Notes
-
[1]
Convient de noter que ces propositions représentent les intentions des différentes parties – les parties constituant le gouvernement n’ont pas formulé de propositions communes et aucune des propositions ne reflète la position officielle des autorités tchèques.
-
[2]
Une traduction anglaise du rapport sur les propositions concernant les pensions est disponible depuis septembre 2005. On peut la consulter, en même temps que d’autres informations sur ces propositions, sur le site Internet du ministère du Travail et des affaires sociales : www. mpsv. cz/ en/ 1606.
-
[3]
La définition précise de l’équité actuarielle visée ici est souvent exprimée par la formule « équité actuarielle par répartition », voir Queisser et Whitehouse (2006)
-
[4]
On notera que l’indexation des rentes privées sur le salaire moyen, telle que prévue dans la proposition de création d’un régime à cotisations définies par adjonction au système de répartition, ne serait pas possible pour les sociétés d’assurance, sauf si l’État émettait des obligations indexées sur les salaires.
-
[5]
Une compensation de ce type a en fait été proposée dans une variante des comptes nationaux pour la République tchèque. Les droits à pension des personnes décédées seraient distribués entre les survivants de la même génération, augmentant ainsi la capital-retraite (cet effet n’a pas été pris en compte dans les calculs).
1En 2005, cinq propositions de réforme des retraites ont été élaborées par les experts des principaux partis politiques dans le cadre d’un groupe de travail spécial [1]. Ces propositions, radicalement différentes, couvrent les principaux types de systèmes de retraite et de réformes que connaissent ou qu’ont connus les pays de l’OCDE. Elles offrent donc aux responsables un large éventail de solutions à partir desquelles ils pourront prendre leur décision finale. Une équipe exécutive, rassemblant des économistes de la banque centrale et des ministères, a assuré la coordination et l’expertise technique pour ces travaux. Cela a beaucoup contribué à ce que les propositions soient détaillées dans des conditions comparables et sur la base d’hypothèses préalablement convenues, par exemple pour l’évolution économique et démographique. L’équipe exécutive a publié en juin 2005 un rapport sur le régime actuel et les cinq propositions [2]. Peu après, il y a eu une tentative d’accord sur la réforme entre les partis politiques, mais cette tentative a échoué, ce qui reporte en fait la décision finale après les élections de juin.
2On examinera dans ce chapitre les cinq propositions afin de faciliter la prise de décision finale. L’analyse portera surtout sur les systèmes de retraite qui seront en place une fois mises en œuvre les réformes prévues dans les propositions. Elle fera donc abstraction de certains aspects importants, en particulier les conséquences budgétaires durant la période de transition et la répartition intergénérationnelle des revenus. Toutefois, ces aspects sont traités en détail dans le rapport de l’équipe exécutive. On commencera par comparer dans ses grandes lignes le système actuel de retraite à ceux d’autres pays. Puis on comparera sous leurs divers angles les propositions de réforme. Enfin, on récapitulera les points forts et les points faibles des propositions en recommandant quelques possibilités d’amélioration (voir l’encadré 2.1).
Encadré 2.1. Recommandations concernant les dernières propositions de réforme des retraites
Sur le plan de la viabilité budgétaire, les propositions pourraient être renforcées :
- en introduisant une procédure automatique d’ajustement des pensions services (« indexation »), au lieu de maintenir la solution discrétionnaire actuelle préconisée actuellement dans toutes les propositions ;
- I’indexation uniquement sur la hausse des prix, comme le prévoit la réforme consistant à créer un régime à cotisations définies par démembrement du système de répartition, pourrait également être adoptée dans les autres propositions. Malgré tout, étant donné le rattrapage prévisible de l’économie tchèque du point de vue du PIB par habitant, une phase transitoire d’indexation à la fois sur l’inflation et sur la hausse des salaires pourrait être justifiée pour éviter les pressions qui pourraient s’exercer dans le sens d’un ajustement du système de retraite en partie via le processus de réforme ;
- dans la proposition de réforme paramétrique, il faudrait revoir le démarrage retardé du relèvement de l’âge de la retraite en raison du coût qui en résultera durant la phase transitoire de la réforme ;
- il faudrait éviter une caractéristique de certaines des propositions, à savoir des subventions croisées permanentes au moyen d’autres prélèvements pour financer le système de retraite.
On pourrait remédier aux mécanismes d’incitation relativement faibles dans le cas de la réforme paramétrique et de la création d’un régime à cotisations définies par démembrement du système de répartition en modifiant les ajustements pour retraite anticipée et pour retraite tardive. On pourrait aussi améliorer la proposition de régime à cotisations définies par démembrement en mettant fin progressivement, comme dans les autres propositions, aux différences d’âge de la retraite pour les femmes.
Néanmoins, certaines caractéristiques des systèmes de retraite proposés sont inhérentes à leur conception, en particulier le degré de diversification de la couverture retraite, le niveau de simplicité et, surtout, l’étroitesse du lien entre la pension de retraite et le revenu antérieur.
Le traitement fiscal des pensions n’a pas été couvert par le groupe de travail en 2005. Cette question doit, cependant, être traitée, en particulier le système de subventions et de déductions fiscales accordées sur les contributions volontaires aux fonds de pension privés. La réforme doit tenir compte des données internationales de plus en plus nombreuses montrant que les incitations fiscales sont souvent coûteuses et inefficaces dans la promotion de l’épargne. La décision finale sur la réforme des pensions doit aussi prendre en compte les conséquences pour le régime de protection sociale ainsi que la cohérence des systèmes de prestations avec les pensions.
Principales caractéristiques du système de retraite actuel
3Le système public de retraite est actuellement financé par répartition, ce qui veut dire que les cotisations actuelles des travailleurs financent les pensions actuelles de retraite. Les cotisations de retraite atteignent actuellement au total 28 % du salaire, dont 6.5 points sont à la charge des salariés et 21.5 points à la charge de l’employeur (voir l’annexe 2.1). Ce pourcentage compte parmi les plus élevés dans les pays de l’OCDE : seules la Hongrie, l’Italie et la Slovaquie percevaient en 2004 une plus forte cotisation pour la retraite (OCDE, 2005a).
4L’âge de la retraite est actuellement relevé progressivement de 60 à 63 ans pour les hommes et de 53-57 ans à 59-63 ans pour les femmes, dont l’âge de la retraite est fonction du nombre d’enfants. Ce relèvement progressif de l’âge d’ouverture des droits à retraite s’achèvera en 2013. Puisqu’il faudra prévenir à l’avance les intéressés des mesures de relèvement de l’âge de la retraite, de façon qu’ils puissent planifier leur départ à la retraite, une décision devra prochainement être prise sur la politique à appliquer après 2013. C’est l’une des principales raisons de l’ouverture du débat récent sur la réforme des retraites.
5Le système public de retraite comporte plusieurs éléments. Le plus important est le régime lié au revenu d’activité. Il a un caractère redistributif, puisque la base de calcul de la pension est égale à 100 % pour la première tranche du salaire, puis à 30 % pour la tranche suivante et à 10 % pour la dernière tranche (voir l’annexe 2.1). De plus, une faible pension de base, d’un montant uniforme, est versée à tous les individus qui remplissent les conditions requises ; elle représente environ 8 % du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie. Le système d’aide sociale fait fonction de filet de sécurité grâce à une allocation versée sous condition de ressources (l’« allocation minimum d’existence »).
6Les pensions servies sont ajustées chaque année pour tenir compte de l’évolution du coût de la vie, mais avec une certaine latitude en ce qui concerne le taux d’ajustement. Les droits totaux à retraite (pension de base, plus pension liée au revenu d’activité) doivent être augmentés au moins à hauteur de la hausse des prix plus un tiers de la croissance moyenne des salaires réels. Mais, en fait, l’ajustement est généralement supérieur au minimum imposé.
