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Article de revue

Chapitre 2. Stimuler la croissance dans les régions les moins dynamiques

Pages 91 à 129

Notes

  • [1]
    Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

1Si les inégalités de revenus entre les ménages sont faibles en Slovaquie, les inégalités entre les régions sont en revanche très marquées, ce qui signifie que les titulaires de bas revenus sont géographiquement concentrés. Les disparités régionales se manifestent à travers plusieurs indicateurs : PIB par habitant, revenu, emploi et pauvreté (OECD, 2013a). L’indice de satisfaction à l’égard de la vie est en outre très en dessous de la moyenne de l’OCDE et, là encore, les disparités régionales sont frappantes : plus de 80  % des habitants de la partie orientale estiment que leur situation et leurs perspectives d’amélioration sont plus mauvaises que celles du reste de la population, contre seulement 13 % des habitants de Bratislava (graphique 2.1). Une croissance plus vigoureuse et plus inclusive facilitant la convergence entre les régions est indispensable pour remédier à cette polarisation géographique.

Graphique 2.1. Les inégalités régionales sont fortes et la population peu satisfaite de la vie en Slovaquie

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Graphique 2.1. Les inégalités régionales sont fortes et la population peu satisfaite de la vie en Slovaquie

Note : Bratislava (BR), Trnava (TT), Trenčín(TN), Nitra (NR), Žilina (ZA), Banská Bystrica (BB), Prešov (PO) et Košice (KE).
1. Les régions des pays de l’OCDE sont classées selon une typologie à deux niveaux : le niveau supérieur (TL2) et le niveau inférieur (TL3). Les régions de niveau TL2 sont subdivisées en régions plus petites, de niveau TL3. Les données utilisées ici se rapportent au niveau TL3, sauf pour l’Australie, le Canada, le Chili, le Mexique et les États-Unis.
2. L’indicateur correspond à la somme pondérée de différentes catégories de réponses selon la note que les individus donnent à leur existence actuelle par rapport à la meilleure et à la pire existence possibles, sur une échelle 0 à 10 appelée échelle de Cantril.
3. Pourcentage de réponses à la question suivante : « Pensez-vous que la situation et les perspectives de la population dans votre région sont “pires” que la moyenne en Slovaquie ? »

2Les disparités régionales s’expliquent principalement par la conjonction d’une croissance économique médiocre et de faibles créations d’emplois dans l’est et le centre du pays et d’une mobilité insuffisante de la main-d’œuvre vers l’ouest, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés. Le renforcement de la croissance dans les régions exige une approche pluridimensionnelle qui tienne compte à la fois des aspects individuels et des aspects régionaux. Il faut un programme d’ensemble pour développer le logement locatif, renforcer les politiques actives du marché du travail (PAMT), recentrer l’éducation sur l’emploi, compléter les infrastructures de transport et adapter les politiques d’innovation aux besoins des régions (comme nous le verrons dans ce chapitre), parallèlement à la réforme du secteur public (examinée au chapitre 1). Certains de ces thèmes étaient déjà considérés comme des enjeux majeurs dans les précédentes Études économiques de la République slovaque (2012, 2009). Ils sont repris ici sous le nouvel éclairage des problématiques régionales.

3Le chapitre commence par un diagnostic des disparités régionales laissant clairement apparaître l’image d’une partie occidentale très dynamique et d’une partie orientale à la traîne. Il aborde ensuite la question de la mobilité régionale de la main-d’œuvre, qui pourrait contribuer à l’ajustement du marché du travail au niveau national si elle n’était pas l’une des plus faibles des pays de l’OCDE du fait de l’absence de marché du logement locatif et de l’insuffisance des infrastructures de transport. La situation des moins qualifiés sur le marché du travail est l’une des plus mauvaises des pays de l’OCDE, et le tableau est encore plus sombre dans l’est du pays. Pour améliorer leurs perspectives d’emploi, il faudrait développer les politiques du marché du travail, renforcer le soutien à la recherche d’emploi et contenir les coûts de main-d’œuvre. Un meilleur niveau de formation et une transition plus facile de l’école à l’emploi permettraient aussi d’accroître l’employabilité et la productivité des travailleurs de l’Est, rendant ainsi la région plus attrayante pour les entreprises. De même, le développement des infrastructures de transport et des capacités technologiques attirerait l’investissement et stimulerait la création d’emplois dans les régions moins développées.

Les inégalités entre régions sont fortes, elles s’accentuent et vont de pair avec une mauvaise qualité de vie

4Les inégalités entre régions figurent parmi les plus fortes de la zone OCDE. Le PIB par habitant dans la région de Bratislava est plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale, alors que dans l’est (Prešov), il n’atteint pas 60 % de cette moyenne. Plus de la moitié de la population vit dans les régions moins développées où le PIB par habitant est inférieur à la médiane estimée à 11 150 EUR  en 2011 (graphique 2.2, partie A).

5Les disparités régionales se manifestent également au niveau des revenus et de l’utilisation de la main-d’œuvre (graphique 2.2, partie B). Le revenu moyen dans les régions de l’Est est inférieur de plus de moitié à celui observé à Bratislava. L’écart est grand entre le taux de chômage régional le plus élevé (19.6 %) et le plus faible (6.4 %). À l’aune des taux de chômage, on peut classer les régions en deux grandes catégories : les régions de l’Ouest plus riches (Bratislava, Trnava, Trenčín et Nitra) et les régions de l’Est plus pauvres (Žilina, Banská Bystrica, Prešov et Košice), ci-après également qualifiées de régions moins dynamiques (graphique 2.3). Deux tiers des chômeurs vivent dans les régions de l’Est. Parmi les Roms, concentrés dans l’est du pays, seulement 20 % des hommes et moins de 10 % des femmes sont actifs sur le marché du travail officiel (World Bank, 2012). Faute de perspectives professionnelles, près de 17 % de la population de l’Est vivent sous le seuil du risque de pauvreté (60 % du revenu médian), contre seulement 6 % à Bratislava. Les personnes ayant droit à des allocations destinées à couvrir leurs besoins matériels sont environonze fois plus nombreuses dans l’est que dans la région de Bratislava (Bureau central de l’emploi).

Graphique 2.2. Les disparités régionales sont fortes et s’accentuent

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Graphique 2.2. Les disparités régionales sont fortes et s’accentuent

1. Les régions des pays de l’OCDE sont classées selon une typologie à deux niveaux : le niveau supérieur (TL2) et le niveau inférieur (TL3). Les régions de niveau TL2 sont subdivisées en régions plus petites, de niveau TL3. Les données utilisées ici se rapportent au niveau TL3, sauf pour l’Australie, le Canada, le Chili, le Mexique et les États-Unis.
Note : Bratislava (BR), Trnava (TT), Trenčín (TN), Nitra (NR), Žilina, (ZA), Banská Bystrica (BB), Prešov (PO) et Košice (KE).

6Les disparités régionales persistent et s’accentuent avec le temps (Banerjee and Jarmuzek, 2009). L’augmentation du coefficient de Gini régional est l’une des plus fortes de la zone OCDE depuis la transition et elle s’est accélérée depuis la crise économique. Les régions de l’Est comptent pour près de 40 % de la hausse du chômage depuis 2009 et pour 70 % de celle du chômage de longue durée, tandis que les régions de l’ouest affichent une vigoureuse croissance économique et de bonnes performances en termes d’emploi (graphique 2.2, parties C et D).

Graphique 2.3. Disparités régionales en matière de chômage, 2013

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Graphique 2.3. Disparités régionales en matière de chômage, 2013

Développer le marché du logement locatif

La faible mobilité de la main-d’œuvre entrave la croissance économique

7Bratislava a la possibilité d’étendre son agglomération, qui est encore relativement modeste. Une croissance plus vigoureuse dans les régions économiquement dynamiques aiderait à réduire le taux de chômage dans l’est et stimulerait la productivité à l’ouest grâce à un meilleur processus d’appariement entre l’offre et la demande ainsi qu’aux effets d’agglomération (Ahrend et al., 2014). L’expérience des autres pays donne à penser qu’en doublant de taille, une agglomération peut accroître sa productivité de 2 % à 8 % selon le secteur (Rosenthal and Strange, 2004 ; Combes, 2008).

8Cependant, la main-d’œuvre slovaque est très peu mobile et les mouvements migratoires contribuent peu à l’ajustement du marché du travail (Fidrmuc, 2004). Moins de 2 % des Slovaques âgés de 15 à 64 ans ont changé de domicile en 2011, et un quart seulement d’entre eux ont changé de région (Vagac, 2013). Il n’y a pas vraiment de différence en matière de mobilité selon l’âge et le niveau d’instruction, contrairement à ce que l’on observe dans d’autres pays de l’OCDE, ce qui conduit à penser qu’un facteur commun explique la faible mobilité régionale (Hüfner, 2009 ; OECD, 2005a). Le faible taux de mobilité résidentielle étant associé à un faible taux de rotation de la main-d’œuvre, les obstacles à la mobilité géographique empêchent le redéploiement des travailleurs en fonction des possibilités d’emploi (Andrews et al., 2011; graphique 2.4).

L’accession à la propriété freine la mobilité de la main-d’œuvre

9En règle générale, l’accession à la propriété freine la mobilité résidentielle des travailleurs en raison notamment des moins-values susceptibles d’être subies en cas de vente (OECD, 2005a ; von Ommeren and Leuvensteijn, 2005). Des données empiriques montrent qu’une hausse de 10 points de pourcentage du taux d’accession à la propriété peut être associée à une augmentation de 2 points du taux de chômage du fait d’une moindre mobilité (Oswald, 1996 ; Nickell, 1998). Le taux de propriétaires en Slovaquie est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE : 90 % (graphique 2.5, partie A). De plus, une grande majorité de ces propriétaires n’ont pas de prêt à rembourser car ils ont acheté leur appartement au rabais après la chute du communisme. Cette situation pèse d’autant plus sur la mobilité de la main-d’œuvre que les propriétaires qui ont des mensualités à honorer sont davantage incités à éviter le chômage et donc à changer de lieu de résidence afin d’améliorer leurs perspectives d’emploi (Andrews et al., 2011). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, on estime que la probabilité de déménager chaque année est de 13 % moindre pour un propriétaire qui n’a pas d’emprunt à rembourser que pour un locataire du secteur privé, tandis que la mobilité annuelle d’un accédant est inférieure d’environ 9 % à celle d’un locataire (OECD, 2011a).

Graphique 2.4. La mobilité géographique et professionnelle des travailleurs est faible

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Graphique 2.4. La mobilité géographique et professionnelle des travailleurs est faible

1. Les taux de mobilité sont annualisés. Le faible taux de mobilité indiqué pour certains pays d’Europe orientale ne peut pas être vérifié de façon indépendante.
2. Les taux de réallocation des emplois (taux d’embauches et de licenciements) sont exprimés en pourcentage de l’emploi salarié total. Voir OECD.

Graphique 2.5. Le taux de propriétaires de logement est élevé

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Graphique 2.5. Le taux de propriétaires de logement est élevé

1. 2013 pour l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, la Hongrie, l’Islande, la Lettonie, la Norvège et la République tchèque.
2. Cet indicateur mesure la proportion de la population vivant dans un logement surpeuplé, c’est-à-dire sans avoir à sa disposition un nombre minimum de pièces. La définition de ce minimum dépend de l’âge et du sexe des individus vivant dans le logement.

