Couverture de EE_0416

Article de revue

3. Comment stimuler la productivité et l'utilisation de main-d'œuvre

Pages 123 à 160

Notes

  • [1]
    En fait, les résultats sous-estiment les avantages des réductions de l’impôt sur le capital parce que le modèle ne prend pas en compte les distorsions qui résultent de leur manque de sensibilité au profit, ou du déplacement des risques qui en découle.
  • [2]
    Une imposition sur la valeur ajoutée, largement assise, améliorerait la transparence pour les consommateurs et atténuerait les distorsions. Le coût de la discipline fiscale serait réduit, les entreprises n’étant en présence que d’une seule série de formulaires, une seule série de règles d’application et une seule administration fiscale. Les pouvoirs publics réaliseraient également des économies sur le plan administratif.
  • [3]
    L’Enquête internationale sur l’alphabétisation des adultes a fait apparaître, que pour les jeunes Canadiens de sexe masculin de 16 à 25 ans, le risque de chômage est presque diminué de moitié lorsque la note en lecture courante passe de 100 à 200 (le maximum possible étant de 500) (OCDE, 2000).
  • [4]
    Il est également possible d’opérer un retrait sur l’épargne ainsi constituée pour financer l’achat d’un premier logement.
  • [5]
    Ceci tient à deux facteurs : à peine plus de la moitié des chômeurs pouvaient prétendre à l’assurance-emploi, les autres ayant soit quitté leur emploi, soit exerçant une activité non couverte par l’assurance-emploi, tel qu’un emploi indépendant, soit n’ayant pas travaillé au cours des douze mois précédents. Parmi les chômeurs qui auraient pu prétendre à l’assurance-emploi, 16 pour cent n’avaient pas accumulé un nombre d’heures de travail rémunéré suffisant pour avoir droit à une prestation.
  • [6]
    Les réformes de 1996 étant destinées à renforcer le principe d’assurance : les contre-incitations au travail inhérentes au système ont été encore réduites ; les critères d’admissibilité ont été à nouveau durcis, moins cependant que lors des réformes antérieures; et certaines mesures de redistribution des revenues ont été mieux ciblées.
  • [7]
    Pendant la durée de cette expérience, le gouvernement évaluera l’effet du projet pilote sur les participants, sur le marché du travail et sur les actuelles incitations à l’emploi inhérentes au programme d’assurance-emploi.
  • [8]
    Les ratios prestations/impôts ont été de 14.8 dans la pêche, 5.1 dans la sylviculture, 3.3 dans la construction et 3.2 dans l’agriculture sur les onze années de la période 1986-96. Dans tous les autres secteurs de l’économie, ce ratio a été inférieur à l’unité, ce qui signifie que ces secteurs ont été payeurs nets.
  • [9]
    On peut en donner pour exemple le fait que trois secteurs (définis au niveau à trois chiffres de la CITI) figurent parmi les secteurs comptant le plus fort pourcentage d’entreprises toujours subventionnées ainsi que parmi les secteurs comptant le plus fort pourcentage d’entreprises n’ayant jamais été subventionnées.
  • [10]
    Ces chiffres des taux effectifs marginaux d’imposition, donnés à titre d’exemple, ne tiennent pas compte de la reprise par l’impôt des prestations en nature et ont été calculés pour des familles vivant dans l’Ontario.
  • [11]
    Trente-sept pour cent des enfants des familles dont le revenu se situe dans le quartile inférieur seraient vulnérables, contre 24 pour cent pour les familles du quartile supérieur. Étaient jugés vulnérables les enfants qui obtenaient de mauvais résultats aux tests de comportement et aux tests cognitifs.
  • [12]
    On notera que cette méthode présuppose que les travailleurs âgés sont moins productifs que les travailleurs jeunes, mais jusqu’à présent, la littérature économétrique n’a apporté aucun élément concluant dans ce sens (Kesselman, 2004). Un autre argument avancé pour défendre la retraite obligatoire est la nécessité d’écarter les travailleurs âgés pour faire place à du personnel plus jeune, mais ce ne serait là qu’une autre interprétation de la théorie erronée selon laquelle la quantité de travail serait fixe.
  • [13]
    Le Nouveau-Brunswick a interdit la retraite obligatoire en 1973 mais a prévu une exemption lorsque cette disposition fait partie d’un plan de retraite ou de pension véritable ; néanmoins, cette exemption représente la très grande majorité des cas. La situation de la Nouvelle-Écosse, de l’Alberta et de l’île du Prince-Édouard est analogue à celle du Nouveau-Brunswick (Shannon et Grierson, 2004).

1L’un des principaux enjeux économiques du Canada est, on l’a vu, d’élever les niveaux de vie, eux-mêmes fonction de la productivité du travail et de l’utilisation de la main-d’œuvre. La concurrence sur les marchés de produits (voir chapitre 2) est un puissant moteur qui pousse les entreprises à rechercher des gains de productivité. Or, pour accroître la productivité du travail, facteur déterminant en dernière instance de la croissance des revenus réels, il est nécessaire que la production de chaque heure ouvrée augmente progressivement ; l’un des moyens d’y parvenir est d’améliorer la complémentarité des facteurs intervenant dans le processus de production. La première section du présent chapitre examine les mesures qui accroîtrait l’intensité capitalistique ou les services tirés du capital pour chaque heure ouvrée. La fiscalité joue manifestement un rôle déterminant dans les décisions d’investissement, et l’on tentera d’identifier les domaines dans lesquels des ajustements du régime d’imposition porteraient le plus de fruits. On examinera ensuite les moyens d’accélérer la croissance de la productivité en renforçant le stock de capital humain, et l’on étudiera notamment les avantages qui résulteraient d’une amélioration des niveaux d’instruction. Malgré d’importants efforts de formation liés à l’emploi, les individus qui souhaitent améliorer leurs compétences se heurtent à toute une série d’obstacles auxquels il convient de s’attaquer. Les mesures prises pour favoriser l’innovation, qui contribuent à la productivité multifactorielle, sont rapidement discutées à propos de la Stratégie d’innovation du gouvernement.

2La section suivante passe en revue trois domaines essentiels à prendre en compte si l’on veut accroître le nombre total d’heures ouvrées par rapport à l’évolution démographique de base. Le premier est l’utilisation faite par certains travailleurs et certaines entreprises des prestations ordinaires (de chômage) prévues par le système d’assurance-emploi, ainsi que la nature des paramètres utilisés qui fait que certains individus se trouvent condamnés à un chômage persistant. Le deuxième est l’existence de trappes à pauvreté et les contre-incitations à l’allongement de la durée du travail, l’accent étant particulièrement mis sur l’effet exercé sur les taux marginaux effectifs d’imposition, déjà élevés, par la création du Supplément de la prestation nationale pour enfants à l’intention des familles à faible revenu. Le troisième est le taux d’activité des travailleurs âgés qui souhaiteraient demeurer plus longtemps dans la population active mais qui sont financièrement découragés de le faire, et pour lesquels il faudrait prévoir une plus grande flexibilité. La dernière section du chapitre présente certaines conclusions et recommandations.

Accélérer la croissance de la productivité

Intensité capitalistique

3La croissance de la productivité peut être dopée par une augmentation plus rapide de l’intensité capitalistique, c’est-à-dire une accélération de l’augmentation tendancielle du volume de capital disponible pour chaque heure ouvrée. Comme on l’a vu au chapitre 1, les résultats du Canada en matière de renforcement de l’intensité capitalistique sont déjà très honorables par rapport à la moyenne de l’OCDE – ce qui est peut-être surprenant étant donné le coût des biens d’équipement importés et l’imposition effective du capital. Ces derniers temps, le coût de l’investissement a baissé, grâce notamment à l’appréciation du dollar canadien au cours de l’année 2003, ce qui devrait se traduire par une élévation des taux d’investissement.

4En réduisant le taux marginal effectif d’imposition, on accroît le retour après impôt sur investissement et on assure la rentabilité d’un plus grand nombre de projets que ce ne serait autrement le cas. Les impôts canadiens sur les entreprises ont été réduits par étapes depuis 2000 (voir annexe 3.A1). Parallèlement à une baisse du taux légal de l’impôt sur les entreprises, ramené de 28 à 21 pour cent, le budget fédéral pour 2003 annonçait la suppression progressive de l’impôt fédéral sur le capital d’ici 2008, tandis que le budget 2004 relevait les taux de déduction pour amortissement des matériels informatiques et des infrastructures liées aux TIC. Le gouvernement de l’Ontario a également annoncé la suppression progressive d’ici 2012 de ses taxes provinciales sur le capital.

5Malgré ces ajustements, qui vont dans la bonne direction, les taux marginaux effectifs d’imposition canadiens qui s’appliquent aux entreprises demeurent relativement élevés. Il est difficile de les calculer parce qu’ils sont fonction de la taille de l’entreprise, de la nature de l’investissement et du mode de financement utilisé. Des estimations du ministère canadien des Finances indiquent néanmoins que lorsque les réformes fiscales fédérales actuellement soumises au pouvoir législatif auront été intégralement mises en œuvre (en 2008), le taux marginal effectif moyen d’imposition du Canada applicable au capital se situera encore entre 23 et 24 pour cent, alors que, selon les estimations, il est à peine supérieur à 21 pour cent aux États-Unis.

6Ces différents éléments donnent à penser que le Canada pourrait accroître l’intensité capitalistique en réduisant encore les impôts effectifs sur le capital au niveau fédéral et provincial. De fait, le ministère canadien des Finances a estimé, à partir d’un modèle général d’équilibre, que des réductions d’impôt sans incidence sur les recettes, et notamment des impôts sur l’investissement et l’épargne, auraient de larges retombées positives sur le plan du bien-être à long terme (graphique 3.1). Les initiatives fiscales visant les émissions de titres des entreprises ont particulièrement d’impact dans la mesure où les détenteurs du stock de capital existant n’en tirent aucun avantage exceptionnel. Il est ainsi, par exemple, particulièrement intéressant d’aligner les taux des déductions pour amortissement sur les durées de vie économique lorsque les coûts de dépréciation ne sont pas correctement couverts. Une telle modification réduirait non seulement les distorsions dans le temps, mais aussi les distorsions entre les secteurs et entre les actifs, bien que ce dernier élément ne soit pas pris en compte dans le modèle utilisé par le ministère canadien des Finances. Les avantages monétaires seraient pratiquement les mêmes pour chaque dollar de moins-value fiscale si l’on supprimait les taxes provinciales sur les ventes de détail applicables aux biens d’équipement, réduisant ainsi directement le coût de l’augmentation de capital. Des avantages supplémentaires pourraient également être obtenus en supprimant les taxes provinciales sur le capital, comme l’Ontario a commencé à le faire [1]. Il ressort des résultats du modèle que les mesures fiscales prises dans ces différentes directions rapportent davantage en termes monétaires qu’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés, bien que le modèle ne prenne pas en compte les effets d’optimisation fiscale, qui pourraient peser fortement sur les recettes, et donc sur le bien-être. Le taux effectif d’imposition pourrait également être réduit si l’on modifiait le traitement fiscal des stocks pour permettre qu’ils soient désormais comptabilisés selon le principe « dernier entré premier sorti », encore que l’importance de ce facteur se soit atténuée au fil des ans dans la mesure où la rotation des stocks s’est accélérée, où l’inflation a diminué et où la part des services dans l’activité générale s’est élargie.

