Couverture de EE_1018

Article de revue

Chapitre 3. Relever le défi des infrastructures

Pages 99 à 140

Notes

  • [1]
    Les autres obstacles analysés dans l’étude sont les suivants : accès foncier; licences commerciales; relation entre les autorités locales et les entreprises; programme de développement des entreprises; compétences et intégrité du maire; taxes locales et redevances d’utilisation; sécurité et règlement des différends; règlements locaux.
  • [2]
    Le DAK représente une part non négligeable du budget alloué à l’infrastructure, autour de 7.4 % en 2009. Il s’agit d’un fonds utilisé pour procéder à des transferts budgétaires spéciaux aux autorités régionales et de district qui ont besoin de ressources financières complémentaires pour développer la prestation de services publics dans différents secteurs, dont l’infrastructure, et qui finance essentiellement l’investissement dans les équipements.
  • [3]
    Hellowell et Pollock (2009) rendent compte de l’expérience du Royaume-Uni en matière d’exercices d’évaluation de la rentabilité des dépenses d’équipement dans le secteur de la santé. Ils soulignent que les PPP se sont avérés, dans quasiment tous les cas, la solution la plus économique, les exercices d’évaluation ayant alloué aux prestataires privés des risques qu’ils n’étaient pas, au terme des contrats, tenus de supporter.
  • [4]
    La réglementation des prix est répandue dans les industries de réseau étant donné l’existence d’un monopole naturel, la présence d’externalités positives dérivant d’un accès généralisé au réseau et du caractère très sensible, aux plans politique et social, de certains secteurs. Cette réglementation est également nécessaire quand le prestataire détenteur du monopole doit assurer à différents exploitants l’accès au réseau en contrepartie d’une redevance d’accès – comme dans le cas du réseau de transport de l’électricité – ou lorsque la seule concurrence possible est la concurrence pour le marché – comme dans le cas des concessions des routes à péage ou de l’approvisionnement en eau.
  • [5]
    L’indice de l’IDE est calculé en tenant compte des restrictions dans quatre domaines : i) restrictions sur les capitaux étrangers; ii) obligations de sélection et d’autorisation préalable; iii) règles relatives au personnel dirigeant, comme les cadres; et iv) autres restrictions à l’activité d’entreprises étrangères. Dans chaque domaine, la note maximale est un (en cas de restriction totale de l’investissement étranger dans le secteur) est la note minimale est de zéro (quand il n’y a pas d’obstacles réglementaires à l’IDE). La note globale de chaque secteur est calculée en additionnant les notes attribuées aux différentes catégories de restrictions (OCDE, 2010). Aucune étude n’a été réalisée pour évaluer le caractère restrictif global du régime de réglementation tel qu’appliqué actuellement.
  • [6]
    L’article 33 prescrit que l’État contrôle : i) toutes les branches de production importantes pour l’État ; et ii) toutes les ressources naturelles. En 2004, le Tribunal constitutionnel a déclaré inconstitutionnelle une loi de 2002 qui visait à réformer le secteur de l’électricité par une augmentation de la participation privée et la création d’un organisme de réglementation. Un syndicat de PLN a contesté la validité de la nouvelle loi devant le tribunal.
  • [7]
    Selon le décret présidentiel n° 29/2009, la garantie couvre 70 % des prêts bonifiés (40 % étant couverts par l’administration centrale et 30 % par l’administration locale).
  • [8]
    Malgré son désengagement de Telkom, la participation de l’État dans la société s’élevait encore à 52.5 % à la fin de 2008 (Telkom, 2009). Par ailleurs, le ministère des Finances détient une action « spécifique » assortie de droits de votes spéciaux qui lui donne un pouvoir de veto sur certaines questions stratégiques. À la fin de 2009, l’État détenait environ 14 % du capital d’Indosat sous forme d’actions ordinaires (Indosat, 2010).
  • [9]
    Ces critères imposent d’être une personne morale et de posséder un navire de 175 tonneaux de jauge brute au moins arborant pavillon indonésien, alors que les règlements précédents exigeaient de détenir déjà deux licences, à savoir une licence commerciale et une licence d’exploitation, avant d’obtenir une autorisation de transport maritime.
  • [10]
    Deux autres concessionnaires de la distribution d’eau de Djakarta, qui avaient « hérité » de plus de 50 % des effectifs de l’ancienne entreprise publique, ont été confrontés à des problèmes similaires (Lanti et al., 2009).
  • [11]
    Toutes les entreprises sont tenues de faire partie de ce réseau, qui doit être défini par les autorités centrales et régionales, l’Association indonésienne des armateurs et l’Association des usagers des transports maritimes, en fonction de la répartition de l’activité économique, du développement régional et de l’unité nationale.

1Une expansion rapide des infrastructures sera indispensable pour améliorer les perspectives à long terme de l’Indonésie dans les années à venir. Suite à la crise de 1997-98, l’investissement public et privé en infrastructures s’est effondré, passant de quelque 5-6 % du PIB environ à 1 % en 2000 (Banque mondiale, 2007). Bien qu’il soit depuis remonté aux environs de 3.5 % du PIB, le taux d’investissement actuel n’est pas suffisant pour porter le taux de croissance du PIB au niveau visé par le gouvernement, à savoir 7 à 7.7 % en 2014.

2À la suite d’une décennie de sous-investissement, l’infrastructure indonésienne est dans un état déplorable. L’encombrement des routes pose des problèmes considérables, et l’alimentation en électricité n’a pas évolué au même rythme que la demande, ce qui donne lieu à de fréquentes pannes de courant. Les tarifs de détail de la plupart des services d’infrastructure sont inférieurs au niveau de récupération des coûts, surtout dans les domaines de la distribution d’eau et d’électricité, ce qui décourage les nouveaux investissements. Les formalités d’acquisition de terres pour les projets d’infrastructure demeurent lourdes et ont sensiblement ralenti l’extension du réseau routier.

3Les autorités sont bien conscientes des enjeux que présente l’amélioration de l’infrastructure et en ont fait l’une de leurs priorités stratégiques majeures. Dans son Plan de développement à moyen terme pour 2010-14, le gouvernement a annoncé qu’il prévoyait d’investir 1 429 000 milliards IDR (157 milliards USD, soit 25 % du PIB environ en 2009) dans l’infrastructure entre 2010 et 2014, dont 64 % environ seraient apportés par le secteur privé. Pour attirer l’investissement privé et combler le déficit de financement, l’Indonésie doit approfondir les réformes récemment conduites et continuer de perfectionner le cadre réglementaire.

4Le présent chapitre décrit l’état de l’infrastructure indonésienne et compare le cadre réglementaire de différents secteurs avec ceux des pays de l’OCDE. Il s’intéresse ensuite aux problèmes de certains secteurs : transport routier, transport maritime, électricité, télécommunications, eau et assainissement.

L’état des infrastructures

5Ces dix dernières années, l’Indonésie a sous-investi dans l’infrastructure, ce qui s’explique entre autres par la forte réduction des dépenses d’investissement intervenue dans la foulée de la crise asiatique, par la faible participation du secteur privé et par le manque de capacité administrative (Banque mondiale, 2007). Ce sous-investissement s’est traduit par une dégradation qualitative et quantitative de l’infrastructure. Le développement qu’a connu le secteur de l’infrastructure entre 2003 et 2008 est entièrement imputable au secteur des télécommunications, qui a bénéficié de réformes réglementaires engagées plus tôt que dans les autres secteurs et qui représente désormais une part nettement plus importante de la production que dans la moyenne des pays de l’OCDE (graphique 3.1). Hormis les télécommunications, l’écart par rapport à la zone OCDE, en termes de part de la valeur ajoutée, s’est en fait creusé pendant cette période dans les secteurs du transport, de l’électricité et de l’eau.

Graphique 3.1

Importance des secteurs d’infrastructures1

Graphique 3.1

Importance des secteurs d’infrastructures1

Part du secteur dans le PIB

6Les stocks d’infrastructures de l’Indonésie se situent loin derrière ceux de l’OCDE et des pays de même niveau de la région, sauf en ce qui concerne le réseau cellulaire mobile (tableau 3.1). L’écart semble s’être résorbé par rapport à l’Asie du Sud-Est et à la zone OCDE en ce qui concerne l’accès à l’Internet et les abonnements aux réseaux téléphoniques mobiles et fixes de même, dans une moindre mesure, la consommation d’électricité. Néanmoins, le fossé s’est creusé pour l’accès aux installations améliorées d’assainissement et aux sources d’eau, la qualité des routes, le réseau à large bande fixe et la bande passante Internet internationale. Par ailleurs, l’efficacité du réseau d’acheminement et de distribution d’électricité a baissé entre 2000 et 2008. Les pannes d’électricité se sont multipliées ces dernières années, la capacité de production n’ayant pas suivi le rythme de croissance de la demande. L’état du secteur de l’eau et de l’assainissement, caractérisé par la médiocrité de l’accès et la mauvaise qualité des services, est particulièrement préoccupant. Le pourcentage de foyers raccordés à des sources d’eau améliorées et à des systèmes d’assainissement est faible, pas seulement en comparaison aux normes de l’OCDE, mais aussi des pays de même niveau de la région.

Tableau 3.1

Indicateurs représentatifs de l’infrastructure

Tableau 3.1
Indonésie Asie du Sud-Est1 OCDE2 1995 2000 20083 20083 20083 Eau et assainissement Installations d’assainissement améliorées (pourcentage de la population y ayant accès) 51 52 52 83.3 99.9 Sources d’eau améliorées (pourcentage de la population y ayant accès) 74 77 80 95.5 99.6 Énergie et transports Consommation d’électricité (kWh par habitant) 271.6 402.3 566.0 1 759.2 9 871.4 Pertes de transport et de distribution d’électricité (% de la production) 11.7 10.9 10.6 7.9 5.9 Routes revêtues (% des routes) 52.4 57.1 55.4 79.8 79.0 Technologies de l’information et des communications Abonnés au réseau haut débit fixe (pour 100 personnes) .. 0.002 0.176 2.5 25.0 Bande passante Internet internationale (nombre d’octets par personne) .. 1.2 34.9 2 375.5 19 342.6 Nombre d’usagers de l’Internet (pour 100 personnes) 0. 03 0.93 7.9 27.5 71.1 Ordinateurs personnels (pour 100 personnes) 0.5 1.0 2.0 13.3 69.9 Tarifs d’accès à l’Internet haut débit fixe (USD par mois) .. .. 21.7 19.7 30.4 Abonnés au téléphone mobile et fixe (pour 100 personnes) 1.8 5.0 74.9 98.0 149.5 Abonnés au réseau mobile cellulaire (pour 100 personnes) 0.1 1.8 61.6 86.4 103.4 1. Moyenne non pondérée de la Malaisie, de la Thaïlande, des Philippines et du Viêtnam. 2. OCDE : hors Chili, Israël, Mexique, Slovénie et Turquie. 3. 2008 ou dernières années disponibles.

Indicateurs représentatifs de l’infrastructure

Source : Banque mondiale (Indicateurs du développement dans le monde).

7L’Indonésie soutient également mal la comparaison en ce qui concerne la qualité des infrastructures, même si celle-ci est notoirement difficile à évaluer. Le Rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial pour 2009-10 la classe à cet égard au 82e rang sur 140 pays. Selon ces indicateurs de perception, le déficit de qualité des infrastructures par rapport à l’Asie du Sud-Est est particulièrement patent pour les routes et les ports et, dans une moindre mesure, les transports ferroviaires et aériens.

8Le manque d’entretien semble être à l’origine de la détérioration du stock d’infrastructures existant. Les pertes de transport et de distribution sont supérieures à celles des pays de la région et de la zone OCDE (tableau 3.1). Les coupures d’électricité sont fréquentes. À l’automne de 2009, la capitale, Djakarta, a été gravement touchée, ce qui a incité l’entreprise publique Perusahaan Listrik Negara (PLN) à engager d’urgence des travaux de maintenance. Une grande partie du réseau routier est également en mauvais état. En 2006, le pourcentage de routes jugées de qualité bonne ou moyenne, par opposition aux routes endommagées ou gravement endommagées, était de 82 % pour les routes nationales, de 50 % pour les routes provinciales et de 47 % pour les routes de district. Comme 90 % environ du réseau routier relèvent de la compétence des autorités provinciales et de district, 51 % seulement du réseau était dans un état bon ou moyen cette année-là (graphique 3.2).

Graphique 3.2

Qualité des routes nationales, provinciales et de district, 20061

Graphique 3.2

Qualité des routes nationales, provinciales et de district, 20061

9S’agissant de la distribution d’eau, l’eau non génératrice de recettes (parce qu’elle est perdue ou volée) représente pour de nombreuses entreprises plus de 50 % de l’eau distribuée (Godman, 2005). À Djakarta, qui dispose de l’un des réseaux de distribution d’eau les plus efficaces du pays, la part de l’eau non génératrice de recettes s’élevait encore à 50 % en 2008 (Lanti et al., 2009).

10Une étude de la Banque asiatique de développement a estimé les coûts d’entretien annuels des routes rurales, de l’infrastructure d’irrigation et de l’infrastructure hydraulique à environ 5 % du montant initial de l’investissement (BAsD, 2009). La perception d’une redevance d’entretien de ce montant semble réalisable, au plan financier, dans de nombreuses collectivités ; elle est déjà appliquée pour certains projets d’approvisionnement en eau.

11Il apparaît que le manque d’infrastructures et leur mauvaise qualité freinent l’investissement et la croissance économique. Une enquête conduite auprès des filiales étrangères d’entreprises japonaises classe le sous-développement de l’infrastructure au premier rang des entraves à l’investissement dans le secteur manufacturier indonésien, et au troisième rang pour l’investissement dans les services (JETRO, 2009). Dans une étude de Regional Autonomy Watch, 27 % des entreprises interrogées ont estimé que l’infrastructure constituait l’obstacle local essentiel à leurs activités commerciales (KPPOD, 2008) [1]. Selon les ouvrages théoriques et empiriques, l’effet favorable de l’infrastructure sur la croissance est généralement supérieur dans les pays moins développés (encadré 3.1). L’Indonésie aurait donc beaucoup à gagner de l’amélioration de son infrastructure.