10L’absence de marché locatif suffisamment développé va de pair avec de mauvaises conditions de vie. La proportion d’habitants vivant dans un logement surpeuplé atteint 40 % en Slovaquie, l’un des taux les plus élevés observés en Europe (graphique 2.5, partie B). Le surpeuplement est le signe que les logements sont insuffisants et que la demande de logements locatifs est potentiellement forte (CECODHAS, 2012 ; Vagac, 2013).

Les politiques publiques devraient encourager davantage le développement du marché locatif

11Les aides publiques favorisent l’accession à la propriété (tableau 2.1). Elles comprennent des allocations destinées aux jeunes pour l’achat d’un logement, une prime de l’État sur l’épargne logement et des crédits hypothécaires à taux bonifiés (encadré 2.1).

Tableau 2.1. Répartition des aides publiques entre l’accession à la propriété et le logement locatif

Aides au logement en Slovaquie (mil. EUR)20062013
SFRB
Accession à la propriété38.335.5
Logement locatif94.312.7
Rénovation, isolation, etc.23.5106.5
Prime d’État au titre de l’épargne-logement34.739.1
Prêts hypothécaires à taux bonifié destinés aux jeunes21.631.0
Subvention au logement locatif social (loi 443/2010)70.923.9
Subvention au logement locatif de substitution (loi 261/2011)02.3
283.1250.9
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Tableau 2.1. Répartition des aides publiques entre l’accession à la propriété et le logement locatif

Source : Ministère des Finances.

Encadré 2.1. Les aides au logement en Slovaquie

Fonds d’État pour le développement du logement (SFRB, Státny fond rozvoja bývania)
En 2013, le SFRB disposait au total de 155 millions EUR et la majeure partie de ces fonds étaient consacrés au financement de travaux d’isolation et de rénovation. Le SFRB distribue des prêts à long terme subventionnés à taux fixe pour l’acquisition ou la reconstruction de logements. Le bien acheté doit être neuf (deux ans au plus) et ne pas dépasser une certaine superficie ; l’emprunteur doit être âgé de moins de 35 ans et avoir un revenu inférieur à 3.5 fois le niveau de subsistance (693 EUR en 2014). Le montant maximum du prêt est de 65 000 EUR et il ne doit pas représenter plus de 80 % de la valeur du bien. Des aides sont également à la disposition des communes et d’autres personnes morales pour le développement du logement locatif social.
Prime d’État au titre de l’épargne logement
Tout dépôt d’un montant au moins égal à 781 EUR effectué en 2014 dans le cadre du dispositif d’épargne logement ouvre droit à une prime d’État de 66 EUR. Durant les six premières années, l’utilisation des fonds est soumise à condition (achat ou reconstruction uniquement), mais cette restriction est ensuite levée. La prime d’État ne dépend pas du montant des revenus.
Prêts hypothécaires à taux bonifié
Toute personne âgée de moins de 35 ans peut souscrire un prêt hypothécaire à taux d’intérêt réduit de 3 % pendant 5 ans à condition que son revenu ne dépasse pas 1.3 fois le montant du salaire moyen des deux derniers trimestres (par exemple, 1 043 EUR au début de 2014). Le prêt s’élève au maximum à 50 000 EUR et il ne doit pas représenter plus de 70 % de la valeur du bien. Les crédits hypothécaires à taux bonifié sont également accessibles aux couples.
Subvention au logement locatif social (loi nº 443/2010)
Une commune, une région autonome ou une association peut bénéficier d’une subvention pour la construction ou l’achat de logements locatifs sociaux. Le montant de cette subvention varie selon le type de logement et couvre entre 30 % et 70 % du coût total de la construction. Les logements sociaux doivent respecter des normes de surface maximales et rester dans le parc locatif pendant au moins 30 ans. L’accès au logement locatif social est soumis à des critères de ressources.
Subvention au logement locatif de substitution (loi nº 261/2011)
Les propriétaires de logements restitués (rendus à leurs premiers propriétaires en 1990) ont le droit, d’après une disposition de 2011, de résilier le bail d’un locataire dont le loyer réglementé est inférieur au prix du marché. Les locataires concernés, généralement des personnes âgées installées de longue date dans leur appartement, sont obligés de quitter les lieux avant 2017 mais peuvent demander à être relogés. L’État subventionne donc la construction de logements de substitution qui devraient être prêts d’ici 2016.
Allocation logement (loi nº 417/2013)
L’allocation logement est une aide sociale réservée aux personnes dans le besoin. Elle se monte à 55.80 EUR pour une personne célibataire et à 89.20 EUR pour un ménage composé d’au moins deux personnes. Les bénéficiaires doivent être propriétaires, copropriétaires ou locataires d’un logement.

12Bien que la part du logement locatif dans les aides publiques ait diminué (tableau 2.1), des mesures ont été prises en faveur de ce segment du marché. En vertu d’une réglementation récente, le secteur privé peut emprunter à des taux bonifiés pour l’achat de logements destinés à la location à la condition que le bien acheté soit loué pendant au moins 30 ans à des personnes disposant de faibles revenus et qu’il se situe à proximité d’une zone industrielle. Outre les communes et les régions autonomes, des associations peuvent bénéficier de subventions pour offrir des logements locatifs ordinaires aux ménages les moins aisés. En outre, le montant des subventions a augmenté de 10 points de pourcentage (elles couvrent désormais 30-40 % des coûts moyens au lieu de 20-30 %).

13Par ailleurs, il existe deux grands programmes d’aides publiques en faveur de l’accession à la propriété :

  • Le dispositif de la prime d’État au titre de l’épargne logement. Cette prime, versée sur les dépôts d’au moins 781 EUR, présente plusieurs inconvénients, à commencer par le fait qu’elle n’est pas soumise à conditions de ressources ; elle peut être utilisée librement au bout de six ans, mais elle fausse la concurrence sur le marché car les banques qui gèrent l’épargne logement en profitent pour offrir des taux d’intérêt plus bas que ceux du marché.
  • Les prêts hypothécaires et les prêts à long terme à taux bonifiés accordés pour l’achat d’un logement par le Fonds d’État pour le développement du logement (SFRB). Ces aides sont régressives, elles faussent l’allocation des ressources et elles ont des effets économiques pervers, surtout dans un contexte de taux d’intérêt extrêmement bas (Andrews et al., 2011).

14L’absence d’aide au logement destinée aux travailleurs à bas salaires aggrave le problème car ceux-ci n’ont pas les moyens de déménager et d’habiter dans les régions les plus dynamiques sur le plan économique. A cet égard, l’expérience internationale suggère que les allocations logement sont préférables au logement social car elles ne sont pas liées à un logement particulier et ne pèsent donc pas sur la mobilité (ECB, 2003). Il existe un dispositif d’allocations logement en Slovaquie mais il est peu développé, étant exclusivement réservé aux ménages très pauvres bénéficiaires de l’aide sociale (Hüfner, 2009). Les autorités devraient envisager d’élargir son champ d’application aux ménages pauvres en général, y compris aux travailleurs pauvres, comme l’ont fait l’Irlande, le Royaume-Uni et certains pays nordiques avec leurs propres dispositifs (Andrews et al., 2011).

15La réglementation des loyers et des relations entre bailleurs et locataires a une profonde incidence sur l’offre locative. S’agissant des loyers, les règles sont à peu près les mêmes que celles que l’on observe de manière générale dans l’UE, mais certaines caractéristiques de la réglementation slovaque découragent les propriétaires de louer. Il est impossible en particulier d’expulser un locataire sans lui offrir une solution de relogement convenable, même si le congé est motivé par des dégâts matériels graves ou par le non-paiement du loyer (Vagac, 2013). Depuis mai 2014, il existe un contrat de location de courte durée (au maximum deux ans) qui permet aux parties de s’entendre sur une réduction du délai de préavis ou sur les modalités de résiliation, y compris en cas de non-paiement du loyer. Il faudrait développer ce type de dispositions de manière à introduire davantage de souplesse dans les contrats à durée indéterminée et réduire la place de ces derniers au profit de contrats à durée déterminée renouvelables. Des procédures judiciaires plus efficaces pourraient aussi améliorer le potentiel du marché locatif (chapitre 1).

Améliorer l’employabilité des travailleurs peu qualifiés en développant les politiques actives du marché du travail

16Les perspectives professionnelles des travailleurs peu qualifiés sont plus mauvaises en Slovaquie que dans d’autres pays. Leur taux d’emploi est inférieur de moitié à la moyenne de l’OCDE, alors que pour les diplômés de l’enseignement supérieur la différence n’est pas significative (OECD, 2013b). Si l’on tient compte de l’âge et du sexe, le fait de ne pas avoir achevé le second cycle du secondaire ampute le taux d’emploi de près de 30 points de pourcentage (graphique 2.6).

17Par ailleurs, on observe de fortes disparités régionales en matière de chômage parmi les travailleurs peu qualifiés : plus de la moitié des personnes ayant un niveau d’instruction inférieur au second cycle du secondaire sont au chômage dans l’est du pays, contre moins de 20 % à Bratislava. Pour tirer le meilleur parti de la croissance potentielle et faciliter l’intégration des régions moins développées, il est sans doute plus important de remédier au problème de formation des travailleurs peu qualifiés que de développer l’enseignement supérieur (D’Costa et al., 2013 ; OECD, 2012a).

18Pour s’attaquer au chômage des personnes peu qualifiées, il faut des politiques du marché du travail efficaces aux niveaux national et régional. D’abord, il est nécessaire d’accroître de façon générale les ressources consacrées aux PAMT, en particulier dans la partie orientale (OECD, 2012b). Les dépenses dans ce domaine ne représentent que 0.2 % du PIB, ce qui place le pays à l’avant-dernier rang du classement de l’OCDE. On pourrait aussi rendre les aides à la recherche d’emploi plus efficaces, perfectionner les mesures d’activation et veiller à ce que les coûts de main-d’œuvre ne constituent pas un frein à l’embauche des travailleurs peu qualifiés.

Graphique 2.6. Le chômage des moins qualifiés est le principal défi que doit relever la Slovaquie

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Graphique 2.6. Le chômage des moins qualifiés est le principal défi que doit relever la Slovaquie

1. Enseignement primaire et premier cycle du secondaire.
Note : Bratislava (BR), Trnava (TT), Trenčín (TN), Nitra (NR), Žilina, (ZA), Banská Bystrica (BB), Prešov (PO) et Košice (KE).
Source : Office statistique de la République slovaque ; et calculs de l’OCDE (voir les détails dans la publication Études économiques de l’OCDE : Pologne2014). StatLink  http://dx.doi.org/10.1787/888933154119

Les aides à la recherche d’emploi pourraient être plus efficaces

19Les prestations fournies par le service public de l’emploi (SPE), notamment en matière d’accompagnement et d’aide à la recherche d’emploi, sont extrêmement efficaces pour réduire le chômage et améliorer les performances des travailleurs peu qualifiés sur le plan de l’emploi (Card et al., 2010 ; EC, 2013). Elles contribuent en outre à préserver les liens avec le marché du travail et peuvent renforcer la mobilité des travailleurs grâce à la diffusion d’informations sur les offres d’emploi.