7L’impôt sur le revenu des personnes physiques aide indirectement les personnes âgées par le biais d’un fort abattement pour les revenus provenant de pensions de retraite : cet abattement est environ égal au quadruple de l’abattement normal (annexe 2.1). En fait, les retraités dont le revenu est inférieur à 80 % du salaire moyen ne paient pas d’impôt sur le revenu. Les personnes âgées se trouvent ainsi exonérées, sauf si elles ont des revenus substantiels provenant de pensions volontaires de retraite ou d’autres sources. De plus, même si le retraité est imposable, il est imposé à un taux inférieur à celui applicable aux revenus du travail. Le résultat est que les retraités paient beaucoup moins d’impôts que les travailleurs à revenu égal.
8La constitution d’une pension volontaire privée (« troisième pilier ») est aidée via une combinaison d’abondements par l’État et d’allégements d’impôts sur les cotisations salariales et patronales. Le système est très complexe, mais revient pour l’essentiel à une aide de l’État pour les premières 18 000 CSK de cotisations volontaires (ce qui équivaut à environ 8 % du salaire moyen). Le coût fiscal net de l’épargne retraite volontaire est de 40 % de la cotisation, soit la proportion la plus élevée dans la zone de l’OCDE, de l’ordre du double de la moyenne ; l’abondement intervient pour beaucoup dans ce coût (Yoo et de Serres, 2004, graphique 2). Toutefois, les salariés ne tirent pas pleinement parti de cet avantage fiscal. Malgré le large champ d’application, la cotisation moyenne est faible ; selon un rapport de la Banque mondiale, le taux moyen de cotisation est de 2.5 % du salaire brut de l’individu.
Le système actuel dans une optique internationale
9Le graphique 2.1 compare la pension à attendre en République tchèque et dans un certain nombre d’autres pays de l’OCDE. La partie gauche fait apparaître le taux brut de remplacement : il s’agit simplement de la valeur des droits à pension de retraite par rapport au revenu d’activité de l’individu (les calculs sont commentés brièvement dans l’encadré 2.2 et en détail dans OCDE, 2005b.) La partie supérieure illustre la situation du salarié percevant chaque année le salaire moyen dans l’ensemble de l’économie.
Taux de remplacement pour la pension de retraite : comparaison internationale1
Taux de remplacement pour la pension de retraite : comparaison internationale1
Pourcentage1. Le taux de remplacement brut/net est le rapport entre la pension brute/nette et les gains bruts/nets. Les gains moyens correspondent aux gains d’un ouvrier moyen à plein temps.
Encadré 2.2. Que calculent les modèles de l’OCDE consacrés aux retraites?
Il faut souligner que le modèle s’attache à l’économie à long terme du système de retraite. Les réformes paramétriques (notamment par relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite) sont généralement graduelles et les nouveaux systèmes sont introduits lentement (les individus d’un certain âge peuvent rester dans l’ancien système ou opter pour le nouveau). Les simulations font abstraction de ces mécanismes transitoires et ne prennent donc pas en compte l’impact redistributif des réformes entre les générations. On peut considérer qu’elles décrivent la problématique de la retraite pour la génération actuelle de jeunes qui sont sur le point d’entrer sur le marché du travail et pour les générations suivantes.
Voici quelles sont les principales hypothèses :
- On suppose que l’individu commence à travailler à 20 ans et conserve un emploi jusqu’à l’âge normal de la retraite, censé être de 65 ans dans les réformes et de 63 ans (pour les hommes) dans le scénario de référence.
- Croissance des salaires en termes réels : 2 % par an.
- Le salaire de l’individu augmente parallèlement à la moyenne pour l’ensemble de l’économie.
- La masse salariale en termes réels s’accroît de 1.6 % par an.
- Hausse des prix : 2.5 % par an.
- Rendement réel des régimes à cotisations définies après charges administratives : 3.5 % par an.
- Taux d’actualisation : 2 % par an.
- Taux de mortalité : projections 2040.
10Le taux brut de remplacement pour le salarié percevant le salaire moyen dans le cadre des paramètres et règles régissant actuellement le système de retraite est légèrement inférieur à 50 % en République tchèque. C’est au-dessous de la moyenne pour les 30 pays de l’OCDE, qui s’établit à 58 %, mais à peu près le même niveau qu’en France. Toutefois, le taux de remplacement est plus élevé dans les trois autres pays du groupe de Visegrad ; il varie entre 60 % pour la Slovaquie et 75 % pour la Hongrie.
11Dans le cas des bas salariés – en l’occurrence les salariés qui perçoivent chaque année la moitié du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie – la République tchèque assure un taux de remplacement de 78 %. Ce taux est plus élevé que dans tous les autres pays illustrés dans le graphique, mais il ne dépasse guère le taux moyen de remplacement dans la zone de l’OCDE pour les bas salariés, qui est de 74 %. Ce qui est frappant dans ce graphique, c’est le très faible niveau en Allemagne et aux États-Unis.
12Les taux nets de remplacement, qui apparaissent dans la partie droite du graphique 2.1, tiennent compte des impôts et cotisations acquittés durant la période d’activité et durant la période de service de la pension de retraite. Ils représentent le rapport entre les droits à pension de retraite, nets d’impôts, et le revenu d’activité, net d’impôts et de cotisations. Les taux nets de remplacement sont presque toujours supérieurs aux taux bruts, parce que des avantages spéciaux sont consentis aux personnes âgées au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, que cet impôt est généralement progressif et que les retraités ne paient pas habituellement de cotisations de sécurité sociale, ou seulement de faibles cotisations.
13Le taux net de remplacement pour le salarié percevant le salaire moyen est de 64 % en République tchèque, contre 70 % en moyenne pour les 30 pays de l’OCDE. Pour le bas salarié, le taux net de remplacement en République tchèque est proche de 100 %, contre un peu moins de 90 % dans l’ensemble de la zone de l’OCDE.
14Si l’on compare les taux de remplacement à différents niveaux de salaire, on constate des différences fondamentales d’un pays à l’autre du point de vue de la philosophie de base de leur système de retraite. Les systèmes de revenu pour la retraite ont deux objectifs centraux : le premier est un objectif d’adéquation sociale : il s’agit de garantir que toutes les personnes âgées aient un niveau de vie minimum. Le deuxième, plus ambitieux, est un objectif d’assurance : il s’agit de garantir que les retraités aient un certain niveau de vie par rapport à celui qu’ils avaient lorsqu’ils travaillaient, ce qui se traduit par un certain taux de remplacement. Le graphique 2.2 illustre comment les pays de l’OCDE mettent plus ou moins l’accent sur ces deux objectifs des systèmes de retraite. L’axe vertical fait apparaître le niveau relatif de la pension de retraite, c’est-à-dire les droits à pension comparés au salaire moyen pour l’ensemble de l’économie. L’axe horizontal situe les individus à différents niveaux de salaire par rapport à la moyenne pour l’ensemble de l’économie.
Niveau relatif de la pension de retraite : comparaison internationale1
Niveau relatif de la pension de retraite : comparaison internationale1
1. Pension de retraite individuelle divisée par les gains de l’ouvrier moyen dans l’ensemble de l’économie.15Pour le profil des droits à pension de retraite par rapport au revenu d’activité, la situation est très différente en République tchèque et dans les autres pays du groupe de Visegrad. En Hongrie, en Pologne et en Slovaquie, il y a un lien très étroit entre le revenu d’activité et le revenu futur pour la retraite. Du fait de la combinaison d’une pension de base et d’une formule dégressive pour le régime lié au revenu antérieur, le lien est moins étroit en République tchèque entre le revenu d’activité et les droits à pension.
