Notes
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[*]
Jean-Marie VALENTIN, Chaire d’Histoire culturelle du monde germanique (IUF), C.U. Malesherbes, 108 bd Malesherbes, F-75850 PARIS ; courriel : jmedvalentin@gmail.com
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[1]
Karl Kurt Klein : Literaturgeschichte des Deutschtums im Ausland, Leipzig 1939 (réédit. par Alexander Ritter, Hildesheim, New-York : Olms, 1979). Du même : « Rumäniendeutsches Zeitschriftenwesen im Laufe seiner Entwicklung bis zur Gegenwart », dans Der Auslandsdeutsche 6 (1939). La question a été réexaminée par Heinrich Stiehler : « Einführung », dans Nachrichten aus Rumänien. Rumäniendeutsche Literatur, Hildesheim, New York : Olms, 1976, p. VII-XL. Le responsable de la collection n’a pas dévié de sa trajectoire, explicitée par son article « Germanistik ohne schlechtes Gewissen. Die deutschsprachige Literatur des Auslands und die wissenschaftliche Rezeption », dans Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik, Beiheft 13 (1985), p. 10-34.
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[2]
Voir l’article de Jean-Paul Bled dans ce cahier, p. 415-420.
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[3]
Excellents éclairages et éléments objectifs de réflexion dans Andrei Corbea-Hoisie : « Erneute Anmerkungen zum Begriff « Rumäniendeutsche Literatur ». Versuch einer ideologiekritischen Dekonstruktion », dans Gotthard Wunberg und Dieter A. Binder (Hrsg.) : Pluralität. Festschrift für Moritz Csáky, Wien, Köln, Weimar : Böhlau Verlag, 1996, p. 81-99.
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[4]
Voir le texte dans Johann Christian Günther : Werke. Hrsg. von Reiner Bölhoff, Frankfurt a.M. : Deutscher Klassiker Verlag, 1998, p. 339.
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[5]
Lire nos études regroupées sous le titre « De la tragédie silésienne à l’opéra impérial », dans Jean-Marie Valentin : L’École, la ville, la cour. Pratiques sociales, enjeux poétologiques et répertoires du théâtre dans l’Empire au XVIIe siècle, Paris : Klincksieck, 2004, p. 389-528.
-
[6]
Le Banat. Un Eldorado aux confins. Textes réunis par Adriana Babe?i, Paris : Sorbonne, 2007 (= Cultures d’Europe Centrale. Hors série n° 4).
-
[7]
Sur tout cet arrière-plan, outre Jean-Paul Bled (note 2), lire la riche introduction (Le Banat [note 6] p. 13-28) d’Adriana Babe?i (« Le Banat : un paradis aux confins »).
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[8]
Se reporter à l’article de Pierre Aubert de Trégomain : « Versperrte Wahrnehmung. Die Auseinandersetzung der evangelischen Kirche A.B. in Rumänien mit dem Nationalsozialismus 1944-1948 », dans Mariana Hausleitner und Harald Roth (Hrsg.) : Der Einfluss von Faschismus und Nationalsozialismus auf Minderheiten in Ostmittel– und Südosteuropa, München : IKGS Verlag 2006, p. 331-350 (avec nombreux renvois bibliographiques). Consulter en outre, du même (thèse de doctorat Paris 3 non publiée) : Les Frontières du dicible. Les Saxons de Transylvanie et la Seconde Guerre mondiale (soutenue le 11 décembre 2006).
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[9]
Maurice Halbwachs fit paraître, lors de son enseignement à Strasbourg, Les Cadres sociaux de la mémoire. Son autre grand travail, La Mémoire collective, date de 1950.
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[10]
Cf. note 6, ibid.
-
[11]
Se reporter à Roger Bauer : La Réalité, royaume de Dieu. Études sur l’originalité du théâtre viennois dans la première moitié du XIXe siècle, München : Max Hueber, 1965, passim.
-
[12]
Cf. déjà August Sauer : Akademische Festrede zu Grillparzers 100. Geburtstag, Prag 1891. Une synthèse et des points de vue très actuels dans Christoph Fackelmann, Wynfrid Kriegleder (Hrsg.) : Literatur – Geschichte – Österreich […] Thematische Festschrift zur Feier des 70. Geburtstags von Herbert Zeman, Wien, Lit-Verlag, 2011, notamment p. IX-LXXIX et 2-252.
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[13]
Cf. notre « Note et document » dans Études Germaniques 67 (2012), p. 219-221.