Encadré 3.1. Infrastructures et croissance économique

Les estimations empiriques du lien entre l’infrastructure et la croissance économique varient considérablement, mais les ouvrages spécialisés semblent s’accorder sur l’hypothèse selon laquelle les effets de la première sur la seconde sont positifs et inversement proportionnels au degré de développement (Estache et Fay, 2007; Straub, 2008). Ils ont recensé plusieurs moyens par lesquels l’infrastructure peut exercer une influence sur la croissance, mais leur poids relatif n’est pas bien défini (Agénor et Moreno-Dodson, 2006) :
  • Hausse de la productivité des intrants privés : cet effet résulte de la complémentarité entre les intrants. Dans ce cas, plus le stock d’infrastructures est grand, plus la productivité des autres intrants augmente (Albala-Bertrand et Mamatzakis, 2004).
  • Accroissement de la formation de capital privée : en augmentant la productivité du capital, parallèlement à celle des autres intrants privés, l’infrastructure accroît généralement les taux marginaux de rendement et l’investissement privé.
  • Baisse des coûts d’ajustement du capital privé : cela permet aux entreprises d’ajuster leur stock de capital à son niveau optimal pour faire face à une crise.
  • Augmentation de la longévité du capital privé : l’amélioration et la préservation de la qualité de l’infrastructure pourraient accroître la longévité et la productivité du capital privé et diminuer les coûts de maintenance des machines et du matériel.
  • Effets positifs indirects sur la productivité du travail : l’amélioration des infrastructures de transport et de communication diminue le temps de transport des travailleurs, et accroît ainsi leur mobilité géographique et leur productivité.
  • Amélioration des résultats sanitaires et éducatifs et amplification de leurs retombées sur la croissance : l’accès aux infrastructures de base a des effets positifs sur la situation éducative et sanitaire; l’eau courante et des installations sanitaires de base favorisent la baisse des taux de mortalité et de morbidité, surtout chez les enfants; pour sa part, l’électricité rehausse la santé et l’hygiène en diminuant les coûts associés aux activités culinaires et à l’ébullition de l’eau, et en améliorant par ailleurs les résultats éducatifs (Warwick and Doig, 2004; Saghir, 2005).
  • Augmentation du volume des échanges : Bougheas et al. (1999) démontrent qu’il existe une corrélation positive entre le stock d’infrastructures et le volume des échanges. Limão et Venables (2001) établissent que l’infrastructure est un paramètre déterminant des coûts de transport et aboutissent à la conclusion que l’écart de coûts de transport observé entre les pays côtiers et les pays enclavés tient en grande partie à ses déficiences. Djankov et al. (2006) constatent qu’un retard d’expédition d’une journée d’une cargaison internationale réduit les échanges de plus de 1 %. Donaldson (2008) montre que le développement des chemins de fer indiens entre 1861 et 1930 a rehaussé le revenu réel et le bien-être en permettant aux régions de se spécialiser dans les secteurs où elles détenaient un avantage comparatif et en intensifiant les échanges entre elles.

12La prestation des services d’infrastructure a pour l’essentiel été privatisée, mais l’État continue de jouer un rôle majeur dans le développement des infrastructures puisqu’il offre des services par l’intermédiaire d’entreprises Persero (entreprises publiques génératrices de profits). De nombreuses Perseros ont été établies dans les années 90; certaines ont vu leurs résultats se redresser sensiblement depuis, jusqu’à ne plus avoir besoin de l’aide gouvernementale, comme dans le cas des télécommunications. En revanche, dans de nombreux secteurs, tels que l’électricité et les ports, elles n’ont pas été en mesure d’investir les ressources nécessaires pour améliorer le réseau d’infrastructures voire, dans certains cas, l’entretenir. Par ailleurs, à l’exception des télécommunications et des routes à péage, la concurrence dans les secteurs d’infrastructures demeure limitée en raison du cadre réglementaire qui a découragé l’investissement privé (OCDE, 2010).

13La qualité des infrastructures varie considérablement selon les provinces et à l’intérieur de celles-ci, les districts les plus performants se situant dans la partie orientale de Java et les moins performants dans le Nord de Sumatra (KPPOD, 2008). La décentralisation a peut-être accentué les disparités entre les services d’infrastructure à l’échelon local. Les autorités locales sont désormais responsables de la prestation de certains de ces services, notamment des réseaux routiers, de distribution d’eau et d’assainissement, sans pour autant disposer des instruments de planification et de financement nécessaires pour les fournir (KPPOD, 2008). Le fossé observable en matière de services d’infrastructures entre les différents districts démontre que les bons résultats ne sont pas toujours associés aux dotations financières ou en ressources naturelles, mais sont essentiellement le fruit d’une ferme volonté politique et de solides capacités administratives à l’échelon local.

Financement des investissements en infrastructures

Dépenses publiques et efficacité

14Les dépenses publiques d’infrastructure, après l’effondrement observé à la suite de la crise asiatique, se sont redressées ces dix dernières années mais demeurent nettement en deçà du niveau atteint avant la crise. Entre 2000 et 2009, elles sont passées de 0.8 % du PIB à 1.7 % du PIB environ, mais l’essentiel de cette hausse est intervenue avant 2006 (graphique 3.3).

Graphique 3.3

Dépenses publiques dans l’infrastructure

Graphique 3.3

Dépenses publiques dans l’infrastructure

En pourcentage du PIB
Source : Ministère des Finances et calculs de l’OCDE.

15Une part substantielle du budget alloué à l’infrastructure publique est attribuée aux différents ministères (85 % en 2009). Le reste est consacré à différents programmes et fonds qui ne sont rattachés à aucun ministère en particulier, tels que le fonds de plafonnement des prix fonciers (Land Capping Fund) et le fonds d’affectations spéciales (Dana Alokasi Khusus ou DAK) [2]. Le ministère des Travaux publics et celui des Transports sont responsables de la plupart des crédits publics à l’infrastructure transitant par les ministères (respectivement 40 % et 19 % en 2009).

16À l’heure actuelle, les responsabilités en matière de développement des infrastructures sont réparties entre les différents ministères et organismes, sans autorité hiérarchique clairement définie. Ce mécanisme est inefficace car aucun organisme n’assure le degré de coordination, de leadership et d’expertise nécessaire pour planifier, exécuter et déployer les projets d’infrastructure dans les délais prévus (Purra, 2010). Le ministère des Finances alloue le budget d’infrastructure à plusieurs autres ministères. Le ministère des Affaires économiques est censé coordonner les activités qui se recoupent, comme dans le cas des projets d’infrastructure, le ministère du Développement national et de la Planification (Bappenas) étant pour sa part chargé du développement en général, des politiques de planification et de la formulation des stratégies. L’absence de coordination et de capacités est l’une des raisons pour lesquelles le budget alloué aux infrastructures est souvent sousutilisé, les dépenses étant concentrées en fin d’année. Pour résoudre ce problème, les autorités ont créé des organismes interministériels, tels que le Comité national pour la politique d’accélération de la mise en place des infrastructures (KKPPI) et le Conseil national de l’énergie, pour la politique énergétique (chapitre 2), censés offrir des conseils indépendants et spécialisés relevant de leurs domaines de compétence et améliorer la coordination entre les autres organismes. Néanmoins, l’absence d’attributions concrètes pour formuler les politiques et prendre des décisions et leur indépendance insuffisante vis-à-vis des ministères de tutelle ont compromis leur efficacité.

17Un resserrement de la coordination entre les différents ministères et organismes responsables du développement de l’infrastructure s’impose, soit par l’attribution de pouvoirs de coordination plus effectifs au ministère des Affaires économiques ou au Bappenas, soit par la création d’un nouvel organisme directement responsable du développement de l’infrastructure. En 2008, l’Australie a établi une agence, Infrastructure Australia, chargée de coordonner le développement de l’infrastructure et d’informer les autorités centrales et locales des priorités et des mécanismes de financement envisageables. Bien qu’il soit trop tôt pour l’évaluer, sa création montre la nécessité de traiter le problème de la construction et du renouvellement des infrastructures par des solutions innovantes de manière à hiérarchiser les priorités et à résoudre les problèmes de coordination.

18Outre la faiblesse des dépenses consacrées à l’infrastructure par rapport aux besoins nationaux, l’Indonésie souffre d’une sous-utilisation persistante des crédits budgétaires alloués à ce secteur. Comme il n’existe pas de budgétisation pluriannuelle efficace pour les projets d’investissement, les dépenses d’équipement sont généralement concentrées en fin d’exercice, ce qui crée des incertitudes quant à l’achèvement des projets d’infrastructure couvrant plusieurs exercices. Depuis 2003, un cadre de dépenses à moyen terme permet d’allouer des enveloppes budgétaires pluriannuelles; il doit être mis en œuvre en 2011, la première année étant contraignante. Les autorités doivent s’efforcer d’utiliser ce cadre pour améliorer les dotations budgétaires pluriannuelles destinées aux projets d’infrastructure de manière à éviter la sous-utilisation chronique des crédits et à uniformiser les dépenses dans le temps.

19Plusieurs mesures ont déjà été prises pour attirer l’investissement privé dans le secteur (voir plus loin), mais leurs effets ne se concrétiseront peut-être pas dans l’immédiat. Cela dit, même une hausse de 10 % ou 20 % par an des investissements en infrastructures que les autorités ont l’intention de financer entre 2010 et 2014 n’aurait pas d’effet considérable sur le budget, ce qui semble indiquer l’existence d’une marge budgétaire qui permettrait de porter la part de l’investissement public de 36 % à plus de 40 %. Compte tenu des projections des Perspectives économiques de l’OCDE pour 2010-12 et d’un taux de croissance annuel de 12 % du PIB nominal à compter de 2013, un accroissement de 20 % de l’investissement public dans l’infrastructure entre 2011 et 2014 ajouterait environ 0.2 point de pourcentage au ratio annuel du déficit au PIB prévu par le Plan de développement à moyen terme pour 2010-14 (graphique 3.4). Cette estimation est probablement optimiste dans la mesure où elle ne tient pas compte de l’effet direct des dépenses publiques d’infrastructure sur le PIB. Pour donner un ordre de grandeur, l’investissement supplémentaire pourrait être presque complètement financé par les économies budgétaires résultant d’une baisse d’un quart environ des subventions aux combustibles (chapitre 2).

Graphique 3.4

Déficit budgétaire de l’administration centrale1

Graphique 3.4

Déficit budgétaire de l’administration centrale1

En pourcentage du PIB
Source : Plan de développement à moyen terme, ministère des Finances et calculs de l’OCDE.

20L’urgente nécessité de lancer de nouveaux projets d’infrastructure ne doit pas être privilégiée aux dépens de l’entretien et de l’amélioration du stock d’infrastructures existant. Une place centrale doit être donnée à la maintenance. Cela dit, les dépenses d’entretien varient considérablement d’un secteur à l’autre et selon les époques en fonction de la demande et d’autres caractéristiques sectorielles. Des études sectorielles s’imposent pour évaluer les dépenses de maintenance nécessaires pour préserver la qualité du stock d’infrastructures existant et allouer les crédits budgétaires en conséquence.

Ampleur de la participation du secteur privé

21L’augmentation de l’investissement en infrastructures prévue dans le Plan de développement à moyen terme repose en grande part sur le financement privé. Si le secteur privé doit couvrir environ 64 % des dépenses d’investissement programmées entre 2010 et 2014, il lui faudra signer chaque année des engagements d’investissement à hauteur de quelque 20 milliards USD. Ce chiffre est nettement supérieur au montant maximal atteint en 1996 dans le cadre de partenariats public-privé et met en évidence l’ampleur du défi à affronter (graphique 3.5).

Graphique 3.5

Nombre et montant des projets de PPP dans le temps1

Graphique 3.5

Nombre et montant des projets de PPP dans le temps1

22D’après les chiffres concernant les partenariats public-privé (PPP) en Indonésie, le nombre des PPP et leurs engagements d’investissement ont chuté après la crise asiatique, mais se sont redressés ces dernières années. Avant 1998, l’Indonésie attirait davantage de PPP que les autres pays de la région. Après la crise et la dévaluation de la roupie, le nombre des PPP et leur montant se sont effondrés. Vers le milieu de la décennie, ils ont amorcé une reprise sous l’effet du redressement de la conjoncture macroéconomique, de l’abondance de liquidités sur les marchés internationaux et d’un climat plus propice à l’investissement privé dans l’infrastructure, comme le signalait l’Évaluation économique 2008 de l’OCDE.

23La répartition des PPP par secteur varie dans le temps, les télécommunications représentant l’essentiel des engagements en matière d’investissement. La part de l’énergie est également appréciable, surtout lorsqu’elle est mesurée en nombre de projets (graphique 3.6). Après la crise asiatique, les PPP ont concentré leur activité dans ces deux domaines, alors que le secteur des transports, en raison de problèmes d’acquisition de terres, et, dans une large mesure, celui de la distribution d’eau et de l’assainissement ont occupé une place plus discrète. Les engagements d’investissement massifs des PPP dans les télécommunications correspondent à un petit nombre de gros projets d’investissements privés.

Graphique 3.6

Part sectorielle des engagements d’investissement et du nombre de projets

Graphique 3.6

Part sectorielle des engagements d’investissement et du nombre de projets

24Les partenariats public-privé présentent divers avantages. Ils permettent d’allouer efficacement les risques à la partie qui est la plus en mesure de les gérer et de mettre à profit l’expertise des projets privés en matière de gestion. Ils peuvent aussi permettre aux pouvoirs publics de financer davantage de projets d’infrastructure que ne le font les dépenses d’investissement publiques classiques, mais cela ne doit pas se faire aux dépens de la transparence des comptes budgétaires et de la communication d’informations détaillées sur l’ensemble des risques financiers (encadré 3.2). Cela dit, les PPP ne réalisent des économies par rapport aux méthodes traditionnelles de passation de marchés publics que si leurs gains d’efficience sont supérieurs à leurs surcoûts de financement et de transaction. La question de l’efficience à long terme des PPP n’a pas été résolue, le nombre d’études conduites à ce jour étant insuffisant (Hodge et Greve, 2009). L’efficacité des PPP varie probablement selon les cas. En Indonésie, deux centres d’expertise technique dans la préparation de projets ont été mis en place; le Service central des partenariats public-privé, dans le cadre du Comité interministériel pour l’infrastructure KKPPI, et le Dispositif d’élaboration des projets dans celui de Bappenas.

Encadré 3.2. Partenariats public-privé

Une différence fondamentale entre les PPP et les financements publics réside dans leur traitement budgétaire respectif. De manière générale, l’endettement est contracté par le secteur privé, dans le premier cas, et par le secteur public dans le second, même si les traitements comptables varient sensiblement d’un pays à l’autre. Dans un examen de l’utilisation des PPP dans huit pays de l’OCDE (Australie, France, Hongrie, Corée, Portugal, Royaume-Uni, États-Unis et Chili) Posner et al. (2009) constatent que ce sont essentiellement les pressions budgétaires qui, dans un premier temps, ont motivé le recours à cette formule, tout au moins dans certains pays. Néanmoins, les PPP sont parfois utilisés à la seule fin d’échapper aux contrôles sur les dépenses et de ne pas inscrire de dettes au bilan. Dans ce cas, le gouvernement assume généralement l’essentiel des risques du projet et peut se trouver exposé à de gros engagements à moyen et long terme. En général, les PPP ne doivent pas porter atteinte à la transparence des comptes budgétaires et à la communication complète d’informations sur les risques financiers. Il n’existe pas de normes universellement acceptées de comptabilité et de notification budgétaires pour les PPP. Posner et al. (2009) proposent quelques mesures visant à renforcer les procédures d’examen budgétaire et de délibération dans le cadre des PPP :
  • La procédure d’élaboration du budget devrait prévoir le financement immédiat de la totalité des engagements découlant des projets de PPP – les responsables publics prendraient ainsi pleinement conscience des conséquences de leurs décisions en termes de coûts.
  • Le financement intégral des engagements associés aux PPP devrait être mis en concurrence avec d’autres demandes pour l’obtention de ressources budgétaires limitées de manière à obliger les décideurs à comparer les coûts et bénéfices de ces projets à ceux d’autres programmes et priorités.
  • Tous les PPP devraient être intégralement inscrits au budget, même si ces projets sont considérés hors bilan.
  • Il conviendrait de consolider la procédure d’analyse des PPP par la définition formelle de critères pour évaluer leur faisabilité et procéder à des examens de la rentabilité.
  • Les plafonds concernant le montant total des engagements de PPP contractés au cours d’un exercice donné pourraient servir à évaluer la faisabilité des PPP. Les plafonds peuvent être calculés par référence à la valeur actuelle nette totale du coût à long terme des projets approuvés et/ou des décaissements annuels correspondants.
  • Il faudrait estimer les garanties de l’État au moment où les engagements sont autorisés, et envisager pour ce faire le recours à des techniques basées sur les droits constatés. Le plafonnement des garanties totales devrait aussi être envisagé.
  • Le renforcement des cadres budgétaires à long terme permettrait d’apprécier en meilleure connaissance de cause la faisabilité à long terme des projets de PPP. La première étape consiste à modéliser les perspectives budgétaires à longue échéance. Les autorités devraient aussi songer à définir les objectifs budgétaires à court et moyen termes sur cette base.
  • Il conviendrait de faire figurer dans les documents budgétaires des informations complètes sur les obligations futures de paiement au titre des PPP. Le Royaume-Uni et le Portugal offrent deux excellents exemples de transparence dans ce domaine.