16En privilégiant l’adéquation sociale par rapport à l’assurance, le système de retraite tchèque se traduit par un profil pension/revenu d’activité qui est similaire à celui observé au Royaume-Uni et aux États-Unis, par exemple. L’élément d’assurance est plus marqué en Italie et dans les autres pays du groupe de Visegrad. La France se situe en position intermédiaire, alors que les résultats pour l’Allemagne sont proches de ceux constatés pour la République tchèque.
Principales caractéristiques des cinq propositions de réforme
17Les cinq propositions élaborées par les principaux partis politiques couvrent un large éventail de formules de réforme correspondant aux types essentiels de système de retraite pratiqués dans la zone de l’OCDE (tableau 2.1). Ces cinq propositions peuvent être résumées comme suit :
- Comptes virtuels (Parti social-démocrate tchèque, CSSD). Les retraites restent financées par l’État selon une formule de répartition. Mais les droits à pension sont calculés différemment par rapport au modèle « traditionnel » à prestations définies. Avec les comptes virtuels, les cotisations enregistrées sont assorties d’un taux d’intérêt virtuel qui est fonction des variables macroéconomiques. À la retraite, le capital virtuel accumulé sur chaque compte est converti en une rente calculée selon une formule faisant intervenir l’espérance de vie au moment de la retraite.
- Régime à cotisations définies créé par « démembrement » (Union chrétienne démocrate – Parti populaire tchécoslovaque, KDU-CSL). On conserve le système de retraite à prestations définies, mais 8 points de pourcentage de la cotisation de retraite peuvent être transférés à un régime privé à cotisations définies, avec réduction des prestations publiques. Pour la pension du régime à cotisations définies, la valeur de la pension dépend des cotisations versées et du revenu des placements. À la retraite, le capital accumulé (cotisations et revenu du placement) est converti en rente.
- Réforme paramétrique (Parti communiste de Bohème et Moravie, KSCM). Les paramètres et règles du système actuel sont modifiés légèrement et progressivement.
- Pension de retraite uniforme (Parti civique démocrate, ODS). La pension serait uniformément égale à 20 % du revenu antérieur, sans possibilité de retraite anticipée ou de retraite tardive.
- Régime à cotisations définies par « adjonction » (Union de la liberté – Union démocratique). La pension à prestations définies est maintenue (avec quelques modifications paramétriques), mais 3 points de pourcentage de la cotisation normale de 28 % peuvent être transférés à un régime à cotisations définies si l’intéressé verse à ce régime une cotisation supplémentaire de 6 % (d’où une cotisation totale de 34 %).
Principales caractéristiques des cinq propositions de réforme des retraites
Principales caractéristiques des cinq propositions de réforme des retraites
18Toutes les propositions se traduisent par un relèvement de l’âge de la retraite, mais à des taux sensiblement différents. Par ailleurs, l’âge de la retraite est différent à long terme (tableau 2.2). C’est avec les propositions de régime à cotisations définies créé par démembrement ou par adjonction que le relèvement est le plus rapide, l’âge de la retraite pour les hommes, par exemple, étant porté à 65 ans en 2024. Avec les comptes virtuels et la pension uniforme, l’âge de la retraite pour les hommes n’atteint 65 ans qu’en 2030. C’est avec la réforme paramétrique que le relèvement est le plus lent, puisque (en dehors de ce qui est déjà prévu) il ne commence qu’en 2030 et qu’il faut attendre 2040 pour que l’âge de la retraite atteigne 65 ans dans le cas des hommes. Avec le régime à cotisations définies par adjonction et avec la pension uniforme, l’âge de la retraite est reporté au-delà de 65 ans ; dans le premier cas, il atteint 67 ans et dans le deuxième cas un relèvement continu est proposé.
Relèvement de l’âge de la retraite au-delà de 2013 avec les cinq propositions1
Relèvement de l’âge de la retraite au-delà de 2013 avec les cinq propositions1
19Quatre des cinq propositions de réforme suppriment progressivement la dimension de politique familiale du système de retraite en mettant fin à l’âge différent de la retraite pour les femmes en fonction du nombre d’enfants. Toutefois, le régime à cotisations définies créé par démembrement du système de répartition maintient cette différence et applique des taux plus faibles de cotisation à l’élément à prestations définies en fonction du nombre d’enfants.
20La progression moyenne des salaires sert de référence à la réévaluation des cotisations antérieures pour le calcul des pensions dans les trois propositions de réforme qui conservent une pension à prestations définies (comme dans le système actuel). Avec les comptes virtuels, la réévaluation est en fait égale à la progression de la masse salariale totale. On dégage ainsi de subtiles économies, puisque, la population d’âge actif étant appelée à diminuer, la masse salariale devrait progresser à un rythme plus lent que le salaire moyen pour l’ensemble de l’économie (on suppose dans le modèle que, vu la baisse de la population active, la masse salariale augmentera de 0.4 point de moins que le salaire moyen).
21La politique actuelle d’indexation des retraites publiques est maintenue dans deux propositions, la réforme paramétrique et l’adjonction d’un régime à cotisations définies. Avec les comptes virtuels, l’indexation est plus favorable, alors qu’avec la création d’un régime à cotisations définies par démembrement du système de répartition, des économies sont réalisées en indexant les pensions uniquement sur la hausse des prix. Dans la formule d’adjonction d’un régime à cotisations définies, l’élément à cotisations définies est indexé sur le salaire moyen et l’élément public à prestations définies est indexé de la même manière qu’actuellement. Avec les deux réformes comportant un élément à cotisations définies, la pension de retraite à cotisations définies est calculée en la différenciant selon le sexe. Mais on peut se demander si cela n’est pas contraire aux règles d’égalité de traitement de l’UE.
22La proposition de pension uniforme ne contient aucune disposition pour la retraite anticipée ou la retraite tardive. Mais avec les quatre autres propositions, la retraite anticipée est possible avec réduction permanente de la pension. Dans le régime à cotisations définies créé par adjonction, la décote pour retraite anticipée serait augmentée. Sinon, aucun changement n’est proposé par rapport au système actuel.
Résultats des simulations pour les cinq propositions
Les taux implicites de remplacement visés sont très différents
23Le taux implicite de remplacement visé est très différent avec les cinq propositions. Trois d’entre elles augmenteraient sensiblement les prestations de la retraite obligatoire dans le cas du salarié percevant le salaire moyen, une n’apporterait pratiquement aucune modification et la dernière se traduirait par une nette baisse. Le tableau 2.3 illustre les taux de remplacement avec les cinq propositions pour les salariés à bas revenu, à revenu moyen et à haut revenu.
- Le taux brut de remplacement pour le salarié percevant le salaire moyen resterait de l’ordre de 50 % avec la réforme paramétrique. La proposition de comptes virtuels et les deux propositions comportant un élément à cotisations définies feraient passer le taux de remplacement visé de 65 à 70 %. Ce serait nettement plus que la moyenne pour les 30 pays de l’OCDE (58 %).
- Pour les salariés à bas revenu, percevant la moitié du salaire moyen pour l’ensemble de l’économie, le taux de remplacement serait identique ou supérieur à celui en vigueur actuellement avec la réforme paramétrique ou avec les réformes comportant un élément à cotisations définies. Mais il serait plus faible avec les comptes virtuels ou avec la pension uniforme, en étant inférieur à la moyenne OCDE de 74 %.
- Pour une rémunération deux fois supérieure au salaire moyen dans l’ensemble de l’économie – c’est-à-dire pour les salariés à haut revenu – les taux de remplacement seraient nettement supérieurs à ceux du système actuel dans trois des propositions, les comptes virtuels et les deux régimes à élément à cotisations définies. Les niveaux proposés, de 55 à 65 %, dépassent la moyenne de l’OCDE, légèrement inférieure à 50 %.