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[14]
Johann Willibad Nagl, Jakob Zeidler, Eduard Castle : Deutschösterreichische Literaturgeschichte, Wien, 4 vol. 1899-1937. Plus récemment, la tentative dirigée par Herbert Zeman (Graz, Akademische Druck- und Verlagsanstalt) se compose en fait de plusieurs recueils d’études (cf. le sous-titre « Eine Dokumentation ihrer literarhistorischen Entwicklung » !) dont la valeur réside dans des analyses ponctuelles de telle œuvre ou de tel auteur, sans vraies visions synthétiques. L’ouvrage de Hilde Spiel : Kindlers Literaturgeschichte der Gegenwart. Die zeitgenössische Literatur Österreichs, Zürich und München : Kindler, 1976, porte seulement sur la période après 1945.
-
[15]
De suggestives mises au point sous la plume de Gerald Stieg : « Grenzfälle ». Ou : qui appartient à la littérature autrichienne ? », Études Germaniques 65 (2010), p. 307-318.
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[16]
Innombrables travaux parmi lesquels on citera Dietmar Goltschnigg, Anton Schwob (Hrsg.) : Die Bukowina. Studien zu einer versunkenen Literaturlandschaft, Tübingen 1990 ; Andrei Corbea, Michael Astner (Hrsg) : Kulturlandschaft Bukowina. Studien zur deutschsprachigen Literatur des Buchenlandes nach 1918, Ia?i 1990 ; la précieuse documentation due à Herbert Wiesner et Ernest Wichner (exposition de Berlin) sur « In der Sprache der Mörder. Eine Literatur aus Czernovitz, Bukowina », 1993.
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[17]
Des éléments de débat dans ma préface à Philippe Wellnitz (dir.) : Max Frisch. La Suisse en question ?, Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1997, p. 5-11.
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[18]
Ermil Ermatinger : Dichtung und Geistesleben der deutschen Schweiz, München 1933. Observons au passage la tendance des germanistes allemands à reléguer les littératures non allemandes stricto sensu dans des appendices (« Exkurse », dit Ralf Schnell en 1993). Au contraire, dans l’entreprise qu’il a dirigée aux éditions C. H. Beck de Munich, Wilfried Barner (Geschichte der deutschen Literatur von 1945 bis zur Gegenwart) opte pour une vue panoramique englobante.
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[19]
Cf. Andrei Corbea-Hoisie (note 3), p. 93.
-
[20]
Voir l’article d’Ernest Wichner dans ce numéro, p. 431-441. Ou encore Richard Wagner : « Die Aktionsgruppe Banat. Versuch einer Selbstdarstellung », dans : Wilhelm Solms (Hrsg.) : Nachruf auf die rumäniendeutsche Literatur, Marburg 1990.
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[21]
Et (vertu positive de la négation) plaide de fait pour une « anti-rumäniendeutsche rumäniendeutsche Literatur » (Richard Wagner, ibid., p. 270).
-
[22]
Cf. l’article de Markus Bauer dans ce cahier, p. 463-474.
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[23]
Claire de Oliveira : La Poésie allemande de Roumanie. Entre hétéronomie et dissidence (1944-1990), Bern et alibi : Peter Lang (Collection « Contacts », III, 32), 1995, notamment p. 165 sq.
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[24]
Excellente mise en évidence de la force critique des procédés modernes, qui sont tout sauf de purs jeux sonores, par Jacques Lajarrige : « À propos de quelques potentialités oulipobiographiques de l’écriture de l’histoire chez Oskar Pastior », Études Germaniques 66 (2011), p. 491-512.
-
[25]
Cf. supra, note 20.
-
[26]
Andrei Corbea-Hoisie (note 3), p. 93.
I
1La dimension historique est capitale pour qui veut éclairer un débat d’historiographie trop souvent ramené à des discussions sur l’« essence » d’une production littéraire en fait clairement délimitée du point de vue géographique et inscrite dans des cadres temporels dont la compréhension exige la plus grande rigueur. C’est dire dès l’abord qu’il ne sera pas question ici de « littérature allemande de l’étranger » (« auslandsdeutsche Literatur »), dénomination même qui ouvre la porte à des malentendus nourris de passéisme, parfois même d’esprit de revanche. [1] Dans le cas de la Roumanie, il s’est agi de deux peuplements, un en Transylvanie, l’autre dans le Banat, [2] qui ont pris forme à des époques très éloignées l’une de l’autre (du Moyen Âge aux Lumières) et à partir de populations très largement dissemblables – sans même revenir sur le terme de « Saxons » pour qualifier des Transylvains, forts certes depuis le xvie siècle de leur foi luthérienne unanimement partagée, mais issus de régions variées, occidentales comme centrales, de l’ancien Empire. On s’est d’autre part appliqué à le mettre en valeur au cours des dernières années : la question, de quelque côté qu’on l’aborde, invite à se garder des fausses évidences. L’histoire est en l’affaire aussi micro-histoire. « Rumäniendeutsch » ne recouvre pas plus une réalité en soi, clairement définie et stable que « rußlanddeutsch », « wolgadeutsch » ou ...« pennsylvaniadeutsch ». [3] Et ceci encore : la littérature actuelle conduit naturellement la recherche en études germaniques à privilégier les deux après-guerres, ce qui s’entend sans peine, les divers Allemands habitant la Roumanie ayant été impliqués, activement et/ou passivement, dans les deux grands totalitarismes du xxe siècle.
