Couverture de EE_1001

Article de revue

Chapitre 1. Surmonter la crise

Pages 21 à 47

Notes

  • [1]
    DAF/CMF/ACS(2009)21/FINAL.
  • [2]
    En 2006, la Surintendance des banques, avec la banque centrale, a publié une norme réglementant l’émission et le fonctionnement des cartes de crédit, notamment par le secteur non bancaire.

La crise a frappé le Chili par le biais d’une forte dégradation de ses termes de l’échange

1 Après une vigoureuse expansion économique ces dernières années, le Chili a été frappé par l’intensification de la crise financière mondiale en septembre 2008. Cette petite économie ouverte, hautement tributaire de ses exportations de produits miniers et agricoles, a été touchée de plein fouet par l’effondrement du commerce mondial et la baisse des prix des produits de base. Si la perte de parts de marchés extérieurs, mesurée par une moyenne pondérée de la demande d’importations des partenaires commerciaux, n’a pas été aussi prononcée que dans bien d’autres pays, la dégradation des termes de l’échange du Chili a été plus marquée que dans aucun pays de l’OCDE (graphique 1.1). De ce fait, les recettes d’exportation ont fondu, la confiance a été ébranlée et la consommation et l’investissement privés, qui constituaient l’épine dorsale de la croissance avant la crise, se sont fortement contractés. La production a reculé pendant quatre trimestres consécutifs, les prix ont commencé de baisser et le chômage s’est accru rapidement. Compte tenu de la sévérité du choc, la perte de production du Chili paraît relativement modeste. Dès que les exportations et le prix du cuivre – qui représentait plus de 50 % des recettes d’exportation du pays en 2008 – se sont partiellement rétablis, l’activité économique a commencé de se redresser à un rythme assez rapide (graphique 1.2).

Graphique 1.1

La transmission de la crise économique mondiale au Chili

Graphique 1.1

La transmission de la crise économique mondiale au Chili

(1) Variations en pourcentage entre le T2 2008 et le T2 2009 (T1 si T2 n’est pas disponible).
(2) Prévisions de l’OCDE.
Graphique 1.2

IMACEC, cours du cuivre et marchés extérieurs

Graphique 1.2

IMACEC, cours du cuivre et marchés extérieurs

(1) Indicator Mensual de Actividad Económica (IMACEC), indicateur mensuel de l’activité économique.
(2) Cours au London Metal Exchange.

2 Bien que touché par l’effondrement du commerce mondial, le Chili a bénéficié de la résilience des marchés financiers intérieurs et de l’action décisive des autorités. Le financement extérieur a été interrompu temporairement lorsque les marchés interbancaires des États-Unis se sont paralysés en septembre et octobre 2008 et que les entreprises chiliennes ont eu du mal à obtenir des liquidités en dollars, en particulier pour financer leur commerce extérieur. Afin de soutenir les liquidités en dollars des États-Unis, la banque centrale a réagi i) en suspendant son programme d’accumulation de réserves en dollars, ii) en procédant à des opérations de prise en pension en USD par voie d’enchères hebdomadaires de 500 millions d’USD et iii) en autorisant sur les dépôts en dollars des réserves obligatoires en monnaie locale ou en devises autres que le dollar des États-Unis (au lieu de réserves en USD uniquement), entre autres choses. Le ministère des Finances a transféré des dépôts en dollars détenus à l’étranger vers le système bancaire chilien, notamment par voie d’adjudications. La banque centrale a aussi pris des mesures pour soutenir les liquidités en pesos en procédant à des opérations de prise en pension et en acceptant des types de nantissement plus divers. Les taux des crédits bancaires sont, depuis, retombés en dessous de leurs niveaux d’avant la crise et le secteur des entreprises a retrouvé accès au crédit étranger, le rapatriement d’investissements étrangers par les investisseurs institutionnels ayant encore contribué à la détente des conditions du financement extérieur. La résistance des marchés financiers nationaux s’explique par le fait qu’ils n’étaient pas exposés aux actifs toxiques qui ont fait chuter les banques des pays de l’OCDE, par la réaction rapide des pouvoirs publics et par la prudence de la supervision bancaire.
La reprise est maintenant amorcée et devrait s’accélérer progressivement pour atteindre des taux de croissance supérieurs au potentiel en 2011, moment où le chômage, très élevé, devrait commencer de baisser. Avec un écart de production qui se creuse profondément, les prix continueront probablement de diminuer jusqu’à la fin de cette année, mais l’inflation devrait s’intensifier petit à petit et se rapprocher de l’extrémité inférieure de la fourchette de tolérance de 2-4 % fixée par les autorités monétaires d’ici à la fin de 2010. La balance des opérations courantes est redevenue positive cette année, le recul des importations en valeur ayant été encore plus marqué que celui des exportations, mais l’augmentation de l’excédent devrait ralentir car le raffermissement de la demande intérieure dope les importations.

Les autorités monétaires se sont trouvées confrontées à une décision difficile

3 Le cadre monétaire de ciblage de l’inflation, mis en place par la banque centrale indépendante, accompagnait généralement les variations du taux de change sans effets négatifs sur la stabilité financière ou l’inflation. Lorsque la crise s’est propagée au Chili, l’inflation globale avoisinait 10 % – bien au-dessus de la fourchette de tolérance de 2-4 % fixée par la banque centrale – malgré plusieurs relèvements du taux directeur, porté de 6.25 % en juin à 8.25 % en septembre (graphique 1.3). Cette virulente inflation était imputable à la hausse des prix des produits de base importés et aux pressions exercées par la demande intérieure, principalement l’investissement en pleine expansion. Même si le cadre de politique monétaire a rehaussé la crédibilité de la banque centrale au cours de la décennie passée (encadré 1.1), cela n’a pas empêché les anticipations inflationnistes de monter.

Graphique 1.3

Inflation et anticipations inflationnistes

Graphique 1.3

Inflation et anticipations inflationnistes

Taux annuels
(1) Indice des prix à la consommation.
(2) Pour 11 mois plus tard.

Encadré 1.1. Le cadre de politique monétaire

Depuis 2000, l’objectif déclaré de la politique monétaire consiste à maintenir l’inflation globale annuelle autour de 3 % et dans les limites d’une fourchette de tolérance de 2-4 % sur un horizon de 12 à 24 mois (depuis 2006 l’horizon de l’action publique est d’environ 24 mois). La banque centrale est juridiquement indépendante et met en œuvre sa politique monétaire en définissant un niveau d’objectif pour le taux interbancaire au jour le jour nominal. La transparence est un élément fondamental du cadre de ciblage de l’inflation. La banque centrale publie un bref communiqué immédiatement après chaque réunion de politique monétaire puis un procès-verbal détaillé trois semaines plus tard, et elle publie tous les quatre mois un rapport de politique monétaire contenant des prévisions détaillées pour l’inflation et la production. Après la crise asiatique, la banque centrale a abandonné sa bande de fluctuation du taux de change en 1999 et a adopté un taux de change flottant, même si elle est parfois intervenue sur le marché des changes lorsqu’elle considérait que le taux de change réel ne correspondait pas à ses fondamentaux à long terme ou qu’elle jugeait que le niveau des réserves de change était trop bas. Ce cadre de politique monétaire a raisonnablement bien servi l’économie chilienne, avec des anticipations inflationnistes relativement stables malgré une grande variabilité de l’inflation ces deux dernières années (l’inflation s’est située à l’intérieur de la fourchette d’objectif pendant environ 60 % du temps entre janvier 2000 et septembre 2009). L’instabilité du taux de change s’est accentuée par rapport aux années 90 mais les entreprises ont accès à un marché régulateur liquide et étoffé (De Gregorio et al., 2005).

4 C’est dans ce contexte de virulente inflation globale et d’anticipations inflationnistes élevées que le Chili a été frappé par la compression des liquidités en dollars des États-Unis au quatrième trimestre 2008 et par la chute de valeur des exportations de cuivre, créant des arbitrages difficiles pour les autorités monétaires. L’adoption d’un régime de taux de change flottant en 1999 a contribué à atténuer le défaut de congruence monétaire, les ménages ayant réduit leur dette en devises et les entreprises qui avaient des emprunts en devises ayant commencé de se couvrir. Cependant, la dépréciation marquée du peso, en pleine course à la sécurité, a compliqué davantage encore la politique monétaire du fait que la grande faiblesse du taux de change risquait d’alimenter l’inflation, requérant ainsi une orientation plus restrictive. De plus, la banque centrale estimait que les pressions à la hausse sur la demande intérieure ne s’atténueraient que progressivement. En novembre, elle a pris l’initiative sans précédent de publier des prévisions de croissance intermédiaires (les prévisions ne sont normalement publiées qu’en janvier, mai et septembre), mais elle a maintenu jusqu’en janvier ses prévisions de croissance à 2-3 % pour 2009.

Un assouplissement marqué de l’action monétaire tout au long de 2009 était tout à fait justifié

5 Comme la banque centrale s’attendait à ce que les risques d’inflation soient plus élevés que prévu, elle a maintenu le cap de sa politique jusqu’à fin 2008. Une fonction simple de la réaction de la politique monétaire fondée sur les seules considérations relatives à l’inflation courante et à l’écart de production semble indiquer que sur la période 2001-07, selon la propre règle de la banque centrale, la réaction de la politique monétaire a été dans l’ensemble appropriée (graphique 1.4).