Taux de remplacement brut et net
Taux de remplacement brut et net
24Les cinq propositions, sauf la réforme paramétrique, s’écartent sensiblement du principe du lien entre la pension et le revenu d’activité qui caractérise le système actuel de retraite. C’est ce que monte bien le graphique 2.3, qui met en regard le niveau relatif de la pension et le revenu d’activité. Les comptes virtuels se traduiraient par un lien très étroit entre la pension et le revenu d’activité, comme c’est le cas en Italie et en Pologne par exemple (graphique 2.2). Les deux propositions comportant un élément à cotisations définies atténueraient également la progressivité de la pension par rapport au système de retraite actuel. La pension uniforme donnerait un résultat inverse.
Niveau relatif de la pension pour les cinq propositions de réforme des retraites1
Niveau relatif de la pension pour les cinq propositions de réforme des retraites1
1. Pension individuelle divisée par les gains de l’ouvrier moyen dans l’ensemble de l’économie.Le dimensionnement des cinq systèmes proposés
25Les cinq propositions de réforme aboutiront à long terme à des systèmes obligatoires de retraite très différents du point de vue de leur dimensionnement, comme le montre le profil des droits à pension du graphique 2.3. Les réformes créant un lien plus étroit entre les cotisations et le revenu d’activité donneront des systèmes obligatoires de retraite de bien plus grande dimension, se doublant d’une promesse de pension plus avantageuse.
26Pour mesurer au niveau microéconomique la dimension d’un système de retraite, on peut se fonder sur le « patrimoine retraite moyen ». Cet indicateur est plus complet que les taux de remplacement et les niveaux relatifs de la pension de retraite qu’on évoqués précédemment. En effet, l’indicateur de patrimoine retraite prend en compte l’espérance de vie, l’âge de la retraite et l’indexation des pensions. Ces facteurs déterminent la durée du service de la pension et l’évolution dans le temps de la valeur de la pension. Le patrimoine retraite est calculé comme suit : le flux de droits à pension pendant la retraite est converti en une valeur actualisée (mesurée au moment de la retraite), qui représente le stock de patrimoine retraite. Pour les calculs, on applique les techniques actuarielles classiques. Le patrimoine retraite est déterminé à différents niveaux de revenu, de 30 à 300 % de la moyenne pour l’ensemble de l’économie. Puis, à partir de la base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus, ces résultats permettent d’obtenir le patrimoine retraite moyen total, que l’on pondère en fonction de la proportion de la population active pour les différents niveaux de revenu. Le patrimoine retraite moyen est exprimé en multiple du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie. Le patrimoine retraite total moyen indique l’ampleur des ressources que la population d’âge actif devra transférer aux retraités. Le patrimoine retraite moyen public illustre l’ampleur du transfert budgétaire.
27Si l’on compare le patrimoine retraite moyen, on constate de fortes disparités entre les cinq propositions de réforme des retraites (graphique 2.4). C’est le système avec adjonction d’un élément à cotisations définies qui aurait la plus grande dimension, avec un patrimoine retraite moyen par personne équivalent à 12 fois le salaire moyen dans l’ensemble de l’économie. Toutefois, la moitié environ de ce patrimoine retraite serait entre les mains d’organismes du secteur privé.
Le patrimoine retraite moyen, par personne, exprimé en multiple du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie1
Le patrimoine retraite moyen, par personne, exprimé en multiple du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie1
1. Moyenne pour les femmes et les hommes. Les calculs n’incluant que le revenu des pensions prévues par la loi, les contributions volontaires aux pensions privées ne sont pas prises en compte. Le revenu provenant des pensions privées est pris en compte, par exemple, lorsque l’élément « second pilier » est obligatoire.28Du point de vue des pensions de retraite publiques, c’est le régime à comptes virtuels qui aurait de loin la plus grande dimension, avec un patrimoine retraite moyen par personne équivalant à dix fois environ le salaire moyen dans l’ensemble de l’économie. Cela donne un système public de retraite d’une taille similaire à celle observée en France et en Italie. Par comparaison, le patrimoine retraite avec la réforme paramétrique serait de l’ordre de 7 fois le salaire moyen, résultat similaire à celui pour l’Allemagne et les États-Unis. Les promesses de retraite des régimes publics avec la proposition de création d’un régime à cotisations définies par démembrement du système de répartition et avec la proposition de pension uniforme seraient relativement faibles dans une perspective internationale.
Incitation à une retraite anticipée
29On admet généralement que l’incitation financière à prendre sa retraite à un certain âge qui résulte du système de retraite a un impact sur le comportement du retraité potentiel (Gruber et Wise, 1999 et 2004). Inverser la tendance à une retraite plus précoce, alors même que l’espérance de vie est généralement en hausse, contribuerait largement à limiter la charge que représente le vieillissement de la population. C’est pourquoi, dans la plupart des pays de l’OCDE, l’une des grandes priorités est de repousser l’âge effectif de la retraite (OCDE, 2006). Même si l’on peut se montrer sceptique à l’égard des effets de mesures incitatives sur les comportements, il reste fondamentalement injuste que, par exemple, une personne prenant une retraite anticipée tire plus d’avantages du système de retraite qu’un travailleur qui a une carrière plus longue. Dès lors, l’impact que peut avoir sur les droits à pension un départ anticipé en retraite ou un départ à l’âge normal est un élément important pour la conception d’un système de retraite.
30L’incitation financière à prendre sa retraite dépend de deux variables. La première est le lien entre le revenu lorsqu’on cesse son activité (pension de retraite) et le revenu lorsqu’on travaille (salaire). Cette variable, c’est bien entendu tout simplement le taux de remplacement. Mais, contrairement à la façon dont on procède pour l’incitation au travail dans le cas des prestations de chômage, par exemple, il faut prendre en compte également le lien entre le salaire et les cotisations, d’une part, et les droits à pension d’autre part. C’est ce que fait un deuxième indicateur : la variation du patrimoine retraite en cas de poursuite de l’activité. Le patrimoine retraite – la valeur actualisée ou le stock lié au flux de pensions servies – a été défini plus haut. La variation du patrimoine retraite en cas de poursuite de l’activité peut être considérée comme un impôt implicite sur le travail ou une subvention implicite.
31Le tableau 2.4 illustre ces indicateurs d’incitation à une retraite anticipée. Les deux premières colonnes indiquent le taux brut de remplacement en cas de retraite à 62 et à 65 ans. Avec la proposition de pension uniforme, la retraite ne peut pas être liquidée avant l’âge normal. Avec la réforme paramétrique, le taux de remplacement dépasserait légèrement 40 % à 62 ans. Pour les trois autres propositions – comptes virtuels et formules à cotisations définies – le taux de remplacement à l’âge où une retraite anticipée peut être prise varie entre 50 et 55 %. À l’âge « normal » de la retraite (65 ans), le taux de remplacement varie entre plus des deux tiers avec les deux propositions comportant un élément à cotisations définies et juste 20 % dans la proposition de pension uniforme.