20Cependant, le manque de ressources du SPE nuit à son efficacité. Avec une moyenne de 187 dossiers par conseiller en 2013, les agents du SPE slovaque ont une charge de travail environ deux fois plus lourde que celle de leurs homologues des autres pays du groupe de Visegrad (graphique 2.7, partie A). La différence est encore plus grande si l’on tient seulement compte du personnel d’accueil au niveau local (OECD, 2012b). Or, malgré la nécessité d’accroître sensiblement les ressources, les effectifs ont fait l’objet de coupes importantes en 2011. Il est prévu de recruter 840 nouveaux agents en 2014, mais ils doivent être pour la plupart affectés à la gestion des programmes d’activation mis en place à l’intention des bénéficiaires de l’aide sociale (voir plus loin). Les autorités devraient accroître les ressources du SPE afin de répondre à la demande induite par le niveau élevé du chômage. L’externalisation d’une partie des activités d’aide à la recherche d’emploi et leur sous-traitance au secteur privé, actuellement envisagées par les autorités, pourraient aussi offrir une solution pour pallier le manque de moyens du SPE (OECD, 2013c).

21De moins de 100 dossiers par agent à Pezinok à près de 300 – un sommet – à Bratislava, la répartition de la charge de travail entre les différentes agences du pays pose un problème supplémentaire. Si le cas de Bratislava peut être considéré comme atypique, avec une forte proportion de chômeurs de courte durée (tableau 2.2), en moyenne, les agences du SPE qui gèrent le plus de dossiers sont confrontées, localement, à des taux de chômage élevés (graphique 2.7, partie B). Des gains d’efficience pourraient donc être réalisés et la qualité des services améliorée en redéployant le personnel de manière à mieux tenir compte des besoins locaux.

Graphique 2.7. Les ressources du SPE sont insuffisantes et des gains d’efficience pourraient être réalisés

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Graphique 2.7. Les ressources du SPE sont insuffisantes et des gains d’efficience pourraient être réalisés

1. 2013 pour la République slovaque.
2. Dans les 46 agences du SPE de Slovaquie. Bratislava est un cas atypique avec 285 dossiers par conseiller et un taux de chômage de 6 %.

Tableau 2.2. Durée du chômage par région (Pourcentage)

Moins de 6 moisDe 6 à 12 moisDe 1 à 2 ansDe 2 à 4 ansPlus de 4 ans
Bratislava381917187
Trnava915213025
Trenčín2923181911
Nitra1811152828
Žilina2317171924
Banská Bystrica157161547
Prešov188172236
Košice179152435
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Tableau 2.2. Durée du chômage par région (Pourcentage)

Source : EFT 2013.

22Une vaste réforme du SPE a été engagée dans le but d’améliorer la qualité et l’efficacité économique des services, conformément à certaines des recommandations formulées dans la précédente Étude économique (encadré 2.2). Son achèvement est prévu pour 2020, mais les autorités devraient envisager une mise en œuvre plus rapide. Les principaux changements sont les suivants (NRP, 2014):

  • La suppression de l’entretien obligatoire avec tous les chômeurs a permis de renforcer le suivi individualisé de certains d’entre eux. C’est une mesure qui apporte de la souplesse et permet aux agents du SPE de concentrer leurs efforts sur des groupes spécifiques.
  • La qualité des services fournis par les agents étant fonction de leurs compétences et de leur motivation, le projet national « Amélioration de la qualité et de l’accessibilité du SPE » a pour but de former 2 700 agents et de développer leurs compétences en informatique.
  • L’intégration prévue des activités d’aide à la recherche d’emploi et d’indemnisation devrait permettre de réaliser des gains d’efficience (OECD, 2001).

Encadré 2.2. La réforme du service public de l’emploi

La réforme vise à améliorer la flexibilité, la capacité et la qualité des services ; sa mise en œuvre devrait s’étaler jusqu’en 2020.
Donner plus de responsabilité et d’autonomie au Bureau central de l’emploi
La direction générale du travail et ses antennes ont été intégrées en janvier 2014. Le Bureau central de l’emploi est désormais seul responsable de la gestion des agences locales et de leur personnel.
Intégrer les politiques actives et passives du marché du travail
Les agences pour l’emploi assureront les tâches suivantes :
  • accueil du public (prise de contact, enregistrement et informatisation des demandes, conseils) ;
  • suivi des dossiers (recherche d’emploi et entretiens d’embauche, politiques actives du marché du travail) ;
  • traitement automatisé de l’indemnisation.
Adapter le budget aux besoins des marchés du travail locaux
Le budget des agences pour l’emploi dépendra des besoins du marché du travail (c’est-à-dire du taux de chômage) et de leurs résultats (nombre de placements durables, offre de PAMT appropriées, etc.).
Accroître la motivation des agents du SPE
La rémunération actuelle des agents du SPE est inférieure à la moyenne de l’administration publique (80 %). En fonction de leurs résultats, les agents affectés aux missions de conseil et d’accompagnement verront leur salaire revalorisé au niveau de rémunération moyen de l’administration publique.
Assurer le suivi des PAMT
Une base de données centralisée des agences pour l’emploi a été mise en place pour permettre le suivi des PAMT par le ministère du Travail, des Affaires sociales et de la Famille et le Bureau central de l’emploi. La méthode d’évaluation de l’efficience des mesures actives du marché du travail a été mise au point et validée par le ministère au début de 2012.
Améliorer l’efficience et moderniser les services
Un nouveau portail Internet lancé en novembre 2013 renforce le système d’information du SPE. Il rassemble les vacances d’emploi, positionne les profils des demandeurs dans la grille de classification des emplois et diffuse des informations sur les vacances d’emploi.
Les tâches administratives ont été allégées.

Les politiques actives du marché du travail doivent être adaptées aux besoins régionaux

23La réforme des politiques d’activation de mai 2013 a sans doute permis des gains d’efficience dans la mesure où elle a i) supprimé certains programmes redondants et inefficaces ; ii) réduit les charges administratives liées à la mise en œuvre des programmes ; et iii) défini clairement les critères d’admissibilité (âge, qualification, durée du chômage et situation du marché du travail local). La réaffectation des dépenses en faveur des programmes les plus efficients compléterait ces mesures. Il faudrait aussi revoir la répartition régionale des programmes afin de s’assurer qu’ils sont bien ciblés sur ceux qui en ont besoin.

Développer la formation et supprimer progressivement les programmes de travaux publics, en particulier dans l’est du pays

24Avec 1 % seulement du budget des PAMT, la formation fait figure de parent pauvre alors que c’est une des mesures d’activation jugées les plus efficientes à l’échelle internationale (Card et al., 2010). La formation améliore l’employabilité des demandeurs d’emploi en les aidant à mieux répondre aux besoins du marché du travail et elle leur permet d’accéder à des emplois de meilleure qualité. Elle est aussi de nature à encourager la mobilité des travailleurs puisqu’elle étoffe leurs compétences et que les travailleurs qualifiés sont généralement plus mobiles que les autres (OECD, 2005a). Les autorités devraient envisager d’accroître les ressources consacrées à la formation (tableau 2.3).

Tableau 2.3. Répartition nationale et régionale des ressources entre les différents programmes d’activation (Pourcentage)

AnnéeFormation professionnelleIncitations à l’emploiCréation directe d’emplois Aides à la création d’entreprisesEmploi protégé et réadaptation
201316141122
Région
Bratislava771255
Trnava46457
Trenčin21151015
Nitra11181212
Žilina71471313
Banská Bystrica615221616
Prešov123171916
Košice219352017
tableau im10

Tableau 2.3. Répartition nationale et régionale des ressources entre les différents programmes d’activation (Pourcentage)

Source : COLSAF.

25Les programmes de formation sont très développés dans l’ouest et la région de Bratislava mais quasiment inexistants dans les régions moins dynamiques (tableau 2.3), ce qui contraste avec l’un des axes de la réforme de mai 2013 qui tend à privilégier la dimension régionale dans la répartition des PAMT. Les autorités devraient surveiller de près la façon dont les programmes de formation sont répartis sur le territoire afin de s’assurer qu’ils ne laissent pas de côté les groupes les plus vulnérables dans l’est du pays.

26La composition de la formation est essentielle pour son efficacité. De ce point de vue, l’expérience internationale donne à penser qu’il faut i) promouvoir les formations axées sur le marché, notamment la formation en entreprise ; ii) privilégier les programmes intensifs à petite échelle (qui ont un coût unitaire élevé) plutôt que les programmes extensifs ; et iii) prévoir une procédure de certification officielle (Martin and Grubb, 2001; BIS, 2013). Des progrès ont été faits en matière de certification des compétences et de reconnaissance de la formation non formelle, et un projet de loi en préparation (NRP, 2014) devrait contribuer à favoriser la mobilité en organisant la reconnaissance des qualifications sur l’ensemble du territoire.

27En revanche, les programmes de travaux publics ne concourent pas à renforcer l’employabilité des travailleurs peu qualifiés (Card et al., 2010) et, d’après l’expérience slovaque, ils peuvent même amoindrir les perspectives d’emploi futures des personnes concernées à cause de leurs effets stigmatisants (Harvan, 2010). Ils entravent la mobilité de la main-d’œuvre car ils tendent à enfermer les travailleurs peu qualifiés dans des dispositifs locaux de création d’emplois et sont essentiellement concentrés dans les régions moins dynamiques, où il faudrait au contraire promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre. Ces programmes devraient donc être supprimés progressivement ou bien ciblés sur les demandeurs d’emploi les plus difficiles à placer, par exemple les personnes depuis longtemps inactives qui ont besoin d’une aide particulière pour se réhabituer au travail, et uniquement utilisés de manière temporaire (OECD, 2009a).

Les subventions salariales pourraient être mieux ciblées

28Les programmes actifs du marché du travail slovaques se composent essentiellement de subventions à l’embauche (61 % des dépenses). Ces dispositifs sont certes efficaces pour réinsérer les chômeurs sur le marché du travail, mais ils peuvent entraîner des pertes sèches (les recrutements auraient eu lieu même sans les subventions) et ne se traduisent finalement que par une modeste croissance nette de l’emploi et un effet à court terme (Martin and Grubb, 2001 ; Boone and van Ours, 2004 ; Kluve, 2010). Il faut donc veiller à les utiliser de telle manière qu’ils procurent un avantage de coût aux travailleurs qui ne pourraient pas autrement trouver d’emploi à cause de leur faible productivité (Orszag and Snower, 2003). Suivant cette logique, les subventions à l’embauche sont plus fréquentes dans les régions moins développées où les travailleurs peu qualifiés sont surreprésentés (tableau 2.3).

29Depuis novembre 2013, les chômeurs de longue durée qui trouvent un emploi faiblement rémunéré (67 % du salaire moyen) assorti d’un contrat de travail ordinaire bénéficient d’une exonération de cotisations sociales salariales et patronales pendant 12 mois (sauf au titre de l’assurance accidents et de l’assurance garantie des salaires). Cette mesure devrait en principe accroître les incitations au travail en augmentant le revenu net des travailleurs et en réduisant le coin fiscal sur les bas salaires, de même qu’elle devrait encourager l’embauche de travailleurs faiblement rémunérés en faisant baisser le coût du travail (graphique 2.8). Cependant, jusqu’en février 2014, 1 900 personnes seulement en ont bénéficié alors qu’on en attendait 15 000 par an compte tenu de la forte proportion de chômeurs de longue durée. Les autorités devraient s’assurer qu’elle ne pâtit d’aucun problème spécifique qui empêcherait les employeurs d’y recourir. À l’avenir, elles pourraient envisager d’en faire un dispositif permanent qui réduirait le coin fiscal sur le travail non qualifié. Le projet actuel d’exonération permanente de cotisations d’assurance maladie sur les bas salaires (moins de 494 EUR) va dans la bonne direction.