Graphique 1.4

Taux directeur et fonction de réaction de la politique monétaire

Graphique 1.4

Taux directeur et fonction de réaction de la politique monétaire

(1) Fonction de la réaction de la politique monétaire calculée à l’aide de coefficients de pondération de 0.5 pour l’inflation courante et pour l’écart de production et d’une constante de 4. Coefficients de pondération et constante obtenus à partir d’une régression MCO du taux directeur sur l’inflation courante et l’écart de production au cours de la période de janvier 2001 à décembre 2007.

6 En janvier 2009, la banque centrale a réagi au fléchissement de l’inflation et à la contraction de la demande intérieure et elle a ramené le taux directeur de 8.25 % début janvier à 0.5 % en juillet. En juillet, elle a aussi pris plusieurs mesures inhabituelles de politique monétaire, notamment la création d’une facilité de liquidité à court terme, la suspension d’une émission programmée de titres d’emprunt et l’annonce du maintien du taux directeur à 0.5 % pour une période prolongée. À sa réunion de novembre, la banque centrale a confirmé qu’elle comptait maintenir ce taux bas pendant une période prolongée (au moins jusqu’au début du deuxième trimestre 2010), mais elle a annoncé le retrait progressif de la facilité de liquidité à court terme.

7 La transmission aux taux d’intérêt du marché a été relativement rapide (graphique 1.5). En juillet 2009, les taux d’intérêt nominaux à toutes les échéances étaient inférieurs à leur niveau de septembre 2008, ce qui signifie que les réductions importantes du taux directeur ont été efficaces pour faire baisser les taux du marché. La répercussion un peu plus lente sur les taux à long terme s’accorde avec la remontée progressive des anticipations inflationnistes depuis août 2009, selon l’étude de la banque centrale. Malgré l’abaissement notable du taux directeur, en janvier 2009 le peso a commencé à s’apprécier de nouveau par rapport au dollar des États-Unis du fait que les investisseurs institutionnels ont rapatrié une partie de leurs actifs détenus à l’étranger et que le prix du cuivre a augmenté.

Graphique 1.5

Taux d’intérêt

Graphique 1.5

Taux d’intérêt

(1) Taux commercial à plus d’un an.

La relance budgétaire a été hardie, opportune et bien ciblée

8 Dès que la crise a frappé, le gouvernement a mis en œuvre sans tarder des mesures de relance budgétaire, notamment des augmentations de dépenses sur plusieurs programmes temporaires (travaux publics, aide financière ponctuelle pour les ménages à bas revenu, majoration temporaire des subventions à la formation) et divers allégements fiscaux. La mesure la plus remarquable a été de donner accès aux indemnités de chômage aux travailleurs envoyés en formation (pour éviter un licenciement). Cette mesure paraît assez innovante, mais elle n’est guère utilisée jusqu’à présent : 900 travailleurs seulement en bénéficiaient en septembre 2009. Le programme de relance prévoit aussi une réduction temporaire des paiements anticipés d’impôt sur les sociétés et une accélération des remboursements d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Cela a avancé les pertes de recettes fiscales qui, autrement, se seraient produites plus tard, au moment des ajustements d’impôt annuels, du fait du fléchissement de l’activité dû à la crise. Cela a amélioré la liquidité pour les ménages et les entreprises au moment où ils en avaient le plus besoin. Si l’on excepte les mesures de recapitalisation évoquées ci-après, ces initiatives ont dopé l’économie à hauteur d’environ 1.8 % du PIB (tableau 1.1).

Tableau 1.1

La relance budgétaire au Chili

Tableau 1.1
2009 Milliards de pesos En % du PIB Travaux publics 441.0 0.51 Contribution aux finances municipales 20.0 0.02 Suppression temporaire du droit de timbre 396.0 0.45 Prime aux ménages à faible revenu 138.9 0.16 Accroissement des subventions aux mesures de formation 113.5 0.13 Relèvement temporaire de la subvention au reboisement 12.6 0.00 Réduction du paiement anticipé d’impôt sur les sociétés 290.0 0.33 Remboursement anticipé d’impôt sur le revenu des personnes physiques pour 2009 139.0 0.16 Total 1 551.1 1.78 Source : Ministère des Finances.

La relance budgétaire au Chili

9 Le gouvernement a aussi mis en œuvre des réformes plus permanentes afin de soutenir l’emploi et d’atténuer l’impact des licenciements sur l’économie. La réforme visant à étendre les indemnités de chômage aux travailleurs ayant un contrat de durée déterminée a ainsi été avancée de 2010 à 2009 et cela a représenté une subvention salariale pour les jeunes travailleurs faiblement rémunérés.

10 L’État a recapitalisé un certain nombre d’entreprises publiques afin de soutenir les flux de crédit et l’investissement. La recapitalisation de la compagnie publique d’exploitation du cuivre CODELCO était destinée à soutenir les projets d’investissement en période de difficultés d’accès au financement. Une recapitalisation de la banque publique BancoEstado et de l’agence de développement (CORFO), pour sa ligne de crédit d’affacturage (avec acceptation des sommes à recevoir d’une entreprise, telles que les factures, comme sûreté) et son programme de garantie pour la restructuration du crédit, avaient pour but d’accroître la liquidité et les flux de financement. Les mesures de recapitalisation ont représenté, en valeur, environ 1.2 % du PIB.

11 Dans l’ensemble, les mesures budgétaires ont été appliquées rapidement et ont donc soutenu à temps la demande globale, au moment où la crise était la plus grave. Elles étaient raisonnablement bien ciblées sur les groupes les plus vulnérables de la société, frappés le plus durement par la crise, notamment les ménages à bas revenu et les personnes menacées ou touchées par le chômage. Ces ménages ayant aussi, très vraisemblablement, une forte propension à consommer et à manquer de liquidités, le gouvernement a eu raison d’espérer un effet relativement important sur la demande globale. Les projets de travaux publics ont sans doute eu aussi un effet multiplicateur assez marqué, avec peu de pertes, par le biais des importations.

12 Ces mesures, conjuguées à de lourdes pertes de recettes fiscales liées à la baisse du prix du cuivre et à la récession, se traduiront probablement par une nette dégradation du solde budgétaire. D’après les prévisions officielles actuelles, l’excédent de plus de 5 % du PIB enregistré en 2008 fera place à un déficit d’environ 3½ % du PIB. Le gouvernement s’attend maintenant à ne pas atteindre son objectif d’excédent structurel, qu’il avait ramené de 0.5 % du PIB à l’équilibre structurel au début de l’année pour pouvoir mener à bien son programme de relance. Actuellement, les autorités prévoient un déficit structurel de 0.4 % du PIB. Un tel résultat pourrait être regrettable en période plus faste, mais les mesures de relance étaient tout à fait justifiées compte tenu de la sévérité de la crise.

13 Avec un volume important d’actifs financiers accumulés dans ses fonds de stabilisation et une dette peu élevée, le gouvernement se trouve dans une situation confortable pour financer le manque-à-gagner de recettes lié à la crise, son plan de relance budgétaire et les opérations de recapitalisation. Il a couvert la majeure partie de ses besoins de financement au moyen de ressources prélevées sur le fonds souverain Fondo de Estabilización Económica y Social (FEES), et une moindre part à l’aide d’émissions d’obligations publiques à 5-10 ans. Afin d’atténuer l’éviction des emprunts du secteur privé, la banque centrale a réduit son émission de titres d’emprunts et racheté ses instruments de la dette à ces échéances.
Le gouvernement entend s’acheminer vers son objectif d’excédent structurel en limitant la croissance des dépenses réelles à 3 % en 2010, contre près de 15 % en 2009. Pour retrouver un excédent structurel de 0.5 % du PIB en 2011 et au-delà, il faudrait maintenir les dépenses réelles à un niveau stationnaire en 2011. En 2012 et 2013, elles pourraient augmenter de 3 % au maximum. Ce taux est à rapprocher d’une augmentation de 6.5 % sur la période 1990-2008 et de 7.5 % entre de 2004 et 2008, à « l’âge d’or » du cuivre.
Les mesures hardies prises par les autorités ont atténué la sévérité et raccourci la durée de la crise. Le recul marqué de la production jusqu’au milieu de 2009 témoigne de la difficulté de protéger d’une crise économique mondiale une petite économie ouverte, tributaire de ses exportations de ressources naturelles. La contraction du PIB prévue en 2009 a été un peu plus forte que lors de la période de contagion de la crise asiatique en 1999 (encadré 1.2), en raison principalement d’une dégradation beaucoup plus sévère des termes de l’échange. Malgré la détérioration des termes de l’échange, la gravité de la récession économique au Chili paraît moyenne par rapport à ce qu’elle a été dans les autres pays (graphique 1.1). Cela laisse à penser que la solidité des fondamentaux du Chili et la puissante relance macroéconomique ont eu d’importants effets de stabilisation.

