Notes
- (*)Australian National University. E-mail : Xin. MMeng@ anu. edu. au
- (**)ERMES, Université de Paris 2. E-mail : meurs@ u-paris2. fr
- (1)Dans cette ligne de travaux, on considère que les écarts constatés de capital humain sur le marché du travail sont donnés, même s’ils peuvent résulter de phénomènes de discrimination hors du marché du travail (accès à l’éducation) ou sont la conséquence des discriminations constatées sur le marché du travail (un accès plus difficile à certaines catégories d’emplois peut décourager la main-d’œuvre féminine de suivre la formation nécessaire pour ce type d’emplois).
- (2)Cela signifie qu’il faut estimer séparément pour les hommes et pour les femmes des équations de gains pour chaque catégorie d’emplois.
- (3)Le taux de temps complet correspond au rapport entre le nombre d’heures effectuées par le salarié et le nombre d’heures à temps complet.
- (4)Nous avons utilisé pour cela une table de passage (fourni par l'Insee) entre les nomenclatures PCS et CITP COM-88 (version européenne de l'ISCO).
- (5)Sofer (1990) montrait qu’une participation élevée des femmes dans un emploi donné (comme ici la catégorie employée) a un impact négatif sur les salaires masculins dans cet emploi, ce qui est cohérent avec ce résultat.
- (6)Les résultats d’un modèle structurel incorporant les salaires dans le modèle sur la probabilité d’appartenir à une catégorie donnée sont cohérents avec les résultats présentés ici (résultats non reportés dans l'article).
- (7)La différence des salaires dans l’étude de Miller, Kidd et Shannon est calculée en utilisant les moyennes logarithmiques des salaires, l’étude de Hawke s’appuie sur les moyennes mensuelles des salaires. Les données utilisées pour la Grande-Bretagne sont tirées de General Household Survey 1980 ; pour les États-Unis, Current Population Survey pour 1987 ; pour l’Australie, Income Distribution Survey 1986 ; pour le Canada, Canadian labour Market Activity Survey pour 1989.
- (8)Dans l’étude de Blau et Kahn (1992), trois de ces pays étaient intégrés dans leur comparaison, à savoir les États-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne. Les classements de ces pays obtenus dans leur étude sont similaires aux nôtres.
- (9)Les résultats du tableau 5 sont extraits de différentes études et les variables utilisées dans les estimations des équations de salaires et dans la structure des emplois ne sont pas strictement identiques, ainsi que le nombre des catégories d’emplois.
1Dans le cadre de la théorie standard du capital humain (Becker, 1971), les différences constatées de salaire entre les hommes et les femmes proviennent d’un écart de productivité entre les deux groupes et d’une discrimination salariale, c’est-à-dire une moindre valorisation du capital humain des femmes par rapport à leurs homologues masculins. Cette seconde composante peut être issue soit d’une rémunération inférieure des caractéristiques individuelles pour un même type d’emploi, soit d’une ségrégation par sexe des emplois, la main-d’œuvre défavorisée étant cantonnée à un nombre limité d’emplois moins bien rémunérés sur le marché du travail (Bergmann, 1974).
2Ces trois aspects – à savoir une moindre accumulation de capital humain chez les femmes que chez les hommes, une structure des emplois d ifféren te et un moin dre rend ement des caractéristiques individuelles, toutes choses égales par ailleurs – ont été mis en évidence dans de précédentes études sur les écarts de salaires entre les hommes et les femmes en France. Ainsi, Bayet (1996) montre que les interruptions de carrière, plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, entraînent un désavantage salarial par rapport à ceux qui ont une expérience professionnelle continue, même à l’intérieur d’une catégorie professionnelle homogène. L’étude de Simonnet (1996) consacrée aux profils de carrière fait ressortir les différences de valorisation des parcours professionnels masculins et féminins lors des 10 à 15 premières années de travail. Plus récemment, Colin (1999) met l’accent sur les différences de rendement des diplômes et de l’expérience professionnelle. Enfin, les inégalités d’accès aux emplois salariés à temps complet entre les hommes et les femmes et ses conséquences sur la mesure de la discrimination salariale sont étudiées dans Meurs et Ponthieux (1999b).