30Les aides destinées à favoriser l’embauche des jeunes dans le cadre du dispositif « Stimuler la création d’emploi » pourraient elles aussi gagner en efficience. Réservées aux jeunes de moins de 29 ans au chômage depuis au moins trois mois, elles ont permis de créer 11 500 emplois depuis décembre 2012. Cependant, du fait de conditions d’accès peu restrictives, elles peuvent avoir un effet d’aubaine important pour les employeurs : puisque le niveau de formation n’entre pas en ligne de compte, ceux-ci peuvent en effet utiliser les subventions pour embaucher des jeunes qualifiés qu’ils auraient de toute façon embauchés. Il conviendrait donc de réformer ces aides afin qu’elles soient axées sur les jeunes les plus vulnérables.

Graphique 2.8. Le coin fiscal sur les bas salaires est élevé

tableau im11

Graphique 2.8. Le coin fiscal sur les bas salaires est élevé

Le système d’aide à la création d’entreprises a été réformé

31Les aides à la création d’entreprises ont été réduites, conformément aux recommandations formulées dans la précédente Étude économique, et réformées pour mieux tenir compte des besoins locaux. Leur efficacité n’est pas vraiment établie, notamment à cause du manque de compétences entrepreneuriales de certains bénéficiaires (Martin and Grubb, 2001). Les critères d’admissibilité sont plus stricts depuis la réforme de mai 2013. En outre, l’aide est désormais versée en deux étapes, avec une première tranche de 60 % dans le mois qui suit la signature de la convention validant le projet et le reste après 12 mois de travail indépendant et la soumission du premier rapport d’activité. La commission régionale de l’emploi participe désormais à l’évaluation de l’efficacité, de l’efficience et de la crédibilité du plan d’exploitation prévu pour l’entreprise. Cette nouvelle procédure devrait permettre une meilleure adéquation entre les entreprises créées et les besoins locaux, mais elle ajoute aussi une couche au processus d’approbation.

Les programmes d’activation destinés aux bénéficiaires de l’aide sociale pourraient être améliorés

32Les progrès réalisés en matière d’activation des bénéficiaires de l’aide sociale sont mitigés. De nouveaux centres d’activation, placés sous la responsabilité du SPE, ont été créés en janvier 2014 pour s’occuper des bénéficiaires de prestations couvrant des besoins matériels. Cette initiative va dans la bonne direction car l’expérience internationale, en particulier les réformes Hartz menées en Allemagne, tend à montrer qu’une plus grande intégration de la politique sociale et de celle du marché du travail peut améliorer les perspectives d’emploi des bénéficiaires de l’aide sociale (OECD, 2010a).

33L’obligation de travail (32 heures par mois dans les communes) imposée aux bénéficiaires de prestations attribuées pour répondre à des besoins d’ordre matériel est un aspect discutable du dispositif d’activation. Comme on l’a vu plus haut, les programmes de travaux publics ont peu d’effet sur l’employabilité future de ceux qui y participent : ils peuvent même être stigmatisants sur le marché du travail et réduire la mobilité régionale de la main-d’œuvre. Une aide renforcée à la recherche d’emploi et la participation à des mesures d’activation, par exemple à des formations qui contribuent à améliorer les qualifications et l’aptitude à l’emploi, sont préférables. De plus, le programme actuel d’activation risque d’accentuer encore les disparités régionales en appauvrissant ceux qui ne prennent pas d’emploi et subissent de ce fait une baisse de leurs prestations. Les autorités devraient donc revoir cette mesure. Une autre solution, plus conforme aux meilleurs pratiques internationales en la matière, consiste à développer les prestations liées à l’exercice d’un emploi (OECD, 2005b). En rendant le travail financièrement plus attrayant, elles favorisent l’inclusion sociale et l’emploi. C’est pourquoi les autorités devraient envisager de renforcer les mesures de soutien des revenus pour les travailleurs à bas salaires et les bénéficiaires de prestations couvrant des besoins matériels qui prennent part à des actionsde formation ou à des activités éducatives.

Contenir la hausse des coûts de main-d’œuvre dans les régions moins développées

Un salaire minimum ou des cotisations de sécurité sociale modulés selon les régions sont peut-être nécessaires

34Un salaire minimum élevé peut nuire aux perspectives d’emploi des travailleurs peu qualifiés en les rendant trop coûteux par rapport à leur productivité. L’écart entre le salaire minimum et le salaire médian correspond à la moyenne de l’OCDE et la proportion de salariés payés au salaire minimum est estimée entre 2 % et 6 % en Slovaquie, ce qui est proche de la valeur médiane observée en Europe (Eurostat, 2010 ; INESS, 2013 ; graphique 2.9). Cependant, ce système s’applique de manière uniforme dans le pays et risque donc de ce traduire par un minimum trop faible à Bratislava mais trop élevé dans les régions moins développées, compte tenu des écarts considérables observés dans les salaires du marché et le coût de la vie. Des estimations récentes confirment ces disparités régionales : dans les régions moins développées comme celles de Prešov et de Banská Bystrica, la proportion de salariés touchant le salaire minimum atteindrait le double de la moyenne nationale (INESS, 2013).

Graphique 2.9. Le salaire minimum doit être ajusté en fonction des conditions locales du marché du travail

tableau im12

Graphique 2.9. Le salaire minimum doit être ajusté en fonction des conditions locales du marché du travail

1. 2011 pour le Chili et 2013 pour la République slovaque.
2. Les données sur la salaire médian en 2013 sont provisoires.

35La réforme récente du contrat de travail dérogatoire au droit commun pourrait rendre le salaire minimum plus contraignant pour les régions moins développées. Jusqu’en janvier 2013, les employeurs pouvaient avoir recours à des contrats qui n’étaient pas soumis à la règle du salaire minimum ni au paiement des cotisations de sécurité sociale. Ces contrats étaient alors très répandus – on en comptait 450 000 en 2013 – mais leur nombre a fortement diminué après la réforme (de 200 000). Les autorités devraient faire une étude pour évaluer les effets du salaire minimum national sur le coût du travail et la création d’emplois dans les régions de l’Est, surveiller ces effets et réfléchir à des mesures qui permettraient d’adapter les coûts de main-d’œuvre aux conditions locales.

L’extension légale des conventions collectives devrait être réformée

36Les conventions collectives sont importantes pour améliorer les conditions de travail et développer la formation tout au long de la vie (Keogh, 2009), mais leur extension automatique à toutes les entreprises d’une même branche empêche l’adaptation aux situations locales très diverses du marché du travail. Jusqu’en janvier 2014, les employeurs qui souhaitaient disposer de plus de souplesse pour fixer les salaires et les horaires de travail en fonction de l’environnement économique, avaient la possibilité de déroger aux conventions collectives. Cette option a été supprimée mais les employeurs disposent toujours d’un droit de recours devant la commission tripartite, qui peut décider de leur accorder une dérogation. Avant d’autoriser une extension de convention collective, le ministère du Travail, des Affaires sociales et de la Famille tient compte d’une série de critères, parmi lesquels le degré de représentativité de l’accord et la situation économique du secteur (encadré 2.3). À l’avenir, une option envisageable pour faire en sorte que l’extension des conventions collectives tienne compte de la diversité régionale consisterait à définir des critères de représentation transparents, comme cela a été fait au Portugal en 2011, lorsque les autorités ont décidé d’exiger comme critère supplémentaire que les employeurs signataires de la convention représentent au moins 50 % des salariés du secteur considéré,compte tenu de la région, de la taille d’entreprise et de l’activité professionnelle pour lesquelles l’extension est demandée (OECD, 2012c).

Encadré 2.3. Extension des conventions collectives

En Slovaquie, les négociations collectives se déroulent à deux niveaux, celui de la branche et celui de l’entreprise. Le principe de l’extension légale des conventions collectives a été instauré en 1991 puis assoupli en 2004 avec l’octroi aux employeurs d’un droit de veto effectif au niveau de l’entreprise.
Depuis le 1er janvier 2014, toute partie à un accord négocié à un niveau supérieur entre des organisations syndicales et des associations patronales peut proposer d’élargir celui-ci à tous les autres employeurs de la branche concernée, y compris ceux qui n’ont pas participé aux négociations. Les principes suivants s’appliquent :
  • Les accords négociés à un niveau supérieur l’emportent sur ceux négociés au niveau de l’entreprise et sur les contrats de travail individuels. Si une convention collective de niveau supérieur prévoit des conditions plus favorables pour les salariés, les employeurs doivent obligatoirement en tenir compte.
  • Il n’est pas possible d’étendre une convention collective à une entreprise couverte par une autre convention collective.
  • Une convention collective ne peut être étendue que si elle couvre un plus grand nombre de salariés du secteur considéré que tout autre accord existant.
  • La décision finale appartient aux pouvoirs publics.
  • Les entreprises de moins de 20 salariés ne peuvent pas faire l’objet d’une extension de convention collective.

Recentrer les politiques éducatives sur les objectifs en matière d’emploi

37Les disparités entre les régions sont également visibles dans le domaine de l’éducation : sur les 265 régions que compte l’UE, Bratislava figure au 15e rang du palmarès des résultats scolaires, alors que la région orientale de Východné occupe la 211e place du classement (EU, 2012). Une amélioration quantitative et qualitative de l’éducation favoriserait l’insertion professionnelle des chômeurs dans les régions défavorisées où le faible niveau de formation est un handicap important. Ce serait un moyen d’accroître la productivité de la main-d’œuvre et de rendre les régions de l’Est et du Centre plus attrayantes pour les entreprises. Il faudrait pour cela recentrer les politiques sur trois objectifs : rehausser le niveau de qualification des travailleurs, doter les diplômés de compétences utiles pour l’emploi et renforcer l’égalité des chances.

Améliorer la capacité d’adaptation des travailleurs grâce à la formation continue

38La formation continue contribue à améliorer l’emploi et la productivité en relevant le niveau de qualification des travailleurs et en favorisant le rapprochement entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. Des travaux empiriques montrent que pour 10 % de formation continue en plus, la probabilité d’être actif augmente de 0.4 % en moyenne tandis que celle d’être au chômage diminue de 0.2 % (OECD, 2004 ; Bassanini et al., 2005). Il y aurait donc beaucoup à gagner à développer la formation continue en Slovaquie, où 3 % seulement des travailleurs en ont bénéficié en 2013, contre 10.4 % en moyenne dans les pays européens, et où les taux de participation ont même baissé ces dernières années par rapport aux 4.6 % enregistrés en 2006 (graphique 2.10, partie A).

39La faible participation des travailleurs à la formation continue dans les régions moins développées aggrave encore les disparités régionales (graphique 2.10, partie B). La reconversion des salariés favorise leur mobilité professionnelle et renforce leur capacité d’adaptation au changement structurel et technique. Elle est donc particulièrement nécessaire dans les régions de l’Est où la mobilité professionnelle et géographique est limitée et le changement structurel indispensable. Les autorités devraient faire en sorte que les travailleurs des régions moins développées bénéficient d’une offre suffisante de formation continue.

40Plusieurs facteurs liés au dysfonctionnement du marché freinent l’investissement des salariés et des entreprises dans la formation continue, notamment : i) l’absence de dispositions spécifiques dans les programmes éducatifs ; ii) l’absence d’information sur les retombées positives de la formation ; iii) le défaut de reconnaissance des apprentissages informels ; et iv) la peur du débauchage des salariés par d’autres entreprises (Ok and Tergeist, 2003). Des mesures ont déjà été prises par les autorités pour promouvoir la formation continue. Une meilleure prise en compte de la formation informelle et la création de 25 centres d’orientation pour adultes devraient renforcer les incitations pour les salariés. On pourrait aussi faire davantage pour aider financièrement les travailleurs et les entreprises, par exemple au moyen de dispositifs efficaces comme les chèques-formation (OECD, 2005c).

