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Article de revue

Immigrés et natifs en France : une analyse des comportements de consommation

Pages 29 à 63

Notes

  • (1)
    Ceci explique en partie la surreprésentation des adultes dans la catégorie des immigrés.
  • (2)
    En 1985, 1989 et 1995, on utilise la nationalité pour distinguer les immigrés puisque l’information sur le lieu de naissance n’est pas disponible. Ainsi, les individus de nationalité française à la naissance sont considérés comme des natifs, ceux ayant acquis la nationalité et ceux de nationalité étrangère sont considérés comme des immigrés.
  • (3)
    L’information sur la nationalité pour 1985, 1989 et 1995 n’est disponible que pour la personne de référence et son conjoint. Cela explique notre choix dans la partie empirique de limiter notre échantillon aux individus âgés entre 18 ans et plus.
  • (4)
    Hourriez et Olier (1998) définissent les échelles d’équivalence comme un jeu de coefficients associés aux différents types de ménages. Ces coefficients sont principalement fonction du nombre de personnes composant le ménage, mais peuvent aussi dépendre de l’âge de ses membres, de la présence ou non d’un couple, voire d’autres caractéristiques. Utilisés comme déflateur du revenu ou de la consommation d’un ménage, ils permettent de se ramener à des quantités exprimées en équivalent-adulte. Auparavant, l’échelle d’Oxford était la plus utilisée ; elle attribue un poids de 1 au premier adulte, de 0,7 au second adulte, de 0,5 aux enfants de moins de 14 ans et de 0,7 aux enfants de plus de 14 ans. Depuis l’enquête 2005, c’est l’échelle de l’OCDE qui est utilisée par l’Insee, car l’échelle d’Oxford attribue plus d’unités de consommation aux familles que celle de l’OCDE ; et en conséquence, elle conduit à des résultats plus pessimistes sur le niveau de vie des familles. De plus, selon Heurtiez et Older (1998), l’échelle d’Oxford ne correspondrait plus aux modes de consommation actuels et sous-estimerait les économies réalisées par les ménages de plusieurs personnes.
  • (5)
    Les unités de consommation sont un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Ils sont définis grâce aux échelles d’équivalence qui représentent le coût nécessaire pour accéder à un certain niveau de bien-être pour une famille ayant une structure donnée (Gardes et Starzec, 2004).
  • (6)
    Ces dépenses ne sont pas affectées aux enfants.
  • (7)
    Ce poste ne prend pas en compte les loyers imputés qui sont un loyer fictif imputé aux propriétaires occupants. C’est le loyer qu’ils pourraient tirer de leur logement en le louant. C’est une notion que l’on retrouve dans la compatibilité nationale afin d’équilibrer les comptes et rendre plus comparable les niveaux de vie entre des personnes propriétaires et locataires. Puisque nous nous intéressons à la notion de “dépenses effectuées”, cette variable ne sera pas prise en compte. Ici cependant, pour éviter de biaiser l’analyse de la consommation en faveur des personnes locataires, nous introduisons une autre variable dans laquelle on enlève les loyers. On la nommera “charges sans les loyers”.
  • (8)
    Jusqu’au milieu des années 1970, les flux d’immigration étaient majoritairement masculins, les femmes ne représentaient alors que 40 % des flux. En 1974, un frein est mis à l’immigration de main-d’œuvre non qualifiée, avec le regroupement familial, les femmes représentaient alors 57 % des flux d’entrée. De plus, à partir du milieu des années 1980, les femmes migrent de plus en plus souvent pour d’autres raisons que familiales, par exemple pour trouver un emploi en adéquation avec leur diplôme ou pour suivre des études (cf. Brutel, 2014).
  • (9)
    Selon l’Insee, la consommation mesurée par les comptes nationaux est à privilégier pour l’analyse des séries temporelles ou l’analyse économétrique (car de nombreuses variables prises en compte sont comparables entre elles). La dépense saisie par les enquêtes auprès des ménages est plus apte à mettre en évidence les disparités internes aux populations enquêtées (socioprofessionnelles, démographiques ou géographiques), et permet d’introduire des données autres que comptables, plus qualitatives, dans une étude.
  • (10)
    Voir en annexe B pour le détail de la procédure permettant d’obtenir la pyramide des âges par origine et qualification pour les années ne coïncidant pas avec les enquêtes BdF.
  • (11)
    Voir l’annexe C pour ces données sur les comptes nationaux.
  • (12)
    Ces données sont fournies par la comptabilité nationale.
  • (13)
    Le niveau de qualification est défini comme le niveau de diplôme le plus élevé obtenu par l’individu : les personnes ayant un niveau inférieur au Bac sont considérées comme faiblement qualifiées, entre Bac et Bac plus 2, moyennement qualifiées, et Bac plus 3 et plus sont hautement qualifiées. Ces trois niveaux de qualification sont représentés par s = l, m, h ; avec l = faiblement qualifiés, m = moyennement qualifiés et h = hautement qualifiés.
  • (14)
    La comparaison de ces résultats avec ceux utilisant l’échelle d’équivalence d’Oxford (voir le tableau E.1 en annexe E) montre des résultats similaires, avec des poids légèrement inférieurs pour les immigrés.
  • (15)
    Ce choix s’explique par le fait que les individus plus jeunes n’ont généralement pas de revenu et le faible nombre d’individus jeunes répertoriés dans les enquêtes de 1985 à 1995 (du fait que la nationalité n’était disponible que pour la personne de référence et son conjoint).
  • (16)
    Ce résultat s’explique par le fait que cette échelle d’équivalence attribue plus de poids aux jeunes (0,5 au lieu de 0,3 pour l’échelle de l’OCDE), et comme les immigrés ont en moyenne plus d’enfants, la consommation allouée aux immigrés adultes diminue. De plus, la catégorie des jeunes est supprimée dans notre étude empirique (notre échantillon s’intéresse aux individus âgés entre 18 ans et plus).
  • (17)
    Voir Jann (2008) pour plus de détails.

1

L’étude des différences entre groupes a toujours fait l’objet de multiples recherches en sciences sociales notamment en économie. Les différences entre natifs et immigrés n’ont pas échappé à cette règle et ont suscité l’attention de plusieurs travaux. Ces derniers ont contribué à l’évaluation des différences de revenus entre ces deux sous populations, de leur insertion sur le marché du travail, ou de leur contribution aux finances publiques. Cependant, les différences au niveau des comportements de consommation sont très peu exploitées.
Pourquoi s’intéresser à ces différences ? L’immigration influence la sphère économique du pays d’accueil sous plusieurs formes : elle modifie la taille et la structure de la population, et de ce fait contribue à des changements de l’offre de main-d’oeuvre ainsi que de la demande de biens et services. Les effets de l’immigration sur le marché du travail ont fait l’objet d’une vaste littérature économique. Cependant, l’étude des effets du côté de la demande, de même que les comportements de consommation des immigrés, demeure quasi-inexistante dans la littérature. Ceci, nous pousse à nous interroger sur ce sujet. De plus, parmi les facteurs pouvant atténuer les effets économiques négatifs de l’immigration, on trouve le statut de consommateur des migrants. Hercowitz et Yashiv (2002) stipulent que les immigrés augmentent la demande intérieure de biens et services, plus rapidement même que la production intérieure, puisqu’ils doivent consommer dès leur arrivée. Ainsi, la hausse de la demande induite par l’entrée d’immigrés est souvent avancée comme argument favorable à l’immigration dans les pays d’accueil.
En France, D’Albis et alii (2016) ont trouvé que l’immigration augmente le PIB par habitant, en particulier dans le cas de l’immigration familiale. Ces effets positifs de l’immigration familiale peuvent être appréhendés par son impact sur la demande. En effet, les immigrés qui s’installent avec leur famille sont plus susceptibles de consommer une grande partie de leur revenu dans le pays d’accueil par rapport au reste de la population.
Cet article contribue à l’analyse des comportements de consommation en France en mettant l’accent sur l’origine. Il se donne pour objectif de mesurer le poids de l’immigration dans la consommation totale et dans la demande des différents postes de consommation, mais également de voir si des différences persistent dans les comportements de consommation entre les natifs et les immigrés lorsqu’on neutralise les caractéristiques sociodémographiques. Nous tentons ainsi de répondre aux questions suivantes : quelle est la contribution des immigrés à la consommation finale et aux différents postes de consommation en France ? Quelles sont les différences de comportements de consommation entre les natifs et les immigrés en France ? Sont-elles expliquées par des caractéristiques observables ou non observables ?
Avec les données des enquêtes budgets des familles (BdF) de 1979 à 2011, nous montrons que la consommation d’un immigré est en moyenne inférieure à tout âge à celle d’un natif. Cependant, la contribution des immigrés à la demande des biens et services finaux est propositionnelle à leur taille dans la population. Elle devrait a priori être inférieure, puisqu’à tout âge, un immigré consomme moins qu’un natif. C’est la structure par âge de la population immigrée (surreprésentée dans la classe d’âge active où la consommation est à son niveau maximum) qui explique la compensation entre niveau individuel et agrégé. Lorsqu’on désagrège par poste de consommation, on constate que la demande des immigrés dans certains secteurs (alimentation, habillement, charges de logement et communication) est plus que proportionnelle à leur poids dans la population.
L’analyse empirique des différences de comportements de consommation montre que, toutes choses égales par ailleurs, les immigrés consomment 10,7 % de moins que les natifs. C’est l’effet de la stucture par âge de ces immigrés qui explique les surconsommations en alimentation, habillement, charges de logement et communication. Au niveau individuel, il n’y a pas de surconsommation une fois pris en compte l’ensemble des variables explicatives. La décomposition de Oaxaca-Blinder montre qu’une grande partie des différences dans les comportements de consommation entre les natifs et les immigrés en France s’explique par les différences dans les caractéristiques observables. Cependant, pour certains postes de consommation, les caractéristiques non observables expliquent la plus grande partie des différences observées (l’alcool, les équipements du logement, la santé, le transport, les loisirs et les services). Cela signifie que ces différences sont expliqués par des caractéristiques comme la religion, les difficultés linguistiques ou les transferts de fonds.

2 En macroéconomie, la hausse de la consommation des ménages est synonyme d’une hausse de la demande globale et par là de la croissance économique à court terme. Cette théorie développée par Keynes se fonde sur l’effet multiplicateur, qui montre qu’une augmentation des composantes de la demande (les dépenses publiques, l’investissement et la consommation des ménages) entraînerait une hausse plus que proportionnelle du produit intérieur brut (PIB). Parmi ces composantes, on s’intéresse tout particulièrement dans cet article à la consommation des ménages. Cette dernière a la particularité d’être la composante la plus importante du produit national : elle représente plus de la moitié du PIB (soit près de 55 % en France) et explique à elle seule plus de 10 % de ses variations (Faure, Soual et Kerdrain, 2012). Dès lors les facteurs qui peuvent être à l’origine de la modification de la consommation doivent être étudiés.

3 Parmi ces facteurs, on trouve l’immigration qui correspond à une entrée d’individus sur le territoire et donc une augmentation de la population initiale. L’immigration influence l’économie d’accueil par plusieurs canaux. Deux d’entre eux, le marché du travail (main-d’œuvre, chômage, niveau des salaires, changement technologique) et les finances publiques (usage des services publics et contribution aux finances publiques) ont été largement étudiés dans la littérature. Les autres canaux qui peuvent être importants sont la demande de biens et services finaux, la demande de produits intermédiaires, la demande de capital fixe (le logement par exemple), l’inflation, la balance des paiements, etc. Le canal de la demande, surtout celui de la demande de biens et services finaux est très peu étudié, voire même inexistant dans la littérature, ce qui est paradoxal, du fait que la consommation finale des ménages représente la partie la plus importante de la demande et peut constituer un moteur de la croissance à court terme. Cependant, même si à l’évidence, il y a un consensus sur le fait que l’immigration entraîne une hausse de la consommation, les termes de cette augmentation restent non traités dans la littérature. C’est d’autant plus surprenant que l’augmentation de la consommation induite par l’entrée d’immigrés est souvent avancée comme argument favorable à l’immigration dans les pays d’accueil.

4 La relation entre immigration et hausse de la consommation a fait l’objet de peu d’études en économie. Dans la littérature, parmi les facteurs pouvant atténuer les effets économiques négatifs de l’immigration, on trouve le statut de consommateur/ producteur des migrants. Hercowitz et Yashiv (2002) stipulent que les immigrés augmentent la demande intérieure de biens et services, bien plus rapidement que la production intérieure, puisqu’ils doivent consommer dès leur arrivée. Ainsi, l’immigration serait bénéfique pour les économies d’accueil en raison de la consommation accrue qui se traduit par une stimulation de l’économie et tend à augmenter le nombre d’emplois. Cette thèse est souvent avancée dans les débats sur l’immigration illégale : ces migrants ne disposant pas de papiers ne peuvent pas prétendre à des aides sociales mais consomment cependant, ce qui constitue une source de ressources pour l’État et peut augmenter la production. Au niveau macroéconomique, Mikaelyan (2015) examine l’interdépendance entre les facteurs économiques et la migration en Arménie. Il trouve une corrélation positive de l’ordre de 0,71 entre la dynamique des dépenses de consommation finale des ménages et le solde migratoire net entre 1991 et 2014. D’autres études se sont plutôt focalisées sur des les mouvements migratoires exceptionnels, c’est le cas de Bodvarsson et Van den Berg (2006) sur l’immigration hispanique dans le comté de Dawson ou de Bodvarsson et alii (2008) sur les effets de l’afflux d’immigrés cubains à Miami après le “Mariel Boatlift”. Elles concluent à un impact positif significatif de ces flux d’immigrés sur la demande de biens et services dans ces localités.

5 En France, il n’y a pas à notre connaissance d’études économiques cherchant à identifier le lien entre immigration et demande de biens et services. Cependant, il existe des travaux mettant en avant les effets de l’immigration sur les variables macroéconomiques. En ce sens, D’Albis et alii (2016) ont trouvé que l’immigration augmente le PIB par habitant, en particulier dans le cas de l’immigration familiale. Ces effets positifs de l’immigration familiale peuvent être appréhendés par son impact sur la demande. En effet, les immigrés qui s’installent avec leur famille sont plus susceptibles de consommer une grande partie de leur revenu dans le pays d’accueil par rapport aux autres. Ils trouvent aussi que l’immigration familiale réduit le taux de chômage, en particulier lorsque les familles proviennent de pays en développement. En effet, l’immigration familiale est généralement une immigration faiblement qualifiée qui s’inscrit dans le marché des services à domicile, surtout lorsqu’elle est féminine. Cela permet aux femmes natives instruites d’augmenter leur participation sur le marché du travail.