2Pour autant, le fait majeur qu’est la constitution, quasi organique, d’isolats de peuplement pose un problème identitaire majeur devenu plus aigu avec l’apparition des États-nations en Europe centrale. La structure lâche du Saint Empire, compliquée il est vrai de divisions confessionnelles, posait plutôt la question de la fidélité aux pouvoirs dynastiques comme on le vit en Transylvanie à l’époque de Léopold le Grand dont le règne (1658-1705) ne fut pas loin d’égaler en durée celui du Roi-Soleil, son cousin.
3Lors de la célèbre Paix de Passarowitz signée en 1718, la Turquie dut en effet céder à l’archi-maison le Banat, la Valachie occidentale (Westwalachei) et la Serbe septentrionale (Nord-Serbien). La littérature n’a naturellement pas manqué de célébrer l’événement dans le droit fil de l’écriture encomiastique qui était de rigueur depuis Maximilien Ier et avait connu son apogée dans la période qui va de Léopold Ier à Charles VI, ce dernier étant devenu empereur germanique en 1711. Johann Christian Günther (1695-1723) allait attacher son nom à l’événement en composant l’ode Auf den zwischen Ihro Kaiserlicher Majestät und der Pforte Anno 1718 geschloßnen Frieden. [4] C’est un exemple remarquable du lyrisme baroque de circonstance. L’événement y est mis en avant qui marque une rupture et un commencement. Selon l’esprit eschatologique de la mission assignée à la Casa d’Austria, Günther annonce l’instauration d’une ère nouvelle ouverte par la campagne du Prince Eugène à partir de 1683 et dont l’effet le plus remarquable avait été l’expansion des Habsbourg dans le bassin danubien. Le motif renoue avec la thématique développée dans la tragédie silésienne de Lohenstein, dans l’opéra vénitien de la cour impériale et les ludi caesarei des jésuites, tels qu’ils avaient été pratiqués durant les trois ou quatre décennies faisant suite à l’élection de Léopold Ier à Francfort en 1658. [5] À la Turquie identifiée à un Islam dont l’image était sans restriction négative, s’opposait un monde chrétien (bien plus que germanique), moralement juste et bon, appuyé sur un ordre politique aux antipodes d’un système despotique et corrompu, protégé et guidé enfin par une Providence divine spécifique. Ce n’était là évidemment que constructions factices. Mais on ne peut, au-delà de leur rôle de propagande, dénier à celles-ci une réelle cohérence pour cette raison même que s’y expose la plus réfléchie des représentations de soi. Même le joséphisme, pour qui le facteur spirituel n’a plus qu’une fonction utilitaire de pacification sociale et de sauvegarde de l’ordre collectif, ne rompra pas entièrement avec cette vision.
4Il est de fait que cette structuration du monde centre et est-européen en blocs antagonistes ne peut que nier les particularismes. Pour autant, l’opposition radicale à l’Islam s’accompagne d’une position sensiblement plus ouverte aux autres peuples, cultures et même religions autres que la catholique-romaine discriminées par la Contre-Réforme à son apogée.
5Pour être plus précis : l’intégration du Banat à cet espace en extension rapide et brutale se produit sous le signe d’un renoncement à l’exclusion de tel ou tel groupe. [6] C’est à cet égard que les différences entre les deux zones de peuplement évoquées plus haut sont manifestes. Face aux « Saxons », de longue date implantés et ralliés au luthéranisme, Léopold Ier mit en place une politique de recatholicisation (elle est encore visible à Sibiu/Hermannstadt) en s’appuyant sur les ordres religieux, jésuites et franciscains en priorité. Que cette action, pourtant déterminée, ait largement échoué permet de conclure à l’existence d’une conscience identitaire transylvaine propre fondée sur cette communauté de croyance.
6Les choses en allèrent autrement dans le Banat de Temesvar où la venue de colons souabes, parmi lesquels figuraient beaucoup d’Alsaciens et de Lorrains germanophones, se doubla d’une cohabitation largement pacifique entre groupes ethniques de langues, de traditions et de cultures sans liens directs entre elles. Le rattachement à la Hongrie en 1779 ne signifia pas davantage un changement de cap majeur : l’esprit de pluralité demeura.