Graphique 2.10. La formation continue est quasiment inexistante dans les régions moins développées

tableau im13

Graphique 2.10. La formation continue est quasiment inexistante dans les régions moins développées

1. Entreprises offrant des programmes de formation structurée à leurs salariés permanents à temps plein. Données de 2008 pour la Turquie ; 2005 pour l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne.
2. Participation à l’éducation et à la formation structurées et non structurées chez les 25-64 ans. Pourcentage de la population dans le même groupe d’âge.

Assurer une meilleure adéquation entre les compétences et les besoins du marché du travail dans l’enseignement professionnel

41Avec un taux de chômage de 34 %, l’un des plus élevés des pays de l’OCDE, les jeunes sont particulièrement touchés par la dégradation du marché du travail. Le fait que 19 % d’entre eux ne soient ni pourvus d’un emploi, ni scolarisés, ni en formation témoigne d’une insertion professionnelle difficile (graphique 2.11). Le phénomène est encore plus frappant dans l’est du pays où la proportion de jeunes déscolarisés et inactifs est deux fois plus importante qu’à Bratislava (23 % contre 9 %).

42Le système d’enseignement professionnel et de formation ne fournit pas les compétences requises sur le marché du travail (OECD, 2012b ; Grubb, 1999 ; OECD, 2007). D’après des enquêtes réalisées auprès des salariés de l’industrie automobile, 6 % seulement des diplômés de l’enseignement secondaire professionnel ont reçu une formation adéquate et sont prêts à intégrer le marché du travail (Cedefop, 2013). Les difficultés d’insertion professionnelle tiennent notamment au manque de coopération entre les entreprises et les établissements de formation, et sont perçues par les employeurs comme un obstacle important (PAS, 2013). Les autorités ont lancé plusieurs projets pilotes, notamment en matière d’apprentissage, pour venir à bout de ces problèmes (NRP, 2014). Leur extension prévue à l’échelle nationale l’an prochain, en vue de former 2 000 jeunes en 2015, est une initiative louable. Une attention particulière devrait être portée aux régions moins développées lors de la mise en œuvre du nouveau système d’enseignement et de formation en alternance, et l’affectation des ressources entre les différents établissements devrait tenir compte des enjeux éducatifs. Si l’on prend pour mesure le nombre d’enseignants pour 100 élèves, Bratislava reçoit à l’heure actuelle davantage de ressources que les autres régions (graphique 2.12).

Graphique 2.11. La situation des jeunes sur le marché du travail est difficile

tableau im14

Graphique 2.11. La situation des jeunes sur le marché du travail est difficile

1. NEET : jeunes ni pourvus d’un emploi, ni scolarisés, ni en formation. En pourcentage de la population âgée de 18 à 24 ans.
2. En pourcentage de la population active âgée de 15 à 24 ans.

Graphique 2.12. Les ressources allouées à l’enseignement professionnel devraient être également réparties

tableau im15

Graphique 2.12. Les ressources allouées à l’enseignement professionnel devraient être également réparties

Note : Bratislava (BR), Trnava (TT), Trenčín, (TN), Nitra (NR), Žilina, (ZA), Banská Bystrica (BB), Prešov, (PO) et Košice (KE).

43L’amélioration que peut apporter le système d’enseignement et de formation en alternance à l’insertion des jeunes sur le marché du travail dépend de l’offre de formations de qualité en entreprise. Pour inciter les entreprises à proposer des places, les autorités envisagent des exonérations fiscales. Ce type de mesure devrait s’accompagner d’un strict contrôle de qualité afin d’assurer un équilibre entre les compétences acquises par l’alternant, le travail qu’il réalise, le salaire qu’il perçoit et les aides versées à l’employeur (Westergaard Nielsen and Rasmussen, 1999). On pourrait envisager de différencier ces aides selon les régions afin d’inciter les entreprises à localiser leurs activités dans l’est et le centre du pays, et d’assurer une offre suffisante de formations pratiques.

44Prévoir les besoins du marché du travail pour pouvoir soutenir les secteurs à fort potentiel de création d’emplois est un facteur de succès également essentiel pour les établissements de formation professionnelle. À cette fin, les autorités ont créé une commission chargée des prévisions et publié en janvier 2014 deux listes de métiers classés selon leur situation en termes d’emploi : une liste noire des métiers en sureffectifs et une liste blanche des métiers dynamiques susceptibles de générer des offres d’emploi. Ces listes étaient en principe établies sur la base des taux de chômage des jeunes diplômés deux ans après leur sortie du système scolaire et sur des prévisions de la demande de main-d’œuvre. Plusieurs défauts ont été pointés sur la liste blanche : sur les 39 métiers recensés, 15 ne comptaient aucun diplômé des deux dernières années et 24 affichaient un taux de chômage de 27 %. Au vu du débat public suscité par cette liste, il conviendrait d’expliquer clairement la méthode employée et de prendre l’avis de spécialistes de l’emploi.

Rehausser le niveau général des compétences de base et renforcer l’égalité des chances

45Les résultats scolaires des jeunes issus de milieux socio-économiques défavorisés figurent parmi les plus mauvais de la zone OCDE, et ce handicap est encore plus flagrant dans l’est du pays (graphique 2.13, partie A ; OECD, 2013b). En outre, les variations entre les établissements semblent beaucoup plus marquées que ce que l’on observe en moyenne dans les pays de l’OCDE du fait des mauvais résultats des écoles accueillant une majorité d’élèves de milieux socio-économiques défavorisés (OECD, 2013d).

Graphique 2.13. L’égalité des chances est sérieusement mise à mal dans l’enseignement

tableau im16

Graphique 2.13. L’égalité des chances est sérieusement mise à mal dans l’enseignement

1. Pourcentage de variation des résultats scolaires attribuable à l’indice de statut économique, social et culturel (SESC) du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), R2*100.

46L’expérience internationale tend à montrer qu’un bon système de préscolarisation a un effet positif sur les résultats scolaires ultérieurs des enfants et contribue à l’égalité des chances. Pour la Slovaquie, les gains à attendre sur le plan de l’éducation d’une extension de ce système pourraient être très importants : ils sont estimés à 40 points de plus au score global du PISA, soit davantage que la moyenne pour la zone OCDE (OECD, 2011b). Or, le pourcentage d’enfants inscrits dans l’enseignement préprimaire est parmi les plus faibles de l’Union européenne (77 % contre 93 % en moyenne). En Belgique, en Hongrie et aux Pays-Bas, par exemple, où plus de 90 % des élèves indiquent avoir fréquenté pendant plus d’un an un établissement préscolaire, l’éducation préprimaire est quasiment universelle, ce qui correspond aux meilleures pratiques dans ce domaine (OECD, 2011b). Il faudrait prendre des mesures propres à développer l’éducation préscolaire, en particulier dans les milieux socio-économiques défavorisés et pour les enfants d’origine rom, dont els taux de participation sont généralement plus bas (UNDP, 2012). Des initiatives positives ont vu le jour récemment pour améliorer la qualité de l’enseignement préprimaire ; elles méritent d’être poursuivies en tenant compte des recommandations formulées dans l’étude de l’OCDE sur la qualité del’éducation des jeunes enfants en République slovaque (OECD, 2012e). Les autorités ont l’intention de rendre l’éducation préprimaire gratuite pour les enfants de plus de trois ans issus de milieux socialement vulnérables, y compris les enfants roms, d’ici 2015 (NRP, 2014). Cette mesure va dans la bonne direction, mais il faudra surveiller de près les taux d’inscription.

47La motivation des enseignants et la qualité de l’enseignement sont deux autres facteurs déterminants des performances scolaires. On sait qu’il est efficace de faire venir les meilleurs enseignants dans les écoles qui accueillent des élèves en difficulté. L’augmentation récente du salaire des enseignants (de 5 % en 2013) est une bonne chose, mais il faudrait faire davantage étant donné le retard pris dans ce domaine ; le salaire d’un enseignant ne représente que 44 % environ de la rémunération moyenne d’un diplômé de l’enseignement supérieur en Slovaquie, au lieu de 82-90 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (OECD, 2013b). De nouveaux efforts s’imposent donc à cet égard, par exemple sous la forme d’une prime qui pourrait être versée aux enseignants exerçant dans les établissements où les élèves issus de milieux défavorisés et les enfants roms sont surreprésentés.

48Les mauvais résultats scolaires des Roms constitue une source de préoccupation particulière, de même que leur surreprésentation dans les écoles spécialisées (graphique 2.13, partie B; OECD, 2012b; World Bank, 2012). Un système d’éducation préscolaire de qualité réduirait la probabilité d’orientation vers l’éducation spécialisée (World Bank, 2012). À défaut de rendre la préscolarité obligatoire comme évoqué ci-dessus, on pourrait accroître les prestations en nature et instaurer la gratuité de l’éducation préprimaire pour tous les enfants à partir de l’âge de trois ans. Au Brésil, par exemple, des aides financières ont été mises en place dans le cadre du programme bolsa familia pour inciter les parents à scolariser leurs enfants dans le primaire (OECD, 2013e). L’augmentation du nombre d’auxiliaires (« projet journée continue ») devrait également contribuer à améliorer l’intégration des élèves roms dans les établissements d’enseignement ordinaires en leur offrant un soutien sur mesure, y compris dans leur langue. Les dispositifs de soutien axés sur cette population doivent être maintenus, même s’il est difficile d’en assurer la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation en l’absence de statistiques fiables ; celles-ci devraient également êtredéveloppées.

Améliorer les infrastructures de transport et d’innovation

La connexion entre les régions en retard et le centre de l’activité économique doit être renforcée

49L’amélioration sur le plan qualitatif et quantitatif des infrastructures de transport est essentielle pour stimuler le développement des régions en retard. Dans l’est et le centre du pays, la faiblesse des liaisons de transport est perçue par les entreprises comme le principal obstacle au développement régional (PAS, 2013). La densité du réseau routier varie considérablement selon les régions (graphique 2.14). Il importe de compléter le réseau d’infrastructures de transport en Slovaquie à la fois pour supprimer les goulets d’étranglement qui limitent l’expansion économique dans la région de Bratislava et pour réduire les obstacles à la création d’emplois dans l’est du pays.

Graphique 2.14. Il est essentiel de développer les infrastructures

tableau im17

Graphique 2.14. Il est essentiel de développer les infrastructures

1. La densité de routes est égale à la longueur totale du réseau routier en kilomètres divisée par la superficie du territoire en kilomètres carrés. Le réseau routier comprend toutes les routes. les données se rapportent à 2010 pour l’Irlande, 2009 pour le Canada, 2005 pour l’Italie et 2004 pour le Luxembourg.
Note : Bratislava (BR), Trnava (TT), Trenčín (TN), Nitra (NR), Žilina (ZA), Banská Bystrica (BB), Prešov (PO) et Košice (KE).