25Il est extrêmement difficile de choisir les projets qui seront financés dans le cadre de PPP. Comme signalé dans les Principes de l’OCDE pour la participation du secteur privé dans l’infrastructure, le choix entre la fourniture publique ou privée des services d’infrastructure devrait se fonder sur une analyse coûts/avantages prenant en compte toutes les modalités possibles, l’ensemble du système de fourniture des infrastructures ainsi que les coûts et avantages financiers et non financiers prévisibles sur toute la durée de vie du projet (OCDE, 2007). Tous les risques doivent être pris en considération, et l’analyse coûts-avantages doit couvrir les passifs éventuels qui s’y rattachent.

26Les analyses de rentabilité sont notoirement difficiles, et celles que certains pays développés ont conduites dans ce domaine sont loin d’être satisfaisantes [3]. L’expérience internationale montre que, pour être efficaces, ces analyses doivent être exécutées en toute rigueur, sans aucun biais en faveur d’une méthode de financement, et qu’elles doivent tenir compte de l’allocation réelle des risques entre les parties. Par ailleurs, les responsables publics doivent se concentrer sur la notion de « faisabilité absolue » des projets PPP. Il s’agit du seuil au-delà duquel même les projets présentant une bonne rentabilité risquent de dépasser les limites budgétaires, compromettant ainsi la situation budgétaire à long terme (Posner et al., 2009). Cela appelle évidemment un traitement approprié de tous les passifs dérivant des PPP dans le budget.

27La loi qui régit actuellement la procédure de passation de marchés publics pour les PPP dans le domaine de l’infrastructure exige des autorités qu’elles observent des règles de diligence et privilégient la viabilité budgétaire. Fait important, elle précise que le gouvernement n’offrira pas de garantie générale et que les risques seront alloués aux parties publiques et privées au cas par cas. En 2006, le ministère des Finances a établi que l’État peut couvrir les risques suivants :

  • le risque politique : il se rapporte aux mesures gouvernementales unilatérales, telles que l’expropriation d’actifs, des amendements législatifs, l’interdiction de rapatriement de fonds et les restrictions de change ;
  • le risque associé à l’exécution du projet : il a trait aux retards ou à la hausse des coûts d’acquisition de terres et à la modification par les autorités des spécifications du projet ;
  • le risque relatif à la demande : dans le cas où les recettes réalisées sont inférieures aux prévisions minimales suite à une baisse de la demande.
Pour gérer ces risques dans un cadre cohérent, les autorités ont créé en 2009 le Fonds indonésien de garantie pour l’infrastructure (IGF). Celui-ci garantit les obligations de l’État envers les PPP sur versement d’une redevance par l’exploitant. Il a été établi sous forme d’entreprise publique dotée d’un capital initial de 1 000 milliards IDR apporté par le gouvernement, les organismes multilatéraux et bailleurs de fonds internationaux étant censés y injecter d’autres capitaux. Il sera géré sous forme commerciale dans l’objectif d’obtenir une cote de solvabilité élevée (« catégorie investissement »). L’un de ses principaux avantages est qu’il assurera un cantonnement des obligations de l’État dérivant des projets de PPP. Il fonctionnera sous forme de guichet unique de l’État pour évaluer les projets, structurer les garanties et traiter les demandes d’indemnisation. Il devrait en outre rehausser la solvabilité des entreprises d’infrastructure assurées, ce qui leur permettra d’obtenir des financements privés à des conditions plus favorables. Ses procédures de fonctionnement détaillées n’ont pas encore été établies.

28Le gouvernement doit prêter une attention particulière aux risques liés à la demande, ce qui constitue de sa part une forme de garantie. La prise en charge de ces risques peut avoir pour avantage de créer une prime sur le montant des offres. Elle risque en revanche de créer une tendance à surestimer la demande ultérieure afin de rehausser la valeur de certains projets. Cette pratique peut compromettre la viabilité financière du projet à long terme et faire peser sur les autorités le risque de devoir verser des indemnisations onéreuses par la suite. Pour parer à cette éventualité, le gouvernement pourrait faire appel à des conseillers techniques qui lui fourniraient des prévisions de la demande raisonnables et indépendantes, ce qui limiterait la possibilité pour les soumissionnaires d’établir leurs offres en fonction d’hypothèses exagérément optimistes à cet égard et limiterait les comportements opportunistes conduisant à des renégociations de contrats (APEC, 2009).

29Le manque de crédits à long terme en monnaie locale a été l’un des principaux obstacles à l’investissement privé en infrastructures. Les banques commerciales, principale source de financement en Indonésie, sont généralement incapables de fournir des prêts à long terme car une forte proportion de leurs dépôts sont à court terme, un mois ou moins, et de surcroît elles manquent d’expérience pour évaluer la solvabilité des projets d’infrastructures. Les autorités indonésiennes ont reconnu depuis longtemps ce problème et ont pris des mesures pour améliorer la situation. Récemment, le gouvernement, en coopération avec la Banque asiatique de développement, la Société financière internationale et l’Agence allemande de coopération pour le développement, a mis sur pied la PT Indonesia Infrastructure Finance (IIF), dotée d’un capital initial de 160 millions USD, plus 100 millions USD de prêts subordonnés de la Banque mondiale et autant de la Banque asiatique de développement. L’IIF est une institution financière non bancaire qui fonctionnera selon les règles du marché et qui aura pour but de canaliser les financements privés nationaux vers des projets d’infrastructures. Elle empruntera aux investisseurs institutionnels locaux et aux banques recherchant des placements longs plus rémunérateurs que les emprunts souverains et les émissions de grandes sociétés, et fournira des financements libellés en roupies à des projets d’infrastructures solvables. Sa cote de crédit satisfaisante permettra à l’IIF d’emprunter quelque 2.7 milliards USD (25 000 milliards IDR) sur le marché de la dette. Elle offrira aussi des services de conseil pour détecter des projets bancables et développer le secteur d’infrastructures en général. Outre l’acheminement de fonds locaux à long terme vers des projets d’investissement à long terme, l’IIF pourrait contribuer à approfondir les marchés financiers indonésiens dans le compartiment des échéances longues en émettant des titres à long terme de haute qualité, dont l’offre est actuellement très insuffisante. L’apport de financements en monnaie locale est particulièrement opportun car il éliminera le risque de change.

Comparaison entre le cadre réglementaire de l’Indonésie et ceux des pays de l’OCDE

30Le développement de l’infrastructure exige avant tout un cadre réglementaire solide. Les investissements en infrastructures sont généralement substantiels et de longue durée; l’incertitude joue donc un rôle disproportionné dans les décisions d’investissement des entreprises. En conséquence, l’amélioration de la certitude réglementaire et la crédibilité des engagements gouvernementaux se traduisent généralement par une hausse de l’investissement privé (encadré 3.3). Ce cadre amélioré comporte notamment des organismes de réglementation indépendants, une réglementation appropriée des prix, des appels d’offres et des autorisations, et une diminution des restrictions à l’IDE.

Encadré 3.3. Cadre réglementaire et réalisations d’infrastructures

Les études théoriques et empiriques portant sur le lien entre le régime d’infrastructure, l’incertitude et les réalisations infrastructurelles sont rares. Il ressort cependant des données généralement disponibles que des cadres institutionnels solides améliorent les résultats dans ce domaine. Esfahani et Ramirez (2003) utilisent un modèle de croissance pour montrer en quoi les institutions qui confèrent crédibilité et efficacité aux mesures publiques (à savoir un faible risque de résiliation de contrat) favorisent le développement de l’infrastructure. Andres et al. (2007) établissent, pour l’Amérique latine, que la structure, le cadre et la qualité de la réglementation facilitent l’alignement des coûts et des tarifs, découragent les renégociations et améliorent la productivité, la qualité des services, leur couverture et les tarifs. Henisz (2002) s’appuie sur un jeu de données couvrant deux siècles pour montrer que les cadres réglementaires qui limitent les réorientations politiques brutales et diminuent ainsi l’incertitude réglementaire expliquent les variations internationales concernant l’année d’entrée en service d’une infrastructure et le rythme de développement ultérieur de cette dernière. Henisz et Zelner (2001) indiquent que les différences relatives aux mécanismes de contrôle du pouvoir discrétionnaire de l’exécutif, qui débouchent sans doute sur des engagements crédibles, expliquent le rythme de développement de l’infrastructure de télécommunications de base dans les différents pays entre 1960 et 1994. Serven (1997), se fondant sur un vaste jeu de données temporelles couvrant plusieurs pays africains, observe une association négative entre les activités d’investissement et les mesures de l’instabilité et conclut que l’incertitude est un élément déterminant du mauvais bilan de l’Afrique en matière d’investissements. Keefer (1996) soutient que les bénéfices élevés dégagés de la construction des chemins de fer espagnols au milieu du XIXe siècle sont une conséquence du manque de crédibilité de l’État. Le risque d’une intervention gouvernementale a fortement incité les investisseurs à s’assurer des taux de rendement élevés durant la phase de construction.

31La présente section s’appuie sur des informations recueillies dans le cadre du Questionnaire relatif aux investissements en infrastructures adressé aux autorités nationales des pays membres de l’OCDE au cours de l’hiver 2008 (Égert et al., 2009). Ce même questionnaire a été transmis aux autorités indonésiennes à l’automne 2009. Les informations qu’il contient doivent être interprétées avec prudence. S’il rend probablement bien compte du cadre réglementaire de jure, il ne contient guère d’informations quant à la situation de facto. Stern (2007) montre bien que le cadre réglementaire est en réalité déterminé par les décisions des autorités, lesquelles peuvent décourager, ou pas, les investisseurs privés. Par ailleurs, la réglementation de l’infrastructure est complexe dans la mesure où elle influe sur plusieurs domaines, tels que la tarification, la qualité des services et les retombées sur l’environnement. Plusieurs pays de l’OCDE ont adopté une forme ou une autre d’analyse d’impact de la réglementation pour évaluer les effets et les arbitrages de cette dernière dans le domaine de l’infrastructure; leur réalisation complète peut toutefois s’avérer délicate du point de vue administratif et technique (OCDE, 2009).

Instance de réglementation sectorielle

32La volonté des autorités de renforcer le cadre réglementaire des infrastructures transparaît dans le « Programme en faveur des infrastructures » publié en 2006. Il s’agissait au premier chef d’intensifier la concurrence, de supprimer les pratiques discriminatoires et de séparer les fonctions gouvernementales d’élaboration des politiques, de réglementation et de prestation de services. Sur la base de ces principes, les gouvernements indonésiens successifs ont établi plusieurs autorités de réglementation, mais pas dans tous les secteurs d’infrastructures (tableau 3.2). En particulier, il n’existe pas d’autorités indépendantes pour la réglementation de l’électricité, de la distribution d’eau et des transports ferroviaires, ce qui s’inscrit en contraste avec la grande majorité des pays de l’OCDE, où les instances réglementaires sont plus répandues (encadré 3.4). En Indonésie, les autorités responsables du transport routier, du transport par voie d’eau et du transport aérien ne sont pas indépendantes de la branche exécutive du gouvernement (tableau 3.3). Cette pratique diffère des pays de l’OCDE, où les organismes de réglementation sont le plus souvent indépendants de l’État.

Tableau 3.2

Existence d’une autorité de réglementation au moins

Tableau 3.2
Indonésie Pays de l’OCDE1 Électricité Non 96 % Gaz Oui 96 % Alimentation en eau Non 84 % Transports ferroviaires Non 92 % Transports routiers Oui 68 % Transports par voie d’eau Oui 76 % Transports aériens Oui 92 % Télécommunications Oui 100 % 1. Pourcentage de pays de l’OCDE ayant répondu par l’affirmative au questionnaire (25 pays).

Existence d’une autorité de réglementation au moins

Source : Questionnaire de l’OCDE concernant les infrastructures.

Encadré 3.4. La mise en place d’autorités de réglementation

L’évolution la plus remarquable des cadres réglementaires concernant l’infrastructure au cours des 15 dernières années a été l’établissement d’autorités de réglementation dans les pays développés et en développement. Plus de 200 d’entre elles ont été créées, toutes n’étant pas autonomes vis-à-vis du gouvernement (Stern, 2007). L’indépendance à l’égard de l’exécutif est désormais jugée constituer une condition importante, sinon unique, à l’efficacité des autorités de réglementation. Selon Melody (1997), celles-ci sont indépendantes quand elles disposent d’une autonomie pour exécuter les politiques et vérifier leur respect sans obstruction ou ingérence abusive de la part du pouvoir politique ou des opérateurs sectoriels. Cela suppose de bâtir les compétences nécessaires pour prendre des décisions impartiales et éclairées en vue de réaliser les objectifs stratégiques déclarés et d’en être comptable. D’autres caractéristiques, telles que la légitimité et la crédibilité, sont des déterminants importants de l’efficacité des autorités réglementaires. Cubbin et Stern (2006) observent, sur un échantillon de pays en développement, que même des autorités de réglementation non indépendantes, établies par une loi réglementaire et non par décret gouvernemental, sont associées à une hausse de 15 à 20 % de la capacité de production d’électricité à long terme.
D’après les tendances récemment observées, le nombre d’instances de réglementation indépendantes augmente dans les pays développés comme dans les pays en développement. Ce modèle est devenu la norme recommandée pour résoudre le problème de l’investissement privé dans les secteurs de l’infrastructure, tout comme il constitue un moyen de gérer le problème des engagements et de l’incohérence temporelle dans le domaine de la politique monétaire (Levine et al., 2003). Estache et Goicoechea (2005) signalent qu’en 2004, près de 64 % des PMA avaient institué, sous une forme ou une autre, un organisme de réglementation indépendant dans le secteur des télécommunications, 56 % dans celui de l’électricité et 21 % dans celui de l’eau. Des données empiriques de plus en plus nombreuses viennent appuyer l’hypothèse selon laquelle l’amélioration de la gestion associée avec les instances de réglementation indépendantes se traduit par une progression des résultats sectoriels. Cubbin et Stern (2006) – dans une étude des réformes du secteur de l’électricité conduites dans 28 pays en développement entre 1980 et 2001 – indiquent qu’un cadre réglementaire de meilleure qualité va de pair avec une hausse à long terme de 25 % à 35 % de la capacité de production par habitant. Gutierrez (2003) établit un indice de la gouvernance réglementaire des télécommunications sur un échantillon de pays latino-américains et caribéens entre 1980 et 1997 en tenant compte de l’existence d’une instance de réglementation distincte et de ses fonctions. Il observe qu’une hausse d’un point de pourcentage de l’indice correspond à une augmentation d’environ 20 % du nombre de lignes fixes pour 100 habitants. L’ordonnancement de la réforme semble également peser dans la balance. Wallsten (2002) constate que l’établissement d’une autorité de réglementation séparée avant une privatisation entraîne une augmentation des investissements dans les télécommunications et accroît la pénétration du téléphone fixe et mobile. Par ailleurs, les investisseurs sont disposés à verser des sommes plus élevées pour les entreprises de télécommunications des pays qui disposent déjà d’un organisme de réglementation. Cela cadre avec l’hypothèse selon laquelle les investisseurs demandent une prime de risque pour investir lorsque les règles réglementaires demeurent floues.
Tableau 3.3

Indépendance de l’autorité de réglementation

Tableau 3.3
L’autorité de réglementation reçoit-elle des instructions de la part de l’exécutif? L’exécutif peut-il annuler une décision de l’autorité de réglementation? Indonésie OCDE1 Indonésie OCDE1 Exploitation de l’infrastructure routière Oui 44 % Oui 44 % Exploitation de l’infrastructure de transport aérien Oui 48 % Oui 44 % Exploitation de l’infrastructure de transport par voie d’eau Oui 40 % Oui 36 % 1. Pourcentage de pays de l’OCDE ayant répo ndu par l’affirmat ive (25 pays).

