié en mai un premier article sur la synthèse de l’or. Quelques mois plus tard, Strindberg reviendra sur ce sujet, qui a fasciné aussi bien d’autres hommes que Strindberg. C’était dans la revue d’alchimie et d’hermétisme L’Hyperchimie, nouvellement inaugurée par le jeune chimiste et occultiste François Jollivet-Castelot.

37Les autres thèmes qui ont préoccupé Strindberg pendant ces années sont la forme et le mouvement de la terre, l’interprétation de l’horizon par l’œil et l’idée des étoiles fixes. Il prétendait que nos impressions subjectives avaient trop influencé la réalité. Il est pourtant évident que Strindberg se trompait souvent dans ses expériences et qu’il était plutôt occultiste que scientifique. Strindberg n’avait, par exemple, pas raison quand il prétendait que la terre n’était pas ronde et que les « étoiles pourraient […] être la lumière primitive émise par des stomates (pores) sur le ciel cristallin ». [24]

38Strindberg continuait dans la même lignée et faisait publier, entre novembre 1896 et octobre 1897 dans L’Hyperchimie, des traductions d’Antibarbarus et de Sylva Sylvarum sous forme de feuilleton en six épisodes, sous le titre « Hortus Merlini : Lettres sur la chimie et Sylva Sylvarum ». Ces lettres traitent, entre autres, des transmutations de la substance, de la photographie de la lumière dans le ciel et de la classification des cyclamens européens. La même revue a publié plusieurs articles encore, dans lesquels Strindberg faisait des remarques et des observations sur la chimie de l’époque, sur des questions optiques et sur les nombres cosmiques. Il répondait également à une enquête sur les questions occultes.

Le retour définitif en Suède

39Ainsi, vingt contributions à caractère littéraire et quarante dans le domaine touchant les sciences naturelles ou occultes ont paru dans la presse française entre 1895 et 1898. Un dernier article, se rapportant à ce dernier domaine, a été publié dans L’Hyperchimie en novembre 1902 sous le titre « Rosa mystica ». Cet article, daté « Stockholm, en septembre 1902 » traite de la Sainte Rose, la rose sauvage que Strindberg nous conseille d’essayer à cause de ses pouvoirs de guérison.

40Strindberg était alors définitivement de retour en Suède depuis quatre ans. Cela ne veut pourtant pas dire qu’il s’éloignait de la France et de l’Europe, mais il s’intéressait plutôt au débat religieux et cela surtout à travers ses œuvres, comme l’a montré Mickaëlle Cedergren. [25] En effet, il ne rédigea que deux textes en français après son retour, « Rosa mystica », qui vient d’être cité, et une réponse à une question concernant le sentiment religieux. Ce texte-ci, qui a été publié pendant le printemps 1907 dans le Mercure de France, répondait à la question suivante : « Assistons-nous à une dissolution ou à une évolution du sentiment religieux ? ». Dans sa réponse, Strindberg faisait remarquer que la génération des années 1870 avait perdu le contact avec le Très-Haut et que l’intuition s’était en même temps dégradée. Depuis que la sagesse antique a été exhumée, constatait-il, la religion est revenue sous les noms de Théosophie et d’Occultisme. Le développement religieux était alors en train d’atteindre son but – une doctrine moniste, exempte de dogme et de théologie. Il se dirigeait vers l’évolution par la dissolution. [26]

41On peut noter que quatre Scandinaves ont contribué à cette enquête internationale. Outre Strindberg, y participèrent le Danois Georg Brandes, la Suédoise Ellen Key et le Norvégien Bjørnstierne Bjørnson, sur lequel Strindberg avait écrit directement en français un texte élogieux en 1884.

42En juin 1909, La Revue de Paris a imprimé la nouvelle « Le sacristain de Ronœ [Den romantiske klockaren på Rånö] », traduite par William Molard et Julien Leclercq. Finalement, en 1911, La Revue scandinave a publié un fragment du roman autobiographique Le Fils de la servante dans une traduction anonyme. La scène du fragment se situe dans un château suisse où les protagonistes se retrouvent pour discuter des questions morales et sociales. Ce fragment, extrait de la fin du tome 4 du Fils de la servante, constitue la dernière contribution de Strindberg que nous avons retrouvée dans la presse française.