50Il n’y a toujours pas de liaison autoroutière continue entre l’est et l’ouest du pays, même si le fait que la quasi-totalité des tronçons manquants de l’autoroute D1 Bratislava-Košice soient maintenant en cours de construction constitue une évolution positive. En outre, les routes menant de Košice à Budapest, vers la Pologne et vers l’Ukraine sont de mauvaise qualité (OECD, 2012a). Améliorer la disponibilité des infrastructures routières est donc une priorité pour les autorités, dont les principaux objectifs sont la modernisation des routes de première classe et l’amélioration du réseau routier en général, en particulier les corridors du réseau RTE-T. Dans ce contexte, l’achèvement de l’autoroute D1 entre Bratislava et Košice est prévu pour 2019 et la liaison avec la Pologne et la République tchèque est en construction. Autres progrès récents, la voie express entre Košice et la frontière hongroise est maintenant terminée et les travaux préparatoires des projets de liaison avec les frontières polonaise et ukrainienne ont été lancés. Ces équipements devraient contribuer à la croissance (Sutherland et al., 2009) en réduisant les coûts d’accès à Bratislava et aux autres pays de l’UE, actuellement très élevés (Dijkstra et al., 2011).

51Les différends relatifs aux marchés publics ont largement contribué au retard pris dans la construction de routes. La réforme récente de la procédure de passation des marchés publics devrait améliorer la rentabilité des investissements dans les infrastructures ainsi que la qualité des projets. Parmi ses principales dispositions figurent notamment la modification du processus de sélection via l’adjonction de critères de décision qualitatifs, la mise en place d’un conseil indépendant chargé des marchés publics et la création d’un système de référencement des fournisseurs (encadré 2.4). Bien que cette réforme aille dans la bonne direction, elle n’est pas encore entièrement déployée et la procédure paraît encore assez longue, le recours à la plateforme électronique de passation des marchés est en baisse et le nombre de réclamations formulées à l’encontre de décisions des pouvoirs adjudicateurs n’a pas diminué (EC, 2014). Une application effective de cette réforme apporterait aussi une solution aux problèmes de transparence évoqués au chapitre 1.

Encadré 2.4. Principaux axes de la réforme de la réglementation des marchés publics

Processus de sélection
  • Le processus de sélection des offres se déroule désormais en deux temps. Les offres sont tout d’abord examinées sous l’angle technique et la deuxième étape, celle du prix, ne peut commencer que lorsque l’évaluation technique est achevée. Cette nouvelle procédure vise à faire en sorte que le prix n’ait pas d’influence sur l’évaluation technique de l’offre comme c’était le cas auparavant en Slovaquie, au détriment de la qualité des achats publics (OECD, 2012b).
Définition de la notion d’offre anormalement basse
  • Est considérée comme anormalement basse une offre dont le prix est inférieur à i) 70 % du prix moyen des autres offres, ii) 85 % du prix de la deuxième offre la plus élevée, et iii) 85 % du prix attendu. Le pouvoir adjudicateur peut exclure une offre anormalement basse si les explications fournies pour justifier celle-ci sont insuffisantes ou si la demande d’explications reste sans réponse.
Création d’un Conseil chargé des marchés publics
  • Ce nouvel organe est chargé d’examiner les réclamations contre les décisions du Bureau des marchés publics. Le droit de recours est censé améliorer la qualité des décisions prises en matière d’attribution des marchés publics et d’accélérer le règlement des différends en réduisant le nombre d’actions en justice.
Création d’un système de référencement
  • Après l’expiration du marché, le pouvoir adjudicateur doit émettre un avis sur le fournisseur et lui attribuer une note. Trois avis consécutifs assortis de notes très basses entraînent l’interdiction de soumissionner à tous les marchés publics pendant un an.
Simplification des procédures pour certains marchés
  • Une procédure simplifiée peut être utilisée pour les marchés de services juridiques et pour les achats de faible montant. Une collaboration préalable avec le soumissionnaire peut être un critère pour l’évaluation des offres. Le pouvoir adjudicateur n’est pas obligé de choisir l’offre du candidat le moins disant dès lors que le prix de l’offre retenue ne dépasse pas de plus de 20 % celui de la meilleure offre.
  • La procédure électronique ne peut être utilisée que pour les marchés d’un montant inférieur à 200 000 EUR.
Autres mesures
  • Un nouvel institut chargé de l’examen préalable des documents relatifs aux achats publics a été créé pour les marchés « d’importance majeure » financés par des fonds de l’Union européenne.
  • Dans certains cas, les marchés peuvent être attribués directement, sans appel d’offres.
  • Sous-traitance : la loi précise le volume de prestations dont l’exécution peut être sous-traitée dans le cadre d’un marché.

52Le construction de routes se heurte à plusieurs obstacles de taille, notamment i) des lacunes dans l’application des règles de l’UE concernant les études d’impact sur l’environnement ; ii) des irrégularités dans les dépenses déclarées à la Commission européenne ; et iii) des procédures de planification inefficientes (encadré 2.5). Une vaste réforme du secteur public, telle que décrite au chapitre 1, devrait remédier à ces dysfonctionnements et accélérer ainsi la construction des infrastructures de transport.

Encadré 2.5. Principaux obstacles à la construction d’autoroutes

Transparence des marchés publics
Les différends suscités par les décisions d’attribution des marchés publics ont considérablement retardé les projets routiers et, dans certains cas, les offres aux prix les plus bas ont été exclues de la procédure. Par exemple :
  1. Tronçon Svrčinovec-Skalité (D3) : prévu pour 2012 ; marché passé en juin 2013 ;
  2. Tronçon Ruskovce-Pravotice (R2) : prévu pour 2012 ; marché passé en décembre 2013 ;
  3. Tronçon Zvolen, východ-Pstruša (R2) : prévu pour 2012 ; marché passé en juillet 2014.
Études indépendantes d’impact sur l’environnement et de faisabilité
La liaison entre Bratislava et l’est du pays a subi des retards dus au traitement de l’impact écologique du projet d’autoroute sur des sites Natura 2000. La liaison Turany-Hubová (D1) a été retardée de plus de deux ans à cause de discussions avec la Commission européenne concernant la nécessité d’effectuer une nouvelle étude d’impact suivant la méthodologie prévue par les directives européennes. Les autorités slovaques se sont rangées à l’avis de la Commission mais une nouvelle évaluation est maintenant en cours après la modification du projet.
Procédures d’acquisition des terrains
La procédure suivie pour l’acquisition des terrains avant le début des travaux de construction a ralenti l’exécution de certains projets : par exemple, ceux de Čadca et de la liaison Bukov–Svrčinovec (D3) initialement prévus pour 2013.
Questions administratives
Le versement des fonds européens dans le cadre du programme opérationnel « Transports » a été suspendu entre août 2011 et juin 2012 du fait d’irrégularités dans les dépenses déclarées à la Commission européenne.
Des changements apportés aux certificats d’urbanisme ont retardé la réalisation du raccordement entre Žilina et Brodno-Kysucké Nové Mesto (D3), initialement prévue pour 2013.
Source : UVO ; NDSAS ; Roth (2012).

53Une attention particulière doit être accordée à la qualité des routes, perçue comme l’une des plus mauvaises de l’UE (graphique 2.15). Les routes de première, deuxième et troisième classes sont particulièrement dégradées, alors que la plupart des autoroutes et des voies express sont relativement neuves. Les problèmes de qualité se sont particulièrement aggravés récemment, puisque la moitié des routes de première classe sont désormais considérées comme étant en mauvais état, contre moins de 20 % en 2010. La tendance est la même pour les routes de deuxième classe. Depuis 2014, le système de péage électronique instauré pour les camions de plus de 3.5 tonnes a été étendu à un plus grand nombre de routes de première classe, ce qui a peut-être contribué à ralentir la dégradation du réseau routier.

Graphique 2.15. La qualité des routes laisse à désirer

tableau im18

Graphique 2.15. La qualité des routes laisse à désirer

1. Moyenne pondérée. Dans votre pays, comment qualifieriez-vous les aspects suivants des infrastructures de transport ? (1 = extrêmement sous-développé, parmi les plus mauvais au monde ; 7 = vaste et en bon état, parmi les meilleurs au monde).

54Le développement du transport ferroviaire pourrait soulager le transport routier et réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur. Les infrastructures ferroviaires sont vétustes et dépréciées. L’absence d’interopérabilité avec les systèmes ferroviaires des pays voisins constitue aussi un obstacle au développement du transport de marchandises (PUSR, 2011). Dans le cadre des priorités d’investissement fixées pour 2014-20, les autorités ont récemment mis l’accent sur l’électrification, l’interopérabilité et la modernisation des voies, afin qu’elles puissent être empruntées par des trains plus rapides, en particulier sur le réseau RTE-T (OECD, 2013f). Les tarifs ferroviaires réglementés qui ont été appliqués jusqu’en 2011 ont eux aussi contribué à avantager la route par rapport au rail. Leur réduction au niveau de la moyenne de l’UE cette année-là a marqué une étape décisive ; il faudrait qu’elle se poursuive et que l’usage de la route, parallèlement, devienne plus coûteux (PUSR, 2011).

Favoriser l’adoption des nouvelles technologies pour améliorer la compétitivité dans les régions moins développées

55Les ressources consacrées aux activités de recherche-développement et à l’innovation sont faibles par rapport à ce que l’on observe dans les autres pays (OECD, 2013fg). La Slovaquie arrive à la 20e place sur 27 pays pour ce qui est de l’innovation dans l’UE (EU, 2014). En conséquence, les entreprises nationales ont des capacités techniques limitées et se positionnent dans les activités d’aval de la chaîne de valeur mondiale, c’est-à-dire principalement dans les secteurs de l’assemblage ou de la fabrication de composants (OECD, 2013h). L’attrait des activités de R-D pour l’IDE est également limité par rapport aux pays comparables (RIS3, 2013). Renforcer le cadre de l’innovation afin de mieux tirer parti de la mondialisation est un défi national pour l’avenir.

56Les disparités régionales constituent un obstacle supplémentaire dans la mesure où les ressources et les connaissances nécessaires sont quasiment inexistantes dans l’est et le centre du pays (graphique 2.16). Faute de chercheurs et d’ingénieurs, les entreprises sont moins à même d’utiliser et de copier la technologie (Cohen and Levinthal, 1989) et si les transferts de connaissances et les gains de productivité qui en découlent dépendent des ressources propres consacrées à la R-D, comme le montrent les données empiriques (Van Pottelsberghe de la Potterie and Lichtenberg, 2001 ; Griffith et al., 2004), la faiblesse de l’investissement privé dans la R-D ne peut qu’amoindrir ces perspectives de gains et l’attractivité des régions orientales pour l’activité économique.

Graphique 2.16. La capacité d’absorption technologique des entreprises du centre et de l’est du pays doit être renforcée

tableau im19

Graphique 2.16. La capacité d’absorption technologique des entreprises du centre et de l’est du pays doit être renforcée

Source : Base de données de l’OCDE sur les régions et les villes.

57Étant donné la faiblesse du cadre de l’innovation, les politiques publiques sont essentielles pour déclencher la transition vers une société de la connaissance en Slovaquie. La Stratégie pour l’innovation définit à juste titre une série de défis à relever pour une croissance plus équilibrée fondée sur la connaissance, notamment la nécessité de renforcer la recherche publique, les pôles d’activité, le crédit d’impôt en faveur de la R-D, le capital-risque, les pépinières d’entreprises, et d’affecter en priorité les ressources à des domaines de spécialisation liés aux avantages comparatifs locaux (RIS3, 2013). Certaines de ces questions étaient déjà abordées dans l’Étude économique de la République slovaque publiée en 2009, dont les principales recommandations restent d’actualité (OECD, 2009b). Un autre élément à considérer est la conception des politiques publiques et leur impact au niveau régional. Les mesures en faveur de l’innovation sont plus importantes dans les régions proches de la frontière technologique que dans les régions en retard, où l’on devrait plutôt chercher à encourager l’adoption et l’imitation des nouvelles technologies (OECD, 2012a). Afin de promouvoir la convergence régionale, il faudrait privilégier les mesures qui stimulent l’investissement dans la R-D et l’offre de qualifications propices à l’innovation et à l’adoptiondes technologies. Le développement des pôles d’activité faciliterait les transferts de technologie entre les entreprises ainsi qu’avec les universités et les centres de recherche.

