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Article de revue

Fénelon dans la culture néo-hellénique (xviiie-xixe siècles)

Pages 285 à 318

Notes

  • [1]
    Je tiens à remercier Marie-Louise Borloz qui a revu le texte français de cet article.
  • [2]
    Anna Tabaki, « Le français, langue d’échanges culturels dans le Sud-Est de l’Europe. “La conjoncture historique et ses spécificités locales” », Ouverture. Études à l’honneur de Vassiliki Papoulia (Ανοιχτοσύνη Μελέτες προς τιµήν της Βασιλικής Παπούλια), Thessalonique, Vanias, 2012, pp. 507-516.
  • [3]
    Stessi Athini, Aspects de la prose narrative néo-hellénique (1700-1830). Le dialogue entre les traditions grecques et étrangères en théorie et en pratique (Όψεις της νεοελληνικής αφηγηµατικής πεζογραφίας (1700-1830). Ο διάλογος µε τις ελληνικές και ξένες παραδόσεις στη θεωρία και την πράξη), Athènes, Institut des recherches néo-helléniques / Fondation nationale de la recherche scientifique, « Bibliothèque de l’histoire des Idées », 2010 ; Philippos Pappas, « Le dialogue entre la littérature grecque et les littératures étrangères par l’intermédiaire des traductions (1830-1909) » (« O διάλογος της ελληνικής με τις ξένες λογοτεχνίες μέσω των μεταφράσεων (1830-1909) »), thèse de doctorat de l’université de Crète, Rethymno, 2012, pp. 59-64.
  • [4]
    Despina Provata, « Victor Hugo en Grèce (1842-1902) », thèse de doctorat de l’université de Paris-Sorbonne ‒ Paris IV, 1994.
  • [5]
    Théodore Katsikaros, « Alexandre Dumas et la Grèce », thèse de doctorat de l’Institut national des langues et civilisations orientales, 2000.
  • [6]
    Stessi Athini, « Questions liées à la traduction de la prose narrative en grec moderne (1780-1800) », Neohelicon. Acta Comparationis Litterarum Universarum, 2004, no 31.2, Akadémiai Kiadó, Budapest, pp. 43-51.
  • [7]
    De la riche bibliographie consultée je me limite à signaler les titres suivants : Albert Chérel, Fénelon au xviii e siècle en France (1715-1820). Son prestige-son influence. Tableaux bibliographiques (Supplément), (1917), Genève, Slatkine Reprints, 1970 ; Françoise Gallouedec-Genuys, La Conception du prince dans l’œuvre de Fénelon, Paris, Puf, 1963 ; Volker Kapp, Télémaque de Fénelon : la signification d’une œuvre littéraire à la fin du siècle classique, Tübingen-Paris, 1982 ; Fénelon, Œuvres, édition présentée, établie et annotée par Jacques Le Brun, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1983, t. II, 1997 ; Henk Hillenaar (dir.), Nouvel état présent des travaux sur Fénelon, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 2000 ; François-Xavier Cuche, Alain Lanavére, François Trémolières, Emmanuel Bury, Benedetta Papásogli (dir.), Actes de la journée Fénelon (11 décembre 1998-Sorbonne), Dix-septième siècle 2000, no 206 ; Jacques Le Brun, « Du privé au public : l’éducation du prince selon Fénelon », in Ran Halévi (dir.), Le Savoir du prince, du Moyen Âge aux Lumières, Paris, Fayard, 2002, pp. 235-260 ; Jacques Le Brun, François-Xavier Cuche (dir.), Fénelon, mystique et politique 1699-1999 : Actes du colloque international de Strasbourg pour le troisième centenaire de la publication du Télémaque et de la condamnation des Maximes des Saints, Paris, Champion, 2004.
  • [8]
    Sur la fortune internationale de Fénelon voir : Alexandre Eckhardt, « Télémaque en Hongrie », Revue des études hongroises 1926, no 4, pp. 167-171 ; Henri Gérard Martin, Fénelon en Hollande, H.J. Paris-Amsterdam 1928, http://www.dbnl.org/tekst/mart071fene01_01/colofon.htm (site consulté en février 2017) ; Volker Kapp, « Fénelon en Allemagne », in Henk Hillenaar (dir.), Nouvel état présent des travaux sur Fénelon, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 2000, pp. 127-151 ; Marie-Christine Kok Escalle, « Des éditions hollandaises des Aventures de Télémaque », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 31, http://dhfles.revues.org/1298 (site consulté en février 2017) ; J. Hernández Serna y Carmen Pérez, « Les aventures de Télémaque de Fénelon, en España », Estudios Románicos, 2006, no 15, pp. 41-70 ; C. Smitt-Maas, S. Stokchorst, D. Ahn (dir.), Fénelon in the Enlightenment : Traditions, Adaptations and Variations, Amsterdam-New York, Rodopi, 2014.
  • [9]
    Henk Hillenaar, « Le projet didactique de Fénelon auteur de Télémaque : enjeux et perspectives », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1478 (site consulté en février 2017).
  • [10]
    Sur la périodisation des Lumières néo-helléniques voir : Anna Tabaki, « Les Lumières néo-helléniques. Un essai de définition et de périodisation », in Werner Schneiders (dir.) avec l’introduction générale de Roland Mortier, Les Lumières en Europe. Concepts et symboles du dix-huitième siècle européen, Berlin, Berliner Wissenschafts – Verlag, 2003, pp. 45-56 ; Jacques Bouchard, « L’Aube des Lumières chez les Grecs et les Roumains‒Définition et périodisation (1680-1780) », Les Phanariotes et l’aube des Lumières, Centre interuniversitaire d’études néo-helléniques de Montréal, Montréal 2007, pp. 1-11 ; Jacques Bouchard, « Défense et illustration de la Frühaufklärung néo-hellénique », dans les Actes du XXe Colloque international des néo-hellénistes francophones. Université Charles de Gaulle-Lille I, 24-26 mai 2007. D’une frontière à l’autre : Mouvements de fuites, mouvements discontinus dans le monde néo-hellénique. Présences néo-helléniques dans les pays francophones ici-maintenant et ailleurs, textes réunis par Constantin Bobas, Athènes-Lille, Éditions Gavrielidès / Presses universitaires du Septentrion, 2009, pp. 258-267. Sur la production littéraire voir Stessi Athini-Giannis Xourias, Littérature néo-hellénique (1670-1830) (Nεοελληνική Γραµµατεία (1670-1830), Athènes, 2015, www.kallipos.gr
  • [11]
    Lesbos, Monastère Leimonos, Ms no 359.
  • [12]
    Rédacteur sous l’ordre de voevoda de « Επιτετμημένη επαρίθμησις των κατά τον παρελθόντα αιώνα λογίων Γραικών, και περί τινων των εν τῳ νυν αιώνι ανθούντων » / « Eruditorum Graecorum superioris & praesentis saeculi Recensio », in J.A. Fabricius (dir.), Bibliothecae Graecae, 1722, t. XI, pp. 769-808.
  • [13]
    Stessi Athini, « Les aventures de Télémaque : a fictional “Mirror of princes” in the entourage of the first Mavrokordatos family », Workshop : « Regelwissen in der griechischen Frühen Neuzeit » 30.11.2012 - 01.12.2012, « Transfer und Überlagerung. Wissenskonfigurationen in der Zeit der griechischen homines novi im Osmanischen Reich (1641-1730) », Freie Universität Berlin.
  • [14]
    Constantinople, Métoque du Saint-Sépulcre, Ms no 358 ; Bibliothèque de Milies (Mont Pélion), Ms no 56.
  • [15]
    Sur leur activité intellectuelle et politique on peut consulter : Jacques Bouchard, « Nicolas Mavrocordatos et l’Aube des Lumières », Revue des études sud-est européennes, 1982, no 20, pp. 237-246 ; Jonathan I. Israel, Enlightenment Contested. Philosophy, Modernity and the Emancipation of Man 1670-1752, Oxford University Press, 2006, pp. 319-321.
  • [16]
    Cornelia Papacostea-Danielopolu, « Préoccupations livresques de Scarlat Mavrocordat dans un manuscrit de l’Académie Roumaine », Revue des études sud-est européennes, 1990, no 28, pp. 29-37.
  • [17]
    Corneliu Dima-Drăgan, « La bibliophilie des Mavrocordato », Symposium L’Époque phanariote, Thessalonique, Institute for Balkan Studies, 1974, pp. 209-216. La reconstitution bibliographique du fond livresque constitue un des principaux axes de recherche du programme en cours de la Freie Universität de Berlin (Project C06) Transfer and Interference. Configurations of Knowledge in the Period of the Greek Homines Novi in the Ottoman Empire (1641-1730) http://www.sfb-episteme.de/en/teilprojekte/handeln/C06/index.html (site consulté en juin 2015) ; Nikolas Pissis, « La bibliothèque princière de Nicolas Mavrocordatos : pratiques de collection et de lecture », in André Binggeli, Matthieu Cassin, Marina Détoraki, Anna Lampadaridi (dir.), Bibliothèques grecques dans l’empire ottoman, Turnhout, Brepols, 2017 (en cours de publication).
  • [18]
    Publié à Bucarest en 1719 et réédité avec une traduction latine à Leipzig en 1722 et à Londres en 1724 ; il a eu plusieurs éditions posthumes. Voir Nicolas Mavrocordatos, Traité des devoirs (Περί καθηκόντων βίβλος), texte établi, traduit et commenté par Lambros Kambéridis, Athènes, Fondation Culturelle de la Banque Nationale de Grèce, 2014.
  • [19]
    Sur l’attention portée à la fameuse querelle, voir Nicolas Mavrocordatos, Les Loisirs de Philothée, texte établi, traduit et commenté par Jacques Bouchard, Athènes-Montréal, Association pour l’étude des Lumières en Grèce - Les Presses de l’université de Montréal, 1989, p. 120.
  • [20]
    Gabriel Maugin, Documenti bibliografiki e critici per la storia della fortuna del Fénelon in Italia, Paris, Honoré Champion, 1910, pp. 30-61 ; Anna Luigia Villiani, « Il Telemaco di Fenelon nelle biblioteche, università e istituti d’istruzione religioso a Roma. Strumento pedagogico-linguistico, supporto per una formazione morale e culturale o oggetto di una disputa teologica ? », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 31, http://dhfles.revues.org/1914 (site consulté en janvier 2017).
  • [21]
    Athanasios E. Karathanasis, « La Compagnie hellénique de Braşov », L’Hellénisme en Transylvanie. L’activité culturelle nationale et religieuse des compagnies commerciales helléniques de Sibiu et de Braşov aux xviii e-xix e siècles, Thessalonique, Institute for Balkan Studies, 1989, p. 162.
  • [22]
    Paschalis M. Kitromilides (dir.), Adamantios Korais and the European Enlightenment, Voltaire Foundation, University of Oxford, SVEC, 2010.
  • [23]
    Mémoire sur l’état actuel de la civilisation dans la Grèce, lu à la Société des Observateurs de l’homme, le 16 Nicôse, an XI (6 janvier 1803), par Coray, docteur en médecine, et membre de ladite société, Paris 1803, pp. 9-10.
  • [24]
    Sur les controverses pendant la période des Lumières néo-helléniques autour du choix de registre langagier (démotique-vulgaire ou archaïsant) voir Peter Mackridge, Language and National Identity in Greece, 1766-1976, Oxford, Oxford University Press, 2009, pp. 32-158.
  • [25]
    Pour les éditions contemporaines qui satisfaisaient l’intérêt croissant pour la mythologie grecque, voir Ch. L. Caraoglou, « Mythologies prérévolutionnaires » (« Προεπαναστατικές μυθολογίες  »), in Dimitra Mitta (dir.), Apologie du Mythe (Απολογία για τον Μύθο), Thessalonique, University Studio Press, 1997, pp. 209-223.
  • [26]
    Suivant la division des éditions françaises à partir de 1717.
  • [27]
    Cf. Volker Kapp, « Les illustrations des éditions de Télémaque », dans les Actes du colloque international de Strasbourg pour le troisième centenaire de la publication du Télémaque et de la condamnation des Maximes des Saints. Fénelon Mystique et Politique (1699-1999), F.-X. Cuche, J. Le Brun (dir.), Paris, Honoré Champion, 2004, pp. 287-303.
  • [28]
    J. M. Tancoigne, Voyage à Smyrne, vol. I, Paris, 1817, pp. 140-141, cité par Alexis Politis, « Romans au sujet antique, 1790-1900. À nouveau le poids du patrimoine ancestral ? » (« Αρχαιόθεμα μυθιστορήματα, 1790-1900. Και πάλι το βάρος της αρχαίας κληρονομιάς; », in Stefanos Kaklamanis, Michael Paschalis (dir.), La Réception de l’Antiquité dans le roman byzantin et néo-hellénique (Η πρόσληψη της αρχαιότητας στο βυζαντινό και νεοελληνικό µυθιστόρηµα), Athènes, Stigmi, 2005, p. 132.
  • [29]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, t. II : 1799-1809, Athènes, Association pour l’étude des Lumières en Grèce, 1964, p. 270.
  • [30]
    Philippos Iliou, Pour l’éclairement de la Nation. Annonces des revues prérévolutionnaires (1734-1821). Résidus de Philippos Iliou (Διά του γένους τον φωτισµόν. Αγγελίες προεπαναστατικών εντύπων (1734-1821). Από τα κατάλοιπα του Φίλιππου Ηλιού), édité par Popi Polemi en collaboration avec Anna Matthaiou et Irini Rizaki, Athènes, musée Benaki, 2008, p. 161, note 1[2].
  • [31]
    « Littérature. De la littérature grecque contemporaine » (« Φιλολογία. Περί της συγχρόνου Eλληνικής φιλολογίας  »), Anthologie des connaissances utiles (Aνθολογία των κοινωφελών γνώσεων), 1868, no 16, p. 244.
  • [32]
    Nicolaos Papadopoulos, Mercure Kerdôos ou Encyclopédie marchande (Ερµής ο Κερδώος ήτοι Εµπορική Εγκυκλοπαιδεία), introduction de Triantafyllos Sklavenitis, Athènes, Fondation culturelle et technologique ETBA, 1989, t. I, pp. 11-12.
  • [33]
    Théophilos Kairis, Correspondance (Αλληλογραφία), Seconde partie : Lettres d’Evanthia Kairi 1814-1866 (Επιστολαί Ευανθίας Καΐρη 1814-1866), éd. Dimitrios Polemis, Andros, Bibliothèque Kairi, 1997, p. 88.
  • [34]
    Konstantinos Oikonomos de Oikonomoi, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. Kostas Lappas, Rodi Stamouli, t. I : 1802-1817, Athènes, Académie d’Athènes, 1989, p. 56.
  • [35]
    Le Mercure savant (Ερµής ο Λόγιος), 1819, no 9, p. 784.
  • [36]
    Panayotis Moullas, « Le néo-classicisme bat son plein (1862-1867) », Les Concours poétiques de l’université d’Athènes 1851-1877, Archives historiques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, Athènes, 1989, pp. 167-237 ; voir aussi, Athina Georganta, Emmanuel Roïdis. La Voie vers la Papesse Jeanne, (Εμμανουήλ Ροΐδης. Η πορεία προς την Πάπισσα Ιωάννα), Athènes, Istos, 1993, p. 223.
  • [37]
    Pappas, op. cit.
  • [38]
    Georganta, op. cit., pp. 146-154.
  • [39]
    Emmanuel Roïdis, Œuvres complètes (Άπαντα), éd. Alkis Angelou, Athènes, Ermis, 1978, vol. I, p. 24.
  • [40]
    La traduction de la citation est empruntée à Emmanuel Rhoïdis, La Papesse Jeanne, roman historique écrit d’après les documents puisés aux sources originales, précédé d’une étude historique, accompagné de notes et orné d’un portrait de la papesse Jeanne copié sur le manuscrit de Cologne, ouvrage traduit du grec moderne, Paris, Dreyfous, 1878, p. 19.