3L’objet de cet article est de présenter une décomposition de l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes qui englobe l’ensemble de ces éléments, c’est-à-dire les différences de capital humain, de structure des emplois et de valorisation des caractéristiques individuelles. La méthode proposée sépare l’écart salarial constaté en deux composantes : l’écart de salaire à l’intérieur d’une classe d’emplois et l’écart de salaire tenant aux effets de structure des emplois, chacune de ces composantes étant elle-même subdivisée en deux parties, l’une où l’écart constaté provient de différences des caractéristiques individuelles, l’autre où il est issu de différences dans la valorisation de ces caractéristiques. Cette décomposition permet finalement d’évaluer la proportion de l’écart salarial moyen expliquée par les différences de caractéristiques individuelles et celle « injustifiée ».
4La méthodologie et la base de données sont présentées dans la première partie de ce texte. Les différences dans les rendements des caractéristiques individuelles et dans l’accès aux différentes catégories d’emplois sont ensuite discutées dans la deuxième partie. Enfin, nous proposons une décomposition de l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes, que nous comparons avec des analyses usant de la même méthodologie menées sur d’autres pays.
Données et méthodologie
La décomposition de l’écart salarial moyen
5L’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes résu lte à la fois d’un écart des caractéristiques productives et d’une différence de rémunération de ces caractéristiques. Une première méthode pour mesurer la part respective de ces deux facteurs dans l’écart salarial est la décomposition proposée la même année, mais de manière indépendante, par Blinder (1973) et Oaxaca (1973). Elle consiste à estimer séparément des équations de salaires pour les hommes et pour les femmes, puis à décomposer l’écart des salaires moyens en deux parties, l’une correspondant aux différences des dotations moyennes (écart « expliqué »), l’autre à l’écart des rendements moyens masculins et féminins des caractéristiques retenues (écart « inexpliqué »).
6Dans toute méthode de décomposition de l’écart de salaire moyen se pose le problème du choix de la norme par rapport à laquelle comparer les rendements estimés des caractéristiques individuelles. Suivant une méthode exposée par Oaxaca et Ransom (1994), nous avons ici adopté comme « norme non discriminante » les estimations sur l’ensemble de la population des coefficients des équations. L’écart de salaire moyen comprend alors trois parties : une part justifiée par les différences des caractéristiques individ uelles, une part correspondant à l’avantage masculin (écart de rendement en faveur des salariés hommes par rapport à la norme choisie) et une part correspondant au désavantage féminin (écart de rendement en défaveur des salariées femmes par rapport à la norme).
7Toutefois, ces approches laissent de côté le fait que la discrimination par le marché passe non seulement par des différences de salaires à emploi et compétences identiques mais aussi par une inégalité d’accès aux différents emplois, à compétences égales. Pour tenir compte de cet aspect, nous avons donc suivi l’analyse proposée par Brown, Moon et Zoloth (1980), qui intègre dans la méthodologie précédente l’impact de la ségrégation des emplois par sexe dans la décomposition de l’écart de salaire moyen. L’idée de base est d’utiliser la structure masculine des emplois et les rémunérations associées comme une norme pour prédire la structure hypothétique des emplois féminins et leur niveau moyen de salaires s’il n’y avait pas de discrimination dans l’accès à l’emploi. En d’autres termes, cela revient à prédire les emplois et à estimer les salaires qu’aurait la main-d’œuvre féminine si leurs caractéristiques individuelles déterminaient leurs emplois (et les salaires associés) à l’instar de ce que l’on observe pour les hommes [1].
8Enfin se pose le problème des pondérations à utiliser pour additionner les différentes composantes de l’écart de salaire moyen. En effet, deux méthodes sont possibles : soit pondérer la structure par emplois (différence intercatégorie) par le niveau des salaires masculins et utiliser la structure féminine des emplois pour pondérer les différences de rémunérations des caractéristiques individuelles dans l’écart intra-catégorie, soit pondérer la structure par emplois par le niveau des salaires féminins et dans ce cas utiliser la structure masculine des emplois dans la partie concernant les différences intra-catégories. Comme les deux pondérations sont correctes, nous présenterons les deux résultats.