Indépendance de l’autorité de réglementation

Source : Questionnaire de l’OCDE concernant les infrastructures.

33Les autorités de réglementation indonésiennes relèvent du gouvernement ou du ministère de tutelle et ont une fonction purement consultative. Ce dispositif peut raisonnablement être considéré comme la première étape d’une réforme du cadre institutionnel, dont l’objet serait de donner aux organismes de réglementation le temps d’acquérir une expertise, de gagner en crédibilité et en autorité et d’atténuer le risque de détournement réglementaire par le secteur privé, mais le moment est désormais venu de leur conférer une plus grande autonomie.

34Dans le cadre de la réforme institutionnelle du secteur de l’infrastructure, l’Indonésie doit établir des autorités de réglementation efficaces dans les secteurs où elles n’existent pas, comme la distribution d’eau et les transports ferroviaires. Par ailleurs, les organismes réglementaires existants doivent se voir conférer une plus grande indépendance, tout en approfondissant l’expertise qu’ils ont acquise à ce stade. La mise en place d’instances de réglementation indépendantes et efficaces conduirait à la séparation des deux fonctions que le gouvernement assume encore dans de nombreux secteurs d’infrastructure, celle de régulateur et celle de prestataire de services par l’intermédiaire d’entreprises publiques. Cette démarche s’inscrit dans la logique des Lignes directrices de l’OCDE sur le gouvernement d’entreprise des entreprises publiques, qui appellent à une distinction claire entre la fonction d’actionnaire et les autres missions qui incombent à l’État et qui sont susceptibles d’influencer les prestataires de services, notamment en ce qui concerne la réglementation du marché (OCDE, 2005).

35L’indépendance financière serait un moyen de donner aux organismes réglementaires une plus grande latitude dans certaines circonstances et d’atténuer les pressions politiques à court terme. Pour ce faire, leur budget pourrait être financé, en totalité ou en grande partie, par des droits de licence ou d’autres taxes associées au chiffre d’affaires du prestataire de services et, uniquement dans le cas où ces fonds seraient insuffisants, par des affectations budgétaires. En particulier, la taxe devrait être établie par la loi, et peut être considérée comme une redevance au titre des services de réglementation plutôt qu’une taxe (Brown et al., 2006). Le budget public pourrait financer les organismes réglementaires dans les seuls cas où ils réaliseraient des travaux particuliers ne relevant pas de leurs responsabilités préalablement spécifiées et pendant la période suivant immédiatement leur création.

36L’application de critères de sélection indépendants pour recruter les responsables de la réglementation sur la seule base du mérite et des qualifications concourrait également à donner davantage d’autonomie aux organismes réglementaires et consoliderait par ailleurs leur expertise. Cela suppose de lever l’obligation de recruter leur personnel parmi les fonctionnaires ou les employés d’un ministère donné.

37Les autorités indonésiennes pourraient conférer davantage de pouvoirs aux organismes de réglementation. Outre leur dépendance à l’égard du gouvernement, les autorités de réglementation indonésiennes ont des responsabilités très restreintes par rapport aux institutions de même nature des pays de l’OCDE (tableau 3.4). Dans ces derniers, elles sont généralement chargées d’appliquer les réglementations, de vérifier qu’elles sont respectées et d’appliquer des amendes et des sanctions plutôt que d’élaborer des règles spécifiques. Les données semblent indiquer que le pouvoir qu’ont ces organismes de superviser les contrats par l’application des réglementations et la vérification de la conformité à celles-ci atténue la probabilité d’une renégociation à l’initiative de l’entreprise et de l’État (Guasch et al., 2003 et 2007). Des négociations rapides peuvent signaler un comportement opportuniste des nouveaux opérateurs pendant la procédure d’appel d’offres (par une stratégie de sous-cotation) et après celle-ci (par la non-communication d’informations essentielles au gouvernement afin d’obtenir une distribution plus avantageuse des rentes).

Tableau 3.4

Pouvoirs des autorités de réglementation dans les secteurs de l’infrastructure

Tableau 3.4
Élaboration de règles spécifiques pour le secteur Application des réglementations et vérification de la conformité à ces dernières Pouvoir de pénaliser et de sanctionner Indonésie OCDE1 Indonésie OCDE1 Indonésie OCDE1 Électricité, dont : Production Non 64 % Non 68 % Non 68 % Transport Non 84 % Non 92 % Non 92 % Distribution et fourniture Non 88 % Non 92 % Non 92 % Gaz, dont : Production Non 28 % Non 36 % Non 36 % Transports Non 84 % Non 92 % Non 92 % Distribution et fourniture Non 88 % Non 92 % Non 92 % Captage, purification et distribution de l’eau Non 40 % Non 44 % Non 44 % Transports ferroviaires Transport de passagers Non 40 % Non 52 % Non 52 % Fret Non 40 % Non 48 % Non 48 % Exploitation de l’infrastructure ferroviaire Non 36 % Non 56 % Non 56 % Exploitation de l’infrastructure routière Non 44 % Oui 44 % Non 44 % Exploitation d’infrastructures de transport par voie d’eau Non 44 % Non 48 % Non 48 % Transport aérien, dont : Transport aérien Non 44 % Non 48 % Non 48 % Exploitation de l’infrastructure de transport aérien Non 48 % Non 48 % Non 48 % Télécommunications, dont : Réseau fixe Non 80 % Non 96 % Non 96 % Services fixes Non 80 % Non 96 % Non 96 % Services mobiles Non 80 % Non 96 % Non 96 % Services Internet Non 76 % Non 88 % Non 88 % 1. Pourcentage de pays de l’OCDE dont les autorités de réglementation sont responsables du domaine en question (25 pays).

Pouvoirs des autorités de réglementation dans les secteurs de l’infrastructure

Source : Questionnaire de l’OCDE concernant les infrastructures.

38L’affermissement de l’indépendance et des pouvoirs des organismes de réglementation a pour contrepartie le renforcement de leur responsabilisation par la mise en place de mécanismes de contrôle et l’amélioration de la transparence (Majone, 2006). Il est certes difficile d’établir un équilibre entre indépendance et obligation de rendre compte. Quelques mesures ont déjà été mises en place dans certains secteurs, telles que la publication de rapports annuels et la création de forums où les parties intéressées peuvent soumettre leur avis sur des questions relevant de la compétence des autorités de réglementation (comme dans le secteur des télécommunications). Il serait possible d’accroître la responsabilité à l’égard du public en autorisant les tribunaux et d’autres organismes non politiques à examiner, le cas échéant, les décisions des organismes de réglementation, en faisant régulièrement procéder à leur évaluation par des vérificateurs indépendants ou des comités législatifs, et en établissant des procédures écrites définissant la marche à suivre pour révoquer les responsables de la réglementation qui prennent des mesures inappropriées.

39Il serait également possible d’atténuer l’incertitude réglementaire ressentie par les investisseurs en établissant les responsabilités générales des autorités de réglementation par la loi plutôt que par décret ministériel. Un décret ministériel n’est pas un instrument juridique suffisamment puissant pour créer un organisme de réglementation car il peut être révoqué ou amendé par le seul ministère, sans concertation avec le Parlement (Latifulhayat, 2008). Par le passé, plusieurs organismes de réglementation efficaces ou commissions indépendantes ont été mis en place dans le cadre de lois, comme la Commission indonésienne de radiodiffusion et la Commission indonésienne sur la concurrence déloyale.

Réglementation des prix

40La réglementation des prix des services d’infrastructure est un moyen d’action de premier plan [4]. Elle contribue à déterminer dans quelle mesure les opérateurs peuvent recouvrer leurs coûts, procéder à de nouveaux investissements et adopter des technologies destinées à réduire les coûts. Dans les secteurs d’infrastructure, elle relève globalement de deux catégories : la réglementation du taux de rentabilité (ou tarification basée sur les coûts) et le plafonnement des prix (ou tarification incitative). Dans le cadre du premier régime, les prix sont fixés de manière à couvrir les coûts de production et à autoriser un taux de rendement prédéterminé sur le capital investi. Il a pour principal inconvénient d’inciter les investisseurs à surinvestir et de ne pas récompenser la suppression des inefficacités ou l’adoption de technologies permettant de diminuer les coûts. À l’inverse, la réglementation par le plafonnement des prix stimule la concurrence et offre de sérieuses incitations à adopter des technologies économiques et à rehausser l’efficience; il a cependant été constaté qu’elles conduisent plus souvent à une renégociation du contrat que la tarification en fonction des coûts (Guasch et al., 2003 et 2007). Quand elle va de pair avec une instance de réglementation indépendante, la réglementation des prix par des incitations telles que le plafonnement des prix ou des revenus semble avoir favorisé l’investissement en infrastructures dans les pays de l’OCDE (Égert, 2009).

41La définition d’un régime optimal de réglementation des prix pour chaque secteur pose de multiples problèmes. Un critère uniforme n’a guère de chances de donner des résultats satisfaisants, le régime optimal de tarification étant fonction des caractéristiques sectorielles. Néanmoins, les deux catégories de réglementation des prix appellent des autorités de réglementation actives et puissantes pour surveiller le comportement et les résultats des exploitants et déterminer les augmentations de tarifs. En ce sens, la mise en place d’organismes de réglementation efficaces et indépendants n’en est que plus impérative.

42L’Indonésie se distingue des pays de l’OCDE dans la mesure où les prix y sont réglementés, tout au moins partiellement, dans tous les secteurs de l’infrastructure hormis l’exploitation de l’infrastructure routière (tableau 3.5). Les entreprises fixent les prix en fonction de directives gouvernementales. En outre, ces tarifs assurent essentiellement un taux de rendement prédéterminé ou correspondent à une autre forme de réglementation fondée sur les coûts (à savoir une marge par rapport aux coûts). C’est seulement dans le secteur des télécommunications, plus particulièrement pour les réseaux et les services de ligne fixe, que le plafonnement des prix proprement dit est appliqué.

Tableau 3.5

Degré de réglementation des prix dans les secteurs d’infrastructure

Tableau 3.5
Les prix sont-ils réglementés? OCDE1 Indonésie Oui, tous Partiellement Non Électricité, dont : Production Partiellement 0 % 20 % 64 % Transport Oui, tous 80 % 12 % 4 % Distribution et fourniture Oui, tous 28 % 68 % 4 % Gaz, dont : Production Partiellement 0 % 8 % 48 % Transport Partiellement 68 % 16 % 4 % Distribution et fourniture Partiellement 36 % 56 % 4 % Captage, purification et distribution de l’eau Oui, tous 32 % 32 % 12 % Exploitation de l’infrastructure ferroviaire Partiellement 32 % 32 % 12 % Exploitation de l’infrastructure routière Non 32 % 12 % 16 % Exploitation d’infrastructures de transport par voie d’eau Oui, tous 8 % 20 % 44 % Exploitation de l’infrastructure de transport aérien Ou, tous 8 % 52 % 16 % Télécommunications, dont : Réseau fixe Oui, tous 12 % 68 % 16 % Services fixes Oui, tous 0 % 76 % 20 % Services mobiles Partiellement 0 % 64 % 20 % Services Internet Partiellement 0 % 24 % 40 % 1. Pourcentage des pays de l’OCDE ayant répondu au questionnaire (25 pays). Il se peut que les pourcentages totalisent moins de 100 % en raison du taux de non-réponse.

Degré de réglementation des prix dans les secteurs d’infrastructure

Source : Questionnaire de l’OCDE concernant les infrastructures.

Autorisations et appels d’offres

43Un facteur déterminant pour attirer l’investissement privé a trait à la délivrance des autorisations (telles que les autorisations d’aménagement, les permis d’environnement et les licences d’exploitation des autorités locales) avant le lancement des appels d’offres. En effet, outre que leur obtention préalable diminue l’incertitude, elle a une influence particulière sur les éventuels retards et dépassements de coûts consécutifs. L’Indonésie, à l’instar des autres pays de l’OCDE ayant répondu au questionnaire, semble suivre la pratique optimale qui consiste à délivrer ces autorisations avant de lancer des appels d’offres (tableau 3.6). Il convient toutefois de placer ces réponses dans leur contexte. L’absence de procédures efficaces et rapides d’expropriation foncière a été l’obstacle majeur au développement des routes à péage. Ainsi, même si l’obligation formelle d’obtenir les permissions et autorisations est déjà en place, l’absence de procédures d’application des règles et les retards administratifs risquent de freiner considérablement le développement des projets d’infrastructure (chapitre 1).

Tableau 3.6

Planification des investissements

Tableau 3.6
Indonésie OCDE1 L’entrepreneur (organisme public) obtient-il généralement une autorisation d’aménagement avant le lancement de l’appel d’offres? Oui 56 % En principe, l’organisme public obtient-il le permis d’environnement avant le lancement de l’appel d’offres? Oui 44 % Le cas échéant, l’organisme public obtient-il les licences des autorités locales avant le lancement de l’appel d’offres? Oui 76 % 1. Pourcentage de pays de l’OCDE ayant répondu par l’affirmative au questionnaire (25 pays).

Planification des investissements

Source : Questionnaire de l’OCDE concernant les infrastructures.