  • [41]
    Lawrence Venuti, « Retranslations: The creation of value », Bucknell Review: A Scholarly Journal of Letters, Arts and Sciences, 2003, no 47, pp. 25-38.
  • [42]
    Pour les traductions des œuvres occidentales en karamanlidika voir Ioanna Petropoulou, « From West to East : The Translation Bridge. An Approach from a Western Perspective », in Anna Frangoudaki, Caglar Keyder (dir.), Ways to Modernity in Greece and Turkey. Encounters with Europe, 1850-1950, London-New York, I. B. Tauris & Co Ltd, 2007, pp. 91-112.
  • [43]
    L’œuvre était déjà connue par sa première traduction en turc (Terceme-I Telemak) du grand Vezir Yusuf Kamil Pasha, publiée en 1862 ; voir Saliha Paker, « Turkish Tradition », in Mona Baker, Gabriela Saldanha (dir.), Routledge Encyclopedia of Translation Studies, London-New York, 2011, p. 556 ; Arzu Meral, « The Ottoman reception of Fénelon’s Télémaque », in C. Smitt-Maas, S. Stokchorst, D. Ahn (dir.), Fénelon in the Enlightenment: Traditions, Adaptations and Variations, Amsterdam-New York, Rodopi, 2014, pp. 215-216.
  • [44]
    C. Caliadis, « De la littérature. Les fortunes du Télémaque de Fénelon » (« Φιλολογικά. Αι Τύχαι του Τηλεμάχου του Φενελώνος »), Revue hebdomadaire de Néologos (Νεολόγου εβδοµαδιαία επιθεώρησις), 1894, no 3, pp. 567-568, 593-595, 605-608.
  • [45]
    I. K. Asopios, « Le nouvel idéal » (« Το νέον ιδεώδες »), Les Olympiques (Ολύµπια), 1897, no 2, pp. 15-16.
  • [46]
    Patricia Touboul, « Le statut des femmes : nature et condition sociale dans le Traité de l’éducation des filles de Fénelon », Revue d’histoire littéraire de la France, 2004, vol. 104, n° 2, pp. 325-342.
  • [47]
    P. M. Kitromilidis, « The Enlightenment and womanhood: Cultural change and the politics of exclusion », Journal of Modern Greek Studies, 1983, no 1, pp. 39-61.
  • [48]
    Voir page 10.
  • [49]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), t. III : 1810-1816, éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, Emm. Frangiskos, Athènes, Ermis, 1979, p. 380 ; Théophilos Kairis, Correspondance (Αλληλογραφία), troisième partie : Lettres à Théophilos Kairis 1808-1839 (Επιστολαί προς Θεόφιλον Καΐρην 1808-1839), éd. Dimitrios Polemis, t. I, Andros, Bibliothèque Kairi, 1998, pp. 373-374.
  • [50]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, Emm. Frangiskos, t. IV : 1817-1822, Athènes, Association pour l’étude de Lumières en Grèce, 1982, p. 58.
  • [51]
    Kairis, Correspondance, op. cit., p. 137.
  • [52]
    Coray, Correspondence, op. cit., p. 185.
  • [53]
    Ibidem, p. 186.
  • [54]
    Vicky Patsiou, « Indices d’intellectualité féminine en Grèce au début du xix e siècle : L’œuvre traduite d’Evanthia Kairi et la tradition des Lumières néo-helléniques » (« Ενδείξεις γυναικείας λογιοσύνης τον αρχόμενο ελληνικό 19ο αιώνα: Το μεταφραστικό έργο της Ευανθίας Καΐρη και η παράδοση του νεοελληνικού Διαφωτισμού »), dans les Actes du Symposium Evanthia Kairi. Bicentenaire de sa naissance 1799-1999. Andros, 4 septembre 1999 (Ευανθία Καΐρη. Διακόσια χρόνια από τη γέννησή της 1799-1999. Πρακτικά Συµποσίου, Άνδρος, 4 Σεπτεµβρίου 1999), Andros, Annales d’Andros no 31, Bibliothèque Kairis, 2000, pp. 45-62 ; Sofia Denissi, « The Greek Enlightenment and the changing cultural status of women », Comparaison, 2001, no 12, pp. 42-47.
  • [55]
    Robert Granderoute, « De “L’Éducation des filles” aux “Avis d’une mère à sa fille” : Fénelon et Madame de Lambert », Revue d’histoire littéraire de la France 1987, vol. 87, n° 1, pp. 15-30.
  • [56]
    Sidiroula Zioga-Karastergiou, L’Enseignement secondaire des filles en Grèce (1830-1893) (Η µέση εκπαίδευση των κοριτσιών στην Ελλάδα (1830-1893), Athènes, Archives historiques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, 1986, p. 50.
  • [57]
    Une école privée pour les filles était déjà créée en 1830 à Ermoupolis ; il est donc probable que l’édition de Zontanos s’inscrive dans ce contexte, ibid., p. 51.
  • [58]
    P. 60 ; cf. Eleni Phournaraki, Enseignement et éducation des filles. Réflexions Grecques (1830-1910). Un florilège (Εκπαίδευση και αγωγή των κοριτσιών. Ελληνικοί προβληµατισµοί (1830-1910). Ένα ανθολόγιο), Athènes, Archives hHistoriques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, 1987, pp. 79-98.
  • [59]
    « Τα πρώτα της ανατροφής θεμέλια » (pp. 21-28) / « Quels sont les premiers fondements de l’éducation » (pp. 13-22) « Ζωντανός μίμησις επίφοβος » (pp. 20-30) / « Imitation à craindre » (pp. 23-25), « Διδασκαλία πλάγιος. Οι παίδες δεν πρέπει να στενοχωρώνται » (pp. 30-53) / « Instructions indirectes : Il ne faut pas presser les enfants » (pp. 26-54), « Σημειώσεις περί πολλών ελαττωμάτων των κορασίων » (pp. 53-58) / « Remarques sur plusieurs défauts des filles » (92-97), « Χρέη των γυναικών » (pp. 71-76) / « Instruction des femmes sur leurs devoirs » (pp. 106-113), « Περί τροφών » (pp. 76-80) / « Des gouvernantes » (pp. 130-138), cf. Fénelon, De l’éducation des filles. Texte collationné sur l’édition de 1687, par Charles Defodon, Paris 1898.
  • [60]
    Il faut mentionner qu’au cours de l’année scolaire 1876-1877 à l’École Normale des institutrices, l’établissement principal de l’« Association des Amis de l’instruction », on enseignait dans l’original français le texte intégral du Télémaque. Voir Condylia Choida, « Le cours de français dans les écoles secondaires grecques de l’état grec libre et de l’hellénisme de l’étranger au xix e siècle (objectifs, curriculum, organisation, livres) », (« Το μάθημα των γαλλικών στα ελληνικά σχολεία της μέσης εκπαίδευσης του ελεύθερου κράτους και του έξω ελληνισμού κατά τον 19o αιώνα (σκοπός, περιεχόμενο, οργάνωση, βιβλία) »), thèse de doctorat de l’université Aristote de Thessalonique, 2003, p. 221.
  • [61]
    Sa publication provoqua un débat littéraire, puisque André-Michel Ramsay, biographe officiel et éditeur de Fénelon, a contesté sa paternité.
  • [62]
    Gregorio Piaia, « François Fénelon (1651-1715). Abrégé des vies des anciens philosophes », in Giovanni Santinello, Gregorio Piaia (dir.), Models of the History of Philosophy, t. II : From Cartesian Age to Brucker, Dordrecht, Heidelberg, London-New York, Springer, 2011, pp. 148-151.
  • [63]
    Il fut inclus dans les éditions des Œuvres Complètes et eut au moins 23 réimpressions jusqu’à 1875; il fut traduit en anglais (1726, 18406), en allemand (1748, 1761, 1796) et en espagnol (1825).
  • [64]
    Konstantinos M. Koumas, Constitution de Philosophie (Σύνταγµα Φιλοσοφίας), Vienne, 1818, pp. iii-lxii et Abrégé d’histoire de Philosophie, écrit en allemand par Wilh. Gottl. Tennemann, traduit à l’usage du Gymnase philologique de Smyrne par K. M. Koumas (Σύνοψις της Ιστορίας της Φιλοσοφίας, συγγραφείσα µεν γερµανιστί υπό Βιλ. Γοτλ. Τενεµάννου, µεταφρασθείσα δε εις χρήσιν του φιλολογικού της Σµύρνης Γυµνασίου υπό Κ. Μ. Κούµα), Vienne, 1818 ; cf. Nikos Psimmenos, « Konstantinos Koumas comme historien de la philosophie néo-hellénique » (« Ο Κωνσταντίνος Κούμας ως ιστορικός της νεοελληνικής φιλοσοφίας »), Philosophie (Φιλοσοφία), 1985-1986, no 15-16, pp. 376-397.
  • [65]
    Ilias Tsitselis, Mélanges de Céphallénie. Contributions à l’histoire et à la culture populaire de l’île de Céphallénie (Κεφαλληνιακά Σύµµεικτα. Συµβολαί εις την ιστορίαν και λαογραφίαν της νήσου Κεφαλληνίας), Athènes, 1904, vol. I, pp. 669-690.
  • [66]
    « Avis du traducteur au lecteur » (« Ο μεταφραστής προς τον αναγνώστην »), De l’abrégé des vies des illustres philosophes anciens de Fénelon. Celui de Thales (Εκ των του Φενελώνος κατ’ επιτοµήν Βίων των ενδοξοτέρων αρχαίων Φιλοσόφων. Ο του Θάλητος), traduit par K. Typaldos, Corfou, 1827, pp. 3-5.
  • [67]
    Anthologie des connaissances utiles (Ανθολογία των κοινωφελών γνώσεων), 1837, no 8, pp. 126-127.
  • [68]
    « Préambule », (« Προοίµιον »), Abrégé des vies des philosophes illustres de l’Antiquité avec leurs doctes, systèmes, morales et Recueil de leurs plus belles sentences (Επιτοµή των Βίων των Ενδόξων Φιλοσόφων της Αρχαιότητος, οµού µε τα Δόγµατα, τα Συστήµατα, το ηθικόν των, και Συλλογήν των ωραίων γνωµών αυτών), traduit par A. Pothetos, Constantinople, 1842, p. xi.
  • [69]
    Dans le Projet Général du Gymnase Grec d’Ermoupolis (Γενικόν Σχέδιον του εν Ερµουπόλει Ελληνικού Γυµνασίου) rédigé par l’éminent adepte des Lumières Neophytos Vamvas en 1833, on prêtait une attention particulière à l’enseignement de la philosophie et spécialement à l’histoire de philosophie ancienne ; voir en bref Vassilios Sphyroeras, « Les premiers journaux d’Ermoupolis : repères littéraires et politiques » (« Οι πρώτες εφημερίδες της Ερμούπολης: Φιλολογικές και πολιτικές ανιχνεύσεις »), dans les Actes du Congrès International à la mémoire de K.Th. Dimaras. Culture et Société Néo-hellénique. Athènes 29 septembre-1er octobre 1999 (Νεοελληνική Παιδεία και Κοινωνία. Πρακτικά Διεθνούς Συνεδρίου αφιερωµένου στη µνήµη του Κ. Θ. Δηµαρά, Αθήνα 29 Σεπτεµβρίου -1η Οκτωβρίου 1993), Athènes, Association pour l’étude des Lumières en Grèce, 1995, p. 299.
  • [70]
    Nadia Minerva, « Présentation », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1465, consulté en janvier 2017.
  • [71]
    Elizabeth Papageorgiou-Provata, « Fleury Lécluse. Un helléniste français inconnu » (« Fleury Lécluse. Ένας άγνωστος γάλλος ελληνιστής »), Athènes, collection de l’Institut français d’Athènes, 1984.
  • [72]
    Le Mercure Savant (Ερµής ο Λόγιος), 1816, no 6, pp. 31-32.
  • [73]
    Iliou, op. cit., p. 233.
  • [74]
    Apparemment Govdelas a eu pour modèle la réédition récente à Paris en 1814.
  • [75]
    L’éducateur Jean Joseph Jacotot (1770-1840) a introduit en 1818 la méthode de l’« enseignement universel » ; il l’a appliquée pour la première fois à Louvain en proposant, lors du cours d’enseignement du français aux étudiants flamands, comme exercice une édition bilingue de Télémaque ; voir Javier Suso López, « Télémaque au cœur de la “méthode Jacotot” », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1608 (site consulté en janvier 2017).
  • [76]
    Johan S. Egilsrud, Le « dialogue des morts » dans les littératures française, allemande et anglaise (1644-1789), Paris, 1934, pp. 58-85.
  • [77]
    Eugénie Képfhallinaiou, « Lumières et Révolution française dans les “Dialogues des morts” », dans les Actes du IIIe Colloque d’histoire. La Révolution française et l’hellénisme moderne (Athènes 14-17 octobre 1987), Athènes, Centre de recherches néohelléniques / Fondation nationale de la recherche scientifique, 1989, pp. 519-534.
  • [78]
    Christos A. Moulias, Georgios B. Théocharopoulos (1770-1852 ?). Un érudit peu connu de Patras (Γεώργιος Β. Θεοχαρόπουλος (1770-1852 ;). Ένας άγνωστος πατρινός λόγιος), Patras, 1993.
  • [79]
    Georges Théocharopoulos, Dialogues familiers Précédés de quelques phrases faciles, et suivis de plusieurs dialogues de Fénelon, en français, anglais et grec. // Familiar Dialogues Preceeded by some Easy Phrases, And followed by Several Dialogues from Fenelon, in French, English and Greek. // Διάλογοι Οικειακοί µετά προηγουµένων τινών φράσεων, και έτεροι εκ των του Φενελών, Γαλλο-Αγγλο-Ελληνικοί, Paris, 1827, pp. iii-iv.
  • [80]
    Choida, op. cit.
  • [81]
    Fénelon, Bossuet et La Βruyère figurent parmi les prosateurs du xvii e siècle les plus couramment cités ; parmi les poètes figurent La Fontaine et Racine. Les chrestomathies dans leur majorité contiennent 19 extraits, la plupart tirés de Télémaque ; voir Choida, ibidem, pp. 245, 247.
  • [82]
    Par exemple « Démonstration sur l’existence de Dieu », in Georges N. Makridis, Chrestomathie française (Γαλλική Χρηστοµάθεια), Constantinople, 1886 ; « Dialogues des morts », in N. Contopoulos, Chrestomathie française à l’usage de l’enseignement secondaire (Γαλλική Χρηστοµάθεια προς χρήσιν των Γυµνασίων), Athènes, 1898.
  • [83]
    Politis, op. cit., p. 132. La citation a été empruntée à D. Bikélas, Louki Laras, traduit du grec par le Mis de Queux de Saint-Hilaire, nouvelle édition illustrée par M. Ralli, Paris, Firmin Didot, 1892, p. 47.
  • [84]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 1855, p. iii.
  • [85]
    Ibidem, xii.
  • [86]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21859, p. xii.
  • [87]
    K. N. Oikonomidis, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21866, p. 173.
  • [88]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21859, p. xiii.
  • [89]
    Ibidem, pp. xii-xiii.
  • [90]
    « Pendant le règne de Louis XIV naquirent les œuvres les plus illustres de l’éloquence, de l’histoire et de l’art poétique qui ont glorifié éternellement la France ; […] Fénelon tient la seconde place pour l’éloquence et il prime dans l’art de faire aimer la vertu ; il a inspiré à tous la justice et la charité par son Télémaque », Le Mercure Savant (Ερµής ο Λόγιος), 1812, no 2, p. 278, note a.
  • [91]
    Si l’on considère la production livresque, le xx e siècle ne se montra pas si accueillant pour l’œuvre de Fénelon. Dans la Bibliographie des traductions néo-helléniques de la littérature étrangère, xix e-xx e siècle (1901-1950) (Βιβλιογραφία των ελληνικών µεταφράσεων της ξένης λογοτεχνίας, ΙΘ΄–Κ΄ αι. Αυτοτελείς εκδόσεις (1901-1950), Athènes, t. II, SDOV, 2013, de Konstantinos G. Kassinis ne figure qu’une entrée portant le titre : Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse (Οι περιπέτειες του Τηλεµάχου γιού του Οδυσσέα), adapté par Nikos Pantzaris, Athènes 1950, destiné à la jeunesse. Pour la seconde moitié du xx e siècle, la recherche dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque Nationale de Grèce n’a pu qu’ajouter les deux titres suivants : Les Aventures de Télémaque (Οι περιπέτειες του Τηλεµάχου), trad. Leonidas D. Kotsifakos, Athènes 1964 et Fortunes de Télémaque (Τηλεµάχου Τύχαι), trad. Vanessa Lappa (précédé d’une introduction étayée par Maria Stassinopoulou), Athènes, Kanaki, 1998.