Graphique 3.1

Gains de bien-être résultant de réductions d’impôt

Graphique 3.1

Gains de bien-être résultant de réductions d’impôt

Gains de bien-être par dollar de réduction d’impôt1
1. On suppose que la perte de recettes est compensée par une imposition forfaitaire.
Source : Ministère des Finances, Canada.

7Aux niveaux de l’État fédéral et des provinces, les impôts sur les sociétés assurent actuellement des recettes représentant quelque 3 pour cent du PIB et, compte tenu de l’importance de la prudence en matière budgétaire, toute réduction devrait être financée par des compressions de dépenses non prioritaires ou des relèvements d’autres impôts. Plus généralement, il serait préférable, sur le plan économique, de financer des réductions des impôts effectifs sur le capital en faisant peser une plus lourde charge fiscale sur la consommation (Dahlby, 2003), notamment si toutes les provinces adoptaient une approche harmonisée à l’égard de la TPS fédérale et des taxes provinciales sur les ventes, suivant ainsi l’exemple du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Labrador. Une telle mesure supprimerait notamment des taxes au détail sur les biens d’équipement, puisque les taxes sur la valeur ajoutée permettent aux entreprises de récupérer l’impôt acquitté sur leurs achats par le biais d’un crédit d’impôt. Un système de taxe sur les ventes/sur la valeur ajoutée, à taux unique et largement harmonisée, serait plus simple, plus équitable et plus efficient sur le plan économique (Heady et van den Noord, 2001) [2]. Surtout, une taxe sur la valeur ajoutée, largement assise, réduirait les coûts financiers et les coûts d’exploitation des entreprises comparativement aux taxes sur les ventes de détail qui s’appliquent actuellement dans certaines provinces. Un tel dispositif encouragerait l’investissement, la productivité et la compétitivité des entreprises établies au Canada tant sur le marché local que sur les marchés étrangers.

Développement du capital humain

8Des gains de productivité peuvent également être obtenus en augmentant le stock de capital humain. Le niveau d’instruction de la population adulte canadienne est déjà élevé, neuf sur dix des personnes de 25 à 34 ans et quatre sur cinq des personnes de 45 à 54 ans ayant au moins un diplôme du deuxième cycle du secondaire, ce qui place le pays largement au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Qui plus est, le Canada vient au premier rang des pays de l’OCDE pour ce qui est du pourcentage des membres de ces groupes d’âge qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur (OCDE, 2003). En conséquence, la plupart des Canadiens arrivent dans la population active avec un solide bagage. Le Canada est également à même d’attirer des immigrants qualifiés, ce qui est une autre façon, potentiellement importante, d’accroître le stock de capital humain (voir l’Étude de l’an dernier). Néanmoins, pour tirer le meilleur parti des qualifications acquises à l’étranger, il est nécessaire qu’elles soient correctement reconnues, et une aide peut être utile au niveau de la maîtrise de la langue. Le fait est que les problèmes de reconnaissance de diplômes et de langue peuvent partiellement expliquer la dégradation des résultats économiques des immigrants récents. En tout état de cause, l’accumulation de capital humain se poursuit pendant la vie active, grâce à l’encadrement sur le lieu de travail et à une formation à l’extérieur. Le stock net de capital humain peut également être influencé par les entrées et sorties de la population active : la limitation des départs en retraite de travailleurs qualifiés peut être un moyen d’améliorer le capital humain disponible (voir ci-après).

9Le système canadien d’enseignement obligatoire permet à la plupart des jeunes d’obtenir de bons résultats, nettement supérieurs à la moyenne de l’OCDE dans la plupart des provinces, encore que l’on constate d’importantes différences d’une région à l’autre du pays (graphique 3.2). Néanmoins, quelque 11 pour cent des jeunes quittent l’école sans avoir de diplôme, même si environ un quart d’entre eux reprennent des études secondaires ou passent directement à l’enseignement post-secondaire dans les deux ans qui suivent (Zeman et al., 2004). Cette deuxième chance est particulièrement importante, parce que les taux de chômage sont plus élevés et les rémunérations plus faibles pour les individus n’ayant pas de diplômes du secondaire (graphique 3.3). Considérées sur toute la durée de la vie, la réduction du risque de chômage et l’amélioration des gains totaux qui résultent d’un diplôme, ne serait-ce que du secondaire, donnent à penser qu’en offrant véritablement une deuxième chance aux jeunes en matière d’éducation, on réaliserait non seulement un investissement susceptible d’avoir un rendement net positif mais on contribuerait aussi à l’objectif canadien d’égalité des chances.

Graphique 3.2

Résultats du PISA dans les différentes provinces canadiennes

Graphique 3.2

Résultats du PISA dans les différentes provinces canadiennes

Moyenne de l’OCDE = 01
1. Moyenne des résultats combinés en lecture, mathématiques et sciences. Sur la base des données initiales, le résultat moyen de l’OCDE était de 500, et le résultat moyen du Canada était de 532.
Source : OCDE (2001)
Graphique 3.3

Niveau d’instruction et situation sur le marché du travail

Graphique 3.3

Niveau d’instruction et situation sur le marché du travail

2001
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active ; Recensement de la population 2001.

10Selon une analyse récente, le niveau d’instruction pourrait être un facteur encore plus déterminant pour améliorer les résultats sur le marché du travail, notamment pour les individus les moins qualifiés. De fait, chez les adultes, une maîtrise plus poussée des mécanismes de lecture et d’écriture améliore la situation sur le marché du travail, même lorsque d’autres facteurs, tels que le sexe, l’âge et le niveau d’instruction, sont tenus constants [3]. Du point de vue de la productivité, on a estimé qu’une légère amélioration de la maîtrise des mécanismes de lecture et d’écriture (10 points sur une échelle allant de 0 à 500) peut à elle seule accroître les gains de plus de 3 pour cent (Green et Riddell, 2001). Qui plus est, l’analyse d’un panel de 14 pays de l’OCDE, le niveau d’alphabétisation servant d’indicateur du capital humain, montre que celui-ci a un effet positif sur les niveaux à long terme du PIB par habitant et de la productivité du travail (Coulombe et al., 2004). Comme les capacités de lecture et d’écriture sont plus diversifiées au Canada que dans beaucoup de pays, même pour les personnes âgées de 26 à 35 ans (OCDE, 2000), il est largement possible d’améliorer la productivité en adoptant des mesures appropriées.

11La mise au point d’une stratégie efficace pour élever les niveaux d’alphabétisation et autres compétences essentielles de la population canadienne est rendue plus complexe par le nombre d’intervenants, notamment les administrations fédérale, provinciales et territoriales et autres responsables, comme l’a mis en lumière le récent Examen thématique de l’apprentissage des adultes réalisé pour le Canada (OCDE, 2002). Si la responsabilité de l’éducation incombe aux provinces, tous les niveaux d’administration partagent le même objectif : faire en sorte que les Canadiens de tous âges aient les connaissances et le savoir nécessaires pour travailler et apprendre – conclusion d’un récent rapport du Comité parlementaire fédéral compétent. Dans l’intervalle, on ne sait pas très bien comment donner aux individus dont les connaissances de base sont faibles, le niveau nécessaire pour affronter le monde moderne, et rares sont les programmes de formation de base des adultes dont on a évalué l’efficacité (OCDE, 2002). Les programmes actuels sont très étalés dans le temps – six à douze mois d’études intensives peuvent être nécessaires pour qu’un programme soit couronné de succès alors que la plupart des programmes destinés aux adultes ne prévoient que trois à six heures de travail par semaine –, et il existe souvent de longues listes d’attente pour ces programmes. Si l’on veut sensiblement améliorer le niveau d’alphabétisation et autres connaissances essentielles, des efforts plus résolus devraient donc être faits pour identifier les facteurs indispensables à l’amélioration des résultats, ce qui pourrait exiger un important volume de ressources. S’il risque fort d’être difficile d’accroître les dépenses dans ce domaine alors même que les budgets des provinces et du gouvernement fédéral sont soumis à de fortes tensions, l’amélioration des résultats sur l’ensemble de la vie que les dépenses affectées à des programmes efficaces pourraient engendrer devrait être mise en parallèle avec les avantages découlant d’autres programmes de dépenses.

12À l’autre extrême, ce sont le plus souvent des travailleurs employés à plein temps et déjà bien qualifiés qui suivent une formation liée à l’emploi destinée à accélérer les gains de productivité (tableau 3.1), mais il est difficile de savoir si le niveau actuel est trop faible ou trop élevé (OCDE, 2002). De l’avis de certains, les entreprises ne financeraient pas autant qu’il le faudrait le développement de capital humain parce que les travailleurs peuvent changer d’employeur en emportant avec eux leurs nouvelles qualifications, cependant qu’au plan individuel, des contraintes de financement conduisent également les travailleurs à sous-investir. En fait, les raisons avancées pour expliquer que les besoins ou les souhaits de formation ne soient pas satisfaits montrent que le financement n’est que l’un des aspects du problème (graphique 3.4). Les cours de formation pourraient être beaucoup plus largement suivis si l’on remédiait à des obstacles tels que des horaires mal commodes, la difficulté de concilier travail et formation, ou encore le poids de la charge de travail. Il pourrait être nécessaire d’examiner plus avant les raisons pour lesquelles les établissements qui offrent des programmes d’éducation et de formation des adultes ne réagissent pas mieux à ces aspects de la demande et de déterminer si cela tient à des restrictions malencontreuses au niveau du financement et de la gestion des établissements d’enseignement public.