Restrictions en matière d’investissement direct étranger

44La législation en matière d’IDE est un facteur déterminant de la capacité d’un pays à attirer les financements du secteur privé pour les PPP et à développer ses compétences techniques grâce à des transferts technologiques. Les investisseurs privés étrangers peuvent apporter des moyens financiers et disposent de l’expertise nécessaire pour procéder à des investissements fructueux dans l’infrastructure. Malgré les efforts déployés pour assouplir les obstacles à l’IDE par la publication d’une liste d’investissements négative, le régime appliqué par l’Indonésie dans ce domaine demeure très restrictif en regard des pratiques internationales (Kalinova et al., 2010) [5]. S’agissant des secteurs d’infrastructure, celui de l’électricité est assujetti à des obligations réglementaires modérées en comparaison à ceux des transports et des télécommunications. Parmi les cinq pays de l’Engagement renforcé de l’OCDE, seule la Chine applique des régimes plus restrictifs que l’Indonésie dans ces trois secteurs, de même que l’Inde dans celui des télécommunications (graphique 3.7).

Graphique 3.7

Législation en matière d’IDE dans des secteurs d’infrastructure représentatifs, 20091

Graphique 3.7

Législation en matière d’IDE dans des secteurs d’infrastructure représentatifs, 20091

Source : Kalinova et al. (2010).

45Étant donné l’importance des restrictions à l’IDE dans le domaine de l’infrastructure, il y aurait intérêt à les diminuer, surtout en ce qui concerne la participation étrangère au capital dans les secteurs des télécommunications et des transports et, dans une moindre mesure, celui de l’électricité. Dans ce dernier domaine, les entraves à l’acquisition d’actions pourraient également être réduites. Il est en outre possible de diminuer les obstacles réglementaires à l’embauche de personnel dirigeant étranger dans ces trois secteurs de manière à faciliter le recrutement de directeurs et de responsables disposant des compétences et des qualifications nécessaires pour améliorer l’exploitation des services d’infrastructure. Outre qu’elle apporte de nouveaux capitaux, l’augmentation de la participation étrangère dans les secteurs de l’infrastructure peut améliorer le savoir-faire local et intensifier la concurrence, accélérant ainsi le développement d’entreprises d’infrastructure locales.

Secteurs d’infrastructure représentatifs

Électricité

46Le secteur de l’électricité est dominé par l’entreprise publique Perusahaan Listrik Negara (PLN). Les tarifs ont toujours été uniformes au niveau national, les gros consommateurs (les entreprises pour la plupart) subventionnant les ménages. C’est pourquoi PLN a dû gérer un vaste programme de subventions croisées entre les régions et les consommateurs. Étant donné sa situation financière déficiente, PLN n’a pas été en mesure de financer de nouveaux investissements, de développer l’électrification dans les zones rurales ni même, dans certains cas, de procéder aux opérations courantes de maintenance.

47Un large pourcentage des ménages n’est pas raccordé à l’électricité, notamment parmi les pauvres. Néanmoins, l’écart entre les quintiles inférieur et supérieur des revenus, en termes de fourniture d’électricité par PLN, s’est fortement résorbé entre 2005 et 2008 (tableau 3.7). Le gouvernement vise à porter le taux d’électrification à 80 % d’ici à 2014 et à 90 % à l’horizon 2020. Pour atteindre ces objectifs, il a mis en place deux programmes accélérés portant sur la production de 10 000 MW, dont le premier doit être achevé en 2013 et le second en 2015. Ces programmes visent également à relever substantiellement la part de l’électricité produite à partir de charbon et de gaz, plutôt que de pétrole, de manière à réduire les coûts de production. Afin d’augmenter l’investissement privé dans le secteur de l’électricité, les autorités ont levé les droits d’importation sur le matériel nécessaire à la construction de centrales électriques dans la deuxième phase du programme accéléré.

Tableau 3.7

Source d’éclairage par tranche de revenu, 2008

Tableau 3.7
Quintile inférieur 2e quintile 3e quintile 4e quintile Quintile supérieur Écart : Supérieur – Inférieur 2008 2005 Électricité fournie par PLN 70.8 76.8 80.5 84.2 89.9 19.1 47.8 Torches 21.5 14.9 10.6 6.1 2.0 –19.5 –41.0 Autres 7.8 8.3 8.9 9.8 8.1 0.4 –6.8

Source d’éclairage par tranche de revenu, 2008

Source : Susenas et calculs de l’OCDE.

48Les producteurs indépendants d’électricité (PIE) et les centrales intégrées, qui sont des centrales productrices d’électricité non connectées au réseau et utilisées dans le seul but de satisfaire aux besoins du propriétaire, produisent une part considérable et croissante de l’électricité (graphique 3.8). À ce jour, les PIE ont une capacité installée d’environ 5 000 MW, contre 25 000 MW environ pour PLN (PLN, 2009; Purra, 2010), et PLN conserve un monopole sur la vente, la distribution et le transport de l’électricité. Les estimations de la capacité installée des centrales privées varient, mais celle-ci semble substantielle (Banque mondiale, 2004; AIE, 2008).

Graphique 3.8

Production des centrales électriques privées et intégrées

Graphique 3.8

Production des centrales électriques privées et intégrées

49Le principal obstacle à l’intensification de la participation privée dans le secteur de la production électrique réside dans les tarifs que PLN applique aux consommateurs finaux, tarifs fixés par le gouvernement à un montant bien inférieur au niveau de récupération des coûts (PLN, 2009). Ce système a réduit à néant la rentabilité de nouveaux investissements dans ce domaine et mis un terme, dans certains cas, à des projets d’investissement. Entre 2004 et 2009, PLN a signé 45 nouveaux accords d’achat d’énergie avec des PIE, mais seuls 17 d’entre eux ont abouti (PLN, 2009).

50Les subventions à l’électricité sont au c œur de la réforme sectorielle, du redressement de la situation financière de PLN et de la mobilisation de l’investissement privé. Le premier objectif devrait consister à supprimer progressivement les subventions à l’électricité par le biais d’une augmentation des tarifs (chapitre 2). Les économies en résultant pourraient servir à offrir une garantie de ressources ciblée aux familles à faible revenu ou à développer la couverture du réseau. L’expansion de la couverture aura des effets bénéfiques sur les résultats en matière de santé publique et d’éducation. La décision récemment prise par le gouvernement d’éliminer les droits d’importation sur le matériel nécessaire à la construction de centrales électriques dans la seconde phase du programme accéléré de production d’électricité est une évolution positive mais, en l’absence de réforme des subventions à l’électricité, elle ne devrait pas être suffisamment incitative pour attirer les investisseurs privés.

51En septembre 2009, le Parlement a approuvé la nouvelle loi sur l’électricité qui devrait entrer en vigueur en 2010. Celle-ci vise à faire une plus grande place à la participation privée dans la production, le transport et la distribution d’électricité sans pour autant contrevenir aux dispositions de l’article 33 de la Constitution [6]. Les PIE sont autorisés à construire et à exploiter de nouvelles centrales de production, mais également à établir leurs propres réseaux de transport et à vendre directement l’électricité aux consommateurs finaux. La facturation de tarifs différents selon les régions et les clients est également autorisée. Ces mesures permettront de mieux aligner les prix finaux sur les coûts d’usage et d’accroître la sélectivité des subventions à l’électricité. Néanmoins, la loi ne va pas jusqu’à créer une instance de réglementation sectorielle et établit qu’il appartient au gouvernement de formuler les principes directeurs à la définition des tarifs de détail de l’électricité. Plus particulièrement, elle spécifie que les tarifs de détail et les tarifs d’accès à d’autres réseaux électriques doivent se fonder sur « des principes commerciaux rationnels » (transparence, obligation de rendre compte et équité) et être approuvés par les autorités centrales ou locales. Les règlements d’application, qui n’ont pas encore été publiés, définiront les modalités de fixation des prix de l’électricité et des tarifs de location de réseaux. Globalement, les principes régissant l’établissement des seconds devraient consister à réduire l’incertitude et à assurer la récupération des coûts afin de stimuler l’investissement dans le secteur de manière à accroître la capacité de transport et de distribution, de diminuer les pertes de transport et de réduire la fréquence des pannes. Il convient de noter que la nouvelle loi tient compte du rôle que les centrales intégrées pourraient jouer dans le processus d’électrification. Elle précise qu’elles peuvent être détenues et exploitées tant par les entreprises publiques que privées, mais ne prend aucune disposition quant à leur raccordement au réseau électrique pour les intégrer au marché. Le gouvernement doit élaborer une stratégie précise pour intégrer ces centrales au réseau. Une première étape pourrait consister à dresser un inventaire de toutes les centrales intégrées afin d’évaluer leur capacité installée et leurs caractéristiques. Dans les cas où elle sera réalisable, leur insertion au réseau électrique concourra à accélérer l’électrification des zones rurales.

52Bien que la nouvelle loi autorise la participation privée dans la production, le transport, la distribution et la vente d’électricité, elle prévoit également un traitement préférentiel de l’entreprise publique, et précise que celle-ci doit recevoir la « priorité » par rapport aux PIE dans le domaine de la fourniture d’électricité. Dans l’ensemble, on ignore à ce stade en quoi elle influera sur la structure du marché de l’électricité. PLN devrait conserver sa position dominante puisque la loi ne contient aucune disposition concernant le dégroupement de ses activités.

53Pour développer l’électrification dans les zones rurales, l’élaboration d’un programme cohérent s’impose, qui prévoira la distribution de subventions selon un modèle similaire à celui déjà suivi par les autorités dans le secteur des télécommunications. L’arrivée de nouvelles entreprises dans les domaines de la production, du transport et de la distribution d’électricité, autorisée par la nouvelle loi, intensifiera la concurrence dans le secteur et permettra éventuellement au gouvernement de procéder à l’adjudication des subventions à l’électrification rurale sur une base concurrentielle au lieu de les allouer à une seule compagnie. L’expérience conduite par le Chili en ce sens est encourageante (encadré 3.5).

Encadré 3.5. Programme d’électrification rurale au Chili

Le Chili offre un exemple intéressant d’un programme d’électrification rurale probant exécuté dans le cadre d’un régime de subventions innovant. Depuis toujours, les entreprises publiques d’électricité y étaient responsables de l’exécution des programmes d’électrification rurale élaborés à l’échelon central et reposant sur des subventions publiques ou croisées. Au début des années 90, plus de 50 % des ruraux n’avaient toujours pas accès à l’électricité. Selon les données de la Commission nationale de l’énergie (CNE), le programme d’électrification rurale, lancé en 1994 (Programa Nacional de Electrificación Rural) a porté le taux d’électrification rurale à 76 % en 2000 et à 93 % en 2007, chiffre peu éloigné de l’objectif de 96 % fixé par les autorités pour 2010. Le programme vise à attirer la participation privée par le biais de subventions. Il prévoit d’allouer une subvention directe ponctuelle aux entreprises privées de distribution d’électricité, dans le cadre d’adjudications annuelles, afin de couvrir une partie de leurs coûts d’investissement. Il repose sur les principes suivants :
  • Processus de décision décentralisé. La conception du programme se fonde essentiellement sur la demande pour assurer la participation et l’engagement locaux. Les localités ne disposant pas de l’électricité peuvent proposer à la municipalité un projet d’électrification soutenu par les entreprises de distribution d’électricité locales désireuses d’investir dans le projet. Un service technique établi au sein de l’administration régionale évalue ensuite les projets. La décision finale concernant les projets à financer est prise par le Conseil régional selon des critères prédéfinis. L’administration centrale apporte une assistance économique et technique par l’intermédiaire de la CNE afin de coordonner les institutions participant au programme. Celui-ci n’autorise que les projets assortis d’un taux de rendement réel de l’investissement de 10 % au moins sur 30 ans.
  • Partage des coûts. La responsabilité du financement des projets d’électrification est répartie entre les usagers, les sociétés de distribution et l’État. Les usagers doivent couvrir les coûts de câblage interne, d’installation du compteur et du raccordement au réseau, qui sont parfois substantiels. Pour aider les ménages pauvres, ils sont dans un premier temps financés par la société de distribution d’électricité et remboursés par les usagers au fil du temps. L’entreprise de distribution qui finance le projet doit investir une certaine somme déterminée au moyen d’une formule établie par le gouvernement. L’État fournit des subventions destinées à couvrir une partie des coûts d’investissement de la société de distribution privée.
  • Technologies adaptées. Plusieurs modèles de distribution de l’électricité sont examinés. Le modèle privilégié doit obéir à certaines normes techniques et assure la fourniture d’électricité 24 heures sur 24. Néanmoins, si cette solution s’avère trop onéreuse pour certaines régions, d’autres possibilités peuvent être envisagées.
  • Concurrence. Afin de réduire les coûts et de diminuer le risque de politisation, la concurrence a été introduite à différents échelons : entre les communautés, pour le financement des projets; entre les sociétés de distribution, pour leur exécution; entre les régions, pour les subventions fournies par l’administration centrale; et entre les technologies.
Lorsqu’un projet est mené à terme, les sociétés de distribution sont chargées de sa gestion et de son entretien, et peuvent récupérer les coûts d’exploitation en facturant aux usagers les tarifs établis par la CNE. La participation privée a été l’élément essentiel à la mise en œuvre du programme. Étant donné l’absence de droits de distribution exclusifs, les sociétés de distribution existantes ont participé au programme de manière à décourager l’entrée de concurrents sur ce marché.
Source : Jadresic (2000a et 2000b) et CNE (2010).

Services de distribution d’eau et d’assainissement

54Le secteur de l’alimentation en eau et de l’assainissement est probablement le secteur d’infrastructures qui a le plus besoin de réformes en Indonésie. Comme dans d’autres pays, les responsabilités sont réparties entre différents ministères et les autorités locales. La responsabilité de la planification, du développement et de la fourniture des services d’eau et d’assainissement relève des autorités départementales (kabupaten) et municipales (kota), le rôle des autorités provinciales se limitant, outre la gestion des activités et des différends intermunicipaux, à coordonner les fonctions recouvrant plusieurs districts (Programme eau et assainissement, 2006; Banque mondiale, 2004). La procédure de fixation des tarifs de l’eau est très politisée. Ceux-ci sont établis selon des directives du ministère de l’Intérieur et doivent être approuvés par les Parlements locaux. En conséquence, ils sont généralement nettement inférieurs au niveau de récupération des coûts.

55L’accès à l’eau courante demeure limité, surtout en milieu rural. La participation privée au secteur de l’eau est rare. L’exemple le plus notable concerne Djakarta, où deux sociétés privées étrangères associées à des partenaires locaux ont signé des accords de concession, en 1997, pour une période de 25 ans (encadré 3.6). Si l’investissement n’a pas progressé conformément aux prévisions, les concessions ont au moins rehaussé la transparence et l’efficience du secteur dans la capitale (graphique 3.9). Après 1998, année au cours de laquelle les accords de concession sont entrés en vigueur, l’alimentation en eau y a enregistré des gains d’efficacité substantiels par rapport à d’autres provinces, même si tous les gains escomptés en termes de couverture et de qualité des services ne se sont pas concrétisés.