Remarques finales

43Dans le présent article, nous n’avons pu traiter qu’une partie des 97 textes que Strindberg est parvenu, de son vivant, à publier dans la presse française. [27] Par notre aperçu, nous pensons toutefois avoir pu montrer que Strindberg a pris une part active à la vie culturelle française. Ses articles de journaux, tous énumérés dans l’Annexe, témoignent de l’ampleur impressionnante de sa production écrite. Cette production se compose de textes littéraires, d’essais historiques, de textes au contenu général et culturel et d’articles orientés vers les sciences et l’occultisme.

44Pendant son premier long séjour en France et en Suisse, 1883-1887, un nombre important d’articles de Strindberg ont paru dans la presse française. La traduction du recueil de nouvelles Mariés [Giftas] a aussi été publié pendant la même période. [28]

45Cependant, la grande majorité de ses articles ont paru, au cours de la seconde moitié des années 1890, coïncidant avec le deuxième long séjour de Strindberg en France, entre 1894 et 1898. C’est pendant cette période que ses essais réunis sous le nom de « vivisections » et ses articles scientifiques à tendance alchimique et occultiste ont été publiés. Ces textes furent insérés dans les grands quotidiens tels que Le Figaro et L’Écho de Paris, tous deux avec une orientation plutôt conservatrice, ainsi que dans les revues culturelles et littéraires, telles que La Revue blanche, La Plume et La Revue encyclopédique, et dans les revues spécialisées en matière d’occultisme, telles que L’Initiation et L’Hyperchimie.

46À cette époque, Strindberg a également été interviewé par différents journalistes et des extraits de ses pièces de théâtre ont été publiés dans les journaux. De plus, apparaît à cette époque un nombre considérable de comptes rendus et de critiques concernant sa production littéraire. Ceux-ci se rapportent principalement à la première mise en scène de ses trois drames naturalistes, Mademoiselle Julie en janvier 1893, Créanciers en juin 1894 et Père en décembre de la même année, mais aussi à la publication du roman autobiographique Le Plaidoyer d’un fou en janvier 1895. Les romans Les Gens de Hemsœ (1897), Axel Borg (1898) et Inferno (1898) ainsi que le drame Margit (1898) parurent également pendant cette période. Au même titre qu’Henrik Ibsen, il était ainsi considéré comme un représentant important de la littérature scandinave.

47Grâce aux contacts qu’il a entretenus avec différents savants, Strindberg a eu accès à des laboratoires parisiens, où il a pu mener certaines expériences. Ces expériences ont été, entre autres, le point de départ de ses nombreux articles scientifiques et occultistes, qui traitaient les substances chimiques, telles que la composition du soufre, la synthèse de l’or et la nature de l’iode.

48Dans ses contributions à la presse française, Strindberg se référait souvent à des savants et à des personnalités culturelles aussi bien historiques que vivants. Pour n’en citer que quelques-uns, il abordait Darwin, Swedenborg et Descartes, et présentait des écrivains et des artistes, tels que Bjørnstjerne Bjørnson, Paul Gauguin et Edvard Munch. Il se prononçait aussi sur des auteurs contemporains français, principalement sur Émile Zola, et sur sa candidature à l’Académie française. Aux yeux de Strindberg, cet auteur français était le plus grand de tous, tandis que Guy de Maupassant, Georges Ohnet et Pierre Loti faisaient partie des petits et insignifiants.

49Des comparaisons de ce genre se trouvent principalement dans les « vivisections », où Strindberg abordait une série de questions concernant la création littéraire et artistique et le statut de la femme. Ses contributions à la dernière question a fait naître un grand débat et une série d’auteurs renommés, tels qu’Alexandre Dumas, Alphonse Daudet, Octave Mirbeau et Joris-Karl Huysmans, ont été priés de se prononcer sur les idées de Strindberg. C’est ainsi que l’écrivain suédois a reçu l’épithète de « misogyne », une épithète qu’on lui attribua très longtemps, jusqu’à aujourd’hui encore. Il y a certainement du vrai dans cette épithète, mais pour nous, ainsi que pour nos collègues chercheurs s’intéressant à Strindberg, il semble très difficile d’appliquer une simple épithète à la personne de Strindberg, écrivain, peintre, photographe, etc. Il a été trop important dans trop de domaines et surtout, il a modifié, et même changé radicalement, ses occupations et ses avis plusieurs fois durant sa vie. Ainsi, nous le trouvons piétiste, athéiste, radical, conservateur, nietzschéen, occultiste, presque catholique, socialiste… Nous ne pouvons donc pas le placer dans une case précise et le caractériser par un seul et unique terme.