6 À côté de ces études macroéconomiques, il existe dans la littérature des études plus microéconomiques sur les comportements de consommation des agents. Au Canada, Abizadeh et Ghalam (1994) montrent que les immigrés ont des comportements de consommation qui se rapprochent de ceux des natifs avec le temps. Toutefois, l’analyse par poste de consommation fournit quelques exceptions : si les comportements sont comparables dans les domaines du logement, des activités domestiques et de la santé, des différences significatives sont observées dans la majorité des autres postes analysés. Dustmann et alii (2017) regardent l’effet du statut légal ou illégal des migrants sur leur consommation en Italie. Ils ne comparent pas natifs et immigrés comme dans notre cas ; mais plutôt les immigrés légalement installés sur le territoire et ceux sans papiers. Ils trouvent que les migrants sans papiers consomment 40 % de moins que les immigrés légalement installés sur le territoire italien. L’explication principale qu’ils apportent à ce résultat est que les immigrés sans papiers épargnent plus pour se prémunir d’un risque futur d’expulsion du territoire.

7 Cependant, ce qui est largement ignoré dans cette littérature et qui devrait en être le point de départ est la manière dont l’immigration modifie la demande ds biens et services. Cet article se donne pour objectif de mesurer le poids de l’immigration dans la consommation totale et dans la demande des différents postes de consommation, mais également de voir si des différences persistent dans les comportements de consommation entre les natifs et les immigrés lorsqu’on neutralise les caractéristiques sociodémographiques. Il est principalement motivé par les débats publics sur les coûts et apports de l’immigration dans les pays d’accueil et la volonté d’expliquer les différences de niveaux de vie entre les natifs et les immigrés. Nous tentons ainsi de répondre aux questions suivantes : quelle est la contribution des immigrés à la consommation finale et aux différents postes de consommation en France ? Quelles sont les différences de comportements de consommation entre les natifs et les immigrés en France ? Sont-elles expliquées par des caractéristiques observables ou non observables ?

8 Pour répondre à ces questions, nous utilisons les données des enquêtes Budgets des familles (BdF) de l’Insee de 1979 à 2011 et menons des analyses comptable et empirique. Nous trouvons que la consommation d’un immigré est en moyenne inférieure à tout âge à celle d’un natif. Cependant, la contribution des immigrés à la demande de biens et services finaux est propositionnelle à leur taille dans la population. Elle devrait a priori être inférieure, puisqu’à tout âge, un immigré consomme moins qu’un natif. C’est la structure par âge de la population immigrée (surreprésentée dans la classe d’âge active où la consommation est à son niveau maximum) qui explique la compensation entre niveau individuel et agrégé. Lorsqu’on désagrège par poste de consommation, on constate que la demande des immigrés dans certains secteurs (alimentation, habillement, charges de logement, et communication) est plus que proportionnelle à leur poids dans la population.

9 L’analyse empirique des différences de comportements de consommation montre que, toutes choses égales par ailleurs, les immigrés consomment 10,7 % de moins que les natifs. Cependant, les surconsommations en alimentation, habillement, charges de logement, et communication ne sont plus vérifiées une fois que l’on prend en compte l’ensemble des variables explicatives ; cette sur consommation est due à un simple effet d’âge. La décomposition de Oaxaca-Blinder montre qu’une grande partie des différences dans les comportements de consommation entre les natifs et les immigrés en France s’explique par les différences dans les caractéristiques observables. Cependant, au niveau des postes de consommation, les caractéristiques non observables expliquent une plus grande partie des différences observées pour l’alcool, les équipements du logement, la santé, le transport, les loisirs et les services.

10 Dans la suite, nous présentons les données utilisées (partie 2), avant de passer à l’évaluation de la contribution des immigrés à la demande de biens et services finaux (partie 3). La quatrième partie regarde les différences de comportements de consommation et décompose cette différence entre ce qui est attribuable aux différences dans les caractéristiques individuelles et la partie non expliquée inhérente à des différences culturelles, de gestion du revenu (entre épargne et transfert de fonds), de barrière de la langue, etc.

Présentation des données

Les enquêtes Budget des familles (BdF)

11 Les données utilisées dans ce papier proviennent de l’enquête BdF de l’Insee. Cette dernière est une enquête quinquennale qui fournit des données détaillées sur les dépenses de consommation et les caractéristiques des ménages en France. Pour distinguer les immigrés des natifs, nous utilisons la définition de l’Insee. Ainsi, par immigré, on entend toute personne née à l’étranger et qui ne possédait pas la nationalité française à la naissance. De ce fait, les individus nés à l’étranger et ayant acquis la nationalité française sont inclus dans la définition. En revanche, cette définition n’intègre pas les individus nés à l’étranger et de nationalité française à la naissance (constitués pour l’essentiel par les rapatriés d’Algérie au début des années soixante). Enfin, les enfants des immigrés nés en France ne répondent pas à la définition (ils n’ont pas franchi de frontière) et ne sont donc pas considérés comme des immigrés (1).

12 Le tableau 1 résume la composition de ces enquêtes. Il prend en compte l’ensemble des individus dont l’information sur le lieu de naissance (2) est disponible (3). Les caractéristiques de ces individus sont présentées dans la sous-partie suivante.

Tableau 1

composition des enquêtes

Année Total des individus Natifs % de natifs Immigrés % d’immigrés
Enquête BdF 1979 32 339 30 838 95,4 1 501 4,6
Enquête BdF 1985 20 509 18 693 91,1 1 816 8,9
Enquête BdF 1989 15 458 14 080 91,1 1 378 8,9
Enquête BdF 1995 16 115 14 904 92,5 1 211 7,5
Enquête BdF 2001 25 772 23 703 92,0 2 069 8,0
Enquête BdF 2006 25 342 22 929 90,5 2 413 9,5
Enquête BdF 2011 24 329 21 915 90,1 2 414 9,9
composition des enquêtes

composition des enquêtes

Sources : enquête Budget des familles, calculs de l’auteure.

13 Les niveaux de consommation étant déclarés au niveau du ménage, on individualise les données en utilisant des échelles d’équivalence (4) pour obtenir des consommateurs individuelles.

14 Pour effectuer la répartition entre les différents individus composant le ménage, on utilise les échelles d’équivalences de l’OCDE : un coefficient de 1 est affecté à la personne de référence du ménage ; 0,5 au conjoint et à toutes autres personnes âgées de 14 ans et plus et 0,3 aux personnes ayant moins de 14 ans. Cette répartition nous permet de définir un niveau de consommation pour chaque individu composant le ménage. Cependant des analyses de robustesse utilisant l’échelle d’Oxford seront présentées en annexe pour comparer les deux. Nous travaillerons donc par unités de consommation (UC) (5).

15 La consommation totale individuelle par origine (natif et immigré), âge et niveau de qualification, tirée de ces enquêtes, est la somme des 11 postes de consommation suivants (la composition de ces postes est détaillée en annexe A, tableau A) :

16

  • Produits alimentaires et boissons non alcoolisées : “alimentation” ;
  • Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants : “alcool-tabac (6)
  • Tissu habillement, articles habillement et chaussures : “habillement” ;
  • Logement (7), eau gaz électricité et autres combustibles : “charges logement” ;
  • Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison : “équipement” ;
  • Santé : “Santé” ;
  • Transports individuels, collectifs et services de transport : “transport” ;
  • Communications et services postaux : “communication” ;
  • Loisirs, culture et éducation : “loisirs” ;
  • Café et restauration : “restauration” ;
  • Autres biens et services : “services”.

Analyse descriptive

17 Nous présentons dans cette sous-partie une analyse comparative des variables sociodémographiques ainsi que des niveaux de consommation des natifs et des immigrés dans les enquêtes BdF.

Des différences dans les caractéristiques individuelles

18 Le tableau 2 visualise les valeurs moyennes pour les natifs et les immigrés et donne le résultat du test de comparaison des moyennes (t-test). Il montre que les moyennes d’âge des natifs et immigrés sont assez proches mais statistiquement différentes ; avec des immigrés légèrement plus jeunes jusqu’en 1995, situation qui s’inverse par la suite, puisqu’en 2011, on trouve que les immigrés ont en moyenne 3 ans de plus que les natifs. Une explication à cela serait que les immigrés originaires des pays d’Europe et du Maghreb, qui sont majoritaires dans la population immigrée, ont généralement une ancienneté élevée sur le territoire français et ont une moyenne d’âge plus élevée que les natifs (Sokhna, 2017).

19 Les immigrés vivent généralement dans des ménages dont la taille est nettement plus élevée que celle des natifs, sur toute la période de l’étude ; ce qui peut s’expliquer par le fait que le taux de fécondité est plus élevé chez les femmes immigrées (2,6 contre 1,9). Mais que ce soit chez les natifs comme chez les immigrés, la taille des ménages a progressivement diminué au cours du temps. Cependant, cette variable à elle seule ne prend pas en compte la composition du ménage puisque deux ménages peuvent avoir le même nombre d’individus et ne pas avoir des niveaux de consommation similaires car de composition différente. Par exemple, un ménage composé de deux adultes n’a pas forcément la même structure de consommation qu’un ménage composé d’un adulte et d’un enfant. C’est pour cela que nous utilisons les unités de consommations (UC) qui elles tiennent compte à la fois de la taille et de la composition du ménage. Les immigrés ont en moyenne un nombre d’UC plus élevé que celui des natifs. La consommation peut également varier selon le sexe et la situation matrimoniale des individus. Il ressort du tableau 2 que le nombre d’individus de sexe masculin est plus élevé chez les immigrés, avec une légère tendance à la baisse qui témoigne du changement dans la composition actuelle de la population immigrée en France (8). De plus, les immigrés sont le plus souvent en couple comparativement aux natifs et choisissent le plus souvent de résider en région parisienne : près de 32,2 % d’entre eux contre 14,7 % chez les natifs.

Tableau 2

caractéristiques des individus de 18 ans et plus (début)

1979 1985 1989 1995
Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test
Moyenne
Âge 45,82 42,52 *** 47,02 45,92 *** 48,37 48,49 49,07 47,24 ***
Nombre de personnes/famille 3,22 3,83 *** 2,88 3,43 *** 2,78 3,32 *** 2,67 3,26 ***
Nombre d’UC-échelle OCDE 1,96 2,18 *** 1,82 2,02 *** 1,78 2,00 *** 1,73 1,96 ***
Nombre d’UC-échelle OXFORD 2,41 2,74 *** 2,19 2,51 *** 2,14 2,47 *** 2,07 2,42 ***
Pourcentage
Sexe : masculin 47,0 54,3 *** 45,9 50,9 *** 45,6 51,4 *** 45,7 48,0 ***
Couple 71,0 73,6 * 80,0 83,0 *** 78,6 80,3 77,1 78,8
Résidence : Paris 15,5 32,2 *** 15,3 31,0 *** 15,2 32,4 *** 15,4 32,6 ***
Niveau d’étude
Niveau inférieur au Bac 86,4 90,8 *** 80,2 86,5 *** 77,3 83,0 *** 69,4 77,9 ***
Entre Bac et bac +2 8,1 3,5 *** 14,4 8,4 *** 16,4 9,7 *** 17,9 11,1 ***
Bac + 3 et plus 5,5 5,7 5,4 5,1 6,2 7,2 12,7 11,0 %
Catégorie sociale
Agriculteurs, artisans, commerçants 13,5 8,1 *** 13,6 6,9 *** 13,9 7,6 *** 11,3 7,0 ***
Cadres, profession libérale 16,8 6,5 *** 23,4 11,4 *** 25,1 13,3 *** 29,2 15,1 ***
Ouvriers, employés 42,6 53,8 *** 44,9 57,4 *** 44,6 54,9 % *** 45,6 56,1 ***
Autres 27,2 31,6 *** 18,1 24,3 *** 16,5 24,2 *** 14,0 21,9 % ***
Situation par rapport à l’emploi
En emploi 53,3 55,7 66,2 63,9 ** 56,4 50,3 *** 54,4 50,0 ***
Chômeurs 3,7 4,8 * 4,6 10,3 *** 5,8 8,7 *** 5,6 11,5 ***
Retraités 17,8 11,3 *** 26,3 22,3 *** 22,3 18,3 *** 26,2 17,4 ***
Autres 24,6 27,5 ** 3,0 3,6 15,5 22,8 *** 13,7 21,1 ***
Nombre d’individus
Total individus 21 546 978 18 682 1 815 14 066 1 377 14 903 1 211
caractéristiques des individus de 18 ans et plus (début)
caractéristiques des individus de 18 ans et plus (début)
2001 2006 2011 Ensemble
Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test
Moyenne
Âge 46,71 49,16 *** 48,04 50,00 *** 48,20 51,24 *** 47,59 48,74 ***
Nombre de personnes/famille 2,76 3,25 *** 2,73 3,18 *** 2,55 2,87 *** 2,79 3,22 ***
Nombre d’UC-échelle OCDE 1,79 1,99 *** 1,77 1,95 *** 1,69 1,82 *** 1,79 1,96 ***
Nombre d’UC-échelle OXFORD 2,14 2,44 *** 2,12 2,40 *** 2,00 2,19 *** 2,15 2,40 ***
Pourcentage
Sexe : masculin 47,2 50,7 *** 52,8 49,6 *** 47,7 46,9 47,6 49,7 ***
Couple 66,9 73,2 *** 66,1 73,8 *** 63,8 69,7 *** 71,3 75,0 ***
Résidence : Paris 14,5 29,1 *** 13,7 31,6 *** 14,0 35,0 *** 14,7 32,2 ***
Niveau d’étude
Niveau inférieur au Bac 65,6 71,6 *** 65,8 71,4 *** 57,3 64,9 *** 71,0 74,9 ***
Entre Bac et bac +2 24,6 16,8 *** 23,7 16,6 *** 28,7 21,2 *** 19,6 14,6 ***
Bac + 3 et plus 9,8 11,6 ** 10,4 12,0 * 14,0 13,9 9,4 10,5 ***
Catégorie sociale
Agriculteurs, artisans, commerçants 10,2 7,2 *** 10,0 6,7 *** 9,6 7,8 *** 11,6 7,3 ***
Cadres, profession libérale 29,3 24,0 *** 29,4 20,7 *** 33,5 22,4 *** 26,9 18,3 ***
Ouvriers, employés 51,3 56,9 *** 47,0 55,3 *** 44,7 50,9 *** 45,9 54,7 ***
Autres 7,0 8,4 ** 13,6 17,2 *** 12,2 19,0 *** 15,2 19,1 ***
Situation par rapport à l’emploi
En emploi 54,0 48,6 *** 51,2 46,5 *** 52,5 44,5 *** 55,1 49,7 ***
Chômeurs 5,6 9,9 *** 6,2 10,8 *** 6,5 9,0 *** 5,5 9,6 ***
Retraités 23,9 19,8 *** 27,2 23,7 *** 28,2 26,8 24,6 21,5 ***
Autres 16,6 21,7 *** 15,4 19,1 *** 12,8 19,7 *** 14,7 19,2 ***
Nombre d’individus
Total individus 17 563 1 949 16 805 2 215 16 411 2 251 11 9976 11 796

caractéristiques des individus de 18 ans et plus (début)

Lecture : * la différence est significative à 10 %, ** significative à 5 % et *** significative à 1 %.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

20 Des différences remarquables sont observées au niveau des diplômes, de la catégorie socioprofessionnelle et des occupations.

21 Les immigrés gardent sur toute la période la part la plus importante d’individus faiblement qualifiés (niveau inférieur au Bac). En revenche, la proportion des individus hautement qualifiés (niveau Bac +3 et plus) est proche de celle des natifs et même légèrement supérieure. Les immigrés occupent le plus souvent les emplois les moins qualifiés : la part d’employés et ouvriers est plus importante dans la population immigrée tandis que la part des cadres l’est moins. Cependant, on remarque une nette évolution : le nombre de cadres, par exemple, a augmenté passant de 6,5 % à 22,4 % pour les immigrés et de 16,8 % à 33,5 % pour les natifs entre 1979 et 2011. Le nombre d’individus en emploi est plus important chez les natifs. Les immigrés ont en leur sein plus d’individus au chômage que les natifs (5,5 % chez les natifs contre 9,6 % chez les immigrés) mais moins de retraités. Le nombre de chômeurs chez les immigrés a été particulièrement important dans les années 1980-1990, conséquence de la crise et du chômage de masse. Cependant, la diminution de la part des chômeurs en 2011 s’explique plus par la composition de l’échantillon et la situation démographique de la France - plus de retraités - que par la situation économique. En effet, l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du baby-boom fait que le pourcentage de retraités présents dans l’échantillon cette année là est plus important.

Des niveaux de consommation individuelle différents

22 Le tableau 3 montre que les niveaux de consommation sont plus élevés pour les natifs que les immigrés, et ceci pour toutes les années. En combinant toutes les enquêtes, les différences de consommation sont statistiquement non significatives. Ceci montre que la consommation annuelle individuelle moyenne est statistiquement similaire entre les natifs et les immigrés. Cependant, lorsqu’on enlève les loyers, on voit que la consommation des immigrés devient inférieure et significativement différente de celle des natifs. Les revenus individuels sont, sans surprise, plus faibles pour les immigrés que pour les natifs.

23 La comparaison des postes de consommation montre des niveaux individuels plus élevés pour les natifs. Cependant, les différences sont en faveur des immigrés pour les dépenses d’alimentation, d’habillement, de charges de logement, de communication et de restauration (voir l’échantillon global noté “ensemble”). Pour l’alimentation, cette moyenne plus importante pour les immigrés peut être liée à un effet prix : certains produits venant des pays d’origine des immigrés peuvent en effet coûter plus chers et ils habitent le plus souvent en région parisienne où les prix sont sensiblement plus élevés. La surconsommation des immigrés pour le loyer et ses charges (eau, électricité, gaz) peut s’expliquer d’une part par le fait que les immigrés sont moins souvent propriétaires et dépensent donc plus en loyer (on le voit d’ailleurs lorsque l’on supprime les loyers), et d’autre part, par le fait que les immigrés habitent le plus souvent dans des logements moins coûteux et donc moins isolés et de ce fait, ils font plus usage du chauffage augmentant ainsi leurs dépenses dans cette catégorie.

24 Simon (1995) décrit les conditions des logements occupés par la population française. Il recense que près de 7 % des logements en France sont des immeubles dégradés et ce pourcentage atteint les 30 % pour les migrants d’Algérie, du Maroc, d’Afrique noire ou de Turquie, près de 10 % pour les originaires d’Espagne. Pour les dépenses d’habillement, on peut supposer que les immigrés ont plus tendance à acheter des produits de mode pour s’affirmer et soigner leur apparence. En effet, selon Goh et alii (2017), des ressources financières limitées pour les besoins comme les vêtements imposent une limitation directe à la capacité des immigrés à naviguer dans différents contextes tels que des entrevues d’emploi ou des changements climatiques. De ce fait, les immigrés ont une plus grande préférence pour les dépenses d’habillement. Dora Dominic (2014) montre, dans une étude sur les changements de modes de consommation des immigrés indiens au Qatar, que 48 % de leurs dépenses sont consacrées aux vêtements, 24 % à la nourriture, 16 % aux accessoires de mode et 8 % à l’achat de gadgets électroniques. Ainsi, près de 64 % des migrants affirment dépenser plus pour les vêtements et les accessoires de mode. Pour les dépenses de communication, la surconsommation des immigrés est logiquement expliquée par la distance qui les sépare de leur famille d’origine faisant appel à plus de dépenses de communication téléphonique mais aussi à des frais d’envoi plus importants.

Tableau 3

comparaison des niveaux de consommation individuelle moyenne des natifs et des immigrés

1979 1985 1989 1995
Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test
Consommation totale 1 276,6 1164,2 *** 4 543,4 4 033,7 *** 6 440,8 5 687,0 *** 9 102,2 8 098,6 ***
Consommation totale sans loyer 1 222,8 1 084,8 *** 4 324,7 3 757,5 *** 6 091,3 5 184,6 *** 8 281,1 7 013,5 ***
Revenu 1 190,2 1 030,7 *** 4 462,8 3 787,3 *** 6 358,4 5 521,4 *** 9 265,6 7 576,5 ***
Alimentation 305,1 318,7 ** 954,9 958,4 1 206,1 1157,8 ** 1 605,6 1 446,9 ***
Alcool 33,4 34,5 81,3 86,5 101,4 93,7 284,2 250,4 ***
Habillement 106,3 105,7 320,0 294,0 ** 458,6 392,2 *** 547,3 514,3
Charges de logement 139,5 145,2 610,1 606,9 786,4 890,4 *** 1 343,3 1 497,1 ***
Charges sans les loyers
Équipement
85,6
112,6
65,8 ***
83,5 ***
391,4 330,6 ***
330,3 274,6 ***
436,9
505,0
388,0 ***
441,3 **
522,2
785,3
412,0 ***
648,9 ***
Santé 74,4 61,1 ** 198,5 168,5 ** 312,5 250,4 ** 528,7 433,9 **
Transport 187,9 146,6 *** 720,7 553,8 *** 1 032,9 804,1 *** 1 425,7 1 279,5 **
Communication 18,8 16,0 ** 85,5 86,2 129,1 142,2 *** 201,1 209,8
Loisir 135,7 123,9 * 467,2 383,5 *** 703,0 586,1 *** 1 038,1 784,2 ***
Restauration 52,4 52,1 211,3 197,7 341,1 322,7 425,7 369,0 **
Services 103,1 72,9 *** 449,8 339,8 *** 697,4 482,1 *** 928,7 674,5 ***
2001 2006 2011 Ensemble
Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test Natifs Immigrés t-test
Consommation totale 9 806,1 8 811,9 *** 12 872,6 11 495,8 *** 14 320,0 12 493,3 *** 8 649,0 8 726,0
Consommation totale sans loyer 9 059,2 7 898,3 *** 11 957,8 10 401,3 *** 13 327,0 11 394,3 *** 8 039,0 7 891,5 **
Revenu 10 503,2 9 337,8 *** 13 238,4 11 257,5 *** 17 404,6 14 090,2 *** 9 307,4 9038,0 ***
Alimentation 1 595,6 1 514,1 *** 1 929,1 1 811,6 *** 2 331,5 2 156,4 *** 1 458,1 1 532,6 ***
Alcool 302,7 256,3 *** 352,9 283,5 *** 465,4 333,7 *** 244,0 226,4 **
Habillement 521,5 483,2 *** 951,8 899,8 * 704,1 609,8 *** 5 30,5 541,7
Charges de logement 1 566,2 1 613,8 2 025,6 2 037,5 2 250,2 2 312,7 1 302,4 1 554,8 ***
Charges sans les loyers 819,3 700,2 *** 1 110,8 943,0 *** 1 257,2 1 213,7 692,4 720,3 ***
Ameublement 628,2 529,0 *** 928,2 772,3 *** 858,8 685,6 *** 608,2 557,1 ***
Santé 445,0 396,1 * 465,2 397,5 ** 256,5 251,9 329,1 301,4 ***
Transport 1 547,9 1 233,3 *** 1 968,2 1 705,4 *** 2 495,6 2 074,8 *** 1 392,5 1 329,5 ***
Communication 340,1 368,4 *** 450,4 467,9 465,5 447,7 * 256,2 310,0 ***
Loisir 1 086,3 904,7 *** 1 599,3 1 310,8 *** 1 639,9 1 249,2 *** 991,4 906,8 ***
Restauration 626,7 582,1 ** 613,2 561,5 * 774,8 659,1 *** 453,8 466,7
Services 1165,1 935,7 *** 1 607,7 1 256,1 *** 2 103,4 1 730,4 *** 1 058,6 982,6 ***
comparaison des niveaux de consommation individuelle moyenne des natifs et des immigrés

comparaison des niveaux de consommation individuelle moyenne des natifs et des immigrés

Lecture : * la différence est significative à 10 %, ** significative à 5 % et *** significative à 1 %.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

Contribution de l’immigration à la demande de biens et services finaux en France : une approche comptable

25 Cette partie mesure la contribution des immigrés à la demande de biens et services finaux des ménages en France. Nous décrivons d’abord la méthodologie utilisée, avant de passer à l’évaluation. Contrairement à plusieurs études sur la consommation, nous ne tentons pas de rapprocher les données d’enquête à celles de la comptabilité nationale mais le contraire. Nous cherchons à mesurer la part de la demande des immigrés dans la demande totale de biens et services, c’est pourquoi nous utilisons la notion de consommation issue des enquêtes (9) qui fait plus référence à une dépense.

Méthodologie

Définition des profils

26 L’évaluation comptable se fait au niveau individuel et mobilise trois principaux types de données :

27

  • les données sur la population française, provenant du recensement de la population et de l’Ined (Institut national d’étude démographique) (10). Comme la finalité de l’étude est de mesurer la contribution des immigrés à la consommation finale au niveau national, nous avons besoin de la part des immigrés, ainsi que de leur répartition par âge, dans la population totale ;
  • les données microéconomiques, extraites des enquêtes BdF pour les années 1979, 1985, 1989, 1995, 2001, 2006 et 2011, qui nous renseignent sur le niveau de consommation moyen des immigrés et des natifs par âge et niveau de qualification ;
  • les données des comptes nationaux (11) qui nous permettent d’avoir les valeurs des consommations finales des ménages et serviront pour le calage entre données issues des enquêtes et agrégats macroéconomiques.

28 La méthodologie utilisée consiste en la combinaison de ces trois types de données pour mener une analyse purement comptable et statique. On mesure la contribution des immigrés à la demande de biens et services pour 7 points dans le temps. Il s’agit de sept photographies à sept moments donnés de la part de la demande des immigrés dans la consommation finale des ménages.

29 On considère la consommation finale des ménages (12), notée C, définie comme la somme des 11 postes de consommation (Eκ , κ =1,..., 11) :

equation im5
11
(1) C = ∑ Eκ
κ=1

30 À l’aide des données d’enquêtes Budget des Familles, on calcule pour chaque poste de dépenses des profils de consommation moyens selon l’âge (en regroupant les individus par tranche d’âge quinquennal afin d’obtenir des cellules suffisamment fournies), le lieu de naissance (distinction entre natifs et immigrés) et le niveau d’étude (faiblement, moyennement et hautement qualifiés (13)). On obtient ainsi les profils individuels moyens de consommation pour les natifs equation im6 et les immigrés equation im7 selon le niveau de qualification s et l’âge a. La dépense agrégée pour un poste de consommation κ s’écrit :

equation im8
D
(2) Eκ = ∑ ∑θκENκ,s,aPN,s,a
s=l, m, h a=0
D
+ ∑ ∑ θκ EIκ,s,a PI,s,a
s=l, m, h a=0

31PN,s,a et PI,s,a désignent la taille de la cohorte a (avec D l’âge limite de la vie), de niveau de qualification s, pour la population des natifs, N, et des immigrés, I. Ces données découlent des recensements de la population et de l’Ined. θκ est notre variable de calibration identique pour les natifs et les immigrés selon l’âge et le niveau de qualification.

32 En effet, les agrégats reconstitués à partir des profils individuels moyens (equation im9 etequation im10 ) ne sont pas directement comparables aux données officielles de la comptabilité nationale (Eκ ). Nous ajustons alors chaque profil de manière uniforme sur l’agrégat correspondant de la comptabilité nationale en supposant que le vrai profil par âge des paiements nets individuels est simplement proportionnel au profil observé. Le facteur d’ajustement θκ est alors obtenu de la manière suivante :

equation im11
(3) θκ =
κ
E
s=l,m,haD=1E Nκ, s, aPN, s, a+s =l,m,haD=1E Iκ, s, a

33 L’idée est que l’on part des données microéconomiques que l’on agrège au niveau national, tout en calant avec les grandeurs macroéconomiques. On en tire ainsi la demande qui est attribuable aux natifs CN

equation im12
11 11⎡ D
(4) CN = ∑ ENκ = ∑ ∑ ∑ θκ ENκ,s,a PN , s , a
κ=1 κ=1⎣s=l, m, h a=0 ⎦
et aux immigrés CI
11 11⎡ D
(5) CI = ∑ EIκ = ∑ ∑ ∑ θκ EIκ,s,a PI , s , a
κ=1 κ=1⎣s=l, m, h a=0 ⎦

Quelques profils de dépenses par âge et origine

34 Les profils de consommation moyens par âge et origine ainsi obtenus après cet exercice de calage sont représentés dans le graphique 1. Il s’agit de la consommation totale moyenne par an d’un natif et d’un immigré à un âge donné. Pour des raisons de clarté on ne présentera que les graphiques de 1979 et 2011. Il apparaît que les profils des dépenses totales des natifs et des immigrés ont une forme semblable. La consommation augmente progressivement en début de vie active pour atteindre son maximum en milieu de vie active, avant de baisser sensiblement lors de l’âge de la retraite. En comparant la courbe des immigrés (courbe en pointillés) à celle des natifs (courbe en trait plein), on trouve qu’en moyenne et à tout âge, la consommation d’un immigré est inférieure à celle d’un natif. Par exemple en 1979, en moyenne un immigré de 35 ans a un niveau de consommation égal à 11 796 euros par an contre 13 986 euros pour un natif du même âge. Trente deux ans après, en 2011, l’écart est toujours le même, voire augmenté (14 567 euros contre 17 798 euros). Sachant que l’on ne prend pas en compte les loyers imputés puisque l’on veut faire ressortir ici l’idée de dépenses effectuées, nous supprimons, pour les motifs de comparaison, les loyers pour éviter un éventuel biais de consommation à la hausse pour les personnes locataires. L’annexe D montre que les différences de consommation entre natifs et immigrés se creusent de plus de 400 euros, signe que les immigrés sont, en moyenne, le plus souvent locataires (cf. graphique D.1).

35 Lorsqu’on désagrège cette consommation entre les différents postes qui la composent (voir en annexe D les graphiques D.2), on constate que cette surconsommation des natifs n’est pas vérifiée pour tous les postes. On note des différences assez marquées entre les niveaux de consommation des natifs et ceux des immigrés pour les postes de transport, de services, de loisirs, d’équipement du logement et d’alcool et tabac. Un immigré consomme en moyenne moins pour ces postes qu’un natif. Cependant pour les autres postes : alimentation, charges de logement, habillement, restauration, santé et communication, les profils de consommation moyens annuels sont assez comparables entre les natifs et les immigrés.

36 En somme, cette première partie, nous a permis de décrire la méthodologie et de présenter les données. Il en est ressorti qu’en moyenne un immigré consomme moins qu’un natif et ceci à tout âge donné. Nous allons maintenant passer à la décomposition de la demande intérieure pour les natifs et les immigrés.

La contribution des immigrés à la demande de biens et services en France

37 Nous calculons ici les contributions respectives des natifs et des immigrés à la demande totale de biens et services finaux en France. Au-delà, nous allons décomposer cette contribution selon l’âge, puisque la structure par âge des immigrés est assez différente de celle des natifs ; elle regroupe une population d’âge actif plus importante. Nous verrons que cette spécificité de la population immigrée contribue à influencer leur demande agrégée.

La part de la demande des immigrés dans la demande globale

38 Comme, on l’a vu dans l’introduction, les immigrés contribuent à la demande de biens et services dès leur entrée sur le territoire puisqu’ils doivent satisfaire des nécessités comme se nourrir, s’habiller ou se loger, etc. On décompose ici de manière comptable la consommation finale entre la demande formulée par les natifs et celle des immigrés.

Les immigrés consomment proportionnellement à leur poids dans la population... ; alors qu’en moyenne ils consomment moins à chaque âge

39 Le tableau 4 montre que la contribution en niveau des immigrés à la demande de biens et services en France est nettement plus faible que celle des natifs (en 1979, par exemple, la consommation finale des ménages en France était de 548 162 milliers d’euros de 2010, les natifs y ont contribué à hauteur de 508 070 milliers d’euros et les immigrés à 40 092 milliers d’euros) ; ce qui est logique et exclusivement lié à un effet de taille, vu que leur poids dans la population française est plus faible (compris entre 7,3 % et 8,6 % suivant les années). Cependant, la part de la demande des immigrés est très comparable à leur poids dans la population.

40 La troisième partie du tableau 4 montre que les immigrés ont une contribution à la consommation agrégée proportionnelle à leur taille dans la population totale. Pourtant, comme on l’a vu dans le graphique 1, en moyenne un immigré affiche une consommation inférieure à celle d’un natif à tout âge, donc une fois agrégée, la consommation des immigrés devrait être inférieure à leur poids dans la population totale. Ceci serait dû à leur structure par âge, où la classe d’âge active est surreprésentée.

Contribution à la demande plus que proportionnelle à leur poids dans la population dans certains postes de consommation

41 Le tableau 4 montre que les immigrés représentent entre 7,3 % et 8,6 % de la population française et demandent entre 5,6 % et 10,2 % selon les produits en question. Donc la part de la demande des immigrés pour certaines catégories de biens dépasse leur poids dans la population française. C’est le cas de l’alimentation, la restauration, les charges du logement, les dépenses d’habillement et la communication (14). Une augmentation de la population immigrée serait synonyme d’une hausse plus que proportionnelle de la demande dans ces secteurs. Nous verrons dans l’analyse empirique si cette surconsommation dans ces postes persiste à caractéristiques individuelles égales.

Graphique 1

consommation par individu selon l’âge et l’origine en 1979 et 2011 (en milliers d’euros de 2010)

consommation par individu selon l’âge et l’origine en 1979 et 2011 (en milliers d’euros de 2010)

consommation par individu selon l’âge et l’origine en 1979 et 2011 (en milliers d’euros de 2010)

Sources : enquête Budget des familles, calculs de l’auteure.

Une structure par âge plus favorable à la consommation

42 La courbe de la consommation en fonction de l’âge a une forme concave indiquant un niveau de consommation qui augmente progressivement, puis baisse une fois arrivé à l’âge de retraite. Cela se visualise sur le graphique 2 qui représente la contribution globale de chaque groupe d’âge ainsi que la part de la contribution de chacun de ces groupes d’âge dans la contribution globale des natifs et immigrés. On distingue les trois grands groupes d’âge suivants : les jeunes (0-17 ans), les actifs (18-64 ans) et les séniors (65 ans et plus). On remarque que la contribution globale des natifs est supérieure à celle des immigrés pour chaque groupe d’âge ; ce qui est logique puisque les immigrés sont moins nombreux. La configuration de la demande est également similaire, les actifs ont la contribution globale la plus importante, suivis des séniors puis des jeunes. Cependant, la différence marquante entre le graphique des natifs et celle des immigrés est la part de la contribution des personnes d’âge active : celle-ci se situe entre 71 et 81 % pour la population native et entre 79 et 83 % pour la population immigrée. Cela apporte l’explication aux résultats observés dans le tableau 4 : les immigrés ont une contribution agrégée proportionnelle à leur taille dans la population, alors qu’en moyenne ils ont un niveau de consommation inférieur à tout âge à celui des natifs. C’est bien le fait que les immigrés soient surreprésentés dans la classe d’âge des actifs où la consommation est à son niveau maximal, qui contribue à augmenter la consommation des immigrés au niveau agrégé.

43 On le voit davantage sur le graphique 3 qui représente la consommation individuelle des natifs et des immigrés par groupe d’âge et la part que représente chaque groupe d’âge dans les populations respectives. On trouve que la contribution d’un immigré en moyenne est inférieure pour chaque catégorie d’âge à celle d’un natif. Par exemple en 2001, un jeune immigré consomme 6 044 euros par an contre 6 278 euros pour un jeune natif ; pour les actifs, les montants sont respectivement de 14 477 euros et 16 602 euros et pour les séniors on a 13 533 euros pour un immigré et 14 481 euros pour un natif. Cependant, comme les actifs sont plus nombreux dans la population immigrée (entre 74-78 % contre 59-62 % pour les natifs), une fois agrégée la contribution des immigrés devient plus importante. La baisse de la consommation en 2011 chez les actifs immigrés, qui devient plus faible que celle des séniors montre que la crise a bien plus impacté les immigrés. Même si on observe aussi une baisse pour les natifs, celle-ci n’est pas aussi marquée que celle pour les immigrés.

Tableau 4

contribution des immigrés à la demande globale

1979 1984 1989 1995 2001 2006 2011
Consommation finale (en milliers d’euros 2010)
Totale 548 162 589 584 667 041 700 467 816 901 899 011 938 803
Natifs 508 070 543 645 617 909 645 929 757 175 827 346 859 436
Immigrés 40 092 45 939 49 132 54 538 59 726 71 665 79 367
Part des immigrés dans la population totale(%)
7,3 7,3 7,3 7,3 7,3 8,1 8,6
Contribution des immigrés (en % de la demande globale)
7,3 7,8 7,4 7,8 7,3 8,0 8,5
Part de la demande des immigrés dans chaque poste(%)
Alimentation 8,5 9,0 8,1 8,2 7,6 8,3 8,5
Alcool 6,9 6,9 5,6 7,2 7,0 7,7 7,5
Habillement 7,9 8,1 7,2 8,3 7,7 8,3 8,9
Charges du logement 8,8 8,3 8,6 8,9 8,4 9,1 10,2
Charges sans les loyers
Équipement
6,6
6,0
7,6
7,3
7,2
6,9
7,3
7,3
6,8
6,7
7,6
7,4
9,1
7,5
Santé 6,9 7,5 6,5 8,1 7,3 7,4 8,9
Transport 6,1 6,9 6,4 7,8 6,7 7,7 8,3
Communication 6,6 8,7 8,9 9,2 8,9 9,4 9,5
Loisir 6,8 7,1 7,2 6,6 6,7 7,4 7,3
Restauration 7,5 7,5 8,9 6,9 7,3 8,2 8,6
Services 5,8 6,8 5,9 7,6 6,6 7,2 7,9
contribution des immigrés à la demande globale

contribution des immigrés à la demande globale

Source : calculs de l’auteure.

44 En résumé, nous avons montré dans cette partie que les immigrés contribuent proportionnellement à leur poids dans la population à la consommation de biens et services en France, alors qu’au niveau individuel leur consommation est inférieure à tout âge à celle des natifs. Toutefois, leur structure par âge (il y a plus d’individus âgés entre 18-64 ans) fait que leur consommation est boostée par ces effets d’âge. À âge et caractéristiques égales, que se passerait-il alors ?

Différences dans les comportements de consommation : une analyse empirique

45 Dans la partie précédente, nous avons montré que les comportements de consommation dépendent des caractéristiques comme l’âge. Nous allons maintenant voir s’il existe des différences dans les niveaux de consommation si on neutralise ces effets, différences attribuables alors au statut d’immigré. Pour aller au-delà de ces simples différences, nous expliquerons grâce à la décomposition de Oaxaca-Blinder quelle partie est expliquée par les caractéristiques observables et quelle partie est due à de potentielles différences inobservables (comme la culture, la barrière de la langue, les transferts de fonds, etc).

L’estimation économétrique

46 Notre analyse des comportements de consommation des natifs et immigrés en France porte sur les individus âgés entre 18 ans et plus (15) des enquêtes BdF. Nous faisons une régression en regroupant les données en coupe transversale des différentes périodes des enquêtes ; ce qui nous fait un total de 131 772 individus dont 11 796 immigrés (à savoir 9 % d’immigrés).

Graphique 2 : contribution globale par groupe d’âge et part en pourcentage de la contribution globale

Natifs

Natifs

Natifs

Immigrés

Immigrés

Immigrés

Graphique 2 : contribution globale par groupe d’âge et part en pourcentage de la contribution globale

Source : calculs de l’auteure.

47 Nous nous fondons sur un modèle de consommation keynésien expliquant la consommation par le revenu disponible. Cependant, afin de faire ressortir les différences attribuables au seul statut d’immigré, nous prenons comme variables de contrôle les caractéristiques des individus. Nous estimons ainsi l’équation suivante :

equation im17
(6) lnCi = α +βIi + γ ln YiXi + λTi + εi

48 Dans cette équation i est l’indice de l’individu. La variable dépendante Ci représente la consommation agrégée de l’individu (pour l’analyse au niveau désagrégé, on remplace cette variable par les dépenses par poste), elle est prise en logarithme. La variable Ii est une variable muette égale à 1 si la personne de référence du ménage est un immigré et 0 sinon. Le coefficient β fournit alors la différence en pourcentage dans la consommation des biens entre les natifs et les immigrés. S’il est positif, il suggère que les immigrés consomment, toutes choses égales par ailleurs, plus que les natifs. Yi représente le revenu disponible de l’individu i. La variable Xireprésente l’ensemble des variables de contrôle, à savoir l’âge, le sexe, la situation matrimoniale, le niveau d’éducation, la localisation, la situation sur le marché du travail, la catégorie socioprofessionnelle ainsi que les conditions financières (variable dummy prenant la valeur 1 si l’individu a au moins un placement financier et 0 sinon). Enfin, la variable Tiest une variable dummy permettant d’identifier l’année de l’enquête. L’annexe F explique pourquoi il n’a pas été possible d’effectuer les régressions en pseudo panel.

Graphique 3 : décomposition de la contribution individuelle à la demande par catégorie d’âge

Natifs

Natifs

Natifs

Immigrés

Immigrés

Immigrés

Graphique 3 : décomposition de la contribution individuelle à la demande par catégorie d’âge

Source : calculs de l’auteure.

Interprétation de la variable d’intérêt : immigré

49 Les résultats résumés dans le tableau 5 montrent que les immigrés consomment, toutes choses égales par ailleurs, moins que les natifs. En d’autres termes, un immigré dépense 10,7 % de moins qu’un natif ayant les mêmes caractéristiques que lui – à savoir le même âge, sexe, niveau de revenu, niveau d’éducation, la même situation par rapport à l’emploi, zone géographique et situation financière –. Pareillement, lorsqu’on utilise l’échelle d’Oxford (cf. le tableau E.2 en annexe E), les résultats sont semblables, mais la différence s’accentue (16) (-12,8 %). Une explication à cette plus faible consommation pourrait être les transferts de fonds des migrants vers leurs pays d’origine ; ces transferts constituent une partie du revenu non consommée chez les migrants. L’épargne des migrants peut également expliquer en partie cette moindre consommation ; mais cela doit être mis en relation avec la nature de la migration temporaire ou permanente. En effet, comme le souligne Dustmann et Görlach (2016) et Chen (2017), les immigrés qui décident de ne s’installer que temporairement ont généralement moins de dépenses de consommation et épargnent plus pour se couvrir d’un éventuel retour ou d’un changement de pays. Une autre explication pourrait être la différence culturelle. Nous allons voir dans la partie décomposition quel pourcentage est attribuable à ces caractéristiques non observables dans notre échantillon.

Tableau 5

estimation de la consommation (début)

Consommation totale Alimentation Alcool-tabac Habillement Charges du logement Charges sans les loyers
Immigré - 0,107*** - 0,055*** - 0,287*** - 0,056*** - 0,011 - 0,169***
(0,005) (0,008) (0,026) (0,020) (0,010) (0,010)
log revenu 0,073*** 0,044*** 0,043*** 0,112*** 0,060*** 0,061***
(0,001) (0,002) (0,004) (0,004) (0,002) (0,002)
Âge 0,027*** 0,042*** - 0,025*** 0,053*** 0,006*** 0,044***
(0,001) (0,001) (0,002) (0,002) (0,001) (0,001)
Âge au carrée - 0,000*** - 0,000*** - 0,000** - 0,001*** - 0,000** - 0,000***
(0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000)
Célibataire (a) 0,151*** - 0,012* - 0,680*** - 0,271*** 0,354*** 0,189***
(0,004) (0,007) (0,017) (0,016) (0,008) (0,008)
Femme (b) - 0,367*** - 0,380*** - 0,076*** - 0,177*** - 0,331*** - 0,347***
(0,003) (0,005) (0,015) (0,012) (0,006) (0,006)
Faiblement qualifiés (c) - 0,287*** - 0,084*** 0,447*** - 0,384*** - 0,200*** - 0,112***
(0,005) (0,008) (0,028) (0,020) (0,011) (0,011)
Moyennement qualifiés (c) - 0,117*** - 0,037*** 0,141*** - 0,062*** - 0,137*** - 0,060***
(0,006) (0,009) (0,029) (0,020) (0,012) (0,011)
Rural (d) - 0,245*** - 0,083*** 0,135*** - 0,315*** - 0,571*** - 0,067***
(0,005) (0,007) (0,023) (0,018) (0,010) (0,009)
Moins de 100 000 habitants (d) - 0,150*** - 0,041*** 0,168*** - 0,133*** - 0,260*** - 0,010
(0,005) (0,007) (0,023) (0,018) (0,009) (0,009)
Plus de 100 000 habitants (d) - 0,108*** - 0,039*** 0,122*** - 0,049*** - 0,157*** - 0,046***
(0,005) (0,007) (0,023) (0,018) (0,009) (0,009)
Agriculteurs-artisans-commerçants(e) - 0,218*** - 0,136*** - 0,354*** - 0,355*** - 0,207*** - 0,212***
(0,006) (0,009) (0,026) (0,023) (0,011) (0,011)
Ouvriers-employés(e) - 0,218*** - 0,130*** - 0,111*** - 0,390*** - 0,085*** - 0,173***
(0,004) (0,006) (0,020) (0,015) (0,007) (0,007)
Autres(e) - 0,322*** - 0,156*** - 0,140*** - 0,468*** - 0,276*** - 0,235***
(0,007) (0,009) (0,031) (0,025) (0,013) (0,013)
Chômeurs (f) - 0,228*** - 0,145*** 0,003 - 0,516*** 0,027** - 0,098***
(0,007) (0,011) (0,032) (0,026) (0,012) (0,012)
Retraités (f) - 0,068*** 0,020** - 0,056** - 0,199*** - 0,028*** - 0,012
(0,006) (0,009) (0,024) (0,025) (0,010) (0,010)
Autres (f) - 0,123*** - 0,049*** - 0,134*** - 0,144*** - 0,104*** - 0,072***
(0,006) (0,009) (0,029) (0,023) (0,012) (0,012)
Sans patrimoine financier (g) - 0,158*** - 0,122*** - 0,018 - 0,437*** 0,048*** - 0,112***
(0,003) (0,005) (0,016) (0,013) (0,006) (0,006)
1979 (h) - 2,010*** - 1,513*** - 1,940*** - 1,230*** - 2,390*** - 2,404***
(0,007) (0,012) (0,030) (0,024) (0,013) (0,012)
1984 (h) - 0,876*** - 0,465*** - 1,931*** - 0,366*** - 1,029*** - 1,016***
(0,006) (0,011) (0,029) (0,022) (0,011) (0,011)
1989 (h) - 0,588*** - 0,276*** - 1,953*** - 0,119*** - 0,846*** - 0,913***
(0,006) (0,011) (0,030) (0,023) (0,011) (0,010)
1995 (h) - 0,347*** - 0,079*** 0,895*** - 0,296*** - 0,346*** - 0,793***
(0,005) (0,011) (0,029) (0,023) (0,010) (0,010)
2001 (h) - 0,310*** - 0,101*** 0,680*** - 0,302*** - 0,247*** - 0,454***
(0,005) (0,011) (0,029) (0,021) (0,010) (0,010)
2006 (h) - 0,204*** - 0,118*** 0,443*** 0,403*** - 0,211*** - 0,232***
(0,006) (0,012) (0,031) (0,022) (0,011) (0,010)
Constante 8,761*** 6,166*** 4,322*** 4,811*** 6,999*** 5,295***
(0,020) (0,030) (0,079) (0,071) (0,038) (0,037)
R2 0,75 0,44 0,24 0,21 0,51 0,52
estimation de la consommation (début)

estimation de la consommation (début)

Lecture : individus âgés de 18 ans et plus * significatif à 10 %, ** significatif 5 % et *** significatif à 1 %. Les valeurs entre parenthèses représentent les écart-types.
Modalités de références : (a) en couple ; (b) homme ; (c) hautement qualifiés ; (d) Paris ;(e) cadres et profession libérale ; (f) en emploi ; (g) avec au moins n patrimoine financier ; (h) 2011.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.
Tableau 5

estimation de la consommation (suite et fin)

Équipement Santé Transport Communication Loisir Restauration Services
Immigré - 0,124*** - 0,187*** - 0,135*** - 0,119*** - 0,328*** - 0,138*** - 0,273***
(0,018) (0,026) (0,022) (0,013) (0,014) (0,024) (0,010)
log revenu 0,131*** 0,104*** 0,110*** 0,056*** 0,113*** 0,129*** 0,086***
(0,004) (0,005) (0,004) (0,003) (0,003) (0,005) (0,002)
Âge 0,005** - 0,008*** 0,081*** 0,044*** 0,064*** 0,038*** 0,030***
(0,002) (0,003) (0,002) (0,001) (0,002) (0,002) (0,001)
Âge au carrée - 0,000*** 0,000*** - 0,001*** - 0,000*** - 0,001*** - 0,001*** - 0,000***
(0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000)
Célibataire - 0,466*** - 0,184*** - 0,611*** 0,243*** - 0,047*** - 0,083*** 0,003
(0,015) (0,020) (0,017) (0,010) (0,011) (0,017) (0,007)
Femme - 0,213*** - 0,929*** - 0,495*** - 0,289*** - 0,366*** - 0,330*** - 0,309***
(0,012) (0,016) (0,013) (0,008) (0,008) (0,015) (0,006)
Faiblement qualifiés - 0,439*** - 0,325*** - 0,462*** - 0,409*** - 0,554*** - 0,856*** - 0,223***
(0,019) (0,028) (0,020) (0,012) (0,012) (0,023) (0,009)
Moyennement qualifiés - 0,177*** - 0,077*** - 0,089*** - 0,112*** - 0,174*** - 0,191*** - 0,075***
(0,020) (0,029) (0,019) (0,012) (0,012) (0,023) (0,009)
Rural - 0,058*** - 0,279*** 0,085*** - 0,430*** - 0,512*** - 0,935*** - 0,090***
(0,017) (0,025) (0,019) (0,011) (0,012) (0,021) (0,008)
Moins de 100 000 habitants 0,039** - 0,227*** - 0,048*** - 0,329*** - 0,297*** - 0,898*** - 0,015*
(0,017) (0,024) (0,019) (0,011) (0,011) (0,020) (0,008)
Plus de 100 000 habitants 0,008 - 0,166*** - 0,017 - 0,256*** - 0,192*** - 0,617*** - 0,009
(0,017) (0,024) (0,018) (0,011) (0,011) (0,020) (0,008)
Agriculteurs-artisans-commerçants - 0,557*** - 0,403*** - 0,525*** - 0,250*** - 0,607*** - 0,733*** - 0,085***
(0,021) (0,029) (0,024) (0,013) (0,016) (0,027) (0,009)
Ouvriers-employés - 0,333*** - 0,290*** - 0,456*** - 0,271*** - 0,406*** - 0,671*** - 0,255***
(0,014) (0,021) (0,016) (0,009) (0,009) (0,018) (0,006)
Autres - 0,463*** - 0,944*** - 0,401*** - 0,312*** - 0,442*** - 0,646*** - 0,358***
(0,023) (0,030) (0,027) (0,016) (0,017) (0,030) (0,011)
Chômeurs - 0,343*** - 0,101*** - 0,533*** - 0,116*** - 0,400*** - 0,907*** - 0,374***
(0,023) (0,033) (0,028) (0,017) (0,018) (0,031) (0,012)
Retraités - 0,052** 0,039 - 0,047* - 0,016 0,068*** - 0,820*** - 0,090***
(0,021) (0,029) (0,026) (0,013) (0,016) (0,028) (0,010)
Autres - 0,160*** 0,545*** - 0,222*** - 0,018 - 0,062*** - 0,459*** - 0,213***
(0,022) (0,029) (0,026) (0,015) (0,016) (0,028) (0,011)
Sans patrimoine financier - 0,407*** - 0,321*** - 0,495*** - 0,172*** - 0,434*** - 0,495*** - 0,378***
(0,012) (0,017) (0,014) (0,008) (0,009) (0,016) (0,006)
1979 - 1,236*** - 1,413*** - 2,102*** - 3,526*** - 2,055*** - 1,864*** - 2,809***
(0,024) (0,028) (0,026) (0,016) (0,017) (0,028) (0,011)
1984 - 0,318*** - 1,616*** - 1,121*** - 1,725*** - 0,863*** - 0,864*** - 1,423***
(0,022) (0,027) (0,024) (0,013) (0,014) (0,027) (0,010)
1989 0,075*** - 1,571*** - 0,835*** - 1,282*** - 0,537*** - 0,275*** - 1,009***
(0,022) (0,029) (0,025) (0,012) (0,014) (0,027) (0,009)
1995 0,400*** - 0,047* - 0,476*** - 0,878*** - 0,515*** - 0,494*** - 0,804***
(0,021) (0,028) (0,023) (0,010) (0,015) (0,027) (0,008)
2001 0,045** - 0,501*** - 0,517*** - 0,451*** - 0,366*** - 0,080*** - 0,546***
(0,021) (0,027) (0,023) (0,010) (0,013) (0,026) (0,007)
2006 0,414*** - 0,799*** - 0,438*** - 0,280*** - 0,053*** - 0,299*** - 0,376***
(0,021) (0,028) (0,024) (0,012) (0,014) (0,027) (0,008)
Constante 5,093*** 4,182*** 5,955*** 5,087*** 5,782*** 5,832*** 6,502***
(0,067) (0,086) (0,075) (0,045) (0,050) (0,079) (0,034)
R2 0,21 0,15 0,30 0,57 0,42 0,30 0,65
estimation de la consommation (suite et fin)

estimation de la consommation (suite et fin)

Lecture : individus âgés de 18 ans et plus. * significatif à 10 %, ** significatif 5 % et *** significatif à 1 %. Les valeurs entre parenthèses représentent les écarts types.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

50 Le tableau 5 présente également les coefficients pour nos onze postes de consommation. La consommation totale des immigrés observée est plus faible que pour les natifs pour l’ensemble des postes de consommation pris individuellement. Mises à part les dépenses liées aux charges du logement dont le coefficient est non significatif et les dépenses en alimentation et en habillement qui ne sont inférieures que de 5 % comparées à celles des natifs, les immigrés présentent des dépenses en tous postes très inférieures à celles des natifs. Les différences sont plus marquées pour les dépenses de loisirs (-32,8 % de moins que les natifs), les services (-27,3 %), l’alcool et tabac (-28,7 %), la santé (-18,7 %), les charges sans les loyers (-16,9 %), la restauration (-13,8 %), les transports (-13,5 %), l’équipement du logement (-12,4 %) et enfin la communication (-11,9 %). Ainsi, les résultats observés dans la partie comptable n’étaient dus qu’à un pur effet d’âge. Une fois qu’on neutralise ces effets, la surconsommation des immigrés pour certains postes disparaît.

Interprétation des variables de contrôle

51 Pour la consommation agrégée, l’âge a la forme attendue à savoir concave, ce qui montre que les dépenses de consommation augmentent avec l’âge au début de la vie active, avant de diminuer vers l’âge de la retraite (le carré de l’âge a un signe négatif). Il ressort que leur niveau augmente avec l’âge de façon concave, pour la majorité des postes de consommation sauf pour les dépenses d’alcool et de tabac qui diminuent avec l’âge, ce qui est logique puisque les dépenses de santé sont plus élevées pour les jeunes et les séniors. L’interprétation de la variable situation matrimoniale peut prêter à confusion mais le signe positif pour la modalité célibataire est compréhensible dans la mesure où les valeurs utilisées sont les dépenses de consommation individualisée grâce aux unités de consommation. À cause des économies d’échelle réalisées sur certains postes de consommation, l’individualisation peut diminuer la consommation des individus vivant dans des ménages de plusieurs personnes comparativement aux personnes vivant seules.

52 Le niveau de diplôme a le signe attendu. La consommation augmente avec le niveau de diplôme : les personnes faiblement qualifiées consomment 28,7 % de moins que les hautement qualifiées ; celles qui sont moyennement qualifiées consomment elles également 11,7 % de moins. En ce qui concerne la localisation, les personnes qui résident en Province consomment moins que ceux vivant dans la capitale, ce qui peut s’expliquer par le niveau des prix plus élevés à Paris que dans d’autres villes. Concernant la catégorie socioprofessionnelle et la situation par rapport à l’emploi, les résultats sont conformes aux attentes. Toutes les catégories professionnelles non cadres ont bien une consommation inférieure à celle des cadres. De même, la demande est plus faible pour les chômeurs comparativement aux personnes en emploi. Détenir un patrimoine financier est synonyme d’une consommation plus élevée par rapport à ceux qui n’en détiennent pas.

53 Enfin, les références temporelles indiquent bien que la consommation en France augmente au fil des années. Par rapport à 2011, dernière année de notre échantillon, toutes les années antérieures des enquêtes BdF affichent un niveau de consommation inférieur. Les dépenses d’alcool et d’équipement du logement sont cependant des exceptions.

54 Nous allons voir maintenant quelle part de la différence de consommation entre les natifs et immigrés en France est expliquée par ces caractéristiques observables.

Décomposition de Oaxaca-Blinder

Méthodologie

55 La méthode de Oaxaca-Blinder a longtemps été utilisée pour tester la différence des moyennes entre groupes. Elle est surtout connue pour l’étude des différences de salaires entre les hommes et les femmes (voir les articles fondateurs de Blinder, 1973, et Oaxaca, 1973). Grâce à cette décomposition, il est possible de distinguer la partie de l’écart salarial entre les hommes et les femmes qui s’explique par une différence dans les caractéristiques de la partie qui, elle, est non expliquée et souvent qualifiée de discrimination. Nous l’appliquons, dans notre cas, à l’analyse des différences de consommation entre natifs et immigrés pour montrer qu’est ce qui de cette différence est expliquée par les caractéristiques observables et non observables. Ces dernières font référence à l’ensemble des variables non présentes dans notre étude, qui peut dans notre cas relever des différences culturelles, du niveau de revenu du pays d’origine, des transferts de fonds, de l’épargne, des barrières de la langue, etc.

56 Dans l’approche de Oaxaca-Blinder, l’écart moyen entre les niveaux de la variable étudiée dans les deux groupes peut être décomposé en trois composantes (“Three Fold Decomposition”) ou deux composantes (“Two Fold Decomposition”) (17). Supposons le modèle linéaire suivant :

equation im22
(7) Yl = Xl'βl + εl

57 avec lN, I (N : les natifs et I : les immigrés). La variable à expliquer pour les deux groupes (N, I) est Y. Xl est la matrice des covariances des variables explicatives et εl contient toutes les informations qui ne sont pas prises en compte dans la relation. La différence (D) des moyennes entre les deux groupes peut s’écrire :

equation im23
(8) D =[E(XN ) − E(XI )]' βN + E(XN )'N −βI)
+[E(XN ) − E(XI )]'N − βI)

58 Cette décomposition dite “Three Fold” permet de distinguer trois composantes de la différence et prend les natifs comme groupe de référence. La première partie dit “effets des dotations ou des caractéristiques” ([E (XN ) − E (XI )]' βN ) équivaut à la partie de la différence qui est due aux différences dans les caractéristiques des individus. La deuxième partie appelée “effets des coefficients” (E(XN )'N −βI )) mesure la contribution des différences dans les coefficients (y compris les différences dans la constante). L’effet des coefficients quantifie le changement dans le résultat moyen du groupe des immigrés lorsqu’on leur applique les coefficients de leurs homologues natifs. Enfin la dernière partie ou “effets d’interaction” ([E(XN ) − E(XI )]'N −βI )) mesure le fait que les différences de dotation et de coefficients existent simultanément entre les deux groupes.

59 Pour une interprétation plus facile, nous pouvons nous demander quelle partie de l’écart global est attribuable à : (i) des différences dans les variables explicatives (composante expliquée) plutôt que (ii) des différences dans les coefficients (composante inexpliquée). La décomposition Oaxaca-Blinder (Two Fold Decomposition) cherche à faire exactement cela. Cette décomposition, fondée sur un coefficient non discriminatoire noté (β* ), s’écrit :

equation im24
(9) D =[E(XN ) − E(XI )]' β* + E(XN )'N −β*)
+ E(XI )'* −βI )]

60 La partie expliquée [E(XN ) − E (XI )]' β* est la partie du différentiel qui est expliquée par les différences dans les caractéristiques des individus. La partie inexpliquée E(XN )'N −β* ) + E(XI )'* −βI) englobe tous les effets potentiels des différences entre les variables non observées.

Résultats de la décomposition

61 Le tableau 6 visualise les résultats de la décomposition de Oaxaca-Blinder. Il montre que les différences dans les comportements de consommation entre les natifs et les immigrés s’expliquent pour une grande partie par les différences dans les caractéristiques observées (revenu, âge, sexe, situation matrimoniale, localisation, situation par rapport à l’emploi, etc.). Le signe négatif pour les effets de dotation et la partie expliquée signifie que les caractéristiques des immigrés sont plus propices à un niveau de consommation plus élevé. En effet, les immigrés seraient beaucoup mieux lotis pour prétendre à une consommation supérieure ; ils sont majoritairement en âge actif où la consommation est à son niveau maximal, ils habitent plus souvent en région parisienne où les prix sont généralement plus élevés par rapport aux autres zones géographiques, vivent dans des ménages plus nombreux, etc. Ils devraient alors avoir un niveau de consommation supérieur. Cependant, cet effet de surconsommation est contrebalancé par les effets des caractéristiques non observables.

62 Ainsi les résultats montrent que le logarithme de la consommation moyenne des natifs est de 8,5 contre 8,6 pour les immigrés, ce qui donne une différence de - 0,09. Cette différence est subdivisée en trois partie. Le premier écart, dotation, reflète la diminution de consommation moyenne des immigrés à caractéristiques égales avec les natifs. Ainsi cet écart de -0,213, indique que si les immigrés avaient les même caractéristiques (âge, éducation, sexe, situation matrimoniale, catégorie socioprofessionnelle, lieu de résidence, etc.) leur consommation serait plus faible que celle des natifs. Le deuxième écart, coefficient, est de +0,05. Ce gap peut être lié à un avantage des caractéristiques qu’ont les natifs et une sous-estimation des caractéristiques des immigrés. Cette dernière peut être attribuée à l’inégalité. Elle peut refléter dans notre situation les différences culturelles, les transferts des immigrés qui diminuent la part du revenu qui est consacré à la consommation ou un système d’épargne différent de celui des natifs pour les immigrés qui prévoient un retour, etc. L’écart quantifie ainsi le changement positif dans la consommation des immigrés si on leurs appliquait les coefficients de leurs homologues natifs. Le troisième écart, interaction, mesure quant à lui l’effet simultané entre les caractéristiques et les coefficients.

63 De manière plus explicite, la différence de consommation entre les natifs et les immigrés en France est plus expliquée par les caractéristiques individuelles (-0,205), mais la partie non expliquée reste non négligeable dans cette différence (0,107). Cette typologie dans la décomposition est également observable pour une grande partie des postes de consommation (alimentation, habillement, charges du logement, communication et restauration) avec une différence majoritairement expliquée par les dissemblances dans les caractéristiques individuelles (avec toujours une partie expliquée négative qui souligne l’impact positif des caractéristiques des immigrés sur la consommation). Cependant, la partie non expliquée domine pour certains postes de consommation, c’est le cas notamment des dépenses d’alcool et tabac, d’équipements du logement, de santé, de transport, de loisirs et de services. Elle pourrait être attribuée à des facteurs plus difficilement observables. Par exemple, pour les dépenses d’alcool et tabac, l’explication pourrait être purement culturelle et religieuse. Les personnes d’origine maghrébine et d’une partie de l’Asie et de l’Afrique Sub-saharienne ne consomment pas, le plus souvent, d’alcool, et feront donc moins de dépenses pour ce poste. Pour les équipements du logement, la plus forte part de la partie non expliquée dans la différence de consommation entre les natifs et les immigrés s’explique par le fait que les immigrés sont généralement installés de façon temporaire et investissent moins dans les équipements du logement ou louent souvent des logements déjà meublés.

Tableau 6

décomposition de Oaxaca-Blinder de la différence de consommation entre les natifs et les immigrés

Consommation Consommation sans loyer Alimentation Alcool-tabac Habillement Charges de logement Charges sans les loyers
Natifs
Immigrés
Différence
8,550 *** 8,482 *** 6,818 *** 2,890 *** 4,914 *** 6,282 *** 5,783 ***
(0,003) (0,003) (0,003) (0,008) (0,006) (0,004) (0,004)
8,648 *** 8,539 *** 6,931 *** 2,781 *** 4,944 *** 6,617 *** 5,871 ***
(0,009) (0,009) (0,009) (0,026) (0,021) (0,012) (0,012)
- 0,099 *** - 0,057 *** - 0,113 *** 0,109 *** - 0,030 - 0,335 *** - 0,088 ***
(0,009) (0,009) (0,010) (0,027) (0,022) (0,013) (0,013)
Three-fold
Decomposition
Dotations - 0,213 *** - 0,194 *** - 0,174 *** - 0,206 *** - 0,096 *** - 0,351 *** - 0,263 ***
(0,008) (0,008) (0,006) (0,014) (0,010) (0,009) (0,009)
Coefficients 0,050 *** 0,064 *** 0,005 *** 0,062 * - 0,004 - 0,015 0,129 ***
(0,007) (0,007) (0,011) (0,033) (0,026) (0,013) (0,013)
Interaction 0,065 *** 0,072 *** 0,056 *** 0,253 *** 0,070 *** 0,031 *** 0,045 ***
(0,005) (0,005) (0,007) (0,023) (0,018) (0,009) (0,009)
Two-fold
Decomposition
Partie expliquée - 0,205 *** - 0,186 *** - 0,169 *** - 0,177 *** - 0,086 *** - 0,346 *** - 0,257 ***
(0,008) (0,008) (0,006) (0,014) (0,010) (0,009) (0,009)
Partie non expliquée 0,107 *** 0,128 *** 0,055 *** 0,287 *** 0,056 *** 0,011 0,169 ***
(0,005) (0,005) (0,008) (0,026) (0,020) (0,010) (0,010)
Natifs Équipement Santé Transport Communication Loisir Restauration Services
5,042 *** 3,084 *** 5,577 *** 4,434 *** 5,849 *** 3,858 *** 6,150 ***
(0,006) (0,008) (0,007) (0,005) (0,005) (0,008) (0,004)
Immigrés 4,990 *** 3,030 *** 5,515 *** 4,704 *** 5,740 *** 3,891 *** 6,077 ***
(0,019) (0,026) (0,024) (0,017) (0,016) (0,026) (0,013)
Différence 0,053 *** 0,054 * 0,062 ** - 0,270 *** 0,109 *** - 0,033 0,073 ***
(0,020) (0,027) (0,025) (0,018) (0,017) (0,027) (0,014)
Three-fold
Decomposition
Dotations - 0,083 *** - 0,147 *** - 0,078 *** - 0,396 *** - 0,241 *** - 0,182 *** - 0,210 ***
(0,009) (0,013) (0,013) (0,012) (0,010) (0,015) (0,010)
Coefficients 0,038 0,088 *** 0,092 *** 0,094 *** 0,145 *** 0,042 0,205 ***
(0,023) (0,033) (0,028) (0,016) (0,018) (0,030) (0,012)
Interaction 0,097 *** 0,113 *** 0,048 ** 0,033 *** 0,205 *** 0,108 *** 0,078 ***
(0,016) (0,022) (0,019) (0,011) (0,013) (0,021) (0,008)
Two-fold
Decomposition
Partie expliquée - 0,072 *** - 0,133 *** - 0,073 *** - 0,389 *** - 0,219 *** - 0,170 *** - 0,201 ***
(0,009) (0,012) (0,013) (0,012) (0,010) (0,015) (0,010)
Partie non expliquée 0,124 *** 0,187 *** 0,135 *** 0,119 *** 0,327 *** 0,138 *** 0,273 ***
(0,018) (0,026) (0,022) (0,013) (0,014) (0,024) (0,010)
décomposition de Oaxaca-Blinder de la différence de consommation entre les natifs et les immigrés

décomposition de Oaxaca-Blinder de la différence de consommation entre les natifs et les immigrés

Lecture : individus âgés de 18 ans et plus * significatif à 10 %, ** significatif 5 % et *** significatif à 1 %. Les écarts types sont entre parenthèses.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

64 La sous-consommation des immigrés en dépenses de santé pourrait s’expliquer par le fait que les immigrés font moins appel à des traitements non couverts par la sécurité sociale ou à des traitements coûteux. Des études dans ce domaine ont conclu également à une moindre utilisation des services de santé par les immigrés (voir l’étude de Sarría-Santamera et alii, 2016, sur les pays européens). Pour les États-Unis, Tarraf et alii (2012) ont montré que les dépenses moyennes en santé des immigrés entre 2000 et 2008 étaient nettement inférieures à celles des natifs américains. Ils montrent que les principaux déterminants de ces différences sont liés à l’accès limité à l’assurance maladie et aux sources habituelles de soins de santé, mais également aux différences ethniques. Un autre aspect réside même dans la sélection des immigrés à l’entrée. Constant et alii (2018) montrent que les immigrés ont une meilleure santé que les natifs à leur arrivée. Pour le transport, les loisirs et les services, les immigrés peuvent faire un arbitrage entre envoyer ce supplément de revenu à leur famille plutôt que de l’utiliser pour d’autres services. Un autre aspect qui peut se cacher derrière ces caractéristiques inobservables serait le barrière de la langue. L’usage des services de transport, de loisirs ou autres nécessite généralement une connaissance de la langue et la capacité de manipuler des outils informatiques. De plus, pour les loisirs, une autre explication plausible serait que l’arsenal d’offres de loisirs ne corresponde pas à la demande de produits de loisirs des immigrés, entraînant une moindre consommation.

Conclusion

65 La demande de biens et services d’un pays est une composante importante de sa demande globale et de son PIB. Parmi les facteurs qui peuvent contribuer à la hausse de la demande, on peut citer l’immigration. Cette dernière, en augmentant la taille de la population, contribue à la hausse de la demande adressée aux entreprises. Dès lors, il s’avère intéressant d’étudier plus en détail la contribution de l’immigration à la consommation finale, ainsi que son impact sur les comportements de consommation.

66 Dans cet article, on mesure la contribution de l’immigration à la demande des biens et services en France, en utilisant les données des enquêtes Budget des familles de 1979 à 2011. Une analyse comptable est menée en partant des données microéconomiques qu’on agrège au niveau national grâce aux données du recensement de la population. Les données sont ensuite calées sur les agrégats macroéconomiques.

67 Les résultats montrent qu’un immigré a en moyenne un niveau de consommation moins élevé que celui d’un natif, et ce à tout âge. Cependant, on trouve que la demande des immigrés dans la demande globale est proportionnelle à leur taille dans la population ; alors qu’a priori elle devrait être inférieure. Ce résultat est dû à la structure par âge de la population immigrée, qui est surreprésentée dans la classe active où la consommation est à son niveau maximal. Les immigrés âgés entre 18 et 64 ans assurent entre 79 et 83 % de la demande des immigrés alors que ce pourcentage se situe entre 71 et 81 % pour leurs homologues natifs. En désagrégeant par poste de consommation, on trouve que les immigrés ont un poids particulièrement important dans la consommation des secteurs de l’alimentation, des charges de logement, de l’habillement et de la communication.

68 On s’est également intéressé à la mesure des différences de consommation entre les natifs et les immigrés. Les estimations à l’aide des moindres carrées ordinaires montrent que les immigrés consomment, toutes choses égales par ailleurs, 10,7 % de moins que les natifs. Cette sous-consommation est également observée pour l’ensemble des postes de consommation, exception faite des charges de logement. La décomposition de Oaxaca-Blinder qui s’en suit montre que ces différences s’expliquent majoritairement par les dissemblances dans les caractéristiques individuelles. Cependant, pour l’alcool et le tabac, l’équipement, la santé, le transport, les loisirs et les services, la partie non expliquée due à des caractéristiques non observables domine.

69 Ce travail montre qu’il existe en France des différences entre les comportements de consommation des ménages natifs et des immigrés, expliquée tant par des caractéristiques individuelles, que par des variables non observables liées à la culture ou à la nécessité d’envoyer des fonds dans leur pays d’origine. Il ouvre ainsi de nouvelles pistes de recherche comme l’analyse des raisons de ces différences en le mettant en relation avec la nature de la migration en France (temporaire ou permanente), le rôle de l’épargne des immigrés ou les montants des transferts de fonds. Il serait également intéressant d’utiliser des enquêtes spécifiques comme les enquêtes transport, logement, loisir ou santé pour regarder plus en détails les causes de ces différences entre les natifs et les immigrés.


Annexe A : composition des différents postes de consommation

Tableau A

composition des différents postes de consommation

Poste Composition
Consommation finale des ménages Somme des 11 postes suivants
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées Produits alimentaires, viande, poissons et fruits de mer, lait, fromages et œufs, huiles et graisses, fruits, légumes, sucres, confitures, miel, sirop, chocolat et confiserie, café, thé, boissons non alcoolisées, eaux minérales, boissons gazeuses, sirops et jus, autres dépenses alimentaires
Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants Spiritueux, vins, cidres champagne, bières, tabac et produits connexes, stupéfiants
Tissu habillement, articles habillement et chaussures Tissus d’habillement, vêtements, chaussures, location et réparation de chaussures, autres dépenses d’habillement
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles Loyers des locataires, travaux courants d’entretien et de réparation du logement, services d’entretien et petites réparations dans le logement, autres services relatifs au logement (ordures, eau, assainissement, charges), électricité, gaz et autres combustibles
Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison Meubles, articles d’ameublement et décoration, tapis et autres revêtements de sol, réparation de ces articles, articles de ménage en textile (literie, linge de maison, autres textiles d’ameublement), appareils électroménagers y compris leur réparation, verreries, vaisselles, ustensiles de cuisines et articles de toilette, ménages ou outillage pour la maison et le jardin, biens et services pour l’entretien courant du logement
Santé Produits et appareils thérapeutiques, matériel médical, services de consultation externe, services et soins hospitaliers
Transports individuels, collectifs, services de transport Achats de véhicules, frais d’utilisation de véhicules personnels (entretien, essence, garagiste, parking, péage), services de transport et autres dépenses de transport
Communications et services postaux Services postaux, achats de téléphones et télécopieurs, services de téléphones, télégraphes et télécopies, internet et recharges téléphoniques
Loisirs, culture et éducation Équipements et accessoires (audiovisuels, photographiques et informatiques y compris leur réparation), autres articles et équipements de loisir (jeux, jouets, équipements de loisir, fleurs, jardins et animaux d’agrément, services sportifs, récréatifs et culturels, édition presse, papeterie), enseignement et services éducatifs, voyages à forfait et services d’hébergement
Restauration Repas pris à l’extérieur du domicile : restauration, café, cantines
Services Services et produits de soins personnels, effets personnels, services de protection sociale, assurances, services financiers, autres dépenses de cérémonie
composition des différents postes de consommation

composition des différents postes de consommation

Annexe B : construction de la pyramide des âges pour les années qui ne coïncident pas avec les enquêtes BdF

70 Les enquêtes BdF concernent les années 1979, 1985, 1989, 1995, 2001, 2006 et 2011 alors que le recensement de la population est disponible pour les années 1975, 1982, 1990, 1999, 2006 et 2011. Ainsi pour les années qui ne coïncident pas avec les enquêtes BdF, nous faisons une interpolation linéaire pour reconstituer cette population. Prenons l’exemple de l’année 1995. Pour constituer la structure par âge, origine et qualification nous prenons les deux années du recensement qui l’entourent (1990 et 1999) et la structure par âge de la population française qui est disponible pour chaque année sur le site de l’Ined (https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/structure- population/population-sexe-ages/). Je prend ici l’exemple des individus âgés de 25 ans. Grâce aux recensements, on a la structure par âge, origine et qualification et grâce aux données de l’Ined, on retrouve le nombre d’individus âgés de 25 ans en France en 1995 (sans leur répartition selon l’origine et la qualification). Pour avoir une estimation du nombre de natifs âgés de 25 ans et faiblement qualifiés (LS), je fais 0,5 * la part des natifs faiblement qualifiés en 1990 + 0,5 * la part des natifs faiblement qualifiés en 1999, le tout multiplié par le nombre d’individus âgés de 25 ans en 1995, ce qui nous donne une estimation du nombre de natifs faiblement qualifiés en 1995.

Tableau B

exemples d’extraction

RP 1990
Âge Natifs Immigrés
25 LS MS HS LS MS HS Total
545 824 200 886 48 265 54 483 8 626 2 178 860 262
1995
Âge Natifs Immigrés Ined
25 LS MS HS LS MS HS Âge 1995
416 944 261 595 100 328 41 311 13 191 5 372 838 741 25 838 741
Âge RP 1999
Natifs Immigrés
25 LS MS HS LS MS HS
283 981 308 087 144 569 27 767 16 915 8 114 789 433
416 944 = (0,5* (545 824/860 262) + 0,5* (283 981/789 433))*838 741
exemples d’extraction

exemples d’extraction

Annexe C : données des comptes nationaux

Tableau C

données macroéconomiques

1979 1985 1989 1995 2001 2006 2011
En milliers d’euros de 2010
Consommation totale 548 162 589 584 667 041 700 467 816 901 899 011 938 803
Revenu disponible 731 807 792 903 867 723 973 731 1 127 884 1 227 976 1 299 176
Alimentation 91 893 102 172 112 661 120 176 127 588 135 131 142 139
Alcool-tabac 38 572 39 955 41 594 41 603 43 270 36 867 36 591
Habillement 41183 42 337 43 236 40 202 43 064 47 196 44 485
Charges du logement
Équipement
79 925
38 919
84 939
38 473
89 833
43 221
100 408
42 089
111 002
46 742
118 682
54 281
119 288
56 777
Santé 9 293 14 539 19 524 25 792 31100 38 883 46 278
Transport 97 336 104 783 127 793 123 342 143 288 147 794 147 016
Communication 2 580 4 315 5 393 7 429 17 979 27 952 35 645
Loisirs 45 093 50 184 59 886 65 725 88 223 113 134 122 768
Restauration 38 455 40 226 44 284 44 050 52 594 55 309 55 836
Services 64 913 67 661 79 616 89 651 112 051 123 782 131 980
En pourcentage de la consommation totale
Alimentation 16,8 17,3 16,9 17,2 15,6 15,0 15,1
Alcool-tabac 7,0 6,8 6,2 5,9 5,3 4,1 3,9
Habillement 7,5 7,2 6,5 5,7 5,3 5,2 4,7
Charges du logement
Équipement
14,6
7,1
14,4
6,5
13,5
6,5
14,3
6,0
13,6
5,7
13,2
6,0
12,7
6,0
Santé 1,7 2,5 2,9 3,7 3,8 4,3 4,9
Transport 17,8 17,8 19,2 17,6 17,5 16,4 15,7
Communication 0,5 0,7 0,8 1,1 2,2 3,1 3,8
Loisirs 8,2 8,5 9,0 9,4 10,8 12,6 13,1
Restauration 7,0 6,8 6,6 6,3 6,4 6,2 5,9
Services 11,8 11,5 11,9 12,8 13,7 13,8 14,1
données macroéconomiques

données macroéconomiques

Sources : Insee, calculs de l’auteure.

Annexe D : autres profils par âge et origine

Graphique D.1

profils par âge et origine de la consommation sans prise en compte des loyers (en milliers d’euros de 2010)

profils par âge et origine de la consommation sans prise en compte des loyers (en milliers d’euros de 2010)

profils par âge et origine de la consommation sans prise en compte des loyers (en milliers d’euros de 2010)

Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.
Graphique D.2

profils par âge et origine des différents postes de consommation

1979 2011
Alimentation
tableau im26 tableau im27
Charges du logement
tableau im28 tableau im29
Charges du logement sans les loyers
tableau im30 tableau im31
profils par âge et origine des différents postes de consommation
profils par âge et origine des différents postes de consommation
profils par âge et origine des différents postes de consommation
profils par âge et origine des différents postes de consommation
Transport
tableau im36 tableau im37
Services
tableau im38 tableau im39
Loisirs
tableau im40 tableau im41
Équipement du logement
tableau im42 tableau im430
Habillement
tableau im44 tableau im45
Restauration
1tableau im46
1
1
tableau im47
Santé
tableau im48 tableau im49
Alcool et tabac
tableau im50 tableau im51
Communication
tableau im52 tableau im53

profils par âge et origine des différents postes de consommation

Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

Annexe E : résultats avec individualisation de la consommation grâce à l’échelle d’Oxford

Tableau E.1

contribution des immigrés à la demande (échelle d’équivalence d’Oxford)

1979 1984 1989 1995 2001 2006 2011
Part des immigrés dans la population totale(%)
7,3 7,3 7,3 7,3 7,3 8,1 8,6
Contribution des immigrés (en % de la demande globale)
6,9 7,6 7,0 7,7 7,0 7,7 8,2
Part de la demande des immigrés dans chaque poste de consommation(%)
Alimentation 8,0 8,8 7,7 8,1 7,3 8,0 8,3
Alcool 6,9 6,9 5,6 7,2 7,0 7,7 7,5
Habillement 7,5 7,9 6,8 8,1 7,4 8,0 8,6
Charges du logement 8,5 8,0 8,1 8,7 8,1 8,8 9,9
Charges sans les loyers 6,3 7,4 6,8 7,2 6,6 7,4 8,8
Équipement 5,6 7,1 6,4 7,2 6,4 7,2 7,4
Santé 6,5 7,4 6,7 7,9 7,0 7,2 8,7
Transport 5,8 6,7 6,1 7,7 6,4 7,4 8,1
Communication 6,3 8,5 8,4 9,1 8,5 9,1 9,2
Loisirs 6,5 7,0 6,8 6,5 6,4 7,2 7,2
Restauration 7,2 7,4 8,0 6,9 6,9 8,0 8,4
Services 5,6 6,6 5,6 7,5 6,3 7,0 7,7
contribution des immigrés à la demande (échelle d’équivalence d’Oxford)

contribution des immigrés à la demande (échelle d’équivalence d’Oxford)

Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.
Tableau E.2

résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (début)

Consommation totale Alimentation Alcool-tabac Habillement Charges du logement Charges sans les loyers
Immigrés - 0,128*** - 0,077*** - 0,287*** - 0,076*** - 0,033*** - 0,190***
(0,005) (0,008) (0,026) (0,020) (0,010) (0,010)
Revenu 0,064*** 0,034*** 0,043*** 0,103*** 0,051*** 0,052***
(0,001) (0,002) (0,004) (0,004) (0,002) (0,002)
Âge 0,021*** 0,037*** - 0,025*** 0,048*** 0,000 0,039***
Âge2 (0,001)
- 0,000***
(0,001)
- 0,000***
(0,002)
- 0,000**
(0,002)
- 0,001***
(0,001)
0,000**
(0,001)
- 0,000***
(0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000)
Célibataire 0,132*** - 0,031*** - 0,680*** - 0,286*** 0,335*** 0,170***
(0,004) (0,007) (0,017) (0,016) (0,007) (0,007)
Femme - 0,157*** - 0,169*** - 0,076*** 0,014 - 0,121*** - 0,138***
(0,003) (0,005) (0,015) (0,012) (0,006) (0,006)
Faiblement qualifiés - 0,290*** - 0,086*** 0,447*** - 0,388*** - 0,203*** - 0,115***
(0,005) (0,008) (0,028) (0,020) (0,011) (0,011)
Moyennement qualifiés - 0,110*** - 0,030*** 0,141*** - 0,055*** - 0,130*** - 0,053***
(0,005) (0,009) (0,029) (0,020) (0,012) (0,011)
Rural - 0,253*** - 0,091*** 0,135*** - 0,323*** - 0,579*** - 0,075***
(0,005) (0,007) (0,023) (0,018) (0,009) (0,009)
Moins de 100 000 habitants - 0,161*** - 0,052*** 0,168*** - 0,143*** - 0,271*** - 0,021**
(0,004) (0,007) (0,023) (0,018) (0,009) (0,009)
Plus de 100 000 habitants - 0,120*** - 0,051*** 0,122*** - 0,060*** - 0,169*** - 0,058***
(0,004) (0,007) (0,023) (0,017) (0,009) (0,009)
Agriculteurs, artisans, commerçants - 0,210*** - 0,128*** - 0,354*** - 0,346*** - 0,198*** - 0,204***
(0,006) (0,009) (0,026) (0,022) (0,011) (0,010)
Ouvriers, employés - 0,201*** - 0,112*** - 0,111*** - 0,371*** - 0,067*** - 0,155***
(0,004) (0,006) (0,020) (0,015) (0,007) (0,007)
Autres - 0,280*** - 0,114*** - 0,140*** - 0,430*** - 0,234*** - 0,193***
(0,007) (0,009) (0,031) (0,025) (0,013) (0,013)
Chômeurs - 0,198*** - 0,115*** 0,003 - 0,486*** 0,057*** - 0,069***
(0,007) (0,011) (0,032) (0,026) (0,012) (0,012)
Retraités - 0,018*** 0,070*** - 0,056** - 0,149*** 0,021** 0,037***
(0,006) (0,008) (0,024) (0,025) (0,010) (0,010)
Autres - 0,085*** - 0,011 - 0,134*** - 0,107*** - 0,066*** - 0,034***
(0,006) (0,009) (0,029) (0,023) (0,012) (0,012)
Sans patrimoine financier - 0,166*** - 0,130*** - 0,018 - 0,444*** 0,040*** - 0,120***
(0,003) (0,005) (0,016) (0,013) (0,006) (0,006)
1979 - 2,057*** - 1,560*** - 1,940*** - 1,273*** - 2,437*** - 2,451***
(0,007) (0,012) (0,030) (0,024) (0,013) (0,012)
1984 - 0,917*** - 0,507*** - 1,931*** - 0,403*** - 1,070*** - 1,057***
(0,006) (0,011) (0,029) (0,022) (0,011) (0,011)
1989 - 0,624*** - 0,312*** - 1,953*** - 0,152*** - 0,882*** - 0,949***
(0,006) (0,011) (0,030) (0,023) (0,011) (0,010)
1995 - 0,378*** - 0,111*** 0,895*** - 0,324*** - 0,377*** - 0,825***
(0,005) (0,011) (0,029) (0,023) (0,010) (0,010)
2001 - 0,313*** - 0,104*** 0,680*** - 0,305*** - 0,250*** - 0,457***
(0,005) (0,011) (0,029) (0,021) (0,010) (0,010)
2006 - 0,101*** - 0,016 0,443*** 0,496*** - 0,109*** - 0,131***
(0,005) (0,011) (0,031) (0,022) (0,011) (0,009)
Constante 8,853*** 6,257*** 4,322*** 4,897*** 7,091*** 5,386***
R2 (0,019)
0,76
(0,029)
0,43
(0,079)
0,24
(0,070)
0,20
(0,037)
0,52
(0,036)
0,51
résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (début)

résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (début)