7La seconde date clé est 1920, année où fut conclue une autre paix, celle du Traité de Trianon, écharde vive plantée dans la mémoire nationale hongroise et dont il est légitime de dire qu’elle clôt, en termes de longue durée, le cycle ouvert deux siècles plus tôt. Dramatiques en furent les conséquences puisque les dispositions imposées aux vaincus firent éclater le Banat entre la Hongrie, la Yougoslavie (aujourd’hui la Serbie) et la Roumanie qui, elle, s’y tailla la part du lion. [7]
8À partir de là, et compte tenu des tentatives allemandes d’expansion puis de l’installation du régime communiste dans tous ces États durant les années 1945-1950, une réalité radicalement nouvelle s’impose. Elle va peser lourd, en particulier suite à la décision soviétique de faire payer aux Allemands par la déportation leur attachement, idéologique ou plus banalement opportuniste, à la dictature national-socialiste. Ces années 1945-1950 pèsent aujourd’hui encore d’un grand poids [8] sur une population qui, en raison du système de Ceausescu, finira par quitter les contrées où elle avait introduit une civilisation traditionnelle, agraire surtout, et se réinstaller dans l’Allemagne nouvelle de la République de Bonn puis de Berlin, la capitale attirant les intellectuels et écrivains dès les années 1980 et, massivement, après la réunification. Il est possible de dégager quelques données structurelles fortes :
91. La persistance d’une « mémoire collective » longue, entendue au sens défini par un Maurice Halbwacks redécouvert ces dernières années. [9] Cette mémoire a été longtemps productrice d’images privilégiant un monde aux mœurs rustiques simples au sein d’une sorte d’oasis au cœur du continent – ce que conforte au demeurant le constat maintes fois rappelé selon lequel le Banat a connu très peu d’affrontements entre ses populations au cours de son histoire. [10] De ce point de vue, la longue durée braudélienne est un outil précieux, dans la mesure précisément où elle autorise à mettre face à face continuités et ruptures autant qu’à retisser des liens souvent distendus entre des moments éloignés de l’histoire. Ce temps « d’avant » ne pouvait nourrir la littérature que de clichés (Guttenbrunn), d’épigonalisme, d’images idylliques.
102. La mémoire courte qui naît en deux étapes – 1920 et 1945/1948 – a pour première caractéristique la mise en concurrence des deux formes de mémoire, mais selon des modalités et une intensité culturelle sans véritables liens entre elles autres que les bouleversements qui en sont la cause. Le conflit entre la Hongrie et la Roumanie est dominant, car, quoique l’on ait dit, un basculement s’est effectivement produit entre l’espace hongrois de rattachement depuis 1779 et l’époque des deux guerres mondiales. Ce changement a exposé toutes les populations à une roumanisation forcée à laquelle les magyarophones comme les germanophones ont été soumis. La politique nationaliste d’une Roumanie tardivement constituée en État à partir des provinces de Moldavie et de Valachie, est une donnée linguistique et culturelle (il faudrait y ajouter la présence de l’orthodoxie dans des bastions luthériens ou catholiques-romains) qui marque aussi l’éducation dans laquelle les traditions littéraires allemandes héritées du xixe siècle (contre-exemple : Eichendorff) furent battues en brèche par d’autres, dérivées du nouvel état de fait (exemple : Eminescu). Quant aux années 1950-1990, elles ont donné naissance aux œuvres qui nous intéressent et qui durent relever le triple défi d’une littérature « minoritaire », en butte simultanément à un régime inquisitorial, à l’origine de la grande blessure des camps de travail, et au cours des années 1960-1970, en quête d’une modernité qui lui ferait éviter le piège de la trivialité et du conformisme.
II
11Venons-en maintenant à la question de l’appartenance de cette « littérature allemande de Roumanie » à la littérature allemande et au problème subséquent soulevé par l’historiographie littéraire.
12Un bref retour en arrière est nécessaire, puisque la dénomination, que l’on rencontre encore aujourd’hui, de « cinquième littérature allemande » (« fünfte deutsche Literatur ») se réfère, comme on va l’exposer, à un contexte politique aujourd’hui dépassé. Que répondre alors à la lancinante question de l’unité ou de la pluralité de la littérature allemande ?
13Notons d’abord que, jusqu’aux ultimes décennies du xixe siècle, le débat n’existait pas. Les mouvements régionalistes, comparables aux félibres en France (dont Frédéric Mistral à qui fut décerné le Prix Nobel en 1904 pour son épopée Mirèio parue dès 1859), et illustrés par les écrivains bas-allemands Klaus Groth et Fritz Reuter furent internes à des espaces revendiquant leur diversité – ce ne furent pas de nouvelles littératures allemandes. Pour les historiens des lettres, il y avait littérature allemande dès qu’on se trouvait en présence de textes de nature esthétique rédigés dans une variante, historique ou territoriale, de la langue de référence. Sebastien Brant, à Bâle puis à Strasbourg, est un auteur allemand comme l’est Herder qu’il séjourne à Riga, durant son voyage en France, lors de son passage à Strasbourg ou durant son établissement à Weimar.