1 Dans le cadre de l’extension progressive de l’hégémonie française sur les lettres grecques tout au long du xviii e et du xix e siècle [2], François de Salignac de la Motte Fénelon (1651-1715) incarne un épisode particulièrement dynamique, qui dans son ensemble reste cependant très peu étudié. Certes, si l’on s’en tient aux chiffres [3], il a été moins traduit en grec que des auteurs comme Voltaire, Hugo [4], Dumas [5] ou Sue, il les surpasse toutefois quant à la continuité de l’activité de traduction liée à son œuvre ; il joua même un rôle prépondérant dans le domaine des transferts culturels, en marquant le recul des lettres italiennes au profit des lettres françaises et contribuant à l’épanouissement de la prose narrative néo-hellénique [6].

2 L’itinéraire grec de Fénelon débute relativement tôt, dès les premières décennies du xviii e siècle, et s’achève pour l’essentiel vers la fin du siècle suivant. De cette œuvre abondante, ce sont les aspects romanesques, pédagogiques et antiquisants qui ont surtout retenu l’attention, et dans une plus faible mesure les dimensions politiques. La pensée philosophique et théologique, les textes oratoires et, assez naturellement peut-être, l’œuvre spirituelle, qui n’ont jamais cessé d’être présents dans la bibliographie secondaire et de susciter nombre de recherches interdisciplinaires, sont restés sans écho dans la culture grecque [7].

3 L’ardeur des traducteurs se concentra sur les textes que Fénelon avait rédigés alors qu’il était chargé de l’éducation d’enfants de la noblesse et de la cour, en premier lieu bien sûr des petits-enfants de Louis XIV. Dépassant leur destination originelle – ad usum delphini – ces œuvres avaient fini par être imprimées, atteignant un large public, d’abord français puis étranger, et elles ont eu rapidement un retentissement international notable [8]. Comme partout, c’est le Télémaque qui jouit de la plus grande popularité chez les Grecs. Toutefois, on traduisit également d’autres textes mineurs, appartenant au genre fictionnel ou à l’histoire de la philosophie ainsi que l’essai sur l’éducation des filles.

Les aventures de Télémaque

4 Les Aventures de Télémaque est l’œuvre qui consacra Fénelon au niveau mondial, d’où d’ailleurs l’anaphore qui lie ce titre à son nom « l’auteur de Télémaque » ; on l’accueillit comme une version romanesque et moderniste dans la longue tradition du « miroir des princes », genre qui avait acquis une grande notoriété dans la France du xvii e siècle et atteint un important lectorat, répondant de manière exemplaire aux exigences de l’éducation de l’élite [9]. Les destinataires immédiats des Aventures de Télémaque étaient, on l’a vu, les petits-enfants de Louis XIV, dont l’éducation avait été confiée à Fénelon. L’écrivain s’adressait notamment au présumé dauphin Louis de Bourgogne, « un petit monstre », selon l’image qu’avaient du prince ses contemporains, avant qu’il n’entreprenne son éducation et cultive une relation privilégiée avec cet élève. En conférant à son enseignement un aspect fictionnel particulièrement attrayant et avec la mise en scène des relations entre Mentor – l’éducateur et Télémaque – le prince élève, conçues comme élément fondateur de la dynamique éducative, il appliquait un principe pédagogique proche de celui qui serait formulé quelques années plus tard par John Locke ; de même, il renouvelait ainsi la tradition du « miroir des princes », restée assujettie au ton par trop austère de la dissertation politique.

5 Le filigrane intertextuel de l’œuvre impressionne : la nomenclature réfère à l’Odyssée, mais se rapproche en fait davantage de L’Énéide de Virgile, alors que le schème pédagogique évoque la Cyropédie de Xénophon ; les sociétés de Salente et de Vétique sont imprégnées d’utopie platonicienne, le fil de la tradition sapientielle et morale sillonne l’œuvre d’un bout à l’autre, puisée dans l’Ancien Testament, l’Ecclésiaste, Salomon, les Psaumes, les Stoïques jusqu’à Sénèque. À travers ce récit pédagogique et mythologique, produit d’une culture antique et chrétienne, Fénelon fait passer idées spirituelles, positions théologiques et politiques, et sous le couvert d’une satire innocente, il stigmatise la gouvernance de Louis XIV, ce qui lui coutât d’ailleurs son poste de précepteur des enfants royaux. Avec le traité de Bossuet Politique tirée de l’Écriture sainte, le Télémaque est généralement considéré comme l’œuvre de pensée politique la plus importante du « Grand siècle ». Elle a fécondé la pensée de Montesquieu et celle de Rousseau. Après sa publication en 1699, outre l’intérêt du grand public, elle a même suscité celui de princes comme Frédéric de Prusse ou Charles XII de Suède. L’œuvre acquit sa réputation comme « épopée en prose », signée d’un auteur et penseur consacré, adepte des Modernes, comme roman, comme manuel encyclopédique et source de connaissances sur l’Antiquité, comme recueil de maximes morales et politiques, et même comme manuel didactique pour l’enseignement des langues, maternelles et étrangères. Ses traductions grecques, du début du xviii e siècle à la fin du xix e siècle, connurent un parcours semblable, avec pour clef de voûte Les Aventures de Télémaque.

6 La première traduction néo-hellénique en forme manuscrite voit le jour à l’Aube des Lumières [10], dans le milieu du premier gouverneur Phanariote des Principautés Danubiennes, Nicolas Mavrocordatos (1780-1830) ; la traduction a dû être achevée entre 1715 et 1730, trente ans environ après la publication de l’original français. Comme l’indique la page de titre dans l’unique copie manuscrite conservant le texte intégral, bien postérieure puisque datant du début du xix e siècle [11], cette traduction fut réalisée « sur ordre de son altesse le très sage seigneur et souverain de toute la Hongrovalachie et Moldovalachie, sire Ioannis Nicolaos Alexandros Voïvode Mavrocordatos », par le secrétaire et précepteur de son fils Konstantinos, Dimitrios Prokopiou [12], qui signe la traduction en sa qualité de médecin. Le manuscrit est intitulé Les Fortunes de Télémaque fils d’Ulysse (Αι Τύχαι Τηλεµάχου υιού του Οδυσσέως) et le titre est suivi du nom et des titres de noblesse de l’auteur « de François Salignac, Fénelon, précepteur des fils [sic] du roi de France, archevêque du Duché de Cambrai et Prince de l’Empire [13] ». Le texte se conforme à la délimitation en 10 chapitres des premières éditions. Comme pour l’original français, qui avait rapidement dépassé le cercle de ses destinataires immédiats, la traduction a dû connaître une diffusion manuscrite, ainsi que l’atteste la comparaison avec les fragments de deux autres manuscrits conservés [14].