Graphique 3.4

Raisons pour lesquelles la demande de formation n’est pas satisfaite

Graphique 3.4

Raisons pour lesquelles la demande de formation n’est pas satisfaite

En pourcentage des réponses, 2002
Source : Peters (2004).
Tableau 3.1

Formation liée à l’emploi, 2002

Tableau 3.1
Taux d’activité Nombre moyen d’heures ouvrées par actif Total 30.1 176 Groupe d’âge 25 à 34 ans 39.5 279 35 à 44 ans 32.0 149 45 à 54 ans 29.8 108 55 à 64 ans 14.4 98 Sexe Hommes 30.0 180 Femmes 30.2 173 Niveau d’instruction Premier cycle du secondaire ou moins 14.4 139 Université 47.8 211 Origine Né au Canada 31.4 155 Né hors du Canada 26.1 255 Situation au regard de la population active Employé à plein-temps 36.3 122 Employé à temps partiel 31.7 219 Chômeur 22.1 331 Hors de la population active 11.3 585 Provinces Terre-Neuve et Labrador 24.0 239 Île du Prince-Édouard 26.9 85 Nouvelle-Écosse 31.0 182 Nouveau-Brunswick 28.3 174 Québec 26.7 146 Ontario 30.3 184 Manitoba 35.3 162 Saskatchewan 33.6 189 Alberta 31.7 154 Colombie-Britannique 33.6 211 Source : Enquête sur l’éducation et sur la formation des adultes 2003, Statistique Canada.

Formation liée à l’emploi, 2002

13Le problème du financement ne peut être négligé, mais il est difficile de dire quel rôle devraient jouer les pouvoirs publics à cet égard. Une récente étude canadienne portant sur ces questions et sur les lacunes au niveau du savoir a fait apparaître que bien que l’on puisse théoriquement imputer le sous-investissement dans la formation à diverses défaillances du marché et à diverses externalités, l’importance concrète de ces facteurs est difficile à prouver (Lin et Tremblay, 2003). Un préalable indispensable à l’élaboration d’un ensemble plus pertinent de mesures visant à remédier à ces problèmes serait de déterminer si les travailleurs qui suivent une formation risquent en fait davantage de changer d’employeur, si le fait que la formation ait un rendement élevé mais soit moins suivie que prévu implique l’existence de lacunes au niveau de l’information, et s’il existe dans la pratique des défaillances du marché du crédit. Toute une série d’instruments possibles ont été identifiés, mais leur utilisation adéquate dépend de la nature véritable du problème, et il est même possible que l’on constate au bout du compte que les pouvoirs publics n’ont aucun rôle à jouer dans ce domaine. La démarche la plus utile serait semble-t-il de poursuivre le programme de recherche économétrique mis au point pour répondre à ces questions. Dans l’intervalle, il est bon de signaler deux méthodes qui ne présentent pratiquement que des avantages et qui pourraient atténuer les contraintes de liquidité au niveau individuel. La première, qui existe déjà, permet aux intéressés de retirer des fonds de leur régime enregistré d’épargne retraite pour financer un programme d’étude [4]. La seconde méthode pouvant être utilisée pour financer des études n’implique pas d’intervention des pouvoirs publics en tant que tels mais pourrait exiger un changement d’attitude si on voulait qu’elle se généralise. Il s’agit d’un accord conclu volontairement entre les employeurs et les individus pour financer des études au moyen d’une clause de récupération, aux termes de laquelle l’employeur finance tout ou partie des coûts de départ, le salarié convenant de rembourser ces frais selon un barème décroissant. Les employeurs et les salariés qui le souhaitent pourraient ainsi réduire leurs risques et leurs frais et instituer des échanges qui contribueraient à améliorer le bien-être ; cette méthode est déjà utilisée dans un certain nombre de pays, notamment par des employeurs du secteur public.

Renforcer la capacité d’innovation

14L’innovation joue un rôle déterminant dans la croissance de la productivité, parce que c’est elle qui permet à la production d’augmenter plus vite que l’utilisation globale d’intrants. L’innovation peut porter sur de nouveaux produits et/ou de nouveaux procédés. Dans une certaine mesure, elle peut être diffusée dans l’ensemble de l’économie grâce à l’adoption de technologies nouvelles. La suppression des restrictions auxquelles sont confrontées les entreprises à capitaux étrangers peut donc se révéler très utile (voir chapitre 2), de même que les mesures prises pour faire en sorte que le régime d’imposition ne décourage pas les entreprises d’investir dans de nouveaux équipements et de nouveaux procédés (voir ci-dessus). Il est cependant assez difficile de déterminer avec précision l’ampleur effective du phénomène d’innovation, et les indicateurs utilisés mesurent souvent les facteurs de production entrant dans le processus d’innovation, tels que les dépenses de recherche et de développement, plus que l’innovation proprement dite. Néanmoins, de très importants efforts sont actuellement engagés au Canada pour mieux identifier à la fois l’ampleur de l’innovation et les facteurs qui la déterminent (Earle et Gault, 2004), et Statistiques Canada s’emploie depuis 1993 à réunir divers types de données. Par ailleurs, Industrie Canada a sous-traité à un organisme indépendant une évaluation comparative de l’effort d’innovation du Canada par rapport aux autres pays.

15En 2002, le gouvernement a présenté sa Stratégie d’innovation (voir l’Étude précédente) qui comporte deux volets : une première série d’objectifs vise à encourager l’innovation, tandis que la seconde est axée sur l’amélioration des compétences. La stratégie prévoit une trentaine d’objectifs spécifiques dans divers domaines (par exemple, d’ici 2010, le Canada doit se classer parmi les cinq premiers pays du monde en ce qui concerne la performance sur le plan de la R-D et doit améliorer sensiblement la performance des collectivités canadiennes sur le plan de l’innovation). Néanmoins, la stratégie proprement dite ne décrit pas les mesures qui seraient nécessaires pour atteindre ces objectifs. De même, il est difficile de savoir si tous les objectifs sont compatibles et pourraient être atteints sans que l’on voit apparaître d’éventuels conflits ou tensions comme signalé dans l’Étude précédente. Des travaux sont en cours pour faire avancer les activités liées à l’innovation sur un certain nombre de fronts, par exemple en accélérant l’examen de la réglementation, en reconsidérant les dispositions concernant la présence de capitaux étrangers dans le secteur des télécommunications, en mettant au point un cadre stratégique pour les investissements dans la recherche et en simplifiant les conditions de financement de celle-ci, en renforçant les dispositions qui régissent la commercialisation de la recherche produite par les universités et les collèges, et enfin en procédant à une évaluation comparative de l’innovation au Canada. Le budget 2004 a annoncé des crédits supplémentaires pour la R-D dans des domaines spécifiques, cependant qu’un nouveau groupe mené par le secteur privé doit rechercher les moyens d’alléger la charge administrative qui pèse sur les petites et moyennes entreprises, le gouvernement s’étant pour sa part engagé à adopter une nouvelle législation pour améliorer la gouvernance des entreprises.

Favoriser l’accroissement du nombre total d’heures ouvrées sur l’ensemble de la vie

16Si les gains de productivité sont le principal facteur déterminant de l’élévation des niveaux de vie, les réductions de l’utilisation de main-d’œuvre attendues pour l’avenir du fait de l’évolution démographique pourraient être compensées dans une certaine mesure par un accroissement du nombre total d’heures ouvrées par chaque individu sur l’ensemble de sa vie. Pour atteindre cet objectif, on pourrait réduire le plus possible le temps passé en-dehors de la population active, notamment les périodes couvertes par des indemnités de chômage ou une aide sociale, mais on pourrait aussi permettre une plus grande flexibilité concernant le nombre d’heures ouvrées aux différents stades de l’existence selon les préférences de chacun, et réduire plus particulièrement les obstacles qui découragent les travailleurs de concrétiser leurs choix. Une attention toute particulière devrait être naturellement accordée aux moyens qui permettraient aux travailleurs relativement âgés de demeurer plus longtemps dans la population active.

Assurance-emploi

17Le taux de chômage du Canada est actuellement de l’ordre de 7 pour cent, ce qui montre qu’il serait possible d’accroître l’utilisation de la main-d’œuvre et conduit à s’interroger sur les incitations inhérentes au programme Assurance-emploi. En fait, l’assurance-emploi ne couvre qu’un pourcentage étonnamment restreint des chômeurs : le rapport entre le nombre de bénéficiaires de prestations et le nombre de chômeurs est resté stable aux alentours de 45 pour cent depuis la fin des années 90 [5] (Canadian Employment Insurance Commission, 2004). Environ 35 à 40 pour cent des demandes d’indemnisation émanent de demandeurs fréquents (moyenne entre 1995 et 2002), mais la dynamique du recours persistant à l’assurance-emploi est plus complexe. De nombreuses études ont été faites sur l’utilisation de l’assurance-emploi par les travailleurs saisonniers, mais les travailleurs saisonniers à long terme ne finissent pas tous par demander à bénéficier de l’assurance-emploi, et les emplois saisonniers n’aboutissent pas tous à des demandes ultérieures d’indemnisation au titre de l’assurance-emploi (de Raaf et al., 2004). Il apparaît que l’utilisation faite de l’assurance-emploi par les travailleurs saisonniers de longue durée dépend de caractéristiques individuelles telles que le niveau d’instruction et l’âge, ainsi que des conditions du marché du travail local (tableau 3.2). Le recours répété à l’assurance-emploi est beaucoup plus fréquent dans les provinces de l’Atlantique et au Québec que dans les autres régions du pays.

Tableau 3.2

Quelques caractéristiques des travailleurs saisonniers à long terme

Tableau 3.2
Caractéristiques démographiques Recours à l’AE après la perte de 3 emplois saisonniers Ensemble de l’échantillon Jamais Une fois 2 fois 3 fois Pourcentage faisant appel à l’AE – 17.3 20.2 24.9 37.6 Âge Moins de 30 ans 37.1 45.4 48.9 36.8 27.1 30-39 ans 32.3 33.5 30.3 31.3 33.6 40 ans et plus 30.6 21.2 20.8 31.9 39.3 Sexe Masculin 63.7 50.8 53.3 68.4 72.0 Féminin 36.3 49.2 46.7 31.6 28.0 Niveau d’instruction Premier cycle du secondaire ou moins 59.8 54.8 53.5 55.7 67.9 Au-delà du premier cycle du secondaire 40.2 45.2 46.5 44.3 32.1 Taux de chômage régional 7 pour cent ou moins 28.8 49.3 42.5 24.5 14.9 7 à 9 pour cent 20.3 17.0 27.2 21.9 17.0 Plus de 9 pour cent 50.9 33.7 30.2 53.6 68.1 Situation de famille Célibataire 30.4 40.0 33.4 31.3 23.8 En couple 69.6 60.0 66.6 68.7 76.2 Région Atlantique et Québec 47.6 28.4 25.2 44.8 70.2 Ontario et Ouest 52.4 71.6 74.8 55.2 29.6 Revenu familial Moins de 35 000 dollars canadiens 34.8 32.4 26.6 42.7 35.0 Entre 35 000 et 60 000 dollars canadiens 37.9 40.6 33.6 34.1 41.4 60 000 dollars canadiens et plus 27.4 27.0 39.8 23.3 23.6 Note Les travailleurs saisonniers à long terme sont ceux qui ont perdu un emploi au cours des mêmes 3 mois hors saison pendant au moins 3 des années de la période 1993-1998. Source : De Raaf, Kapsalis et Vincent (2003).