Indicateurs des incitations à la préretraite
Indicateurs des incitations à la préretraite
32La dernière colonne montre comment le taux de remplacement à différents âges influe sur le patrimoine retraite. Prenons d’abord l’exemple de la proposition de comptes virtuels. Travailler entre 62 et 65 ans augmente le taux de remplacement, qui passe de 50 à près de 60 %. Mais, en fait, le patrimoine retraite diminue, parce que pour obtenir le taux de remplacement de 60 % à partir de 65 ans, il faut renoncer à 50 % du salaire par an entre 62 et 65 ans. La perte de patrimoine retraite en cas de poursuite de l’activité durant les trois ans est égale à 40 % d’un salaire annuel, ce qui représente un impôt implicite supplémentaire de 13 % par an pour les travailleurs qui ont entre 62 et 65 ans. Le fait que les comptes virtuels de retraite soient ceux qui incitent le moins à la poursuite d’une activité va à l’encontre de ce que l’on pourrait penser. Les pensions calculées sur la base de comptes virtuels sont équitables du point de vue actuariel, ne ce sens que la valeur actualisée des cotisations sur la durée de vie est égale à la valeur actualisée des prestations sur la durée de vie, à condition que le taux d’intérêt virtuel et le taux d’actualisation utilisés pour le calcul des droits à pension soient égaux au taux d’intérêt sur les obligations d’État à long terme [3]. Cependant, cela implique qu’elles ne sont pas neutres du point de vue actuariel, c’est-à-dire que la rente constituée n’est pas la même si on prend sa retraite aujourd’hui ou à l’avenir. En effet, le calcul actuariel part naturellement de l’hypothèse que l’individu a survécu jusqu’à l’âge de la retraite. Or, pour qu’il y ait neutralité actuarielle, une personne de 62 ans qui choisit entre cesser son activité maintenant ou attendre 63 ans doit se voir proposer une compensation actuarielle supplémentaire pour couvrir le risque de décès dans l’année [4]. Si l’on considère le résultat contre-intuitif, c’est parce qu’il est facile de faire une confusion entre ces concepts actuariels distincts.
33Avec la réforme paramétrique, le taux de remplacement est lui aussi supérieur de 10 points à 65 ans par rapport à 62 ans, mais ce gain doit se calculer sur une base plus faible. Par conséquent, la perte de patrimoine retraite en cas de retraite anticipée dès le moment où elle est possible est plus faible qu’avec la proposition de comptes virtuels. Il subsiste néanmoins une contre-incitation marginale à travailler entre 62 et 65 ans. En effet, l’ajustement de la pension en cas de retraite anticipée est légèrement inférieur à l’équivalent actuariel qui, selon les modèles de l’OCDE, est de l’ordre de 7.5 % (voir à ce sujet Queisser et Whitehouse, 2006).
34La proposition de pension uniforme est neutre quant à l’âge de départ à la retraite, parce que cela n’a pas d’impact sur la pension. Enfin, l’incitation à la poursuite de l’activité – mesurée par la variation du patrimoine retraite – est la plus forte avec la proposition consistant à ajouter au système de répartition un élément à cotisations définies. Cela tient à la fois à l’élément à cotisations définies et à la plus forte réduction de la pension publique en cas de retraite anticipée. Mais il faut garder à l’esprit que cette proposition a l’un des taux de remplacement les plus élevés, ce qui a tendance à dissuader de travailler.
Évaluation
35Les propositions des cinq partis politiques orienteraient le système tchèque de retraite dans des directions très différentes. On trouve dans les autres pays de l’OCDE d’indéniables précédents pour toutes ces propositions, ce qui permet de tirer d’utiles enseignements de l’expérience internationale. Le tableau 2.5 résume une évaluation objective, mais qualitative, des cinq propositions au regard de six critères.
Les cinq propositions de réforme des retraites au regard de six critères
Les cinq propositions de réforme des retraites au regard de six critères
Viabilité budgétaire
36Le premier et le plus important de ces critères est celui de la viabilité budgétaire. Celleci dépend à la fois des dépenses et des recettes du système de retraite. Mais de moindres promesses de retraite dans le cadre d’un système public sont plus viables financièrement que des promesses de retraite plus avantageuses parce que, même si l’on perçoit des cotisations supplémentaires ou si l’on obtient d’autres sources de recettes, le prélèvement de ces ressources pour la couverture retraite n’en a pas moins un coût d’opportunité. On évalue donc la viabilité budgétaire en fonction de la dépense moyenne par personne pour les retraites publiques (graphique 2.4).
- C’est la proposition de comptes virtuels qui entraîne la plus lourde dépense budgétaire ; elle est supérieure de plus de 50 % à celle qu’exige le système actuel.
- La proposition de pension uniforme et celle avec régime à cotisations définies créé par démembrement du système de répartition se traduisent par une dépense pour les retraites publiques inférieure de près de 50 % à celle nécessaire dans le scénario de référence. Ce sont donc les deux solutions les plus viables budgétairement.
- La réforme paramétrique et la proposition de régime à cotisations définies créé par adjonction au système de répartition se situent dans une position intermédiaire du point de vue de la viabilité budgétaire.
37De plus, l’indexation sur la seule hausse des prix, comme le prévoit la réforme créant un élément à cotisations définies par démembrement du système de répartition, pourrait être également adoptée dans les autres propositions. Aujourd’hui, la plupart des pays de l’OCDE indexent les pensions servies sur les prix, après avoir renoncé à l’indexation sur les salaires dans les années 80 et 90. Cela pourrait représenter pour le système tchèque de retraite d’importantes économies, en rendant ainsi possible un taux initial de remplacement plus élevé, toutes choses égales par ailleurs. À titre d’exemple, les modèles de l’OCDE montrent que les dépenses pour les retraites par personne sur l’ensemble de la durée de vie seraient inférieures de 15 % environ en cas d’indexation uniquement sur les prix par rapport à une indexation à la fois sur les prix et sur un tiers de la hausse des salaires réels. En outre, il s’agit là d’une estimation basse des économies possibles, parce que le gouvernement décide souvent de relever les retraites au-dessus du minimum obligatoire. Avec une politique d’indexation sur les prix, le pouvoir d’achat en termes réels des retraités resterait néanmoins préservé. Cela étant, puisque la croissance devrait être relativement rapide en raison du rattrapage du PIB par habitant dans l’économie tchèque, indexer les retraites uniquement sur l’inflation peut aboutir à une dérive inacceptable des pensions de retraite vers le bas de la distribution des revenus. Des pressions pourraient donc s’exercer dans le sens d’ajustements du système de retraite en partie via le processus de réforme, ce qu’il faudrait éviter en réduisant les risques auxquels sont confrontés les ménages pour leur planification financière à long terme. C’est pourquoi une phase transitoire d’indexation sur l’inflation et sur la progression des salaires pourrait se justifier [5].
38Avec la réforme paramétrique, la viabilité budgétaire à long terme ne pose guère de problèmes, mais il faudrait revoir le démarrage tardif du relèvement de l’âge de la retraite, à cause du coût qu’il représente pour la phase transitoire de la réforme.
39Ce relèvement différé de l’âge de la retraite dans le cadre de la réforme paramétrique explique probablement les mesures de financement supplémentaires, à caractère plutôt ponctuel, qui figurent dans cette proposition. Pour la réforme paramétrique et pour les autres formules, il faut éviter les subventions croisées permanentes au moyen d’autres prélèvements. Si d’autres recettes viennent s’ajouter aux cotisations, on ne sait plus qui paie pour quoi dans le système de retraite ; aussi ne faut-il recourir à des recettes supplémentaires que pour surmonter des difficultés financières de durée limitée. On ne saurait ignorer le coût d’opportunité que représente l’affectation de recettes fiscales au système de retraite. Or, la République tchèque est l’un des pays qui ont les impôts directs les plus lourds sur le travail, de sorte qu’en finançant plus largement le coût de la protection sociale on sacrifierait sans doute la transparence des finances publiques.
Efficacité du filet de sécurité
40Le deuxième critère est l’efficacité du filet de sécurité lorsqu’il s’agit de protéger les travailleurs à bas revenu ou ceux à carrière discontinue. Si le filet de sécurité est médiocre, la pauvreté risque de s’aggraver chez les personnes âgées ou les dépenses pour l’aide au revenu au profit des retraités risquent d’être transférées aux budgets d’aide sociale.
