Couverture de ECOPO1_055

Article de revue

Le transhumanisme ou l’adieu au corps

Pages 81 à 93

Notes

  • [1]
    D. Le Breton, L’adieu au corps, Métailié, Paris, 2013 [1999], et Anthropologie du corps et modernité, PUF, Paris, 2014 [1990].
  • [2]
    Cf. par exemple M. Minsky, The Society of Mind, Simon and Schuster, New York, 1985.
  • [3]
    P. Breton, L’utopie de la communication, La Découverte, Paris, 2005, et Le culte d’internet, La Découverte, Paris, 2000 ; K. Hayles, How We Became Posthuman. Virtual Bodies in Cybernetics, Literature and Informatics, The University of Chicago Press, Chicago, 1999 ; C. Lafontaine, L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine, Seuil, Paris, 2004 ; D. Le Breton, L’adieu au corps, op. cit., et Anthropologie du corps et modernité, op. cit.
  • [4]
    J.-P. Dupuy, La marque du sacré, Flammarion, Paris, 2010 [2009], p. 43.
  • [5]
    Il existe trois versions de cette déclaration (1998, 2002 et 2009). Nous citons la dernière. Cf. <hpluspedia.org/wiki/Transhumanist_Declaration>.
  • [6]
    J. Hughes, « Democratic Transhumanism 2.0 », s.d., <changesurfer.com/Acad/DemocraticTranshumanism.htm>, notre traduction.
  • [7]
    Ibid., notre traduction.
  • [8]
    J. Hughes, Citizen Cyborg. Why Democratic Societies Must Respond to the Redesigned Human of the Future, Basic Books, New York, 2004.
  • [9]
    Cf. le site de Max More : <www.maxmore.com>, notre traduction.
  • [10]
    Cité dans M. Morse, « What Do Cyborgs Eat ? », dans G. Bender et T. Druckrey (dir.), Culture on the Brink. Ideologies of Technology, Bay Press, Seattle, 1994, p. 162, notre traduction.
  • [11]
    H. Dreyfus, L’intelligence artificielle. Mythes et limites, Flammarion, Paris, 1984.
  • [12]
    K. E. Drexler, Engines of Creation. The Coming Era of Nanotechnology, Doubleday, New York, 1986.
  • [13]
    B. Bensaude-Vincent, Se libérer de la matière. Fantasmes autour des nouvelles technologies, INRA Éditions, Paris, 2004.
  • [14]
    M. Maestrutti, Imaginaires des nanotechnologies. Mythes et fictions de l’infiniment petit, Vuibert, Paris, 2011.
  • [15]
    R. Kurzweil, The Singularity Is Near. When Humans Transcend biology, Viking Press, New York, 2005, p. 9.
  • [16]
    R. Kurzweil, Humanité 2.0. La Bible du changement, M21 Éditions, Paris, 2007, p. 322.
  • [17]
    H. Moravec, Une vie après la vie, Odile Jacob, Paris, 1992, p. 11.
  • [18]
    G. Stok, Redesigning Humans. Our Inevitable Genetic Future, Houghton Mifflin Harcourt, Boston, 2002.
  • [19]
    Ibid., p. 197, notre traduction.
  • [20]
    B. Mazlich, The Fourth Discontinuity. The Co-Evolution of Humans and Machines, Yale University Press, New Haven, 1993, p. 233.
  • [21]
    Cité dans C. Boltanski, « Kevin Warwick, l’Homo Machinus », Libération, 11 mai 2002. Cf., par ailleurs, K. Warwick, I, Cyborg, Century, Londres, 2002.
  • [22]
    H. Dreyfus, op. cit. ; D. Le Breton, Anthropologie du corps et modernité, op. cit.
  • [23]
    K. Hayles, op. cit. ; D. Le Breton, L’adieu au corps, op. cit., et Anthropologie du corps et modernité, op. cit. ; M. Maestrutti, op. cit.
  • [24]
    D. Le Breton, Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur, Métailié, Paris, 2012.

Une vieille humanité empêtrée dans son corps

1 La condition humaine est nécessairement corporelle, même la pensée n’y échappe pas. L’existence est une permanente mise en jeu sensorielle, gestuelle, posturale, mimique, socialement codée et virtuellement intelligible par les individus d’un même groupe dans toutes les circonstances de la vie collective. Le corps est un vecteur de compréhension du rapport au monde de l’homme à travers une réflexivité permanente plus ou moins prononcée. À travers lui, sa condition sociale et culturelle, son âge, son sexe, le sujet s’approprie la substance de son existence et la rejoue pour soi et les autres.