9En résumé, les décompositions proposées s’écrivent
de la manière suivante :
ou bien
où W indique le salaire moyen estimé, les indices m et f représentant respectivement les hommes et les femmes. Les termes $?jf et $?jm sont les coefficients estimés des équations de salaires pour chaque sexe et chaque emploi considéré [2], ?* représentant la norme no n discrimin ante d es rendements des caractéristiques individuelles dans chaque catégorie d’emploi. X indique les variables indépendantes j retenues dans la spécification de l’équation de gains pour l’emploi j. Le terme Pjf représente le pourcentage de femmes dans l’emploi de type j et le terme $Pjf représente la proportion hypothétique de femmes qui seraient dans l’emploi de type j si les femmes faisaient face aux mêmes mécanismes d’allocation dans les emplois que leurs homologues masculins. Cette structure hypothétique est dérivée des coefficients estimés d’un modèle multinomial logit d’affectation des salariés hommes aux catégories d’emplois considérés.
10Le premier terme du second membre des équations (1) ou (2) représente la part de l’écart salarial moyen dû aux différences des caractéristiques individuelles dans les emplois considérés (écart salarial expliqué). Les deux termes suivants correspondent à la différence de rendement des caractéristiques individuelles pour les catégories d’emploi considérées (écart salarial inexpliqué composé d’un avantage masculin et d’un désavantage féminin). Ces trois premiers termes additionnés représentent la part de l’écart salarial moyen né des différences de salaires à l’intérieur des groupes d’emplois (écart intra-catégorie). Les deux termes suivants forment l’écart intercatégorie, composé de la part de l’écart dû à la différence de structure des emplois résultant de différences des caractéristiques individuelles et de la part de l’écart salarial dû au fait que les femmes sont traitées différemment que les hommes dans l’accès aux différentes catégories d’emplois. L’addition du premier et du quatrième terme donne donc la part « expliquée », à savoir celle qui résulte de l’écart des caractéristiques individuelles entre les hommes et les femmes, et l’addition du deuxième, troisième et cinquième terme indique la part « inexpliquée », éventuellement due à des phénomènes discriminatoires tant dans la structure des emplois que dans la rémunération des compétences.
11Une des réserves exprimées sur cette technique tient au fait que sa pertinence est tributaire de la richesse des variables explicatives tant dans l’équation de gains que dans la détermination de l’emploi occupé (cf. Zabalza et Arrufat, 1985; Miller, 1987). Un des grands avantages de la base de données utilisée ici est la richesse de l’information disponible, tant sur les caractéristiques individuelles (dotations en capital humain, situation personnelle) que sur les caractéristiques de l’emploi occupé et de l’établissement employeur. Ainsi, nous sommes à même d’expliquer une part importante des différences de salaires entre les individus et donc de calculer plus pertinemment les effets résiduels.
12L’équation de salaire estimée dans cette étude est de
la forme suivante :
où lnW représente le logarithme du salaire horaire i des individus, X les caractéristiques individuelles i et celles des emplois occupés, u le terme d’erreur.
13i Nous avons retenu comme variables indépendantes des variables représentatives du capital humain (éducatio n, expérience, ancienneté dans l’établissement, ancienneté dans l’emploi), des variables décrivant la situation personnelle de l’individu (statut marital, nombre d’enfants, nationalité) et des caractéristiques de l’emploi occupé (taux de temps complet [3], CDI ou non, type d’emploi occupé, travail en horaires réguliers ou non, travail posté ou non, travail de nuit ou non), enfin des variables caractérisant l’établissement employeur (localisation, taille, secteur industriel).
14Cette équation de salaire est estimée séparément pour les hommes et les femmes afin de comparer les déterminants des salaires dans chaque groupe. Pour ensuite décomposer l’écart salarial en prenant en compte la ségrégation des emplois, les mêmes équations de salaire sont ensuite estimées pour chaque groupe d’emplois.
15Enfin, pour pouvoir appliquer la méthode de
décomposition exposée ci-dessus, un modèle
multinomial logit est spécifié afin de mesurer la
probabilité d’occuper un emploi donné selon les
caractéristiques individuelles et de marché du
travail. Ce modèle est estimé séparément pour les
hommes et les femmes. Le résultat pour les hommes
est ensuite utilisé comme une norme non
discriminatoire pour prédire ce que serait la structure
féminine des emplois s’il n’y avait pas de
discrimination dans l’affectation entre les
différentes catégories d’emploi (ou s’il n’y avait pas
de différences entre les hommes et les femmes dans
les comportements d’offre et demande de travail
pour accéder à un emploi donné). Le modèle est le
suivant :
où N représente la taille de l’échantillon, J, le nombre de catégories d’emplois retenus et x un vecteur de i variables exogènes affectant les décisions d’offre et de demande de travail dans une catégorie donnée.