50Même s’il nous bouleverse encore aujourd’hui, aimé des uns et haï des autres, nous ne pouvons tous qu’admirer son génie et son œuvre saisissante. C’est un très grand écrivain en suédois, et à notre avis, il l’est tout autant en français.


Annexe

Les textes d’August Strindberg publiés de son vivant dans la presse française

51La présente annexe fait un inventaire de l’ensemble des textes de Strindberg qui ont paru dans la presse française de son vivant, du premier texte publié en 1883 au dernier publié en 1911. Elle englobe ainsi tous les textes écrits par Strindberg directement en français de même que ses textes traduits en français du suédois ou d’autres langues. De cette manière, elle complète l’inventaire concernant les années 1894-1902, publié par Sophie Grimal, surtout par la période s’étendant dans notre inventaire des premières contributions aux dernières avant la mort de Strindberg, mais aussi par la mention des articles retrouvés récemment. [29] Dans l’édition nationale des Œuvres complètes d’August Strindberg, on peut aussi trouver certains renseignements sur les articles de Strindberg parus dans la presse française par rapport à la période traitée dans les différents volumes de l’édition. [30]

tableau im4
Année Date Titre Revue Nombre/année 1883 janv. « Notice sur les Relations de la Suède avec la Chine et les pays tartares depuis le milieu du XVIIe siècle jusqu’à nos jours » Revue de l’Extrême-Orient, 1e année, tome 1 (1882), imprimée en 1883, p. 499-522. 1 1884 10/06 « Björnstjerne Björnson » Le Monde Poétique, tome 1 (10 juin), p. 21-29. 1 1885 16/01 « Remords » Revue universelle internationale, 1e année, 2e semestre, n° 20, p. 239-245. 5 01/02 « Remords » (suite) Revue universelle internationale, 1e année, 2e semestre, n° 21, p. 257-266. 16/02 « Remords » (suite et fin) Revue universelle internationale, 1e année, 2e semestre, n° 22, p. 289-301. 16/10 « Buts supérieurs » Revue universelle internationale, 2e année, 2e série, n° 6, p. 401-424. 16/12 « La Mouette » Revue universelle internationale, 2e année, 2e série, n° 8, p. 119-131. 1886 16/05 « Lettres de Stockholm. I. La Société – Les Clubs » Revue universelle internationale, 3e année, 2e série, n° 13, p. 5-15. 5 16/06 « Lettres de Stockholm. II. Les hommes du jour. » Revue universelle internationale, 3e année, 2e série, n° 14, p. 81-85 : 16/07 « Lettres de Stockholm. III. Ecrivains.–Journalistes. » Revue universelle internationale, 3e année, 2e série, n° 15, p. 161-170. 16/07 « Lettres de Stockholm. IV. Les Théâtres. » Revue universelle internationale, 3e année, 2e série, n° 15, p. 170-173. ; V. Les Artistes. 16/07 « Lettres de Stockholm. V. Les Artistes. » Revue universelle internationale, 3e année, 2e série, n° 15, p. 174-175. 1887 19/11 « La France en Suède. Esquisse historique des relations des deux pays » Le Mémorial diplomatique, 24e année, n° 47, p. 747-749. 4
tableau im5
26/11 « La France en Suède. Esquisse historique des relations des deux pays » Le Mémorial diplomatique, 24e année, n° 48, p. 764-766. 02/12 « La France en Suède. Esquisse historique des relations des deux pays » Le Mémorial diplomatique, 24e année, n° 49, p. 781-782. 10/12 « La France en Suède. Esquisse historique des relations des deux pays » Le Mémorial diplomatique, 24e année, n° 50, p. 794-796. 1889 07/09 « Un théâtre libre Scandinave » Revue d’art dramatique, tome 15, p. 359-366. 07/09 « Scène inédite de Mademoiselle Julie » Revue d’art dramatique, tome 15, p. 366-368. 