7 Quant au choix de ce récit par la cour de Mavrocordatos on envisagera plusieurs hypothèses : en premier lieu l’intérêt qu’allait probablement susciter chez les jeunes membres de la famille régnante et candidats à la succession au trône des Principautés Danubiennes son contenu politique et pédagogique dans la tradition du « miroir des princes », revêtu du costume attrayant de la fiction. En second lieu, les commentaires élogieux qui circulaient sur le style, l’écriture et le contenu de l’œuvre n’avaient vraisemblablement pas échappé à ce milieu [15]. À ce propos, la précieuse lettre de Scarlatos (né vers 1701/1702 et mort en 1726), fils de Nicolaos Mavrocordatos, s’avère particulièrement instructive [16] ; en y rapportant ses expériences livresques dans la fameuse et très riche bibliothèque familiale [17], il fait mention des œuvres complètes de Fénelon qui contiennent de belles idées, des phrases pleines de charme et de grandeur et affiche sa prédilection pour le livre où l’auteur relate les « périples de Télémaque », parce qu’il révèle « beaucoup de politiques, toutes chrétiennes ». Ces « politiques chrétiennes », c’est-à-dire les vertus de la piété, du repentir, de la modestie, de la générosité, de la retenue, mais aussi la justice sociale et la crainte de Dieu, semblent constituer les devoirs essentiels de l’être raisonnable, selon le code normatif que propose son père Nicolas dans son œuvre morale et politique Traité des devoirs (Περί Καθηκόντων Βίβλος)[18]. Il n’est pas exclu non plus que les liens de Fénelon avec les Modernes aient pesé sur le choix de cette traduction [19] ‒il s’agit d’un texte emblématique dans la querelle des Anciens et des Modernes – ainsi que d’autres facteurs : l’identité générique de l’œuvre – le terme romanzo (ροµάντσο) pour roman apparaît pour la première fois dans le contexte de la lettre de Scarlatos ; l’intérêt naissant porté aux lettres françaises, comme le confirment de nombreux titres de la bibliothèque des Mavrocordatos ; enfin les idées novatrices sur l’éducation (la bibliothèque comptait une traduction française récente de l’essai pédagogique de John Locke).

Figure 1. Le texte intégral de la première traduction des Aventures de Télémaque, réalisée à la cour princière phanariote et conservée dans une copie datée du début du xixe siècle. Lesbos, Monastère Leimonos, Ms no 359 (Autorisation de publication par l’Archimandrite de l’Évêché de Mythimna).

Figure 1. Le texte intégral de la première traduction des Aventures de Télémaque, réalisée à la cour princière phanariote et conservée dans une copie datée du début du xixe siècle. Lesbos, Monastère Leimonos, Ms no 359 (Autorisation de publication par l’Archimandrite de l’Évêché de Mythimna).

Figure 1. Le texte intégral de la première traduction des Aventures de Télémaque, réalisée à la cour princière phanariote et conservée dans une copie datée du début du xixe siècle. Lesbos, Monastère Leimonos, Ms no 359 (Autorisation de publication par l’Archimandrite de l’Évêché de Mythimna).

8 Toutefois, la construction d’une image grecque de « l’auteur de Télémaque » fut sans conteste tributaire de l’essor de l’imprimerie. En 1742 parait à Venise ‒le foyer éditorial des livres néo-helléniques‒ la première traduction imprimée, en dix chapitres, chacun précédé d’un sommaire. Il est permis de penser qu’au vu probable du succès éditorial des traductions italiennes – de nombreuses étaient d’ailleurs parues à Venise [20]– l’imprimeur vénitien n’hésita pas seulement à faire paraître la première traduction d’un roman français en grec moderne mais encore à verser de l’argent au traducteur, afin de s’assurer de l’aboutissement du projet. Ce dernier, « bien entrainé tant en français que dans d’autres langues », signe avec les initiales Α.S. On suppose qu’il s’agit du lettré Athanasios Skiadas originaire de Céphalonie, philologue, juriste, paléographe.

9 L’édition en deux volumes intitulée Fortunes de Télémaque fils d’Ulysse (Τύχαι Τηλεµάχου υιού του Οδυσσέως) était adressée « au très cher lecteur », sans distinction

Figure 2. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Bibliothèque publique centrale de Siatista-Manoussia. http://diglib.ypepth.gr/awweb/guest.jsp

Figure 2. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Bibliothèque publique centrale de Siatista-Manoussia. http://diglib.ypepth.gr/awweb/guest.jsp

Figure 2. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Bibliothèque publique centrale de Siatista-Manoussia. http://diglib.ypepth.gr/awweb/guest.jsp

10 Soit

Figure 3. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/2/7/c/metadata-84-0000004. tkl&do=245592_02.pdf&pageno=2&width=727&height=515&maxpage=187&lang

Figure 3. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/2/7/c/metadata-84-0000004. tkl&do=245592_02.pdf&pageno=2&width=727&height=515&maxpage=187&lang

Figure 3. Les Aventures de Télémaque traduit en grec moderne, imprimé à Venise en 1742. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/2/7/c/metadata-84-0000004. tkl&do=245592_02.pdf&pageno=2&width=727&height=515&maxpage=187&lang

11 d’âge. Dans la préface, l’éditeur relève les nombreuses traductions de l’œuvre dans d’autres langues européennes et insiste sur « les myriades d’éloges » de la part des lecteurs, qui « admirent la sagesse de l’auteur et le profit de cette lecture pour le bien commun ». Ce sont là des arguments qui accompagneront pratiquement toutes les traductions néo-helléniques d’œuvres modernes d’origine occidentale, surtout française, dans les années à venir. Parmi ceux-ci, l’immanquable mission éducative « en vue de l’enseignement et de l’apprentissage ». L’éditeur accumule les données biographiques du « très saint » et « très sage » auteur et énumère ses fonctions religieuses et ses titres de noblesse : « archevêque et duc de Cambrai, prince de l’Empire occidentale [sic] ». Il mentionne également le choix de Fénelon comme précepteur des petits-enfants de Louis XIV. L’édition, prônée comme « la suite du livre IV de l’Odyssée d’Homère », laisse entrevoir que l’imprimeur escompte un succès commercial. Il semble toutefois que jusqu’en 1791 des exemplaires aient encore été disponibles [21]. Les commentaires élogieux des cercles érudits compensèrent néanmoins pour l’imprimeur Antonio Bortoli son échec commercial ; il eut même droit aux rares propos approbateurs sur la contribution des imprimeries vénitiennes de la part de l’érudit renommé Adamance Coray [22]. Soucieux d’introduire le « progrès » des Lumières dans la Grèce asservie, il constate dans son manifeste sur la régénération culturelle et politique de la Nation, propos tenus en 1803 à la Société des Observateurs de l’homme : « C’est par un heureux hasard que nous avons dû à ces presses (Venise) la traduction du Télémaque, de l’immortel archevêque de Cambrai [23]. »

12 Au tournant du siècle, alors que le mouvement des Lumières atteint son point culminant et le patrimoine ancestral est exploité pour stimuler la conscience nationale et donc promouvoir la cause de l’émancipation, parut une nouvelle traduction. Elle proposait une lecture différente, mettant l’accent sur la thématique antique et sa mise en valeur idéologique. La traduction, également en deux volumes, intitulée Les Fortunes de Télémaque fils d’Ulysse (Τύχαι Τηλεµάχου υιού του Οδυσσέως), est publiée à Buda, ville de diaspora grecque, en 1801. Le jeune traducteur Dimitrios Panagiotis Govdelas (1780-1831), originaire de Thessalie, était en fin d’études (philosophie, mathématiques et sciences naturelles) à l’Académie de Peste, préparait un doctorat et escomptait trouver prochainement quelque engagement dans l’enseignement. L’édition, réalisée « aux frais de philhellènes » affichait la couleur « antique » dès la deuxième page, citant en langue archaïsante des vers à l’adresse de la jeunesse, tirés de Saint Basile et de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote. Elle est dédiée au souverain de Moldavie Alexandre Ypsilánti, auquel le traducteur adresse, en prose archaïsante et en vers sapphiques, un copieux éloge. Le prologue, étendu et archaïsant lui-aussi, visait une certaine tranche d’âge « les enfants des Grecs amoureux de l’histoire », il débutait par une énumération des exploits des sages de la Grèce antique, pour aboutir à la conclusion qu’il offrait une œuvre inspirée de Pallas, « une des neuf Muses Héliconiades » ; il rapportait l’ouvrage à ses origines homériques et faisait valoir les bienfaits du « sage » auteur pour « notre » patrimoine antique : « il a suivi et embrassé le sillage de nos ancêtres » et l’a mis au profit de l’éducation de son éminent élève, le prince français. Les Muses s’en revenaient donc à leur lieu d’origine, pourvues d’un passeport français et accrédité, et qui plus est, par le biais de la traduction elles recouvraient même la nationalité grecque. Les traductions en latin, italien, anglais, allemand, hongrois et en langue illyrienne, ainsi que les versions en vers, plaidaient pour l’utilité publique et la popularité de l’œuvre. Selon Govdelas, aux nobles jugements qu’elle porte ne pouvait seoir qu’un langage pareillement noble, c’était donc le grec archaïsant qui s’imposait [24].

13 Afin de livrer une œuvre « achevée » dans « un style élégant et aimable », ni les « peines » ni la « sueur » n’avaient été épargnées, et, à cette fin, le traducteur s’était astreint à une revue méthodique de la bibliographie à la Bibliothèque Royale de Buda. Govdelas eut soin d’insérer dans l’édition quelques lettres de recommandation élogieuses, rédigées pour l’occasion, qui prédisposaient le lecteur à admettre d’emblée le sérieux de l’entreprise.

14 Ce traducteur mit l’accent sur la richesse mythologique de l’œuvre et l’exploita exhaustivement ; il l’accrut même avec de longues notes sur les personnages et les toponymes [25]. Outres celles qu’il reprit de l’original en langue étrangère, il en rajouta de nombreuses, compilées dans diverses sources, principalement antiques, grecques et latines, mais également plus récentes, lesquelles sont répertoriées par ordre alphabétique à la fin du premier tome, ce qui devait attester la validité scientifique de l’édition. Le texte est divisé en 24 chapitres, tous précédés d’un sommaire [26]. L’édition est enrichie de 23 gravures légendées, puisées dans des éditions étrangères du xviii e siècle [27]. L’illustration et l’ampleur du péritexte (dédicaces, éloges, préface, notes, bibliographie, index des noms etc.), sans oublier la mention du « mécénat philhellène » qui avait permis la réalisation du projet, prodiguent à cette édition les caractéristiques du livre savant, et à la fois didactique et utilitaire, conforme aux principes des Lumières néo-helléniques. Le témoignage d’un voyageur français en Grèce, et spécialement en Crète (vers 1812-13), est révélateur quant aux motifs qui ont pu inciter Govdelas à orienter la traduction vers la mythologie et en faire un véritable manuel d’histoire de l’Antiquité, mais aussi quant à la réussite de l’opération : « J’ai vu, entre les mains d’un logiotatos [λογιότατος (un savant)], une traduction

Figure 4. La retraduction du chef-d’œuvre fénelonien parut à Buda en 1801. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410. tkl&do= 109399_01.pdf&pageno=2&width=334&height=543&maxpage=441&lang

Figure 4. La retraduction du chef-d’œuvre fénelonien parut à Buda en 1801. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410. tkl&do= 109399_01.pdf&pageno=2&width=334&height=543&maxpage=441&lang

Figure 4. La retraduction du chef-d’œuvre fénelonien parut à Buda en 1801. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410. tkl&do= 109399_01.pdf&pageno=2&width=334&height=543&maxpage=441&lang

15 de notre Télémaque, dont il récitait à tout venant plusieurs passages, du ton le plus pédantesque et le plus emphatique. Malgré sa réputation colossale d’érudition, ce logiotatos n’avait pourtant aucune connaissance ni de mythologie ni d’histoire : il ignorait jusqu’aux noms des dieux et des anciens héros de sa patrie [28]. »

16 La traduction se vendit apparemment bien et les exemplaires furent rapidement épuisés ; une deuxième édition parut deux ans plus tard à Venise (1803), financée cette fois par un marchand et sans l’autorisation du traducteur. Si l’on en juge par une requête de Coray à son ami Alexandros Vassiliou « je souhaiterais avoir […] la nouvelle traduction de Télémaque [29] » (1805) et par le prix élevé qu’atteignit aux enchères (1806) l’exemplaire de la bibliothèque de son ami l’helléniste d’Ansse de Villoison [30], cette édition dut aussi être rapidement épuisée et difficilement trouvable, du moins dans les cercles parisiens.

17 La traduction connut une troisième édition à Venise en 1830 ; une quatrième édition parut 36 ans plus tard à Athènes, dont il sera question plus loin. Des lettrés de la première décennie qui suivit la création de l’état grec, s’essayant à une estimation de l’apport du passé récent dans le domaine de l’éducation, placèrent la traduction de Govdelas parmi les œuvres ayant contribué au progrès des sciences [31].

18 Il semble toutefois que pendant la période prérévolutionnaire (1800-1820), la traduction de Govdelas n’ait pas été la seule voie de contact avec le roman de Fénelon. Certains lecteurs, qui l’avaient peut-être lu dans l’original français, avaient retenu d’autres aspects que la mythologie ou la connaissance de l’Antiquité ; par exemple, dans un ouvrage encyclopédique imprimé à Venise (1815-17), l’auteur, dans un chapitre intitulé « Quoi des deux : le commerce est-il utile ou nuisible à la vie humaine ? », mentionne à l’appui de ses thèses « la formule si bien tournée et si raisonnée du fameux auteur des Aventures de Télémaque, où il loue les vertus des pères du commerce, les Phéniciens » et cite plusieurs extraits du troisième livre, dans sa propre traduction [32]. Par ailleurs, dans une lettre écrite à Syros en 1825, Evanthia Kairi, originaire de l’île d’Andros, une des premières femmes lettrées et lectrice

Figure 5 : La traduction de Govdelas, qui a connu plusieurs rééditions, est enrichie de 23 gravures légendées. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410.tkl&do=​ 109399_01.pdf&pageno=22&pagestart=1&width=334&height=543&max​page=441&lang

Figure 5 : La traduction de Govdelas, qui a connu plusieurs rééditions, est enrichie de 23 gravures légendées. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410.tkl&do=​ 109399_01.pdf&pageno=22&pagestart=1&width=334&height=543&max​page=441&lang

Figure 5 : La traduction de Govdelas, qui a connu plusieurs rééditions, est enrichie de 23 gravures légendées. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/d/8/8/metadata-39-0000410.tkl&do=​ 109399_01.pdf&pageno=22&pagestart=1&width=334&height=543&max​page=441&lang

19 particulièrement avertie, en exposant ses inquiétudes à propos de la situation sociale et politique, présente la société utopique de Salente comme exemple d’une administration démocratique :

20

Je suis inquiète, parce que tous les droits de tous les insulaires courent le danger d’être supprimés. Mais je suis tout aussi étonnée qu’inquiète. J’ignore ce que comptent faire ceux qui se disputent notre fait ; s’ils étaient des Mentors (ce que devraient être les gouvernants de tous les états, en particulier des états nouvellement établis), ils revendiqueraient les intérêts de la Grèce renaissante, de même que le Mentor de Fénelon, qui imposa ceux de Salente, assurant le bonheur et partageant les droits de manière équitable aux citoyens de la classe inférieure [33].