Quelques caractéristiques des travailleurs saisonniers à long terme

1993-98, pourcentage

18Le système d’assurance-chômage a fait l’objet d’importantes améliorations depuis 1990, les incitations au travail ayant été renforcées par un durcissement des critères d’éligibilité et un raccourcissement de la durée d’indemnisation [6]. Le programme comporte cependant encore un certain nombre de règles qui découragent en fait les travailleurs saisonniers et intermittents dans les régions à fort chômage de travailler plus régulièrement tout au long de l’année (voir annexe 3.A2). Bien que le dispositif ait été conçu pour assurer des chances équitables d’accès au programme de l’assurance-emploi partout dans le pays, il peut se traduire par des contre-incitations pour ceux qui ne travaillent que le nombre d’heures nécessaire pour bénéficier d’une indemnisation. Ainsi, une personne qui n’a travaillé que 12 semaines (à temps plein) dans une zone à fort chômage (où le taux de chômage est supérieur à 16 pour cent) peut recevoir jusqu’à 32 semaines de prestations alors qu’un individu ayant travaillé 20 semaines dans une zone à faible chômage ne serait indemnisé que pendant 14 semaines. Le nombre d’heures prises en compte continuant d’augmenter, le nombre de semaines supplémentaires d’indemnisation obtenues par heure ouvrée dans les zones à faible chômage est à peu près constant jusqu’à ce que le maximum soit atteint, tandis que dans les zones à fort chômage, la couverture supplémentaire par heure ouvrée diminue fortement. Cela peut avoir pour effet de décourager la recherche de possibilités d’emploi (de Raaf et al., 2004). De plus, il semble bien que les employeurs comme les salariés qui connaissent bien le système soient tentés d’organiser les horaires de travail de manière à accroître le plus possible le montant des prestations au titre de l’assurance-emploi (Gray et de Raaf, 2002).

19L’indice des contre-incitations obtenu en combinant les différentes dispositions de l’assurance-emploi varie fortement selon les régions du pays (graphique 3.5). Il semble bien que, dans certaines régions, le chômage se maintienne dans une certaine mesure de lui-même à un niveau élevé, de sorte que sa réduction exigera sans doute des mesures plus résolues d’activation et de gestion des cas (des efforts devant tout particulièrement être faits pour combler les lacunes au niveau des compétences) en même temps qu’une révision des règles d’indemnisation de manière à renforcer les incitations à la recherche d’emploi et à l’acceptation d’offres d’emploi (Gray, 2003). Néanmoins, en ce qui concerne les règles relatives aux prestations, un projet pilote annoncé au début de cette année a relevé les prestations dans les zones à fort chômage, ce qui pourrait affaiblir les incitations au travail, toutes choses égales d’ailleurs, en prolongeant de cinq semaines la période maximale d’indemnisation [7].

Graphique 3.5

Variations régionales de l’indice des contre-incitations inhérentes à l’assurance-emploi

Graphique 3.5

Variations régionales de l’indice des contre-incitations inhérentes à l’assurance-emploi

Au milieu de 2003
Note : L’indice est calculé au moyen des paramètres des allocations types (chômage) de l’assurance-emploi en supposant que les personnes qui choisissent un travail et un chômage intermittents utilisent les règles existantes pour tirer le meilleur parti de leur choix. La contre-incitation moyenne dans l’ensemble du Canada en 1970 a été fixée à 100. La méthodologie utilisée est décrite dans Sargent (1995).
Source : Ministère des Finances, Canada.

20L’examen détaillé des prestations de chômage fait clairement apparaître l’existence d’une péréquation entre les secteurs d’activité et entre les entreprises. De fait, le ratio prestations/impôts indique que les entreprises des secteurs de la pêche, de la sylviculture, de la construction et de l’agriculture ont été régulièrement (et fortement) subventionnées par celles d’autres branches de 1986 à 1996 compris [8] (Corak et Chen, 2003). Dans la sylviculture, la construction et l’agriculture, le taux de demande d’indemnisation a été plus élevé du fait de cessations d’emploi temporaires que du fait de cessations d’emploi permanentes, alors que dans la pêche, les demandes se sont partagées à peu près également entre ces deux types de chômage. De plus, les entreprises qui avaient été subventionnées au cours de chacune des années de la période de 11 ans considérée étaient généralement de taille moyenne (entre 20 et 499 salariés), procédaient plus souvent à des licenciements temporaires et se trouvaient généralement au Québec (tableau 3.3). À un niveau plus détaillé, il devient évident qu’une péréquation est intervenue non seulement entre les secteurs industriels mais aussi entre les entreprises à l’intérieur de chaque groupe d’activité [9] (graphique 3.6). Tout bien considéré, ceci donne à penser que certaines entreprises pourraient avoir profité de l’existence de l’assurance-emploi pour garder à portée de main une main-d’œuvre expérimentée tout en en faisant supporter le coût par d’autres entreprises. L’un des moyens d’atténuer cette péréquation serait de moduler les cotisations à l’assurance-emploi versées par les entreprises en fonction des licenciements auxquels elles ont antérieurement procédé et qui ont abouti à des demandes d’indemnisation, c’est-à-dire d’instaurer un système de « bonus-malus ». Les coûts sociaux des licenciements seraient de ce fait internalisés, et les employeurs devraient réfléchir à deux fois avant de recourir régulièrement à des licenciements temporaires dans la mesure où ils auraient à en supporter le coût. Un tel système existe aux États-Unis depuis plusieurs années, précisément pour cette raison (voir encadré 3.1).

Tableau 3.3

Subventions et caractéristiques

Tableau 3.3
Caractéristiques Entreprises toujours subventionnées Entreprises jamais subventionnées Ensemble des entreprises 1 Dimension de l’entreprise (en pourcentage de l’emploi) Moins de 20 employés 11.3 3.2 11.0 Entre 20 et 99 employés 27.4 5.0 16.8 Entre 100 et 499 employés 28.4 12.7 18.4 500 employés ou plus 32.9 79.7 53.8 Raisons d’un licenciement ayant conduit à une demande d’indemnisation par l’assurance chômage (en pourcentage des demandes) Cessation temporaire d’emploi 71.5 43.2 47.8 Cessation permanente d’emploi 21.1 40.4 37.0 Raison inconnue 7.4 16.4 15.2 Province 2 (en pourcentage des entreprises) Ontario 15.0 38.5 33.1 Québec 37.8 14.7 23.5 Colombie-Britannique – – 13.2 Alberta – 14.6 – Nouveau-Brunswick 9.7 – – Secteur 2 (en pourcentage des entreprises) Services 23.8 41.4 36.5 Commerce 10.7 19.1 23.2 Construction 30.7 – 10.8 Finance – 14.1 – 1 Chiffres fondés sur les 318 217 entreprises qui étaient en activité tout au long des 11 années de la période 1986-1996. 2 Les chiffres par secteur et par province n’indiquent que les pourcentages des trois premières catégories. Source : Corak et Chen (2003).

Subventions et caractéristiques

Moyennes annuelles, 1986-96
En pourcentage
Graphique 3.6

Entreprises par branche et situation au regard des subventions

Graphique 3.6

Entreprises par branche et situation au regard des subventions

En pourcentage, 1986-1996
Source : Corak et Chen (2003).

Aide sociale et trappes à pauvreté

21Malgré les importantes améliorations opérées au cours des dix dernières années pour réduire le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale (voir l’Étude précédente), le pays reste confronté à des trappes à pauvreté. Les taux effectifs marginaux d’imposition auxquels est soumis un individu qui sort de l’aide sociale pour prendre un emploi ou qui accroît le nombre de ses heures de travail restent élevés, même si aucune prestation en nature n’est perdue (telle que l’allocation logement ou la complémentaire santé) (graphique 3.7). Les personnes dont le revenu est faible ou modéré sont généralement confrontées à des taux marginaux effectifs d’imposition plus élevés que ceux qui s’appliquent aux personnes mieux rémunérées. La principale raison en est la reprise partielle par l’impôt de l’aide sociale, qui se traduit par des taux marginaux effectifs d’imposition très élevés à de faibles niveaux de revenu, et du supplément de la prestation nationale pour enfants (composante essentielle de la prestation fiscale canadienne pour enfant) adopté en 1998 à l’intention des familles à faible revenu. Avec la prestation nationale pour enfants, un parent isolé type qui passe de l’aide sociale au travail enregistre désormais une augmentation marginale de son revenu disponible, et non plus une perte (La Prestation nationale pour enfants – Rapport d’étape, 2002). Depuis la création de ce dispositif, et grâce au dynamisme de l’activité économique, le nombre de familles bénéficiaires de l’aide sociale a fortement chuté ; cette mesure est donc parvenue à atteindre ses objectifs. Néanmoins, ce résultat a été obtenu au détriment d’un relèvement des taux effectifs marginaux d’imposition pour beaucoup d’autres familles dont le revenu se situe dans la tranche où la prestation nationale pour enfants est partiellement reprise par l’impôt (entre 20 000 et 35 000 dollars canadiens environ). Les familles à revenu modéré sont assujetties à des taux marginaux effectifs d’imposition de l’ordre de 70 pour cent pour les familles comptant un apporteur de revenus et deux enfants et dont le revenu annuel sera un peu inférieur à 35 000 dollars canadiens pour l’année 2004 [10]. En revanche, les taux marginaux effectifs d’imposition tombent à moins de 40 pour cent pour un revenu de l’ordre de 45 000 dollars canadiens, et la même famille se verrait appliquer un taux marginal effectif d’imposition de l’ordre de 45 pour cent si son revenu atteignait 100 000 dollars canadiens.

Graphique 3.7

Taux d’imposition marginal effectif combinant le taux fédéral et celui de l’Ontario1

Graphique 3.7

Taux d’imposition marginal effectif combinant le taux fédéral et celui de l’Ontario1

En pourcentage
1. Couple avec un seul revenu et deux enfants (âgés de plus de 7 ans).
Source : Ministère des Finances, Canada.