41Avec le système actuel, le filet de sécurité est solide grâce à la conjonction d’un taux de remplacement de 100 % pour la première tranche du revenu ouvrant droit à pension, d’une pension de base et d’une pension minimum ainsi que d’une aide au revenu via l’aide sociale. Le fait est que 1.3 % seulement des personnes de 66 à 75 ans sont considérées comme pauvres par l’OCDE (Forster et Mira d’Ercole, 2005). Sur 27 pays de l’OCDE, un seul a un taux de pauvreté plus faible que la République tchèque pour les personnes âgées, et le taux observé en République tchèque est nettement inférieur à la moyenne pour ces pays (11.5 %).
42Les propositions de création d’un élément à cotisations définies par démembrement ou par adjonction préserveraient à peu près le filet de sécurité du système actuel de retraite, ce qui serait bien entendu le cas également pour la réforme paramétrique. En revanche, la pension uniforme et les comptes virtuels présentent des risques du point de vue du filet de sécurité :
- Le risque de filet de sécurité insuffisant est très marqué avec la proposition de pension uniforme. La pension uniforme de 20 % du salaire moyen est très faible et n’offrirait guère de protection aux catégories vulnérables ne disposant pas des ressources nécessaires pour pouvoir épargner en vue de la retraite. Actuellement, le niveau minimum de revenu visé pour l’aide sociale est un peu plus élevé : environ 24 % du salaire moyen. Par conséquent, avec cette proposition, les dépenses d’aide sociale remplaceraient probablement une partie des dépenses pour les retraites. De fait, le niveau proposé est nettement inférieur à celui retenu dans d’autres pays accordant uniquement une pension de base. En Irlande, cette pension représente 32 % du salaire moyen. Le rapport entre la pension de base et le salaire moyen est de 37.5 % en Nouvelle-Zélande. Une pension de base plus élevée, de l’ordre de 35 % du salaire moyen, améliorerait encore la situation budgétaire par rapport au système actuel, tout en renforçant le filet de sécurité pour les titulaires de bas revenus ou pour les travailleurs dont la carrière est discontinue.
- La proposition de comptes virtuels, qui établit un lien plus étroit entre la pension de retraite et le revenu d’activité, affaiblirait elle aussi le filet de sécurité actuel, mais pas autant que la proposition de pension uniforme. Les taux de remplacement pour les travailleurs à bas revenu diminueraient, alors que les titulaires de moyens et hauts revenus auraient une plus forte pension de retraite.
Incitation à la retraite ou à la poursuite de l’activité
43Le troisième critère utilisé pour évaluer les cinq propositions est celui de l’incitation ou de la contre-incitation à la retraite. Le système actuel incite très légèrement à prendre une retraite anticipée. Mais il n’est pas loin de la neutralité pour ce qui est de l’âge de la retraite.
- La proposition d’adjonction d’un régime à cotisations définies améliore les mécanismes d’incitation par rapport au système actuel. Premièrement, la réduction de la pension en cas de retraite anticipée est plus forte. Deuxièmement, l’élément à cotisations définies incite davantage à poursuivre l’activité.
- La proposition de pension uniforme incite elle aussi davantage à rester en activité, parce qu’une retraite anticipée ne serait pas possible et que le faible taux de la pension découragerait le départ en retraite.
- Avec les comptes virtuels, bien que la pension soit calculée sur une base « actuarielle », il n’y a guère incitation à travailler au-delà de l’âge minimum d’ouverture des droits. Le taux de remplacement passe de 50 à 60 % lorsqu’on travaille entre 62 et 65 ans, mais cela est insuffisant pour compenser la non-liquidation de la pension entre 62 et 65 ans.
Diversification de la couverture retraite
44Le quatrième aspect est la diversification de la couverture retraite. Comme le fait valoir depuis longtemps l’OCDE (voir, par exemple OCDE 1998, 2001), un système diversifié de retraite accroît la sécurité du revenu pour la retraite. Cette diversification peut être obtenue en assurant un certain équilibre entre l’offre publique et l’offre privée et entre la répartition et la capitalisation.
- Avec les propositions de création d’un régime à cotisations définies par adjonction ou démembrement, les organismes privés jouent explicitement un rôle dans le système obligatoire.
- Avec une pension uniforme faible, tous les travailleurs, sauf ceux qui perçoivent les rémunérations les plus faibles, seraient obligés de s’adresser à un organisme privé pour compléter volontairement leur retraite. Là encore, l’équilibre se modifierait entre la répartition publique et la capitalisation privée.
- En revanche, avec les comptes virtuels, l’offre privée de retraite volontaire reculerait, même par rapport au système actuel. En effet, les taux de remplacement du régime public augmenteraient pour les moyens et hauts revenus, le régime public remplaçant alors l’épargne retraite privée pour ces catégories.
Simplicité
45Le dossier des retraites est en soi complexe et cette complexité est source de difficultés lorsque le travailleur doit planifier sa retraite. C’est pourquoi il importe que les systèmes de retraite restent aussi simples et aussi transparents que possible (OCDE, 2005c).
- Les régimes à pension uniforme sont très compréhensibles et les responsabilités (et les droits) des individus apparaissent clairement.
- C’est la proposition de création d’un régime à cotisations définies par adjonction qui est la moins satisfaisante de ce point de vue, parce que ses paramètres et ses règles sont très complexes.
Lien entre la pension de retraite et le revenu d’activité
46Le dernier aspect concerne le lien entre la pension servie, d’une part, et, d’autre part, le revenu d’activité et les cotisations acquittées. Du fait des éléments redistributifs du système actuel, notamment la pension de base et la formule dégressive pour les prestations liées au revenu d’activité, le lien est faible entre les cotisations et la pension.
- C’est avec les comptes virtuels que le lien serait le plus étroit, pour les cinq propositions, entre les cotisations et les prestations.
- Les deux propositions comportant un régime à cotisations définies renforceraient également le lien entre la pension et le revenu d’activité par rapport au système actuel.
- Une pension uniforme pure et simple éliminerait bien entendu tout lien entre les droits à pension et le revenu d’activité.
47Il s’agit tout d’abord de savoir dans quelle mesure l’État doit imposer aux individus d’épargner pour leur retraite parce qu’ils raisonnent à courte vue et que, laissés à eux-mêmes, ils ne se constitueraient pas une retraite suffisante. Ils pourraient donc connaître la pauvreté dans la vieillesse, en étant tributaire du filet de sécurité mis en place par l’État et en regrettant leur imprévision. Si l’on est optimiste, on fera valoir que l’individu peut décider en toute connaissance de cause, et décide effectivement, ce qu’il veut consommer à la retraite par rapport à ce qu’il consommait lorsqu’il travaillait. Un engagement limité de couverture retraite permet en outre de se préparer à la retraite selon des modalités plus diversifiées (en épargnant via l’acquisition d’un logement, par exemple). Ce sont la proposition de régime à cotisations définies par adjonction et la proposition de comptes virtuels qui visent implicitement le plus à remédier à l’imprévision de l’individu, parce qu’elles comportent un très large engagement de couverture retraite.
48Le deuxième élément essentiel est le degré auquel les droits à pension doivent être fonction du revenu d’activité. L’Italie, la Pologne et la Slovaquie ont renforcé lors de leurs réformes récentes le lien entre la pension de retraite et le revenu d’activité. En revanche, la France et le Royaume-Uni, par exemple, se sont efforcés de mieux cibler les pensions de retraite des régimes publics sur les bas salaires, en distendant ainsi le lien entre le revenu pour la retraite et le revenu d’activité.
49Les partisans d’un lien plus étroit entre la pension et le revenu d’activité font valoir qu’on renforce de cette manière l’incitation à travailler (parce que les cotisations sont moins considérées comme un impôt implicite) et à cotiser au système de retraite. Mais il faut mettre en balance ces avantages et le coût que représentent des mécanismes d’incitation plus faibles pour la décision de départ à la retraite et, surtout dans le cas des comptes virtuels, le fait que le secteur public joue un bien plus grand rôle dans la couverture retraite, au détriment de la viabilité budgétaire. En outre, il n’est pas du tout sûr que la plus forte incitation à travailler et à cotiser pour les travailleurs qui sont perdants avec la redistribution résultant du système actuel compensent la moindre incitation pour les travailleurs qui perdront avec la réforme.