21 Les tentatives de versification ne manquèrent pas non plus, stimulées sans doute par des versions analogues du roman, en latin et en italien. Vers 1807, l’érudit Konstantinos Oikonomos entreprit une traduction versifiée en hexamètres héroïques, ce qui lui valut le surnom de « rimeur du Télémaque » de la part de certains de ses contemporains [34].

22 Nous avons connaissance d’une autre traduction, également en hexamètres, mais cette fois en grec ancien, grâce à un extrait publié dans le journal encyclopédique Le Mercure savant (Ερµής ο Λόγιος) en 1819, signé par un helléniste français [35].

23 La décennie 1860-1870 manifesta un intérêt tout particulier pour Les Aventures de Télémaque avec quatre éditions : La quatrième et dernière publication de la traduction de Govdelas (Venise 1864), la parution d’une nouvelle traduction à Athènes la même année, laquelle est rééditée un an plus tard (1865), enfin un recueil de sentences, glanées dans le récit (1866). Ce renouveau d’intérêt pourrait être lié aux remous que connut la période en question. La contestation du mouvement romantique, qui favorisa un retour au classicisme et aux œuvres au sujet antique [36], le blâme du genre romanesque, surtout du roman français, auquel on reproche d’être uniquement divertissant, la revendication d’un choix plus avisé des traductions et d’une meilleure qualité de celles-ci, ces facteurs ont certainement stimulé les retraductions [37]. C’est dans ce contexte qu’est parue la traduction de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand (1860) [38], où il est fait mention dans la préface du traducteur Emmanuel Roïdis ‒ auteur du roman La Papesse Jeanne (Η Πάπισσα Ιωάννα, 1866) et intellectuel de premier plan ‒ du meilleur choix des traductions « des misérables années de l’esclavage » par rapport aux traductions contemporaines. Parmi les exemples qui « bénéficièrent d’un accueil tel qu’ils étaient épuisés depuis longtemps », l’auteur cite Les aventures de Télémaque[39]. Il allait réitérer cet avis favorable quelques années plus tard en mettant l’accent sur la dimension « philhellène » de l’œuvre : il parle d’« un livre consciencieux » qui fait connaître « de façon lumineuse […] la Grèce héroïque » [40].

24 C’est à l’initiative d’un professeur de français, Konstantinos Stamatiadis, qu’on doit la nouvelle traduction du « Télémaque », intitulée Les Fortunes de Télémaque, fils d’Ulysse (Τύχαι του Τηλεµάχου υιού του Οδυσσέως). Il s’agit d’une retraduction « réfléchie », qu’on pourrait estimer proche des idées traductologiques de notre époque [41]. Le but était de mettre fin à l’exploitation du roman, depuis plus de soixante ans, à des fins de connaissance de l’Antiquité, de le réinsérer dans le système littéraire, délesté du fatras des renseignements mythologiques, une tâche à laquelle s’appliquaient à souhait les manuels spécialisés.

25 Stamatiadis avait connaissance de l’historique de la traduction, il s’était renseigné sur la traduction versifiée de Konstantinos Oikonomos aussi bien que sur l’extrait de l’helléniste français dans le journal Le Mercure Savant et l’avait republié. Il avait sans doute lu attentivement la traduction de Govdelas, comme il apparaît d’ailleurs dans ses commentaires sur le texte, et la jugeait linguistiquement « surannée » et « incorrecte » dans la manière dont étaient rendus des noms et des notions de base. Cette nouvelle traduction s’appuyait sur une édition française différente, où le texte est divisé en 18 livres.

26 Dans la préface de quinze pages, outre des données biographiques sur Fénelon, l’auteur relate l’historique de la rédaction et de l’édition du texte, et évoque l’influence positive de l’œuvre sur le dauphin, insistant sur ses mérites pédagogiques et sur le désagrément qu’elle avait causé, en raison de la critique sous-jacente du règne de Louis XIV. Le traducteur souligne d’autre part la dimension de morale politique et les idées chrétiennes qui l’étayent. Il n’omet pas non plus de rapporter certains des arguments avancés dans les discussions qui s’étaient engagées dès le début du xviii e siècle et accompagnaient depuis les rééditions françaises et les traductions, concernant l’identité générique de l’œuvre et sa qualification « épopée en prose ». Lui-même utilise les termes romance (mythistoria / µυθιστορία) ou roman (mythistorima / µυθιστόρηµα). Il signale la dette de l’œuvre à Homère, mais aussi à Virgile, et ajoute quelques éléments concernant sa réception critique de la part d’érudits français, tels Boileau, Voltaire ou Villemain, lequel avait rapproché le texte de la Cyropédie et l’avait relié à la philosophie platonicienne, etc. Il évoque amplement l’œuvre de Fénelon dans son ensemble, intellectuelle et religieuse, ses querelles avec

Figure 6. La nouvelle traduction de 1864 (21865, 31883) se proposait de mettre en évidence l’aspect littéraire du roman. Bibliothèque Centrale Publique de Veria-Medusa http://medusa.libver.gr/jspui/bitstream/123/1308/3/GRVER_00000​0000000000464.jpg

Figure 6. La nouvelle traduction de 1864 (21865, 31883) se proposait de mettre en évidence l’aspect littéraire du roman. Bibliothèque Centrale Publique de Veria-Medusa http://medusa.libver.gr/jspui/bitstream/123/1308/3/GRVER_00000​0000000000464.jpg

Figure 6. La nouvelle traduction de 1864 (21865, 31883) se proposait de mettre en évidence l’aspect littéraire du roman. Bibliothèque Centrale Publique de Veria-Medusa http://medusa.libver.gr/jspui/bitstream/123/1308/3/GRVER_00000​0000000000464.jpg

27 Bossuet, son ancien ami devenu rival, son amitié avec Mme Guyon et la condamnation papale des Maximes des Saints. La traduction fut rééditée une troisième et dernière fois, à Athènes en 1883.

28 La publication, en 1866, du recueil Gnomés morales et politiques sur les devoirs du roi, tirées […] de Télémaque (Γνωµικά ηθικά και πολιτικά περί καθηκόντων του βασιλέως, συλλεχθέντα […] εκ του Τηλεµάχου), dont la source éditoriale n’était autre que la compilation du dauphin Louis Auguste, le futur Louis XVI, âgé alors de douze ans, Maximes morales et politiques, tirées de Télémaque, sur la science des rois et le bonheur des peuples. On sait que l’original français, imprimé en 1766 sur les presses de la Bastille en vingt-cinq exemplaires, fut distribué comme cadeau du prince aux membres de la cour ; la compilation n’apparaîtra que beaucoup plus tard sur le marché du livre (Londres et Hambourg 1799, Paris 1814). Govdelas avait publié une traduction de l’ouvrage en 1816, dans le cadre de son projet éditorial pour l’enseignement du français, sur lequel on reviendra. Dans leur copieuse préface, les retraducteurs anonymes de 1866 déclaraient avoir été conquis à l’idée d’entreprendre une nouvelle traduction, à l’intention des « curieux et des lecteurs assidus », ceci à l’instigation d’amis qui jugeaient la traduction de Govdelas « défectueuse », et bien que l’anthologie « soit tombée en oubli depuis longtemps, car les circonstances et les buts de sa création appartiennent au passé ».

29 Les traducteurs rangeaient le « chef-d’œuvre des romans » dans la lignée du « miroir des princes », prisaient sa dimension politique et attribuaient sa réalisation à la volonté de Fénelon de préserver son élève de l’influence néfaste des courtisans sur le prince, tout en recourant à l’allégorie, afin d’échapper à leur courroux.

30 Les pérégrinations grecques du Télémaque au xixe siècle prirent fin avec une traduction fragmentaire en karamanlidika (en langue turque imprimée en caractères grecs) [42] en 1887, publiée en deux fascicules. On peut interpréter cette édition comme la marque d’un tournant vers l’occident européen de la part de la minorité orthodoxe turcophone, qui se manifeste dès le milieu du xix e siècle avec la traduction de plusieurs œuvres notoires, en grec comme en turc [43]. L’antique Télémaque n’a pas résisté plus longtemps. Des initiatives comme celles qui incitaient le public à encourager « leurs familles et leurs amis à donner la préférence à ce chef-d’œuvre plutôt qu’à des romans contemporains » (1894) n’ont pas abouti [44]. Le propos du journaliste érudit Irinaios Asopios – ancien collaborateur d’Alexandre Dumas père – en 1897 résumait joliment le changement des mœurs : « Tout a changé radicalement ; la noble figure féminine de Pénélope s’est métamorphosée en modiste et en chapelière. » Le nouvel « idéal dominant » est dicté par Nana de Zola et non plus par Télémaque de Fénelon [45].

Les aventures d’Aristonoüs

31 Sous les auspices du Télémaque et de sa thématique antique, le bref récit en prose Les Aventures d’Aristonoüs connut deux (probablement trois) éditions différentes entre 1844 et 1863. C’est un des rares mythes antiques que compte le recueil des Fables – la plupart font intervenir des animaux parlants – que Fénelon avait composé dans les premières années de ses fonctions de précepteur. Il fut d’abord imprimé séparément en 1699, puis publié à plusieurs reprises comme appendice aux Aventures de Télémaque, en français et dans d’autres langues. En grec, il parut sous le titre Les Fortunes d’Aristonoüs (Αι τύχαι του Αριστονόου) ou Les Faits d’Aristonoüs) (Τα συµβάντα του Αριστονόου) ou simplement Aristonoüs (Αριστόνους). Les commentaires qui accompagnaient le texte laissent conclure qu’il était mis à profit pour la formation littéraire des élèves du primaire. D’ailleurs, la deuxième édition de la traduction en 1847 précise « à l’usage des écoles primaires » et celle de 1863 fut financée par un instituteur.

Traité de l’éducation des filles et Abrégé des vies des anciens philosophes avec un recueil de leurs plus belles maximes

32 Les nouvelles orientations de l’éducation secondaire, qui se manifestèrent lors de la période prérévolutionnaire et par la suite dans le nouvel État grec, avaient créé un cadre propice pour la réception de deux autres œuvres de « l’auteur de Télémaque » : le Traité de l’éducation des filles et l’Abrégé des vies des anciens philosophes avec un recueil de leurs plus belles maximes.

33 On sait que le Traité, rédigé vers 1680 sur la demande du duc et de la duchesse de Beauvilliers, pour l’éducation de leurs huit filles, abordait un sujet qui occupait Fénelon depuis son passage à la direction des « Nouvelles catholiques ». L’œuvre fut imprimée dès 1687 et connut de nombreuses rééditions tout au long du xviii e siècle et plus encore au xix e. Le parcours des traductions fut par contre nettement plus modeste, quoiqu’il ait débuté relativement tôt, dans les vingt premières années du xviii e siècle. Le Traité formulait des thèses particulièrement novatrices pour l’époque sur l’éducation des jeunes filles, révisant les idées reçues sur la nature féminine. Partant du principe que « rien n’est plus négligé que l’éducation des filles », Fénelon faisait valoir la nécessité d’une formation pour les jeunes femmes, qu’il envisageait différenciée selon les tâches qu’elles auraient à accomplir au sein de la famille. Les femmes requéraient des connaissances élargies, entre autres économiques et juridiques, indispensables pour les affaires de biens, elles devaient acquérir un certain savoir historique et pouvoir lire la poésie [46].

34 C’est à l’apogée des « Lumières grecques », conjointement à l’importance croissante donnée à l’éducation des femmes [47], dont Adamance Coray et sa jeune correspondante Evanthia Kairi [48] ‒ se firent les chantres (1815), qu’on discerne les premières manifestations d’intérêt pour le Traité et sa traduction. Coray avait fait parvenir le texte à Evanthia, en précisant « de Fénelon, l’archevêque de Cambrai, celui-là même qui a aussi écrit le Télémaque » et il lui conseillait d’avoir recours à son frère Théophilos Kairis, éminent érudit, adepte des Lumières, pour la traduction [49]. Evanthia s’acquitta de cette tâche, et Coray proposa de faire éditer la traduction à Vienne, sous le titre De l’éducation des jeunes filles (Περί νεανίδων ανατροφής), après qu’elle aurait été révisée par Théophilos [50]. Le frère émit toutefois de sérieuses réserves : « Quant au livre De l’éducation des jeunes filles, mes amis me préviennent qu’il va me causer de graves ennuis. Je n’ose donc pas l’éditer, pour de nombreuses autres raisons, mais aussi pour cela [51]. » Coray fit part de son désaccord : « En ce qui concerne la traduction de Fénelon, je ne parviens pas à saisir les motifs de tes craintes. Personnellement j’attends beaucoup de bien de cette édition ; je ne vois pas ce qu’on pourrait en craindre de fâcheux [52]. » Finalement, c’est sur la base d’une nouvelle proposition de Coray [53], les Conseils à ma fille de Bouilly, qu’Evanthia inaugura son programme traductionnel et éditorial. Le livre, publié en 1820 à Kydonies, ville alors florissante de l’Asie Mineure et lieu de résidence de la famille Kairis, contenait des historiettes édifiantes et des récits faciles en hommage à l’honorabilité féminine [54].