14Pour l’Autriche, longtemps assimilée à la dynastie impériale et catholique des Habsbourg, la quête d’une identité fut consécutive à la fin du Saint Empire, au Congrès de Vienne et surtout à la bataille de Sadowa (1866). Elle s’illustra dans un théâtre populaire doublé, au niveau noble, par le théâtre de Grillparzer, puis dans la grande prose stiftérienne. Mais sa formulation théorique attendit 1907 et le célèbre « discours d’entrée en fonction comme recteur de l’université » prononcé par August Sauer. [11] Séparée du nouvel Empire dirigé par la Prusse, l’Autriche aspirait à se construire une image propre, laquelle lui permettait aussi de se démarquer des autres peuples de la Double Monarchie, en premier lieu des Tchèques, le cœur géographique et intellectuel étant alors Prague et son université. Parfaite cohérence dans la démarche de Sauer : l’homme de la Rektoratsrede fut aussi celui qui mit en place et dirigea l’édition des œuvres de Grillparzer, poète élevé du même coup au rang de « classique de l’Autriche ». [12]
15La méthode d’historiographie littéraire fondée sur les catégories de « Stamm » et de « Landschaft », ethno- et géographico-culturelle, fut, comme on sait, détournée par Josef Nadler qui finit par substituer la « Rassenkunde » nationale-socialiste à une « Volkskunde » qui s’en trouva du coup déconsidérée. [13] Mais surtout, l’idéologie du « sol et du sang » finissait par nier la diversité consubstantielle à l’affirmation d’une littérature différente de l’allemande et, du coup, résorbée dans le postulat d’une unité conditionnée par des facteurs externes pseudo-scientifiques.
16En dépit de ces dérives, la thèse d’une littérature autrichienne particulière garde, comme je le crois, toute sa validité, surtout si on renonce à des critères fondés sur l’exclusion (le judaïsme, le protestantisme) et la survalorisation (le catholicisme) ainsi qu’à la coupure intégrale avec l’Allemagne que dément au demeurant la recherche, y compris pour des auteurs comme Hofmannsthal d’une audience au « Nord » et à Berlin. La littérature autrichienne est de langue allemande, elle existe au sein d’une littérature allemande à laquelle la rattachent de nombreux échanges, mais avec ses héritages et ses traditions propres et, surtout, ses rapports à l’histoire. Nagl, Castle, Zeidler [14] ont pu les premiers en écrire l’histoire, même si leurs critères nous paraissent aujourd’hui pour une bonne part obsolètes. Il reste que la combinaison langue-territoire-État ne fonctionne que jusqu’en 1918. Que faire en effet, comme on n’a pas manqué de le faire valoir, des auteurs qui sont nés hors de cet espace et/ou avant cette date ? [15] Pensons aux Pragois, aux Galiciens, aux Hongrois de langue allemande, aux auteurs originaires de Bucovine ? Rilke, Kafka, Canetti (de surcroît né en Bulgarie et dont le ladino était la langue maternelle) montrent l’extrême difficulté qu’il y a à dégager une solution claire et dans tous les cas indiscutable. Compter Kafka au nombre des auteurs représentatifs, comme Goethe, Dante ou Cervantes, de la « Weltliteratur », déplace la question sans vraiment la résoudre.
17Le cas de Celan fait bien comprendre que la pluralité peut être constitutive d’une singularité à la fois irréductible à d’autres et impossible à enfermer dans une définition posée a priori. On a affaire, à l’exception de l’activité de Celan à Paris, à une région, la Bukovine, à forte population juive parlant le yiddish et pour laquelle l’allemand est la seule langue de culture imaginable. Le fait est que Czernowitz possédait des établissements d’enseignement de qualité et même une université, la plus orientale de la Double Monarchie, qui fournissaient un cadre propice à une vie intellectuelle intense, alimentée par des revues et – fait à relever – accueillante à certains courants de la modernité poétique. [16] Toutefois, cette « Literaturlandschaft » fut – via la Russie, l’Ukraine, la France et la Roumanie –, à part dans le monde germanique auquel elle se rattache pourtant par sa métropole de référence qui fut, non pas Czernowitz, mais Vienne comme le fait bien voir la césure des années 1945-1948 et ce que confirment les départs ultérieurs (celui d’Oskar Pastior exemplairement) des auteurs du Banat passant par la capitale autrichienne avant de gagner éventuellement d’autres cieux. Le terme de « versunkene (nous soulignons) Literaturlandschaft », retenu par une partie de la critique, traduit bien le sentiment que nous sommes en présence de phénomènes de courte durée, soumis aux aléas d’une histoire violente si bien que la constitution d’une identité demeure partielle, mal assurée et changeante, fondée sur une simple communauté d’expériences mais fortement insulaire et guettée par la dispersion.