50L’une des solutions pour atténuer le risque de raisonnement à courte vue avec les régimes redistributifs de retraite consiste à accorder une aide fiscale (supplémentaire) à un « troisième pilier » (régime privé volontaire). Mais la République tchèque est déjà le pays qui accorde la plus forte aide fiscale aux régimes volontaires, avec apparemment un résultat assez médiocre. Par ailleurs, les données d’observation au niveau international montrent que les incitations fiscales à l’épargne retraite sont très coûteuses et inefficaces. La « perte sèche » peut être très lourde pour les recettes fiscales au titre de l’impôt sur le revenu, car il y a tout simplement redéploiement des portefeuilles pour tirer parti de l’avantage fiscal, sans accroissement de l’épargne. De plus, il faut soigneusement concevoir les incitations fiscales pour qu’elles ne bénéficient pas surtout aux titulaires de revenus moyens et élevés (Yoo et de Serres, 2004).
51La fiscalité des pensions servies par les régimes obligatoires de retraite ne relève pas du mandat de la commission chargée d’évaluer les options pour la réforme des retraites, mais c’est un point qu’il faut examiner, en particulier pour les réformes qui renforcent le lien entre la pension et le revenu d’activité et augmentent donc les prestations servies aux titulaires de hauts revenus. Actuellement, les avantages fiscaux accordés aux retraités et aux revenus prenant la forme de pensions dans le cadre de l’impôt tchèque sur le revenu des personnes physiques sont très généreux dans une perspective internationale. Les aspects concernant le système de protection sociale devraient aussi être pris en considération dans la décision finale sur la réforme des pensions. Les incitations créées, par exemple, par des prestations assorties de conditions de ressources doivent être cohérentes avec celles du régime de pensions. En outre, lorsque la réforme des pensions risque d’influer sur le nombre de personnes demandant une aide sociale ou de susciter des pressions pour un changement du système de protection sociale, il faut en tenir compte pour le calcul du coût global de la réforme.
Conclusion
52On pourrait assez facilement améliorer l’efficacité de la plupart des propositions de réforme au regard d’un ensemble de critères objectifs. De fait, les aménagements nécessaires sont généralement assez mineurs et ne remettent pas en cause la philosophie de base de ces propositions. Mais, plus largement, pour la décision finale concernant la réforme des retraites, il faut trancher certaines questions fondamentales, surtout pour deux aspects : jusqu’où l’État doit-il aller pour faire en sorte que les ménages épargnent en vue de leur retraite et, dans ce contexte, en quoi est-il bénéfique, dans une optique d’« économie politique » de lier les pensions des régimes obligatoires au revenu d’activité? La démarche technique adoptée pour la réforme des retraites en République tchèque – reposant sur une comparaison cohérente d’un ensemble de propositions détaillées – devrait servir de modèle pour les autres pays.
Le système de retraite actuel
53Note : sauf indication contraire, toutes les valeurs de la présente annexe concernent 2005.
Conditions d’ouverture des droits
L’âge normal de départ à la retraite sera progressivement porté à 63 ans pour les hommes nés à compter de 1953 et à 59-62 ans pour les femmes qui ont eu des enfants et qui sont nées à compter de 1957-1960 (en fonction du nombre d’enfants qu’elles ont élevés) et à 63 ans pour les femmes sans enfant qui sont nées à compter de 1956. La durée minimale de cotisation est de 25 ans, mais la pension peut être liquidée avec quinze années de cotisation à partir de 65 ans.Calcul des prestations
Pension de base
54La pension de base est égale à 1 470 CSK par mois, ce qui équivaut à près de 8 % du salaire moyen. Il n’y a pas d’obligation légale d’indexation concernant uniquement la pension de base, mais la réglementation fixe le relèvement minimum de la pension (voir ci-après).
Pension liée au revenu d’activité
55La pension liée au revenu d’activité correspond à 1.5 % du salaire pour chaque année de cotisation. Le calcul se fait actuellement sur la moyenne des années écoulées depuis 1985, durée qui sera progressivement portée à 30 ans (en 2015). Les salaires des années antérieures sont revalorisés en fonction de la croissance du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie.
56Le calcul des prestations est dégressif : le taux de remplacement est de 100 % pour la première tranche de 8 400 CSK par mois, de 30 % entre ce montant et 20 500 CSK et de 10 % au-delà. Le premier seuil, au-dessous duquel il y a remplacement à 100 %, équivaut à près de 50 % du salaire moyen ; le deuxième seuil correspond à 115 % du salaire moyen. Il n’y a pas d’obligation légale d’indexation de ces seuils, mais ils ont été modifiés chaque année.
57Il n’y a pas d’obligation légale spécifique d’indexation de la pension liée au revenu d’activité, mais la réglementation fixe le relèvement minimum de la pension. Celle-ci est régulièrement ajustée en janvier. La prestation totale (pension de base et pension liée au revenu d’activité) doit être revalorisée au moins à hauteur de l’inflation plus un tiers de la progression des salaires réels, sauf lorsque la valorisation serait inférieure à 2 %, auquel cas il n’y a pas obligation d’ajuster la pension. Il doit y avoir également revalorisation en cours d’année si l’inflation mensuelle cumulée dépasse 10 %. Les revalorisations en cours d’année sont parfois intégrées à la revalorisation annuelle, et il faut en tenir compte lorsqu’on examine l’évolution passée des retraites, en particulier dans les années 90, lorsque l’inflation était relativement forte.
Minimum
58La pension minimum est de 2 170 CSK ; elle se compose de la pension minimum liée au revenu d’activité, de 770 CSK, plus la pension de base de 1 400 CSK. Cette pension minimum totale est indexée de la même manière qu’indiqué précédemment. Elle représente un peu plus de 12 % du salaire moyen.
Aide sociale
59Les personnes âgées bénéficient du dispositif général d’aide sociale et des prestations en nature qui s’y rattachent. Le revenu visé pour le filet de sécurité dans le cas d’un ménage d’une personne est de 4 300 CSK, soit près d’un quart du salaire moyen. Il se décompose en un montant de 2 300 CSK couvrant les besoins personnels, plus un montant de 1 940 CSK couvrant les besoins domestiques.
Carrière discontinue
Éducation des enfants
60Les femmes peuvent prendre leur retraite plus tôt en fonction du nombre d’enfants qu’elles ont eus :
61En outre, les périodes de non-activité consacrées à l’éducation des enfants jusqu’à 4 ans (ou plus, en cas de grave handicap) sont prises en compte comme années cotisées. En revanche, ces périodes sont ignorées dans le calcul du salaire de référence pour la pension (c’est la solution retenue pour toutes les périodes non cotisées).
Chômage
62Les périodes d’indemnisation du chômage sont intégralement prises en compte pour la retraite. La durée des droits à assurance chômage varie en fonction de l’âge : six mois jusqu’à 50 ans, neuf mois entre 50 et 55 ans et 12 mois au-delà de 55 ans. La durée maximale prise en compte en cas de chômage non indemnisé est de trois ans. La durée de chômage retenue pour le calcul de la pension de retraite est ramenée à 80 % ; autrement dit, si un travailleur a été au chômage cinq ans sur l’ensemble de sa carrière, ces cinq ans compteront pour quatre aux fins de la pension de retraite.