Les incitations fiscales à la R-D pourraient être affinées de manière à favoriser l’adoption des technologies

58L’aide publique à la R-D est faible au regard des moyennes internationales (graphique 2.17). Les pays de l’OCDE ont largement recours dans ce domaine à des outils horizontaux comme les crédits d’impôt en faveur de la R-D, qui sont généralement plus neutres et moins lourds à gérer sur le plan administratif que les aides directes (Andrews and Criscuolo, 2013). Une meilleure conception et un renforcement de ces incitations pourraient être très bénéfiques. D’après des données empiriques, une réduction de 1 % des coûts de R-D au moyen de mesures incitatives se traduirait par une augmentation de 1 % du volume de R-D sur le long terme (Westmore, 2013).

Graphique 2.17. L’aide publique à la R-D des entreprises est insuffisante

tableau im20

Graphique 2.17. L’aide publique à la R-D des entreprises est insuffisante

1. 2010 pour l’Australie, la Belgique, le Brésil, le Chili, l’Espagne, l’Irlande et Israël ; 2009 pour l’Afrique du Sud, la Chine et le Luxembourg ; et 2008 pour la Suisse.
2. 2011 pour l’Australie, la Corée, l’Islande, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et la Turquie, et 2010 pour le Chili.
Source : OCDE (2013g), Science, Technology and Industry Scoreboard et OCDE, Base de données sur la science, la technologie et les brevets. StatLink  http://dx.doi.org/10.1787/888933156625

59Les autorités ont opportunément réformé le crédit d’impôt pour la R-D. Adopté en 2009, ce dispositif permet aux entreprises de demander un allégement d’impôt égal à 19 % de leurs dépenses de R-D – le taux de l’impôt sur les sociétés – pendant trois années consécutives au maximum. Toutefois, l’imposition d’un seuil de dépenses à dépasser pour avoir droit au crédit d’impôt en a fait une mesure impopulaire, le seuil en question, variable selon la taille de l’entreprise et le type de recherche, étant très élevé : pour la recherche fondamentale (recherche appliquée), il était initialement fixé à 0.25 (1.5) million EUR pour les micro et les petites entreprises, à 0.5 (2.5) million EUR pour les entreprises moyennes et à 1 (3.5) million EUR pour les grandes entreprises. Dans la pratique, cela revenait à exclure une grande majorité des micro et petites entreprises du dispositif, mais ces critères ont été supprimés en décembre 2013.

60La conception des incitations fiscales à la R-D est essentielle pour contenir les coûts budgétaires et obtenir des effets nets (Criscuolo et al., 2009). Lorsqu’elles sont fondées sur le volume, elles peuvent entraîner d’importantes pertes d’efficience en finançant des dépenses qui auraient eu lieu de toute façon (Andrews and Criscuolo, 2013). De manière générale, elles profitent aussi principalement aux grandes entreprises et à celles qui sont déjà installées. Les autorités devraient envisager un système hybride, avec un allégement d’impôt calculé sur la base du volume des dépenses de R-D au-dessous d’un certain seuil et sur l’accroissement de ces dépenses au-delà. Cette dernière composante réduirait les pertes d’efficience, même si elle implique une charge administrative plus lourde (Andrews and Criscuolo, 2013) et suppose, dans le cas de la Slovaquie, un réel effort d’amélioration de l’efficience dans le secteur public (chapitre 1). Les autorités pourraient en particulier étudier l’expérience de l’Irlande, où un double système de ce type a été adopté récemment (Haugh, 2013).

61Sous sa forme actuelle, le crédit d’impôt en faveur de la R-D pourrait aussi gagner en efficacité et mieux stimuler l’adoption des technologies dans les petites entreprises et les entreprises nouvelles. Dans le secteur des nouvelles technologies, par exemple, les start-up et les PME ne font pas toujours de bénéfices durant les premières années qui suivent leur création et ne peuvent donc pas bénéficier de ce soutien. Le crédit d’impôt serait plus efficace s’il était directement remboursable (OECD, 2013i). Une autre piste de réforme favorable aux PME consisterait à autoriser la déduction des dépenses relatives aux activités de R-D sous-traitées.

62Même si les incitations fiscales à la R-D sont remboursables et que des possibilités de report sont prévues, les entreprises nouvelles peuvent ne pas en profiter pleinement lorsqu’elles ne disposent pas de la mise de fonds requise au départ pour lancer un projet innovant. Dans ce cas, les aides directes offrent une solution complémentaire à condition d’être conçues de manière à réduire les coûts administratifs (Andrews and Criscuolo, 2013). Elles peuvent aussi servir de certificat de qualité et permettre ainsi aux jeunes entreprises innovantes d’accéder à des sources de financement extérieur (Busom et al., 2012). L’essentiel est de trouver le bon équilibre entre crédits d’impôt et aides directes.

Le pays a besoin de diplômés de l’enseignement supérieur professionnel

63Pour favoriser la pénétration des nouvelles technologies dans les régions moins développées, il est essentiel que les entreprises puissent recruter davantage de diplômés de l’enseignement supérieur. Or, en Slovaquie, 19 % seulement des personnes âgées de 25 à 64 ans ont fait des études supérieures, contre 32 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Le tableau est plus favorable lorsque l’on regarde la part des diplômés de l’enseignement supérieur parmi la jeune génération, mais l’écart entre la Slovaquie (26 %) et la zone OCDE (39 %) n’en reste pas moins identique. Bien que ce résultat soit encore assez faible par rapport à ce que l’on observe dans d’autres pays, l’écart devrait se combler car les nouveaux diplômés ont une démographie plus favorable en Slovaquie (OECD, 2013b).

64Les programmes d’enseignement supérieur professionnel (type 5B), qui sont orientés vers la pratique ou les matières techniques et permettent d’acquérir des compétences professionnelles spécifiques directement utilisables sur le marché du travail, sont quasiment inexistants en Slovaquie : en 2011, ils comptaient 1.2 % d’inscrits parmi les étudiants, contre 13.2 % en moyenne dans l’UE (EC, 2014). Le développement de formations supérieurs courtes, actuellement envisagé par les autorités, qui comporteraient des stages pratiques en entreprise et permettraient d’acquérir des compétences axées sur l’emploi, pourrait donner au pays les travailleurs dont il a besoin pour utiliser les nouvelles technologies. Ces programmes devraient aussi doter les étudiants d’un socle de connaissances générales solides afin qu’ils soient capables de s’adapter au changement technologique (Handel, 2012). Au moment où une nouvelle loi sur l’enseignement supérieur est en préparation, les autorités devraient s’intéresser tout spécialement à ce problème.

Les pôles d’activité pourraient faciliter les transferts de technologies

65Promouvoir les relations entre les entreprises et les acteurs de l’innovation pourrait encourager l’adoption des nouvelles technologies et les activités innovantes en créant un marché du travail local, en tirant parti de la proximité des acteurs pour assurer la diffusion des connaissances et en utilisant des infrastructures communes (OECD, 2011c, 2009c). Les politiques publiques peuvent aider les acteurs publics et privés à collaborer et à échanger des connaissances. Ainsi, la promotion de la collaboration entre l’université, l’industrie et les pouvoirs publics a inspiré des programmes dans plusieurs pays de l’OCDE comme la Finlande, la France, la Norvège et la Suède (OECD, 2008). Le but de ces programmes n’est pas de créer des pôles d’activité ex nihilo mais de favoriser l’émergence et le développement de pôles d’activité latents. Il existe déjà plusieurs pôles d’activité en Slovaquie et ils sont relativement bien répartis sur l’ensemble du territoire (tableau 2.4).

Tableau 2.4. Répartition régionale des pôles d’activité

IndustrieRégion 
BAOuestCentreEstTotal
Technologie372416
Tourisme02529
Chasse et foresterie00101
Construction01001
Total398427
tableau im21

Tableau 2.4. Répartition régionale des pôles d’activité

66Les chèques-innovation sont des instruments efficaces pour promouvoir la diffusion des connaissances (OECD, 2011c). Ils permettent aux entreprises de s’adresser à un prestataire de services de leur choix qui les aidera à définir et à mettre en œuvre leurs projets technologiques. Cette étape peut être particulièrement utile pour les PME qui risquent d’avoir du mal à nouer des relations avec les centres de recherche du fait de la petite taille de leurs projets. De plus, les chèques-innovation ont l’avantage d’être plus souples que la procédure actuelle de sélection administrative des entreprises, avec les difficultés inhérentes au choix des investissements d’avenir. L’expérience internationale montre qu’il peut être décidé à l’avance d’un simple tirage au sort ou de critères d’éligibilité transparents pour le cas où le nombre de chèques demandés dépasserait le nombre de chèques disponibles (OECD, 2010b).

67Dans le contexte des pôles d’activité, les facilitateurs, qu’il s’agisse d’individus, de consultants privés ou d’organismes publics, jouent un rôle crucial pour la coopération entre les entreprises (OECD, 2008). Ils peuvent à cette fin organiser des activités de formation, fournir des services de soutien, assurer la promotion de pôles particuliers (Ingstrup and Damgaard, 2012) ou encore appuyer l’ensemble des pôles en sollicitant pour eux des fonds publics, en particulier des fonds de l’UE. De ce point de vue, le programme Klastry en République tchèque est un exemple intéressant : il aide à développer les compétences sectorielles et la constitution de réseaux, principalement entre entreprises, dans toutes les régions en dehors de Prague, avec l’appui des fonds structurels de l’UE. La formation et l’information de ces facilitateurs contribueraient donc à renforcer les pôles d’activité existants.

68Par ailleurs, l’instauration d’une procédure de sélection permettant d’attribuer les fonds disponibles aux pôles d’activité les mieux organisés soutiendrait une démarche d’excellence. C’est notamment ce qui a été fait en Suède (VINNVÄXT) et en France (pôles de compétitivité) ou encore en Allemagne avec le programme InnoRegio destiné aux régions en retard de développement. L’expérience internationale permet d’identifier les meilleures pratiques susceptibles d’aider les autorités à évaluer la qualité des pôles d’activité en vue d’accompagner leur développement (Kocker and Rosted, 2010).