18Les deux autres exemples sont liés à des espaces extérieurs au monde allemand occidental d’avant la chute du mur mais depuis ce « tournant » en voie de recomposition. La Suisse, mehrsprachig plus que deutschsprachig selon la définition promue par la politique culturelle de la Confédération, ne s’est pas engagée, en dépit de la place occupée par les germanophones, sur la voie dite de la « néerlandisation » à partir de l’alémanique. Pourtant, comme l’Autriche, elle a ses auteurs de référence, Gottfried Keller en premier, à un moindre titre Jeremias Gotthelf. Ludwig Hohl, Max Frisch, Friedrich Dürrenmatt sont au nombre des figures tutélaires récentes. [17] Mais un centre fait défaut, la création des archives littéraires à Berne est tardive (même par rapport à Vienne) et, plus qu’en Autriche, les supports éditoriaux ne peuvent pourvoir à son affirmation. Les « histoires de la littérature », à l’exception de celle, pionnière d’Ermatinger, [18] sont d’abord le fruit d’entreprises globalisantes (voir Kindler qui traite de quatre littératures) ou officielles. La conscience locale est réelle, mais elle n’est que secondairement internationale.
19En ce qui concerne la défunte RDA, on peut parler de faux problème. Il n’y a pas de différenciation linguistique. Dresde et sa région, dont on ne saurait sous-estimer le poids dans un système moins uniforme qu’on ne dit, ne tinrent cependant pas lieu de capitale, mais d’espace où se confortèrent les écarts par rapport à la norme. Il est remarquable que ces phénomènes de dissidence et de revendication d’un socialisme humaniste dessinent une image qui alimente depuis plusieurs décennies la vie littéraire de l’ancienne RDA. L’effondrement de l’État et du système idéologique qui lui servait de ciment a fait de cette construction un objet archéologique.
20Le résultat actuel de ce débat tend donc à « réunifier » la littérature de langue allemande dans l’historiographie littéraire, à traiter en simples variantes régionales les cas autrichiens et suisse, à ignorer la spécificité passée de l’ex-RDA comme ses modes de survie dans l’Allemagne présente, à réduire à quasi rien les îlots de germanité au motif, en soi peu contestable, que leurs auteurs ont émigré en Allemagne, à l’Ouest puis à Berlin. Dans une autre perspective, Herta Müller n’est pas décrite dans la presse comme un auteur roumain qui écrit en allemand, mais comme une Allemande dont le passé roumain n’est évoqué que pour la critique, contenue dans son œuvre, des méthodes policières du régime communiste et de formes d’organisation politique oppressives.
III
21Que faire alors du Banat ? Sans doute, en petit ce que l’on peut (a pu) faire en grand à propos des espaces évoqués, à deux conditions expresses : 1. que l’on évite tout ce qui se rapproche de près ou de loin d’une définition absolutisante, 2. que l’on appréhende le phénomène étudié dans sa matérialité historique.
22Quelques faits s’imposent alors. Comme on a été conduit à l’affirmer, il y a eu ici seulement une production récente et brève. On n’y retrouve ni figure fondatrice (si ce n’est à titre négatif), ni structures étatiques, ni idéologie unificatrice contraignante. Les Allemands sont au mieux une « nation » au sens culturel, « cohabitante » (« mitwohnend »). [19] Tout repose sur des peuplements issus de colonisations organisées à des fins de sécurité et de mise en valeur des terres, puis liées par des solidarités religieuses et la pratique d’allemands dialectaux. En outre, à la différence de ce qui s’est passé en Bucovine, le facteur juif (et celui du yiddish) ne joue ici aucun rôle.
23L’identité linguistique et littéraire s’est manifestée en réaction aux contextes historiques étatiques et idéologiques. Toutefois, c’est seulement depuis la Seconde Guerre mondiale qu’elle a pris naissance, au sein de ces populations maltraitées par le régime communiste, sous une forme affirmative et critique.
24On ne peut donc parler qu’avec restriction, à la différence de la Bucovine, d’une « Literaturlandschaft ». À cet égard, c’est l’apparition de l’« Aktionsgruppe Banat » et ses interventions relayées par la Banater Zeitung qui est le fait déterminant. [20] Les auteurs, jeunes voire très jeunes, qui le constituent alors, ont rompu avec la tradition régionale et s’écartent résolument de la voie, clairement condamnée comme régressive, de la « Dialektdichtung ». [21] Ils sont mus certes, par l’appartenance à une minorité linguistique, mais plus encore convaincus d’un nécessaire refus actif de la réalité sociale appliqué à un contexte qui rejette la société roumaine, en écho à ce qui se passe en Occident où la cible était à cette époque la société capitaliste. Leur modernité sera intellectuelle et poétique. [22] Comme cela a été mis en évidence, y compris dans la germanistique française, [23] le rôle productif de cette génération aux marges du monde germanophone a été unique.
25Reste la question de l’émigration et de l’installation à Berlin, qu’il s’agisse de l’« oulipiste » Oskar Pastior, [24] de l’essayiste Richard Wagner ou de Herta Müller. Il y a là un « transfert » au sens physique du terme qui maintient certes vivants des questionnements mais sans que puissent être masqués les risques d’un éloignement de plus en plus fort avec ce qui fut. Dès 1990, Wilhelm Solms donnait au recueil d’« Actes » du Colloque de Marburg le titre, en forme de constat désolé, de Nachruf auf die rumäniendeutsche Literatur. [25] En 1996, Andrei Corbea-Hoisie pouvait, quant à lui, s’interroger sur la pertinence de la notion de « rumäniendeutsche Literatur » – l’évidence du terme s’en trouvait mise en cause et identifiée comme fait médiatique ou outil de propagande, ce qui rend impossible la reconnaissance de cette production comme « cinquième littérature allemande », [26] ainsi qu’on le posait en introduction à ces remarques. On s’est résigné de nos jours à n’y voir plus que le fruit d’une classification établie pour servir au départ de tremplin international aux lettres de l’État est-allemand (la deuxième littérature allemande). On sait ce qu’il en est advenu… Il reste encore beaucoup à dire sur cette question qu’ont cependant bien abordée les travaux évoqués. La formule même qu’utilise dans ce cahier Ernest Wichner pour le titre de son article – « die erste und letzte deutschsprachige Dichterschule in Rumänien » – pourrait servir de conclusion provisoire à une discussion que devraient relancer cependant, quarante ans après la fondation de l’Aktionsgruppe Banat, la publication de documents conservés dans les archives de l’État et de la Securitate, l’édition des œuvres (avec leurs fonds d’inédits), des correspondances, des analyses des journaux et des revues… Vue dans cet éclairage, l’enquête ne fait que commencer.
Notes
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Jean-Marie VALENTIN, Chaire d’Histoire culturelle du monde germanique (IUF), C.U. Malesherbes, 108 bd Malesherbes, F-75850 PARIS ; courriel : jmedvalentin@gmail.com
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[1]
Karl Kurt Klein : Literaturgeschichte des Deutschtums im Ausland, Leipzig 1939 (réédit. par Alexander Ritter, Hildesheim, New-York : Olms, 1979). Du même : « Rumäniendeutsches Zeitschriftenwesen im Laufe seiner Entwicklung bis zur Gegenwart », dans Der Auslandsdeutsche 6 (1939). La question a été réexaminée par Heinrich Stiehler : « Einführung », dans Nachrichten aus Rumänien. Rumäniendeutsche Literatur, Hildesheim, New York : Olms, 1976, p. VII-XL. Le responsable de la collection n’a pas dévié de sa trajectoire, explicitée par son article « Germanistik ohne schlechtes Gewissen. Die deutschsprachige Literatur des Auslands und die wissenschaftliche Rezeption », dans Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik, Beiheft 13 (1985), p. 10-34.
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[2]
Voir l’article de Jean-Paul Bled dans ce cahier, p. 415-420.
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[3]
Excellents éclairages et éléments objectifs de réflexion dans Andrei Corbea-Hoisie : « Erneute Anmerkungen zum Begriff « Rumäniendeutsche Literatur ». Versuch einer ideologiekritischen Dekonstruktion », dans Gotthard Wunberg und Dieter A. Binder (Hrsg.) : Pluralität. Festschrift für Moritz Csáky, Wien, Köln, Weimar : Böhlau Verlag, 1996, p. 81-99.
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[4]
Voir le texte dans Johann Christian Günther : Werke. Hrsg. von Reiner Bölhoff, Frankfurt a.M. : Deutscher Klassiker Verlag, 1998, p. 339.
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[5]
Lire nos études regroupées sous le titre « De la tragédie silésienne à l’opéra impérial », dans Jean-Marie Valentin : L’École, la ville, la cour. Pratiques sociales, enjeux poétologiques et répertoires du théâtre dans l’Empire au XVIIe siècle, Paris : Klincksieck, 2004, p. 389-528.
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[6]
Le Banat. Un Eldorado aux confins. Textes réunis par Adriana Babe?i, Paris : Sorbonne, 2007 (= Cultures d’Europe Centrale. Hors série n° 4).
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[7]
Sur tout cet arrière-plan, outre Jean-Paul Bled (note 2), lire la riche introduction (Le Banat [note 6] p. 13-28) d’Adriana Babe?i (« Le Banat : un paradis aux confins »).
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[8]
Se reporter à l’article de Pierre Aubert de Trégomain : « Versperrte Wahrnehmung. Die Auseinandersetzung der evangelischen Kirche A.B. in Rumänien mit dem Nationalsozialismus 1944-1948 », dans Mariana Hausleitner und Harald Roth (Hrsg.) : Der Einfluss von Faschismus und Nationalsozialismus auf Minderheiten in Ostmittel– und Südosteuropa, München : IKGS Verlag 2006, p. 331-350 (avec nombreux renvois bibliographiques). Consulter en outre, du même (thèse de doctorat Paris 3 non publiée) : Les Frontières du dicible. Les Saxons de Transylvanie et la Seconde Guerre mondiale (soutenue le 11 décembre 2006).
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[9]
Maurice Halbwachs fit paraître, lors de son enseignement à Strasbourg, Les Cadres sociaux de la mémoire. Son autre grand travail, La Mémoire collective, date de 1950.
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[10]
Cf. note 6, ibid.
-
[11]
Se reporter à Roger Bauer : La Réalité, royaume de Dieu. Études sur l’originalité du théâtre viennois dans la première moitié du XIXe siècle, München : Max Hueber, 1965, passim.
-
[12]
Cf. déjà August Sauer : Akademische Festrede zu Grillparzers 100. Geburtstag, Prag 1891. Une synthèse et des points de vue très actuels dans Christoph Fackelmann, Wynfrid Kriegleder (Hrsg.) : Literatur – Geschichte – Österreich […] Thematische Festschrift zur Feier des 70. Geburtstags von Herbert Zeman, Wien, Lit-Verlag, 2011, notamment p. IX-LXXIX et 2-252.
-
[13]
Cf. notre « Note et document » dans Études Germaniques 67 (2012), p. 219-221.
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[14]
Johann Willibad Nagl, Jakob Zeidler, Eduard Castle : Deutschösterreichische Literaturgeschichte, Wien, 4 vol. 1899-1937. Plus récemment, la tentative dirigée par Herbert Zeman (Graz, Akademische Druck- und Verlagsanstalt) se compose en fait de plusieurs recueils d’études (cf. le sous-titre « Eine Dokumentation ihrer literarhistorischen Entwicklung » !) dont la valeur réside dans des analyses ponctuelles de telle œuvre ou de tel auteur, sans vraies visions synthétiques. L’ouvrage de Hilde Spiel : Kindlers Literaturgeschichte der Gegenwart. Die zeitgenössische Literatur Österreichs, Zürich und München : Kindler, 1976, porte seulement sur la période après 1945.
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[15]
De suggestives mises au point sous la plume de Gerald Stieg : « Grenzfälle ». Ou : qui appartient à la littérature autrichienne ? », Études Germaniques 65 (2010), p. 307-318.
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[16]
Innombrables travaux parmi lesquels on citera Dietmar Goltschnigg, Anton Schwob (Hrsg.) : Die Bukowina. Studien zu einer versunkenen Literaturlandschaft, Tübingen 1990 ; Andrei Corbea, Michael Astner (Hrsg) : Kulturlandschaft Bukowina. Studien zur deutschsprachigen Literatur des Buchenlandes nach 1918, Ia?i 1990 ; la précieuse documentation due à Herbert Wiesner et Ernest Wichner (exposition de Berlin) sur « In der Sprache der Mörder. Eine Literatur aus Czernovitz, Bukowina », 1993.
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[17]
Des éléments de débat dans ma préface à Philippe Wellnitz (dir.) : Max Frisch. La Suisse en question ?, Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1997, p. 5-11.
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[18]
Ermil Ermatinger : Dichtung und Geistesleben der deutschen Schweiz, München 1933. Observons au passage la tendance des germanistes allemands à reléguer les littératures non allemandes stricto sensu dans des appendices (« Exkurse », dit Ralf Schnell en 1993). Au contraire, dans l’entreprise qu’il a dirigée aux éditions C. H. Beck de Munich, Wilfried Barner (Geschichte der deutschen Literatur von 1945 bis zur Gegenwart) opte pour une vue panoramique englobante.
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[19]
Cf. Andrei Corbea-Hoisie (note 3), p. 93.
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[20]
Voir l’article d’Ernest Wichner dans ce numéro, p. 431-441. Ou encore Richard Wagner : « Die Aktionsgruppe Banat. Versuch einer Selbstdarstellung », dans : Wilhelm Solms (Hrsg.) : Nachruf auf die rumäniendeutsche Literatur, Marburg 1990.
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[21]
Et (vertu positive de la négation) plaide de fait pour une « anti-rumäniendeutsche rumäniendeutsche Literatur » (Richard Wagner, ibid., p. 270).
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[22]
Cf. l’article de Markus Bauer dans ce cahier, p. 463-474.
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[23]
Claire de Oliveira : La Poésie allemande de Roumanie. Entre hétéronomie et dissidence (1944-1990), Bern et alibi : Peter Lang (Collection « Contacts », III, 32), 1995, notamment p. 165 sq.
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[24]
Excellente mise en évidence de la force critique des procédés modernes, qui sont tout sauf de purs jeux sonores, par Jacques Lajarrige : « À propos de quelques potentialités oulipobiographiques de l’écriture de l’histoire chez Oskar Pastior », Études Germaniques 66 (2011), p. 491-512.
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[25]
Cf. supra, note 20.
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[26]
Andrei Corbea-Hoisie (note 3), p. 93.