35 Entre-temps cependant, et déjà lors de la période qui précéda la révolution, quelques-unes des thèses de Fénelon concernant l’éducation féminine avaient été diffusées en grec, par l’intermédiaire des Conseils d’une mère à sa fille (Παραινέσεις µητρός προς θυγατέρα), une traduction de Rallou Soutsou, publiée à Venise en 1819 ; l’auteur de l’original français Avis d’une mère à sa fille (1728), la femme de lettres française Anne-Thérèse Lambert, une amie proche de Fénelon, avait reconnu explicitement son dû à la pensée et l’œuvre de ce dernier [55].

36 La première traduction du Traité de l’éducation des filles parut à Ermoupolis, la capitale de l’île de Syros, en 1846. Vu les activités d’ Evanthia Kairi dans cette même ville (1826-1839), où elle avait trouvé refuge après la destruction de Kydonies par les armées ottomanes, et son engagement pour l’éducation féminine, ainsi que la présence d’une école pour filles dès 1830 [56], on aurait pu s’attendre à ce que ce contexte propice ait favorisé une diffusion plus précoce des thèses du Traité ; d’autant plus qu’était déjà paru l’ouvrage du médecin P. Zontanos De l’éducation des filles et de l’enseignement public des garçons (Περί ανατροφής των κορασίων και της δηµοσίου εκπαιδεύσεως των αρρένων) (Ermoupolis 1836), dédié « avec gratitude à Th. Kairis ». La préface du médecin évoquait directement Fénelon [57] :

37

Le sieur Fénelon veut qu’enfin soient enseignés aux jeunes filles fortunées ou d’ascendance noble quelques principes légaux et juridiques, ainsi que des traditions et coutumes des régions où elles vivent ; qu’est-ce que la propriété, privée et publique, mobilière et immobilière, etc. Sans doute, ces connaissances peuvent paraître superflues pour une femme mariée, toutefois combien d’entre elles, privées du mari, n’ont-elles pas ressenti le besoin d’un tel savoir ? Que de torts ne subissent-elles pas, laissées à la merci des avocats ?

38 Passant à « l’administration de la maison », l’auteur sollicitait à nouveau Fénelon :

39

Ceux qui méprisent cette science de l’économie se trompent lourdement. Comme le remarque Mr. Fénelon, la connaissance de l’économie et la capacité de gérer une famille entière, laquelle ressemble à un état en miniature, exige une envergure intellectuelle autrement étendue que celle requise pour les jeux, les potins (sur la mode) ou les bonnes manières [58].

Figure 7. Page du titre de la première traduction du Traité de l’éducation de filles, Ermoupolis, 1846. https://books.google.gr/books?id=KEBNAAAAcAAJ&pg=PA5&dq=%CE%A0%CE%B5%CF%81%CE%​AF+%CE%BA%CE%BF%CF%81%CE%B1%CF%83%CE%AF%CF%89%CE%BD+%CE%B1%CE%​BD%CE%B1%CF%84%CF%81%CE%BF%CF%86%CE%AE%CF%82&hl=el&sa=X&ved=0ahUKEwj​OoZnppMHYAhWB3CwKHWhvD3gQ6AEIPTAE#v=onepage&q=%CE%A0%CE%B5%CF%81%CE%AF%​20%CE%BA%CE%BF%CF%81%CE%B1%CF%83%CE%AF%CF%89%CE%BD%20%CE%B1%CE%​BD%CE%B1%CF%84%CF% 81%CE%BF%CF%86%CE%AE%CF%82& f=false

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40 Une lecture attentive de cet ouvrage – conçu dans le but de promouvoir l’éducation des filles – confirme que certains chapitres sont en fait un plagiat de passages correspondants du Traité de Fénelon [59].

41 La traduction de Panos N. Pleskas De l’éducation de filles (Περί κορασίων ανατροφής) fut rééditée à deux reprises (Ermoupolis 1857, 1868). Une nouvelle traduction, de Dimitrios Apostolidis, instituteur et traducteur de diverses œuvres pédagogiques, parut à Nauplie en 1857 ‒ la ville comptait déjà une école pour filles, créée en 1828. Cette année éclata une dispute entre les éditeurs de Nauplie et ceux de Ermoupolis, qui est révélatrice du degré de popularité qu’avait atteint le traité pédagogique de Fénelon et, plausiblement, des perspectives lucratives que promettaient ses répliques grecques. L’annonce de l’édition de Nauplie provoqua le courroux de l’imprimeur de Ermoupolis, G. Melistagis, des presses duquel était sortie la traduction de Pleskas, qui se hâta de dévoiler l’existence d’une traduction antérieure dans le journal local L’Union (Ένωσις). S’ensuivit un article envenimé dans le journal Athéna (Αθηνά), qui éreintait la traduction de Apostolidis et vantait celle de Pleskas. L’instituteur de Nauplie choisit la voie du silence, alléguant toutefois sa qualité d’enseignant, meilleure garante de pertinence traductologique que celle du secrétaire départemental Pleskas. Une troisième édition parut à Athènes en 1868, par les soins de l’érudit renommé, éditeur et directeur de la revue Chrysallis (Χρυσαλλίς), Th. Nicolaidis Philadelpheus ; elle était destinée à l’Association des Amis de l’instruction (Φιλεκπαιδευτική Εταιρεία), une institution non lucrative qui fonda en 1837 la première école pour filles à Athènes ; elle fut rééditée en 1875 [60].

42 Six éditions, trois traductions différentes, une compilation : De l’Éducation des filles parvint donc à un très bon placement en Grèce, qui se maintint jusque dans l’avant-dernière décennie du xix e siècle, distançant des œuvres comparables en circulation à la même époque. D’un point de vue quantitatif ‒ le nombre de traductions ‒ le Traité pourrait même revendiquer la primauté sur Les Aventures de Télémaque.

43 L’impératif d’un répertoire grec d’ouvrages relatifs à la philosophie ancienne, conjointement à l’autorité de Fénelon en tant que médiateur entre la pensée européenne moderne et celle de l’Antiquité contribua résolument à l’intérêt porté à l’Abrégé des vies des anciens philosophes avec un recueil de leurs plus belles maximes. L’ouvrage, dont on avait d’abord contesté la paternité [61], fut publié après la mort de l’auteur en 1726, puis inclus dans le corpus des Œuvres complètes. Cette galerie de portraits en 26 chapitres, chacun consacré à un philosophe antique, de Thales à Zénon, est agencée selon un schème identique : naissance ou apogée, données biographiques, caractère, liste des offices et charges, circonstances de la mort. L’enseignement moral qui se dégage de la personnalité et du comportement du philosophe est rattaché à ses principes philosophiques, exposé sous forme d’axiomes et égayé par diverses anecdotes tirées de sa vie, qui joignent l’utile et delectare, racontées sur un ton léger. La tradition veut que Fénelon ait écrit ces textes pour les enfants du duc de Beauvilliers, qui les étudiaient pendant leurs vacances, ainsi que les Vies de philosophes de Diogène Laertius, le principal modèle de l’Abrégé. C’est par l’intermédiaire de ce recueil de Fénelon que l’histoire de la philosophie, sous forme de genre littéraire, « vie et sentences » selon les classiques, entrera vers la fin du xvii e siècle dans le ratio studiorum des princes, pour passer ultérieurement dans le curriculum scolaire. Le synopsis de l’œuvre dans la bibliographie systématique de Wilhelm Gottlieb Tennemann (1796) [62] marqua un moment décisif pour la consécration de l’Abrégé et son succès international dans la première moitié du xix e siècle [63]. Les vues rationalistes de cet historien kantien avaient eu un certain impact sur la pensée prérévolutionnaire grecque par le biais de la traduction qu’en avait faite Konstantinos Koumas [64], dont les éditions, destinées au Lycée de Smyrne, une des écoles novatrices de la période prérévolutionnaire, furent à l’origine de l’intérêt pour l’histoire de la philosophie. La traduction initiale de l’Abrégé revient aux cercles de l’Académie Ionienne, la première institution académique grecque, établie à Corfou (1824-1864), au temps de la « république des îles Ioniennes » sous protectorat britannique ; elle est l’œuvre du professeur (depuis 1826) Konstantinos Typaldos (Iakovatos), qui avait envisagé une traduction complète, mais s’était arrêté à la vie de Thales [65]. Dans son préambule, le diacre invoquait « l’illustre Fénelon » et renvoyait au fameux schéma de la métakénosis (µετακένωσις) de Coray, la devise de transvaser le patrimoine ancestral par l’intermédiaire de textes traduits de la culture occidentale :

44

Le savant Français a compilé ces vies à partir des œuvres de nos ancêtres, et aussi étonnant que cela ne paraisse, on peut dire que nous ne prenons pas quelque chose d’étranger, mais que, tout en étant reconnaissants à la sagacité française, nous récupérons notre bien.

45 Il s’imposait néanmoins de rappeler la référence classique liée à l’auteur :

46

Qui est donc Fénelon ? Sa merveilleuse œuvre en prose, le Télémaque démontre qui il est, et à elle seule, elle suffirait à l’immortaliser […] au même rang que les Homères et les Platons.

47 Le traducteur jugea également opportun de citer l’avis du « critique » et « historien de la philosophie » Joseph-Marie Degérando (dans l’original et en grec), bien connu des érudits grecs, signalant ainsi au lecteur dans quel domaine de connaissances se situait son ouvrage [66].

48 Dix ans plus tard (1837) parut à Athènes la traduction de A. Pothitos, intitulée Abrégé des Vies des philosophes illustres de l’Antiquité, avec leurs doctrines, systèmes, morales et Recueil des leurs belles pensées (Επιτοµή των Βίων των ενδόξων φιλοσόφων της Αρχαιότητος, οµού µε τα Δόγµατα, τα Συστήµατα, το Ηθικόν των, και Συλλογήν των ωραίων γνωµών αυτών) ; elle comprenait l’ensemble des 26 chapitres, et sa publication fut annoncée flatteusement dans la presse athénienne :

49

On trouverait difficilement, rassemblées en un seul livre, autant d’idées que toutes celles que Fénelon –comme les abeilles d’Attique et de l’Hymette – a glanées de toute part, afin d’écrire l’histoire des illustres philosophes de l’Antiquité, et de condenser, en quelque sorte, ou de résumer brièvement, leurs différentes idées sur la science politique et la philosophie en général […] L’ouvrage revêt un caractère national, puisqu’il traite de l’histoire scientifique et vivante des philosophes grecs les plus renommés, et comme il se pare du nom de Fénelon, le passeport absolu, cela ne fait aucun doute qu’il conquerra l’espace grec [67].

50 Dans la préface, il est question des motifs de l’éditeur :

51

Désireux de voir comblée la carence de cet ouvrage dans notre langue, j’édite la présente biographie des philosophes antiques, laquelle fut composée par un homme très savant, le célèbre Fénelon, pour l’éducation de la jeunesse française, et traduite en grec moderne dans le même but, à l’intention des jeunes grecs.

Figure 8. « La vie de Thales », tirée de l’Abrégé des anciens philosophes fut traduite par un professeur de l’Académie Ionienne à Corfou en 1827. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/a/5/b/metadata-​258-0000004. tkl&do=148603.pdf&pageno=3&width=302&height=506&maxpage=16&lang

Figure 8. « La vie de Thales », tirée de l’Abrégé des anciens philosophes fut traduite par un professeur de l’Académie Ionienne à Corfou en 1827. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/a/5/b/metadata-​258-0000004. tkl&do=148603.pdf&pageno=3&width=302&height=506&maxpage=16&lang

Figure 8. « La vie de Thales », tirée de l’Abrégé des anciens philosophes fut traduite par un professeur de l’Académie Ionienne à Corfou en 1827. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/a/5/b/metadata-​258-0000004. tkl&do=148603.pdf&pageno=3&width=302&height=506&maxpage=16&lang

52 Les destinataires de cette édition étaient à nouveau les étudiants en philosophie :

53

Il me paraît tout à fait superflu de présenter l’ouvrage en question et d’arguer de sa grande utilité, dès lors que la lecture d’une seule des vies qu’il comprend suffit à les juger toutes de la manière la plus élogieuse qui soit, et à démontrer combien il est profitable à chacun, en particulier aux jeunes qui étudient la philosophie et sont tenus de connaître les différents systèmes philosophiques des anciens.