Encadré 3.6. Bilan de la participation du secteur privé dans le secteur de l’eau à Djakarta

En 1995, le président Suharto a chargé le ministère des Travaux publics d’examiner la possibilité d’une privatisation du secteur de la distribution d’eau à Djakarta. À l’époque, 41 % seulement des ménages de la capitale avaient accès au système; l’eau non génératrice de recettes représentait 57 % de l’eau distribuée, qui était de mauvaise qualité, et dont la distribution était intermittente. En raison de sa situation financière catastrophique, la Jakarta Water Supply Company (PAM JAYA) ne pouvait obtenir de prêts bancaires pour développer ses services et en améliorer la qualité. Dans le cadre d’une procédure d’examen non sollicitée, deux entreprises privées étrangères, Thames Water International (Royaume-Uni) et la Lyonnaise des Eaux (France), associées à deux partenaires locaux, Kati et GDS respectivement, ont été retenues pour signer des accords de coopération entrés en vigueur au début de 1998. Djakarta a été divisée en deux secteurs, Est et Ouest, suivant la frontière naturelle constituée par le fleuve Ciliwung. Les deux concessionnaires étaient responsables de l’investissement, de la gestion et de l’exploitation d’une partie du réseau pour une période de 25 ans. La crise asiatique a mis les accords de coopération à rude épreuve et conduit à leur renégociation en octobre 2001. Les raisons ayant présidé à cette renégociation étaient les suivantes : i) la dévaluation de la roupie; ii) le gel des tarifs de l’eau pour les particuliers jusqu’à 2001 afin de protéger les pauvres; et iii) la situation ambiguë de 50 % des salariés de PAM JAYA qui avaient été intégrés aux effectifs des concessionnaires.
L’une des modifications majeures dérivant de la renégociation des accords de coopération a été l’instauration de l’Organisme de réglementation de l’alimentation en eau de Djakarta (JWSRB). À ses débuts, le JWSRB s’était vu confier un éventail très étroit de responsabilités, portant essentiellement sur le règlement des différends et des questions techniques. Ce choix était probablement le plus avisé à l’époque étant donné que le JWSRB avait besoin de temps pour se forger l’expertise et la crédibilité nécessaires et asseoir son autorité. Même si les règlements édictés par les pouvoirs publics établissent que le JWSRB est un organisme indépendant, il remplit, pour certaines questions importantes telles que les tarifs, un rôle purement consultatif puisque ceux-ci doivent être approuvés par le gouverneur de la province de Djakarta.
Dix ans plus tard, le processus de privatisation de l’eau à Djakarta affiche un bilan mitigé. D’après les indicateurs, le service de distribution d’eau s’est amélioré, mais les gains escomptés en termes de couverture et de qualité des services ne se sont pas tous concrétisés. Les tarifs moyens y sont supérieurs (0.7 USD parm2 en 2005) à ceux d’autres villes de l’Asie du Sud-Est telles que Bangkok (0.29), Manille (0.35), Kuala Lumpur (0.22) et Singapour (0.55), et nettement supérieurs à ceux des autres régions indonésiennes. Si cette situation constitue à l’évidence un problème social qui doit être résolu, elle est également le signe d’une politique de tarification de l’eau plus viable que dans le reste du pays. La part de l’eau non génératrice de recettes est passée de 61 % en 1998 à quelques 50 % en 2008 (même si quasiment aucun progrès n’a été enregistré entre 2005 et 2008), l’objectif fixé pour 2008 étant de 41.7 %. La couverture est passée de 46 % au début de la période de concession à 64 % en 2008, chiffre légèrement inférieur à l’objectif de 68 % visé pour cette année-là.
Avec le temps, le JWSRB a gagné en expérience, et ses relations avec les autorités ont évolué. Pour son premier mandat triennal (2001-04), ses membres avaient été sélectionnés par le gouverneur de la province de Djakarta. En 2005, un nouveau règlement est cependant venu rehausser la transparence et la fiabilité du processus de sélection des membres du conseil. Le JWSRB souffre encore d’un manque de légitimité parce qu’il a été institué par un règlement du gouverneur, censé constituer une mesure temporaire jusqu’à l’adoption d’une loi locale ou nationale, qui n’est pas encore intervenue. La responsabilisation vis-à-vis des parties prenantes a été renforcée, par exemple au travers du forum de communication des consommateurs par l’intermédiaire duquel des réclamations peuvent être formulées. Le JWSRB a consolidé son expertise et sa crédibilité, mais doit encore résister à la tendance à recruter exclusivement parmi les anciens employés de PDAM. Il lui faut encore établir une base de données contenant les informations techniques relatives aux activités des concessionnaires, ce qui lui apporterait une aide utile dans son travail d’évaluation de la performance des concessionnaires et des obstacles auxquels ils sont confrontés.
Source : Lanti (2006) et Lanti et al. (2009).
Graphique 3.9

Répartition des niveaux de productivité des entreprises de distribution d’eau des différentes provinces1

Graphique 3.9

Répartition des niveaux de productivité des entreprises de distribution d’eau des différentes provinces1

56À ce jour, le mode d’alimentation en eau le plus courant est l’autoprestation (chapitre 4). Il s’agit de systèmes d’alimentation en eau établis par les ménages et les communautés, qui font appel à des puits, des pompes et des réservoirs. Les systèmes communautaires ont de tout temps constitué le mode fondamental d’alimentation en eau en milieu rural. Ils ont été mis en place par les communautés elles-mêmes, ou construits avec l’aide de bailleurs de fonds nationaux et internationaux. Il ressort toutefois des expériences nationales et internationales que les projets déterminés par l’offre qui ne faisaient pas intervenir les communautés locales dans la planification et la gestion du système ont souvent échoué à cause du manque de participation des résidents locaux. En conséquence, une nouvelle génération de systèmes communautaires déterminés par la demande ont été construits, avec des résultats encourageants (Gatti, 2007).

57Les opérations d’assainissement et de traitement des eaux usées se heurtent à des problèmes encore plus profonds que celles de distribution d’eau. Le cadre juridique comporte des déclarations générales quant à l’importance d’instaurer une situation sanitaire et hygiénique de qualité et reconnaît le droit des citoyens à un environnement propre et sain, mais ne comporte pas de dispositions spécifiques concernant la gestion et l’offre effectives de services d’assainissement. Il considère en fait que l’assainissement relève de la responsabilité privée (Banque mondiale, 2004; Robinson, 2008). Si les autorités locales sont responsables de la prestation de services d’assainissement, cela n’implique pas pour autant qu’elles soient obligées d’assurer elles-mêmes cette prestation ou qu’elles aient la capacité de le faire. De ce fait, les crédits publics consacrés à l’assainissement demeurent limités, et les ménages et entrepreneurs doivent investir dans des installations locales. L’immense majorité de la population fait appel à des installations de type fosses septiques et latrines à fosse, et de nombreux ménages à faible revenu ont recours à des caniveaux pollués et aux cours d’eau urbains. Des systèmes d’évacuation des eaux usées en bonne et due forme ont été construits dans certains quartiers de quelques grandes villes, mais la plupart sont sous-utilisés et sous-financés.

58La loi sur les ressources en eau n° 7/2004 a apporté des modifications notables au cadre juridique régissant l’approvisionnement en eau, à savoir : i) la fin des monopoles publics en précisant le rôle de la participation du secteur privé dans le secteur de l’eau; ii) la levée de l’obligation d’approbation du Parlement local pour les hausses de tarifs de l’eau en cas de contrats de coopération avec le secteur privé; et iii) l’intégration de dispositions pour la création de l’Agence nationale de réglementation de l’eau (NWRA) chargée d’appliquer les règlements et de contrôler les normes de prestation de services. La loi précise également les fonctions et responsabilités des autorités régionales.

59La validité de la loi a été contestée devant le Tribunal constitutionnel au motif que la Constitution exige que le secteur de l’eau soit entièrement sous le contrôle de l’État. Le Tribunal a déclaré que la loi n’était constitutionnelle que sous condition, à savoir que sa constitutionnalité dépend de la façon dont elle est interprétée et mise en œuvre dans le cadre du règlement d’application (Al’Afghani, 2006). Ce point revêt une importance particulière pour la fixation des tarifs de l’eau. La loi est vague à cet égard, puisqu’elle dispose que l’eau potable doit être fournie à un « prix abordable » constituant un arbitrage entre le consommateur et le prestataire de service.

60Dans la plupart des juridictions, les tarifs de l’eau doivent être relevés au niveau de récupération des coûts de manière à encourager l’investissement dans le secteur. Les régimes de prestation en vigueur protégeraient les ménages pauvres de la hausse consécutive des prix. Il convient par ailleurs d’élaborer une politique nationale cohérente concernant les subventions au raccordement au réseau afin de développer l’accès, surtout chez les pauvres dans la mesure où la redevance de raccordement pourrait s’avérer inabordable pour eux. La hausse des tarifs, outre qu’elle entraînerait une utilisation plus efficace des ressources hydriques, pourrait faire de l’augmentation du nombre de raccordements une opération viable sur le plan financier. Les tarifs de consommation devraient également tenir compte du coût de traitement des eaux usées.

61La décentralisation n’a pas amélioré la prestation de services d’alimentation en eau. Le sous-financement des régies publiques locales – Perusahaan Daerah Air Minum (PDAM) –, qui sont responsables du financement et de la fourniture d’eau, demeure considérable. La situation économique précaire que la plupart connaissent résulte de leur dette envers l’administration centrale, qui s’élève à près de 600 millions USD. Le gouvernement a mis en place un programme qui garantit les prêts bancaires à longue échéance accordés à des taux bonifiés aux PDAM afin d’augmenter l’investissement dans le secteur. Ces prêts sont assujettis à la condition que les PDAM restructurent leurs opérations de manière à en assurer une gestion compétente et qu’elles relèvent leurs tarifs moyens au niveau des coûts unitaires moyens au moins sur toute la période couverte par la garantie [7].

62Le montant élevé des arriérés de paiement des PDAM envers l’administration centrale est l’un des principaux obstacles à l’investissement dans le secteur de l’eau. Pour remédier à cette situation, le ministère des Finances doit accélérer le programme de restructuration et d’annulation de la dette déjà engagé, ce qui permettrait aux PDAM d’obtenir des financements à long terme. En mai 2010, 15 des 175 PDAM en difficulté avaient restructuré leur dette sous l’égide du ministère des Finances (PERPAMSI, 2010). L’initiative récente des autorités consistant à offrir des garanties partielles des prêts et des taux d’intérêt bonifiés aux PDAM sous réserve qu’elles assurent la viabilité financière de leurs opérations à long terme est louable et doit être poursuivie. Pour améliorer la rentabilité du secteur de l’eau, la fusion des plus petites PDAM leur permettrait d’accroître le nombre moyen de raccordements au réseau et de bénéficier ainsi d’économies d’échelle. Cela permettrait en outre de définir des zones de services en fonction des bassins versants et non de frontières administratives, et concourrait ainsi à rationaliser les opérations.

63De nombreuses PDAM sont des entreprises de petite taille et ne peuvent tirer profit d’économies d’échelle. Le nombre moyen de raccordements se situe aux environs de 20 230, dont seuls 8 % desservent plus de 50 000 ménages, et 79 % en desservent moins de 20 000 (PERPAMSI, 2010). Leur niveau de performance est généralement faible, leur personnel, pléthorique, et la part de l’eau non génératrice de recettes dépasse souvent les 50 %. (Godman, 2005). Les zones de services sont déterminées en fonction des frontières départementales et municipales, ce qui crée de nouvelles inefficacités opérationnelles. En fusionnant, les PDAM les plus petites pourraient accroître le nombre moyen de leurs connexions et faire jouer les économies d’échelle. De plus, cela contribuerait à rationaliser les activités dans la mesure où les zones de services seraient déterminées en fonction des bassins versants et non pas seulement des limites administratives. En 2004, l’Association nationale des régies publiques de gestion de l’eau (PERPAMSI) a mis en œuvre un programme d’évaluation comparative dans le but de diffuser les meilleures pratiques internationales et locales. Les autorités indonésiennes doivent s’efforcer de développer ce programme de manière à élargir l’exercice d’analyse comparative et à assurer une large divulgation de ses résultats. Il ressort d’une évaluation liminaire d’exercices de cette nature conduits dans différents pays qu’ils stimulent la concurrence, favorisent la diffusion des pratiques optimales, rehaussent l’efficience et diminuent la part de l’eau non génératrice de recettes (Cabrera, 2008). Ils pourraient en outre servir de tremplin à l’instauration officielle d’une concurrence par comparaison dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.

64Pour surmonter les obstacles de financement à long terme dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, la création de fonds renouvelables, gérés par les provinces, pourrait être envisagée. Ces fonds permettraient de financer les projets d’eau et d’assainissement dans le cadre d’un système de mutualisation des risques à l’échelon provincial et par l’octroi de conditions de crédit plus favorables par le gouvernement central (encadré 3.7). Par ailleurs, confier la gestion de ces fonds aux provinces concourrait quelque peu à leur conférer davantage de compétences en matière de coordination des projets d’eau et d’assainissement entre les districts. La mise en place ces fonds devrait être précédée d’une évaluation de la capacité de gestion des provinces. Dans l’ensemble, les administrations provinciales devraient aussi renforcer leurs capacités en matière de développement des réseaux d’adduction d’eau et d’assainissement, y compris les capacités de planification et de coordination entre les bureaux interprovinciaux (Dinas), les administrations et les communautés. Le groupe de travail sur la distribution d’eau et l’assainissement (Pokja AMPL) qui a été déployé dans toutes les collectivités locales d’Indonésie, au niveau des provinces et des districts/communes, devrait servir à relier entre elles les différentes parties prenantes et à améliorer la planification et la coordination du développement de ce secteur.

Encadré 3.7. Les fonds d’État renouvelables : l’expérience des États-Unis

Le gouvernement fédéral des États-Unis a mis en place les fonds d’État renouvelables (SRF) pour une eau salubre (CWSRF) et potable (DWSRF) au milieu des années 80, dans le cadre de la Loi fédérale sur la protection de l’eau. Ces programmes visent à réduire les coûts des projets de traitement des eaux usées et d’approvisionnement en eau potable en offrant des prêts à des taux inférieurs à ceux du marché. Aujourd’hui, les SRF sont jugés constituer une source essentielle de financement pour permettre aux collectivités de renouveler leurs infrastructures municipales vieillissantes.
Les avoirs des SRF sont prêtés aux collectivités à des taux favorables et leur reviennent ensuite sous forme d’intérêts et de remboursements du principal. Les États peuvent aussi obtenir d’autres financements pour leurs programmes via l’émission d’obligations ou de crédits bancaires. Certains États utilisent les fonds qu’ils reçoivent des SRF pour garantir l’émission d’obligations groupées en vue de satisfaire aux besoins de financement des pouvoirs locaux ne disposant pas de la solvabilité et de l’expertise nécessaires pour accéder aux marchés du crédit. En général, les obligations adossées aux SRF ont une cote de solvabilité nettement supérieure à celle que les autorités locales pourraient obtenir. Cela dit, si le recours à l’endettement assure une hausse immédiate des fonds disponibles et permet aux États de satisfaire à leur obligation d’apporter une somme équivalente, il peut à la longue diminuer les fonds disponibles du fait que des ressources financières qui pourraient être décaissées pour de nouveaux projets sont alors utilisées pour rembourser le principal et payer les intérêts.
Les programmes de SRF ont pour objectif essentiel de pérenniser le capital d’amorçage apporté par le programme et d’en faire un usage rentable. Les deux programmes, CWSRF et DWSRF, sont censés être renouvelables, et offrir ainsi une assistance financière pendant de très longues années. Les taux d’intérêt ne doivent pas être fixés si bas que l’inflation risque d’éroder le pouvoir d’achat des SRF à long terme. En revanche, ils ne doivent pas être élevés au point de présenter un intérêt financier trop faible pour les emprunteurs. En 2008, le CWSRF avait décaissé 2.41 USD pour chaque dollar fourni par le gouvernement fédéral depuis sa création.
Les États disposent d’une latitude considérable pour orienter les fonds sur leurs besoins les plus pressants et obtenir des résultats optimaux sur le plan environnemental. Ils doivent préparer chaque année un Plan d’utilisation projetée décrivant la façon dont ils utiliseront les fonds dans leurs programmes SRF. Les collectivités désireuses de recevoir une assistance par l’intermédiaire d’un SRF doivent présenter leur projet aux autorités de leur État, qui les classeront par ordre de priorité. Les États évaluent également la situation financière des candidats afin de vérifier s’ils ont établi une source de revenus spécifique pour le remboursement du prêt.