1890 oct. « Relations de la Suède avec l’Espagne et le Portugal jusqu’à la fin du dix-septième siècle. » Boletín de la Real Academia de la Historia, tome 17 – cuaderno 4, p. 321-342. 1892 01/02 « Qu’est-ce que la Russie ? » La Nouvelle Revue, 14e année, tome 74, 3e Livraison, p. 518-522. 1894 02/01 « Tortures de conscience » La Revue des Revues, vol. 8, 1er trimestre, p. 66-73. 15/01 « Tortures de conscience » (Suite et fin) La Revue des Revues, vol. 8, 1er semestre, p. 119-126. 30/05 « Zola et l’Académie. L’opinion des écrivains célèbres de l’étranger. Lettre de Mr Strindberg. » L’Éclair, p. 1. 01/09 « La Justice de l’étranger » (Lettre « Zola et l’Académie. » reprise dans cet article.) La Plume. Littéraire, Artistique et Sociale, n° 129, p. 356-357. 30/09 « Césarine » Le Figaro Supplément Littéraire, p. 2. 15/11 « Du Hasard dans la production artistique » La Revue des Revues, vol. XI, 4e trimestre, p. 265-270. 17/11 « Sensations détraquées » Le Figaro Supplément Littéraire, p. 1-2. 12/12 « De M. Auguste Strindberg » Le Journal
tableau im6
15/12 « Cristaux de remplacement » La Plume, 6e année, n° 136, p. 507-509. 16/12 [Lettre adressée à Lugné-Poé] Le Journal 16/12 [Lettre adressée à Lugné-Poé] Le Figaro, p. 3. 18/12 [Lettre adressée à Lugné-Poé] Gil Blas, p. 3. 20/12 « Qu’est-ce que le “Moderne” ? » L’Écho de Paris, p. 1-2. 1895 janv. Vivisection. « De l’infériorité de la femme » La Revue blanche, tome 8, 1er semestre, n° 39, p. 1-20. 16 02/01 « Marionnettes » L’Écho de Paris, p. 1-2. 26/01 « Sensations détraquées » 2 Le Figaro Supplément Littéraire, p. 1. 30/01 « Le soufre est-il un corps simple ? » (avec une introduction et des remarques de la rédaction) Le Petit Temps, n° 217, p. 1-2. 09/02 « Sensations détraquées » 2 (Suite) Le Figaro Supplément Littéraire, p. 22-23. 15/02 « Les Petits » La Revue encyclopédique, n° 101, p. 57-59. 15/02 [Lettre de Strindberg adressée à l’artiste Paul Gauguin] L’Éclair, p. 1. 17/02 « De l’infériorité de la femme » Les Annales politiques et littéraires, p. 103-104 (Réimpression de La Revue blanche) 27/02 « Strindberg chimiste. L’affaire soufre » Le Figaro, p. 4-5. 15/03 « L’Avenir du soufre – A monsieur André Dubosc » La Science Française, p. 98-99. 01/05 « La Psycho-physiologie de la prière » La Revue blanche, tome 8, 1er semestre, n° 46, p. 385-390.
tableau im7
24/05 « L’iode est un dérivé de la houille. », sous la rubrique « Au jour le jour. Dramaturge et chimiste » Le Temps, 35e année, n° 13113, [p. 2] 08/06 « L’iode est… un dérivé de la houille. » Moniteur Industriel, 22e année, n° 23, p. 178-179 (réimpression du Temps no 13113) 24/07 « Misogynie et Gynolatrie » Gil Blas, 17e année, n° 5727, p. 1. 08/08 « Le Barbare à Paris » Gil Blas, 17e année, n° 5742, p. 1. oct. « Introduction à une Chimie unitaire » Mercure de France, tome 16, no 70, p. 14-36 1896 avril « Un regard vers le Ciel et les 23 degrés. I. » L’Initiation 7, 31e vol., 9e année, p. 64-67. 14 avril « II. Pourquoi le fer seul indique le nord » L’Initiation 7, 31e vol., 9e année, p. 67-69 mai « Notes scientifiques et philosophiques. III. L’analyse spectrale » L’Initiation 8, 31e vol., 9e année, p. 138-142. mai « IV. Le Ciel et l’œil » L’Initiation 8, 31e vol., 9e année, p. 142-144. mai « V. Sur la photographie en couleurs directe » L’Initiation 8, 31e vol., 9e année, p. 144-146. mai « VI. La Distance du soleil de la terre » L’Initiation 8, 31e vol., 9e année, p. 146. mai « La Synthèse de l’Or » L’Initiation 8, 31e vol., 9e année, p. 185-186. juin « L’exposition d’Edward Munch » La Revue blanche, p. 525-526. juillet « L’Irradiation et l’extension de l’âme : observations d’après nature » L’Initiation 10, 31e vol., 9e année, p. 45-53. 15/07 « Études funèbres » La Revue des Revues, Vol. 18, 3e trimestre, p. 97-105. sept. « La Terre, sa forme, ses mouvements » L’Initiation 12, p. 255-263.
