Mieux que tout autre genre de poésie hérité de la tradition orale, Ralla Buya tient une place de premier rang dans la création littéraire rifaine. Elle régit, pour une très large part, la production poétique populaire en ce qu’elle est un moyen de l’expression exaltée des sentiments personnels. Il s’agit donc d’une poésie lyrique dont l’expression des sentiments se manifeste à travers les différentes figures de style. Quand on évoque cet art ancestral consubstantiel au chant et à la musique, c’est immédiatement l’izli d’amour qui nous vient à l’esprit. Rappelons que le terme izli signifie en tarifit – et largement en amazigh – vers poétique ou chant. Dire izli d’amour, c’est parler de la femme qui est bien entendu associée à sa production et à sa diffusion. Conçu sous forme d’exhibition de sentiments intimes, l’izli est alors révélateur d’une expression de sensations et de passion d’amour, laquelle expression peut être décrite en termes de degrés : lorsqu’elle n’est pas implicite et raffinée, elle bascule du côté du direct et de l’obscène. Se dégage ainsi l’idée qu’à chaque contexte de production ou d’interprétation – sans ou avec accompagnement musical – correspond un niveau d’expression. Le convenant et l’inconvenant s’expriment en fonction d’une norme linguistique et socioculturelle veillant sur la signification de ce qui est chanté et présenté au public.
Sur la base d’analyse d’un corpus constitué d’izlan à la fois anonymes et relevant des répertoires de chanteuses reconnues, cette étude propose d…