En 1887 est publié un manuel de berbère, dans sa variété kabyle, destiné à l’enseignement de cette langue, sous le titre suivant : Cours de langue kabyle. Grammaire et versions,
L’auteur, Belkassem Ben Sedira, officiait à l’École supérieure des Lettres, l’une des quatre École qui vont constituer la future Université d’Alger. Il donnait des enseignements justement pour l’apprentissage de la langue kabyle mais aussi de l’arabe vulgaire (on appelait ainsi à la fois l’arabe parlé et aussi un « arabe moyen ») sans négliger pour autant l’arabe littéral.
J’ai déjà eu l’occasion d’étudier cet enseignant berbérisant et arabisant autochtone (Ould-Braham, 2003b, 2006) en m’intéressant, dans le cadre de la théorie bourdieusienne de l’habitus et du champ, à un acteur social ainsi qu’à l’une de ses œuvres (le Cours) en tant que production de biens symboliques.
L’homme est un « indigène », qui s’est fait français dans l’Algérie coloniale du troisième tiers du xixe siècle, et un arabophone qui a eu le mérite de porter de l’intérêt pour le berbère (kabyle). En fait, un intérêt pédagogique et scientifique sur le berbère suscité par des raisons de carrière tout à fait légitimes. Recruté dans l’enseignement supérieur et à l’École normale pour la formation des maîtres, comme on le verra, il su, à force de travail (enseignement et publications) et de stratégies adéquates, à asseoir sa propre légitimité.
Son Cours de langue kabyle est précédé d’un rapport, Une mission en Kabylie sur les dialectes berbères et l’Assimilation des Indigène…