2 Pourtant, certains contemporains voient désormais l’incarnation comme un obstacle majeur à l’épanouissement de soi et, au-delà, au déploiement de la technoscience. Le corps est à leurs yeux une limite tragique qui alimente la vulnérabilité inhérente à la condition humaine. Sans le corps, pensent-ils, ils seraient immortels, imperméables à toute maladie, sans limites, invulnérables, étrangers au vieillissement, uniquement sous l’égide de leurs propres pensées. Résurgence néognostique dans un monde laïcisé où le corps est perçu comme le lieu de la chute, d’une ensomatose, comme disent les théologiens. Trop imprévisible, fragile, lent dans ses réactions, en décalage avec l’efficacité et la fulgurance des technologies, il est perçu comme la relique indigne d’une condition posthumaine dont le règne s’annonce. Le mépris à son égard adopte une allure scientifique et propose une politique de désincarnation de l’humain [1]. Le terme péjoratif de « viande » pour le désigner vient naturellement sous la plume de maints théoriciens de la pensée transhumaniste [2]. Le fantasme qui se déploie dans cet imaginaire puritain est de s‘en débarrasser. Si le corps est le lieu de la mort ou de la maladie, non plus la condition d’existence de l’homme, mais celle de ses limites, alors une fois le corps supprimé la mort, la maladie ou les limites n’auraient plus lieu d’être. Maladie endémique de l’esprit, il est surnuméraire pour certains courants posthumanistes appelant de leurs vœux l’émergence prochaine d’une humanité enfin libérée de cette entrave anachronique. Revendication d’un univers postbiologique, post-organique, post-évolutionniste, et bien entendu « posthumain ». Dans les mondes contemporains, ouverts à un élargissement sans précédent des désirs sur soi et sur l’environnement, là où les technologies ne cessent d’augmenter la puissance d’action des individus dans le réel ou l’imaginaire, le corps devient trop étroit, il enferme en soi plutôt que d’ouvrir à toutes ces possibilités environnantes.

3 Cette quête de désincarnation trouve dans le paradigme informationnel qui s’impose de plus en plus dans nos sociétés un allié de choix, puisque la chair n’est plus qu’une cristallisation d’informations éventuellement reproductibles ou accessibles à des transformations [3]. Toute forme, vivante ou non, tend désormais à être perçue comme un agrégat d’informations en mouvement, déjà déchiffré ou en voie de l’être. Son infinie complexité et ses ambivalences se résolvent en un modèle unique de comparaison mettant sur le même plan des réalités différentes en liquidant leur ancien statut ontologique. La frontière s’efface entre le sujet et l’objet, l’humain et la machine, le vivant et l’inerte, le naturel et l’artificiel, le biologique et le prothétique. La conscience, le sentiment de soi, sont dans ce contexte des termes maladroits pour nommer l’organisation informationnelle et cybernétique du cerveau. L’expérience subjective n’est qu’une illusion, mais nullement dans le sens oriental que l’on rencontre par exemple dans le bouddhisme. Si l’esprit fonctionne comme un ordinateur, il est l’organisation complexe d’une série de programmes échangeant des informations. Des expressions de plus en plus banalisées comme « intelligence artificielle » ou « vie artificielle » liquident en contrebande toute anthropologie pour poser l’équivalence entre humain et produits de la technologie. Le corps ne serait plus nécessaire à l’humanité, il est désormais une entrave, un héritage évolutionniste qui se retourne contre elle. Pour des courants contemporains influents, la personne consiste dans la somme d’informations qui la compose. En supprimant la notion de signification, et donc toute valeur, au profit d’éléments techniques discrets et comparables, l’information annule la distinction entre les différentes formes de vie et ce qui relève de l’inerte. L’univers consiste alors en un flux infini d’informations se cristallisant en formes provisoires. La mouvance transhumaniste s’inscrit dans le droit fil de la cybernétique et du paradigme informationnel, elle dissout toute morale en réduisant l’humain à une somme de données manipulables, elle élimine des notions comme celles d’égalité ou de dignité. Son anthropologie développe une physique des éléments à travers une formalisation mathématique.

Transhumain

4 Issu d’une concrétion des mots « transition » et « humain » avec une forte connotation de dépassement, le transhumanisme revendique une recherche scientifique illimitée et une application immédiate à l’humain des modifications génétiques, du clonage, de la transgenèse, des nanotechnologies, du couplage du cerveau et de l’informatique, etc. Ce courant idéologique, qui connaît bien des déclinaisons, pousse à son terme une utopie postmoderne qui prend le relais des anciens grands récits pour promettre des lendemains enchantés, et même l’immortalité. Les technologies de l’information et de la communication sont érigées en accélératrices de l’évolution et en libératrices de toutes les anciennes pesanteurs liées à la vieille humanité. « Avec les nanotechnologies, commente Jean-Pierre Dupuy, l’homme prend la relève des processus biologiques, il participe à la fabrication de la vie [4] », il cesse d’être l’héritier du vivant pour en devenir le générateur ou le législateur.