Encadré 1.2. La récession actuelle comparée à celle de 1999

La récession qui a commencé au troisième trimestre 2008 a été analogue, par son ampleur et sa durée, à celle de l’épisode de contagion de 1999, dans le sillage de la crise qui avait frappé les économies émergentes d’Asie, mais plus sévère que les autres récessions que le Chili a subies en 1990 et 2000 (graphique 1.6).
Graphique 1.6

La récession actuelle : comparaison1

Graphique 1.6

La récession actuelle : comparaison1

(1) Les points de retournement du cycle sont identifiés à l’aide d’un algorithme mis au point par Harding et Pagan (2002). Une récession est définie comme étant la période qui va d’un pic à un creux du PIB corrigé des variations saisonnières. Les données figurant en abscisse correspondent à l’année du creux conjoncturel.
En 1998, la récession sévissant dans les économies émergentes d’Asie s’est propagée au Chili principalement par le biais du choc sur le financement extérieur. Au cours de la première moitié des années 90, le taux de croissance annuel moyen du PIB dépassait 7 %, alimenté par une explosion de la demande intérieure et des entrées massives de capitaux. Le taux de change effectif réel s’appréciait à un taux annuel moyen d’environ 4 % malgré des interventions de la banque centrale sur le marché des changes et la limitation des entrées de capitaux à court terme. De ce fait, le déficit de la balance courante s’est creusé, passant de 1.5 % du PIB en 1990 à près de 5 % en 1998. Lorsqu’une sévère récession s’est abattue sur l’Asie, une série d’attaques spéculatives ont déstabilisé le peso. Une amélioration de la balance des opérations courantes par des exportations plus fortes aurait nécessité une dépréciation du peso. Pourtant, comme la banque centrale défendait initialement la monnaie, la charge de l’ajustement a pesé principalement sur la demande intérieure, en particulier l’investissement, qui a accusé un net repli. Avec le recul des importations qui en est résulté, la balance des opérations courantes s’est équilibrée en 1999.
Cette fois-ci, les sorties nettes de capitaux ont en réalité diminué car certains investisseurs nationaux (principalement les fonds de pension) ont rapatrié une partie de leurs fonds. La crise économique a frappé l’économie par le biais de l’effondrement du commerce mondial et des prix du cuivre. Sous l’effet de la perte de confiance des consommateurs et des entreprises, la diminution des recettes d’exportation a eu des effets presque immédiats sur la demande intérieure. Contrairement à 1998, toutefois, l’action macroéconomique a été plus expansionniste et mieux coordonnée. Alors qu’en 1998 seule la politique budgétaire était expansionniste, tandis que la banque centrale avait durci les conditions monétaires afin de maintenir le taux de change dans sa fourchette d’objectif, au cours de la récession actuelle la politique monétaire et la politique budgétaire ont toutes deux soutenu fortement l’activité. Si l’on considère que les conditions économiques mondiales étaient sensiblement plus favorables en 1999, car il n’y avait pas alors de récession mondiale et les pertes sur les termes de l’échange étaient faibles, le Chili s’est apparemment bien mieux comporté pendant la récession actuelle.

La reprise pourrait être relativement rapide mais des risques sont attachés aux perspectives à court terme

14 Après la récession, l’économie a rebondi au milieu de 2009 et l’on estime que la croissance a été positive au second semestre de l’année. Par la suite, l’activité pourrait s’accélérer progressivement en 2010 et atteindre un taux de croissance effective supérieur au potentiel en 2011 (tableau 1.2). La reprise du commerce mondial s’affirmant au second semestre 2009 pour s’accélérer en 2010, les exportations chiliennes devraient remonter assez rapidement. À la faveur de la relance monétaire et budgétaire et du regain de confiance des consommateurs et des entreprises, la consommation privée et l’investissement des entreprises se sont peu à peu redressés au second semestre 2009 et devraient prendre de l’ampleur en 2010. Le taux de chômage a baissé plus rapidement que lors des précédentes crises après la reprise de l’activité économique à la mi-2009, mais il restera sans doute élevé jusqu’à la fin de 2010, car le chômage réagit généralement avec un temps de retard à un rebond de l’activité. De surcroît, les mesures de relance budgétaire seront progressivement retirées en 2010 et il est peu probable que la création d’emplois dans le secteur privé prenne totalement le relais. Avec un volant important de capacités de production inutilisées et un écart de production largement négatif, les prix continueront sans doute de baisser jusqu’à la fin de cette année et se rapprocheront progressivement de l’objectif de 2-4 % fixé par la banque centrale vers la fin de 2010, car les anticipations inflationnistes sont restées bien ancrées tout au long de la récession et ont augmenté progressivement au second semestre 2009, tandis que les prix à l’importation devraient augmenter en 2010. Selon des estimations, la balance des opérations courantes est redevenue positive en 2009, du fait d’une forte diminution de la valeur des importations, l’excédent extérieur se réduisant légèrement en 2010 et 2011 par suite du redressement de la demande intérieure.

Tableau 1.2

Demande, production et inflation

Tableau 1.2
2007 2008 2009 2010 2011 Demande et production (prix constants) Consommation privée 6.9 4.3 –1.7 2.2 4.8 Consommation publique 8.0 4.0 8.7 3.8 2.9 Formation brute de capital fixe 12.0 19.5 –16.0 5.2 9.6 Demande intérieure finale 8.2 7.9 –4.3 3.1 5.7 Formation de stocks1 –0.3 –0.7 –3.0 1.6 0.0 Demande intérieure totale 7.8 7.2 –7.1 4.7 5.8 Exportations de biens et services 7.6 3.1 –5.2 4.0 7.2 Importations de biens et services 14.9 12.9 –15.9 5.6 8.7 Solde extérieur1 –1.1 –2.8 4.2 –0.3 –0.1 PIB aux prix du marché 4.8 2.9 –1.8 4.1 5.0 Inflation Déflateur du PIB 5.0 0.5 0.4 2.0 3.3 Déflateur de la consommation privée 3.2 7.9 3.8 1.3 2.8 Indice des prix à la consommation 4.4 8.7 1.4 1.0 2.8 Autres éléments Croissance potentielle 4.3 5.0 3.6 4.2 4.2 Taux de chômage (% de la population active) 7.1 7.8 9.7 10.2 9.3 Écart de production2 0.9 –0.9 –6.0 –6.3 –6.1 Solde financier de l’administration centrale3 8.8 5.3 –3.5 –1.3 –1.0 Balance courante3 4.5 –2.4 0.8 0.3 0.1 1. Contributions à la croissance du PIB. 2. En pourcentage de la production potentielle. 3. En pourcentage du PIB. Source : OCDE, Perspectives économiques, n° 86.

Demande, production et inflation

Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire

15 Même si la reprise semble, jusqu’à présent, se dérouler comme prévu, il n’en persiste pas moins des risques qui pourraient obliger à revoir ces prévisions, tant à la hausse qu’à la baisse. La reprise de l’activité pourrait être plus vigoureuse, en particulier si l’investissement des entreprises retrouve sa rapide progression passée, entraînant ainsi la demande intérieure globale. En revanche, l’économie chilienne pourrait de nouveau affronter des vents contraires si le redressement attendu des échanges mondiaux n’est pas aussi ferme que prévu et si la récente remontée des exportations et du prix du cuivre ne se confirme pas. La flexibilité de la mise en œuvre effective des politiques économiques jouera un rôle essentiel et les autorités devraient réagir sans tarder aux signes indiquant que la trajectoire de la reprise s’écarte du scénario prévu. Si la reprise s’avère plus forte que prévu, les mesures de relance budgétaire pourraient être retirées plus rapidement. Cette décision serait aussi souhaitable en termes d’économie politique car elle confirmerait le caractère temporaire des mesures de relance budgétaire. La relance monétaire pourrait néanmoins rester en place jusque bien avant dans l’année 2010, dans la mesure où les risques d’une résurgence des pressions inflationnistes restent faibles et où les taux d’intérêt bas sont susceptibles d’empêcher un nouveau raffermissement du peso, stimulant ainsi les exportations nettes. Si la reprise se révélait nettement plus faible qu’escompté, les mesures de relance budgétaire et monétaire pourraient rester en place plus longtemps. Pour ancrer les anticipations, il sera essentiel d’assurer la transparence dans la communication : il faudra annoncer un calendrier à moyen terme concernant la levée des mesures exceptionnelles de relance, notamment l’assainissement budgétaire et la normalisation de la politique monétaire.

L’effet de la crise sur la production potentielle influera sur le calendrier de retrait des mesures de relance

16 Comme dans la plupart des pays de l’OCDE, la crise financière aura probablement des effets permanents sur l’économie du Chili, notamment sur la disponibilité des facteurs de production, entraînant des pertes de production par rapport aux niveaux qui auraient été obtenus suivant les tendances passées. Dans le n° 86 des Perspectives économiques (OCDE, 2009), l’OCDE a révisé en baisse la production potentielle pour les pays membres de 2 % en moyenne à la fin de 2010. Au Chili, la révision de la croissance potentielle en 2009 et 2010 résultera sans doute, pour l’essentiel, d’un ajustement du stock de capital, dû à une nette contraction de la formation brute de capital au plus fort de la crise. Par ailleurs, l’ajustement de la croissance potentielle pourrait résulter, pour une part aussi, d’une réduction de la disponibilité des ressources de main-d’œuvre, par exemple si le chômage reste durablement élevé, comme cela s’est produit après la crise asiatique, ce qui ferait monter le chômage structurel. À l’époque, le taux de chômage était passé à près de 10 %, alors qu’il se situait à un point bas d’environ 6 % avant la crise, et il lui a fallu 9 ans pour redescendre à 7 %. L’aggravation du chômage durant la crise pourrait aussi décourager l’entrée dans la population active et réduire les taux d’activité dans le moyen terme. L’effet de la crise sur la productivité totale des facteurs (PTF) est, a priori, ambigu ; il est vrai que les entreprises pourraient réduire leur investissement dans le domaine de l’innovation, ce qui aurait une incidence défavorable sur la PTF, mais les moins productives pourraient se trouver forcées de cesser leur activité. À condition que les nouvelles entreprises entrant sur le marché soient plus productives que celles qui en sont exclues par la crise, ce type de destruction créatrice pourrait accroître la PTF.