tableau im8
nov. « Synthèse d’Or » L’Hyperchimie 4, 1e année, p. 1-3. nov. Hortus Merlini : Les Lettres sur la chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 4, 1896 (hors texte) nov. Hortus Merlini : Les Lettres sur la chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 5, 1896 (hors texte) 1897 janv. « La Synthèse de l’Iode. Expliquée par les méthodes d’extraction » L’Hyperchimie 1, p. 2-6. 21 janv. Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum, L’Hyperchimie 1, 1897 (hors texte) févr. « Notes et observations sur la chimie actuelle » L’Hyperchimie 2, p. 2-6. févr. Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum, L’Hyperchimie 2, 1897 (hors texte) mars « Notes et observations sur la chimie actuelle (Suite) » L’Hyperchimie 3, p. 4-7 mars Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 3, 1897 (hors texte) 27/03 « Les Gens de Hemsoe » (1) La Revue hebdomadaire 17, p. 532-554 03/04 « Les Gens de Hemsoe » (2) La Revue hebdomadaire 18, p. 85-115 10/04 « Les Gens de Hemsoe » (3) La Revue hebdomadaire 19, p. 145-171 17/04 « Les Gens de Hemsoe » (4) La Revue hebdomadaire 20, p. 289-316 24/04 « Les Gens de Hemsoe » (5) La Revue hebdomadaire 21, p. 488-515 avril « Le Pain de l’avenir » L’Hyperchimie 4, p. 3-5.
tableau im9
avril Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 4, 1897 (hors texte) mai Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 5, 1897 (hors texte) juin « Les Étoiles Fixes » L’Initiation 6, p. 223-224. juin « L’Horizon et l’Oeil » L’Initiation 6, p. 224-226. juillet Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 7, 1897 (hors texte) août Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 8, 1897 (hors texte) sept. Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 9, 1897 (hors texte) oct. Hortus Merlini : Les Lettres sur la Chimie et Sylva Sylvarum L’Hyperchimie 10, 1897 (hors texte) déc. « Réponse de M. A. Strindberg » L’Hyperchimie 12, p. 10. 1898 févr. « Le Télescope désiré » L’Hyperchimie 2, 3e année, p. 9-11. 9 mai « Le Télescope désiré » (Suite et fin) L’Hyperchimie 5, 3e année, p. 10. mai « Margit (La Femme du chevalier Bengt) », Actes I-II Mercure de France, tome 26 (1898), no 101, p. 437-481 juin « Margit (La Femme du chevalier Bengt) », Acte III Mercure de France, tome 26 (1898), no 102, p. 727-751 juillet « Margit (La Femme du chevalier Bengt) », Actes IV-V Mercure de France, tome 27 (1898), no 103, p. 110-158 oct. « Les Gîtes aurifères de la France » L’Hyperchimie 10, 3e année, p. 3-5.
tableau im10
oct. « Notes » L’Hyperchimie 10, 3e année, p. 14. nov. « Les Nombres cosmiques » L’Hyperchimie 11, 3e année, p. 1-4. déc. « Les Nombres cosmiques » L’Hyperchimie 12, 3e année, p. 3-6. (Réédition corrigée du no de nov. 1898) 1902 02/11 « Rosa mystica » Rosa Alchemica – L’Hyperchimie 2, 7e année, p. 354-356. 1907 15/04 [réponse de Strindberg à la question :] « Assistons-nous à une dissolution ou à une évolution de l’idée religieuse et du sentiment religieux ? » Mercure de France, 15/4 1907, tome 66, no 236, p. 616-617 1909 15/06 « Le Sacristain de Ronœ » La Revue de Paris, 16e année, tome 3 (mai-juin 1909), p. 673-720 1911 avril « Le Fils de la servante » La Revue scandinave, 2e année, no 4, p. 241-252 NOMBRE TOTAL DE CONTRIBUTIONS