5 Le transhumanisme développe un technoprophétisme, une nouvelle religiosité, une voie de salut pour délivrer l’homme de ses anciennes assises corporelles posées désormais comme des pesanteurs. La maladie, la fatigue, le vieillissement, la fragilité, la mort seront éliminés, et le cerveau verra ses capacités étendues à l’infini grâce à des mémoires informatiques qui donneront une connaissance immédiate des langues, des techniques, des possibilités sensorielles démesurées, etc. L’inachèvement de la condition humaine devient intolérable aux transhumanistes et elle appelle la réplique des technologies pour rectifier ces manques et promouvoir une humanité modifiée et dotée d’une formidable efficacité pratique. Les technologies libéreront des contraintes corporelles, biologiques ou culturelles. Elles ne sont plus perçues comme extérieures au corps, mais comme venant s’y substituer, éliminer des fonctions inutiles, le transformer en instrument plus efficace, plus fiable, plus rapide, etc. Le transhumanisme poursuit le rêve d’un homme non souffrant, non altéré par les émotions, non désirant, maître de lui-même et immortel, échappant à toute contingence et radicalement sous autocontrôle de soi. Il mise sur la convergence des technologies modernes : ingénierie génétique, technologies de l’information, nanotechnologies et sciences cognitives (NBIC) pour liquider un corps posé comme anachronisme, entrave à la libération de la condition humaine vers une posthumanité. Rien de mauvais ne saurait en émaner. Dans la mesure où le principe de réalité ne s’y applique pas, elles deviennent un support de fantasmes autour des corps possibles sans référence à l’épreuve du réel. Si les idéologies ou les religions ont perdu leur faculté de relier les hommes autour de croyances communes, nombre de scientifiques s’engouffrent dans la brèche et annoncent un avenir radieux. Ils s’érigent en nouveaux prophètes. Si les lieux de culte se vident, la science fait le plein avec les mêmes aspirations fantasmatiques. Cette fois le salut vient d’une technique tout entière vouée au bien de l’humanité (ou plutôt de la posthumanité), ou du moins aux rares fortunés qui auraient les moyens de profiter des techniques mises à leur disposition. Dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Dieu n’est plus de mise, chassé par la rationalité et les technologies, mais la nostalgie de la croyance s’exprime cependant de manière détournée à travers le culte voué à l’entrepreneur Henry Ford. Aujourd’hui, les divinités sont plutôt Google ou Apple ou la Science elle-même mais affectée d’une majuscule. Sous ses différents aspects, le transhumanisme est une forme d’intégrisme technologique, qui voue au mépris tout ce qui ne se résorbe pas dans la technique.

6 Le corps est perçu dans ce discours à l’image de la relique indigne d’une condition posthumaine dont le règne s’annonce. Il est une entrave au développement fulgurant des machines, crime de lèse-majesté. Il y a une continuité logique entre la réduction de l’humain au cerveau, et ce dernier à un logiciel de piètre qualité au regard de la puissance des technologies de l’information. La mouvance transhumaniste est convaincue dans son ensemble qu’une humanité atteignant la capacité de se transformer en profondeur elle-même est parfaitement détachable du corps. L’incarnation est la faute des origines. Face aux « progrès » de la technique, elle est désormais perçue comme un obstacle à l’épanouissement, un frein à l’évolution et donc un anachronisme à supprimer sans attendre.

7 Le transhumanisme doit se penser au pluriel, non seulement au regard des deux principales tendances politiquement opposées : d’une part l’organisation Humanity+, fondée en 1998 sous le nom de World Transhumanist Association, qui prône un usage démocratique des biotechnologies, notamment autour de James Hughes, de Nick Bostrom et David Pearce, d’autre part le mouvement libertarien, incarné en particulier par Max More et les extropiens ; mais aussi parce que d’innombrables individus se reconnaissent avec leur style propre dans cet imaginaire social de l’augmentation de l’humain. Il existe cependant une « Déclaration transhumaniste », publiée par Humanity+, qui semble faire consensus au sein du mouvement transhumaniste, dans laquelle les signataires se disent favorables à ce que les individus puissent disposer d’un vaste choix pour « activer leurs vies », ce qui comprend « l’utilisation de techniques qui pourraient être développées pour seconder la mémoire, la concentration et l’énergie mentale ; les thérapies visant à prolonger la vie ; les technologies de procréation assistée ; la cryogénisation ; et bien d’autres technologies de modification et d’augmentation de l’être humain possibles [5] ».

8 La frange démocratique, représentée surtout par James Hughes, est critique à l’encontre des libertariens et elle considère que « les êtres humains seront généralement plus heureux lorsqu’ils maîtriseront rationnellement les forces naturelles et sociales qui limitent leur vie [6] ». Elle entend promouvoir les principes d’égalité, de liberté et de solidarité sous l’égide de l’État, seul garant d’un accès équitable aux ressources scientifiques. L’enhancement doit être à la portée de tous et non le privilège d’une minorité de riches. Dans son manifeste, Hughes promet sa prochaine liquidation au profit d’une immortalité et d’une intelligence infinie : « Futurs hommes OGM et cyborgs ! vous ne perdrez que vos corps humains, et gagnerez des vies plus longues et des cerveaux plus gros [7]. » Pour Hughes, la citoyenneté n’est plus le privilège de l’humain, désormais elle doit se partager avec le citizen cyborg (titre de l’un de ses ouvrages paru en 2004), devenu notre prochain [8].