Encadré 3.1. Système de « bonus-malus » pour les entreprises

Depuis sa création, le système d’assurance-chômage des États-Unis autorise un système de bonus-malus pour les employeurs, mais c’est à chaque État qu’il incombe de décider s’il souhaite ou non l’appliquer (Baicker et al., 1997).
Le principe de base est le suivant : les entreprises qui procèdent à un pourcentage relativement élevé de licenciements acquittent une prime plus élevée que celles qui utilisent peu le système, l’hypothèse de base étant que les employeurs sont à même de maîtriser dans une large mesure les licenciements saisonniers et temporaires. Un système d’assurance ainsi conçu comporterait un aléa moral, parce que ces entreprises seraient en mesure de garder leurs effectifs à leur disposition pour y faire appel lorsqu’elles en auraient à nouveau besoin sans devoir supporter les coûts qu’impliquerait le maintien de liens. En fait, les employeurs et les travailleurs des entreprises dont la production est variable concluent un contrat implicite pour faire supporter les coûts sur d’autres entreprises.
Aux États-Unis, l’assurance-chômage est financée par des taxes sur les salaires versés, et l’existence d’un système de bonus-malus signifie que les entreprises dont les travailleurs font plus fréquemment appel aux allocations de chômage acquittent des cotisations plus élevées. Dans la pratique, les systèmes varient largement selon les États. La formule la plus courante est peut-être celle qui fait intervenir un ratio de réserves correspondant à la différence, pour chaque entreprise, entre les charges sociales acquittées et les prestations chômage versées, différence rapportée à la masse salariale de l’entreprise accumulée au fil du temps. Il existe un taux minimum et un taux maximum de cotisation (bien que le taux minimum puisse être égal à zéro). Le taux de cotisation est d’autant plus faible que le « ratio de réserves » est plus élevé, et vice-versa (encore que certains systèmes prévoient des tranches forfaitaires lorsque la relation entre les modifications des cotisations et le ratio de réserves n’est pas linéaire). Dans la mesure où il utilise des taux maximum et minimum de cotisation, le système de bonus-malus est incomplet, mais il peut néanmoins répondre efficacement au problème d’aléa moral.
Il est assez difficile d’obtenir des éléments concrets d’information concernant l’incidence du bonus-malus sur le chômage saisonnier, mais il semble bien que l’aléa moral se soit atténué aux États-Unis (Baicker et al., 1997). On s’est en fait surtout préoccupé des résultats de différents modèles théoriques concernant l’emploi dans son ensemble. Ainsi, un modèle type de contrat implicite produit des résultats opposés selon que l’on impose ou non une contrainte budgétaire au système d’assurance-chômage. Lorsqu’il existe une contrainte budgétaire pour l’ensemble du système, le système de bonus-malus permet d’abaisser le taux moyen de cotisations sociales, ce qui, à la marge, dope l’emploi dans son ensemble (Fath et Fuest, 2002).
Le système de bonus-malus est particulièrement efficace lorsque les entreprises ont principalement recours à des licenciements temporaires (OCDE, 2004a). Le Canada tirerait donc probablement plus d’avantages d’un tel système que beaucoup d’autres pays de l’OCDE qui utilisent moins les licenciements temporaires.

22Plus inquiétants peut-être sont les premiers résultats d’une analyse longitudinale qui fait apparaître que bon nombre de familles restent pendant plusieurs années régulièrement à l’intérieur ou en dessous de la tranche de revenu dans laquelle le supplément de la prestation nationale pour enfants est repris par l’impôt et semblent dans l’incapacité de passer dans la tranche de revenu où les taux marginaux effectifs d’imposition deviennent plus modérés (Cain, 2004). On retrouve ainsi le dilemme auquel sont inévitablement confrontées les autorités de bon nombre de pays : comment apporter une aide aux familles à faible revenu sans affaiblir les incitations au travail ? Le même programme sans reprise par l’impôt aurait un coût prohibitif et ferait bénéficier de transferts beaucoup de familles qui ne sont manifestement pas dans le besoin. En revanche, en réduisant les taux de reprise par l’impôt pour faire baisser les taux marginaux effectifs d’imposition, on élargirait encore la tranche de revenu concernée par la reprise par l’impôt. Il n’existe toujours pas de réponse à la question de savoir s’il est préférable d’avoir des coefficients d’abattement élevés sur une étroite fourchette de revenus ou un abattement plus faible sur une plus large fourchette. La marge de manœuvre concernant les taux marginaux effectifs d’imposition pourrait se révéler relativement étroite. Il pourrait donc être plus intéressant d’envisager d’autres méthodes, en mettant à profit les enseignements du « projet d’autosuffisance » pour les bénéficiaires d’aide sociale (voir encadré 3.2). Dans un avenir plus lointain, il pourrait être bon d’examiner d’autres solutions en réexaminant la raison d’être sous-jacente de ces mesures de garantie de ressources. Pour autant qu’il s’agit de donner aux enfants un meilleur départ dans la vie en réduisant l’incidence de la pauvreté, l’analyse des données tirées de l’enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes fournit d’utiles enseignements. Elle fait apparaître que les enfants les plus vulnérables ne vivent pas dans des familles pauvres et que les enfants qui vivent dans des familles à faible revenu ne sont pas tous menacés d’un avenir médiocre : d’autres facteurs positifs, notamment les compétences parentales et la cohésion de l’unité familiale, peuvent l’emporter sur les effets négatifs de la pauvreté [11] (Willms, 2002). Il se pourrait donc que les programmes de garantie de ressources ne soient pas en eux-mêmes déterminants pour améliorer les perspectives des enfants lorsqu’on les considère sur toute la durée de la vie, et une réévaluation plus radicale des différentes stratégies possibles pourrait se justifier (Hicks, 2002). À long terme, un tel exercice pourrait conduire à une conjonction différente de mesures qui permettrait d’optimiser l’utilisation faite des fonds publics.

Élévation du taux d’activité des personnes âgées

23L’offre de main-d’œuvre pourrait également être gonflée s’il était plus facile pour les travailleurs âgés de demeurer dans la population active. Les hommes canadiens passent en moyenne 18 pour cent de leur vie en retraite et les femmes 25 pour cent (graphique 3.8). Néanmoins, cela ne correspond pas toujours aux préférences des individus. De fait, un pourcentage non négligeable des retraités récents aurait continué à exercer un travail rémunéré si la situation avait été différente (tableau 3.4). La pénalisation financière de la poursuite d’une activité parallèlement à la perception d’une pension joue manifestement un rôle important. Le désir de continuer à travailler se traduit aussi par le fait que près de 30 pour cent des personnes qui ont pris leur retraite sont ultérieurement revenues dans la population active, environ 40 pour cent d’entre elles prenant des emplois à temps partiel (Projet PRI, 2004).

Graphique 3.8

Répartition du temps sur la durée de la vie dans les différents pays de l’OCDE

Graphique 3.8

Répartition du temps sur la durée de la vie dans les différents pays de l’OCDE

Années
Source : Burniaux et al. (2003)
Tableau 3.4

Retraités récents

Tableau 3.4
Total Hommes Femmes Pourcentage des personnes déclarant qu’elles auraient continué d’exercer une activité rémunérée au moment de leur départ en retraite si…• Elles avaient pu travailler un nombre de jours plus restreint sans que cela modifie leur pension 28.3 29.0 27.5 • Elles avaient pu travailler un nombre d’heures plus faible par jour sans que cela modifie leur pension 25.6 25.9 25.2 • Elles avaient eu des congés payés plus longs sans que cela modifie leur pension 19.0 19.5 18.4 • N’importe laquelle des trois raisons ci-dessus 31.9 32.3 31.5 • Elles avaient pu travailler à temps partiel 27.9 28.3 27.3 • Elles avaient été en meilleure santé 26.4 26.8 26.0 • Leur salaire avait augmenté 21.2 21.9 20.4 • La retraite n’avait pas été obligatoire 11.8 11.9 11.6 • Elles avaient pu trouver une organisation satisfaisante pour les soins aux proches 6.3 6.6 5.9 • Autres raisons 11.3 9.8 12.9 Source : Schellenberg (2004).