17 Compte tenu d’ajustements probables du stock de capital et de l’apport de maind’œuvre dans le scénario central, d’ici à la fin de 2010 le niveau de la production potentielle pourrait être inférieur de 2 % à ce qu’il serait en l’absence de la crise. Comme indiqué précédemment, ce chiffre est égal à la moyenne simple de la révision en baisse du niveau de la production potentielle à la fin de 2010 dans les pays de l’OCDE. Ce scénario est fondé sur des hypothèses d’investissement analogues à celles utilisées pour les prévisions du tableau 1.2 et sur un taux constant de chômage structurel, que les autorités estiment actuellement à 8.1 %. La croissance de la population active est supposée suivre sa tendance de moyen terme. La hausse de la PTF est censée s’établir à un taux annuel moyen d’environ 0.5 % entre 2009 et 2012. La production potentielle devrait retrouver un taux de croissance d’environ 4.3 % en 2011, qui s’accélérerait progressivement pour avoisiner 4.5 % par la suite, à la faveur d’un redressement progressif de l’investissement et d’une progression de la PTF plus forte qu’avant la crise. Alors que la PTF avait apparemment enregistré une croissance négative au cours des années précédant l’actuelle récession, elle est supposée augmenter de nouveau avec la mise en service de grands projets miniers et énergétiques. De plus, la crise pourrait avoir pour effet de réorienter les ressources vers des entreprises et activités plus productives. Ces estimations correspondent à peu près aux prévisions révisées établies par le groupe d’experts chargé d’estimer la production tendancielle pour le processus budgétaire du Chili.

18 À ce scénario s’attachent des risques importants, principalement celui d’un choc sur l’investissement plus rude qu’on ne le suppose dans la présente Étude. Après la contagion de la crise asiatique en 1999, l’investissement est resté à un niveau inférieur à la normale pendant une période prolongée, le ratio investissement-PIB se situant en dessous ou autour de 20 % entre 2000 et 2004 et ne retrouvant ses niveaux d’avant la crise qu’en 2004. Le ralentissement du taux de croissance de l’apport de main-d’œuvre est peut-être aussi sous-estimé si la hausse du taux de chômage décourage certaines personnes d’entrer sur le marché du travail et conduit d’autres à en sortir, ou si la montée du chômage se révèle plus durable que prévu, comme dans le sillage de la récession de 1999. Le scénario central repose sur l’hypothèse selon laquelle les taux d’activité à long terme ne se ressentiront pas de la crise et il n’y aura pas de hausse du taux de chômage structurel. L’hypothèse d’une croissance positive de la PTF qui sous-tend le retour à une croissance potentielle de 4.5 % pourrait aussi être un peu optimiste compte tenu de la performance apparemment négative de la productivité ces derniers temps. Le graphique 1.7 illustre l’évolution de la production potentielle lorsque certaines des hypothèses les plus optimistes sont revues à la baisse.

Graphique 1.7

Scénarios de croissance de la production potentielle

Graphique 1.7

Scénarios de croissance de la production potentielle

Le retrait des mesures de relance macroéconomique devra être progressif

19 La politique budgétaire devra continuer de soutenir l’activité dans le court terme mais, à supposer que la reprise se confirme comme prévu, les mesures de relance devront alors être retirées progressivement. La levée des dispositifs annoncés comme temporaires dès le départ, en particulier les mesures fiscales et les aides financières temporaires aux ménages à bas revenu, semble justifiée dès lors que la reprise s’accélère. Cette décision serait aussi souhaitable en termes d’économie politique car elle confirmerait le caractère temporaire des mesures de relance budgétaire. Le gouvernement prévoit de maintenir les mesures permanentes, notamment la subvention salariale en faveur des jeunes travailleurs faiblement rémunérés et un accès plus facile aux prestations de chômage pour les travailleurs temporaires, ce qui est judicieux. Cependant, l’économie connaîtra encore un sous-emploi considérable des ressources en 2010, comme semblent l’indiquer l’important écart de production attendu et le niveau élevé du taux de chômage. Afin d’éviter les risques d’effets d’hystérèse (une hausse à court terme du chômage qui se transforme en un taux de chômage durablement plus élevé et un taux accru de chômage structurel), certaines des mesures temporaires devront n’être retirées que progressivement. En particulier, l’annulation précoce des programmes d’investissement public dans les domaines du logement, du développement urbain, de la santé et de l’éducation risque de faire monter le taux de chômage puisque les autorités estiment que ces programmes ont créé quelque 120 000 emplois depuis le début de l’année. À moins que la reprise ne se révèle plus vigoureuse que prévu et que la décrue du chômage ne s’amorce plus tôt, un retour à l’équilibre structurel en 2010, comme le prévoit le gouvernement, semble prématuré. Le nécessaire ralentissement des dépenses et l’impulsion budgétaire négative qui en résultera risquent de compromettre la reprise. Avec un niveau peu élevé de dette publique et des réserves encore considérables accumulées dans les fonds souverains, le Chili peut se permettre de conserver un léger déficit structurel pendant quelque temps. Si la reprise s’avérait plus faible qu’escompté, les mesures budgétaires temporaires pourraient être retirées plus tard qu’on ne le prévoyait initialement.

20 Le taux directeur devra rester bas pendant une période prolongée. Une politique monétaire de soutien, avec le taux d’intérêt réel maintenu inférieur à son niveau neutre, estimé à environ 3 % (Fuentes et Gredig, 2008), est nécessaire pour étayer le redressement de l’activité. À moins que les pressions inflationnistes ne montent sensiblement plus vite que prévu, les taux d’intérêt ne devront donc être relevés que petit à petit, et après le retrait du dispositif de relance budgétaire. Maintenir l’orientation expansionniste de la politique monétaire après la suppression de la relance budgétaire favoriserait la reprise en atténuant les pressions à la hausse sur le peso, ce qui doperait les exportations nettes.
Des mesures structurelles visant à renforcer la PTF, le capital humain et les taux d’activité aideront le Chili à retrouver plus rapidement un taux de croissance plus élevé de la production potentielle. Comme on le verra au chapitre 3, l’intensification de la concurrence sur les marchés de produits, par une application plus stricte du droit de la concurrence et des aides à l’entrepreneuriat et à l’innovation des entreprises, renforcerait la progression de la PTF dans le moyen terme. De même, des politiques plus efficaces dans le domaine de l’éducation, comme expliqué au chapitre 4, amélioreraient la qualité de la main-d’œuvre, ce qui aurait des effets positifs sur la croissance et la productivité, des travailleurs mieux formés contribuant sans doute davantage à la diffusion de l’innovation. Cela compenserait une partie du choc négatif sur la production potentielle provenant d’une réduction des investissements. L’augmentation des taux d’activité des femmes et des jeunes, actuellement très bas, aiderait aussi à réduire au minimum les effets de la crise sur la production potentielle. Les politiques actuelles y aideront sans doute puisque le gouvernement a augmenté notablement le nombre de places offertes à des prix abordables dans les structures d’accueil des jeunes enfants et mis en place une subvention salariale pour les jeunes travailleurs ayant un bas salaire.

Les mesures visant à éviter une compression du crédit sont judicieuses mais la surveillance doit rester prudente

21 Une réglementation financière saine a abrité les marchés de capitaux chiliens de la crise mondiale. Grâce à une réglementation prudente et à une surveillance de type classique, fondée sur un système de liste positive (encadré 1.3), les produits financiers complexes, qui ont contribué au surendettement et à la déstabilisation des marchés financiers dans de nombreux pays de l’OCDE, n’ont jamais joué un rôle important au Chili. Le gouvernement prévoit de renforcer la liquidité, l’innovation financière et l’intégration aux marchés mondiaux de capitaux grâce à une réforme des marchés de capitaux (MK III) qui a été mise en attente durant la crise. Les principales mesures de la réforme MK III sont les suivantes : i) protection renforcée des consommateurs, notamment par l’obligation faite aux institutions financières d’offrir un produit standard pour lequel les coûts sont facilement comparables d’une institution à l’autre ; ii) concurrence accrue, notamment grâce à un meilleur accès au marché pour les institutions financières étrangères ; iii) autorisation de produits financiers innovants tels que les Fonds cotés en bourse et facilitation du crédit titrisé et iv) exemption d’impôt sur les plus-values pour une gamme plus étendue de produits financiers. Même si les mesures visant à élargir et à étoffer les marchés de capitaux vont dans le bon sens, les autorités doivent faire preuve de la prudence nécessaire afin d’éviter de faire dévier le Chili de son parcours exemplaire en matière de réglementation prudentielle.

