Ce numéro se fait l’écho d’une journée d’études organisée avec le soutien de la BNF et de la Société d’Étude du xviie siècle. Elle se tint en décembre 2016 dans le Petit auditorium du site François-Mitterrand, alors que l’admirable exposition montée par Jean-Marc Chatelain, Pascal. Le cœur et la raison, attirait entre les mêmes murs l’affluence qu’on sait.
« Le cœur et la raison » : le plus souvent comprise sur le mode de l’antithèse, l’alliance de ces deux termes nous apparaît désormais topique, sinon tout à fait convenue, et la forme de collocation linguistique qu’elle engage aujourd’hui ne témoigne pas moins de son succès que la plasticité de son usage – n’alla-t‑elle pas jusqu’à donner son nom à une parodie des Feux de l’amour ? Mais voilà bien l’étrange postérité, parfois, et la magie durable de telles formules appelées à s’imprimer dans la mémoire collective, en déjouant ici la gravité de la sentence par le sourire de la pointe : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
Cette magie a cependant son risque, qu’il importait d’interroger et de conjurer à nouveaux frais. Car ce qui se cite, ce qui se répète, ce qui circule aussi facilement, son contenu ainsi vitrifié peut-il s’interroger encore ? L’intensité de sa circulation ne le dérobe-t‑il pas à la réflexion, voire à toute forme de perplexité ? La mémoire est un sentiment, nous avait prévenus Pascal, comme la joie. Et à ce titre, ce qu’elle charrie d’évidence ne manque donc pas d’obscurcir, voire d’éblouir l’entendement…
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