Lecture : individus âgés de 18 ans et plus.
* significatif à 10 %, ** significatif 5 % et *** significatif à 1 %. Écarts-types entre parenthèses.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.
Tableau E.2

résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (suite et fin)

Équipement Santé Transport Communication Loisirs Restauration Services
Immigrés - 0,145*** - 0,224*** - 0,154*** - 0,139*** - 0,348*** - 0,152*** - 0,295***
(0,018) (0,026) (0,022) (0,013) (0,014) (0,024) (0,010)
Revenu 0,122*** 0,083*** 0,101*** 0,047*** 0,104*** 0,122*** 0,076***
(0,004) (0,005) (0,004) (0,003) (0,003) (0,005) (0,002)
Âge - 0,000 - 0,017*** 0,076*** 0,039*** 0,059*** 0,033*** 0,025***
(0,002) (0,003) (0,002) (0,001) (0,002) (0,002) (0,001)
Âge2 - 0,000 0,000*** - 0,001*** - 0,000*** - 0,001*** - 0,001*** - 0,000***
(0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000) (0,000)
Célibataire - 0,483*** - 0,633*** - 0,626*** 0,225*** - 0,065*** - 0,094*** - 0,016**
(0,015) (0,019) (0,017) (0,010) (0,011) (0,017) (0,007)
Femme - 0,013 0,057*** - 0,301*** - 0,094*** - 0,158*** - 0,177*** - 0,098***
(0,012) (0,016) (0,013) (0,008) (0,008) (0,015) (0,005)
Faiblement qualifiés - 0,441*** - 0,281*** - 0,465*** - 0,412*** - 0,557*** - 0,860*** - 0,226***
(0,019) (0,028) (0,020) (0,012) (0,012) (0,023) (0,009)
Moyennement qualifiés - 0,169*** - 0,042 - 0,081*** - 0,105*** - 0,167*** - 0,184*** - 0,068***
(0,020) (0,029) (0,019) (0,011) (0,012) (0,023) (0,009)
Rural - 0,066*** - 0,333*** 0,077*** - 0,437*** - 0,521*** - 0,943*** - 0,098***
(0,017) (0,025) (0,019) (0,011) (0,012) (0,021) (0,008)
Moins de 100 000 habitants 0,029* - 0,290*** - 0,059*** - 0,339*** - 0,308*** - 0,906*** - 0,026***
(0,016) (0,024) (0,019) (0,011) (0,011) (0,020) (0,008)
Plus de 100 000 habitants - 0,003 - 0,219*** - 0,029 - 0,267*** - 0,204*** - 0,626*** - 0,021***
(0,017) (0,024) (0,018) (0,011) (0,011) (0,020) (0,008)
Agriculteurs, artisans, commerçants - 0,547*** - 0,374*** - 0,515*** - 0,241*** - 0,598*** - 0,721*** - 0,077***
(0,021) (0,029) (0,024) (0,012) (0,015) (0,026) (0,009)
Ouvriers, employés - 0,315*** - 0,271*** - 0,437*** - 0,250*** - 0,387*** - 0,651*** - 0,237***
(0,014) (0,021) (0,016) (0,009) (0,009) (0,018) (0,006)
Autres - 0,422*** - 0,270*** - 0,365*** - 0,273*** - 0,400*** - 0,618*** - 0,315***
(0,023) (0,033) (0,027) (0,016) (0,017) (0,030) (0,011)
Chômeurs - 0,314*** - 0,225*** - 0,502*** - 0,086*** - 0,370*** - 0,880*** - 0,344***
(0,023) (0,033) (0,028) (0,017) (0,018) (0,031) (0,012)
Retraités - 0,004 0,159*** 0,003 0,032** 0,118*** - 0,773*** - 0,040***
(0,021) (0,029) (0,026) (0,013) (0,016) (0,028) (0,010)
Autres - 0,124*** 0,026 - 0,184*** 0,019 - 0,026 - 0,427*** - 0,175***
(0,022) (0,031) (0,026) (0,015) (0,016) (0,029) (0,011)
Sans patrimoine financier - 0,414*** - 0,405*** - 0,503*** - 0,178*** - 0,442*** - 0,501*** - 0,386***
(0,012) (0,017) (0,014) (0,008) (0,009) (0,016) (0,006)
1979 - 1,280*** - 1,570*** - 2,144*** - 3,567*** - 2,101*** - 1,894*** - 2,856***
(0,024) (0,028) (0,026) (0,015) (0,016) (0,028) (0,011)
1984 - 0,357*** - 0,487*** - 1,158*** - 1,764*** - 0,904*** - 0,892*** - 1,465***
(0,022) (0,027) (0,024) (0,013) (0,014) (0,027) (0,009)
1989 0,040* - 0,193*** - 0,868*** - 1,317*** - 0,573*** - 0,302*** - 1,045***
(0,022) (0,029) (0,025) (0,012) (0,014) (0,027) (0,009)
1995 0,370*** - 0,160*** - 0,504*** - 0,908*** - 0,546*** - 0,515*** - 0,835***
(0,021) (0,027) (0,023) (0,010) (0,015) (0,027) (0,008)
2001 0,043** - 0,469*** - 0,520*** - 0,454*** - 0,370*** - 0,082*** - 0,549***
(0,021) (0,026) (0,023) (0,010) (0,013) (0,026) (0,007)
2006 0,511*** - 0,290*** - 0,345*** - 0,184*** 0,048*** - 0,225*** - 0,274***
(0,021) (0,027) (0,024) (0,011) (0,013) (0,027) (0,008)
Constante 5,178*** 4,324*** 6,042*** 5,172*** 5,874*** 5,920*** 6,593***
(0,066) (0,087) (0,075) (0,045) (0,049) (0,079) (0,034)
R2 0,20 0,09 0,29 0,57 0,41 0,30 0,64
résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (suite et fin)

résultats de l’estimation par les MCO des consommations individualisées avec une échelle d’Oxford (suite et fin)

Lecture : individus âgés de 18 ans et plus.
* significatif à 10 %, ** significatif 5 % et *** significatif à 1 %. Écarts-types entre parenthèses.
Source : calculs de l’auteure à partir des données de l’enquête Budget des familles.

Annexe F : méthode utilisée Données en coupe transversale regroupées (pooled cross sections)

71 L’enquête budget des familles porte sur un échantillon aléatoire de ménages et d’individus, tous les cinq ans. Les données issues de ces enquêtes sont des coupes répétées indépendantes, de ce fait, on n’a pas la possibilité de suivre les mêmes individus de 1979 à 2011. Cela exclut la possibilité d’effectuer un panel sur nos données. Cependant, il existe une alternative à l’utilisation de données de panel, la méthode de pseudo panel. Cette dernière consiste à suivre des cohortes, c’est-à-dire des groupes stables d’individus, ayant des caractéristiques semblables. Ces cohortes deviennent nos individus et les méthodes d’estimation classiques des données de panel peuvent être utilisées (voir Guillerm, 2015, pour plus de détails). Cette méthode a été essayée sur nos données, mais n’a pas été retenue à cause des différences importantes dans la taille des cellules des natifs et des immigrés.

72 Même des cohortes avec ne serait-ce que deux modalités (âge et niveau d’étude), conduisent, dans certains cas, à moins de 10 individus (surtout pour les âges extrêmes). En moyenne, le nombre d’immigrés dans les enquêtes varie entre 1 200 et 2 400 individus alors que les natifs sont entre 14 000 et 30 000 ; la comparaison des cohortes issues de ces deux groupes ne paraît donc pas pertinente. De plus, un immigré âgé de 30 ans, de niveau d’étude supérieur, qui vient d’arriver en France et un autre du même âge et de même qualification, mais installé depuis 10 ans en France seront dans la même cohorte mais n’auront pas forcément des comportements proches en termes de consommation. La période de naissance n’est pas non plus une bonne variable pour constituer les cohortes dans notre cas, puisque les contextes historiques des pays peuvent être très différents. Nous avons donc choisi de travailler avec les données en coupe transversale regroupées, qui nous permettaient d’exploiter les caractéristiques individuelles. Les périodes des enquêtes ont été utilisées comme variables dummy pour capturer les changements structurels au fil du temps.

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Mots-clés éditeurs : comportements de consommation, demande de biens et services, immigration

Mise en ligne 20/09/2019

https://doi.org/10.3917/ecop.215.0029

Notes

  • (1)
    Ceci explique en partie la surreprésentation des adultes dans la catégorie des immigrés.
  • (2)
    En 1985, 1989 et 1995, on utilise la nationalité pour distinguer les immigrés puisque l’information sur le lieu de naissance n’est pas disponible. Ainsi, les individus de nationalité française à la naissance sont considérés comme des natifs, ceux ayant acquis la nationalité et ceux de nationalité étrangère sont considérés comme des immigrés.
  • (3)
    L’information sur la nationalité pour 1985, 1989 et 1995 n’est disponible que pour la personne de référence et son conjoint. Cela explique notre choix dans la partie empirique de limiter notre échantillon aux individus âgés entre 18 ans et plus.
  • (4)
    Hourriez et Olier (1998) définissent les échelles d’équivalence comme un jeu de coefficients associés aux différents types de ménages. Ces coefficients sont principalement fonction du nombre de personnes composant le ménage, mais peuvent aussi dépendre de l’âge de ses membres, de la présence ou non d’un couple, voire d’autres caractéristiques. Utilisés comme déflateur du revenu ou de la consommation d’un ménage, ils permettent de se ramener à des quantités exprimées en équivalent-adulte. Auparavant, l’échelle d’Oxford était la plus utilisée ; elle attribue un poids de 1 au premier adulte, de 0,7 au second adulte, de 0,5 aux enfants de moins de 14 ans et de 0,7 aux enfants de plus de 14 ans. Depuis l’enquête 2005, c’est l’échelle de l’OCDE qui est utilisée par l’Insee, car l’échelle d’Oxford attribue plus d’unités de consommation aux familles que celle de l’OCDE ; et en conséquence, elle conduit à des résultats plus pessimistes sur le niveau de vie des familles. De plus, selon Heurtiez et Older (1998), l’échelle d’Oxford ne correspondrait plus aux modes de consommation actuels et sous-estimerait les économies réalisées par les ménages de plusieurs personnes.
  • (5)
    Les unités de consommation sont un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Ils sont définis grâce aux échelles d’équivalence qui représentent le coût nécessaire pour accéder à un certain niveau de bien-être pour une famille ayant une structure donnée (Gardes et Starzec, 2004).
  • (6)
    Ces dépenses ne sont pas affectées aux enfants.
  • (7)
    Ce poste ne prend pas en compte les loyers imputés qui sont un loyer fictif imputé aux propriétaires occupants. C’est le loyer qu’ils pourraient tirer de leur logement en le louant. C’est une notion que l’on retrouve dans la compatibilité nationale afin d’équilibrer les comptes et rendre plus comparable les niveaux de vie entre des personnes propriétaires et locataires. Puisque nous nous intéressons à la notion de “dépenses effectuées”, cette variable ne sera pas prise en compte. Ici cependant, pour éviter de biaiser l’analyse de la consommation en faveur des personnes locataires, nous introduisons une autre variable dans laquelle on enlève les loyers. On la nommera “charges sans les loyers”.
  • (8)
    Jusqu’au milieu des années 1970, les flux d’immigration étaient majoritairement masculins, les femmes ne représentaient alors que 40 % des flux. En 1974, un frein est mis à l’immigration de main-d’œuvre non qualifiée, avec le regroupement familial, les femmes représentaient alors 57 % des flux d’entrée. De plus, à partir du milieu des années 1980, les femmes migrent de plus en plus souvent pour d’autres raisons que familiales, par exemple pour trouver un emploi en adéquation avec leur diplôme ou pour suivre des études (cf. Brutel, 2014).
  • (9)
    Selon l’Insee, la consommation mesurée par les comptes nationaux est à privilégier pour l’analyse des séries temporelles ou l’analyse économétrique (car de nombreuses variables prises en compte sont comparables entre elles). La dépense saisie par les enquêtes auprès des ménages est plus apte à mettre en évidence les disparités internes aux populations enquêtées (socioprofessionnelles, démographiques ou géographiques), et permet d’introduire des données autres que comptables, plus qualitatives, dans une étude.
  • (10)
    Voir en annexe B pour le détail de la procédure permettant d’obtenir la pyramide des âges par origine et qualification pour les années ne coïncidant pas avec les enquêtes BdF.
  • (11)
    Voir l’annexe C pour ces données sur les comptes nationaux.
  • (12)
    Ces données sont fournies par la comptabilité nationale.
  • (13)
    Le niveau de qualification est défini comme le niveau de diplôme le plus élevé obtenu par l’individu : les personnes ayant un niveau inférieur au Bac sont considérées comme faiblement qualifiées, entre Bac et Bac plus 2, moyennement qualifiées, et Bac plus 3 et plus sont hautement qualifiées. Ces trois niveaux de qualification sont représentés par s = l, m, h ; avec l = faiblement qualifiés, m = moyennement qualifiés et h = hautement qualifiés.
  • (14)
    La comparaison de ces résultats avec ceux utilisant l’échelle d’équivalence d’Oxford (voir le tableau E.1 en annexe E) montre des résultats similaires, avec des poids légèrement inférieurs pour les immigrés.
  • (15)
    Ce choix s’explique par le fait que les individus plus jeunes n’ont généralement pas de revenu et le faible nombre d’individus jeunes répertoriés dans les enquêtes de 1985 à 1995 (du fait que la nationalité n’était disponible que pour la personne de référence et son conjoint).
  • (16)
    Ce résultat s’explique par le fait que cette échelle d’équivalence attribue plus de poids aux jeunes (0,5 au lieu de 0,3 pour l’échelle de l’OCDE), et comme les immigrés ont en moyenne plus d’enfants, la consommation allouée aux immigrés adultes diminue. De plus, la catégorie des jeunes est supprimée dans notre étude empirique (notre échantillon s’intéresse aux individus âgés entre 18 ans et plus).
  • (17)
    Voir Jann (2008) pour plus de détails.
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