Encadré 1.3. La réglementation financière au Chili

Le système financier chilien est généralement considéré comme sain et bien supervisé. Avec la mise en place de régimes de pension privés obligatoires au début des années 80, il s’est rapidement développé et diversifié et a bien résisté à la récession économique après le choc extérieur de la crise asiatique à la fin des années 90. Malgré une légère augmentation des prêts improductifs, le secteur des services financiers est resté rentable et bien capitalisé au cours de la présente récession aussi.
Les principaux acteurs du système financier du Chili – banques commerciales, caisses de retraite, intermédiaires des marchés de titres et compagnies d’assurances –, sont supervisés par des organismes spécialisés du secteur public. La responsabilité de la réglementation est partagée entre la banque centrale et les surintendances, ces dernières étant seules investies d’une fonction de supervision. La Surintendance des banques (SBIF) supervise les banques commerciales et les filiales bancaires, la Surintendance des valeurs mobilières et des assurances (SVS) est chargée des intermédiaires des marchés de titres et des compagnies d’assurances et la Surintendance des pensions (SAFP) s’occupe des caisses de retraite et de l’assurance-chômage.
La réglementation des entités financières est fondée sur un système de liste positive. Le droit et les réglementations publiées par les organismes de supervision précisent les produits financiers qui peuvent être offerts. La banque centrale joue un rôle essentiel dans l’autorisation des produits financiers, en particulier dans les domaines des produits dérivés et des opérations de change. La titrisation du crédit est limitée et la banque centrale réglemente les obligations garanties par des hypothèques.

22 Les mesures prises par le gouvernement pour maintenir les flux de crédit dans le cadre de l’initiative pro crédito ont contribué à une normalisation des conditions financières. Il s’agissait de garanties de crédit supplémentaires (offertes par le fonds de garantie de crédit FOGAPE de la banque publique BancoEstado) ainsi que de mesures destinées à accroître l’offre de crédit pour les microentreprises (ressources additionnelles pour le capital de départ existant et programmes de crédit pour les microentreprises, extension de 12 à 36 mois du délai de renégociation des dettes fiscales). Le gouvernement a aussi élargi les possibilités pour les établissements non bancaires, comme les compagnies d’assurances et les Cajas de Compensacion, d’accorder des crédits. Par ailleurs, l’initiative pro crédito augmente le montant maximum de financement par l’emprunt autorisé pour les achats de logements subventionnés, qui passe de 80 % à 90 % de la valeur du logement. De ce fait, les taux d’intérêts à toutes échéances sont revenus à leurs niveaux d’avant la crise au milieu de 2009, la proportion de banques maintenant des normes de crédit plus strictes a diminué et le crédit bancaire s’est stabilisé après un recul au premier semestre.

23 Les mesures visant à éviter une compression du crédit sont fort appropriées dans la situation actuelle, mais le gouvernement devrait faire preuve de toute la prudence nécessaire. Ces mesures sont notamment des normes prudentielles plus souples, comme par exemple un plafond plus élevé de financement par l’emprunt des achats de logements et des conditions moins restrictives pour l’octroi de crédit par des établissements non bancaires. Elles ont été prises dans le contexte d’une augmentation des prêts improductifs due à la récession. Le Chili se distingue depuis longtemps par la prudence de sa réglementation financière et il ne doit pas courir le risque de compromettre la santé de son système financier. Les mesures pro crédito doivent être temporaires, à moins d’apporter la preuve de leurs avantages à long terme. En particulier, il faut reconsidérer l’octroi de crédits par des établissements non bancaires, comme les compagnies d’assurances et les Cajas de Compensación. La facilitation de l’octroi de crédits par des compagnies d’assurances va sans doute réduire leurs ratios de fonds propres qui, pour certaines d’entre elles, sont déjà proches du minimum requis par l’autorité de réglementation. Les responsables de la supervision devraient aussi évaluer les effets à l’échelle du groupe de l’accroissement du crédit accordé par les compagnies d’assurances, qui font souvent partie de conglomérats financiers diversifiés.
L’État a recapitalisé la banque publique BancoEstado en y injectant 500 millions USD, qui devraient l’aider à résister à des pertes sur prêts potentiellement plus lourdes. La recapitalisation a fait passer le ratio de fonds propres de BancoEstado de 12 % à quelque 15 %, ce qui lui a permis d’accroître ses concours. Une croissance du portefeuille dans le court terme est prévisible dans les segments du crédit commercial et du crédit immobilier, plus risqués et à moindre revenu. L’injection de capitaux devrait aider la banque à faire face à des pertes sur prêts potentiellement plus élevées en 2009. Cependant, avec une rentabilité et une capitalisation plus faibles que les autres banques chiliennes, son bilan serait plus menacé si la crise se révélait plus profonde et plus prolongée que prévu. Cela pourrait finalement compromettre la stabilité de BancoEstado, avec des coûts budgétaires potentiellement importants et, dans le pire des cas, des risques pour la stabilité du secteur bancaire en général. Les autorités chargées de la supervision devrait par conséquent s’assurer que l’expansion de BancoEstado dans des segments plus risqués du marché est strictement conforme aux réglementations prudentielles.

Il faut corriger les faiblesses de la réglementation des marchés financiers

L’octroi de crédit par les grands magasins doit devenir plus transparent et être mieux supervisé

24 Pour le moment, l’une des difficultés auxquelles font face les responsables de la supervision est la diversification des activités des grands magasins, qui délivrent maintenant des cartes de crédit (voir aussi l’avis formel du Comité des marchés financiers de l’OCDE sur l’adhésion du Chili à l’OCDE [1]) Au départ, les grands magasins autorisaient leurs clients à utiliser les cartes uniquement dans leurs propres enseignes, mais ces cartes utilisables en « circuit fermé » sont devenues petit à petit des cartes de crédit normales de marque privée. Actuellement, la Surintendance des banques estime la part des cartes de crédit émises par les grands magasins à plus de 80 % des cartes en circulation (20 millions de cartes de crédit délivrées par les grands magasins, contre 4.3 millions délivrées par les banques), même si cela ne représente qu’une faible proportion de l’encours total des crédits (environ 2 %). Cette évolution a ouvert l’accès au crédit pour les ménages à faible revenu qui ont des difficultés à obtenir un crédit auprès d’une banque, car les grands magasins ciblent généralement ce groupe. Cela risque cependant de rendre le portefeuille de crédits très risqué. Ce risque a été accentué par la forte concurrence pour le marché entre les grands magasins durant la phase d’expansion économique en 2007 et 2008 et qui a exercé une pression à la baisse sur les normes du risque. À en juger par les taux de défaillance publiés par la Surintendance des banques, le portefeuille de crédits des grands magasins est sans doute beaucoup plus risqué que celui des banques.

25 Les banques et les grands magasins n’échangent pas d’informations complètes sur les antécédents de crédit, ce qui peut accroître la vulnérabilité de leurs bilans. Des informations complètes sur les antécédents de crédit sont communiquées par la Surintendance des banques, mais seulement aux banques. Les grands magasins échangent avec le régulateur des informations sur les défauts de paiement mais non sur l’endettement global de leurs clients. Seules ces informations sur les défauts de paiement sont ensuite mises à la disposition des banques et des autres grands magasins. Cet échange d’informations limité affaiblit la capacité des banques et des grands magasins d’évaluer le risque crédit de leurs clients. Par exemple, un client demandant un crédit bancaire peut avoir plusieurs prêts de magasins sans que la banque ait accès à ces informations. Un client demandant une carte de crédit d’un grand magasin peut être lourdement endetté auprès d’une ou de plusieurs banques et posséder des cartes de crédit de plusieurs autres enseignes sans que le magasin en question soit en mesure d’évaluer le risque correspondant.
Le plan du gouvernement visant à créer un registre consolidé du crédit permettra aux banques et aux grands magasins d’évaluer plus facilement le risque crédit de leurs clients, mais les autorités devront continuer de surveiller de près les grands magasins, et la surveillance macroprudentielle pourrait être intensifiée. Un projet de loi soumis au Congrès en mai 2009 prévoit la création d’un registre faisant apparaître l’ensemble des crédits de chaque personne auprès du secteur bancaire et non bancaire et mettra ces informations à la disposition des banques et des grands magasins, qui pourront ainsi évaluer plus facilement la solvabilité de leurs clients tandis que les responsables de la réglementation pourraient repérer les problèmes importants, ce qui réduirait le risque systémique potentiel lié à une information limitée. Cependant, le registre ne sera pas opérationnel immédiatement. En période de hausse du chômage et de contraction de la demande, certains grands magasins pourraient être confrontés dans le court terme à des difficultés financières en raison de la multiplication des défauts de paiement. Les agences de notation ont déjà rétrogradé plusieurs grands magasins pour cause de pertes grandissantes au premier semestre 2009. Les autorités devraient par conséquent surveiller de près ces établissements afin de détecter les menaces potentielles que leurs bilans représentent pour la stabilité systémique. À court terme, il serait possible de contenir les risques systémiques en plaçant tous les émetteurs de cartes de crédit sous le contrôle de la Surintendance des banques [2]. Afin de limiter les risques systémiques à moyen terme, il conviendrait que les instruments de surveillance macroprudentielle, à savoir les tests de résistance effectués régulièrement par la banque centrale et les Surintendances, soient complétés par des réglementations macroprudentielles.