Retraités récents

En pourcentage, 2002

Encadré 3.2. Projet d’autosuffisance

Les études concernant le projet d’autosuffisance (PAS) devaient permettre de tester les effets d’une incitation financière liée à l’exercice d’un emploi sur les bénéficiaires monoparentaux de l’aide sociale. Trois études connexes ont été menées sur la base d’un échantillon aléatoire. L’étude sur les prestataires du PAS devait permettre de mesurer l’impact de l’incitation financière à trouver un emploi à plein temps sur les personnes qui recevaient des prestations depuis au moins un an. L’étude du PAS-plus était fondée sur les mêmes critères mais proposait des services reliés à l’emploi en plus de l’incitation financière. L’étude sur les requérants du PAS devait permettre de déterminer si les personnes récemment admises au bénéfice de l’aide sociale continueraient d’en bénéficier plus longtemps pour pouvoir prétendre au supplément.
Les principales caractéristiques du programme étaient les suivantes :
  • Seuls les chefs de familles monoparentales, bénéficiaires d’une aide sociale à long terme, pouvaient prétendre au supplément. Ce critère était déjà satisfait dans les études sur les prestataires du PAS et du PAS-plus alors que dans l’étude sur les requérants, les participants étaient informés qu’ils devraient percevoir une aide sociale pendant les douze mois suivant leur adhésion au projet pour pouvoir prétendre au supplément. Une fois cette condition remplie, l’individu concerné pouvait prétendre au supplément s’il trouvait un emploi à plein temps au cours des douze mois suivants. S’il n’adhérait pas au projet pendant cette période, il pouvait ne jamais recevoir le supplément.
  • Le supplément n’était versé qu’aux parents isolés réunissant les conditions requises qui avaient travaillé en moyenne au moins 30 heures par semaine sur une période comptable de quatre semaines ou d’un mois, pour un ou plusieurs employeurs, et qui ne percevaient pas d’aide sociale. Le supplément pouvait être perçu pendant trois années civiles au maximum aussi longtemps que le bénéficiaire travaillait à plein-temps et ne recevait pas d’aide sociale.
  • Le supplément représentait la moitié de la différence entre les gains salariés d’un participant et des gains de référence fixés par le PAS à un niveau tel qu’un travail à plein temps assurait à la plupart des bénéficiaires un revenu plus élevé que l’aide sociale. Le supplément était réduit de 50 cents pour chaque dollar supplémentaire de gains. Les revenus non salariés (par exemple la pension alimentaire pour enfants), les gains des autres membres de la famille et le nombre d’enfants n’affectaient pas le montant du supplément.
  • Après avoir commencé à percevoir le supplément, le bénéficiaire pouvait décider à n’importe quel moment de revenir à l’aide sociale, aussi longtemps qu’il abandonnait le supplément et qu’il répondait aux conditions requises. Il pouvait également demander à percevoir à nouveau le supplément en reprenant un travail à temps plein à n’importe quel moment pendant la période de trois ans pendant laquelle il était susceptible d’en bénéficier.
Les études sont maintenant achevées et les résultats définitifs ont été publiés par la Société de recherche sociale appliquée qui les a conduites (Michalopoulos et al., 2002 ; Ford et al., 2003). Dans la mesure où les études portaient sur des participants au programme et des membres du groupe témoin choisis au hasard, l’impact de l’offre de supplément est mesuré par les différences entre les deux groupes pour ce qui est de l’emploi, des gains, des revenus et d’autres critères. Le principal effet de l’incitation financière a été d’accélérer la sortie de l’aide sociale et le passage à l’emploi (sauf pendant les 12 premiers mois pour le groupe des requérants, où la sortie de l’aide sociale a été légèrement plus faible que pour le groupe témoin). En conséquence, le PAS a augmenté l’emploi à temps plein, les gains et le revenu et a réduit la pauvreté pendant au moins trois ans, mais au bout de six ans, le groupe témoin avait pratiquement « rattrapé » le groupe couvert par le programme. Une analyse plus poussée de l’étude sur les prestataires du PAS fait apparaître que ces résultats tiennent pour une large part au délai de 12 mois fixé pour trouver un emploi afin d’obtenir le supplément, bien que l’on ait également constaté que certains prestataires préféraient exercer une activité plutôt que de revenir à l’aide sociale pendant la période où ils percevaient le supplément (Card et Hyslop, 2004).
Bien que les résultats donnent à penser que le programme n’a peut-être pas eu d’effet positif durable sur l’emploi et les gains, la réduction du nombre d’années d’aide sociale du fait de la participation au programme s’est traduite par une augmentation du revenu des ménages concernés pendant les six années couvertes par l’étude nettement plus importante que le coût imposé aux budgets publics. De fait, l’étude sur les prestataires du PAS a entraîné un coût net pour les deniers publics d’environ 67 cents pour chaque dollar canadien de gains financiers des ménages participants (Michalopoulos et al., 2002). Le coût net de l’étude sur les requérants du PAS a été d’environ 10 cents pour chaque dollar canadien de gains financiers enregistrés par les participants au programme (Ford et al., 2003). On a cependant fait observer que ces évaluations étaient partielles et ne tenaient pas compte des effets d’équilibre général exercés par les programmes sur les autres travailleurs, par le biais du déplacement d’autres chômeurs sur le marché du travail ou de modifications de la distribution des salaires, ou du fait de l’impact exercé sur les taux d’entrée et de sortie de l’aide sociale en général (Lise et al., 2003). Une fois ces éléments pris en compte, les avantages nets sont réduits et pourraient même être négatifs.
L’étude du PAS-plus a donné de meilleurs résultats que l’étude des prestataires du PAS, notamment dans les années qui ont suivi la suppression du supplément. Le taux d’emploi des participants au programme PAS-plus a continué de dépasser d’environ 6 pour cent celui des prestataires du PAS et des membres du groupe témoin à la fin de l’étude, et leurs gains moyens étaient également plus élevés. Néanmoins, la dimension restreinte de l’échantillon ne permet pas de savoir exactement dans quelle mesure l’adjonction de services à l’incitation financière a affecté le comportement des participants.

24Un certain nombre de facteurs liés à la retraite pourraient décourager les travailleurs de demeurer en activité au-delà d’un certain âge. Ainsi la reprise par l’impôt de la pension universelle de base (voir chapitre 4), de la pension de sécurité de la vieillesse et des prestations connexes (supplément de revenu garanti et allocation de conjoint) ainsi que le crédit d’impôt sur le revenu de la vieillesse accroissent le taux marginal effectif d’imposition des gains. Néanmoins, bien que ces facteurs puissent théoriquement réduire les incitations au travail des personnes relativement âgées, il est difficile d’en isoler l’effet réel.

25Les réformes apportées en 1998 au régime de pension du Canada (RPC) visaient à le placer sur une base actuarielle saine au niveau global et à en assurer la viabilité financière. Néanmoins, au niveau de l’individu, l’incitation demeure de prendre une retraite anticipée entre 60 et 65 ans. Pour pouvoir bénéficier de la pension de retraite avant 65 ans, il faut arrêter de travailler, et bien que le bénéficiaire puisse reprendre une activité après le début du versement de la pension, il devra supporter les éventuels coûts de recherche d’emploi. Dans le même temps, une décote de 0.5 pour cent pour chaque mois séparant l’intéressé de l’âge de 65 ans est apportée au montant mensuel de la pension (lorsque celle-ci commence officiellement à être versée). À l’inverse, l’exercice d’une activité après 60 ans n’augmente pas suffisamment les droits futurs à pension pour compenser la réduction des prestations totales versées qui résulte du report du départ en retraite. Le dispositif est assez pervers dans la mesure où un travailleur qui retarde son départ en retraite jusqu’à 65 ans mais qui dans l’intervalle choisit de travailler à un salaire inférieur à son salaire moyen sur l’ensemble de sa carrière, risque au bout du compte de se trouver moins bien loti que s’il avait pris sa retraite plus tôt. Le salarié qui continue de travailler après 65 ans est lui aussi pénalisé parce que sa retraite future n’est pas intégralement ajustée pour tenir compte de l’effort supplémentaire de travail. En bref, ces ajustements ne sont pas actuariellement neutres (Bureau de l’actuaire en chef, 2003). On pourrait globalement y remédier en calculant la pension de chaque individu sur la base de ses gains donnant lieu à cotisations, autrement dit en mettant en place un véritable système à cotisations définies. C’est la méthode qui a été adoptée par la Suède avec les comptes notionnels à cotisations définies (OCDE, 2004b). Ce dispositif présente également l’avantage de s’ajuster automatiquement pour permettre une utilisation flexible du temps de travail et tenir compte de l’allongement de l’espérance de vie.

26Les autorités québécoises ont proposé de réformer le régime de rentes du Québec (RRQ, 2003) pour permettre aux individus de commencer à percevoir leur pension de retraite à partir de 60 ans, qu’ils choisissent ou non de continuer à travailler. Cette réforme simplifierait également la formule utilisée pour calculer les prestations de retraite dans la mesure où elle ne pénalise pas les personnes qui travaillent plus longtemps, où elle augmente le facteur d’ajustement pour ceux qui travaillent au-delà de 65 ans et, pour les retraités qui reprennent une activité, où elle prend en compte leurs cotisations supplémentaires pour les versements futurs de pension. Ces mesures vont dans la bonne direction et amélioreraient sensiblement l’équité actuarielle globale du dispositif tout en encourageant les travailleurs âgés à demeurer dans la population active jusqu’à un âge relativement avancé. Le régime de pensions du Canada pourrait utilement modifier ses règles dans le même sens.

27Un autre facteur susceptible d’affecter l’âge de sortie de la population active est l’âge obligatoire de départ en retraite fixé dans certaines conventions collectives. On fait souvent observer que ces dispositions sont des accords volontaires qui, par définition, apportent des avantages aux deux parties, en permettant aux entreprises de payer les travailleurs en dessous de leur productivité pendant leurs premières années d’activité et de les surpayer par la suite, mais seulement jusqu’à l’âge limite de retraite obligatoire [12]. Il est cependant possible que ces accords aillent à l’encontre des préférences individuelles, et bien que ceux qui souhaitent continuer à travailler au-delà de l’âge prescrit puissent prendre un autre emploi, ils devront en supporter le coût, notamment s’ils ne sont pas à même d’utiliser leurs compétences parce que dans leur secteur d’activité, l’âge obligatoire de départ en retraite est largement appliqué. Le fait de contraindre les travailleurs à prendre leur retraite plus tôt qu’ils ne le souhaitent risque également d’alourdir la charge budgétaire à la marge. La retraite obligatoire contractuelle est déjà interdite (au motif qu’elle introduit une discrimination fondée sur l’âge) au Manitoba, au Québec et dans la fonction publique fédérale, et une décision dans ce sens est également envisagée en Ontario [13]. Son extension à l’ensemble du pays pourrait n’avoir qu’un effet relativement limité sur le nombre des membres âgés de la population active (Shannon et Grierson, 2004), mais elle faciliterait un passage plus flexible de l’activité à une éventuelle retraite. Parallèlement, elle encouragerait les employeurs à examiner plus attentivement les raisons d’un éventuel ralentissement de la productivité de leur main-d’œuvre et à rechercher des moyens efficaces pour interrompre cette tendance. Les employeurs comme les salariés pourraient encore choisir d’adopter des barèmes de rémunération plus flexibles en fonction de l’âge de manière à aligner plus étroitement la productivité et les salaires.

Conclusions et mesures prioritaires

28Le présent chapitre a mis en évidence un certain nombre de domaines dans lesquels des ajustements pourraient être apportés au dispositif actuel pour obtenir de meilleurs résultats grâce à une accélération de la croissance de la productivité et une plus forte utilisation de la main-d’œuvre, ce qui permettrait par là même d’améliorer les niveaux de vie. Dans certains cas, les modifications requises devront être décidées par le gouvernement fédéral ; dans d’autres, ce sont les provinces et les territoires qui devront prendre l’initiative. Compte tenu des interactions inévitables des différents programmes et mesures, une action concertée menée en coopération à tous les niveaux d’administration est sans doute nécessaire pour obtenir les meilleurs résultats.