16La variable dépendante est le type d’emploi, réparti en huit catégories. Afin de pouvoir comparer avec des études similaires réalisées dans d’autres pays et de mener ultérieurement une étude comparative avec l’Australie, nous avons choisi la nomenclature des emplois ISCO (Classification Internationale Type des Professions) et non la nomenclature PCS propre à la France [4]. Les variables dépendantes sont les caractéristiques productives individuelles et les situations personnelles (âge, nombre d’années d’études, situation maritale et familiale), ainsi que les caractéristiques des emplois (temps partiel, type d’horaires, travail posté, travail de nuit) qui affectent tant la demande que l’offre pour les différents emplois.
Les données utilisées
17Les données utilisées sont issues de l’enquête Coûts de la Main d’œuvre et Structure des Salaires (CMOSS) 1992 de l’Insee. Les statistiques descriptives des variables utilisées dans l’analyse sont reportées dans l’annexe 1. Une fois exclues les observations manquantes ou aberran tes, l’échantillon total est composé de 137 639 individus, travaillant à temps complet ou temps partiel dans des établissements du secteur privé, soit 82 843 hommes et 54 796 femmes.
18Le salaire horaire moyen des femmes représente 82% du salaire horaire masculin (tableau 1), soit un écart légèrement plus élevé dans cet échantillon que celui calculé à partir des DADS 1992 pour les salariés du secteur privé à temps complet (Bayet, 1995). Dans chaque catégorie d’emploi, les niveaux moyens de salaires sont inférieurs pour les femmes par rapport aux hommes, mais l’écart moyen est le plus important dans les catégories « ouvriers » et « cadres dirigeants » (respectivement 75% et 73%) et le plus resserré pour les employés administratifs (93%).
19Hommes et femmes sont inégalement répartis dans les huit catégories d’emplois. Ainsi, on constate dans les professions de cadres dirigeants et de cadres une plus forte proportion d’hommes que de femmes. Celles-ci apparaissent concentrées dans des catégories d'employés administratifs ou d'employés du commerce, qui sont aussi les moins bien rémunérés en taux horaire, et sous- représentées dans les emplois ouvriers. Dans les emplois non qualifiés (ouvriers ou employés), elles sont à peu près aussi nombreuses que les hommes. Enfin, on remarque que l’écart salarial entre les hommes et les femmes est plus petit dans les emplois à dominante féminine que dans les emplois à dominante masculine.
20Un bref examen des principales variables de l’échantillon permet de faire ressortir les principaux traits suivants :
- des différences concernant les niveaux d’éducation. On retrouve dans notre échantillon un phénomène déjà observé dans d’autres études, à savoir une plus forte proportion d’hommes que de femmes ayant acquis un diplôme technique court, les femmes étant proportionnellement plus nombreuses à avoir au moins le baccalauréat que les hommes (respectivement 53% contre 36%) ;
- des durées d’expérience potentielle et d’ancienneté plus longues pour les hommes que pour les femmes;
- des temps partiels à dominante féminine. En moyenne, les salariés hommes ont un temps de travail atteignant 97% d’un temps complet, alors que pour les femmes cet indicateur est de 88% ;
- en ce qui concerne les établissements employeurs, la main-d’œuvre féminine est beaucoup plus concentrée dans le secteur des services que la main-d’œuvre masculine (respectivement 50% et 25%); les salariés masculins sont plus présents que les femmes dans l’industrie manufacturière, les transports, les télécommunications et l’industrie extractive.
Les déterminants des niveaux de salaires et des emplois par sexe
Les rendements des caractéristiques individuelles
21Les équations de salaire spécifiées dans la précédente partie ont été estimées séparément pour les hommes et pour les femmes. Les résultats détaillés figurent dans l’annexe 3. Compte tenu de la taille et de la richesse de la base de données, nous obtenons des coefficients de corrélation ajustés élevés (respectivement 53% et 58% pour les femmes et les hommes). De plus, la plupart des coefficients estimés pour les hommes et pour les femmes sont significativement différents, ce qui suggère que la structure des salaires diffère entre les deux groupes et justifie de procéder ultérieurement à une décomposition fondée sur la différence entre les rendements masculins et féminins.