Des règles plus formelles de coopération entre les autorités de surveillance des marchés financiers pourraient être nécessaires

26 Une autre difficulté pour les autorités de surveillance est la prédominance de conglomérats dans le système financier chilien, qui peuvent être source de vulnérabilité. Presque toutes les banques, les intermédiaires des marchés de titres et les caisses de retraite et environ 40 % des compagnies d’assurances font partie d’un groupe qui a des activités dans au moins un autre secteur financier (Stephanou, 2005). Il peut en résulter plusieurs sources de vulnérabilité financière. En premier lieu, il peut être difficile pour les autorités de surveillance sectorielle de détecter des risques de contagion financière au sein du groupe. Par exemple, un volume important de prêts à l’intérieur du groupe ou une dépendance à l’égard de financements provenant d’autres parties du groupe pourrait exposer fortement la banque aux risques d’autres entités financières ou non financières du groupe. Des différences dans les régimes réglementaires des divers secteurs financiers pourraient aussi conduire à un arbitrage réglementaire par le groupe (concernant, par exemple, les normes de fonds propres) et alourdir les coûts d’un contrôle efficace. Enfin, le cadre réglementaire actuel ne couvre pas certains types d’activités financières des conglomérats financiers. C’est le cas, pour le moment, de l’émission de cartes de crédit par les grands magasins, qui n’est pas contrôlée par la Surintendance des banques.

27 Malgré la prédominance des groupes et conglomérats financiers opérant dans plusieurs segments des marchés de capitaux, la coordination entre les différents superviseurs en charge des banques, des assurances et valeurs mobilières et des pensions reste limitée. Les autorités recourent principalement à des « pare-feu » qui limitent les activités acceptables, les participations croisées et les prêts intragroupe afin de réduire les risques de contagion financière. Étant donné qu’il est difficile pour des superviseurs séparés de détecter les risques de contagion financière au niveau intragroupe, la coopération s’impose. L’échange de renseignements récemment instauré entre les régulateurs du Comité des marchés de capitaux au ministère des Finances et le Comité des surintendants est tout à fait opportun, mais cette initiative devrait être formalisée et approfondie ; en outre, il faudrait recueillir des données consolidées sur les conglomérats financiers. À plus long terme, les autorités devraient engager une action législative visant à établir une surveillance financière à l’échelle du groupe. Une solution consisterait à désigner un « contrôleur principal », en fonction de l’activité principale du groupe.

Le chômage persistant demeure un risque, comme après la crise asiatique

28 Le chômage s’est accru rapidement durant la crise actuelle et il importe d’éviter qu’il ne perdure comme dans le passé. Il a bondi de 7.4 % en septembre 2008 à plus de 10 % en août 2009. Après la crise asiatique, le chômage s’est révélé persistant et difficile à réduire, en fort contraste avec l’expérience du Mexique et de la Corée, qui avaient connu des crises analogues, mais en Turquie il est resté persistant comme au Chili après la crise de 2001 (graphique 1.8). Le risque de persistance du chômage se profile sur fond de marché du travail segmenté et de possibilités d’emploi limitées pour les femmes et les jeunes (OCDE, 2009a).

Graphique 1.8

Évolution du chômage

Graphique 1.8

Évolution du chômage

(1) 0 correspond au trimestre où la production a marqué un sommet avant la crise, Chili : T2 1998, Mexique : T4 1994, Corée : T3 1997 et Turquie : T4 2000.

29 Un des déterminants de la persistance du chômage a été la relative faiblesse de la reprise économique après la crise asiatique. Alors que le Mexique, la Corée et la Turquie ont laissé leur taux de change s’apprécier peu après les attaques contre leurs monnaies, le Chili a tenté de défendre le peso en recourant à la fois à des interventions sur le taux de change et à des majorations de taux d’intérêt. Cela a probablement contribué à ce que la reprise soit plus faible au Chili que dans les autres pays en crise – la croissance s’est établie à 3 % en moyenne au Chili durant les trois années qui ont suivi la crise, contre environ 7 % en Corée et en Turquie et 5 ½ % au Mexique. En conséquence, l’écart de production est resté ouvert bien plus longtemps au Chili qu’en Corée et au Mexique (graphique 1.9), mais non en Turquie, où la perte de production a été particulièrement élevée. L’évolution du chômage observée dans le sillage de la crise asiatique renforce l’argument selon lequel le dispositif de relance budgétaire, et en particulier les mesures de soutien au marché du travail, ne doit pas être levé trop tôt. Par conséquent, le caractère permanent de la subvention salariale en faveur des jeunes travailleurs et l’accès accru aux prestations de chômage pour les travailleurs ayant un contrat de courte durée sont des dispositions salutaires. La subvention temporaire aux travailleurs inscrits dans un programme de formation (au lieu d’être licenciés) ne devrait être supprimée que de façon progressive.

Graphique 1.9

Évolutions conjoncturelles au cours des crises passées1

Graphique 1.9

Évolutions conjoncturelles au cours des crises passées1

(1) 0 correspond à la première année de la récession.

30 Un autre facteur de la persistance du chômage après la crise asiatique a été une hausse du salaire minimum. En 1998, le Congrès chilien a fixé un calendrier de relèvement du salaire minimum sur trois ans, de plus de 10 % en moyenne, concernant une part restreinte mais non négligeable des travailleurs (6 % selon Cowan et al., 2004). Cette décision reposait sur des anticipations économiques qui, a posteriori, se sont révélées trop optimistes, compte tenu des effets de la crise asiatique. La majoration du salaire minimum de 3.6 % décidée pour 2009 est beaucoup plus conforme à l’évolution économique actuelle. Tandis que le salaire minimum est comparativement élevé au Chili (graphique 1.10), il importe de noter que, comme dans d’autres pays de l’OCDE (Card et Krueger, 1995 ; Bassanini et Duval, 2006), les données empiriques montrent que le salaire minimum n’y a qu’un faible effet sur l’emploi total (Martínez et al., 2001).

Graphique 1.10

Le salaire minimum dans les différents pays1

Graphique 1.10

Le salaire minimum dans les différents pays1

(1) Rapport du salaire minimum au salaire moyen pour les travailleurs à temps plein.

31 Les salaires réels réagissent peu à l’évolution de l’économie réelle, ce qui a aussi contribué à la persistance du chômage après la crise asiatique. L’évolution des salaires globaux transparaît bien dans les contrats de deux ans corrigés de l’inflation, laissant penser que la souscription de contrats indexés à plus long terme va au-delà de la fraction relativement faible de travailleurs qui participe aux négociations salariales collectives (Cowan et al., 2004), et qui était récemment d’environ 5 % des salariés (OCDE, 2009a). Cela est surprenant car il n’y a pas d’extension officielle des contrats négociés à d’autres travailleurs. De plus, la part combinée des travailleurs avec contrat de courte durée ou sans contrat dépasse 40 % ; dans ce segment, les salaires devraient en principe être flexibles, à moins qu’il n’existe des considérations d’équité horizontale au sein des entreprises qui font que les employeurs ne veulent pas payer certains travailleurs moins que d’autres. La plupart des contrats de salaire négociés durent deux ans et prévoient une indexation des rémunérations sur l’inflation, habituellement deux fois par an (tableau 1.3). L’analyse de corrélation montre que les hausses de salaire initiales sont hautement liées à la croissance du moment mais non aux prévisions de croissance du ministère des Finances ou de la banque centrale. Cela signifie que la progression des salaires peut être excessive en période de croissance ralentie.

Tableau 1.3

Ajustements de salaires résultant des conventions collectives

Tableau 1.3
Hausse initiale moyenne (%) Réajustements prévus en % de l’IPC Périodes de réajustement (mois) Syndicat Autre groupement de travailleurs Syndicat Autre groupement de travailleurs Syndicat Autre groupement de travailleurs 2000 0.83 0.87 98.90 97.40 6.40 6.50 2001 0.80 0.32 99.60 99.50 5.50 6.70 2002 0.71 0.28 100.00 100.10 7.00 6.50 2003 0.96 0.79 100.10 99.90 7.20 7.20 2004 0.74 0.90 100.00 101.40 6.80 7.10 2005 0.63 0.87 100.10 99.80 6.80 6.50 2006 0.79 0.56 99.80 100.10 6.80 6.50 Note : Les chiffres pour 2006 sont provisoires. Source : OCDE, 2009, Review of Labour Market and Social Policies: Chile, et Dirección del Trabajo (DT) – Chili.

Ajustements de salaires résultant des conventions collectives

Pourcentage de hausse des salaires par type d’instrument et type de représentation des travailleurs