Date de mise en ligne : 04/02/2015.

https://doi.org/10.3917/eger.272.0517

Notes

  • [*]
    Gunnel ENGWALL, Professeure émérite, Université de Stockholm, Lilla Frescativägen 4D, SE-11418 STOCKHOLM ; mail : gunnel.engwall@fraita.su.se
  • [1]
    August Strindbergs Samlade Verk (SV). Nationalupplaga. Les 71 volumes ont été édités à Stockholm par Almqvist & Wiksell entre 1981 et 1985 et par Norstedt entre 1986 et 2013. De plus, les volumes ainsi que les commentaires critiques sont en cours de publication sur Internet : www.litteraturbanken.se.
  • [2]
    Les lettres de Strindberg ont été publiées dans August Strindbergs brev sous la direction de Torsten Eklund (vol. 1-15) et de Björn Meidal (vol. 16-22) à Stockholm : Bonnier, 1948-2001. Les textes français dans SV (n. 1) sont aussi donnés en traduction suédoise dans cette édition.
  • [3]
    August Strindbergs brev (n. 2), le 07-10-1894 (notre trad.). Voir aussi idem, le 30-06-1894, et Stellan Ahlström : Strindbergs erövring av Paris. Strindberg och Frankrike 1884-1895, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1956.
  • [4]
    Nous y incluons tous les articles de Strindberg en français, même ceux qui ont été publiés en Belgique, en Espagne ou en Suisse. – Voir le paragraphe d’introduction dans l’Annexe pour des inventaires antérieurs concernant certaines périodes de la vie de Strindberg.
  • [5]
    Voir « Résumé des contacts français », texte de Strindberg, établi et publié dans Gunnel Engwall : « Strindberg et ses contacts français », dans : Mots chiffrés et déchiffrés – Mélanges offerts à Étienne Brunet (dir. Sylvie Mellet et Marcel Vuillaume), Paris : Honoré Champion Éditeur, 1998, p. 473-501.
  • [6]
    La lettre citée du marquis d’Hervey de Saint-Denys appartient aux Archives Mörner, Bibliothèque de la ville d’Örebro, tandis que les manuscrits originaux de cette notice sont conservés à l’Académie Royale des Sciences de Suède. Pour le texte de la notice, voir August Strindberg : Kulturhistoriska studier, Stockholm : Norstedt, 2009, p. 245-269, et pour les différentes versions de la notice, voir les commentaires de Bo Bennich-Björkman dans idem, p. 344-348, et August Strindbergs brev (n. 2), note 2 à la lettre du 21-04-1878.
  • [7]
    Les références exactes à ce texte et aux autres articles de Strindberg que nous citons sont indiquées dans l’Annexe.
  • [8]
    Voir Maurice Gravier : « Strindberg écrivain français », dans : Revue d’histoire du théâtre 30 (1978), 3, p. 243-265 ; Gunnel Engwall : « “Le Plaidoyer d’un fou” : Un plaidoyer de Strindberg ou de Loiseau ? », dans : Stockholm Studies in Modern Philology. New Series, 6 (1980), p. 29-54 ; Olof Eriksson : « Explicit och implicit översättning : exemplet Légendes », dans : Strindbergiana 28 (2013), p. 93-101, pour des remarques sur les connaissances de la langue française de Strindberg.
  • [9]
    L’édition des lettres de Strindberg (n. 2) a rendu possible de préciser les dates et les lieux des séjours ainsi que les voyages de Strindberg.
  • [10]
    Voir par exemple les remarques de Strindberg sur son séjour dans la région parisienne dans August Strindbergs brev (n. 2), le 13, le 15 et le 19-10-1883 et le 03-01-1884.
  • [11]
    En ce qui concerne l’intérêt de Strindberg pour Rousseau, voir ibid. le 29-03, le 16-2-1883 et le 06-06-1884. Cf. Elie Poulenard : Strindberg et Rousseau, Paris : PUF, 1959.
  • [12]
    Les circonstances autour du procès de Mariés sont décrites par Ulf Boëthius dans les commentaires d’August Strindberg : Giftas I-II, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1982, p. 326-330. Voir aussi Gunnar Brandell : Borta och hemma (1883-1894) dans : August Strindberg – Ett författarliv, 2, Stockholm : Alba, 1985, p. 59-83.
  • [13]
    Pour la biographie de Kramer, voir Charles Serfass : « Jules-Henri Kramer, 1827-1910 », dans : Musée neuchâtelois, 48 (1911), p. 29-47.
  • [14]
    Il s’agit des p. 115-200 du manuscrit de « Jäsningstiden [La Fermentation] ». – Voir les commentaires de Conny Svensson dans August Strindberg : Tjänstekvinnans son, Stockholm : Norstedt, 2007, p. 430, sur le manuscrit français de « La Mouette ».
  • [15]