Améliorer la coordination entre les responsables des politiques d’innovation

69La coordination et la coopération sont indispensables pour tirer le meilleur parti de l’investissement, répondre aux besoins locaux, identifier les opportunités et détecter les goulets d’étranglement (OECD, 2014a and 2013j). De ce point de vue, il y aurait des progrès à faire au niveau institutionnel si l’on en juge par les conclusions de l’étude Public Governance Review of Slovakia (OECD, 2014b) et du chapitre 1. La coordination entre l’État et les autorités régionales est également essentielle en matière de conception et d’application des politiques d’innovation. Ainsi, en Slovaquie, la stratégie de spécialisation intelligente a été mise en œuvre au niveau national et uniquement à ce niveau alors qu’elle était censée se fonder sur les avantages comparatifs régionaux et locaux identifiés aux échelons concernés. Cette situation s’explique par la petite taille du pays et le manque de capacités techniques des régions, mais, en France, la même stratégie de spécialisation montre que les capacités techniques peuvent être apportées par le centre et intégrées au niveau régional, ce qui permet d’améliorer les évaluations et la cohérence entre les régions (OECD, 2008). L’étude de cas lancée à Východné Slovensko en juin 2014 a pour but d’appliquer les principes de l’OCDE énoncés dans la Recommandation sur l’investissement public efficace entre niveaux de gouvernement(OECD, 2014a) et devrait en outre aider à repérer les derniers obstacles à l’investissement local.

Tirer le meilleur parti possible des fonds de l’UE

70La Slovaquie compte parmi les principaux bénéficiaires des fonds de l’UE et ceux-ci représentent pour elle une importante source de financement public (graphique 2.18). Sur la période de programmation 2007-13, la Slovaquie a reçu 11.6 milliards EUR de l’UE, soit un montant équivalent à celui de l’investissement public. Au cours de la prochaine période de programmation (2014-20), les fonds alloués par l’UE à la Slovaquie atteindront près de 14 milliards EUR, c’est-à-dire quasiment 20 % du PIB de 2013 (graphique 2.18). Si l’on raisonne en termes de montant par habitant, la Slovaquie est le deuxième bénéficiaire des fonds de l’UE, après l’Estonie. Les fonds de l’UE offrent au pays une occasion unique de s’attaquer aux disparités régionales tout en renforçant le développement de l’ensemble de l’économie.

71La contribution des fonds de l’UE à la croissance future dépend de l’efficacité avec laquelle ils sont absorbés et utilisés, y compris au niveau régional. De ce point de vue, plusieurs obstacles institutionnels ont été rencontrés au cours la période de programmation écoulée : i) la charge administrative des procédures, ii) le manque de capacités de gestion, iii) l’absence de transparence dans la sélection des projets et les marchés publics, iv) la corruption, et v) le défaut d’implication des autorités régionales (chapitre 1). Pour que les fonds de l’UE aient un plus grand impact sur la convergence régionale et répondent mieux aux besoins locaux, il faudrait en allouer une plus grande partie aux régions pauvres et associer plus étroitement les autorités régionales à la conception des programmes qu’ils servent à financer.

Graphique 2.18. La Slovaquie est l’un des principaux bénéficiaires des fonds structurels et de cohésion de l’UE sur la période 2014-20

tableau im22

Graphique 2.18. La Slovaquie est l’un des principaux bénéficiaires des fonds structurels et de cohésion de l’UE sur la période 2014-20

Les fonds de l’UE pourraient contribuer davantage à la convergence régionale

72Il est essentiel d’augmenter la part des fonds alloués aux régions pauvres pour promouvoir la convergence régionale. En théorie, la répartition régionale des fonds est censée favoriser les régions moins développées. Au cours de la période de programmation 2007-13, la région de Bratislava aurait dû recevoir environ un tiers du montant moyen par habitant alloué aux trois autres régions, mais les fonds octroyés ont en fait atteint à peu près le même niveau dans toutes les régions (graphique 2.19, partie A). Au cours de la prochaine période de programmation, l’écart devrait être plus grand : le montant par habitant prévu pour toutes les régions sauf celle de Bratislava est en hausse d’un quart en moyenne, alors qu’il a baissé de 8 % pour la région de Bratislava.

73Les programmes opérationnels régionaux jouent aussi un rôle clé dans la réduction des disparités régionales étant donné que les principales contraintes pesant sur la croissance peuvent varier considérablement d’une région à l’autre selon le niveau de développement (D’Costa et al., 2013). De plus, ces programmes sont moins susceptibles de faire l’objet de réaffectation de fonds entre les régions (graphique 2.19). Cela étant, ils ne sont pas assez développés en Slovaquie où l’on en compte seulement deux, représentant à peine 13 % du total des fonds alloués au pays par l’UE, contre neuf programmes sectoriels (tableau 2.5). Les autres pays du groupe de Visegrad se sont dotés de programmes opérationnels régionaux pour chacune de leurs régions. Aucun changement n’est prévu à cet égard pour la prochaine période de programmation.

74Les financements correspondraient sans doute mieux aux besoins locaux si les autorités régionales étaient plus étroitement associées à la conception des programmes. Au cours de la période de programmation 2007-13, les régions autonomes n’ont pas pris part, faute de moyens, à la phase préparatoire des programmes opérationnels régionaux (Bucek, 2011). Elles n’y ont été associées qu’ultérieurement, après avoir bénéficié d’une assistance technique leur ayant permis de développer leurs capacités (MPRV, 2011). Au cours de la prochaine période de programmation, il sera tenu compte des besoins de chaque région dans le cadre des stratégies intégrées que mettront au point les régions autonomes en coopération avec d’autres acteurs régionaux. Les régions autonomes seront également chargées de sélectionner les projets au titre du Programme opérationnel régional intégré. Cette initiative va dans la bonne direction ; il faudra veiller à lui donner suite tout en fournissant davantage d’assistance technique aux régions afin qu’elles puissent développer leurs capacités.

Graphique 2.19. Les régions les moins dynamiques reçoivent généralement moins de fonds de l’Union européenne que prévu

tableau im23

Graphique 2.19. Les régions les moins dynamiques reçoivent généralement moins de fonds de l’Union européenne que prévu

Tableau 2.5. Part des fonds de l’UE allouée aux programmes régionaux

PologneHongrieRépublique tchèqueSlovaquie
25 %23 %19 %13 %
tableau im24

Tableau 2.5. Part des fonds de l’UE allouée aux programmes régionaux

Source : Cadre de référence stratégique national 2007-13 (European Commission, 2008 ; MDVRR, 2007)

La répartition des fonds entre les différentes priorités est conforme aux grands défis auxquels la Slovaquie est confrontée

75Les priorités de la politique de cohésion de la Slovaquie pour la période de programmation 2014-20 correspondent aux principaux enjeux évoqués ici dans le contexte des mesures à prendre pour stimuler la croissance dans tout le pays : i) un cadre propice à la croissance économique et à la création d’emplois ; ii) le développement du capital humain et une augmentation des taux d’activité ; iii) un environnement favorable à l’innovation ; iv) une administration moderne et professionnelle ; et v) une exploitation durable et efficiente des ressources naturelles. Le développement des infrastructures de transport continuera de recevoir la plus grande part des fonds (MoF, 2014). Les mesures en faveur de l’innovation et de la R-D verront la leur augmenter de 50 %, ce qui les mettra au même niveau que dans les autres pays du groupe de Visegrad au cours de la période de programmation 2007-13. Le développement des infrastructures dans le domaine des TIC demeure une priorité, conformément aux projets d’extension des services administratifs en ligne (MoF, 2014; MV, 2014). L’enveloppe allouée à l’emploi vise à juste titre le chômage de longue durée, la mobilité de la main-d’œuvre et l’insertion des jeunes sur le marché du travail (MPSVR, 2014). Elle a été majorée de quatre points de pourcentage mais n’en reste pas moins faible par rapport à d’autres pays européens. La diminution de la part des financements affectés aux programmes en faveur de l’emploi et de l’innovation, pourtantconsidérés comme des enjeux essentiels pour l’employabilité et la productivité des travailleurs, ainsi que pour l’attractivité du pays auprès des investisseurs, est préoccupante (graphique 2.20).

Graphique 2.20. La répartition sectorielle des fonds de l’UE répond aux défis posés par la croissance

tableau im25

Graphique 2.20. La répartition sectorielle des fonds de l’UE répond aux défis posés par la croissance

Recommandations visant à favoriser une croissance inclusive dans les régions les moins dynamiques

Principales recommandations
Renforcer la capacité d’adoption des nouvelles technologies et réduire les obstacles liés aux transports
  • Développer l’enseignement supérieur professionnel et favoriser la coopération avec les employeurs.
  • Mettre en place des incitations financières en faveur de l’adoption des nouvelles technologies et des dépenses d’innovation.
  • Améliorer les infrastructures nationales de transport routier et ferroviaire ainsi que les liaisons internationales.
Renforcer la mobilité et l’employabilité de la population afin de faire reculer le chômage et l’inactivité
  • Pour développer le marché du logement locatif, supprimer progressivement les aides à l’accession à la propriété et élargir le champ d’application des allocations logement soumises à conditions de ressources.
  • Étoffer les dispositifs de formation et d’aide à la recherche d’emploi, et supprimer progressivement les programmes de travaux publics.
  • Veiller à ce que les dispositions relatives aux salaires minimums et à l’extension juridique des conventions collectives soient appliquées sans nuire aux perspectives d’emploi des personnes concernées, en particulier dans les régions moins développées.
Réduire l’inadéquation des qualifications et mieux intégrer les groupes défavorisés, en particulier la population rom
  • Mettre en place un système d’enseignement professionnel et de formation en alternance, et accorder une attention particulière à la transition de l’école à l’emploi dans les régions de l’Est.
  • Renforcer sur les plans quantitatif et qualitatif le système d’éducation de la petite enfance, et veiller à ce que les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés puissent largement y accéder, en particulier les jeunes Roms.
Fonds de l’UE
  • Fournir aux régions pauvres une part plus importante des fonds de l’UE et faire en sorte qu’elles puissent jouer un rôle plus important dans la conception des programmes.
Autres recommandations
Logement
  • Supprimer les aides versées aux jeunes pour l’achat d’un logement, la prime d’État au titre de l’épargne logement et les prêts hypothécaires à taux bonifié.
  • Assouplir les contrats de location et encourager le recours aux contrats à durée déterminée renouvelables.
Marché du travail
  • Accroître les ressources consacrées aux programmes d’activation et au service public de l’emploi (SPE). Redistribuer les ressources entre les différentes agences du SPE en fonction des taux de chômage observés localement. Accélérer la mise en œuvre de la réforme du SPE. Externaliser une partie des activités de soutien à la recherche d’emploi afin de pallier le manque de capacité.
  • Limiter le champ d’application des subventions salariales destinées aux jeunes. Pérenniser la réduction du coin fiscal sur les bas salaires. Supprimer l’obligation de travail imposée aux bénéficiaires de l’aide sociale par les communes. Rendre le travail financièrement plus attrayant en instaurant des prestations liées à l’exercice d’un emploi.
Éducation
  • Instaurer un dispositif de chèques-formation afin d’encourager la participation à la formation continue.
  • Offrir des incitations financières aux entreprises, sous la forme d’allégements fiscaux par exemple, pour qu’elles proposent des places d’apprentissage, tout en accompagnant ces mesures d’un strict contrôle de qualité.
  • Développer les statistiques nécessaires pour évaluer l’efficacité des programmes de soutien à la population Rom.
Transports et innovation
  • Veiller à l’efficacité de la réforme des marchés publics.
  • Mettre en place un système de chèques-innovation et réformer le crédit d’impôt en faveur de la R-D de manière à ce qu’il soit restituable. Encourager les facilitateurs des pôles d’activité et le recours à une procédure de sélection concurrentielle pour l’attribution des financements.
  • Fournir une assistance technique aux autorités régionales afin qu’elles puissent se doter des capacités qui permettront de les associer davantage à l’évaluation et au pilotage des politiques d’innovation au niveau régional.

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Date de mise en ligne : 19/11/2015

Notes

  • [1]
    Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

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