9 À l’opposé, Max More, fondateur en 1991 de l’Extropy Institute (donc contre l’entropie), revendique une pensée libertarienne où chacun est seul maître de ses décisions dans le refus de l’État et une visée néolibérale poussée à son extrême. Pour lui, il faut laisser l’initiative au marché, c’est-à-dire à ceux qui auront les moyens de recourir à ces technologies coûteuses. Par ailleurs, dans sa fameuse « Lettre à mère Nature », écrite en août 1999 et revue en mai 2009, il exprime sa colère envers la « nature » qui a généré la mort et la fragilité, une mémoire dérisoire, des émotions souvent incontrôlables, des sens trop limités… « Vous semblez avoir perdu tout intérêt pour la poursuite de notre évolution, il y a environ cent mille ans. » « Nous ne tolérerons pas davantage la tyrannie de l’âge et de la mort », dit More, continuant sa litanie en affirmant sa conviction que bientôt les posthumains sauront contrôler leurs émotions chimiquement, se reprogrammer génétiquement pour gagner la maîtrise des processus biologiques et neurologiques, élargir à l’infini la gamme des ­perceptions sensorielles, etc. [9]. D’où son rejet absolu du principe de précaution et la revendication d’une liberté d’innover qu’il nomme la proaction. À l’encontre de toute éthique, il importe d’apprendre en agissant et non de s’interdire des possibles au nom d’éventuels dangers. Adepte d’un individualisme ultralibéral sans concession, Max More récuse toute solidarité, toute charité, toute compassion avec les déshérités, les pauvres, les populations marginalisées. L’humanité est déplorable, seule importe les mutants transhumains qu’il voit se profiler dans les années à venir.

Le téléchargement de l’esprit

10 La radicalité du discours de mépris à l’encontre du corps s’annonce chez des chercheurs qui disent leur hâte de pouvoir bientôt télécharger leur « esprit » dans l’ordinateur afin de vivre pleinement l’immersion dans l’espace virtuel et, au-delà, atteindre enfin l’immortalité, ou presque. Si un individu n’est qu’une somme provisoire d’informations cristallisées, il n’est qu’un programme manipulable et transférable ailleurs indépendamment de son ancien support matériel (corps, cerveau, etc.). Le discours transhumaniste pose que l’humain est calculable et réductible à des informations que l’on peut identifier et qu’il est possible de reconstruire et de télécharger en les reconfigurant éventuellement. Seul l’ordinateur est un lieu infiniment propice pour abriter l’esprit, l’homme est une créature physiquement trop imparfaite.

11 Quels que soient son âge, son sexe, même s’il est malade ou handicapé, l’individu est libre de se mouvoir à sa guise et selon sa compétence dans un univers de données. Pour l’imaginaire transhumaniste, le corps électronique atteint la perfection, nouveau système nerveux et mental, loin de la maladie, de la mort, du handicap, libéré de la gravité. Le corps est la « dernière frontière », celle qu’il faut abattre pour pousser plus loin l’empire de la technique et de la volonté de l’individu afin de se « délivrer » de ce reste de « nature ». Pour les tenants de la fin du corps, le règne biologique est suranné et il est en voie de liquidation par les machines qui désormais l’imprègnent ou le programment tout en commandant son environnement. La posthumanité est souvent décrite en termes religieux par ses adeptes comme un monde merveilleux ouvert aux « mutants » qui inventent un nouvel univers. Les jeux innombrables sur les identités ne sont possibles que grâce à la disparition du corps. Dissimulé sous une identité provisoire et réversible, le sujet virtualisé n’a plus à craindre de ne plus oser se regarder en face après une déclaration quelconque. Délivré de l’injonction identitaire, il n’a plus de compte à rendre, l’identification ontologique à son corps est suspendue. Il joue avec ses identités virtuelles, sans troubles de conscience, avec même jubilation. Le corps n’est plus le site irréductible du sentiment d’identité, il est l’un d’entre eux, et sans doute le plus encombrant par les limites qu’il rappelle toujours au dernier moment, là où l’internaute croyait s’en délivrer.

12 Maints chercheurs transhumanistes aspirent à la possibilité de transférer leur esprit sur un support informatique afin de s’affranchir définitivement du corps et mener une vie virtuelle et éternelle. Pour l’un des théoriciens de l’Extropy Institute, David Ross, il « suffit » de configurer dans un programme d’ordinateur la duplication de chaque neurone et de chaque synapse d’un cerveau particulier pour que le transfert s’effectue entre l’esprit, avec toute sa mémoire, et l’ordinateur, laissant le corps à l’abandon. L’individu ne valant que pour son cerveau, la dissolution du corps ne change rien à son identité, mais elle le délivre de son poids possible de maladies, d’accidents ou de mort. Surtout s’il prend la précaution d’établir plusieurs copies de lui-même, et de se télécharger dans des supports de plus en plus puissants.

13 Gerald J. Sussman, professeur au MIT, regrette de ne pas gagner d’emblée l’immortalité qui lui paraît techniquement si proche. Il rêve de se débarrasser de son corps et de s’affranchir ainsi de la mort : « Si vous pouvez faire une machine qui contienne votre esprit, alors la machine est vous-même. Que le diable emporte le corps physique, il est sans intérêt. Maintenant une machine peut durer éternellement. Même si elle s’arrête vous pouvez toujours vous replier dans une disquette et vous recharger dans une autre machine. Nous voudrions tous être immortels. Je crains malheureusement que nous ne soyons la dernière génération à mourir [10]. »

14 Comme de modernes « Alice » au pays des merveilles de la communication et de l’information, la communication sans corps et sans visage libérerait pour le même individu la possibilité d’innombrables identités virtuelles, corps fantasmatiquement libéré des contraintes accrochées au corps réel. Toute une métaphysique qui donnait justement corps au sujet s’effondre, mais elle entraîne aussi la reconfiguration de vastes pans de la relation au monde. Nomade de soi, le transhumain serait fragmentaire, saisi dans le flux des signes qu’il laisse percevoir de lui, branché en permanence, tout en extériorité, il est sans intériorité. L’infinie complexité du réel est anéantie, il n’est plus exposé physiquement à autrui. L’idée du téléchargement de l’esprit s’appuie donc sur le fait de traiter toute matière comme cristallisation d’information et, dans le sillage des sciences cognitives, de concevoir le cerveau comme une machine à traiter des informations, et l’activité de raisonnement comme la seule mise en œuvre d’algorithmes.

15 Impossible de se dissoudre dans l’information pure et donc de devenir immatériel, sans se perdre soi-même avec son identité et son corps. Mais quel est alors le sentiment de soi d’un reste humain sans corps ? D’autant que l’information n’a pas le même statut anthropologique que la signification. L’information est une donnée mathématique, universelle, elle n’est pas une donnée sémantique. La signification inclut l’ambivalence, le débat, l’importance fondamentale du contexte, comme le rappelle Hubert Dreyfus [11]. La pensée qui manie des significations n’est pas un lieu de traitement de l’information. La conscience ne serait pas épargnée par le passage de la signification en information. Le uploading de l’esprit soulève ainsi des questions surprenantes, même si on en accepte un instant le principe acquis. Quel type de pensée et d’existence serait alors mis en jeu par le simulacre d’individu voué désormais à la virtualité ? Dans des films comme Matrix et sa suite (1999, 2003), ou Avatar (2009), le virtuel a plus de consistance que le réel. Et l’existence est désormais une fiction tenue pour vraie mais produite par la machine, détachée de toute épreuve du réel ; tous les épisodes sont réversibles, la mort ou la maladie, le handicap (Avatar) sont censés disparaître. La machine ne reproduit plus la réalité, elle est à son origine.

Homo silicium

16 Des prothèses à visée thérapeutique restaurant un organe ou une fonction s’intègrent dans un long processus de réparation et d’ingéniosité de la médecine. Ainsi par exemple des pompes à insuline, des pacemakers ou des implants cochléaires qui restituent en partie l’ouïe aux sourds. Certaines unités hospitalières sont occupées par des patients appareillés de toute part, ce sont déjà des cyborgs, intégrés au sein de subtiles procédures informatiques de contrôle qui relaient une part ou l’ensemble de leurs fonctions organiques. En outre, des couplages subtils entre le cerveau et l’ordinateur à partir d’implants amènent des personnes handicapées à reprendre possession de la fonction perdue grâce à une prothèse ou permettent à des personnes immobilisées d’interagir avec leur environnement. Souvent un lien est effectué entre ces malades et la cyborgisation de l’humain « normal » dont ils sont les précurseurs. Mais pour le transhumanisme, l’objet est de transformer le corps en une entreprise libérale. « Augmenter », « améliorer » l’humain prend différentes formes, sans relation souvent les unes avec les autres, sinon dans l’imaginaire d’un monde sans maladie, avec une mort repoussée à l’infini, une volonté de maîtrise radicale de tous les processus corporels.

17 L’amélioration passe par une cyborgisation radicale de l’humain sous les auspices d’une multitude de prothèses et de mécanismes minutieux de régulation cybernétique. Ces entreprises ne visent nullement à améliorer le goût de vivre, mais à accentuer les performances, l’efficacité, pour gagner du temps dans un monde de compétition, de vitesse, de communication. Les nanotechnologies recèlent en puissance une refondation absolue du corps, atome par atome, de manière à en reconfigurer la forme et les performances pour repousser toute précarité, réparer pièce par pièce toute fonction altérée et accroître à l’infini le pouvoir d’action de l’humain. « Façonner le monde atome par atome », dit K. Eric Drexler, auteur de Engines of Creation[12], qui voit les nanotechnologies comme une possibilité d’« arranger les atomes », de les recomposer et de les configurer autrement avec les autres afin de construire des machines « protéiques » susceptibles de couper, de coller des séquences d’ADN, de synthétiser des gènes, etc. Les atomes étant la matière première de toute forme existante, agir sur eux donne un pouvoir sans limite. L’assembleur moléculaire de Drexler est perçu comme capable d’assembler des molécules et des atomes afin de créer n’importe quel objet à partir de simples poussières en lui donnant une forme et une énergie, mais aussi pour réparer, soigner les maladies, prolonger la vie, accentuer les performances et la résistance du corps, etc. Ces assembleurs pourraient eux-mêmes créer d’autres assembleurs. Le Lego est le modèle de Drexler qui se voit volontiers en bricoleur de la vie, montant et remontant les éléments du monde à sa guise [13]. « En effet, la capacité de manipuler bits, atomes, neurones et gènes permet en théorie de contrôler pratiquement tout, parce qu’elle donne les clés de compréhension du code informationnel de la matière à tous les niveaux [14]. » La chair numérisée, rehaussée de prothèses et de puces électroniques est posée en solution enfin tangible à l’immortalité, à l’affranchissement de toute limite physique, temporelle, sensible, spatiale, etc.

18 Pour Ray Kurzweil, l’augmentation exponentielle, « verticale [15] » de la puissance cybernétique, mène logiquement à la transformation radicale d’une humanité trop imparfaite. Il imagine le moment où d’innombrables nano-ordinateurs intelligents seront implantés dans le cerveau et l’ensemble du corps pour en accroître les performances et contenir toute précarité, y compris la mort. Les nanorobots seraient susceptibles de protéger l’organisme de toute menace plus efficacement encore que le système immunitaire. Ils circuleront dans les veines ou les artères en régulant les manques et en éliminant les agents pathogènes. Kurzweil voit en eux la possibilité prochaine d’une connexion aux neurones afin de contrôler les sens et les émotions, étendre la mémoire à l’infini, et au-delà encore il imagine une connexion des cerveaux en ligne afin d’augmenter les potentialités humaines. Ils « détruiront les agents pathogènes, corrigeront les erreurs de notre ADN, élimineront les toxines et effectueront toutes sortes d’autres tâches pour améliorer notre bien-être physique [16] ». Plus intelligentes que les humains, les machines régiraient le sort des hommes.

19 Pour un roboticien comme Hans Moravec, l’obsolescence du corps humain est un fait acquis, la tâche première consiste à se débarrasser de la chair superflue qui limite le déploiement technologique d’une humanité en pleine métamorphose. « Notre esprit et nos gènes partagent peut-être des objectifs communs au cours de notre vie. Mais le temps et l’énergie consacrés à l’acquisition, au développement et à la diffusion des idées contrastent avec les efforts consacrés à l’entretien de nos corps et à la production d’une nouvelle génération [17]. » Le corps ruine une large part des efforts de l’esprit. Nous entrons selon Moravec dans une ère « postbiologique », le monde verra bientôt le triomphe de robots pensants, infiniment complexes et efficaces qui ne se distingueront plus de l’humanité courante sinon par leur perfection technique et leur abandon du corps. Certes, les machines contemporaines sont encore en enfance, élémentaires, elles exigent bien des affinements avant d’atteindre ce niveau ultime faisant de l’homme biologique une créature définitivement obsolète.

20 Un corps totalement redessiné par l’ingénierie génétique est souvent posé comme une autre voie pour une modification en profondeur de l’humanité. Pour Gregory Stok, auteur de Redesigning Humans[18], la reprogrammation cellulaire et moléculaire, toujours fondée sur une vision informatique de l’humain, autoriserait un pouvoir discrétionnaire sur les possibilités intellectuelles ou physiques, une élimination de toutes formes de maladies et de handicaps, et une parade décisive contre le vieillissement et la mort. Gregory Stok écrit : « Nous refaire est l’expression et la réalisation ultimes de notre humanité. Nous serions idiots de croire que ce futur est sans danger et qu’il n’apportera que des bienfaits, que la manipulation de ces technologies puissantes ne requerra pas de la prudence ou que les changements à venir ne s’accompagneront pas de grandes pertes. Nous débutons une aventure extraordinaire qui est inévitable, car, à en juger par notre passé, que nous le voulions ou non, il s’agit de notre ­destinée [19]. » Si le corps n’est pas voué à la liquidation par le uploading, il n’est de toute façon qu’un brouillon, une proposition à reprendre pour le hausser à la hauteur du désir de l’individu, seul maître des significations avec lesquelles il entend vivre.

21 De nombreux chercheurs affirment aujourd’hui la continuité des technologies de l’information et de l’humain. Pour Bruce Mazlich, par exemple, l’évolution implique désormais la prise de conscience que les machines ne sont pas fondamentalement différentes de l’homme, au contraire, et selon lui la compréhension du cerveau humain éclaire la nature de l’intelligence artificielle [20]. Pour Kevin Warwick, « la technologie risque de se retourner contre nous, sauf si nous fusionnons avec elle. Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur [21] ». Les technologies de l’information et de la communication reconfigurent finalement une condition humaine devenue périmée, il faut désormais télécharger la dernière version pour rester dans la course.

22 Les textes rédigés par les transhumanistes laissent le sentiment qu’il n’existe à leurs yeux aucune médiation sociale, culturelle, politique, économique à l’application de ces techniques si elles franchissaient le mur du fantasme et devenaient réalisables. Elles sont là, et voilà que soudain, par une sorte de grâce, l’humanité en profite (pour la frange démocratique) ou ceux qui en ont les moyens (pour la frange libertarienne). Même si l’on imagine un seul instant qu’une fée rende possible leurs rêves technoscientifiques, leurs conséquences humaines, sociales, politiques et surtout économiques les rend aussitôt comiques ou cyniques. Ils ne s’intéressent guère aux questions posées par le chômage, les retraites, les systèmes de santé, l’éducation des enfants, le renouvellement des générations, la surpopulation, etc. Mais la mouvance transhumaniste occulte justement les dimensions gênantes et pense en termes de plasticité et d’évolution en prétendant en accélérer le mouvement de manière concertée.

L’ironie du corps

23 L’incarnation (the embodiment) est une objection permanente à la simplicité de la notion d’information, le corps n’a pas disparu, on peut même dire qu’il n’est guère reconfiguré de façon significative par ceux qui souhaitent aller le plus loin en ce sens. L’ambition des discours n’est pas à la hauteur des réalisations techniques. En revanche, on voit émerger une subjectivité nouvelle au croisement de l’informatique et de l’information, nourrie par l’immersion grandissante de nos contemporains dans un monde virtuel qui répond à leurs attentes sans délai. Les anciennes représentations de l’humain sont désormais concurrencées par d’autres qui les mettent à mal. Au-delà de l’enchantement du discours, la limite à laquelle se heurte le transhumanisme est aussi celle de l’information qui, si elle nourrit son utopie, reste loin de ses aspirations. L’humain ne vit pas dans un univers d’informations mais de significations, immergé physiquement dans la contingence et les ambiguïtés du monde. Et grâce à la virtuosité acquise par sa pensée et son corps, la condition de sa présence au monde, l’individu à tout instant contextualise les données de son environnement, il les transforme en compréhension avec laquelle vivre et agir. Et il le fait en projetant les valeurs résultant de son histoire de vie. Le rapport au monde passe par le corps tout entier, les perceptions sensorielles, les émotions, les ressources de sens qui le traversent. L’individu est sensible à une multitude de données de son environnement selon l’intérêt qu’il leur prête, il sait dissiper la polysémie d’une situation en la reliant aussitôt à un ensemble précis, il peut généraliser ou singulariser des données par recoupements intuitifs afin de distinguer d’emblée l’essentiel de l’accessoire [22]. Une pensée sans corps et toute-puissante n’a guère de sens. À ce jour, les technologies, même les plus avancées, ne rendent nullement le corps anachronique, l’expérience corporelle demeure le cœur indispensable de l’humain. Même s’il s’affranchit provisoirement de ses anciennes appartenances pour endosser les identités multiples rendues possibles par la Toile ou le virtuel en jouant sur son sexe, son âge, ses goûts sexuels, sa nationalité, etc., l’individu connecté n’est pas à l’abri de la fatigue, de la faim, du sommeil, des maladies ou du handicap, ou d’un choc en retour des moyens qu’il utilise pour dissiper sa fatigue ou doper ses performances. Il l’oublie trop souvent, sans son corps il perdrait la saveur du monde et le goût de vivre, et n’aurait aucun usage des technologies flamboyantes qui l’entourent. Il n’est de monde que de corps.

24 Les transhumanistes « croient », au sens quasi religieux du terme, à une pensée désincarnée et omnipotente, ils ne voient pas qu’elle est sans rapport avec celle qui aurait lieu dans le cyborg ou le téléchargement de l’esprit. Ils projettent naïvement dans les technologies une pensée profondément humaine tout en liquidant toutes les conditions de son exercice. Ils baignent en amont dans la conviction de la possibilité d’une toute-­puissance de la pensée et en aval dans la croyance que la machine dissipera toutes les limites inhérentes au principe de réalité, mais ils oublient que la pensée mise en forme dans ces dispositifs sera sans aucun rapport avec leur rêve éveillé. Avec la disparition du corps ou son remaniement radical, une nouvelle définition de l’humain émerge(rait), une subjectivité d’un autre ordre, pensable en termes de fictions mais difficilement en termes d’événement et de lien social [23]. Dans ce monde néognostique, le paradis est nécessairement un monde sans corps rempli de puces électroniques et de modifications génétiques ou morphologiques. Mais l’entêtement du sensible demeure. En témoignent d’ailleurs les centaines de millions de marcheurs à travers le monde qui revendiquent un corps à corps heureux avec le monde [24]. Cette vision du monde qui liquide le corps, érige un culte à l’esprit ou plus exactement à l’information, suspend l’homme comme une hypothèse secondaire, voire superflue, demeure une pure rêverie. Une humanité hors corps est aussi une humanité sans sensorialité, amputée de la saveur du monde. À leur insu, les transhumanistes ouvrent en ce sens un chapitre inédit de la science-fiction, et ils tournent une nouvelle page de l’histoire du puritanisme : l’utopie d’un monde sans corps et donc sans émotion, sans désir, sans sexualité, sans autre.


Date de mise en ligne : 29/01/2018

https://doi.org/10.3917/ecopo1.055.0081

Notes

  • [1]
    D. Le Breton, L’adieu au corps, Métailié, Paris, 2013 [1999], et Anthropologie du corps et modernité, PUF, Paris, 2014 [1990].
  • [2]
    Cf. par exemple M. Minsky, The Society of Mind, Simon and Schuster, New York, 1985.
  • [3]
    P. Breton, L’utopie de la communication, La Découverte, Paris, 2005, et Le culte d’internet, La Découverte, Paris, 2000 ; K. Hayles, How We Became Posthuman. Virtual Bodies in Cybernetics, Literature and Informatics, The University of Chicago Press, Chicago, 1999 ; C. Lafontaine, L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine, Seuil, Paris, 2004 ; D. Le Breton, L’adieu au corps, op. cit., et Anthropologie du corps et modernité, op. cit.
  • [4]
    J.-P. Dupuy, La marque du sacré, Flammarion, Paris, 2010 [2009], p. 43.
  • [5]
    Il existe trois versions de cette déclaration (1998, 2002 et 2009). Nous citons la dernière. Cf. <hpluspedia.org/wiki/Transhumanist_Declaration>.
  • [6]
    J. Hughes, « Democratic Transhumanism 2.0 », s.d., <changesurfer.com/Acad/DemocraticTranshumanism.htm>, notre traduction.
  • [7]
    Ibid., notre traduction.
  • [8]
    J. Hughes, Citizen Cyborg. Why Democratic Societies Must Respond to the Redesigned Human of the Future, Basic Books, New York, 2004.
  • [9]
    Cf. le site de Max More : <www.maxmore.com>, notre traduction.
  • [10]
    Cité dans M. Morse, « What Do Cyborgs Eat ? », dans G. Bender et T. Druckrey (dir.), Culture on the Brink. Ideologies of Technology, Bay Press, Seattle, 1994, p. 162, notre traduction.
  • [11]
    H. Dreyfus, L’intelligence artificielle. Mythes et limites, Flammarion, Paris, 1984.
  • [12]
    K. E. Drexler, Engines of Creation. The Coming Era of Nanotechnology, Doubleday, New York, 1986.
  • [13]
    B. Bensaude-Vincent, Se libérer de la matière. Fantasmes autour des nouvelles technologies, INRA Éditions, Paris, 2004.
  • [14]
    M. Maestrutti, Imaginaires des nanotechnologies. Mythes et fictions de l’infiniment petit, Vuibert, Paris, 2011.
  • [15]
    R. Kurzweil, The Singularity Is Near. When Humans Transcend biology, Viking Press, New York, 2005, p. 9.
  • [16]
    R. Kurzweil, Humanité 2.0. La Bible du changement, M21 Éditions, Paris, 2007, p. 322.
  • [17]
    H. Moravec, Une vie après la vie, Odile Jacob, Paris, 1992, p. 11.
  • [18]
    G. Stok, Redesigning Humans. Our Inevitable Genetic Future, Houghton Mifflin Harcourt, Boston, 2002.
  • [19]
    Ibid., p. 197, notre traduction.
  • [20]
    B. Mazlich, The Fourth Discontinuity. The Co-Evolution of Humans and Machines, Yale University Press, New Haven, 1993, p. 233.
  • [21]
    Cité dans C. Boltanski, « Kevin Warwick, l’Homo Machinus », Libération, 11 mai 2002. Cf., par ailleurs, K. Warwick, I, Cyborg, Century, Londres, 2002.
  • [22]
    H. Dreyfus, op. cit. ; D. Le Breton, Anthropologie du corps et modernité, op. cit.
  • [23]
    K. Hayles, op. cit. ; D. Le Breton, L’adieu au corps, op. cit., et Anthropologie du corps et modernité, op. cit. ; M. Maestrutti, op. cit.
  • [24]
    D. Le Breton, Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur, Métailié, Paris, 2012.

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