Figure 9. La seconde édition de la traduction intégrale de l’Abrégé… (1837) parut à Constantinople en 1842. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/e/4/4/metadata-39-0000128.tkl&do=79717.pdf&pageno=3&width=344&height=567&maxpage=304&lang

Figure 9. La seconde édition de la traduction intégrale de l’Abrégé… (1837) parut à Constantinople en 1842. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/e/4/4/metadata-39-0000128.tkl&do=79717.pdf&pageno=3&width=344&height=567&maxpage=304&lang

Figure 9. La seconde édition de la traduction intégrale de l’Abrégé… (1837) parut à Constantinople en 1842. Anemi Digital Library of Modern Greek Studies, Université de Crète. http://anemi.lib.uoc.gr/php/pdf_pager.php?rec=/metadata/e/4/4/metadata-39-0000128.tkl&do=79717.pdf&pageno=3&width=344&height=567&maxpage=304&lang

54 Une seconde édition, augmentée et améliorée, parut à Constantinople en 1842. Le traducteur visait entre autres un grec archaïsant plus pur que la langue de la première édition, comme il en convenait dans sa préface :

55

Je l’ai embelli, en rendant nombre de mots et de phrases au plus grec, tout ce qui sonnait mal à mes oreilles […], prenant soin toutefois de ne pas basculer dans le cliché et le vulgaire et de ne pas faillir en recourant à des termes étrangers [68].

56 Dans cette édition, le texte était précédé d’une notice détaillée sur Fénelon relatant sa vie et ses relations avec la cour de Louis XIV, sans manquer de faire référence à son œuvre et de reprendre la discussion sur l’identité générique du Télémaque.

57 Entre-temps était parue une édition en deux volumes (Ermoupolis 1840 [69]) : Vie de Thales (Βίος Θάλου) et Vie de Pittacos (Βίος Πιττάκου) « à l’usage des jeunes Grecs ». Elle est attribuée à Christos Parmenidis, un « bachelier » récent du Lycée de Syros, ayant pour directeur Georgios Serouios, un érudit formé en France et grand connaisseur de l’Antiquité.

Au service de l’apprentissage des langues

58 L’exploitation des Aventures de Télémaque, et à une moindre échelle d’autres écrits de Fénelon, dans la didactique des langues est un véritable phénomène international, qui outre une grande partie de l’Europe centrale (Pays-Bas, pays germanophones), du Sud (Italie, Espagne, Portugal, Serbie, Croatie) atteignit même le Nouveau Monde ; pourtant, elle ne s’observe en Grèce que relativement tard, du moins en ce qui concerne le livre imprimé. On a émis diverses hypothèses quant aux raisons qui ont pu contribuer à la longévité de cette utilisation de l’œuvre de Fénelon, laquelle se perpétua jusqu’au milieu du xxe siècle. Parmi celles-là la conscience pédagogique de Fénelon, son écriture, son style et la pureté de langue de son œuvre, qualités qui l’ont érigée en modèle du discours français, l’aspect roman d’aventures, la dimension morale, la profusion de renseignements sur l’Antiquité et même l’identification imaginaire de l’enseignant avec Mentor [70]. L’idée de présenter un texte grec en regard de l’original français revient au professeur français Fleury Lécluse [71] polyglotte, helléniste, orientaliste et éditeur de manuels didactiques. Fanatique du roman de Fénelon depuis son enfance, il se proposait d’éditer un « Télémaque polyglotte », qui paraîtrait sous forme de fascicules mensuels. En 1812 il publia à cet effet une annonce incitant à la préinscription d’abonnements, en vue de l’édition d’un Essai d’un Télémaque polyglotte. La publication devait s’appuyer sur des traductions éditées du livre le plus traduit des temps modernes, après la Bible, Homère, Virgile et Cicéron. L’édition succincte devait comprendre le texte français avec sa traduction en cinq langues, d’abord en grec moderne, qui semblait être la langue naturelle du texte, dans la traduction de Govdelas, puis dans les langues des quatre voisins de la France (italien, espagnol, anglais, allemand). Dans l’édition élargie on aurait inclus le hollandais, le portugais, trois dialectes slaves, le russe, le polonais, une langue illyrienne, et pour que soient représentées les langues asiatiques, l’arménien. L’édition devait être complétée par deux traductions versifiées du Télémaque dans la langue d’Homère et celle de Virgile. Ce projet ambitieux n’aboutit cependant pas.

59 Fénelon dans la culture néo-hellénique (xviii e-xix e siècles)

60 La première tentative éditoriale s’adressant à un public grec et visant apparemment à satisfaire la demande accrue d’apprentissage du français débuta en 1816 à l’initiative de Govdelas ; elle prévoyait une édition bilingue en quatre volumes, illustrée et pourvue de notes de l’éditeur sur la mythologie et l’histoire. C’est par le biais d’une annonce publicitaire, assortie d’une invitation à l’abonnement, parue dans la revue Le Mercure Savant que ce projet est parvenu à notre connaissance [72]. Une notation suggère qu’un volume parut en 1820 [73].

61 De ce projet ambitieux seule nous est parvenue l’édition Essai sur les lettres du parler des Français et de leur récitation (Δοκίµιον περί των Γραµµάτων της των Γάλλων φωνής και της αυτών απαγγελίας), qui comprenait, traduits par Govdelas, les Gnomes morales et politiques […] tirées du Télémaque (Γνωµικά Ηθικά τε και Πολιτικά […] εκ του Τηλεµάχου) [74], dont il a été question précédemment, et la fable au sujet antique Les Fortunes d’Aristonoüs ( Αριστονόου Τύχαι ), accompagnés d’un glossaire français et de commentaires.

62 L’édition bilingue en deux volumes, publiée à Paris en 1830 par les soins du jeune précepteur et futur ministre Léon Faucher, représente un cas très particulier. L’idée – traduction en grec ancien face au texte français – ne s’adressait manifestement pas à un lectorat grec. Elle visait à promouvoir l’apprentissage du grec ancien en France, tout en adoptant la méthode d’« enseignement universel » de Jean-Joseph Jacotot, qui se réclamait d’ailleurs de la même source [75]. La déclaration de Faucher est explicite : « C’est donc au nom de l’enseignement universel que nous adressons la traduction grecque du Télémaque : puisse-t-elle contribuer à répandre l’amour de l’Antiquité et en faciliter l’intelligence ! »

63 C’est dans le même contexte didactique que circula la traduction des Dialogues de morts (50 environ), que Fénelon avait rédigés entre 1692-1696, afin de satisfaire aux nouvelles exigences de l’éducation du jeune dauphin, qui jugeait désormais par trop infantiles les Fables des premières années (1690). L’œuvre de Lucien avait convaincu Fénelon que le royaume de Hadès offrait un cadre particulièrement propice au déploiement du dialogue et à l’exercice de la critique. En outre, la publication récente des Nouveaux dialogues de morts de Fontenelle (1683) avait contribué à la popularité du genre. Quant aux Dialogues de morts de Fénelon ‒au service d’un enseignement attrayant‒ ils véhiculaient nombre d’idées sur la morale en politique, ils promouvaient les connaissances historiques, en particulier sur l’Antiquité [76]. L’auteur n’ayant pas eu l’intention de publier les Dialogues de morts, c’est grâce à Ramsay qu’ils furent finalement imprimés, en 1712 seulement. Ils connurent un succès éditorial considérable, quoique rangés parmi les œuvres mineures de Fénelon.

64 Vers la fin du xviii e siècle, les érudits grecs firent montre d’un certain intérêt pour le genre littéraire des « dialogues de morts [77] », toutefois ni ceux de Fontenelle ni ceux de Fénelon ou d’autres auteurs ne furent traduits, une inertie peut-être liée au fait de la disponibilité d’un modèle « indigène », celui de Lucien. Une traduction partielle – sept dialogues – parut en 1827, comprise dans le manuel Dialogues familiers / Familiar dialogues / Διάλογοι οικιακοί dû à Georges Théocharopoulos, qui fréquentait le cercle parisien de Coray [78]. Ce manuel, d’abord trilingue (1/1827, 2/1828), connut cinq rééditions en 20 ans (3/1839, 4/1842, 5/1845), sans la traduction anglaise à partir de la troisième édition. Il contenait des phrases standard et des dialogues en traduction vis-à-vis, censées être utiles pour les conversations usuelles. L’inclusion de sept dialogues de morts visait éventuellement à mettre en évidence les écarts entre parlée et langue écrite, cette dernière pouvant « être étudiée chez les historiens, les poètes et les rhéteurs [79] ».

65 Dès le milieu du xix e siècle, c’est par une autre voie que Fénelon sera mis à contribution pour l’enseignement du français langue étrangère : par le biais d’extraits de son œuvre compris dans des chrestomathies et des anthologies françaises, dans

Figure 10. Sept dialogues de morts sont insérés dans un manuel trilingue pour l’apprentissage des langues (anglais, français, grec). https://books.google.gr/books?id=9xs-AAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=el&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Figure 10. Sept dialogues de morts sont insérés dans un manuel trilingue pour l’apprentissage des langues (anglais, français, grec). https://books.google.gr/books?id=9xs-AAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=el&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Figure 10. Sept dialogues de morts sont insérés dans un manuel trilingue pour l’apprentissage des langues (anglais, français, grec). https://books.google.gr/books?id=9xs-AAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=el&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

66 l’original.  [80] Les chrestomathies grecques, calquées sur des manuels analogues en usage dans les écoles françaises, reprenaient le principe établi au xviii e siècle qui faisait de Fénelon l’auteur favori  [81], et contenaient surtout des extraits du Télémaque, plus rarement des Aventures d’Aristonoüs, d’autres mythes et d’autres textes [82]. On peut citer à ce propos la narration du héros du roman de Dimitrios Bikélas Louki Laras, qui se réfère aux années 1820-1830 :

67

Tout ce que je savais d’italien et de français, je l’avais appris dans Télémaque, et encore n’avais-je pas lu cet ouvrage jusqu’au bout. J’avais quelques notions confuses sur Léonidas, sur Marathon, sur la Révolution française, mais je n’avais jamais réfléchi d’une manière précise à ces idées, les plus élevées de l’homme, la liberté et l’indépendance nationale [83].

68 Ce récit explique entre autres la présence de nombreuses éditions italiennes du Télémaque dans les bibliothèques grecques, qui servaient probablement à l’apprentissage de l’italien.

69 On notera d’autre part que les rédacteurs de chrestomathies et d’anthologies, la plupart écrivains eux-mêmes ou traducteurs d’œuvres littéraires, comme Ioannis Carasoutsas ou Alexandre-Rizos Rangabé, aspirant à aller au-delà de l’enseignement du français, et voulant « dispenser quelques notions littéraires et des éléments sur la valeur de chaque auteur [84] », accompagnaient les textes de commentaires et de notices préliminaires, critiques et biographiques, contribuant de la sorte à établir une certaine image des auteurs. Dans les commentaires sur Fénelon, on mettait l’accent sur la « connaissance de l’Antiquité » : les Aventures de Télémaque étaient qualifiées « d’épopée en prose », qui imite Homère et « où vit et respire la ravissante mythologie grecque » [85]. On y louait celui « qui avait étudié et connaissait l’Antiquité mieux que tous ses contemporains », le roman et l’esprit qui l’anime y étaient qualifiés de splendide traduction de l’Antiquité. Parmi les vertus du Télémaque on relevait « l’imagination », « la richesse des images [et] l’art de l’économie » [86]. Dans les notices préliminaires des chrestomathies, on ne manquait pas de faire écho aux discussions sur l’identité générique – hybride – du Télémaque, ce qui aida peut-être à contrer les réticences quant à l’insertion du roman dans le cursus scolaire : Carassoutsas le qualifie d’« œuvre poétique », et le rédacteur d’une autre chrestomathie de « brillante épopée en prose », alors que Rangabé évoquait une « romance foisonnante, pleine d’épisodes insolites, ou plutôt un poème épique en prose écrit sur un ton divertissant »  [87]. Il ne manquait pas de relever aussi la « morale politique » qui se dégage de l’œuvre, tout à fait dans la tradition du « miroir des princes » :

70

En tant que livre moral, il recèle un trésor inépuisable de jugements et de préceptes politiques et vitaux […] qu’il soit le talisman des souverains, comme l’ouvrage de l’italien Machiavel fut celui des tyrans. [88]

71 Selon Rangabé, Fénelon « prodigue aux gouvernants et aux gouvernés d’éminentes leçons de morale et des règles de comportement les plus justes qu’il soit ». Il alla jusqu’à lui prêter, déjà, des dispositions philhelléniques :

72

Nous, les Grecs, sommes redevables d’une reconnaissance particulière à la mémoire de cet homme exceptionnel, parce que dans les temps où notre patrie était plongée dans les ténèbres et l’ombre de la mort, Fénelon se souvint de la Grèce et souhaita sa libération [89].

73 Les mentions éparses dans la presse périodique, à commencer par le journal prérévolutionnaire Le Mercure Savant [90] et jusqu’aux magazines « littéraires pour les familles », très à la mode au xix e siècle, en passant par les revues encyclopédiques des premières décennies d’après la révolution, ont certes consolidé l’effigie grecque de Fénelon, sans toutefois la modifier ou la préciser. Il y est question, à nouveau, d’éloquence, d’art poétique, de philanthropie et de vertu. On en fait l’authentique héritier de l’Antiquité « plus attique que tous les écrivains modernes » ; on y souligne sa contribution à la connaissance de l’Antiquité dans les cercles érudits européens et son intervention dans la querelle des Anciens et des Modernes ; il est recensé comme une valeur stable et reconnue de l’hellénisme. Il s’agit en général de mentions ressassées, puisées dans des publications étrangères et copiées sans autre examen.

74 Le périple de l’œuvre de Fénelon dans la culture néo-hellénique pendant deux siècles est remarquable tant du point de vue de la traduction que du public qu’elle atteignit [91]. La clef de voûte, Les Aventures de Télémaque, suscita la curiosité pour d’autres œuvres de l’auteur, jugées exploitables à des fins cognitives et pédagogiques. Son œuvre fut mise à profit dans différents domaines, en accord avec leur contexte culturel particulier, et elle offrit un thème privilégié dans les perpétuels débats sur les rapports de l’hellénisme contemporain avec la pensée européenne et l’Antiquité.