22En ce qui concerne les variables indicatrices du capital humain, on constate les différences suivantes :
- par rapport aux non diplômés, le rendement des niveaux d'éducation les plus élevés apparaît plus élevé parmi les salariés hommes que parmi les salariées femmes ;
- pour les salariés masculins, la pente du rendement de l’expérience sur le marché du travail apparaît assez forte alors que le profil de gains selon l’ancienneté dans l’établissement est relativement plat. Parmi les femmes, au contraire, la pente du rendement de l’ancienneté est plus prononcée, le rendement de l’expérience plus plat (figure 1). Ces résultats sont similaires à ceux observés par Colin (1999), sur une base de données plus récentes. Cependant, ce résultat doit être pris avec une certaine prudence dans la mesure où nous ne disposons ici que d’une mesure de l’expérience potentielle sur le marché du travail (temps passé entre la sortie du système scolaire et l’entrée dans l’établissement actuellement employeur). Cette mesure peut surestimer le temps effectivement travaillé (et sous-estimerles rendements de l’expérience)carelle ne prend pas en compte les périodes d’interruption de travail qui peuvent être plus longues pour les femmes que pour les hommes pour des motifs familiaux (cf. Bayet, 1996). Par ailleurs, il s’agit ici d’une analyse menée sur des données en coupe qui nous interdisent d’isoler les effets de cohorte (pour cela, il faudrait disposer de données en panel).
structure des emplois par sexe et salaire moyen correspondant
structure des emplois par sexe et salaire moyen correspondant
comparaison des profils moyens de carrière masculins et féminins
comparaison des profils moyens de carrière masculins et féminins
23Pour le groupe de variables relatives aux situations familiales, la principale différence entre les équations de salaires masculines et féminines est la prime associée au statut marital, positive pour les hommes, négative (mais non significative) pour les femmes, suggérant que les hommes mariés sont avantagés en terme salarial par rapport à leurs homologues célibataires, ce qui n’est pas le cas pour les femmes. Ce résultat est cohérent avec ceux trouvés pour la plupart des pays industrialisés (cf. Blau et Kahn, 1992).
24Les caractéristiques des postes occupés ont des impacts différents sur les rémunérations masculines et féminines. Ainsi, le taux de temps plein joue positivement sur les salaires horaires féminins, négativement sur les salaires horaires masculins. On remarque également que des conditions de travail plus difficiles comme le travail posté ou de nuit sont relativement mieux compensées par un surcroît salarial parmi les femmes que parmi les hommes.
25Enfin, en ce qui concerne les rendements attachés aux postes occupés, la différence la plus évidente est que la position d’employés est mieux rémunérée par rapport aux emplois non qualifiés pour les femmes que pour les hommes [5].
26Ces différences des coefficients des équations de salaires masculines et féminines indiquent ainsi que le marché évalue différemment les caractéristiques productives selon le sexe, renforçant l’hypothèse de l’existence d’une discrimination salariale.
Les déterminants d’accès aux différentes catégories d’emplois
27Nous avons vu qu’une autre explication possible des différences de salaires entre les hommes et les femmes est l’existence d’une ségrégation professionnelle qui aboutisse à de fortes différences dans la structure des emplois masculins et féminins. Dans cette section, le modèle d’accès à une catégorie d’emploi donné présenté dans la partie méthodologique est estimé séparément pour les hommes et pour les femmes afin de détecter les différences dans les modes d’affectation dans les emplois entre les deux groupes. Les coefficients estimés pour le modèle masculin sont ensuite utilisés comme une norme non discriminante pour prédire une répartition hypothétique de la main-d’œuvre féminine entre les catégories d’emploi. Les résultats du multinomial logit estimé pour ce modèle sont présentés dans l’annexe 4 [6]. Là encore, les différences des coefficients féminins et masculins sont pour une grande majorité significatives, ce qui indique des mécanismes sensiblement différents d’affection dans les emplois entre les hommes et les femmes.
28Les coefficients du modèle multinomial logit sont
difficiles à interpréter. Pour le faire, nous suivrons
Greene (1990) en utilisant la relation suivante entre
les probabilités relatives et les coefficients :
Comme
Ainsi, quand X augmente, la probabilité qu’un i individu soit dans l’emploi j plutôt que dans l’emploi k est accrue si ? ?> et diminue si ? ?<. Suivant j k j k Brown et alii, (1990), en classant les coefficients d’une variable donnée par ordre d’importance croissante, on peut obtenir l’impact relatif de cette variable sur la probabilité d’appartenir à un emploi donné. Les classements de ces coefficients pour chaque variable sont présentés dans le tableau 2 (ici le classement va de 1 à 8, le rang 1 signifiant que le coefficient de la variable considérée est le plus élevé pour l’emploi i par rapport aux 7 autres catégories d’emploi).