    Voir « [Zola et l’Académie] », dans August Strindberg : Vivisektioner II, Stockholm : Norstedt, 2010, p. 244-245 et les commentaires de Gunnel Engwall et Per Stam, p. 360-364.
  • [16]
    August Strindbergs brev (n. 2), le 27-07 et le 25-10-1894 (notre traduction).
  • [17]
    Dix-huit essais de la série française des « vivisections », manuscrits de la main de Strindberg, nous sont parvenus et sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de Suède. Ils ont tous été examinés et publiés dans August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15).
  • [18]
    Voir les commentaires de Per Stam dans August Strindberg : Naturvetenskapliga skrifter II, Stockholm : Norstedt, 2003, p. 539-553, pour des renseignements plus détaillés sur les lieux de séjour et les voyages de Strindberg entre 1894 et 1898.
  • [19]
    Voir Ahlström (n. 3), p. 246.
  • [20]
    Pour plus de détails concernant le débat sur la position de la femme et sur d’autres « vivisections », dont nous ne traitons que quelques-unes dans le présent article, voir Gunnel Engwall : « Orthonet et les Vivisections d’August Strindberg », dans : Mélanges offerts à Charles Muller pour son centième anniversaire (22 septembre 2009), (dir. Christian Delcourt et Marc Hug), Paris : Conseil international de la langue française, 2009, p. 169-181. Voir aussi August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15).
  • [21]
    Le texte imprimé dans L’Éclair est un peu raccourci par rapport au texte du catalogue. Pour plus de détails sur la lettre-préface, voir Göran Söderström : Strindberg och bildkonsten, Stockholm : Forum, 1972 [1990], p. 279-283, et Göran Söderström, « Strindbergs Gauguinföretal », dans : Strindbergiana 2 (1987), p. 146-160.
  • [22]
    Voir Arne Eggum : « Munch tente de conquérir Paris (1896-1900) », dans : Munch et la France [Exposition], Paris : Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1991, p. 188-221.
  • [23]
    Dans August Strindbergs brev (n. 2), note 1 à la lettre du 3-04-1897, il est indiqué par mégarde qu’aucune traduction des Gens de Hemsœ n’a été publiée dans La Revue hebdomadaire.
  • [24]
    Citation tirée d’August Strindberg : Naturvetenskapliga skrifter II (n. 18), p. 96.
  • [25]
    Mickaëlle Cedergren : « À propos de l’écriture catholicisante dans l’œuvre de Strindberg. Quelques réflexions sur l’emprunt culturel », dans : Revue Romane 48 (2013), 1, p. 131-146.
  • [26]
    Ce texte a été conservé sous forme manuscrite et en suédois à la Bibliothèque nationale de Suède et publié dans August Strindberg : Essäer, tidningsartiklar och andra prosatexter 1900-1912, Stockholm : Norstedt, 2004, p. 100-101. Strindberg l’a probablement traduit lui-même en français avant de l’envoyer au Mercure de France (voir les commentaires de Conny Svensson dans idem, p. 263).
  • [27]
    Soulignons que le chiffre 97 inclut toutes les contributions de Strindberg, même les textes très courts, et que des écrits répartis sur plusieurs numéros sont comptés comme plusieurs contributions. Voir plus haut, chap. II.
  • [28]
    August Strindberg : Les Mariés : douze caractères conjugaux, Lausanne : Benda, 1885.
  • [29]
    Sophie Grimal : « Strindberg dans la presse française 1894-1902 », dans : Strindberg et la France, (dir. Gunnel Engwall). Acta Universitatis Stockholmiensis, Romanica Stockholmiensia 15, Stockholm : Almqvist & Wiksell, 1994, p. 65-67. – Notre inventaire tend à l’exhaustivité, afin de donner une image complète de la présence de Strindberg dans la presse française. Si toutefois des textes de Strindberg sont encore retrouvés dans cette presse, nous prions les lecteurs de nous les signaler.
  • [30]
    Voir August Strindberg : Vivisektioner II (n. 15), Naturvetenskapliga skrifter I, Stockholm : Norstedt, 2009, Naturvetenskapliga skrifter II (n. 18) et Legender, Stockholm : Norstedt, 2001. – Ajoutons que le prénom de Strindberg est souvent écrit « Auguste » dans les journaux français de l’époque, variation orthographique dont nous ne rendons cependant pas compte dans la présente annexe.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.84

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions