1Le système de protection sociale danois permet à l’ensemble de la population de bénéficier d’une stabilité et d’un bien-être matériels. La flexicurité, qui allie générosité de la protection sociale et souplesse des institutions du marché du travail, a démontré sa capacité à absorber les chocs durant la crise mondiale. Ainsi, malgré la faiblesse de la croissance du PIB observée depuis 2009, le bien-être considéré sous l’angle de la situation matérielle et de la qualité de vie est resté très élevé. Il est capital que le pays conserve des institutions sociales fortes, a fortiori en présence des risques macroéconomiques actuels. Le niveau élevé de l’endettement et la dépendance à l’égard de l’évolution des prix de l’immobilier risquent de réduire la capacité des ménages à réagir aux chocs et pourraient, à l’avenir, peser sur la demande (chapitre 1).
2Les institutions sociales danoises sont confrontées à deux grands défis : le nombre élevé de bénéficiaires de prestations sociales, qui va de pair avec une inactivité importante, et le vieillissement de la population, qui pèse sur les dépenses publiques de protection sociale. Les dépenses sociales publiques par unité de PIB – déjà élevées au Danemark – ont progressé dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE depuis la crise, mais cette hausse a été plus marquée au Danemark à la suite du récent cycle de forte expansion puis de récession (graphique 2.1, partie A). Par ailleurs, et il s’agit là d’une évolution plus inquiétante, bien que les taux d’emploi et d’activité des personnes de 25 à 64 ans restent élevés comparativement à ce qui est observé ailleurs, ils stagnent depuis quelques années (graphique 2.1, partie B). Cette situation est, dans une certaine mesure, liée à une hausse des inscriptions en formation à la suite de la crise. Quoique moins net au Danemark que dans certains autres pays de l’OCDE, le vieillissement démographique va accroître les dépenses sociales liées à l’âge (retraite, soins de santé, prise en charge de la dépendance) et peser sur l’assiette fiscale.
Graphique 2.1. Les dépenses sociales et l’inactivité ont progressé ces dix dernières années
Graphique 2.1. Les dépenses sociales et l’inactivité ont progressé ces dix dernières années
3Les pouvoirs publics prennent déjà des mesures pour relever ces défis. Ils comptent sur les réformes structurelles récemment engagées pour assurer la pérennité du système de protection sociale et en préserver la générosité, notamment à travers une hausse du taux d’activité des travailleurs âgés. Plus précisément, les mécanismes qui dissuadaient ces travailleurs de rester en activité et, par conséquent, de participer au financement du système de protection sociale financé par l’impôt ont été réduits. Toutefois, l’effet à long terme attendu des réformes, en particulier sur l’âge effectif de la retraite, n’a jamais été obtenu par le passé. Il risque donc d’être difficile de préserver la générosité du système sans accroître la pression fiscale – qui est déjà la plus lourde de l’OCDE.
4Les principaux messages de ce chapitre ont trait au retour au travail à court et long terme et au rapport coût-efficacité des institutions sociales :
- Les réformes récentes des prestations de chômage et d’aide sociale ont renforcé les incitations financières au travail. Il faudrait les compléter par des mesures conçues en fonction des besoins individuels et destinées à améliorer l’employabilité des travailleurs défavorisés (handicapés, migrants, travailleurs peu qualifiés, travailleurs âgés).
- À plus long terme, le taux d’activité plus faible que prévu des travailleurs âgés constitue une menace pour la viabilité budgétaire et la solidité des institutions sociales. Il faudrait réformer le système de retraite pour certaines catégories de la population, qui n’épargnent pour l’heure pas assez en vue de leur retraite. Il serait également nécessaire d’adapter l’environnement professionnel pour tenir compte du vieillissement de la population active.
- L’élimination des obstacles à la concurrence et une répartition plus efficace des ressources pourraient permettre des gains d’efficience au niveau de la prestation de services sociaux. Il serait aussi possible de réduire le coût du vieillissement en améliorant la coordination des prestataires de services de protection sociale, en particulier dans le secteur des soins de santé, et en accordant plus de place à la prévention et à la réadaptation.
Lever les obstacles qui empêchent les bénéficiaires de prestations d’accéder à l’emploi
6Les institutions sociales, à savoir les régimes de retraite, de soins de santé et de prise en charge de la dépendance et les dispositifs d’aide sociale, absorbent une forte proportion des dépenses sociales (graphique 2.2). L’accès de tous les citoyens à des services publics gratuits et la redistribution des revenus sont permis par une assiette fiscale large, elle-même due à un taux d’emploi élevé, et par un impôt sur le revenu élevé. Cependant, de ce fait, le système est aussi à la merci d’un rétrécissement de l’assiette fiscale, causé, par exemple, par une baisse des taux d’activité.
Graphique 2.2. Les institutions sociales représentent une forte proportion des dépenses sociales publiques. Composantes des dépenses publiques, 2013
Graphique 2.2. Les institutions sociales représentent une forte proportion des dépenses sociales publiques. Composantes des dépenses publiques, 2013
1. La catégorie « Autres » englobe la défense, l’ordre et la sécurité publics, la protection de l’environnement, le logement et les équipements publics, les loisirs, la culture et la religion.7Le système est fragilisé à la fois par le vieillissement de la population et par un important volant de ressources de main-d’œuvre inexploitées. Si l’effet du vieillissement est moins marqué que dans des pays comparables (comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande), le rapport de soutien économique des personnes âgées (qui rapporte les personnes de 15 à 64 ans à celles de 65 ans et plus et correspond donc au nombre d’actifs par personne âgée) va continuer de diminuer et passera de 3.5 à 2.3 à l’horizon 2060, soit un niveau comparable à la moyenne de l’OCDE. Il s’ensuivra à la fois une baisse des recettes publiques et une hausse des dépenses sociales. Parallèlement, la proportion de la population âgée de 16 à 64 ans bénéficiaire de prestations a atteint 22 % en 2014, ce qui pèse sur les finances publiques à travers une moindre croissance, des recettes fiscales plus faibles et des dépenses sociales plus élevées. Le chômage de longue durée a progressé de 1 point de pourcentage depuis la crise (passant de 2.9 % de la population d’âge actif en 2007 à 3.9 % en 2013), mais reste bas comparativement à ce qui est constaté ailleurs et à ce qui a été observé par le passé. La perte budgétaire induite par le chômage, mesurée en additionnant les prestations servies durant la première phase de l’épisode de chômage (en supposant que les chômeurs ont droit à des prestations de chômage et à des prestations soumises à condition de ressources lorsqu’elles existent et font valoir ces droits) et les impôts directs et cotisations sociales (y compris patronales) dues dans le cadre de l’emploi perdu, est supérieure à la moyenne de l’OCDE – qui s’établit à 80 % du PIB par habitant –, ce qui témoigne de la puissance des stabilisateurs automatiques à l’œuvre au Danemark (Immervoll, 2012).
8Face à la hausse du coût des institutions sociales et pour atteindre l’objectif national consistant à porter le taux d’emploi de 72 % actuellement à 80 % à l’horizon 2020 (Denmark’s National Reform Programme, 2015), le modèle danois de flexicurité, qui allie des règles souples en matière de recrutement et de licenciement, un système de protection sociale généreux et des politiques actives du marché du travail puissantes, a récemment subi d’importantes réformes (encadré 2.1). Depuis 2010, le nombre total de bénéficiaires (de prestations de chômage, de prestations en espèces, de prestations de maladie et d’invalidité et de pensions de retraite publiques) a diminué, le nombre de personnes qui perçoivent des prestations de retraite anticipée, de chômage et de maladie ayant reculé (graphique 2.3, partie A). Néanmoins, le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale, c’est-à-dire les personnes qui n’ouvrent pas droit à d’autres prestations, a augmenté (graphique 2.3, partie B).
Encadré 2.1. Réformes récentes des institutions sociales
- La réforme du régime d’assurance chômage adoptée en 2010 avait initialement ramené la durée d’indemnisation maximale de quatre à deux ans et durci les conditions de réadmission pour les personnes arrivées au terme de la période d’indemnisation à taux plein. En 2015, la révision de cette réforme a allongé la durée d’indemnisation pour la porter de deux à trois ans au maximum si le bénéficiaire a travaillé suffisamment et a ainsi acquis davantage de droits (à chaque jour de travail correspondent deux jours de droits à prestations). Cette éventuelle année supplémentaire d’indemnisation est en grande partie financée par la baisse du montant des prestations de chômage versées aux diplômés. Un délai de carence (jours ne donnant pas lieu à indemnisation) applicable à l’issue de périodes de chômage a été introduit, mais il peut être supprimé si le demandeur satisfait à certaines obligations en termes d’emploi. La réforme de 2015 entrera pleinement en vigueur au cours de l’année 2017, et les mesures temporaires visant les personnes qui ont épuisé leurs droits introduites à la suite de la réforme de 2010 cesseront donc progressivement de s’appliquer en 2017.
- En 2013 les prestations monétaires ont été ramenées au niveau de la bourse d’études pour les moins de 30 ans. Les bénéficiaires de moins de 30 ans qui ne sont prêts ni à s’engager dans une formation, ni à occuper un emploi peuvent bénéficier d’une allocation supplémentaire d’activité. En outre, les mesures d’accompagnement dans la formation et l’emploi sont engagées plus précocement ; les jeunes non qualifiés (soit 40 % des bénéficiaires de l’aide sociale) sont tenus de suivre une formation ; pour ceux qui ont suivi des études, des mesures d’activation, y compris des stages professionnels plus longs, sont mises en place plus tôt qu’auparavant et le suivi de la recherche d’emploi a été renforcé.
- En 2016, le montant total des prestations sociales pouvant être perçues par un ménage a été plafonné (en fonction du nombre d’enfants et de la situation matrimoniale). Par ailleurs, de nouveaux critères s’appliquent désormais pour pouvoir prétendre aux prestations : avoir résidé au moins sept ans au Danemark au cours des huit dernières années et avoir travaillé 225 heures au cours d’une année. Les bénéficiaires qui ne remplissent pas ces conditions voient leurs prestations revues à la baisse.
- En 2013, une réforme a introduit plusieurs changements. Les personnes de plus 40 ans doivent participer à au moins un programme de réadaptation avant de pouvoir obtenir une pension d’invalidité. Ces programmes comprennent des services coordonnés dans les domaines de la santé, de l’action sociale et de l’emploi, et ont pour but de renforcer l’aptitude individuelle au travail. Par défaut, les moins de 40 ans n’ouvrent pas droit aux prestations d’invalidité et doivent participer à un ou plusieurs programmes de réadaptation. Ceux qui n’ont aucune chance de voir leur capacité de travail s’améliorer, par exemple en raison d’une lésion cérébrale grave, peuvent bénéficier de prestations d’invalidité sans avoir à participer à un programme de réadaptation. Par ailleurs, les « emplois flexibles » (Flex-jobs), emplois subventionnés réservés aux personnes ayant une aptitude au travail réduite, sont désormais davantage ciblés sur ces personnes. Ils sont en outre plus souples en termes d’aménagement du temps de travail et leur durée est limitée à 5 ans (sauf pour les personnes de plus de 40 ans, qui peuvent bénéficier d’un emploi flexible permanent).
- En janvier 2014, une pension d’invalidité destinée aux seniors a été instituée pour les personnes qui ouvrent droit à une pension d’invalidité et que moins de cinq ans séparent de l’âge de la retraite. Pour en bénéficier, il faut toutefois avoir travaillé à plein-temps au Danemark pendant 25 ans au minimum. Dans le cadre de ce dispositif, les bénéficiaires sont dispensés du programme dit de clarification professionnelle, qui consiste en un bilan pluridisciplinaire de la capacité de travail et de son évolution potentielle. Ce dispositif est pour l’heure peu utilisé, en raison, entre autres, du caractère restrictif des conditions d’accès (identiques à celles à satisfaire pour bénéficier d’une pension d’invalidité ordinaire).
- Depuis juillet 2014, la situation des personnes bénéficiant d’un congé de maladie de longue durée est évaluée toutes les 22 semaines (contre 52 semaines auparavant). Les personnes en congé de maladie qui ne peuvent pas bénéficier d’une prolongation de leurs droits aux indemnités de maladie et ne trouvent pas d’emploi peuvent accéder au programme de clarification professionnelle et percevoir ainsi une prestation de remplacement du revenu, inférieure à l’indemnité de maladie.
- Les réformes de 2006 et 2011 ont institué un âge légal de la retraite évolutif. En application de ces réformes, le Parlement a approuvé, en novembre 2015, le passage de l’âge légal de la retraite à 67 ans en 2022 et 68 ans en 2030. À compter de cette date, l’âge légal sera – sous réserve de l’accord du Parlement – modulé tous les cinq ans (au maximum d’une année) en fonction des gains d’espérance de vie de telle manière que la durée de versement des pensions de retraite ne dépasse pas 14.5 années en moyenne. La durée de versement des prestations dans le cadre des programmes de retraite anticipée volontaire est elle aussi progressivement ramenée de cinq à trois ans, l’âge minimum pour en bénéficier étant relevé parallèlement à l’âge légal de la retraite. À cela s’ajoute que des réformes antérieures ont réduit l’incitation à adhérer au régime de retraite anticipée, en particulier pour les jeunes (encadré 2.5).
- La réforme des services publics de l’emploi de 2014 a renforcé le contrôle des demandeurs d’emploi et les services individualisés qui leur sont proposés. Depuis janvier 2016, un nouveau modèle de remboursement des dépenses engagées par les autorités locales au titre de certaines prestations (notamment les prestations d’assurance chômage, les prestations en espèces et les prestations d’invalidité) est en place. Les remboursements aux communes dépendront de la durée d’indemnisation, plutôt que du type de prestation. Ce nouveau dispositif devrait inciter les communes à accélérer le retour à l’emploi ou en formation des bénéficiaires de prestations.
Graphique 2.3. Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale augmente depuis la crise
Graphique 2.3. Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale augmente depuis la crise
9Accroître le nombre de bénéficiaires de prestations qui accèdent au travail tout en améliorant leurs compétences est un moyen de renforcer l’inclusivité sociale et de réduire les inégalités. Il conviendrait que les autorités se concentrent sur les travailleurs peu qualifiés, les travailleurs migrants et les personnes handicapées, qui, comme dans la plupart des autres pays de l’OCDE, doivent surmonter des obstacles spécifiques pour accéder à l’emploi (graphique 2.4). Les écarts de taux d’emploi sont relativement grands au Danemark comparativement à ce qui est observé dans d’autres pays. C’est particulièrement vrai pour les immigrés, même si l’écart s’explique en partie par le taux d’emploi élevé des travailleurs nés au Danemark. Pour mieux comprendre les coûts et avantages de l’emploi pour chaque catégorie, il faut identifier les groupes qui risquent de représenter à l’avenir le coût net le plus élevé pour le système de protection sociale et définir des priorités en conséquence, par exemple en réalisant une évaluation du parcours de vie des bénéficiaires de prestations et de son coût comme celle réalisée en Nouvelle-Zélande (Taylor Fry, 2013).
Graphique 2.4. Le taux d’emploi des immigrés pourrait être considérablement relevé. Écart de taux d’emploi, en points de pourcentage
Graphique 2.4. Le taux d’emploi des immigrés pourrait être considérablement relevé. Écart de taux d’emploi, en points de pourcentage
1. Les travailleurs qui ont un faible niveau d’études sont ceux qui ne sont pas diplômés du deuxième cycle du secondaire.Concilier protection sociale et incitation au travail pour les demandeurs d’emploi et les bas salaires
10Il est difficile de trouver un juste équilibre entre un régime de protection sociale généreux et couvrant une forte proportion de la population d’un côté, et les incitations au travail de l’autre. Bien que le système de flexicurité danois ait la réputation d’y parvenir, les trappes à inactivité restent préoccupantes, et les pouvoirs publics adoptent des politiques qui tentent d’allier équité et efficience.
11Pour renforcer les incitations au travail adressées aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires de prestations d’aide sociale, la durée de versement et le montant des prestations d’assurance chômage ont été réduites, le montant des prestations d’aide sociale a été plafonné et les critères d’accès à ces deux catégories de prestations ont été durcis (encadré 2.1). Ces réformes ont permis une amélioration des performances du marché du travail : selon le Conseil économique danois (Danish Economic Council, 2014) le taux de chômage aurait reculé de 0.5 point de pourcentage à la suite de la réforme de l’assurance chômage ; par ailleurs, des données récentes montrent qu’en 2014, le nombre de jeunes bénéficiaires de l’aide sociale a connu une diminution, principalement due à la réforme de l’aide sociale menée en 2013 (Danish Ministry of Finance, 2015). Environ 9 % des bénéficiaires de l’aide sociale âgés de 25 à 29 ans sont sortis du système d’aide sociale, et de 1 600 à 2 600 personnes âgées de 25 à 29 ans ont trouvé un emploi, ce qui représente une hausse de la proportion de cette classe d’âge dans l’emploi comprise entre 0.5 et 0.8 point de pourcentage (Economic Council, 2015b). En outre, le nombre de chômeurs ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage a nettement augmenté (passant d’environ 5 000 en 2012 à plus de 30 000 en 2013, avant de diminuer pour s’établir à 15 000 en 2015). Ce mouvement s’explique notamment par l’introduction progressive de la réforme de l’assurance chômage adoptée en 2010 et a des conséquences sur le deuxième pilier du système de prestations en faveur des demandeurs d’emploi.
12Les incitations au travail que contient le système d’assurance chômage pourraient être renforcées encore. Malgré les réformes de 2010 et 2015, les prestations de chômage demeurent relativement généreuses et les contre-incitations financières au travail restent fortes, notamment pour les travailleurs à bas salaire (encadré 2.2). Des travaux empiriques laissent penser que la modification de la générosité des prestations dans les pays dotés de régimes d’indemnisation du chômage généreux (en d’autres termes dans les pays nordiques) peut avoir des effets incitatifs relativement importants (Immervoll, 2012). Les sorties du chômage vers l’emploi augmentant fortement au terme de la durée d’indemnisation, une diminution progressive du montant des droits à mesure que l’épisode de chômage s’allonge accélèrerait le retour à l’emploi et éviterait ainsi une diminution de la capacité de gains des demandeurs d’emploi.
Encadré 2.2. Le régime d’assurance chômage danois
Comparativement à d’autres pays, le Danemark est doté d’un système d’assurance chômage généreux (offrant un taux de remplacement net de 74 % pour les travailleurs à faible revenu alors que la moyenne de l’OCDE s’établit à 55 %) et fortement redistributif (les prestations étant plafonnées à environ 53 % du salaire moyen). De ce fait, il est financièrement peu intéressant pour un bénéficiaire de prestations d’assurance chômage, en particulier un travailleur à bas salaire, d’accepter un emploi peu rémunéré ou à temps partiel ou un emploi offrant une rémunération inférieure à celle perçue dans le cadre de l’emploi antérieur.
Parallèlement, les conditions d’accès au régime sont relativement restrictives (il faut avoir perçu un revenu d’activité de 212 000 DKK au cours des trois années précédentes, ce qui correspond approximativement à une année de travail à temps plein rémunéré à raison du salaire minimum fixé par les conventions collectives) et les droits sont subordonnés à une obligation de recherche d’emploi. Après trois mois d’indemnisation, les bénéficiaires sont tenus de participer à des programmes d’activation et d’accepter les offres d’emploi, quel qu’ait été leur emploi précédent quelle que soit la rémunération offerte. Selon le nouvel indicateur de l’OCDE sur les critères d’ouverture des droits à l’assurance chômage, le système danois fait partie des régimes les plus stricts en termes d’obligation de disponibilité pour occuper un emploi, d’obligation d’accepter une offre d’emploi convenable et de rechercher un emploi et de contrôle de la recherche (Langenbucher, 2015).
Un taux de couverture limité qui fait peser un risque sur les finances publiques
Le système est financé par des cotisations versées volontairement par les membres et par des subventions publiques. Lorsque le régime d’assurance chômage est en déficit, les prestations sont financées par les recettes fiscales, comme ce fut le cas en 2013, lorsque 70 % des prestations furent financées par l’impôt. Malgré l’amélioration de la situation du marché du travail, la part du financement assurée par l’impôt n’a pas diminué ces dernières années. Comparativement à ce qui est observé dans d’autres pays de l’OCDE, les dépenses d’assurance chômage sont proches de la moyenne mais sont plus instables (Pareliussen, 2014). De surcroît, les chocs touchant le chômage ont une incidence plus forte sur les dépenses d’indemnisation du chômage au Danemark que dans le pays moyen de l’OCDE, ce qui s’explique par la générosité relative du régime et par le niveau assez faible du chômage.
Une part importante de la population est affiliée à l’assurance chômage (80 % environ) et cette proportion a été stable ces vingt dernières années malgré les réformes qui ont réduit la générosité du régime. Le taux d’affiliation a cependant diminué parmi les jeunes (de moins de 30 ans) et le pourcentage de chômeurs couverts est passé de 65 % en 1995 à environ 61 % en 2015 en raison, notamment, du durcissement des conditions d’accès et d’une évolution de la durée des études, qui se traduit par une affiliation plus tardive que par le passé à l’assurance chômage. Le recul de la couverture a été plus net parmi les travailleurs à bas salaire, qui sont plus exposés au risque de chômage mais ont aussi financièrement moins intérêt à s’affilier qu’à percevoir des prestations d’aide sociale, malgré le taux de remplacement élevé du régime d’assurance chômage pour cette catégorie de travailleurs (Parsons et al., 2015). De fait, le montant des prestations d’assurance chômage versées aux personnes dont le salaire était inférieur au salaire moyen est proche du montant des prestations d’aide sociale (qui représentent 89 % à 103 % des prestations de chômage selon la situation de famille, Immervoll et al., 2015).
Impact des réformes de 2010 et 2015
La réforme de 2010, qui devait favoriser un retour plus rapide à l’emploi et faire ainsi reculer les dépenses d’assurance chômage, a ramené la durée d’indemnisation de 4 à 2 ans et durci les conditions à satisfaire pour être réadmis au bénéfice du régime après épuisement des droits. En contrepartie, la flexibilité du marché du travail a été réduite, une indemnité de licenciement ayant été introduite pour les travailleurs à bas salaire. L’impact de cette réforme sur l’emploi devrait être positif : selon la commission chargée de l’assurance chômage, le nombre de personnes occupant un emploi aurait augmenté de 15 000.
Le nombre de chômeurs ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage a nettement augmenté pendant la période d’entrée en vigueur progressive de la réforme (passant d’environ 5 000 en 2012 à plus de 30 000 en 2013, avant de diminuer pour s’établir à 15 000 en 2015), ce qui a eu des conséquences sur le deuxième pilier du système de prestations. En 2014, moins de 10 % des chômeurs qui avaient épuisé leurs droits recommençaient immédiatement à travailler, tandis que 20 % environ percevaient une forme quelconque de transfert social et que plus de 70 % recevaient d’autres prestations. Toutefois, après trois mois, entre 20 et 30 % retrouvaient un emploi. La réforme de l’indemnisation du chômage entrée en vigueur en octobre 2015 devrait réduire le nombre de personnes qui épuisent leurs droits pour le ramener à environ 7 000 à l’horizon 2017 du fait que la durée d’indemnisation peut maintenant être prolongée et atteindre trois années (encadré 2.1). Cette réforme devrait avoir un léger effet négatif sur le chômage structurel.
13Pareille mesure pourrait cependant avoir des effets indésirables. L’affiliation au régime d’assurance chômage étant facultative, une diminution supplémentaire de la générosité des prestations pourrait dissuader les travailleurs d’adhérer, ce qui réduirait le taux de couverture. Celui-ci a été satisfaisant (proche de 80 %) et stable ces dix dernières années, même s’il a légèrement diminué parmi les jeunes, principalement sous l’effet de l’allongement des études et d’une entrée plus tardive dans la vie active (Dagpengekommissionen, 2015). Un recul du taux de couverture compromettrait la capacité du système à protéger les travailleurs d’une perte de revenu et à offrir des conditions propices à la recherche effective d’un emploi. Il faut également tenir compte des effets qu’une telle mesure aurait sur les inégalités. Selon une récente étude de l’OCDE, une réduction de la durée maximale d’indemnisation et du montant des prestations creuse les inégalités de revenu parce qu’elle a un effet beaucoup plus marqué sur les travailleurs qui connaissent des épisodes de chômage plus fréquents et plus longs (Causa et al., 2016, forthcoming).
14La réforme de 2015 assouplit les règles régissant la prolongation des droits des chômeurs qui ont peu travaillé ou dont la carrière comporte de fréquentes interruptions et pourrait donc rendre plus intéressante l’affiliation au régime des travailleurs qui occupent un emploi non régulier et l’acceptation d’un emploi temporaire. Globalement, le système demeure cependant complexe et il n’est pas impossible que la réforme de 2015 ait accentué encore cette complexité. En outre, il est difficile de déterminer quels mécanismes incitatifs contient le système pour les travailleurs indépendants ou titulaires d’un contrat atypique. Une analyse complète de cette question est en cours et devrait être achevée au cours du premier semestre de 2017.
15La générosité du système d’aide sociale et des prestations soumises à condition de ressources va souvent de pair avec une lourde imposition effective du retour au travail, ce qui est particulièrement vrai au Danemark (graphique 2.5). Certains pays de l’OCDE sont dotés d’un système de minima sociaux similaire voire plus généreux mais affichent un taux effectif d’imposition du retour à l’emploi plus faible pour les travailleurs à bas salaire. Au Danemark, la reprise d’un emploi peu rémunéré entraîne un gain financier très faible, voire une perte de revenu après impôt, pour les personnes qui bénéficient d’une allocation logement soumise à condition de ressources, de l’aide sociale et/ou des prestations familiales. En 2014, sur 150 000 bénéficiaires de prestations, environ 25 000 personnes de plus de 30 ans étaient confrontées à un impôt implicite d’au moins 90 % (Economic Council, 2015b). L’impôt implicite sur le retour au travail est ainsi nettement supérieur à la moyenne de l’OCDE, dépassant 100 % pour les familles monoparentales qui acceptent un emploi rémunéré à raison de 50 % du salaire moyen et dépassant 85 % en cas d’acceptation d’un emploi à plein-temps rémunéré à raison des deux tiers du salaire moyen.
Graphique 2.5. La générosité du système d’aide sociale s’accompagne d’une forte imposition effective. Revenu minimum garanti et taux effectif d’imposition du travail, 2014
Graphique 2.5. La générosité du système d’aide sociale s’accompagne d’une forte imposition effective. Revenu minimum garanti et taux effectif d’imposition du travail, 2014
Note : Taux effectif d’imposition moyen en cas de transition vers un emploi à plein-temps rémunéré à raison de 67 % du salaire moyen pour une personne non indemnisée par l’assurance chômage mais pouvant prétendre à des prestations d’aide sociale et minima sociaux (dont l’allocation logement) en pourcentage du revenu médian des ménages.16En 2015, le plafond de déductibilité des cotisations syndicales a été relevé et le crédit d’impôt sur les revenus du travail (« beskæftigelsesfradrag ») a été légèrement augmenté, mais ces mesures n’ont pas permis d’augmentation sensible des gains de revenu induits par le travail. En revanche, le plafonnement du total des prestations sociales qu’une personne peut percevoir, qui a été rétabli en 2016, devrait réduire l’imposition du retour au travail pour les bénéficiaires de prestations concernés.
17Accroître le gain de revenu lié au travail tout en préservant la générosité des prestations est une entreprise difficile. Des prestations générales subordonnées à l’exercice d’un emploi sont déjà en place : ainsi, pour les bénéficiaires de l’aide sociale, il existe un seuil à partir duquel le revenu du travail est retranché des prestations et ce seuil a été relevé en 2014 (il est passé de 15 à 25 DKK par heure travaillée dans la limite de 160 heures par mois). Le renforcement des prestations subordonnées à l’exercice d’une activité et leur ciblage sur les travailleurs à bas salaire, ainsi qu’une suppression plus progressive des prestations en cas d’acceptation d’un emploi peu rémunéré permettraient d’accroître la différence entre le salaire net et le revenu que percevrait une personne qui choisirait de ne percevoir que des prestations d’aide sociale, ce qui rendrait le travail plus attractif. Il pourrait cependant être coûteux d’accorder ce type de prestations à tous les travailleurs à bas salaire étant donné que la distribution des salaires est resserrée et la marge de manœuvre budgétaire limitée. Il faudrait donc que ces prestations ciblent en priorité les groupes vulnérables. La création d’une prime mensuelle en faveur de certaines catégories de chômeurs de longue durée retrouvant un emploi comme celle envisagée par le précédent gouvernement constituerait une solution, mais cette piste n’a pas été reprise par le gouvernement actuel, qui a préféré réduire les prestations en espèces versées aux personnes qui ont résidé au Danemark pendant moins de sept des huit années écoulées et plafonner le montant des prestations d’aide sociale qu’une personne ou une famille peut percevoir.
18Il pourrait également être envisagé de réduire les prestations d’aide sociale tout en durcissant les obligations de formation et de recherche d’emploi. C’est le choix qu’a fait l’Allemagne, où les réformes Hartz ont abouti à une baisse sensible des prestations, à la création d’indemnités de subsistance complémentaires pour les personnes qui occupent des emplois peu rémunérés, et à l’amélioration des services de placement (Huefner and Klein, 2012). Toutefois, ces réformes ont aussi accru le risque de pauvreté auquel sont exposés les chômeurs, et une forte proportion des bénéficiaires de prestations qui ont trouvé un emploi continue de percevoir des indemnités complémentaires (OECD, 2014a). Si le Danemark devait adopter cette orientation pour réformer son système d’aide sociale, c’est-à-dire continuer de réduire les prestations, il lui faudrait renforcer les mécanismes qui favorisent la mobilité ascendante sur l’échelle des revenus, notamment les programmes qui visent à améliorer le niveau de qualification, afin de réduire le risque de pauvreté auquel sont exposées les personnes vulnérables qui ont une faible employabilité et d’éviter qu’elles ne soient condamnées à exercer des emplois à la fois précaires et peu rémunérateurs.
19Pour inciter les bénéficiaires de prestations à travailler, il est également possible d’imposer des obligations de recherche d’emploi exigeantes et des conditions d’accès restrictives. L’accès à l’aide sociale est soumis à condition de ressources et subordonné à l’obligation, pour le bénéficiaire, d’effectuer des démarches de recherche d’emploi qui font l’objet d’un contrôle rigoureux par les services sociaux. Par ailleurs, à compter de l’automne 2016, les bénéficiaires de prestations devront avoir travaillé au minimum 225 heures en un an pour percevoir des prestations au taux plein. Cette politique destinée à favoriser le retour au travail des bénéficiaires de prestations est censée abaisser le salaire de réserve, accroître les incitations à la recherche d’emploi et faire ainsi reculer l’inactivité. Elle doit faire l’objet d’un suivi rigoureux et être complétée par des services de conseil professionnel supplémentaires. Un dispositif similaire en place de 2006 à 2011 avait eu un effet légèrement positif sur l’emploi des bénéficiaires, en particulier dans les communes qui offraient une aide supplémentaire à la recherche d’emploi. Il s’était cependant aussi traduit par une forte diminution de revenu pour les personnes touchées par la réforme et avait encouragé les services sociaux à orienter les bénéficiaires vers d’autres régimes de prestations plutôt que d’appliquer les sanctions prévues (Pedersen, 2013 ; Diop-Christensen, 2015).
20Les bénéficiaires de l’aide sociale sont souvent confrontés à de multiples obstacles à l’emploi, notamment à un décalage entre leurs compétences et celles recherchées par les employeurs. Tel est en particulier le cas des jeunes, qui représentent quelque 30 % des effectifs de l’aide sociale et dont seulement 7 % sont considérés comme prêts à intégrer le marché du travail, tandis que 40 % ont besoin de suivre une formation. De ce point de vue, la mise en œuvre de politiques du marché du travail efficaces joue un rôle capital. Comme le soulignent Jamet et Koen (Jamet and Koen, 2014), l’efficacité des politiques actives du marché du travail et des programmes destinés à renforcer les compétences gagnerait à être améliorée. Il pourrait à cette fin être envisagé de mettre en place des incitations financières pour que les communes aient intérêt à aider les chômeurs à trouver du travail et de renforcer le contrôle de la qualité de la formation dispensée par le système de formation pour adultes. La réforme du service public de l’emploi adoptée en 2014 va dans la bonne direction (encadré 2.1). Ainsi, depuis janvier 2016, un nouveau modèle est en place pour le remboursement par les autorités centrales des dépenses engagées par les autorités locales au titre des transferts sociaux. Les remboursements dépendent désormais de la durée d’indemnisation, plutôt que du type de prestation. Ce nouveau dispositif devrait aussi améliorer les résultats du service public de l’emploi parce qu’il encourage les communes à accélérer le retour à l’emploi ou en formation des bénéficiaires de prestations. Les communes risquent néanmoins de se heurter à des difficultés pour renforcer l’employabilité et le niveau de qualification des demandeurs d’emploi, et le suivi des programmes de formation doit être amélioré. Encourager les communes et l’organisme chargé du service public de l’emploi à échanger des informations au sujet d’expériences couronnées de succès pourrait aider à relever ce défi.
Favoriser l’emploi et la sécurité des revenus des bénéficiaires de prestations d’invalidité
21Le pourcentage de la population danoise en âge de travailler percevant des prestations d’invalidité est supérieur à la moyenne de l’OCDE, s’établissant à 6 % en 2014. Cette même année, environ 30 % des bénéficiaires de prestations d’invalidité étaient âgés de 60 ans ou plus alors qu’ils ne représentaient que 24 % de l’ensemble de la population. Les relèvements de l’âge de la retraite vont probablement se traduire par une hausse du nombre de demandes de prestations, notamment de la part de travailleurs qui exercent une profession physiquement pénible (voir ci-après).
22L’insertion des handicapés sur le marché du travail n’a pas réellement progressé depuis le début des années 2000, et il existe un écart important entre le taux d’emploi des personnes handicapées et celui des personnes qui ne souffrent pas de handicap (graphique 2.4, partie B), ce qui laisse penser que la capacité de travail des handicapés pourrait être mieux exploitée. De nouveaux programmes d’activation reposant sur des équipes de réadaptation pluridisciplinaires (baptisés « processus de mobilisation des ressources ») sont actuellement mis en place. Pour mieux cibler les bénéficiaires et éviter la création de trappes à inactivité, l’accès aux droits à la pension d’invalidité a été restreint, en particulier pour les personnes de moins de 40 ans (encadré 2.1). Toutefois, si le nombre d’entrées dans le régime a commencé à décroître, la réforme n’aura dans un premier temps qu’un effet limité parce qu’elle ne modifie pas les conditions d’ouverture des droits pour les personnes qui perçoivent déjà une pension et pour celles qui participent au programme d’emplois subventionnés Flex-jobs. D’autres ajustements sont donc nécessaires :
- Il faudrait assurer un suivi rigoureux de la réforme de telle manière que seules les personnes qui souffrent d’une incapacité de travail définitive aient accès aux prestations d’invalidité, et pour vérifier que les objectifs de la réforme en termes de nombre de programmes de réadaptation et de qualité de ces programmes sont atteints. Il conviendrait également de revoir l’âge en deçà duquel il est obligatoire de participer à plusieurs programmes de réadaptation, arbitrairement fixé à 40 ans, afin d’éviter que des personnes handicapées aptes au travail ne soient condamnées à l’inactivité.
- En 2014, environ 40 % des pensions d’invalidité accordées l’ont été en raison d’une maladie mentale. Le nombre de cas de maladie mentale reconnus a subi une hausse spectaculaire au Danemark (passant de moins de 3 à plus de 8 pour 100 000 personnes occupant un emploi entre 1997 et 2011) et il est nettement plus élevé que dans des pays comme la Suède, l’Italie et la France (Dansk Arbejdsgiverforening, 2015). Cependant, le délai d’attente pour qu’une maladie mentale soit diagnostiquée et traitée est long (Kvist, 2014 ; et OECD, 2013d). Cette situation justifie un examen plus approfondi des causes et des coûts des problèmes de santé mentale au Danemark.
- Les pensions d’invalidité sont accordées définitivement, alors qu’il est possible que certains bénéficiaires aient recouvré une partie de leur aptitude au travail au fil du temps. Il y aurait donc lieu de réexaminer régulièrement les droits à la pension d’invalidité. Par ailleurs, le régime d’invalidité offrant un taux de remplacement proche de 80 % pour un travailleur qui perçoit le salaire moyen et de 115 % pour un travailleur à bas salaire, la reprise d’une activité professionnelle risque d’être peu avantageuse financièrement, ce qui constitue un autre obstacle au retour à l’emploi (OECD, 2014c).
24Pour renforcer l’inclusivité, il faudrait que les réformes du système de prestations d’invalidité soient complétées par des mesures destinées à améliorer l’employabilité des personnes handicapées. La création de programmes de réadaptation regroupant les services de santé et de l’emploi constitue un pas dans la bonne direction. Dans la même veine, il faudrait renforcer la prévention des maladies qui entraînent un éloignement progressif du marché du travail. L’adoption de mesures de sensibilisation à la nature des handicaps, aux moyens de les surmonter et au coût correspondant est indispensable pour que les travailleurs qui ont conservé une capacité de travail partielle gardent un lien avec le marché du travail.
L’intégration des immigrés pourrait être améliorée
25Le Danemark est l’un des pays de l’OCDE qui accueille le moins d’immigrés, la population née à l’étranger représentant 8 % de la population totale en 2013 (contre 13 % en moyenne dans la zone OCDE). L’immigration s’est cependant accentuée ces dernières décennies, les flux d’immigration permanente ayant atteint près de 1 % de la population totale en 2013 et ayant augmenté de 73 % par rapport à 2007. La proportion de personnes qui ont immigré pour des raisons humanitaires ou au titre du regroupement familial – catégories qui, dans les pays de l’OCDE, ont généralement plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail – n’a pas été particulièrement forte ces dix dernières années (11 % en moyenne entre 2005 et 2013 contre 18 % dans la zone de l’OCDE), mais connaît actuellement une hausse sous l’effet de l’afflux de réfugiés. Plus précisément, le nombre total de nouvelles demandes d’asile a triplé entre 2013 et 2015, passant d’environ 7 500 à 21 000 par an, et l’afflux de réfugiés ne semble guère se tarir, ce qui vient compliquer encore le défi que représente l’intégration des migrants. Face à la hausse de l’arrivée de demandeurs d’asile, les autorités ont adopté plusieurs réformes (décrites plus précisément dans l’encadré 2.3).
Encadré 2.3. Réformes législatives récentes visant les immigrés et les demandeurs d’asile
Graphique 2.6. Le Danemark reçoit moins de demandeurs d’asile que ses voisins nordiques . Demandeurs d’asile en pourcentage de la population totale1 (janvier-novembre 2015)
Graphique 2.6. Le Danemark reçoit moins de demandeurs d’asile que ses voisins nordiques . Demandeurs d’asile en pourcentage de la population totale1 (janvier-novembre 2015)
1. Population au 1er janvier 2015.- Le 4 janvier 2016, des contrôles ont été temporairement rétablis à la frontière qui sépare le Danemark de l’Allemagne, sous la forme de contrôles aléatoires. La police a par ailleurs été investie de nouveaux pouvoirs, qui lui permettent d’arrêter les trains, les bus et les bateaux qui arrivent au Danemark.
- Le délai pendant lequel les réfugiés et immigrés qui bénéficient d’une protection temporaire (environ 20 % des demandeurs d’asile en 2015) doivent attendre pour déposer une demande de regroupement familial a été porté d’un à trois ans. Cette nouvelle règle ne s’applique pas aux réfugiés qui relèvent de la Convention des Nations Unies sur le statut de réfugié, entre autres ceux qui viennent de Syrie, par exemple, et qui, du fait de leur situation personnelle risquent des poursuites s’ils retournent dans leur pays.
- Les règles régissant l’accès au statut de résident permanent ont été durcies pour tous les migrants. Bien qu’il subsiste quelques dérogations, un immigré doit avoir résidé dans le pays pendant six ans au minimum pour obtenir le statut de résident permanent (contre cinq auparavant). En outre, le nombre de conditions supplémentaires à satisfaire, par exemple la maîtrise de la langue et la volonté de travailler, a été augmenté.
- La participation des demandeurs d’asile aux frais d’hébergement a été majorée. Le plafond (de 90 jours) jusqu’alors applicable au nombre de jours au titre desquels les demandeurs d’asile qui ont les moyens de le faire peuvent avoir à payer leurs frais de séjour en centre d’accueil pour demandeurs d’asile a été supprimé. De surcroît, la police a désormais le droit de fouiller les demandeurs d’asile (par palpation) et leurs effets personnels pour rechercher des biens de valeur susceptibles de les aider à financer leur séjour au Danemark. Les biens considérés comme ayant une valeur inférieure à environ 1 300 EUR ou une valeur sentimentale (alliances, médailles, etc.) ne peuvent pas être confisqués. L’évaluation doit être faite sur place par le policier, et les demandeurs d’asile peuvent contester en justice la confiscation de certains biens.
- Il est devenu plus difficile aux demandeurs d’asile de vivre à l’extérieur des structures pour demandeurs d’asile. Les normes applicables à ces centres ont été assouplies : les demandeurs d’asile peuvent désormais être hébergés dans des tentes et dans d’autres types de structures qui ne pourraient, en d’autres circonstances, pas être utilisées à des fins d’hébergement compte tenu des règles jusqu’alors applicables en matière de bruit et de taille de même qu’en vertu des lois relatives à l’occupation des sols.
- Les règles relatives à la rétention ont été assouplies. Auparavant la police pouvait, si elle l’estimait nécessaire aux fins d’expulsion du territoire, placer les étrangers en rétention pendant 72 heures avant que les intéressés soient reçus par un juge. S’il n’était pas possible d’obtenir qu’un juge confirme dans le délai imparti le placement en rétention, la personne concernée devait être libérée. En vertu des nouvelles règles, la police peut aussi placer en rétention les demandeurs d’asile dès qu’ils arrivent sur le territoire national afin de vérifier leur identité et le fondement de leur demande. De surcroît, le ministère de l’Immigration, de l’Intégration et du Logement peut suspendre temporairement le droit d’obtenir une décision d’un juge dans un délai inférieur à 72 heures lorsque l’afflux de réfugiés est jugé trop important pour que ce délai puisse être respecté.
26L’intégration des immigrés constitue une problématique commune à beaucoup de pays de l’OCDE mais elle est particulièrement importante au Danemark. L’écart de taux d’emploi et de taux d’activité entre les immigrés et les autochtones est l’un des plus élevés de l’OCDE (graphique 2.4, partie A) et se creuse depuis la crise de 2009. De surcroît, les inégalités entre ces deux groupes sont particulièrement fortes (graphique 2.7, parties B et C). Le chômage est environ deux fois plus élevé parmi les immigrés que parmi les travailleurs nés au Danemark. En 2013, 32.8 % des immigrés au chômage étaient sans emploi depuis plus d’un an, soit un pourcentage supérieur d’environ 8 points à celui mesuré parmi les chômeurs nés au Danemark. Les immigrés sont également surreprésentés dans les professions peu qualifiées, représentant approximativement 27 % de l’emploi peu qualifié (contre 11 % de l’emploi total), et sont davantage exposés au risque de pauvreté dans l’emploi, affichant un taux de pauvreté dans l’emploi relatif 2.7 fois plus élevé que les autochtones (graphique 2.7).
Graphique 2.7. Les inégalités entre étrangers et autochtones sont fortes. Quelques pays de l’OCDE, 2012
Graphique 2.7. Les inégalités entre étrangers et autochtones sont fortes. Quelques pays de l’OCDE, 2012
27De surcroît, les écarts de taux d’emploi et de taux d’activité entre immigrés et autochtones se perpétuent d’une génération à l’autre (graphique 2.8). L’intégration des enfants nés au Danemark de parents immigrés – qui représentent 9.7 % des jeunes – est faible et ne s’est pas améliorée depuis 2007. Être né de parents immigrés va de pair avec une situation plus difficile sur le marché du travail dans la plupart des pays de l’OCDE, mais cette corrélation est encore plus forte au Danemark. Comme leurs parents, les enfants d’immigrés ont, à qualifications égales, plus de difficultés à trouver un emploi que leurs homologues nés au Danemark et ce phénomène est encore plus marqué parmi les travailleurs plus qualifiés. Quelque 20 % des enfants nés au Danemark de parents immigrés ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation, soit un pourcentage supérieur de 6 points à celui constaté parmi les autochtones dont les parents sont nés au Danemark.
Graphique 2.8. L’écart de taux d’emploi se perpétue et se creuse d’une génération à l’autre . Différence de taux d’emploi entre les autochtones nés de parents étrangers et les autochtones nés de parents autochtones, chez les 15-34 ans qui ne suivent pas de formation
Graphique 2.8. L’écart de taux d’emploi se perpétue et se creuse d’une génération à l’autre . Différence de taux d’emploi entre les autochtones nés de parents étrangers et les autochtones nés de parents autochtones, chez les 15-34 ans qui ne suivent pas de formation
28Une bonne intégration professionnelle des immigrés et de leurs enfants faciliterait leur intégration sociale, améliorerait leur bien-être, leurs résultats éducatifs et permettrait de réduire les difficultés budgétaires. Ayant une probabilité plus forte d’être chômeurs ou inactifs, les immigrés sont surreprésentés parmi les bénéficiaires de prestations : ainsi, en 2014, les immigrés non occidentaux représentaient 7 % de la population active seulement mais 15 % des bénéficiaires de prestations publiques et 26 % des bénéficiaires de prestations sociales. La probabilité de percevoir des prestations sociales diminue avec le renforcement des liens avec le marché du travail, l’amélioration de la maîtrise de la langue et l’allongement de la durée de séjour dans le pays (Hinte and Zimmermann, 2014). L’amélioration de la situation des immigrés sur le marché du travail pour qu’elle se rapproche de celles des autochtones et la réalisation d’autres investissements dans les dispositifs de formation (notamment dans des cours de langue) auraient donc un effet positif sur le bien-être global de cette population et sur les budgets publics consacrés aux prestations (encadré 2.4).
Encadré 2.4. Effet de l’immigration sur les finances publiques au Danemark
Une étude de l’OCDE réalisée au moyen d’un modèle de comptabilité statique qui rend compte de la contribution nette des migrants (c’est-à-dire après prise en compte des recettes fiscales) montre qu’au Danemark, la contribution budgétaire de la population immigrée s’établit à environ zéro et est proche de la moyenne de l’OCDE (OECD, 2013a). Toutefois, en moyenne, la contribution budgétaire nette des immigrés est inférieure à celle des autochtones, ce qui s’explique principalement par un taux d’emploi plus faible et non par le fait que les immigrés seraient plus nombreux à percevoir des prestations.
Des études danoises réalisées au moyen d’autres méthodes (par exemple un modèle d’équilibre général dynamique à générations imbriquées) constatent que l’immigration a un impact négatif mais, là aussi, relativement faible sur les finances publiques. Wadensjö (2000), par exemple, évalue à 0.7 % du PIB l’impact budgétaire négatif net des immigrés et de leurs enfants [*].
L’effet budgétaire de l’immigration varie en fonction de la région d’origine, ce qui s’explique par des différences de performances sur le marché du travail (Wadensjö, 2000 ; Hinte and Zimmermann, 2014). Cette contribution nette est positive pour les immigrés originaires de pays à revenu élevé et négative pour ceux qui viennent de pays à bas revenu. La contribution de cette seconde catégorie de migrants augmente au fil du temps à mesure que l’intégration s’améliore, mais elle reste négative (Hansen et al., 2015).
L’amélioration de l’intégration des immigrés a un effet positif sur la viabilité budgétaire
Les modèles qui rendent compte de la contribution des immigrés pendant l’ensemble de leur vie montrent que l’immigration n’aura pas d’avantage financier à court ou long terme au Danemark, notamment parce que cette population affiche un taux d’emploi inférieur à la moyenne (Schou, 2006 ; Hansen et al., 2015).
Cependant, porter le taux d’emploi de la population immigrée résidente au niveau de celui de la population autochtone peut améliorer la viabilité budgétaire, le gain budgétaire net étant évalué à 1.3 % du PIB (Pedersen and Riishøj, 2008). Une étude plus récente constate que si le taux d’emploi des réfugiés augmentait pour atteindre le taux d’emploi moyen des autres immigrés non occidentaux, le solde budgétaire primaire progresserait de 0.28 milliard EUR au minimum (Hansen et al., 2015).
29Malgré un accès satisfaisant au système éducatif, les immigrés et leurs enfants sont distancés, affichant un niveau d’études et de qualification inférieur à la moyenne (OECD, 2014b). Le Danemark fait partie des pays où les écarts au niveau des scores obtenus dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) sont les plus grands et se caractérise aussi par une grande différence de niveau d’études entre les élèves issus de l’immigration et les autres. Environ 43 % des jeunes qui sont arrivés au Danemark alors qu’ils étaient enfants ont un faible niveau d’études, soit plus de deux fois plus que dans le pays moyen de l’OCDE. Le taux de fréquentation du système d’éducation et d’accueil des jeunes enfants pourrait augmenter s’il atteignait le même niveau parmi les immigrés que parmi les autochtones : en 2012, quelque 87 % des enfants de 3 à 6 ans issus de l’immigration fréquentaient ce système, ce qui est un pourcentage élevé par rapport à celui observé dans d’autres pays mais inférieur de 7 points au taux constaté parmi les enfants nés au Danemark. Par ailleurs, les jeunes issus de l’immigration ont des difficultés à trouver un contrat d’apprentissage, ce qui concourt à expliquer la surreprésentation des autochtones dont les parents sont nés à l’étranger parmi les jeunes qui quittent prématurément le circuit scolaire. L’offre de formations plus individualisées, l’organisation de rencontres régulières avec un conseiller pour l’emploi sur le modèle de ce que fait la Suisse et le renforcement du suivi au moyen d’équipes pluridisciplinaires lorsque les résultats sont mauvais constituent des bonnes pratiques connues pour faciliter la transition vers l’emploi des jeunes immigrés qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation (OECD, 2014b).
30Les écarts au niveau des retombées de l’enseignement n’expliquent qu’une partie des différences de résultats sur le marché du travail (OECD, 2014b). Les immigrés qui ont un niveau d’études élevé éprouvent en effet aussi des difficultés à trouver un emploi, ce qui laisse penser qu’il existe un décalage entre leurs compétences et les besoins du marché du travail ou que les qualifications acquises à l’étranger sont insuffisamment reconnues. Les immigrés ont un droit clair à une évaluation de leurs compétences pour l’exercice de professions réglementées ou non réglementées (OECD, 2014b). Les services publics de l’emploi disposent de procédures générales bien rodées pour évaluer et valider les qualifications, les compétences et l’expérience professionnelle, et les acquis validés sont enregistrés sur une carte numérique, la « carte de compétence ». Les partenaires sociaux participent au processus de certification, ce qui facilite la reconnaissance des qualifications dans le secteur privé.
31Les programmes d’intégration peuvent avoir des effets de rétention pour les réfugiés, qui sont répartis entre les communes sur la base de quotas durant les trois premières années, pendant qu’ils suivent le programme d’intégration. Les réfugiés et autres migrants qui ont obtenu le statut de résident sont autorisés à changer de commune, mais s’ils le font avant d’avoir terminé leur programme d’intégration, ils risquent de perdre le droit de participer au programme, celui d’obtenir un logement attribué par la commune, ainsi que le droit de percevoir des prestations en espèces ou l’allocation d’intégration. En revanche, qu’ils choisissent de déménager ou non, ils conservent le droit de suivre des cours de danois. Cette politique de dispersion géographique a pour but de faciliter l’intégration des réfugiés dans la société en évitant la formation de ghettos ethniques et d’enclaves peuplées d’immigrés au chômage dans les villes. Elle entrave cependant la mobilité des réfugiés et leur capacité à trouver un emploi et a une incidence négative sur leur situation sur le marché du travail (Edin et al., 2004). Un assouplissement de cette politique devrait entrer en vigueur dans le cadre d’un accord sur l’intégration conclu entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Il s’agit là d’une évolution bienvenue, parce qu’elle permettra aux réfugiés de s’installer dans des régions offrant des débouchés professionnels.
32Parmi les autres obstacles à l’emploi figurent les salaires minimums sectoriels (fixés localement par les partenaires sociaux et s’établissant à environ 15 EUR de l’heure en 2015), qui sont susceptibles d’exclure certains travailleurs migrants peu productifs de l’emploi. Les immigrés sont surreprésentés parmi les travailleurs à bas salaire et sont davantage pénalisés par les coûts salariaux élevés qu’entraînent des salaires minimums élevés. Par ailleurs, les immigrés arrivés récemment ont parfois une productivité plus faible que les autochtones du fait qu’ils manquent de capital humain spécifique au pays et maîtrisent mal la langue (Causa and Jean, 2007). En outre, les contre-incitations au travail induites par la générosité du système de protection sociale pourraient être plus fortes pour les immigrés, qui ont des perspectives de revenus moyens nettement moins favorables que les autochtones. Enfin, comme dans beaucoup d’autres pays, leur intégration peut être freinée par des différences de capital humain culturel, un accès plus restreint aux réseaux et la discrimination ethnique.
33Au début des années 2000, le Danemark a adopté diverses mesures d’intégration innovantes pour remédier à ces problèmes complexes, parmi lesquelles des cours de langue, des services de placement et des subventions salariales (Liebig, 2007). Ces efforts déployés par le passé pour faciliter l’intégration semblent avoir porté leurs fruits et il faudrait les poursuivre pour qu’ils produisent tout leur potentiel. Le taux d’emploi des immigrés augmente avec la durée de leur séjour dans le pays, en particulier durant les cinq premières années, mais cette progression est plus rapide qu’auparavant (graphique 2.9). Les primo-arrivants originaires de pays à bas revenu ont bénéficié des mesures d’intégration et sont dans une situation plus favorable que les migrants originaires des mêmes pays arrivés depuis plus longtemps. Comme les effets des politiques en faveur de l’intégration mettent du temps à se concrétiser, une stabilité au niveau de l’élaboration des politiques et du financement est souhaitable dans ce domaine.
Graphique 2.9. Le taux d’emploi des immigrés progresse au fil du temps. Taux d’emploi en fonction de la durée de séjour, immigrés originaires de pays non occidentaux, en 1997 et 2012
Graphique 2.9. Le taux d’emploi des immigrés progresse au fil du temps. Taux d’emploi en fonction de la durée de séjour, immigrés originaires de pays non occidentaux, en 1997 et 2012
34La formation sur le lieu de travail dans des entreprises privées, les cours de langue et les programmes de subventions salariales ont eu un effet positif sur l’emploi des immigrés (Pedersen, 2013).
- Les subventions salariales se sont révélées être un moyen particulièrement efficaces de faciliter l’intégration des immigrés parce qu’elles indemnisent les employeurs en contrepartie de l’absence de capital humain propre au pays et d’une maîtrise limitée du danois (Clausen et al., 2009 ; Heinesen et al., 2011). Néanmoins, les immigrés sont souvent sous-représentés parmi les bénéficiaires des programmes de subventions salariales dont ils pourraient tirer le meilleur parti (OECD, 2014b).
- Il conviendrait de s’intéresser à l’accès des immigrés à la formation, en particulier à l’issue du programme d’intégration. Dans l’ensemble, les immigrés sont en effet moins nombreux que les autochtones à bénéficier de programmes de formation. La population immigrée, en particulier les femmes, participe moins à la formation liée à l’emploi ou sur le lieu de travail, le Danemark affichant l’un des écarts les plus élevés de l’OCDE en ce qui concerne ce deuxième type de formation. Par ailleurs, la contribution financière des employeurs à la formation liée à l’emploi est aussi moins élevée pour les immigrés que pour les autochtones.
- Il pourrait aussi être envisagé de créer des emplois pour les immigrés en adoptant, comme l’a fait la Belgique, des plans de diversité qui encouragent la diversification du recrutement et favorisent la mobilité et la formation de cette catégorie de travailleurs. Les autorités peuvent soumettre à un audit et à une procédure de certification les politiques de gestion de la diversité appliquées par les entreprises, c’est-à-dire des politiques destinées à promouvoir l’égalité des chances, et, le cas échéant, formuler des recommandations sur les moyens d’éviter la discrimination à l’embauche.
36Le gouvernement et les partenaires sociaux ont conclu un accord sur une réforme des politiques d’intégration. Dans ce cadre, il est envisagé d’introduire un nouveau programme de formation pour l’intégration de deux ans, centré sur l’amélioration des compétences et l’insertion professionnelle. Ce dispositif permettra aux employeurs d’embaucher pour une durée maximale de deux ans un immigré en contrepartie d’un salaire égal à celui des apprentis, qui se situe entre 50 et 120 DKK par heure (7 à 16 EUR environ), soit une rémunération nettement inférieure au salaire minimum en vigueur. Les entreprises percevront également une prime de 5 400 EUR si elles emploient un immigré pendant plus de deux ans. L’accord sur la réforme prévoit également d’uniformiser les cours de langue et de centrer la formation sur les exigences requises pour accéder au marché du travail. Jusqu’à présent, les programmes d’intégration ont donné des résultats variables selon les communes. De surcroît, ils n’ont pas été évalués et il apparaît difficile de réaliser une évaluation à cause du manque de données (The Expert Group on the Active Employment Effort, 2015). Il conviendrait donc qu’un système de suivi adapté soit mis en place au niveau local. Comme l’a déjà souligné l’institution danoise de contrôle des comptes en 2007, il faudrait assurer un meilleur contrôle de la qualité des cours de langue.
37Les politiques publiques sont désormais axées sur le renforcement des mécanismes incitatifs destinés à encourager les immigrés à travailler et sur les mesures qui visent à limiter l’immigration non qualifiée. En 2015, les prestations sociales accordées aux personnes qui ont vécu plus d’un an à l’étranger au cours des huit années écoulées ont été divisées par deux environ, même si d’autres aides ont été maintenues, notamment pour le logement et l’éducation des enfants. Pour inciter les immigrés à acquérir les compétences nécessaires à l’entrée sur le marché du travail, des primes sont octroyées à ceux qui maîtrisent le danois. De précédentes tentatives de réduction des prestations servies aux migrants laissent penser que ces incitations financières auront probablement un léger impact sur la décision d’intégrer le marché du travail et d’acquérir des compétences, en particulier à court terme. Une mesure similaire, à savoir une baisse du montant des prestations versées aux migrants (le dispositif Start Help), a déjà été mise en œuvre entre 2002 et 2012 (la réduction des prestations était cependant moindre) et a eu des effets mitigés en termes de progression de l’emploi. Elle a eu un effet positif sur le taux d’emploi qui s’est intensifié parallèlement à la durée de séjour, passant de 6 points de pourcentage après 16 mois (de 8 % à 14 %) à 12 points de pourcentage (de 30 % à 42 %) après 52 mois (Andersen et al., 2012). D’autres études mettent en évidence un effet positif sur le taux d’emploi pour les personnes arrivées au Danemark depuis quelques années, mais constatent que la baisse du montant des prestations a été sans effet sur le taux d’activité des primo-arrivants et sur les groupes les plus éloignés de l’emploi, comme les femmes et les personnes ayant un faible niveau d’études (Rosholm and Vejlin, 2010 ; Pedersen, 2013).
38Les primo-arrivants qui ont une faible employabilité n’ont peut-être pas les moyens de trouver un emploi, même si des incitations financières sont en place, et sont par conséquent exposés à un risque de pauvreté plus grand. De fait, la pauvreté a sensiblement augmenté pour les bénéficiaires du programme Start Help (Andersen et al., 2012). De surcroît, réduire spécifiquement les prestations servies aux migrants risque de creuser encore des inégalités déjà fortes entre les personnes nées à l’étranger et les autochtones en matière de risque de pauvreté, de revenu et de déclassement (graphique 2.7), et de renforcer les stéréotypes négatifs sur le manque de volonté d’intégration des immigrés (Liebig, 2007).
Maîtriser la hausse des dépenses au titre des institutions sociales
39Grâce à des règles budgétaires prudentes, la situation à long terme des finances publiques est jugée viable et conforme aux exigences budgétaires de l’Union européenne et de la loi de finances (limitant le déficit structurel à 0.5 %). Selon des projections nationales, la dette publique – égale à 45.2 % du PIB en 2014 – restera inférieure à 60 % du PIB. Au deuxième trimestre 2015, l’indicateur d’écart de viabilité S2, qui correspond au déficit primaire nécessaire pour stabiliser le rapport endettement sur PIB à l’horizon 2060, a été estimé à 0.3 % du PIB par le Conseil économique danois, autorité danoise de surveillance budgétaire (Danish Economic Council, 2015a).
40Les projections nationales de viabilité à long terme des finances publiques reposent sur diverses hypothèses, dont celles d’un budget à l’équilibre à l’horizon 2020 et d’une hausse du taux d’activité induite par les réformes structurelles. Plus précisément, les réformes des retraites sont censées compenser l’effet du vieillissement sur la population active (graphique 2.10). Par ailleurs, une hypothèse de progression de la productivité de 1.2 % en 2020 est retenue, ce qui est très supérieur à la croissance moyenne observée ces dix dernières années, de même qu’une hypothèse de stabilité des dépenses publiques par habitant. De fortes incertitudes entourent ces hypothèses, notamment s’agissant de l’évolution du taux d’activité (encadré 2.5) et des dépenses de santé. De plus, comme dans la plupart des pays de l’OCDE, les projections nationales ne tiennent pas compte des engagements conditionnels. Ces engagements, qui correspondent à des garanties de l’État, en d’autres termes à des engagements liés aux partenariats public-privé et à des engagements des entités détenues par l’État, sont enregistrés hors bilan et étaient estimés à 36.7 % du PIB en 2013 (European Commission, 2015b).
Graphique 2.10. Réformes structurelles1 visant à faire face au vieillissement, projections nationales
Graphique 2.10. Réformes structurelles1 visant à faire face au vieillissement, projections nationales
1. Ces réformes sont principalement les réformes du système de retraite de 2006 et 2011, qui ont indexé l’âge légal de la retraite sur la longévité et induit une diminution du recours au régime de retraite anticipée et de la durée de versement des pensions de retraite anticipée.Encadré 2.5. Évaluation de l’effet des réformes sur la croissance potentielle et la population active
Tableau 2.1. Projections du gouvernement danois, de l’OCDE et de la Commission européenne concernant l’offre de main-d’œuvre
Tableau 2.1. Projections du gouvernement danois, de l’OCDE et de la Commission européenne concernant l’offre de main-d’œuvre |
Augmentation en points de pourcentage entre 2013 et 2060 |
Gouvernement | OCDE | CE | |
---|---|---|---|
Évolution totale | |||
Taux d’activité (15-74) | 7.7 | 4.0 | 4.6 |
Taux d’activité (15-64) | 2.5 | 4.6 | 2.2 |
Taux d’activité des travailleurs âgés (55-64) | 13.8 | 15.3 | 12.7 |
Effet de la réforme | |||
Taux d’activité total (15-74) | 7.4 | 0.7 | 6.1 |
Taux d’activité total (15-64) | 1.9 | 0.5 | 2.9 |
Taux d’activité total (55-64) | 10.1 | 2.4 | 14.3 |
Âge effectif de la retraite 2060 | 71 | 66 | 68 |
Source : Calculs réalisés par l’OCDE d’après OCDE, Perspectives économiques, n° 95 ; Commission européenne (2015) ; ministère des Finances danois. |
Tableau 2.1. Projections du gouvernement danois, de l’OCDE et de la Commission européenne concernant l’offre de main-d’œuvre
41À moyen terme, le Danemark aura des difficultés à respecter les règles budgétaires. Selon les projections nationales, les déficits structurels devraient temporairement dépasser 0.5 % du PIB après 2030 et atteindre 1.5 % du PIB à l’horizon 2045 (phénomène dit du « hamac »). Cette période de déficits publics s’explique par le fait que l’indexation de l’âge légal de la retraite sur l’allongement de l’espérance de vie entrera en vigueur progressivement, si bien que le rattrapage par rapport à l’évolution de la longévité sera lui aussi progressif. Différentes solutions pourraient être utilisées pour remédier à ces déficits temporaires, mais toutes présentent des inconvénients. En premier lieu, il pourrait être envisagé d’accélérer le relèvement de l’âge de la retraite. Cette solution nécessiterait cependant une nouvelle réforme de la législation sur la retraite et pourrait se révéler politiquement difficile à mettre en œuvre. Une autre solution serait, comme cela a déjà été fait ces dernières années, de comptabiliser de manière anticipée les recettes fiscales tirées de l’imposition des futures pensions, qui sont imposées au moment de la retraite. Il existe toutefois un risque que les recettes fiscales ne soient pas affectées à la réduction de la dette et un risque de pertes financières du fait que le taux de rendement de l’épargne n’est pas nécessairement le même pour l’État et les fonds de pension privés. La troisième solution consiste à alléger la dette publique en épargnant à l’avance les futures dépenses liées au vieillissement, comme l’a fait la Belgique, par exemple. Cette option pèserait cependant sur l’activité économique. La dernière solution, qui consiste à réviser les règles budgétaires, plus précisément le mode de calcul des déficits et de la dette, de manière à prendre en compte l’impôt différé sur l’épargne-retraite, peut être difficile à mettre en œuvre compte tenu de la forte incertitude qui entoure le montant de ces recettes fiscales. Globalement, même si le creusement du déficit structurel est temporaire, il met en évidence les difficultés auxquelles se heurteront les gouvernements à venir si l’emploi et l’espérance de vie n’évoluent pas conformément aux projections. En conséquence, d’autres mesures doivent être prises pour assurer la viabilité à long terme des finances publiques.
Améliorer encore la performance du système de retraite
42Le système de retraite offre des taux de remplacement élevés et parvient à limiter la pauvreté des personnes âgées. Composé d’un régime à prestations définies financé par l’impôt et de régimes professionnels obligatoires à cotisations définies, il diversifie les risques liés à la retraite en les répartissant entre les risques non systématiques liés à l’investissement des fonds de pension et les risques macroéconomiques des régimes de pension nationaux (encadré 2.6). Pour préserver la viabilité et la générosité du système malgré le vieillissement de la population, le Danemark a adopté d’importantes réformes, qui prévoient notamment d’indexer l’âge de la retraite sur l’espérance de vie à compter de 2030. Les réformes des régimes de retraite anticipée (en particulier le relèvement progressif de l’âge de la retraite anticipée de 60 ans en 2013 à 63 ans en 2019) ont déjà eu un effet sur le taux d’emploi des travailleurs de plus de 60 ans.
Encadré 2.6. Le système de retraite : principales caractéristiques et réformes
Le système de retraite danois est composé de régimes par répartition et de régimes à cotisations définies, à savoir :
- Un régime public financé par l’impôt et soumis à condition de ressources, qui sert une pension forfaitaire de base (égale à environ 17 % du salaire moyen et minorée si le revenu excède 75 % du salaire moyen), une allocation de retraite et une prestation supplémentaire pour les plus défavorisés.
- Un régime à cotisations définies obligatoires (ATP) destiné aux salariés qui travaillent plus de neuf heures par semaine et à ceux qui perçoivent des prestations de sécurité sociale temporaires. Il existe également un régime à cotisations définies facultatif (SUPP) pour les personnes qui ne travaillent pas.
- Des régimes professionnels quasi obligatoires entièrement financés par capitalisation et couvrant environ 90 % des salariés à plein-temps. La plupart de ces régimes sont à cotisations définies et leur taux de cotisation est compris entre 12 % et 18 %.
- Des régimes individuels facultatifs à cotisations définies.
Le système de retraite est très redistributif et offre un taux de remplacement qui s’établissait à 77 % en moyenne en 2012 – ce taux est plus élevé pour les bénéficiaires de prestations publiques et les travailleurs à bas salaire (graphique 2.11). À 5 %, le taux de pauvreté des personnes âgées est inférieur à la moitié de la moyenne de l’OCDE, et la pauvreté touche principalement les retraités qui ne perçoivent qu’une pension partielle parce qu’ils ne justifient pas de 40 années de résidence au Danemark et n’ouvrent pas droit à une pension publique pleine.
Graphique 2.11. Le montant brut des pensions et le taux de remplacement sont élevés. Pensions que peut espérer percevoir un jeune de 20 ans entré sur le marché du travail en 2014 et devant prendre sa retraite à 67 ans
Graphique 2.11. Le montant brut des pensions et le taux de remplacement sont élevés. Pensions que peut espérer percevoir un jeune de 20 ans entré sur le marché du travail en 2014 et devant prendre sa retraite à 67 ans
Les réformes de 2006 et 2011 vont se traduire par un relèvement progressif de l’âge de la retraite, qui passera de 65 à 67 ans en 2022 et à 68 ans en 2030. À compter de cette date et sous réserve de l’accord du Parlement, l’âge légal sera modulé tous les cinq ans (au maximum d’une année) en fonction de l’allongement de l’espérance de vie. La durée de versement des pensions de retraite devrait alors être ramenée à 14.5 années en moyenne. La durée de versement des prestations dans le cadre des programmes de retraite anticipée volontaire est elle aussi progressivement ramenée de cinq à trois ans, l’âge minimum pour en bénéficier étant relevé parallèlement à l’âge légal de la retraite. Les autorités danoises espèrent que les réformes du système de retraite vont, ensemble, porter progressivement l’âge effectif de la retraite de 64 ans environ aujourd’hui à 70 ans mi-2040. Si les réformes sont mises en œuvre comme prévu, il s’ensuivra qu’une personne entrée sur le marché du travail à 20 ans en 2014 atteindra l’âge légal de la retraite à 73.5 ans, ce qui ferait du Danemark le pays de l’OCDE où l’âge de la retraite est le plus élevé (OECD, Pension at a Glance 2015).
Après le relèvement de l’âge légal de la retraite anticipée, le taux d’emploi des personnes âgées de 60 à 64 ans s’est nettement amélioré. Comme dans beaucoup d’autres pays de l’OCDE, même lorsqu’il existe une surcote pour les personnes qui travaillent plus longtemps, le taux d’emploi tend à chuter brutalement à l’âge légal de la retraite. Parmi les personnes âgées de 60 ans, qui forment la génération touchée par la réforme, le taux d’emploi a augmenté de plus de 6 points de pourcentage, soit une hausse nettement supérieure à ce qui est observé au sein des autres générations (graphique 2.12). Pour ce qui est de l’avenir, le taux d’emploi des personnes de 61 ans et plus devrait augmenter progressivement aussi à mesure que d’autres générations seront touchées par la réforme.
Graphique 2.12. Les réformes du système de retraite ont déjà un impact sur le taux d’emploi des travailleurs âgés
Graphique 2.12. Les réformes du système de retraite ont déjà un impact sur le taux d’emploi des travailleurs âgés
43En 2012, les pensions publiques représentaient environ 70 % du total des paiements bruts au titre des pensions, et quelque 90 % des personnes de plus de 65 ans percevaient une pension soumise à condition de ressources. Avec la montée en régime des dispositifs de retraite privés instaurés dans les années 90, les dépenses publiques de retraite devraient refluer parallèlement à la diminution de la part des retraités vivant de prestations soumises à condition de ressources et passer d’environ 10 % du PIB en 2013 à 7 % aux alentours de 2060 (EC, 2015a). Par ailleurs, la fiscalité de l’épargne-retraite privée, à savoir l’imposition du rendement des fonds et des pensions servies (les sommes versées au régime sont exonérées), représentera de plus en plus une part non négligeable des recettes publiques et devrait absorber environ 80 % de la hausse des dépenses publiques liées à l’âge à l’horizon 2050 (Hansen et al., 2015). À mesure que les rentrées fiscales tirées de l’épargne-retraite augmentent en part des recettes totales, l’instabilité de ces dernières s’accentue également, si bien qu’il devient plus difficile de prévoir les recettes publiques futures et de respecter les règles budgétaires d’une année sur l’autre.
44À l’incertitude qui entoure l’évolution des recettes, s’ajoute le fait que les dépenses pourraient être plus élevées que prévu. Le système de retraite contient en effet des mécanismes qui dissuadent les travailleurs percevant une rémunération relativement faible d’épargner, en particulier dans les années qui précèdent immédiatement l’âge de la retraite. La pension publique étant subordonnée à une condition de ressources, le revenu provenant du régime professionnel par capitalisation entraîne une réduction de cette pension et de l’allocation logement, et, par conséquent, du rendement effectif de l’épargne-retraite privée (graphique 2.13). Il est difficile de déterminer si et comment ces contre-incitations financières influeront sur les décisions que les travailleurs à bas salaire prendront à en matière de retraite à l’avenir, après la montée en régime du deuxième pilier, mais il est permis de penser que ces travailleurs prendront leur retraite dès que possible.
Graphique 2.13. L’épargne-retraite des travailleurs à bas salaire est lourdement imposée. Taux marginal d’imposition effectif de l’épargne-retraite privée, 2015
Graphique 2.13. L’épargne-retraite des travailleurs à bas salaire est lourdement imposée. Taux marginal d’imposition effectif de l’épargne-retraite privée, 2015
Note : Calcul stylisé pour un retraité vivant seul dans un logement en location et percevant une allocation logement soumise à condition de ressources.45En principe, les prestations soumises à condition de ressources devraient procurer un revenu inférieur à celui tiré des pensions liées au travail. Différents moyens peuvent être employés pour qu’il soit financièrement plus avantageux de continuer de travailler. Il est par exemple possible de ne plus soumettre la pension de base publique à condition de ressources, d’appliquer un allègement fiscal aux retraites perçues par les travailleurs à bas salaire après la retraite, de défiscaliser les cotisations versées au régime professionnel durant les années qui précèdent la retraite, d’exclure les dernières cotisations versées du revenu pris en compte pour déterminer si les conditions de ressources sont remplies, d’introduire un système d’épargne obligatoire ou d’opter pour une extinction moins rapide des droits à l’allocation de retraite soumise à condition de ressources. Il convient d’évaluer les coûts et avantages de ces différentes pistes.
46Le taux marginal d’imposition effectif appliqué au rendement de l’épargne-retraite est plus élevé que celui appliqué au revenu de l’investissement dans l’immobilier, ce qui est également dû au fait que d’autres prestations sont soumises à condition de ressources. Cette situation peut décourager les travailleurs non couverts par une convention collective d’épargner dans le cadre d’un fonds de pension. Il est également possible qu’un impôt spécial appliqué aux versements de pension d’un montant élevé ait un effet dissuasif sur l’épargne-retraite volontaire. À cela s’ajoute que la complexité du système – l’interaction entre les différents régimes, mais aussi les difficultés rencontrées pour obtenir des informations sur les différents taux d’imposition appliqués aux divers types d’épargne – ne favorisent pas la prise de décisions rationnelles sur le montant qu’il convient d’épargner en vue de la retraite. Il faudrait examiner et analyser aussi les mécanismes complexes qui sont censés inciter à épargner et les interactions entre le système de retraite et le système fiscal.
47Ainsi, ces cinq dernières années, 24 % environ des 30-59 ans consacraient moins de 5 % de leur revenu à l’épargne-retraite et 12 % n’épargnaient pas (il s’agissait en majorité de travailleurs indépendants et de bénéficiaires de prestations). Selon toute vraisemblance, cette catégorie de la population bénéficiera d’un taux de remplacement faible du deuxième pilier et ouvrira droit à des pensions soumises à condition de ressources. En conséquence, il conviendra d’évaluer rigoureusement les droits à la retraite des personnes qui ne sont pas affiliées à un régime professionnel et de prendre des mesures pour qu’elles épargnent davantage. L’introduction de cotisations obligatoires est un moyen plus efficace que les subventions d’inciter les personnes qui n’épargnent pas à le faire, notamment parce que 85 % des épargnants ne sont pas sensibles aux subventions et que les subventions sont utilisées par ceux qui épargnent déjà en vue de leur retraite (Chetty et al., 2014).
48Le deuxième pilier est régi par un cadre prudentiel efficace qui protège les retraités et évite toute prise de risque excessive. Le taux de rendement de l’épargne-retraite individuelle demeure néanmoins incertain et représente un risque pour les personnes dotées de capacités d’adaptation limitées. La plupart des régimes professionnels sont des régimes à cotisations définies, si bien que le rendement de l’épargne dépend des performances du marché. Si la pension individuelle acquise est trop faible, les retraités ouvrent droit à des pensions supplémentaires financées par l’impôt et soumises à condition de ressources, si bien qu’une partie des coûts liés au vieillissement est transférée des régimes de retraite vers le système de protection sociale. Il faudrait donc que les stratégies de placement réduisent l’exposition au risque à mesure que l’épargnant vieillit, la capacité d’adaptation diminuant elle aussi avec l’âge. Ces stratégies existent (elles sont connues sous le nom de stratégies de placement fondées sur le cycle de vie), mais leur utilisation repose sur une démarche volontaire. De surcroît, bien que le Danemark arrive globalement en tête du classement réalisé sur la base de l’Indice mondial Mercer Melbourne des régimes de retraite, cet indice révèle aussi l’insuffisance de la protection des retraités contre la fraude, la mauvaise gestion et la faillite des prestataires (Mercer, 2015). Par ailleurs, le rapport annuel sur le plan de pension qui doit obligatoirement être fourni aux titulaires d’un plan d’épargne-retraite ne contient pas les informations sur les principaux placements et la répartition des actifs entre différentes classes qui pourraient permettre aux futurs retraités de mieux évaluer le risque auquel est exposée leur épargne-retraite.
Augmenter l’âge effectif de la retraite et allonger la vie active
49Selon les prévisions nationales, les réformes du système de retraite entraîneront une hausse de l’âge effectif de la retraite, laquelle assurera la viabilité du système de retraite public. L’indexation de l’âge de la retraite sur l’allongement de l’espérance de vie, qui a pour but de ramener à 14.5 années la durée moyenne de la retraite, devrait accroître le taux d’activité des générations âgées mais risque de ne pas être suffisante pour que la population active s’établisse au niveau souhaité. De surcroît, si l’espérance de vie devait augmenter plus vite que dans les projections, la règle qui régit actuellement l’ajustement de l’âge légal de la retraite (qui plafonne le relèvement de l’âge légal à un an tous les cinq ans) ne permettra pas de limiter la durée moyenne de la retraite à 14.5 années. En pareil cas, il faudrait que les responsables de l’action publique prévoient la possibilité d’ajuster l’âge de la retraite plus rapidement que prévu.
50L’indexation de l’âge légal de la retraite sur l’espérance de vie est subordonnée à une décision politique. Le relèvement doit en effet être voté par le Parlement tous les cinq ans. Les pressions politiques contre le raccourcissement de la durée de la retraite risquent de s’intensifier à mesure que l’âge de la retraite augmentera (pour atteindre 70 ans en 2040), a fortiori si les inégalités d’espérance de vie continuent de se creuser. L’espérance de vie et de santé a augmenté, mais l’écart s’est creusé entre les travailleurs qui ont un niveau de formation faible et les autres, ce qui est annonciateur d’une augmentation des inégalités d’espérance de vie au sein de la population à la retraite (Brønnum-Hansen and Baadsgaard, 2008). Parallèlement, l’écart entre les personnes situées aux deux extrémités de l’échelle des revenus en ce qui concerne le montant des pensions a régressé entre 2000 et 2013, ce qui indique que la progression de l’affiliation à un régime de retraite privé a permis de réduire les inégalités entre retraités (Ministry of Finance, 2016).
51Par ailleurs, il est possible que les travailleurs âgés, notamment ceux qui exercent un métier pénible, ne s’adaptent pas totalement à l’allongement de la vie active (Wubulihasimu et al., 2015). Beaucoup de travailleurs exerçant un métier qui exige une bonne santé risquent de connaître plusieurs années d’invalidité avant d’atteindre l’âge légal de la retraite. Ainsi, dans le secteur suédois de la construction, 80 % des années de vie active perdues sont dues à des hommes qui se sont retirés de la vie active en raison d’une incapacité de travail après 60 ans (Järvholm et al., 2014). En conséquence, la participation aux programmes de retraite anticipée, le chômage des travailleurs âgés et la dépendance à l’égard du régime public de retraite pourraient aller croissant, ce qui ferait peser des charges supplémentaires sur les contribuables et rétrécirait l’assiette de cotisations par rapport aux prévisions. Par ailleurs, il reste également à savoir dans quelle mesure les différences entre professions en matière de risque de percevoir une pension d’invalidité vont creuser les inégalités socio-économiques au sein de la population âgée.
52La vie active ne peut réellement augmenter que si l’employabilité des travailleurs âgés est préservée, ce qui fait de l’amélioration de leurs perspectives d’emploi un impératif. Il faut éliminer les derniers obstacles réglementaires à l’emploi des travailleurs âgés et prendre des mesures pour adapter l’environnement de travail au vieillissement de la population active. La plupart des accords collectifs sur le travail prévoient des dispositifs pour les travailleurs âgés et des mesures pour promouvoir la diversité des âges, mais rares sont les entreprises qui les appliquent. Les travailleurs âgés peuvent utiliser une partie de la pension professionnelle pour réduire leur durée de travail (dispositif baptisé « liberté des seniors ») mais ce dispositif étant peu utilisé, il n’existe aucune donnée sur son rapport coût-efficacité ou sur son incidence sur le maintien dans l’emploi des travailleurs âgés, par exemple. L’examen sur le vieillissement et les politiques de l’emploi au Danemark (Ageing and Employment Policies, Denmark) réalisé par l’OCDE en 2015 contient des recommandations sur les moyens de favoriser un allongement effectif de la vie active (OECD, 2015b), préconisant notamment de proposer aux seniors des horaires de travail flexibles et des tâches adaptées, de revoir à la baisse le poids de l’ancienneté dans la détermination des salaires, de déployer des programmes de prévention et de détection précoce des problèmes de santé d’origine professionnelle et de supprimer les âges de la retraite obligatoires qui existent encore.
53La diminution de la générosité des programmes de retraite anticipée volontaire et des prestations de chômage pour les personnes de plus de 55 ans a favorisé l’allongement de la vie active. Néanmoins, les réformes n’ont pas eu tous les effets qu’elles auraient pu avoir en termes de hausse du taux d’activité, ce qui indique que d’autres moyens d’accès à une retraite anticipée ont été employés (Halvorsen and Tägtström, 2013). Les travailleurs âgés sont toujours surreprésentés parmi les chômeurs de longue durée (40 % contre 30 % parmi les 24-54 ans en 2013) et les bénéficiaires de prestations d’invalidité (par exemple dans les « flex-jobs »). Leur taux de retour à l’emploi après une période d’indemnisation par l’assurance chômage est relativement faible parce qu’ils peuvent prétendre à une allocation spéciale après épuisement de leurs droits. Par ailleurs, tous les chômeurs qui ont épuisé leurs droits aux prestations de chômage et remplissent les conditions requises pour obtenir une pension de retraite anticipée se voient proposer un emploi communal dans le cadre du dispositif « emplois pour seniors » (OECD, 2015b). Il conviendrait de réduire la durée et la rémunération de ces emplois pour éviter les effets de rétention et de ne pas encourager les bénéficiaires à rester à l’extérieur du marché du travail ordinaire. Par ailleurs, ce dispositif devrait être ciblé sur les personnes qui ont peu de perspectives d’emploi. La pension d’invalidité constitue un autre moyen utilisable pour partir en retraite anticipée (voir plus haut).
Mieux maîtriser les dépenses de soins de santé et de prise en charge de la dépendance
54Les dépenses de santé et de prise en charge de la dépendance – qui sont déjà élevées à l’aune de ce qui est observé ailleurs – devraient continuer d’augmenter sous l’effet du vieillissement (graphique 2.14). Les projections sont incertaines et l’expérience montre que ces dépenses sont difficiles à maîtriser. Les dépenses hospitalières de médicaments ont nettement progressé ces dernières années (passant de 5.6 % des dépenses de santé totales par région en 2007 à 8.3 % en 2014), entre autres parce que le coût n’est pas un critère qui intervient dans le choix du traitement et qu’aucun mécanisme de hiérarchisation des priorités n’est en place pour limiter la hausse de ces dépenses.
Graphique 2.14. Les dépenses au titre de la santé et de la prise en charge de la dépendance sont élevées. 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
Graphique 2.14. Les dépenses au titre de la santé et de la prise en charge de la dépendance sont élevées. 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
55Le gouvernement danois, la Commission européenne et l’OCDE parviennent à des estimations très différentes des futures dépenses liées au vieillissement (tableau 2.2). L’OCDE prévoit une fourchette large, la hausse des dépenses de soins de santé à l’horizon 2060 variant entre 2 % et 5.9 % du PIB selon le scénario. Une grande incertitude entoure aussi les projections relatives aux dépenses de prise en charge de la dépendance, qui varient du simple au quintuple d’une institution et d’un scénario à l’autre. Les coûts futurs dépendent en grande partie de l’état de santé de la population âgée et de la variation des prix relatifs des biens médicaux. La moitié de la progression des dépenses enregistrée entre les années 90 et la fin des années 2000 est due à l’évolution des prix imputable à l’innovation, qui se traduit par l’arrivée sur le marché de traitements et produits plus coûteux (De la Maisonneuve and Oliveira-Martins, 2013). Compte tenu du caractère très incertain des projections relatives aux dépenses de santé et de prise en charge de la dépendance, les mesures qui visent à gagner en efficience dans ces secteurs sont les bienvenues. Les écarts de résultats et d’efficience entre collectivités locales laissent penser que la marge d’amélioration est relativement importante, en particulier s’agissant des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance (Medeiros and Schwierz, 2015 ; Heijink et al., 2015).
Tableau 2.2. Projections de dépenses dans les domaines de la santé et de la prise en charge de la dépendance
Tableau 2.2. Projections de dépenses dans les domaines de la santé et de la prise en charge de la dépendance |
Augmentation, en points de pourcentage du PIB, d’ici à 2060 |
OCDE | Ministère des Finances | CE | |
---|---|---|---|
Santé | |||
Moyenne | - | 0.0 | +0.9 |
Hypothèse la plus optimiste | +2.0 | +0.1 | |
Hypothèse la plus pessimiste | +5.9 | +3.1 | |
Prise en charge de la dépendance | |||
Moyenne | - | +1.4 | +2.0 |
Hypothèse la plus optimiste | +0.6 | +1.9 | |
Hypothèse la plus pessimiste | +1.0 | +3.0 |
Source : De la Maisonneuve and Oliveira-Martins (2013) ; European Commission (2015a) ; ministère des Finances du Danemark. |
Tableau 2.2. Projections de dépenses dans les domaines de la santé et de la prise en charge de la dépendance
Améliorer la prestation des services de protection sociale
56Une plus grande efficience de la prestation de services publics limiterait la hausse des dépenses liées au vieillissement et consoliderait le système de protection sociale. Les écarts de résultats et d’efficience entre collectivités locales laissent penser que le Danemark a une marge de progression relativement importante, en particulier dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance (Medeiros and Schwierz, 2015 ; Heijink et al., 2015 ; Wittrup et al., 2013). L’espérance de vie est relativement faible compte tenu du montant des dépenses de santé par habitant (graphique 2.15, partie A). En outre, les comparaisons internationales, notamment avec des pays comparables, montrent que le système de prise en charge de la dépendance pourrait avoir une couverture aussi large à moindre coût (graphique 2.15, partie B). Le Danemark a réussi à prévenir la prise en charge institutionnelle, qui est une solution coûteuse, les personnes âgées étant souvent prises en charge à domicile. Le coût unitaire de cette prise en charge institutionnelle est cependant plus élevé au Danemark qu’en Finlande et en Suède (European Commission, 2014).
Graphique 2.15. D’importants gains d’efficience peuvent être réalisés dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance
Graphique 2.15. D’importants gains d’efficience peuvent être réalisés dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance
Tirer un meilleur parti de la réforme territoriale
57La réforme territoriale de 2007 a sensiblement restructuré le paysage administratif et a entraîné d’importants changements dans les relations entre l’administration centrale et les collectivités locales (Vammalle et al., 2014). Elle visait à créer des collectivités locales de plus grande taille pour réaliser des économies d’échelle, mais aussi à réduire leur autonomie (OECD, 2015c). Les coûts administratifs ont fortement diminué, mais la réforme n’a pas entraîné de gains d’efficience dans tous les secteurs, notamment pas dans le secteur de l’accueil de jour et de la prise en charge des personnes âgées (Blom-Hansen et al., 2015). Renforcer simultanément l’autonomie et la responsabilité des collectivités locales pourrait permettre de retirer d’autres avantages de la décentralisation (Sow and Razafimahefa, 2015).
58De fait, restreindre la latitude dont disposent les collectivités locales pour définir des objectifs qualitatifs et quantitatifs risquerait d’entraver leur liberté opérationnelle et leur capacité d’ajustement. De surcroît, les fonctionnaires danois et leurs organisations représentatives ont appelé à un allègement des règles et réglementations – une « réforme pour la confiance » du secteur public (Sorensen, 2015). Enfin, la Commission de la productivité a elle aussi recommandé de donner plus de latitude aux collectivités locales pour supprimer les règles inutiles.
59De 2012 à 2015 neuf communes ont obtenu l’autorisation de déroger à certaines règles nationales et obligations documentaires pour pouvoir tester de nouvelles manières de remplir leurs missions dans le cadre d’une expérimentation connue sous le nom de « Liberté des communes ». L’expérimentation était principalement axée sur la simplification, l’innovation, la qualité et la volonté de voir chaque citoyen sous un angle plus global, et nombre des mesures testées portaient sur l’emploi. Cette expérimentation est en cours d’évaluation et pourrait ensuite servir de base à l’adoption de nouvelles dispositions destinées à alléger les règles administratives dans l’ensemble des communes. Elle se poursuivra sous une forme modifiée jusqu’en 2019 et est étendue à d’autres communes.
60La définition d’objectifs quantitatifs précis et de sanctions claires a contribué à une maîtrise des dépenses locales, mais a eu des effets moins nets sur l’efficience. Depuis 2011, les collectivités locales qui ne respectent pas les exigences budgétaires sont sanctionnées. En cas de non-respect, leurs mauvais résultats sont généralement rendus publics et elles peuvent être placées sous une surveillance étroite ; de plus, leur budget est systématiquement réduit. Ces dispositions ont entraîné une diminution des dépenses excédentaires par rapport aux exigences budgétaires et ont conduit les communes à constituer une épargne de précaution. Il est cependant permis de se demander si cette initiative est souhaitable et si les fonds épargnés n’auraient pas pu être utilisés à des fins plus productives. De surcroît, l’incertitude sur le montant de la subvention versée par l’administration centrale aux collectivités locales fait obstacle à une gestion efficace du budget et des flux de trésorerie (National Audit Office, 2014). Il importe de continuer d’éviter de verser aux administrations infranationales des subventions affectées à des objectifs trop précis, afin de préserver leur liberté opérationnelle et de leur permettre d’ajuster leurs priorités en matière de dépenses, tout en veillant à ce que restent en place des mécanismes adaptés de suivi des performances et une réglementation sur le service minimum.
61L’offre et la qualité des services de protection sociale varient fortement d’une commune à l’autre, par exemple sur le plan du nombre de bénéficiaires de prestations et de la mise en œuvre de programmes. Un meilleur contrôle de qualité et une meilleure gestion des performances pourraient aider à déterminer les causes de ces disparités (y compris au niveau de l’environnement et des conditions de travail) et à identifier de bonnes pratiques. Dans le domaine des soins secondaires, le contrôle de qualité est bien développé, mais il n’est pas toujours suivi de mesures d’amélioration et n’est pas pleinement utilisé à des fins d’examen mutuel (OECD, 2013b). Il faudrait utiliser les données recueillies pour évaluer l’effet que les incitations financières en place dans les hôpitaux (réalisation d’un gain de productivité de 2 % par an) ont sur l’efficience, notamment sur la surprescription. Dans les domaines des soins primaires et de la prise en charge de la dépendance, les mécanismes qui permettent d’évaluer et de récompenser la qualité des services sont peu nombreux et les données sur la performance qui existent pourraient être mieux exploitées (OECD, 2013b). Dans le secteur de la prise en charge de la dépendance, le durcissement des contraintes budgétaires imposées aux communes a conduit à des mesures de réduction des dépenses et de restructuration dont l’impact sur la qualité et l’adéquation des soins n’est pour l’heure pas connu (Kvist, 2014).
Créer un système de protection sociale intégré et mettre l’accent sur la prévention et la réadaptation
62Il conviendrait de regrouper l’offre de services de protection sociale – soins de santé, prise en charge de la dépendance et services sociaux – afin de cerner le plus tôt possible les besoins multidimensionnels des citoyens, d’optimiser le partage d’informations entre les prestataires, d’éviter les chevauchements et les doublons et d’améliorer l’accès aux services (OECD, 2014d). Une meilleure coordination des soins entre les communes, les médecins généralistes et les hôpitaux, en particulier, permettrait que la prise en charge offrant le meilleur rapport coût-efficacité soit retenue et éviterait les hospitalisations inutiles et injustifiées. Toutefois, la mise en place d’un système intégré pourrait entraîner des coûts de transition élevés, parce que des ressources financières seraient nécessaires pour accompagner la restructuration, créer des incitations pour obtenir la collaboration de tous et effectuer un suivi.
63Dans le secteur des soins de santé, les communes ont agi en faveur d’une meilleure coordination entre les soins primaires et secondaires et ont cherché à encourager les médecins généralistes et les hôpitaux à proposer une prise en charge globale et coordonnée. Les mécanismes destinés à récompenser la continuité des soins sont cependant peu développés et les médecins généralistes ont relativement peu utilisé les dispositifs incitatifs conçus pour les encourager à participer à des projets pilotes d’intégration des soins. Pour faciliter le passage à un système intégré, il faudrait améliorer l’évaluation de la qualité des soins primaires, publier des indicateurs de performance et renforcer la responsabilité des médecins généralistes quant aux résultats tout au long du parcours de soins (OECD, 2013b). Il pourrait être envisagé de mettre en place des incitations financières sous la forme d’un paiement ponctuel en faveur des praticiens qui participent aux programmes de gestion de la maladie ou encore d’opter pour le versement d’un paiement conjoint aux prestataires pour la prise en charge des maladies chroniques, comme le font l’Allemagne et les Pays-Bas.
64Des programmes de prévention et de réadaptation appropriés permettraient de faire reculer de nombreux types de maladies et de réduire le besoin de prise en charge de la dépendance (OECD, 2015c). Ainsi, des actions de prévention ciblant suffisamment tôt les principales causes de morbidité et d’invalidité favoriseraient le vieillissement en bonne santé, l’autonomie et le maintien à domicile et réduiraient l’invalidité parmi les personnes âgées, ce qui aurait une forte incidence sur les finances publiques. Si l’allongement de l’espérance de vie devait ne pas se traduire par une augmentation du nombre d’années passées en bonne santé, les dépenses publiques de santé augmenteraient d’environ 2 points de pourcentage du PIB, passant de 12.2 % à 13.4 % (De la Maisonneuve and Oliveira-Martins, 2013).
65Depuis 2007, les communes danoises sont invitées à accorder plus de place à la prévention et à la réadaptation. Pourtant, les dépenses de prévention n’ont pas augmenté en pourcentage du PIB ces dix dernières années (graphique 2.16). De surcroît, cinq ans après l’intégration de la réadaptation parmi les compétences communales, les installations nécessaires à l’offre de services dans ce domaine n’étaient pas en place (Olejaz et al., 2012). Il conviendrait de renforcer les incitations financières en faveur des municipalités qui obtiennent de bons résultats en matière de réadaptation et de réduction de l’accueil en établissement, comme le fait l’Allemagne pour les caisses d’assurance-maladie. Il faudrait aussi définir des objectifs quantitatifs nationaux en matière d’alcoolisme, de tabagisme et d’obésité et cibler les actions sur les populations les plus vulnérables. Les personnes peu qualifiées et les travailleurs à bas revenu risquent davantage d’avoir un mode de vie nocif pour la santé et utilisent moins les services de prévention à cause de problèmes d’accès géographique (Ellins et al., 2014).
Graphique 2.16. Les dépenses de prévention dans le domaine de la santé sont globalement stables
Graphique 2.16. Les dépenses de prévention dans le domaine de la santé sont globalement stables
66Il faudrait aussi envisager d’élaborer des instruments fiscaux pour limiter les comportements dangereux pour la santé, ces outils ayant déjà permis d’améliorer les résultats en matière de santé (Sassi et al., 2013). Le Danemark applique déjà des droits d’accise sur certains produits nocifs pour la santé, comme l’alcool, le tabac et le sucre, mais pourrait étudier s’il est possible d’aller plus loin. En 2011, une taxe sur les graisses saturées a été introduite, mais elle a été supprimée en 2012 au motif qu’elle créait trop de contraintes administratives, favorisait l’achat dans les pays frontaliers et risquait de faire obstacle au marché unique de l’Union européenne. De même, un projet prévoyant d’étendre la taxe sur le chocolat et le sucre à d’autres produits sucrés (les yaourts, le ketchup, la confiture, par exemple) a été abandonné en 2012.
Accroître la concurrence et le financement privé des services de protection sociale
67Une petite proportion seulement des services de protection sociale est confiée à des prestataires privés et le degré de concurrence pour la passation des marchés publics est très variable d’une commune à l’autre (Sorensen, 2015 ; OECD, 2015d). En 2008, les communes les plus importantes réalisaient 35 % de leurs achats dans le cadre d’une mise en concurrence, tandis que dans les autres municipalités, ce pourcentage était inférieur à 20 % (OECD, 2015d). Ouvrir davantage le secteur des services de protection sociale à la concurrence suppose d’établir des normes et d’effectuer un contrôle rigoureux des résultats afin de garantir la qualité des services. Comme il s’ensuivrait des coûts administratifs, les gains d’efficience qui peuvent être espérés risquent d’être faibles. Les études empiriques mettent en évidence un effet positif du recours au marché dans les secteurs techniques (collecte des déchets, entretien des routes, nettoyage), mais aboutissent à des conclusions mitigées pour ce qui est des services de protection sociale (Peterson and Heljmar, 2014). Certaines études soulignent que la concurrence permet des économies et une amélioration de la qualité dans le secteur de la santé, en particulier lorsqu’elle est associée à une liberté de choix entre prestataires et à la diffusion d’informations sur les performances de ces prestataires (OECD, 2015). Les travaux de recherche ne permettent cependant pas d’identifier un ensemble de mesures standard de nature à entraîner des gains d’efficience à travers l’intensification de la concurrence, si bien que les mesures à envisager doivent être étudiées au cas par cas.
68Dans le secteur public danois, le respect du droit de la concurrence est limité. L’administration centrale et les collectivités locales peuvent accorder des dérogations au cas par cas à l’application de la loi sur la concurrence pour des pratiques considérées comme des « conséquences directes ou nécessaires de la réglementation publique » et n’ont pas à rechercher de solutions sans effets anticoncurrentiels. Il n’existe de surcroît ni directives ni règles concernant l’application de ces dérogations. Il conviendrait donc de définir des normes claires et de confier à un organe indépendant le soin de faire le choix de recourir à ces dérogations ou d’évaluer leur utilisation. Il faudrait au minimum que le Conseil de la concurrence puisse soumettre à l’autorité judiciaire la décision administrative de déroger à l’application de la loi sur la concurrence (OECD, 2015d).
69La concurrence pourrait être intensifiée dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance :
- Les dépenses publiques au titre de la prise en charge de la dépendance correspondent principalement à des prestations monétaires (45 % contre une moyenne de 28 % au sein de l’Union européenne) et les personnes qui remplissent les conditions requises pour bénéficier de soins à domicile peuvent choisir leur prestataire. En revanche, le marché des établissements d’hébergement médicalisés est peu diversifié, les établissements indépendants n’en représentant que 11 %.
- Dans le secteur des soins de santé, les soins secondaires sont principalement dispensés dans les hôpitaux publics. Les patients ne peuvent choisir un prestataire privé que s’il est impossible d’obtenir les soins nécessaires dans le secteur public dans un certain délai. Si un recours accru à la passation de marchés avec des prestataires privés peut permettre de réaliser des économies s’agissant de certains services (par exemple pour les examens d’imagerie ; Holstein, 2014), l’activité hospitalière privée connaît une expansion limitée. De plus, les prix prévus dans les contrats d’achat de médicaments hospitaliers sont confidentiels, si bien que les médecins ne peuvent pas choisir le traitement qui offre le meilleur rapport coût-efficacité (Hostenkamp, 2012). Une transparence des prix et l’instauration d’une obligation de prescrire le traitement le moins coûteux pourraient faciliter la maîtrise des coûts.
- Dans le secteur de la pharmacie de détail, les règles applicables aux pharmacies entravent la concurrence. Des restrictions s’appliquent à l’entrée sur le marché et à la propriété des officines, et les prix et les bénéfices sont encadrés (ainsi, un système collectif de péréquation financière oblige les pharmacies réalisant un chiffre d’affaires supérieur à la moyenne à aider celles dont le chiffre d’affaires est inférieur à la moyenne). Le nombre de pharmaciens par habitant est faible comparativement à ce qui est observé dans d’autres pays de l’OCDE (graphique 2.17). Comme l’a recommandé le Conseil de la concurrence, l’assouplissement des conditions à respecter pour créer une pharmacie en ligne et pour posséder plusieurs pharmacies, des règles plus souples sur les horaires d’ouverture, la suppression du numerus clausus appliqué au nombre d’officines amélioreraient l’accès aux soins et permettraient d’accroître la productivité dans le secteur de la pharmacie.
Graphique 2.17. Le marché de détail des médicaments est plus concentré au Danemark que dans la plupart des pays de l’OCDE. Nombre de pharmaciens en exercice pour 1 000 habitants, 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
Graphique 2.17. Le marché de détail des médicaments est plus concentré au Danemark que dans la plupart des pays de l’OCDE. Nombre de pharmaciens en exercice pour 1 000 habitants, 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
71Accroître le financement privé de la santé, aujourd’hui très limité, éviterait une trop grande dépendance à l’égard du budget de l’État pour la prestation des services de santé et de prise en charge de la dépendance. Au Danemark, la plupart des soins de santé sont gratuits, à l’exception de certaines prestations comme les médicaments, les soins dentaires et l’optique. Par conséquent, les dépenses laissées à la charge des patients ne représentent que 13.7 % environ du total des dépenses de santé (contre 19.6 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, graphique 2.18, partie A). Élargir le périmètre des services donnant lieu à une participation des patients permettrait de limiter la demande sans nuire à l’accès aux services médicaux et, par conséquent, à l’état de santé si cette participation reste relativement faible. L’exonération des soins à haute valeur ajoutée et le plafonnement des dépenses directes à la charge du patient limiteraient les répercussions négatives de ce partage des coûts sur la santé des patients les plus démunis ou les plus malades (Pisu, 2014).
Graphique 2.18. La participation des patients au coût est relativement faible dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance. Dépenses directes des ménages au titre de la santé et de la prise en charge de la dépendance, 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
Graphique 2.18. La participation des patients au coût est relativement faible dans les secteurs des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance. Dépenses directes des ménages au titre de la santé et de la prise en charge de la dépendance, 2013 ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles
72Dans le secteur de la prise en charge de la dépendance, les communes sont légalement tenues d’offrir une gamme de services aux personnes âgées qui en ont besoin. Il leur appartient de prendre des décisions quant au volume et à la nature des services fournis en se fondant sur une évaluation concrète de chaque situation (European Commission, 2011). Un mécanisme de rationnement des services existe déjà et depuis janvier 2015, les communes doivent, avant d’accorder des services à domicile, proposer des services individualisés de formation et de réadaptation visant améliorer l’autonomie des personnes âgées. L’objectif est à la fois de promouvoir l’autonomie et la qualité de vie et de réduire le poids du vieillissement sur le budget des communes.
73Les services de soins à domicile sont gratuits, et les communes ne disposent que d’une faible marge de manœuvre pour demander une participation aux dépenses d’aide à domicile et aux dépenses non liées à la santé. Les dépenses directes à la charge des patients s’élèvent actuellement à 8.6 % du total des dépenses, soit un pourcentage inférieur de 8 points à la moyenne de l’OCDE (graphique 2.18, partie B). Il conviendrait d’examiner si le fait d’imposer une participation au coût de la prise en charge pourrait accroître le bien-être des bénéficiaires qui ont besoin de cette prise en charge. Parallèlement, il faudrait définir des critères d’accès aux différents types de services à domicile applicables à l’échelle nationale afin que toutes les personnes âgées puissent bénéficier des mêmes types de services dans toutes les communes.
Recommandations pour préserver l’efficacité des institutions sociales
Principales recommandations
- Réduire le taux effectif d’imposition du retour à l’emploi en réformant les régimes de prestations pour qu’il soit payant de travailler. Réserver la pension d’invalidité permanente aux personnes souffrant d’une incapacité de travail permanente, indépendamment de leur âge.
- Améliorer la qualité et la mise en œuvre des programmes d’intégration destinés aux migrants.
- Contrôler le respect des obligations de travail par les bénéficiaires de prestations d’aide sociale.
- Revoir les dérogations existantes et subordonner le maintien des droits aux prestations d’invalidité à une réévaluation régulière.
- Évaluer le parcours de vie des bénéficiaires de prestations et le coût de leur inactivité.
- Promouvoir la diversité dans l’entreprise au moyen de campagnes de sensibilisation, d’audits des politiques de gestion, de programmes de prévention et de détection précoce des problèmes de santé d’origine professionnelle.
Principales recommandations
- Supprimer les contre-incitations et autres facteurs liés à la conception des régimes publics et professionnels de retraite qui font obstacle à l’activité des travailleurs âgés.
- Mieux mettre à profit l’autonomie des collectivités locales pour tirer les enseignements de la pluralité des approches dans la prestation de services sociaux, ce qui devrait permettre également de renforcer leur responsabilité quant aux résultats. Regrouper les services de protection sociale, de prévention et de réadaptation pour améliorer la prestation des services publics.
- Renforcer la responsabilité des médecins généralistes en matière de continuité des soins.
- Favoriser l’ouverture des services de protection sociale à des prestataires privés pour élargir l’offre tout en réalisant des gains d’efficience.
- Adopter des mesures pour que les personnes non affiliées à un régime de retraite professionnel épargnent davantage en vue de leur retraite.
- Favoriser le concurrence dans le secteur des services de protection sociale, en particulier en réexaminant les dérogations à la loi sur la concurrence dans le secteur public et en assouplissant les règles applicables au secteur de la pharmacie.
- Améliorer l’employabilité des travailleurs âgés et concevoir des mesures pour adapter l’environnement de travail au vieillissement de la population active.
- Étudier la possibilité de diversifier les sources de financement des soins de santé et de la prise en charge de la dépendance en augmentant la participation des patients, en soumettant à condition de ressources l’aide publique au titre les services à domicile et en créant davantage de « taxes comportementales ».
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