29Les classements présentés dans le tableau 2 indiquent que certains déterminants de répartition entre les emplois sont pratiquement les mêmes pour les hommes et les femmes. Ainsi, l’âge et le niveau d’études élèvent tant pour les hommes que pour les femmes la probabilité d’être cadres dirigeants ou cadres. En revanche, l’impact du mariage et des enfants jouent un rôle considérablement différent dans la structure des emplois. Etre marié ou avoir des enfants sont des obstacles majeurs pour les femmes pour occuper des postes de dirigeants ou de cadres (être marié et avoir des enfants ont respectivement le rang 7 et 8 dans le tableau 2 pour les femmes), alors que les variables décrivant le statut marital et familial n’ont pas du tout cet effet pour les hommes pour occuper un emploi de dirigeants et de cadres.
30Les coefficients extraits du modèle pour les hommes sont ensuite utilisés pour prédire une répartition hypothétique des emplois des femmes si elles faisaient face aux mêmes déterminants que leurs homologues masculins. Pour tester la robustesse de la prédiction, nous avons aussi estimé un modèle de répartition des emplois pour l’ensemble de l’échantillon et utilisé les coefficients obtenus comme norme non-discriminatoire pour prédire la répartition hypothétique féminine. Les répartitions observées des emplois et, pour les femmes, les deux répartitions hypothétiques sont reportées dans le tableau 3.
importance relative des variables sur la probabilité d’occuper un emploi donné
importance relative des variables sur la probabilité d’occuper un emploi donné
structures observées et prédites des emplois
structures observées et prédites des emplois
31On constate que les deux répartitions hypothétiques féminines sont assez similaires, les variations par rapport aux valeurs observées étant atténuées lorsqu’on raisonne à partir de l’ensemble de l’échantillon et non à partir des seuls coefficients masculins.
32Dans les deux cas, le changement entre la répartition féminine observée et prédite est important. La structure hypothétique des emplois montre que si les femmes faisaient face aux mêmes déterminants que les hommes, il y aurait significativement plus de femmes dans les catégories cadres et dans les emplois d’ouvriers. Dans le même temps, une proportion réduite de femmes serait employées administratives ou employées du commerce.
33Étant donné les niveaux de salaires des différents emplois, le changement dans la structure hypothétique des emplois féminins par rapport à la répartition observée pourrait avoir un effet important sur l’explication des différences de salaires entre hommes et femmes. Notons que les changements entre la structure observée et la structure prédite ne mènent pas nécessairement les salariés femmes vers des emplois mieux payés. Même si la part de femmes dans la catégorie « cadres et professions intellectuelles » a augmenté, le changement le plus important est la réduction des catégories d'employés, de vendeurs et le gonflement des catégories ouvrières qui ont à peu près les mêmes niveaux de salaires que les deux précédentes catégories. L’effet total sur l’écart de salaire entre les hommes et les femmes n’est donc pas évident à cette étape.
Décomposition de l’écart de salaire moyen
34Pour décomposer l’écart salarial moyen, nous avons donc d’abord estimé des équations de salaires par sexe pour chaque catégorie d’emploi. Les résultats, combinés avec les répartitions observées des emplois pour les hommes et pour les femmes ainsi que la répartition hypothétique, sont ensuite utilisés pour décomposer l’écart salarial moyen.
Les principaux résultats de ces décompositions sont les suivants
35Plus de la moitié de l’écart salarial moyen correspond à une partie « injustifiée », celle-ci provenant essentiellement de la composante intra-catégorie.
36En effet, la composante intercatégorie de l’écart de salaire moyen apparaît faible au regard de la part intra-catégorie (10% ou 22% du total selon la pondération adoptée). De plus, cette part est expliquée en sa quasi-totalité par les différences des caractéristiques individuelles. Cela indiquerait que si les femmes sont davantage dans des catégories d’emplois moins rétribués que les hommes, cela tient à leurs caractéristiques individuelles comme un niveau d’éducation moindre, moins d’expérience ou des situations familiales différentes. Ainsi, bien que la structure hypothétique des emplois qui serait en vigueur s’il n’y avait pas de barrière à l’entrée soit très différente de celle réellement observée, la répartition réelle n’apporte pas aux femmes salariées des rémunérations très inférieures à celles qu’elles auraient obtenu si elles avaient rencontré les mêmes mécanismes d’affectation dans les emplois que les hommes (ceci est indiqué par le fait qu’environ 1% de la différence salariale interemplois correspond à une part « injustifiée »).
décomposition de l’écart salarial moyen
décomposition de l’écart salarial moyen
37L’essentiel de l’écart salarial provient donc de l’écart des salaires moyens à l’intérieur des catégories d’emploi (78% ou 90% selon la pondération adoptée). Dans cet écart intracatégorie, la part justifiée par les différences de caractéristiques individuelles en constitue environ 25%, le restant étant formé de la combinaison d’un avantage masculin et d’un désavantage féminin.
38Par quels mécanismes peuvent se créer les différences de rémunération des caractéristiques individuelles entre les hommes et les femmes à l’intérieur de groupe d’emplois ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. En premier lieu, bien que le système des grilles de classification et des minima de branche associés aux coefficients hiérarchiques restreignent les différences de salaires à poste donné entre les entreprises, les critères pour attribuer les coefficients de la grille de classification sont suffisamment souples pour que les entreprises disposent d’un certain degré de liberté dans l’attribution de ces coefficients et donc du salaire de base associé (cf. Meurs, Skalli, 1997). Une étude limitée à quelques branches professionnelles montrait ainsi des écarts non expliqués entre les hommes et les femmes dès le salaire de base (Fakhfakh et alii, 2000).
39En second lieu, la rémunération totale comprend deux éléments, le salaire de base et les diverses primes et heures supplémentaires. Il est également possible que les compléments de rémunération puissent contribuer à créer ces différences salariales, ne serait-ce que parce que les salariés masculins sont plus sujets aux heures supplémentaires que leurs homologues féminines. Comme le montre une précédente étude de Chauvin et alii, (1984), l’écart salarial entre les hommes et les femmes aux États-Unis est ainsi largement dû aux différences d’obtention des compléments de rémunération.
Comparaison avec d’autres pays de l’OCDE
40Nous avons repris les résultats d’études utilisant cette méthode de décomposition pour quatre pays de l’OCDE : la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et l’Australie (Miller, 1987 ; Kidd et Shannon, 1994 ; Hawke, 1991) [7]. Les résultats sont reportés dans le tableau 5.
41Bien que l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes soit relativement limité en France, la proportion de la part non justifiée de cet écart est assezélevée parrapport aux quatre pays retenus ici.
42Par ailleurs, comme dans le cas de la France, le différentiel intra-catégories constitue l’essentiel du différentiel total dans ces 4 pays de l’OCDE (il est même supérieur au différentiel total) et, à l’exception du Canada, la part non justifiée de l’écart représente la majorité de cet écart intra-catégorie. Le différentiel intercatégorie représente par conséquent une part relativement petite de l’écart total dans tous les cas. De plus, la part non justifiée de cet écart intercatégorie a une valeur négative ou très faiblement positive dans les pays étudiés, ce qui signifierait que dans tous ces pays l’affectation dans les emplois n’entraînerait pas un désavantage salarial supplémentaire pour les femmes.
43Enfin, si l’on classait les pays selon la proportion de part non justifiée des salaires, les États-Unis auraient la part non justifiée la plus élevée, l’Australie et la France auraient des niveaux proches, le Canada et la Grande-Bretagne seraient les deux pays où la part injustifiée serait la plus réduite [8]. Tout en gardant à l’esprit les limites [9] de la comparaison internationale présentée ici, ce classement suscite un certain nombre de réflexions et des pistes de recherche.
44Selon la théorie néo-classique, la discrimination salariale ne peut subsister que dans des situations de concurrence imparfaite (Arrow, 1973 ; Krueger, 1963 ; Madden, 1975). Le classement présenté ci-dessus jette un doute sur la pertinence de cette explication dans la mesure où les États-Unis sont considérés généralement comme l’une des économies les plus flexibles dans le monde tant du point de vue du marché du travail que de celui du marché des biens.
résumé des décompositions des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes pour la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et l’Australie
résumé des décompositions des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes pour la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et l’Australie
45Une étude de Blau et Kahn (1992) indique que les institutions du marché du travail qui affectent les inégalités salariales peuvent avoir un effet très important sur les différences de salaires entre les hommes et les femmes. Cela peut expliquer le fait que parmi tous les pays de l' OCDE, les États-Unis, qui ont le moins de rigidités institutionnelles, ont aussi le plus large écart salarial entre les hommes et les femmes. Cependant l’Australie, la France et le Canada ont des systèmes de négociation collective relativement proches et la part injustifiée de l’écart salarial diffère pourtant notablement entre eux. D’autres variables pourraient affecter le degré de discrimination à l’encontre des femmes entre les pays et devraient être prises en compte dans des travaux comparatifs ultérieurs, la principale piste étant le degré de participation des femmes au marché du travail.