32 Dans le moyen terme, une volonté plus affirmée des employeurs et des salariés d’accroître la flexibilité des accords sur le temps de travail pourrait aider à réduire l’impact négatif sur l’emploi en période de baisse d’activité. Le gouvernement prévoyait de faciliter les négociations au sujet des heures de travail et les accords sur des formules plus souples, mais pour le moment le projet de loi n’a pas été soumis au Parlement afin d’éviter de lancer des réformes concernant la main-d’œuvre en plein milieu de la crise. Actuellement, les syndicats n’osent pas négocier sur leurs privilèges acquis en vertu de la loi, et notamment sur la durée du travail. D’un point de vue politique, l’instauration de modalités plus souples en matière de temps de travail pourrait donc nécessiter un renforcement du pouvoir de négociation des syndicats. Les négociations salariales se déroulent actuellement au niveau de l’entreprise, les représentants des travailleurs reçoivent une aide extérieure dans un peu plus de la moitié des cas et, souvent, il y a plus d’un syndicat ou groupe de négociation dans une entreprise, chacun négocie pour ses propres travailleurs (OCDE, 2009a). Dans un certain nombre de cas, les entreprises ont un numéro d’identification fiscale différent pour chaque usine ou succursale, auquel cas chacune est considérée comme une entreprise distincte pour les besoins des négociations. La fragmentation qui en résulte affaiblit le pouvoir de négociation des syndicats. Mettre fin à cette pratique aiderait à rétablir la confiance des syndicats dans le processus de négociations collectives. Parmi les autres mesures envisageables pour renforcer le pouvoir de négociation des syndicats figure une augmentation du droit que les membres non syndiqués doivent acquitter s’ils veulent bénéficier des avantages négociés par un syndicat. Dans le moyen terme, il serait intéressant de reprendre ces propositions.
Les efforts déployés pour accroître le taux d’activité des femmes et des jeunes, actuellement peu élevé par rapport aux pays de l’OCDE, devraient être poursuivis afin de réduire le risque d’effets à long terme de la crise sur l’offre de main-d’œuvre. Le taux d’activité des hommes est comparable à la moyenne de la zone OCDE (environ 80 %). Même si celui des femmes est passé d’environ 31 % en 1990 et 44.5 % en 2007, il reste plus bas que dans la plupart des pays de l’OCDE (graphique 1.11). Selon l’enquête CASEN auprès des ménages réalisée en 2006, le taux d’activité des femmes dans le quintile de revenu supérieur (environ 60 %) est analogue au taux moyen dans les autres pays de l’OCDE, mais nettement inférieur pour les femmes appartenant au quintile le plus bas (environ 28 %). D’après les résultats de l’enquête cités dans l’étude de l’OCDE intitulée Review of Labour Market and Social Policies (OCDE, 2009a), les principales raisons de l’inactivité des femmes sont la garde des enfants ou de parents âgés et les activités ménagères. Selon Micco et Saez (2009), la rigidité du régime de travail à temps partiel et la générosité excessive des mesures de protection de la maternité peuvent aussi contribuer à la faiblesse du taux d’activité féminine au Chili. Le gouvernement s’efforce d’augmenter notablement, sur la période 2006-2010, la capacité d’accueil des services publics de garde d’enfants, accueil qui s’adresse principalement aux groupes à bas revenu. Le nombre de places de crèche va être multiplié par quatre, ce qui permettra d’accueillir 15 % des enfants de moins d’un an d’ici à 2010. Le nombre de places en jardin d’enfants pour les enfants de 2-3 ans va augmenter de plus de 50 % afin d’accueillir 25 % des enfants de cette tranche d’âge en 2010. Assouplir les règles régissant le travail à temps partiel afin de permettre une réduction du temps de travail dans n’importe quelle proportion, au lieu de la limiter à un tiers, aiderait aussi à accroître le taux d’activité des femmes (OCDE, 2007).

Graphique 1.11

Taux d’activité

Graphique 1.11

Taux d’activité

Personnes de 15-64 ans, 2008

33 La subvention à l’emploi des jeunes travailleurs peu qualifiés mise en place dans le cadre du programme de relance budgétaire pourrait favoriser l’emploi de ce groupe de travailleurs. Les faibles taux d’activité des jeunes par rapport à ceux des autres pays (environ 18 % des jeunes hommes de 15-19 ans et 9 % des jeunes femmes travaillent, contre 34 % et 28 % respectivement dans la zone OCDE) ne posent pas forcément de problème dans la mesure où les jeunes peuvent choisir de retarder leur entrée sur le marché du travail afin d’étudier. Cependant, le taux élevé de chômage parmi les jeunes au Chili (environ 21 % des jeunes hommes de 15-19 ans et environ 31 % des femmes étaient au chômage en 2007) laisse à penser que ce groupe se heurte à des obstacles élevés pour entrer dans la vie active. Comme le montrent Micco et Saez (2009), le faible niveau d’instruction et le manque d’expérience professionnelle des jeunes vulnérables, conjugués à un salaire minimum relativement élevé, ont sans doute contribué aux taux élevés de chômage des jeunes en maintenant la productivité d’une proportion notable de jeunes au-dessous du salaire minimum. La subvention à l’emploi de jeunes travailleurs peu qualifiés est donc susceptible d’aider ce groupe à prendre pied sur le marché du travail, mais il faut surveiller de près les risques d’éviction d’autres catégories de travailleurs. Un autre moyen de favoriser l’emploi des jeunes et de faciliter le passage de l’école au monde du travail consiste à développer les programmes de formation professionnelle existants (voir le chapitre 3), à quoi s’ajoute le programme Jóvenes Bicentenario récemment lancé, qui dispensera un enseignement professionnel et une formation en entreprise à 30 000 jeunes chômeurs entre 2008 et 2010.

Encadré 1.4. Recommandations d’action en vue de surmonter la crise et d’améliorer la réglementation des marchés financiers

? Retirer les mesures exceptionnelles de politique monétaire, mais ne relever que progressivement les taux d’intérêt afin de ne pas compromettre la reprise.
? Maintenir les mesures budgétaires de soutien de la demande dans le court terme, de manière à assurer la reprise ; retourner progressivement à l’objectif d’équilibre budgétaire structurel une fois que la croissance se sera accélérée.
? Une fois écarté le risque de compression du crédit, réévaluer les mesures visant à maintenir les flux de crédit conformément aux normes de réglementation prudentielle.
? Poursuivre les efforts en vue de créer un registre consolidé du crédit pour tous les émetteurs de cartes de crédit, notamment les établissements non bancaires. Placer tous les émetteurs de cartes de crédit sous la surveillance de la Surintendance des banques.
? Prendre des mesures législatives afin d’établir un contrôle financier à l’échelle du groupe, notamment en désignant un « contrôleur principal » de l’activité principale du groupe.
? Améliorer les possibilités de négocier des conventions collectives plus flexibles, notamment en ce qui concerne le temps de travail, tout en mettant fin à la pratique de segmentation des entreprises par les employeurs pour les besoins des négociations salariales.
? Poursuivre les efforts visant à accroître le taux d’activité des femmes et des jeunes en révisant la réglementation du travail à temps partiel et en développant la formation professionnelle.