29Pour accélérer la croissance de la productivité, le Canada pourrait s’employer en priorité à modifier son action dans les domaines suivants :

  • Pour l’intensité capitalistique, les déductions pour amortissement devraient continuer d’être alignées sur les taux de dépréciation économique, les biens d’équipement devraient être exonérés des taxes provinciales sur les ventes au détail (ce qui serait le cas si toutes les provinces adoptaient une taxe sur la valeur ajoutée, les entreprises récupérant par le biais du crédit d’impôt la taxe versée sur les intrants), et les impôts provinciaux sur le capital devraient être supprimés. Une autre mesure qui pourrait être examinée plus avant serait d’autoriser, à l’instar des États-Unis, la méthode du “dernier entré, premier sorti pour évaluer les stocks à des fins fiscales.
  • Pour favoriser l’amélioration du capital humain, il est nécessaire de trouver des programmes propres à élever les niveaux d’alphabétisation et d’autres connaissances essentielles de ceux dont le niveau d’instruction est le plus faible, et d’y consacrer des ressources suffisantes. Cette priorité doit aller de pair avec une amélioration des perspectives d’emploi et/ou la possibilité d’achever les études secondaires ou de poursuivre des études, notamment pour les jeunes ayant un faible niveau d’instruction. Les prestataires publics de services d’éducation et de formation des adultes à tous les niveaux doivent mieux répondre aux demandes et aux besoins des adultes en formation.
Pour accroître le nombre total d’heures ouvrées, des ajustements seraient utiles dans les domaines suivants :
  • Pour encourager les bénéficiaires de prestations d’assurance-emploi (chômage) à retrouver un emploi, notamment les travailleurs saisonniers, des efforts accrus devraient être faits pour remédier aux handicaps individuels qui tendent à condamner durablement certains individus au chômage, notamment leur manque de compétences et de qualifications. Les formules de prestations qui tendent à encourager le recours répété aux prestations de chômage devraient être soit ajustées pour éviter un tel usage récurrent, soit neutralisées par un durcissement des obligations de recherche d’emploi, y compris sur le plan de la mobilité. Il faudrait réexaminer l’intérêt d’appliquer des règles beaucoup moins rigoureuses aux personnes sans emploi dans les zones à fort chômage. L’instauration d’un système de bonus-malus pour les cotisations sociales découragerait les entreprises de faire régulièrement supporter par d’autres secteurs le coût de leurs licenciements temporaires.
  • Pour aider à sortir des trappes à pauvreté, il faudrait revoir les taux marginaux effectifs d’imposition élevés qui s’appliquent aux familles actives à revenu modeste. Ceci pourrait exiger une réorientation de la stratégie suivie en réduisant l’importance des mesures de garantie de ressources qui visent simplement à réduire la pauvreté au profit de programmes encourageant plus efficacement l’autonomie par le biais de gains fondés sur le travail. À plus long terme, il serait bon d’étudier plus attentivement d’autres solutions permettant d’améliorer les conditions d’existence, notamment des enfants vulnérables.
  • Il faudrait adapter le régime de pensions du Canada et le régime de rentes du Québec pour les rendre plus équitables sur le plan actuariel et pour permettre aux retraités de continuer à exercer une activité.
  • L’interdiction de fixer par voie contractuelle l’âge obligatoire de départ en retraite permettrait à ceux qui le souhaitent de continuer à travailler jusqu’à un âge plus avancé.


Annexe 3.A1

Réformes récentes de la fiscalité des entreprises

Principales réformes de l’impôt fédéral sur les entreprises

Budget 2000

30

  • Adoption par voie législative d’un calendrier visant à ramener le taux général de l’impôt sur le revenu des sociétés de 28 pour cent en 2000 à 21 pour cent en 2004, cette réduction prenant effet dès janvier 2001 pour les revenus compris entre 200 000 et 300 000 dollars canadiens, réalisés par une société privée canadienne grâce à une activité menée au Canada.
  • Le taux d’inclusion des gains en capital est ramené des trois-quarts aux deux tiers pour les biens cédés après le 27 février 2000 et avant le 18 octobre 2000, et à la moitié pour les biens cédés après le 17 octobre 2000 ; reconduction des gains en capital réalisés sur la vente de participations à des petites entreprises admissibles et report de l’inclusion dans le revenu de l’exercice de stock options admissibles jusqu’à leur cession.
  • Amélioration du régime d’amortissement de certains actifs ferroviaires, du matériel de fabrication et de traitement, de certaines installations de production d’électricité, et du matériel de production et de distribution d’eau et de chaleur.

Budget 2001

31

  • Suppression des obstacles fiscaux à l’investissement en capital-risque au Canada grâce à l’utilisation de partenariats par les régimes de pension canadiens et par les investisseurs étrangers.

Budget 2003

32

  • Relèvement à 300 000 dollars canadiens sur quatre ans du plafond des déductions autorisées pour les petites entreprises et amélioration de la mesure de reconduction des gains en capital des petites entreprises par la suppression des plafonds initiaux fixés à l’investissement et au réinvestissement et par l’allongement des délais disponibles pour procéder à un réinvestissement présentant les conditions requises.
  • Élimination progressive de l’impôt fédéral sur le capital sur une période de cinq ans, sa suppression étant prévue dès 2004 pour les petites sociétés.
  • Suppression des obstacles à l’utilisation de partenariats comme moyen d’investissement pour les fonds canadiens de capital-risque.
  • Réduction, de 28 à 21 pour cent sur cinq ans, du taux de l’impôt sur les sociétés applicable aux revenus tirés de l’exploitation de ressources naturelles, parallèlement à la suppression progressive de la déduction relative aux ressources et à l’introduction d’une déduction pour les redevances à la Couronne et les impôts miniers et d’un nouveau crédit d’impôt pour la prospection minérale. Le crédit d’impôt temporaire sur la prospection minérale pour les détenteurs d’actions accréditives est prolongé d’un an jusqu’à la fin de 2004.
  • Augmentation, de 11 à 16 pour cent, du crédit d’impôt pour les services de production télévisuelle ou cinématographique et proposition d’amendements pour simplifier et mieux cibler les incitations fiscales pour les films canadiens certifiés.

Budget 2004

33

  • Amélioration du régime d’amortissement du matériel informatique et du matériel d’infrastructure de réseau.
  • Modification des règles du crédit d’impôt pour les investissements dans la recherche scientifique et le développement expérimental afin que les petites sociétés privées canadiennes ayant des actionnaires communs n’agissant pas de concert n’aient pas à partager le plafond de 2 millions de dollars canadiens fixé aux dépenses.
  • Extension de 7 à 10 ans des périodes de report de certaines pertes et crédits d’impôt étrangers et prolongation jusqu’à la fin de 2005 du crédit d’impôt temporaire au titre de la prospection minérale.
  • Réduction d’un an du délai prévu envisagé porter à 300 000 dollars canadiens le plafond de déduction prévu pour les petites entreprises et entrée en vigueur de la mesure en 2005.

Mesures prises par les provinces

34

  • La Nouvelle-Écosse porte son impôt sur les grandes entreprises de 0.25 à 0.3 pour cent, à compter du 1er avril 2004. L’impôt sur le capital applicable aux institutions financières est également porté de 3 à 4 pour cent à partir de la même date. Le seuil de l’impôt pour les petites entreprises sera relevé le 1er janvier 2005.
  • L’île du Prince-Édouard relèvera de 3 à 5 pour cent en 2004-05 son impôt sur le capital applicable aux sociétés financières.
  • Le taux de l’impôt sur le revenu des petites entreprises au Nouveau-Brunswick est ramené de 3 à 2.5 pour cent, et le seuil de revenu est relevé à compter du 1er juillet 2004.
  • Le Québec porte à 1 million de dollars canadiens l’exemption au titre de l’impôt sur le capital, ce qui exonère 75 pour cent des entreprises de l’acquittement de cet impôt dans le budget 2004-05, et signale son intention de réduire le taux de l’impôt sur le capital applicable à l’ensemble des entreprises dans le budget de l’an prochain.
  • L’Ontario éliminera progressivement l’imposition du capital d’ici 2012.
  • Le Manitoba ramène de 17 pour cent en 2001 à 15 pour cent en 2005 son impôt général sur le revenu des entreprises. Le budget 2004 annonce une nouvelle réduction à 14.5 pour cent après 2005.
  • L’Alberta ramène de 12.5 à 11.5 pour cent le taux de l’impôt général sur le revenu des entreprises, le taux applicable aux petites entreprises étant ramené de 4 à 3 pour cent à compter du 1er avril 2004.

Annexe 3.A2

Prestations ordinaires dans le cadre de l’assurance emploi

35La présente annexe expose les principaux paramètres des prestations ordinaires offertes aux chômeurs dans le cadre du programme assurance-emploi. Ces prestations peuvent être versées aux travailleurs qui perdent leur emploi indépendamment de leur volonté (par exemple du fait d’un manque de travail, de licenciements saisonniers ou collectifs, etc.), qui sont disponibles pour un emploi et aptes à travailler mais qui ne peuvent trouver un emploi.

Critères d’admissibilité

36Pour pouvoir prétendre aux prestations ordinaires, le demandeur doit être sans emploi et sans rémunération depuis au moins sept jours consécutifs et doit avoir travaillé le nombre requis d’heures assurables au cours de la période de référence, à savoir les 52 semaines précédentes ou la période écoulée depuis sa dernière demande d’indemnisation, selon la période qui est la plus courte. Les heures assurables sont fonctions du lieu de résidence du demandeur et du taux de chômage dans cette région économique au moment du dépôt de la demande d’indemnisation. Seules les heures assurables entrant dans la période de référence sont utilisées pour établir une période de prestations. Néanmoins, la période de référence peut être prolongée jusqu’à un maximum de 104 semaines lorsqu’une personne n’a pu exercer un emploi assurable et n’a pas reçu d’assurance-emploi lorsqu’elle était dans l’incapacité de travailler pour cause de maladie, blessure, mise en quarantaine ou maternité, ou lorsqu’elle suivait une période de formation ou autre activité liée à l’emploi conformément à l’orientation d’une autorité désignée par Ressources humaines et développement des compétences Canada (HRSDC).

37La plupart des candidats doivent avoir accumulé entre 420 et 700 heures d’emploi assurables au cours de leur période de référence selon le taux de chômage existant dans leur région économique au moment où ils déposent leur dossier. Dans certains cas, un minimum de 910 heures pendant la période de référence peut être nécessaire, par exemple pour les personnes qui deviennent ou redeviennent membres de la population active après une absence de deux ans (des dispositions spéciales étant prévues pour les personnes ayant reçu des prestations de maternité ou parentales).

38La période d’appartenance à la population active est la période de 52 semaines précédant immédiatement le début de la période de référence. Si moins de 490 heures ont été travaillées pendant cette période, l’intéressé doit alors avoir accumulé 910 heures d’emploi au cours de sa période de référence pour pouvoir prétendre à des prestations ordinaires. Le calcul du nombre d’heures prend en compte toutes les heures d’emploi assurables, toutes les heures pour lesquelles des prestations ont été payées ou sont payables (sur la base de 35 heures par semaine, pour chaque semaine de prestations versées), toutes les heures écoulées dans une situation liée à un emploi assurable ou une situation qui empêche le versement de prestations.