Transport routier

65L’infrastructure routière est actuellement gouvernée par la loi n° 38/2004 (qui couvre la réglementation, l’entretien, le développement et la surveillance des routes et l’autorité de réglementation) et son règlement d’application. Le ministère des Travaux publics est responsable de la construction et de l’entretien de l’infrastructure routière, le ministère des Transports étant pour sa part chargé de la circulation des véhicules. L’Autorité indonésienne des routes à péage (BPJT), organisme établi au sein du ministère des Travaux publics, remplit une fonction consultative. Elle a pour missions et attributions essentielles de recommander le montant des péages et leur mécanisme d’ajustement au ministère des Travaux publics, de reprendre la gestion des routes à péage à l’issue de la période de concession, de mobiliser l’investissement privé dans les routes à péage par la conduite d’études de faisabilité et de procédures d’appels d’offres transparentes et concurrentielles, d’appliquer la réglementation régissant ce type de routes et de vérifier qu’elle est respectée par les exploitants privés.

66L’Indonésie dispose actuellement d’un réseau de routes à péage d’environ 690 km, essentiellement concentré sur l’île de Java. Le pourcentage de routes revêtues est passé de quelque 45 % au début des années 90 à 60 % environ en 2008, mais l’essentiel de cette progression est intervenue avant la crise asiatique (graphique 3.10).

Graphique 3.10

Kilométrage total du réseau routier et pourcentage de routes revêtues1

Graphique 3.10

Kilométrage total du réseau routier et pourcentage de routes revêtues1

67L’acquisition de terres est l’un des principaux obstacles au développement des routes à péage et, plus généralement, de l’infrastructure. De ce fait, l’Indonésie a construit à peine 23 km de routes à péage par an, en moyenne depuis le lancement des travaux en 1978, et la longueur totale de son réseau supporte mal la comparaison avec celui de la Malaisie, par exemple, qui couvre déjà 6 000 km. La loi actuelle en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique (à savoir le pouvoir de l’État de saisir une propriété privée à des fins publiques ou civiques contre versement d’une indemnisation financière appropriée à son propriétaire) établit que l’indemnisation doit se fonder sur la juste valeur commerciale du terrain et des bâtiments qui y sont situés. Comme il n’existe pas d’organisme indépendant chargé de définir les prix justes, les différends juridiques concernant le montant des terrains aboutissent devant les tribunaux et sont très longs à régler. Par ailleurs, la pratique consistant à vendre les terres choisies pour des projets d’infrastructure à des tiers exerce une pression à la hausse sur le prix définitif que les investisseurs devront payer.

68Pour régler les problèmes d’acquisition des terres, le gouvernement a mis en place un fonds foncier renouvelable de 160 millions USD (1 490 milliards IDR), géré par la BPJT, qui fournira des crédits-relais pour l’acquisition de terrains destinés à la construction de routes à péage. Les autorités prévoient aussi de modifier la législation sur les domaines éminents. L’une des solutions envisagées consiste à ramener de 75 % à 51 % le pourcentage des terrains nécessaires à un projet que le gouvernement doit avoir déjà acquis pour engager une procédure de conciliation devant les tribunaux, en vertu de laquelle les travaux peuvent débuter même si des différends juridiques concernant les terres restantes ne sont pas réglés. Selon le projet de loi actuellement examiné, les propriétaires auront trois mois pour accepter l’indemnité proposée par un assesseur-expert certifié par la BPN (l’Agence foncière nationale). Si les parties n’aboutissent pas à un accord dans ce délai, une action en justice sera officiellement engagée. Par ailleurs, pour protéger les investisseurs privés contre la spirale des prix fonciers une fois les négociations entamées, les autorités seront responsables de toute augmentation du prix des terres au-delà de 110 % du montant stipulé dans le contrat conclu avec les investisseurs en question. À cet effet, le gouvernement a alloué environ 543 millions USD (4 890 milliards IDR) au Fonds de plafonnement des prix des terres pour les cinq prochaines années. La loi rendrait en outre illégale la vente, par le propriétaire, du terrain sélectionné pour le projet d’infrastructure à des tiers. Ces mesures devraient apaiser les craintes des investisseurs quant à la hausse des coûts associés à l’acquisition des terres et favoriser l’investissement privé.

69L’amendement prévu à la loi sur l’expropriation à des fins publiques constitue une étape positive dans la réforme de la procédure d’obtention de terrains pour des projets d’infrastructure. Afin de définir plus rapidement le prix commercial des terres à exproprier, les autorités pourraient envisager de confier cette responsabilité à la BPN, qui doit déjà posséder l’expertise nécessaire pour proposer des solutions équitables. En comparaison à la saisine des tribunaux civils, cette démarche pourrait raccourcir notablement le temps nécessaire pour aboutir à une décision définitive concernant l’indemnisation, et diminuer ainsi l’incertitude relative aux coûts définitifs de l’acquisition des terrains.

70En général, la construction et l’entretien des routes nationales et provinciales sont financées par le DAK (Feaver, 2008). Un Fonds de maintenance des routes a été établi en 2009 pour remédier à la dégradation du réseau routier. Ces ressources seront uniquement utilisées aux fins de maintenance et de réhabilitation des routes. Une redevance pourra s’appliquer aux usagers, mais les détails concernant le financement, l’organisation et la gestion du Fonds vont être définis dans les règlements d’application. Les autorités doivent s’efforcer de mettre rapidement en œuvre ces règlements et de rendre le Fonds opérationnel. Elles doivent également offrir davantage d’incitations aux autorités infranationales pour que celles-ci allouent davantage de crédits à l’entretien des routes, l’essentiel du réseau routier (90 % environ) relevant de leur responsabilité. Ces incitations pourraient revêtir la forme de transferts de l’administration centrale aux fins d’investissement dans le secteur routier sous réserve d’une maintenance appropriée du réseau.

Télécommunications

71L’Indonésie a engagé la modernisation de son secteur des télécommunications au milieu des années 90 avec la privatisation partielle de Telkom et d’Indosat. Suite à la crise asiatique, le gouvernement a publié un « schéma directeur sectoriel » énonçant les principes fondamentaux sur lesquels il entendait s’appuyer pour réformer le secteur et l’ouvrir entièrement à la concurrence avant 2010. En 1999, des changements radicaux sont intervenus dans le secteur : la possibilité pour les entreprises privées d’offrir des services de télécommunications sans conclure d’accord de concession ou créer de coentreprise avec les entreprises publiques; la sanction des abus de position dominante et l’interdiction des pratiques monopolistiques de facto ; la fixation des tarifs, non plus par le gouvernement, mais par les exploitants en fonction d’une formule qu’il aura établie; l’obligation pour les exploitants de réseaux d’assurer des services d’interconnexion; et l’autorisation pour le gouvernement de conserver ses pouvoirs de réglementation avec la possibilité de les déléguer à l’organisme de réglementation. Cette réforme du cadre juridique sectoriel s’est accompagnée d’une nouvelle réduction de la participation de l’État dans Telkom et Indosat et de l’extinction anticipée de ses droits d’exclusivité sur certains services [8].

72En 2003, le gouvernement a créé l’instance de réglementation du secteur des télécommunications (Badan Regulasi Telekomunikasi Indonesia, BRTI). La BRTI est censée être indépendante vis-à-vis de l’État et des exploitants privés, et sa mission consiste à garantir la transparence, l’indépendance et l’équité du secteur des télécommunications. Elle a pour fonctions spécifiques d’organiser et de mettre en place les opérations de réseau et de service (l’évaluation et la délivrance de licences par exemple), et de surveiller et contrôler le réseau de télécommunications et les activités de service. Dans l’accomplissement de ses fonctions, la BRTI doit solliciter l’avis et les suggestions des parties concernées par ses décisions.

73En réalité, la BRTI n’est pas un organisme pleinement indépendant. Elle est constituée de la direction générale des postes et télécommunications et de la Commission de réglementation des télécommunications. Le directeur général des Postes et Télécommunications, qui a le statut de fonctionnaire, en est le président ex officio. Par ailleurs, le budget de la BRTI est financé à 100 % par des crédits publics. Cela dit, au niveau fonctionnel au moins, elle est dissociée de l’État puisque les membres de la Commission de réglementation des télécommunications ne sont pas issus de la fonction publique, mais choisis par le gouvernement dans les secteurs privé, public et universitaire en fonction de leur expertise (Latifulhayat, 2008).

74Dans l’ensemble, il apparaît que la BRTI a correctement servi le secteur des télécommunications et les consommateurs. Ses membres possèdent une expertise technique et ont été désignés selon une procédure ouverte et transparente. Pour sa part, la BRTI a sollicité l’opinion et les propositions des différentes parties afin d’éclairer ses décisions. Néanmoins, l’État assume toujours deux fonctions inconciliables dans la mesure où il est simultanément l’actionnaire principal de Telkom et l’autorité de réglementation. Conférer à la BRTI une plus grande indépendance à l’égard du pouvoir exécutif concourrait à séparer clairement ces deux fonctions. Pour cela, il faudrait lever l’obligation de soumission de ses décisions à l’approbation ministérielle et supprimer la règle selon laquelle le directeur général des postes et télécommunications, ou un autre fonctionnaire, doit la présider. Un autre moyen de renforcer l’indépendance de l’autorité de réglementation consisterait à financer son budget par des droits de licences et des taxes sur le chiffre d’affaires des exploitants.

75La concurrence dans le secteur des télécommunications s’est sensiblement accentuée depuis le lancement des réformes en 1999, mais le marché, bien qu’il compte 15 sociétés en activité, demeure dominé par quelques grands exploitants. Le pourcentage de la population équipée de dispositifs de télécommunications a notablement augmenté ces dernières années (tableau 3.1), même si le fossé persiste entre les zones urbaines et rurales. Les services sans fil et fixes sans fil ont enregistré une croissance vigoureuse, les services fixes ayant pour leur part progressé plus lentement, ce qui tient en partie à leur remplacement par les services fixes sans fil. S’agissant des services Internet, la concurrence entre les prestataires de services s’est intensifiée, mais l’accès à ce service demeure nettement inférieur à celui des autres pays de la région et de l’OCDE, l’accès par ligne commutée étant le mode dominant. Le développement limité de l’accès à l’Internet est imputable à l’absence de lignes fixes et à la lente pénétration des ordinateurs personnels, surtout en milieu rural. L’accès aux services de télécommunications est plus rare dans les ménages pauvres que dans les ménages aisés (tableau 3.8). L’écart entre ces deux catégories s’est creusé entre 2005 et 2008 en ce qui concerne la possession d’un ordinateur ou d’un téléphone mobile, et s’est résorbé pour les lignes fixes.

Tableau 3.8

Accès aux services de télécommunications par tranche de revenus, 2008

Tableau 3.8
Quintile inférieur 2e quintile 3e quintile 4e quintile Quintile supérieur Écart : Supérieur – Inférieur 2008 2005 Téléphone fixe 0.9 2.3 4.4 9.3 30.1 29.2 37.0 Téléphone mobile 12.2 32.3 49.6 67.5 88.4 76.2 54.5 Ordinateur 0.5 1.7 3.6 8.2 33.2 32.7 12.1 Raccordement à l’Internet 0.6 1.7 2.5 3.8 8.2 7.6 ..

Accès aux services de télécommunications par tranche de revenus, 2008

Source : Susenas et calculs de l’OCDE.

76En 2007, le gouvernement a commencé à adjuger des subventions aux entreprises disposées à fournir des services de télécommunications dans certaines zones qui en étaient alors dépourvues de manière à satisfaire à son obligation de service universel. Les autorités ont procédé de même pour les services Internet en 2009. Les appels d’offres ont été menés à terme pour les services de télécommunications en 2009 et pour les services Internet en 2010. Les subventions sont limitées à cinq ans. L’initiative consistant à adjuger des subventions pour développer des services dans les zones non desservies est louable dans la mesure où elle aura pour effet probable de résorber sensiblement le fossé numérique entre les différentes régions et, à terme, de le supprimer; le gouvernement doit accélérer ce processus pour remplir son obligation de service universel.

77La loi actuelle n’est guère propice à la convergence des services (à savoir la confluence de services de médias auparavant distincts sur des dispositifs uniques) dans la mesure où elle repose sur le concept d’une séparation verticale des services. Pour résoudre ce problème, les autorités ont récemment réorganisé le ministère des Communications et des Technologies de l’information, dont les fonctions et les tâches ont été structurées de manière à gérer et réglementer le processus de convergence. Par ailleurs, les autorités envisagent d’instaurer une licence de services d’accès unifiée pour les services de télécommunications, ce qui permettrait à un même exploitant d’offrir toute une palette de services. De nouveaux règlements doivent être édictés pour gérer et accélérer le processus de convergence. La création d’une licence de services d’accès unifié serait un pas important dans cette direction et stimulerait la concurrence, favorisant ainsi une baisse des prix.

Ports et transport maritime

78L’Indonésie est un archipel de plus de 18 000 îles. Elle compte près de 1 700 ports, organisés selon un système hiérarchique consistant en 111 ports commerciaux, environ 1 000 ports spécialisés (autrement dit des terminaux privés servant les besoins d’entreprises particulières) et quelque 600 ports non commerciaux, généralement non rentables et de faible intérêt stratégique. Dans chaque port commercial, l’une des quatre entreprises publiques également connues sous le nom de Pelindos exerce un monopole légal et assume en conséquence la double fonction d’autorité portuaire et d’opérateur unique. En tant qu’autorités portuaires, elles établissent les tarifs que les sociétés maritimes doivent payer pour accéder à leurs services et disposent d’un pouvoir réglementaire sur les terminaux du secteur privé.

79Le cadre législatif est en pleine évolution. Une nouvelle loi sur le transport maritime, adoptée en 2008, prévoit une réforme globale du système portuaire, qui n’entrera cependant pas pleinement en vigueur avant 2011. Elle remplace la loi antérieure de 1992, qui semble avoir ralenti la croissance du secteur du transport maritime indonésien et, en réduisant la concurrence à néant, avoir nui à son efficacité (Dick, 2008). Ray (2008) indique que l’International Container Terminal de Djakarta, bien qu’il soit l’un des ports indonésiens les plus performants, est l’un de ceux qui affichent les plus mauvais résultats de toute l’Asie du Sud-Est en termes de productivité et de coûts unitaires.