Annexe 1.A1

Progrès de la réforme structurelle

tableau im15
Recommandations de l’Étude de 2007 Mesures prises Mesures visant à renforcer la gestion des cycles du prix du cuivre A. Renforcer encore la législation relative à la responsabilité budgétaire Envisager de relever le plafond annuel des transferts destinés à recapitaliser la banque centrale du Chili, qui est actuellement de 0.5 % du PIB par an, afin d’en accélérer la recapitalisation. Aucune mesure prise. B. Tirer le meilleur parti d e la réforme des retraites Fixer la valeur de la pension de solidarité à un niveau suffisamment bas par rapport au salaire minimum afin d’inciter davantage à l’épargne via un régime contributif. Conformément à la loi, le montant des pensions d’invalidité et de vieillesse du régime de solidarité est fixé à 75 000 CLP en 2009 (141 USD au taux de change actuel), ce qui correspond à moins de la moitié du salaire minimum (actuellement de 165 000 CLP, soit 310.2 USD). Évaluer au moyen d’enquêtes périodiques le consentement des travailleurs indépendants à payer des prestations de protection sociale, tout en renforçant les moyens d’exécution lorsque les cotisations deviennent obligatoires. Une enquête auprès des ménages sur les questions de sécurité sociale (Encuesta de Protección Social, EPS) a été réalisée en 2009 (les précédentes dataient de 2006, 2004 et 2002). Cette enquête comporte des questions détaillées concernant le statut au regard de l’emploi, les antécédents d’épargne en vue de la retraite et la raisons pour lesquelles les gens cotisent au régime public de sécurité sociale. Rendre obligatoire l’assurance-maladie pour les travailleurs indépendants en même temps et selon le même calendrier que pour les cotisations de retraite, au lieu de différer cette mesure de 10 ans à compter de l’adoption de la réforme. Aucune mesure prise. Veiller à ce que les mesures qui visent à corriger les déséquilibres entre hommes et femmes ne permettent pas aux femmes d’obtenir un revenu pour la retraite supérieur à celui des hommes ayant le même historique de cotisation, compte tenu des différences d’espérance de vie. Les femmes auront droit à une prime par enfant. Éliminer progressivement l’écart actuel entre l’âge de la retraite pour les hommes (65 ans) et pour les femmes (60 ans) dans le cadre du régime de retraite contributif. Aucune mesure prise. Préserver l’indépendance de l’autorité de tutelle des AFP dans la nouvelle structure envisagée. La nouvelle Superintendencia de Pensiones a conservé son indépendance. C. Accroître l’efficience du système fiscal Réduire progressivement les droits de timbre. Depuis 2008, le droit de timbre est déductible de l’impôt des PME. Ce droit a été temporairement supprimé en 2009 dans le cadre du programme de relance. Évaluer l’avantage net qu’il y aurait à réduire l’écart entre le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (actuellement, 40 %) et le taux uniforme de l’impôt sur les sociétés (actuellement, 17 %). Aucune mesure prise. D. Favoriser davantage le développement du secteur financier Remplacer progressivement les restrictions quantitatives obligatoires par une réglementation prudentielle de la composition des portefeuilles des fonds de pension émanant de l’autorité de tutelle. Aucune mesure prise. Recommandations de l’Étude de 2007 Mesures prises Mieux coordonner l’action de la banque centrale et celle du Trésor pour l’émission de la dette. L’émission de la dette par la banque centrale et le Trésor a été coordonnée en 2009. Mesures visant à améliorer les dépenses publiques dans le cadre de certains programmes sociaux E. Combler l’écart de performance entre les établissements d’enseignement Améliorer la qualité de l’enseignement grâce à des programmes de formation des enseignants et du personnel d’encadrement et grâce à la mise en place d’un dispositif d’accréditation des établissements de formation. Un système obligatoire d’accréditation des programmes de formation des enseignants a été mis en place en 2009. Évaluer de manière adéquate les sollicitations de l’administration centrale découlant des plans de remise à niveau prévus pour les établissements peu performants. Le ministère a créé un site Internet pour l’élaboration de plans de remise à niveau des établissements scolaires. Le Congrès examine actuellement un projet visant à créer un Servicio Nacional de Educación, en vue d’aider les établissements scolaires à mettre en œuvre les réformes. Envisager d’instaurer dans le programme de chèques-éducation différenciés un mécanisme d’abondement susceptible d’empêcher que la hausse des recettes tirées de ces chèques ne remplace des financements municipaux. Aucune mesure prise. Envisager d’introduire des récompenses destinées aux établissements appliquant avec succès leur plan de remise à niveau, par exemple sur la base de l’indice de performance par établissement actuellement disponible dans le cadre du SNED. La loi sur l’enseignement général, approuvée récemment, établit l’introduction de normes de performances pour les écoles du système. De plus, une autre loi, actuellement en discussion devant le Congrès, crée une Agence de la qualité de l’enseignement pour évaluer ces normes et autres. Cette loi donne aussi la possibilité pour les écoles ayant les meilleures performances d’être enregistrées comme Entités de support technique et pédagogique et donc d’aider d’autres écoles à surmonter leurs difficultés. F. Améliorer l’efficience des programmes de soins de santé Étendre le Fonds d’indemnisation solidaire au FONASA afin d’améliorer encore la mutualisation des risques. Aucune mesure prise. Envisager d’assouplir les restrictions à la mobilité imposées aux assurés du FONASA ayant opté pour la modalité institutionnelle de soins, (tout en évaluant soigneusement l’impact que cette mesure pourrait avoir sur les coûts d’assurance), et rééquilibrer le montant du ticket modérateur des assurés FONASA et ISAPRE. Aucune mesure prise. Élargir l’éventail des traitements médicaux finançables par les crédits liés aux diagnostics effectués et les crédits par anticipation (PAD-PPP). Depuis 2007, les traitements contre le cancer du colon, l’ostéosarcome de l’enfant et de l’adulte, l’obésité morbide et la chirurgie traumatologique peuvent être remboursés par le PAD. Conduire plus fréquemment des enquêtes de satisfaction à l’égard des services et en diffuser largement les résultats, y compris via les assureurs maladie. Une Commission sur la participation des citoyens aux questions de santé est en cours d’établissement. Une enquête de satisfaction sera menée annuellement par le FONASA. G. Faciliter l’accès des catégories sociales vulnérables à de meilleurs logements Là où ils sont disponibles et où la réglementation de l’occupation des sols et de l’environnement le permet, utiliser des terrains publics pour les nouveaux programmes immobiliers subventionnés. Aucune mesure prise. Étudier la possibilité d’acheter à l’avance des terrains destinés aux nouveaux programmes immobiliers subventionnés. Aucune mesure prise. Améliorer la coordination des différentes autorités chargées de l’urbanisme, des transports, des travaux publics et de l’environnement à l’échelon administratif tant central que local. Aucune mesure prise, à l’exception de la coordination métropolitaine pour le système de transport de Santiago (« coordinación general del transporte de Santiago », Transantiago), qui n’a qu’un rôle consultatif. Mesures prises pour réduire l’activité informelle sur le marché du travail et dans le secteur des entreprises H. Rendre le code des impôts et l’administration fiscale plus favorables à l’activité formelle Évaluer les coûts du respect de la législation fiscale pour les microentreprises et les petites entreprises et continuer de travailler à rendre le système fiscal plus facile d’utilisation pour les PME. Aucune mesure prise. Recommandations de l’Étude de 2007 Mesures prises Étendre le programme de formation aux TIC pour les PME (MIPYME 10000-2006 Programa Mi Pequeña y Mediana Empresa 10000-2006). Simplifier encore les procédures de réduction du temps nécessaire pour payer les impôts, surtout pour les PME. Aucune mesure prise. Aucune mesure prise. I. Rendre le cadre réglementaire moins pesant Renforcer la coordination entre les municipalités et les organismes de santé, de sécurité et autres afin d’accélérer l’enregistrement des entreprises. Les procédures sanitaires de demande d’autorisations, de licences et d’inspections sont en cours de standardisation dans les 15 régions. 12 autorisations ont déjà été demandées via le site Internet du gouvernement. Les autorisations et les procédures de démarrage d’entreprise sont en cours de modification au niveau municipal, dans le cadre d’un projet pilote couvrant 9 zones représentant la région dans laquelle plus de 13 % des entreprises sont implantées au Chili. Étendre le soutien au crédit offert dans le cadre du FOSIS aux entreprises non enregistrées, à condition que l’entreprise bénéficiaire prenne les mesures nécessaires pour régulariser sa situation. Aucune mesure prise. J. Améliorer l’accumulation de capital humain Étendre les aides financières accordées aux petites entreprises pour la formation de la main-d’œuvre à celles qui opèrent actuellement dans le secteur informel, à condition que l’entreprise bénéficiaire prenne les mesures nécessaires pour régulariser sa situation. Des incitations budgétaires ont été mises en place afin de favoriser l’activité formelle des jeunes, sous la forme d’une subvention salariale subordonnée au paiement de leurs cotisations de sécurité sociale. Étendre le système de certification des qualifications aux professions les plus courantes dans l’industrie et la construction. Un Système national de certification des qualifications a été créé en 2008 dans le cadre du programme Califica, qui vise à développer un système d’apprentissage et formation tout au long de la vie. Ce système est ciblé plus particulièrement sur les travailleurs peu qualifiés. Des normes sont établies dans plusieurs secteurs, notamment l’industrie, le tourisme, la construction et les installations techniques et mécaniques. Mesures visant à encourager l’activité des femmes et des jeunes K. Renforcement des conditions générales d’utilisation de la main-d’œuvre Préciser la réglementation de manière à permettre une réduction du temps de travail dans n’importe quelle proportion, au lieu de la limiter à un tiers, taux à partir duquel s’appliquent actuellement des dispositions spéciales. Dans la réglementation comme dans son application par les autorités de contrôle, il est clair que le temps de travail peut être de moins de 45 heures par semaine. L. Orienter la protection sociale dans un sens favorable à l’activité Surveiller les tendances de l’offre de travail pendant la période où les cotisations de sécurité sociale des travailleurs indépendants seront volontaires (c’est-à-dire pendant 7 à 10 ans après l’adoption du projet de réforme des retraites) et repérer les groupes dont l’activité risque d’être découragée au moment où les cotisations de sécurité sociale et d’assurance-maladie deviendront obligatoires (soit 10 ans après l’adoption du projet de réforme). Une enquête auprès des ménages sur les questions de sécurité sociale (Encuesta de Protección Social, EPS) a été réalisée en 2009 (les précédentes dataient de 2006, 2004 et 2002). Cette enquête comporte des questions détaillées concernant le statut au regard de l’emploi, les antécédents d’épargne en vue de la retraite et la raisons pour lesquelles les gens cotisent au régime public de sécurité sociale. M. Faciliter l’accès aux services de garde d’enfants Si les finances publiques le permettent, augmenter l’offre de services de garde d’enfants financés par la collectivité, en particulier pour les ménages à faible revenu. Le nombre de places offertes dans les services publics de garde d’enfant JUNJI et INTEGRA sera augmenté de 70 000 entre 2006 et 2010. Le nombre de places en crèche sera accru de 45 000 sur la même période.

Bibliographie

  • Bassanini, A. et R. Duval (2006), « Employment Patterns in OECD countries: Reassessing the Role of Policies and Institutions », OECD Social, Employment and Migration Working Paper, n° 35, et Documents de travail du Département des affaires économiques de l’OCDE, n° 486, Paris.
  • Card, D. et A. Krueger (1995), « Myth and Measurement: The New Economics of the Minimum Wage », Princeton University Press, Princeton.
  • Cowan, K., A. Micco, A. Mizala, C. Pagès et P. Romaguera (2004), « Un Diagnóstico del Desempleo en Chile », Banque interaméricaine de développement et ministère des Finances, polycopié.
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  • Fuentes et Gredig (2008), « La Tasa de Interés Neutral : Estimaciones para Chile », Economía Chilena, vol. 11, n° 2, pp. 47-58.
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  • Micco, A. et F. Saez (2009), Empleo y participación. Sobre la regulación de la jornada laboral en Chile, dans : M. Perticará, J. Rodríguez, C. Sanhueza, Entre las Buenas intenciones y las Buenas Soluciones, Ediciones Universidad Alberto Hurtado.
  • OCDE (2007), Études économiques de l’OCDE : Chili, OCDE, Paris.
  • OCDE (2009a), OECD Reviews of Labour Market and Social Policies: Chile, OCDE, Paris.
  • OCDE (2009b), Perspectives économiques de l’OCDE n° 86, OCDE, Paris.
  • Stephanou, C. (2005), « Supervision of Financial Conglomerates: The Case of Chile », World Bank Policy Research Working Paper, n° 3553, Banque mondiale, Washington, DC.

Date de mise en ligne : 03/12/2010

Notes

  • [1]
    DAF/CMF/ACS(2009)21/FINAL.
  • [2]
    En 2006, la Surintendance des banques, avec la banque centrale, a publié une norme réglementant l’émission et le fonctionnement des cartes de crédit, notamment par le secteur non bancaire.

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