Calcul des prestations

39Un délai de deux semaines (délai de carence) est prévu avant le début du versement des prestations de l’assurance-emploi. Généralement, cette période correspond aux deux premières semaines de l’ouverture de la période de prestations. Néanmoins, si une demande de prestations est réouverte et si le délai de carence a déjà été écoulé, il ne sera pas à nouveau appliqué. Les revenus reçus (par exemple, congés payés, indemnité de licenciement…) ou dus pendant le délai de carence de deux semaines seront déduits des trois premières semaines pendant lesquelles la prestation sera versée. Les ressources imputées à n’importe quelle semaine du délai de carence sont intégralement déduits du taux de prestation hebdomadaire. Cela signifie que la déduction maximale pour les deux semaines du délai de carence représente le double du taux hebdomadaire de prestation.

40La période de versement des prestations ordinaires peut aller de 14 semaines au minimum à 45 semaines au maximum, généralement sur une période de 52 semaines*. Le nombre de semaines de prestations est déterminé à la date de départ de la période de prestations, sur la base du taux de chômage dans chaque région et du nombre d’heures assurables accumulé (tableau 3.A2.1). Ce tableau n’inclut pas les semaines supplémentaires de prestations d’assurance-emploi versées dans le cadre du projet pilote lancé le 6 juin 2004.

41La durée de la période d’indemnisation peut être prolongée jusqu’à 104 semaines, mais le nombre de semaines où la prestation est versée reste inchangé.

Tableau 3.A2.1

Nombre de semaines pendant lesquelles les prestations peuvent être versées

Tableau 3.A2.1
Taux de chômage dans la région de l’intéressé Nombre d’heures ouvrées assurées pendant la période de référence 6% et moins Plus de 6% à 7% Plus de 7% à 8% Plus de 8% à 9% Plus de 9% à 10% Plus de 10% à 11% Plus de 11% à 12% Plus de 12% à 13% Plus de 13% à 14% Plus de 14% à 15% Plus de 15% à 16% Plus de 16% 420-454 26 28 30 32 455-489 24 26 28 30 32 490-524 23 25 27 29 31 33 525-559 21 23 25 27 29 31 33 560-594 20 22 24 26 28 30 32 34 595-629 18 20 22 24 26 28 30 32 34 60-664 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 665-699 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 700-769 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 770-839 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 840-909 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 910-979 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 980-1 049 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 1 050-1 084 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 1 085-1 154 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 1 190-1 259 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 1 260-1 329 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 1 330-1 399 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 1 400-1 434 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 45 1 435-1 469 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 45 1 470-1 504 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 45 45 1 505-1 539 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 45 45 1 540-1 574 28 30 32 34 36 38 40 42 44 45 45 45 1 575-1 609 29 31 33 35 37 39 41 43 45 45 45 45 1 610-1 644 30 32 34 36 38 40 42 44 45 45 45 45 1 645-1 679 31 33 35 37 39 41 43 45 45 45 45 45 1 680-1 714 32 34 36 38 40 42 44 45 45 45 45 45 1 715-1 749 33 35 37 39 41 43 45 45 45 45 45 45 1 750-1 784 34 36 38 40 42 44 45 45 45 45 45 45 1 785-1 819 35 37 39 41 43 45 45 45 45 45 45 45 1 820+ 36 38 40 42 44 45 45 45 45 45 45 45 Note : Ce tableau ne tient pas compte des semaines supplémentaires d’indemnisation par l’AE dans le cadre du projet pilote lancé le 6 juin 2004. Source : Ressources humaines et Développement des compétences Canada.

Nombre de semaines pendant lesquelles les prestations peuvent être versées

42Le taux de base des prestations est de 55 pour cent de la rémunération assurable moyenne à concurrence de 413 dollars canadiens par semaine. Les paiements au titre de l’assurance-emploi constituent un revenu imposable, et les impôts fédéraux et provinciaux/territoriaux (le cas échéant) sont retenus à la source. Un taux plus élevé de prestations (supplément familial) s’applique aux familles à faible revenu (moins de 25 921 dollars canadiens par an) avec enfants et qui touchent la prestation fiscale canadienne pour enfants.

43Si le demandeur a gagné moins de 225 dollars canadiens au cours d’une semaine (« petites semaines ») à n’importe quel moment pendant les dernières 26 semaines de travail, les gains réalisés pendant ces « petites semaines » peuvent être exclus du calcul du taux de prestation. Le nombre de « petites semaines » qui peut être exclu dépend du « diviseur minimum », qui définit le montant minimum de gains hebdomadaires qui sera pris en compte pour déterminer les prestations hebdomadaires et qui est fonction du taux de chômage régional. Dans les régions où le chômage est de 0 à 6 pour cent, on prend en compte les gains réalisés sur 22 semaines alors que si le chômage est supérieur à 13.1 pour cent, on ne prend en compte que 14 semaines à moins que le demandeur ait travaillé un nombre plus important de semaines ordinaires.

44Les demandeurs peuvent travailler à temps partiel tout en percevant des prestations ordinaires. Les premiers 50 dollars canadiens ou 25 pour cent des prestations hebdomadaires, selon le chiffre le plus élevé, peuvent être reçus sans que le montant des prestations reçues soit modifié pour la semaine considérée. Les éventuelles sommes gagnées au-delà de ce montant seront déduites à 100 pour cent des prestations.

Cotisations d’assurance-emploi

45Les cotisations d’assurance-emploi sont versées sur tous les gains à concurrence du salaire maximum annuel qui est de 39 000 dollars canadiens. Cela signifie que les déductions pour l’année 2004 sont de 1.98 dollar canadien pour chaque 100 dollars canadiens de salaire jusqu’à ce que le plafond de 39 000 dollars canadiens ait été atteint. Le montant maximum de la cotisation est donc de 722.20 dollars canadiens pour 2004.

Remboursement des prestations au moment de l’acquittement de l’impôt sur le revenu

46Une disposition prévoit la reprise par l’impôt des prestations ordinaires d’assurance-emploi (y compris les prestations ordinaires des pêcheurs) par le biais du régime d’imposition du revenu pour les personnes dont le revenu annuel net dépasse 48 750 dollars canadiens. Les remboursements sont de 30 pour cent du revenu net au-delà de ce seuil de 48 750 dollars canadiens perçus au cours de l’année d’imposition ou des prestations ordinaires totales (y compris les prestations ordinaires des pêcheurs) reçues au cours de cette même année, selon le chiffre le moins élevé.

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Notes

  • [1]
    En fait, les résultats sous-estiment les avantages des réductions de l’impôt sur le capital parce que le modèle ne prend pas en compte les distorsions qui résultent de leur manque de sensibilité au profit, ou du déplacement des risques qui en découle.
  • [2]
    Une imposition sur la valeur ajoutée, largement assise, améliorerait la transparence pour les consommateurs et atténuerait les distorsions. Le coût de la discipline fiscale serait réduit, les entreprises n’étant en présence que d’une seule série de formulaires, une seule série de règles d’application et une seule administration fiscale. Les pouvoirs publics réaliseraient également des économies sur le plan administratif.
  • [3]
    L’Enquête internationale sur l’alphabétisation des adultes a fait apparaître, que pour les jeunes Canadiens de sexe masculin de 16 à 25 ans, le risque de chômage est presque diminué de moitié lorsque la note en lecture courante passe de 100 à 200 (le maximum possible étant de 500) (OCDE, 2000).
  • [4]
    Il est également possible d’opérer un retrait sur l’épargne ainsi constituée pour financer l’achat d’un premier logement.
  • [5]
    Ceci tient à deux facteurs : à peine plus de la moitié des chômeurs pouvaient prétendre à l’assurance-emploi, les autres ayant soit quitté leur emploi, soit exerçant une activité non couverte par l’assurance-emploi, tel qu’un emploi indépendant, soit n’ayant pas travaillé au cours des douze mois précédents. Parmi les chômeurs qui auraient pu prétendre à l’assurance-emploi, 16 pour cent n’avaient pas accumulé un nombre d’heures de travail rémunéré suffisant pour avoir droit à une prestation.
  • [6]
    Les réformes de 1996 étant destinées à renforcer le principe d’assurance : les contre-incitations au travail inhérentes au système ont été encore réduites ; les critères d’admissibilité ont été à nouveau durcis, moins cependant que lors des réformes antérieures; et certaines mesures de redistribution des revenues ont été mieux ciblées.
  • [7]
    Pendant la durée de cette expérience, le gouvernement évaluera l’effet du projet pilote sur les participants, sur le marché du travail et sur les actuelles incitations à l’emploi inhérentes au programme d’assurance-emploi.
  • [8]
    Les ratios prestations/impôts ont été de 14.8 dans la pêche, 5.1 dans la sylviculture, 3.3 dans la construction et 3.2 dans l’agriculture sur les onze années de la période 1986-96. Dans tous les autres secteurs de l’économie, ce ratio a été inférieur à l’unité, ce qui signifie que ces secteurs ont été payeurs nets.
  • [9]
    On peut en donner pour exemple le fait que trois secteurs (définis au niveau à trois chiffres de la CITI) figurent parmi les secteurs comptant le plus fort pourcentage d’entreprises toujours subventionnées ainsi que parmi les secteurs comptant le plus fort pourcentage d’entreprises n’ayant jamais été subventionnées.
  • [10]
    Ces chiffres des taux effectifs marginaux d’imposition, donnés à titre d’exemple, ne tiennent pas compte de la reprise par l’impôt des prestations en nature et ont été calculés pour des familles vivant dans l’Ontario.
  • [11]
    Trente-sept pour cent des enfants des familles dont le revenu se situe dans le quartile inférieur seraient vulnérables, contre 24 pour cent pour les familles du quartile supérieur. Étaient jugés vulnérables les enfants qui obtenaient de mauvais résultats aux tests de comportement et aux tests cognitifs.
  • [12]
    On notera que cette méthode présuppose que les travailleurs âgés sont moins productifs que les travailleurs jeunes, mais jusqu’à présent, la littérature économétrique n’a apporté aucun élément concluant dans ce sens (Kesselman, 2004). Un autre argument avancé pour défendre la retraite obligatoire est la nécessité d’écarter les travailleurs âgés pour faire place à du personnel plus jeune, mais ce ne serait là qu’une autre interprétation de la théorie erronée selon laquelle la quantité de travail serait fixe.
  • [13]
    Le Nouveau-Brunswick a interdit la retraite obligatoire en 1973 mais a prévu une exemption lorsque cette disposition fait partie d’un plan de retraite ou de pension véritable ; néanmoins, cette exemption représente la très grande majorité des cas. La situation de la Nouvelle-Écosse, de l’Alberta et de l’île du Prince-Édouard est analogue à celle du Nouveau-Brunswick (Shannon et Grierson, 2004).

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