80La nouvelle loi établit une structure réglementaire plus simple, notamment en matière de licences commerciales et de gestion portuaire. Les autorités locales sont désormais chargées de délivrer les licences pour le transport de passagers sur les voies navigables intérieures, le long de la côte et par transbordeurs. La loi simplifie en outre les critères d’obtention d’une licence maritime du système précédent, ce qui pourrait stimuler la concurrence dans le secteur [9]. Le nouveau cadre législatif prévoit également la création d’autorités portuaires, reconnaissant ainsi la distinction entre gestion et réglementation portuaires. Les pouvoirs et responsabilités des autorités portuaires sont définis selon la notion de propriété portuaire. Dans ce modèle, l’autorité portuaire est propriétaire du terrain et des infrastructures de base telle que les quais, qui sont loués ou concédés à des exploitants privés. Les exploitants investissent dans le matériel de manutention de cargaisons, recrutent le personnel et négocient avec les compagnies maritimes les contrats portant sur le chargement et le déchargement des marchandises.

81Le principal intérêt du nouveau système est qu’il remplit la promesse de briser le monopole des quatre entreprises publiques, censées devenir des exploitants portuaires. Les autorités portuaires réglementeront un ou plusieurs ports commerciaux et, en concertation avec les pouvoirs locaux, accorderont des concessions aux exploitants portuaires et réglementeront leurs activités. Au Mexique, des transformations similaires ont entraîné une amélioration substantielle de la productivité des ports et une baisse des tarifs de manutention portuaire (Estache et al., 2004). Dans le cas de l’Indonésie, néanmoins, la loi dispose que les agents des autorités portuaires seront recrutés dans la fonction publique et placés sous autorité ministérielle, ce qui ne leur conférera guère d’indépendance à l’égard de l’exécutif.

82Le nouveau cadre réglementaire spécifie par ailleurs que les terminaux spécialisés pourront être transformés en ports publics. Cela risque d’accroître la concurrence interportuaire, mais on ignore si les propriétaires privés renonceront à leurs droits de propriété alors que les règlements d’application n’ont pas encore défini les modalités du nouveau cadre réglementaire. En vertu de la nouvelle loi, les ports privés ne seront pas autorisés à assurer la manutention des cargaisons de tiers, ce qui limitera la concurrence à laquelle ils pourront se livrer.

83La séparation entre l’exploitation et la réglementation des ports par la création d’autorités portuaires selon le mode de gestion du port propriétaire est une évolution bienvenue qui promet d’améliorer sensiblement l’efficience des ports. Les pouvoirs publics doivent s’efforcer de publier les règlements d’application nécessaires pour que ces nouvelles autorités entrent prochainement en fonction. La disposition prévoyant qu’elles doivent être uniquement composées de fonctionnaires pourrait compromettre leur aptitude à remplir leur mission avec efficacité. Les pouvoirs publics devraient envisager plutôt un recrutement fondé sur l’expérience et les qualifications. Elles doivent en outre élaborer un programme pour gérer le transfert des employés actuels des sociétés de gestion portuaire aux nouvelles autorités portuaires ou à d’autres entreprises [10].

84Le nouveau système stipule également que le droit de cabotage (c’est-à-dire le transport de marchandises ou de passagers entre deux endroits dans un même pays) est réservé aux sociétés de navigation nationales faisant appel à des vaisseaux arborant pavillon indonésien et dont l’équipage est composé de ressortissants indonésiens. Des restrictions au cabotage exigeant que les cargaisons maritimes nationales soient transportées par des navires nationaux ont été réintroduites en 2005, même si ce n’est que partiellement, et semble avoir été inspirées par des considérations protectionnistes guère compatibles avec l’objectif de développement d’un secteur du transport maritime moderne et compétitif. Il apparaît que cette politique a eu pour effet de diminuer le pourcentage de navires affrétés à l’étranger exploités par les entreprises étrangères, ce qui a probablement des retombées défavorables sur la concurrence (graphique 3.11).

Graphique 3.11

Pourcentage de navires par catégorie de propriétaire

Graphique 3.11

Pourcentage de navires par catégorie de propriétaire

85À long terme, la diminution des restrictions au cabotage étranger sera bénéfique au secteur du transport maritime indonésien en raison de l’intensification de la concurrence qui en dérivera. Des restrictions de cette nature sont certes appliquées dans de nombreux pays, mais risquent d’avoir des effets plus pernicieux en Indonésie en raison de sa configuration géographique et de l’importance qu’y revêt le transport maritime. Par ailleurs, la concurrence étrangère est déjà limitée dans les secteurs du transport maritime et de la gestion des ports, car les services portuaires et le transport maritime intérieur figurent toujours sur la « liste négative d’investissement » qui limite la participation étrangère à 49 %.

86De surcroît, en vertu de la nouvelle loi sur le transport maritime, l’État contrôlera les lignes maritimes au travers d’un réseau systémique très complexe de gestion de la navigation interinsulaire [11]. Cette loi confère également au gouvernement le pouvoir de fixer les tarifs applicables aux passagers. Les entreprises maritimes et leurs clients sont en principe libres de déterminer les tarifs de fret interinsulaire, mais la loi exige que ceux-ci soient compatibles avec les types, le barème et les catégories de tarifs définis par le gouvernement. La même prescription s’applique aux tarifs des services portuaires facturés par les exploitants des ports. La façon dont les types, le barème et les catégories de tarifs de fret seront déterminés influera sur l’aptitude des sociétés maritimes et des exploitants portuaires à fixer les prix et les tarifs de fret sur une base commercialement viable. Si les tarifs sont trop bas, ils décourageront l’arrivée de concurrents et l’ouverture de nouvelles routes maritimes. Une meilleure solution consisterait à laisser les entreprises maritimes déterminer librement leurs tarifs, ce qui stimulerait la concurrence. Pour satisfaire aux objectifs stratégiques régionaux ou assurer l’unité nationale, le gouvernement pourrait alors procéder à des adjudications de subventions destinées à assurer la prestation de services sur les lignes non rentables.

Encadré 3.8. Résumé des recommandations : Infrastructures

Améliorer les dépenses d’infrastructure
? Envisager d’augmenter les dépenses publiques prévues pour l’infrastructure de 0.2 % du PIB entre 2011 et 2014.
? Utiliser plus efficacement le cadre de dépenses à moyen terme pour améliorer l’allocation pluriannuelle des crédits budgétaires pour les projets d’infrastructure et améliorer la coordination entre les ministères responsables du développement de celle-ci.
? Faire réaliser des études sectorielles pour évaluer les dépenses annuelles d’entretien dans les différents secteurs et allouer les enveloppes budgétaires en conséquence.
? Procéder à des évaluations rigoureuses de l’efficience pour mesurer la rentabilité relative et absolue des PPP. Vérifier soigneusement que le secteur privé supporte une part appropriée du risque.
? Procéder à une analyse complète des risques relatifs à la demande que les autorités pourraient devoir assumer dans le cadre des projets PPP et désigner à cette fin des conseillers indépendants chargés de fournir des prévisions raisonnables et indépendantes de la demande.
? Offrir aux pouvoirs locaux des incitations à allouer les crédits budgétaires pour les routes, l’eau et l’assainissement en assujettissant les transferts à la condition d’un entretien approprié.
Consolider le cadre réglementaire
? Établir des organismes de réglementation indépendants dans les secteurs qui en sont actuellement dépourvus; ils pourraient dans un premier temps avoir un rôle purement consultatif.
? Diminuer l’incertitude réglementaire en inscrivant dans la loi les pouvoirs et les responsabilités des organismes de réglementation.
? Assurer l’indépendance des organismes de réglementation existants en supprimant l’obligation de soumettre leurs décisions à l’approbation ministérielle et en leur permettant de financer leur budget par des droits de licences et des taxes sur les entreprises.
? Supprimer l’obligation pour les organismes réglementaires de recruter leur personnel dans la fonction publique et les autoriser à fonder leur recrutement sur les qualifications et l’expérience uniquement.
? Envisager de conférer aux organismes de réglementation le pouvoir de résoudre les différends contractuels entre les concessionnaires et les autorités publiques avant de recourir à l’arbitrage ou aux tribunaux.
? Renforcer la responsabilisation des organismes de réglementation en procédant à intervalles réguliers à une évaluation officielle de leurs activités et en améliorant leur transparence.
? Diminuer les restrictions sur l’IDE aux fins de participation étrangère et sur le recrutement de personnel dirigeant étranger dans les secteurs des télécommunications, des transports et de l’électricité.
Électricité
? Éliminer progressivement les subventions à l’électricité et dédommager les ménages à faible revenu au moyen des programmes existants de transferts monétaires ou de subventions aux nouveaux raccordements au réseau.
? Établir un plan cohérent de développement de l’électrification en milieu rural par l’adjudication concurrentielle de subventions.
? Élaborer un plan visant à intégrer les centrales privées au réseau.
Eau et assainissement
? Accélérer le programme de restructuration de la dette des entreprises publiques locales (PDAM).
? Envisager la création de fonds renouvelables gérés par les provinces.
? Consolider le rôle de l’Association nationale des entreprises publiques de gestion de l’eau (PERPAMSI) et développer son exercice d’évaluation comparative afin de diffuser les pratiques optimales.
? Aligner les tarifs moyens de l’eau sur le niveau de récupération des coûts et faire appel aux programmes de prestations existants pour indemniser les ménages à faibles revenus.
Transport routier
? Réformer la loi sur l’expropriation à des fins publiques en vue d’accélérer le processus d’acquisition des terres. Envisager de charger la BPN (Agence foncière nationale) de résoudre les différends concernant la valeur des terres.
? Publier rapidement les règlements d’application visant à instituer le Fonds de maintenance des routes.
Télécommunications
? Conférer une plus grande indépendance à l’instance de réglementation sectorielle (la BRTI).
? Accélérer la mise en œuvre du plan d’adjudication des subventions en tant que moyen rentable de développer les services de télécommunications dans les zones mal desservies afin de respecter les obligations de service universel.
? Publier des règlements compatibles avec le processus de convergence des services en cours et instaurer la licence de services d’accès unifiée.
Ports et transport maritime
? Accélérer la publication du règlement d’application pour établir les autorités portuaires.
? Diminuer les restrictions au cabotage des navires étrangers de manière à intensifier la concurrence dans le secteur du transport maritime.
? Élaborer un plan pour gérer le transfert des salariés actuellement employés par les sociétés de gestion portuaire (Pelindos) aux nouvelles autorités portuaires ou à d’autres sociétés.
? Autoriser les compagnies maritimes à déterminer librement les tarifs de transport de marchandises et de passagers et, le cas échéant, adjuger des subventions pour garantir la prestation de services sur les routes non rentables.

Bibliographie

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Notes

  • [1]
    Les autres obstacles analysés dans l’étude sont les suivants : accès foncier; licences commerciales; relation entre les autorités locales et les entreprises; programme de développement des entreprises; compétences et intégrité du maire; taxes locales et redevances d’utilisation; sécurité et règlement des différends; règlements locaux.
  • [2]
    Le DAK représente une part non négligeable du budget alloué à l’infrastructure, autour de 7.4 % en 2009. Il s’agit d’un fonds utilisé pour procéder à des transferts budgétaires spéciaux aux autorités régionales et de district qui ont besoin de ressources financières complémentaires pour développer la prestation de services publics dans différents secteurs, dont l’infrastructure, et qui finance essentiellement l’investissement dans les équipements.
  • [3]
    Hellowell et Pollock (2009) rendent compte de l’expérience du Royaume-Uni en matière d’exercices d’évaluation de la rentabilité des dépenses d’équipement dans le secteur de la santé. Ils soulignent que les PPP se sont avérés, dans quasiment tous les cas, la solution la plus économique, les exercices d’évaluation ayant alloué aux prestataires privés des risques qu’ils n’étaient pas, au terme des contrats, tenus de supporter.
  • [4]
    La réglementation des prix est répandue dans les industries de réseau étant donné l’existence d’un monopole naturel, la présence d’externalités positives dérivant d’un accès généralisé au réseau et du caractère très sensible, aux plans politique et social, de certains secteurs. Cette réglementation est également nécessaire quand le prestataire détenteur du monopole doit assurer à différents exploitants l’accès au réseau en contrepartie d’une redevance d’accès – comme dans le cas du réseau de transport de l’électricité – ou lorsque la seule concurrence possible est la concurrence pour le marché – comme dans le cas des concessions des routes à péage ou de l’approvisionnement en eau.
  • [5]
    L’indice de l’IDE est calculé en tenant compte des restrictions dans quatre domaines : i) restrictions sur les capitaux étrangers; ii) obligations de sélection et d’autorisation préalable; iii) règles relatives au personnel dirigeant, comme les cadres; et iv) autres restrictions à l’activité d’entreprises étrangères. Dans chaque domaine, la note maximale est un (en cas de restriction totale de l’investissement étranger dans le secteur) est la note minimale est de zéro (quand il n’y a pas d’obstacles réglementaires à l’IDE). La note globale de chaque secteur est calculée en additionnant les notes attribuées aux différentes catégories de restrictions (OCDE, 2010). Aucune étude n’a été réalisée pour évaluer le caractère restrictif global du régime de réglementation tel qu’appliqué actuellement.
  • [6]
    L’article 33 prescrit que l’État contrôle : i) toutes les branches de production importantes pour l’État ; et ii) toutes les ressources naturelles. En 2004, le Tribunal constitutionnel a déclaré inconstitutionnelle une loi de 2002 qui visait à réformer le secteur de l’électricité par une augmentation de la participation privée et la création d’un organisme de réglementation. Un syndicat de PLN a contesté la validité de la nouvelle loi devant le tribunal.
  • [7]
    Selon le décret présidentiel n° 29/2009, la garantie couvre 70 % des prêts bonifiés (40 % étant couverts par l’administration centrale et 30 % par l’administration locale).
  • [8]
    Malgré son désengagement de Telkom, la participation de l’État dans la société s’élevait encore à 52.5 % à la fin de 2008 (Telkom, 2009). Par ailleurs, le ministère des Finances détient une action « spécifique » assortie de droits de votes spéciaux qui lui donne un pouvoir de veto sur certaines questions stratégiques. À la fin de 2009, l’État détenait environ 14 % du capital d’Indosat sous forme d’actions ordinaires (Indosat, 2010).
  • [9]
    Ces critères imposent d’être une personne morale et de posséder un navire de 175 tonneaux de jauge brute au moins arborant pavillon indonésien, alors que les règlements précédents exigeaient de détenir déjà deux licences, à savoir une licence commerciale et une licence d’exploitation, avant d’obtenir une autorisation de transport maritime.
  • [10]
    Deux autres concessionnaires de la distribution d’eau de Djakarta, qui avaient « hérité » de plus de 50 % des effectifs de l’ancienne entreprise publique, ont été confrontés à des problèmes similaires (Lanti et al., 2009).
  • [11]
    Toutes les entreprises sont tenues de faire partie de ce réseau, qui doit être défini par les autorités centrales et régionales, l’Association indonésienne des armateurs et l’Association des usagers des transports maritimes, en fonction de la répartition de l’activité économique, du développement régional et de l’unité nationale.
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