Conclusion
46La France a un système relativement centralisé de fixation des salaires et l’écart salarial entre les hommes et les femmes est relativement petit en comparaison avec les autres pays de l’OCDE. Néanmoins, un écart salarial réduit ne signifie pas nécessairement l’absence d’un biais à l’encontre des femmes dans la détermination des salaires.
47À partir d’une base de données portant sur le secteur privé en 1992, cet article a présenté une décomposition de l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes qui tienne compte à la fois de la fixation des salaires et de la structure des emplois. Nous trouvons que la part non justifiée de cet écart est relativement large en comparaison avec d’autres pays de l’OCDE. L’essentiel de l’écart salarial entre les hommes et les femmes provient de différences de salaires moyens pour une même catégorie d’emplois, ces écarts ne se justifiant que peu par des différences des caractéristiques individuelles. Nous montrons enfin que si les femmes suivaient la répartition des emplois selon les déterminants masculins, la structure féminine des emplois serait fortement modifiée mais l’écart salarial moyen n’en serait que faiblement affecté.
48Annexe 1 : statistiques descriptives
Annexe 2 : estimation du taux de temps complet et comparaison de l'expérience potentielle et de l'expérience imputée
Annexe 3 : équations de gains
Annexe 4 : résultats du modèle multinomial logit d'occupation d'un em
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Notes
- (*)Australian National University. E-mail : Xin. MMeng@ anu. edu. au
- (**)ERMES, Université de Paris 2. E-mail : meurs@ u-paris2. fr
- (1)Dans cette ligne de travaux, on considère que les écarts constatés de capital humain sur le marché du travail sont donnés, même s’ils peuvent résulter de phénomènes de discrimination hors du marché du travail (accès à l’éducation) ou sont la conséquence des discriminations constatées sur le marché du travail (un accès plus difficile à certaines catégories d’emplois peut décourager la main-d’œuvre féminine de suivre la formation nécessaire pour ce type d’emplois).
- (2)Cela signifie qu’il faut estimer séparément pour les hommes et pour les femmes des équations de gains pour chaque catégorie d’emplois.
- (3)Le taux de temps complet correspond au rapport entre le nombre d’heures effectuées par le salarié et le nombre d’heures à temps complet.
- (4)Nous avons utilisé pour cela une table de passage (fourni par l'Insee) entre les nomenclatures PCS et CITP COM-88 (version européenne de l'ISCO).
- (5)Sofer (1990) montrait qu’une participation élevée des femmes dans un emploi donné (comme ici la catégorie employée) a un impact négatif sur les salaires masculins dans cet emploi, ce qui est cohérent avec ce résultat.
- (6)Les résultats d’un modèle structurel incorporant les salaires dans le modèle sur la probabilité d’appartenir à une catégorie donnée sont cohérents avec les résultats présentés ici (résultats non reportés dans l'article).
- (7)La différence des salaires dans l’étude de Miller, Kidd et Shannon est calculée en utilisant les moyennes logarithmiques des salaires, l’étude de Hawke s’appuie sur les moyennes mensuelles des salaires. Les données utilisées pour la Grande-Bretagne sont tirées de General Household Survey 1980 ; pour les États-Unis, Current Population Survey pour 1987 ; pour l’Australie, Income Distribution Survey 1986 ; pour le Canada, Canadian labour Market Activity Survey pour 1989.
- (8)Dans l’étude de Blau et Kahn (1992), trois de ces pays étaient intégrés dans leur comparaison, à savoir les États-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne. Les classements de ces pays obtenus dans leur étude sont similaires aux nôtres.
- (9)Les résultats du tableau 5 sont extraits de différentes études et les variables utilisées dans les estimations des équations de salaires et dans la structure des emplois ne sont pas strictement identiques, ainsi que le nombre des catégories d’emplois.