Retraite anticipée
63La retraite peut être prise trois ans avant l’âge normal (progressivement porté à 63 ans pour les hommes et à 59-63 ans pour les femmes), dès lors que 25 années ont été cotisées. Le coefficient total d’accumulation des droits (c’est-à-dire le nombre d’années de cotisation multiplié par le taux d’accumulation) est réduit de 0.9 % par trimestre de retraite anticipée (3.6 % par an). Pour un travailleur ayant une carrière complète, cela équivaut à une décote pour préretraite de 3.6/64.5 = 5.6 % (c’est de cette façon que la plupart des pays calculent cet ajustement).
64Jusqu’en 2004, le chômeur pouvait prendre sa retraite avec réduction temporaire de sa pension deux ans avant l’âge normal de la retraite. La décote était de 1.3 % par trimestre de préretraite (5.2 % par an). À l’âge normal de la retraite, la pension était intégralement perçue. Pour bénéficier de cette retraite anticipée, il fallait 25 années de cotisation et six mois de chômage.
Retraite tardive
65La retraite peut être liquidée au-delà de l’âge normal. Le coefficient total d’accumulation (voir la section précédente) est majoré de 1.5 % pour chaque trimestre de report (6 % par an). Il n’y a pas d’autre majoration pour retraite tardive. Le cumul emploi-retraite est possible.
Cotisations de sécurité sociale pour les travailleurs
66Les cotisations de retraite atteignent actuellement au total 28 % du salaire brut, dont 21.5 % à la charge de l’employeur et 6.5 % à la charge du salarié. Les mesures actives du marché du travail et l’assurance-maladie donnent lieu également à cotisations patronales. En 2005, la cotisation retraite a été relevée de deux points, mais la cotisation pour les mesures actives du marché du travail a été en contrepartie réduite à due concurrence. Il n’y a pas de plafonnement du salaire pour les cotisations retraite ou les autres cotisations de sécurité sociale.
Impôt sur le revenu des personnes physiques dans le cas des retraités
67Les pensions de vieillesse ne sont pas imposées jusqu’à un montant de 162 000 CSK par an. L’abattement normal est de 38 040 CSK, soit un abattement effectif quatre fois supérieur à celui dont bénéficient les actifs.
68Seule la fraction de la pension de retraite supérieure à l’abattement est imposée selon les mêmes règles que les revenus du travail. Les taux d’imposition varient entre 15 et 32 %.
69Les pensions de retraite ne sont pas soumises à cotisations de sécurité sociale, mais lorsque le retraité exerce un emploi, il est soumis à cotisations de sécurité sociale pour ses revenus du travail.
70Le graphique ci-après compare l’impact de l’impôt sur le revenu et des cotisations de sécurité sociale sur le revenu des retraités et des actifs. Par exemple, dans le cas d’un salarié percevant le salaire moyen, l’impôt sur le revenu représente 11.4 % du salaire et les cotisations de sécurité sociale 12.5 %. Le retraité ayant le même revenu sous la forme d’une pension de retraite ne paiera que 3.6 % pour l’impôt sur le revenu et ne sera pas soumis à cotisations de sécurité sociale.
Impôt acquitté par les retraités et par les actifs, en fonction du revenu
Impôt acquitté par les retraités et par les actifs, en fonction du revenu
Aide fiscale pour les pensions du troisième pilier
71Les versements volontaires à un régime privé de retraite bénéficient à la fois d’un abondement et d’une exonération fiscale. L’abondement varie entre 600 CSK par an pour un versement de 1 200 CSK et un maximum de 1 800 CSK pour un versement de 6 000 CSK et plus. Au-delà de 6 000 CSK, les versements sont déductibles au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, avec un plafond de déduction de 12 000 CSK. Au total, l’abondement et l’exonération fiscale signifient qu’il y a aide de l’État pour les premières 18 000 CSK d’épargne retraite privée, ce qui équivaut à environ 8 % du salaire moyen.
72Les versements volontaires de l’employeur sont exonérés d’impôt sur le revenu à hauteur de 5 % du salaire brut. L’employeur peut passer en charges ces versements à hauteur de 3 % de la rémunération brute du salarié.
73Les paiements à la sortie sont taxés différemment selon qu’ils proviennent de versements du salarié, d’abondements, de revenus des placements ou de versements de l’employeur. Les revenus provenant d’intérêts sont taxés à 15 % et les versements de l’employeur sont soumis à l’impôt normal sur le revenu.
74Pour les produits de retraite du secteur privé qui permettent une sortie en capital, les revenus sont taxés comme les retraites. De plus, la part du capital imputable aux versements de l’employeur est taxée à 15 %.
75En cas de résiliation, l’abondement est restitué à l’État et les revenus des placements, de même que les versements de l’employeur, sont taxés à 25 %.
Bibliographie
Bibliographie
- Forster, M. et M. Mira d’Ercole (2005), « Income Distribution and Poverty in OECD Countries in the Second Half of the 1990s », Social, Employment and Migration Working Paper n° 22, OCDE, Paris.
- Gruber, J. et D. Wise (éd.) (1999), Social Security Programs and Retirement around the World, University of Chicago Press for National Bureau of Economic Research.
- Gruber, J. et D. Wise (éd.) (2004), Social Security Programs and Retirement around the World : Micro-Estimation, University of Chicago Press for National Bureau of Economic Research.
- Keenay, G. et E. Whitehouse (2003), « The Role of the Personal Tax System in Old-age Support: a Survey of 15 Countries », Fiscal Studies, vol. 24, n° 1, pp. 1-21.
- Mattil, B. et E. Whitehouse (2006), « Individual Decisions to Switch Between Public and Private Pension Schemes », Social, Employment and Migration Working Paper, OCDE, Paris, à paraître.
- OCDE (1998), Préserver la prospérité dans une société vieillissante, OCDE, Paris.
- OCDE (2001), Vieillissement et revenus : les ressources des retraités dans neuf pays de l’OCDE, OCDE, Paris.
- OCDE (2005a), Les impôts sur les salaires, OCDE, Paris.
- OCDE (2005b), Les pensions dans les pays de l’OCDE : panorama des politiques publiques, OCDE, Paris.
- OCDE (2005c), Pour une meilleure éducation financière : enjeux et initiatives, OCDE, Paris.
- OCDE (2006), Vivre et travailler plus longtemps, OCDE, Paris.
- Queisser, M. et E. Whitehouse (2006), « Neutral, Fair or Something Else? Actuarial Issues in Pension-System Design », Social, Employment and Migration Working Paper, OCDE, Paris, à paraître.
- Yoo, K.Y. et A. de Serres (2004), « Tax treatment of private pension savings in OECD countries and the net tax cost per unit of contribution to tax-favoured schemes », Documents de travail du Département des affaires économiques, n° 406, OCDE, Paris.
Notes
-
[1]
Convient de noter que ces propositions représentent les intentions des différentes parties – les parties constituant le gouvernement n’ont pas formulé de propositions communes et aucune des propositions ne reflète la position officielle des autorités tchèques.
-
[2]
Une traduction anglaise du rapport sur les propositions concernant les pensions est disponible depuis septembre 2005. On peut la consulter, en même temps que d’autres informations sur ces propositions, sur le site Internet du ministère du Travail et des affaires sociales : www. mpsv. cz/ en/ 1606.
-
[3]
La définition précise de l’équité actuarielle visée ici est souvent exprimée par la formule « équité actuarielle par répartition », voir Queisser et Whitehouse (2006)
-
[4]
On notera que l’indexation des rentes privées sur le salaire moyen, telle que prévue dans la proposition de création d’un régime à cotisations définies par adjonction au système de répartition, ne serait pas possible pour les sociétés d’assurance, sauf si l’État émettait des obligations indexées sur les salaires.
-
[5]
Une compensation de ce type a en fait été proposée dans une variante des comptes nationaux pour la République tchèque. Les droits à pension des personnes décédées seraient distribués entre les survivants de la même génération, augmentant ainsi la capital-retraite (cet effet n’a pas été pris en compte dans les calculs).