Mots-clés éditeurs : miroir des princes, traductions en grec moderne chrestomathies françaises, lumières néohelléniques, Aristonoüs, Vies des anciens philosophes, xixe siècle, Dialogues de morts, relations franco-helléniques, Traité de l’éducation des filles, xviiie siècle, Phanariotes

Mise en ligne 09/05/2018

https://doi.org/10.3917/dss.182.0285

Notes

  • [1]
    Je tiens à remercier Marie-Louise Borloz qui a revu le texte français de cet article.
  • [2]
    Anna Tabaki, « Le français, langue d’échanges culturels dans le Sud-Est de l’Europe. “La conjoncture historique et ses spécificités locales” », Ouverture. Études à l’honneur de Vassiliki Papoulia (Ανοιχτοσύνη Μελέτες προς τιµήν της Βασιλικής Παπούλια), Thessalonique, Vanias, 2012, pp. 507-516.
  • [3]
    Stessi Athini, Aspects de la prose narrative néo-hellénique (1700-1830). Le dialogue entre les traditions grecques et étrangères en théorie et en pratique (Όψεις της νεοελληνικής αφηγηµατικής πεζογραφίας (1700-1830). Ο διάλογος µε τις ελληνικές και ξένες παραδόσεις στη θεωρία και την πράξη), Athènes, Institut des recherches néo-helléniques / Fondation nationale de la recherche scientifique, « Bibliothèque de l’histoire des Idées », 2010 ; Philippos Pappas, « Le dialogue entre la littérature grecque et les littératures étrangères par l’intermédiaire des traductions (1830-1909) » (« O διάλογος της ελληνικής με τις ξένες λογοτεχνίες μέσω των μεταφράσεων (1830-1909) »), thèse de doctorat de l’université de Crète, Rethymno, 2012, pp. 59-64.
  • [4]
    Despina Provata, « Victor Hugo en Grèce (1842-1902) », thèse de doctorat de l’université de Paris-Sorbonne ‒ Paris IV, 1994.
  • [5]
    Théodore Katsikaros, « Alexandre Dumas et la Grèce », thèse de doctorat de l’Institut national des langues et civilisations orientales, 2000.
  • [6]
    Stessi Athini, « Questions liées à la traduction de la prose narrative en grec moderne (1780-1800) », Neohelicon. Acta Comparationis Litterarum Universarum, 2004, no 31.2, Akadémiai Kiadó, Budapest, pp. 43-51.
  • [7]
    De la riche bibliographie consultée je me limite à signaler les titres suivants : Albert Chérel, Fénelon au xviii e siècle en France (1715-1820). Son prestige-son influence. Tableaux bibliographiques (Supplément), (1917), Genève, Slatkine Reprints, 1970 ; Françoise Gallouedec-Genuys, La Conception du prince dans l’œuvre de Fénelon, Paris, Puf, 1963 ; Volker Kapp, Télémaque de Fénelon : la signification d’une œuvre littéraire à la fin du siècle classique, Tübingen-Paris, 1982 ; Fénelon, Œuvres, édition présentée, établie et annotée par Jacques Le Brun, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1983, t. II, 1997 ; Henk Hillenaar (dir.), Nouvel état présent des travaux sur Fénelon, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 2000 ; François-Xavier Cuche, Alain Lanavére, François Trémolières, Emmanuel Bury, Benedetta Papásogli (dir.), Actes de la journée Fénelon (11 décembre 1998-Sorbonne), Dix-septième siècle 2000, no 206 ; Jacques Le Brun, « Du privé au public : l’éducation du prince selon Fénelon », in Ran Halévi (dir.), Le Savoir du prince, du Moyen Âge aux Lumières, Paris, Fayard, 2002, pp. 235-260 ; Jacques Le Brun, François-Xavier Cuche (dir.), Fénelon, mystique et politique 1699-1999 : Actes du colloque international de Strasbourg pour le troisième centenaire de la publication du Télémaque et de la condamnation des Maximes des Saints, Paris, Champion, 2004.
  • [8]
    Sur la fortune internationale de Fénelon voir : Alexandre Eckhardt, « Télémaque en Hongrie », Revue des études hongroises 1926, no 4, pp. 167-171 ; Henri Gérard Martin, Fénelon en Hollande, H.J. Paris-Amsterdam 1928, http://www.dbnl.org/tekst/mart071fene01_01/colofon.htm (site consulté en février 2017) ; Volker Kapp, « Fénelon en Allemagne », in Henk Hillenaar (dir.), Nouvel état présent des travaux sur Fénelon, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 2000, pp. 127-151 ; Marie-Christine Kok Escalle, « Des éditions hollandaises des Aventures de Télémaque », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 31, http://dhfles.revues.org/1298 (site consulté en février 2017) ; J. Hernández Serna y Carmen Pérez, « Les aventures de Télémaque de Fénelon, en España », Estudios Románicos, 2006, no 15, pp. 41-70 ; C. Smitt-Maas, S. Stokchorst, D. Ahn (dir.), Fénelon in the Enlightenment : Traditions, Adaptations and Variations, Amsterdam-New York, Rodopi, 2014.
  • [9]
    Henk Hillenaar, « Le projet didactique de Fénelon auteur de Télémaque : enjeux et perspectives », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1478 (site consulté en février 2017).
  • [10]
    Sur la périodisation des Lumières néo-helléniques voir : Anna Tabaki, « Les Lumières néo-helléniques. Un essai de définition et de périodisation », in Werner Schneiders (dir.) avec l’introduction générale de Roland Mortier, Les Lumières en Europe. Concepts et symboles du dix-huitième siècle européen, Berlin, Berliner Wissenschafts – Verlag, 2003, pp. 45-56 ; Jacques Bouchard, « L’Aube des Lumières chez les Grecs et les Roumains‒Définition et périodisation (1680-1780) », Les Phanariotes et l’aube des Lumières, Centre interuniversitaire d’études néo-helléniques de Montréal, Montréal 2007, pp. 1-11 ; Jacques Bouchard, « Défense et illustration de la Frühaufklärung néo-hellénique », dans les Actes du XXe Colloque international des néo-hellénistes francophones. Université Charles de Gaulle-Lille I, 24-26 mai 2007. D’une frontière à l’autre : Mouvements de fuites, mouvements discontinus dans le monde néo-hellénique. Présences néo-helléniques dans les pays francophones ici-maintenant et ailleurs, textes réunis par Constantin Bobas, Athènes-Lille, Éditions Gavrielidès / Presses universitaires du Septentrion, 2009, pp. 258-267. Sur la production littéraire voir Stessi Athini-Giannis Xourias, Littérature néo-hellénique (1670-1830) (Nεοελληνική Γραµµατεία (1670-1830), Athènes, 2015, www.kallipos.gr
  • [11]
    Lesbos, Monastère Leimonos, Ms no 359.
  • [12]
    Rédacteur sous l’ordre de voevoda de « Επιτετμημένη επαρίθμησις των κατά τον παρελθόντα αιώνα λογίων Γραικών, και περί τινων των εν τῳ νυν αιώνι ανθούντων » / « Eruditorum Graecorum superioris & praesentis saeculi Recensio », in J.A. Fabricius (dir.), Bibliothecae Graecae, 1722, t. XI, pp. 769-808.
  • [13]
    Stessi Athini, « Les aventures de Télémaque : a fictional “Mirror of princes” in the entourage of the first Mavrokordatos family », Workshop : « Regelwissen in der griechischen Frühen Neuzeit » 30.11.2012 - 01.12.2012, « Transfer und Überlagerung. Wissenskonfigurationen in der Zeit der griechischen homines novi im Osmanischen Reich (1641-1730) », Freie Universität Berlin.
  • [14]
    Constantinople, Métoque du Saint-Sépulcre, Ms no 358 ; Bibliothèque de Milies (Mont Pélion), Ms no 56.
  • [15]
    Sur leur activité intellectuelle et politique on peut consulter : Jacques Bouchard, « Nicolas Mavrocordatos et l’Aube des Lumières », Revue des études sud-est européennes, 1982, no 20, pp. 237-246 ; Jonathan I. Israel, Enlightenment Contested. Philosophy, Modernity and the Emancipation of Man 1670-1752, Oxford University Press, 2006, pp. 319-321.
  • [16]
    Cornelia Papacostea-Danielopolu, « Préoccupations livresques de Scarlat Mavrocordat dans un manuscrit de l’Académie Roumaine », Revue des études sud-est européennes, 1990, no 28, pp. 29-37.
  • [17]
    Corneliu Dima-Drăgan, « La bibliophilie des Mavrocordato », Symposium L’Époque phanariote, Thessalonique, Institute for Balkan Studies, 1974, pp. 209-216. La reconstitution bibliographique du fond livresque constitue un des principaux axes de recherche du programme en cours de la Freie Universität de Berlin (Project C06) Transfer and Interference. Configurations of Knowledge in the Period of the Greek Homines Novi in the Ottoman Empire (1641-1730) http://www.sfb-episteme.de/en/teilprojekte/handeln/C06/index.html (site consulté en juin 2015) ; Nikolas Pissis, « La bibliothèque princière de Nicolas Mavrocordatos : pratiques de collection et de lecture », in André Binggeli, Matthieu Cassin, Marina Détoraki, Anna Lampadaridi (dir.), Bibliothèques grecques dans l’empire ottoman, Turnhout, Brepols, 2017 (en cours de publication).
  • [18]
    Publié à Bucarest en 1719 et réédité avec une traduction latine à Leipzig en 1722 et à Londres en 1724 ; il a eu plusieurs éditions posthumes. Voir Nicolas Mavrocordatos, Traité des devoirs (Περί καθηκόντων βίβλος), texte établi, traduit et commenté par Lambros Kambéridis, Athènes, Fondation Culturelle de la Banque Nationale de Grèce, 2014.
  • [19]
    Sur l’attention portée à la fameuse querelle, voir Nicolas Mavrocordatos, Les Loisirs de Philothée, texte établi, traduit et commenté par Jacques Bouchard, Athènes-Montréal, Association pour l’étude des Lumières en Grèce - Les Presses de l’université de Montréal, 1989, p. 120.
  • [20]
    Gabriel Maugin, Documenti bibliografiki e critici per la storia della fortuna del Fénelon in Italia, Paris, Honoré Champion, 1910, pp. 30-61 ; Anna Luigia Villiani, « Il Telemaco di Fenelon nelle biblioteche, università e istituti d’istruzione religioso a Roma. Strumento pedagogico-linguistico, supporto per una formazione morale e culturale o oggetto di una disputa teologica ? », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 31, http://dhfles.revues.org/1914 (site consulté en janvier 2017).
  • [21]
    Athanasios E. Karathanasis, « La Compagnie hellénique de Braşov », L’Hellénisme en Transylvanie. L’activité culturelle nationale et religieuse des compagnies commerciales helléniques de Sibiu et de Braşov aux xviii e-xix e siècles, Thessalonique, Institute for Balkan Studies, 1989, p. 162.
  • [22]
    Paschalis M. Kitromilides (dir.), Adamantios Korais and the European Enlightenment, Voltaire Foundation, University of Oxford, SVEC, 2010.
  • [23]
    Mémoire sur l’état actuel de la civilisation dans la Grèce, lu à la Société des Observateurs de l’homme, le 16 Nicôse, an XI (6 janvier 1803), par Coray, docteur en médecine, et membre de ladite société, Paris 1803, pp. 9-10.
  • [24]
    Sur les controverses pendant la période des Lumières néo-helléniques autour du choix de registre langagier (démotique-vulgaire ou archaïsant) voir Peter Mackridge, Language and National Identity in Greece, 1766-1976, Oxford, Oxford University Press, 2009, pp. 32-158.
  • [25]
    Pour les éditions contemporaines qui satisfaisaient l’intérêt croissant pour la mythologie grecque, voir Ch. L. Caraoglou, « Mythologies prérévolutionnaires » (« Προεπαναστατικές μυθολογίες  »), in Dimitra Mitta (dir.), Apologie du Mythe (Απολογία για τον Μύθο), Thessalonique, University Studio Press, 1997, pp. 209-223.
  • [26]
    Suivant la division des éditions françaises à partir de 1717.
  • [27]
    Cf. Volker Kapp, « Les illustrations des éditions de Télémaque », dans les Actes du colloque international de Strasbourg pour le troisième centenaire de la publication du Télémaque et de la condamnation des Maximes des Saints. Fénelon Mystique et Politique (1699-1999), F.-X. Cuche, J. Le Brun (dir.), Paris, Honoré Champion, 2004, pp. 287-303.
  • [28]
    J. M. Tancoigne, Voyage à Smyrne, vol. I, Paris, 1817, pp. 140-141, cité par Alexis Politis, « Romans au sujet antique, 1790-1900. À nouveau le poids du patrimoine ancestral ? » (« Αρχαιόθεμα μυθιστορήματα, 1790-1900. Και πάλι το βάρος της αρχαίας κληρονομιάς; », in Stefanos Kaklamanis, Michael Paschalis (dir.), La Réception de l’Antiquité dans le roman byzantin et néo-hellénique (Η πρόσληψη της αρχαιότητας στο βυζαντινό και νεοελληνικό µυθιστόρηµα), Athènes, Stigmi, 2005, p. 132.
  • [29]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, t. II : 1799-1809, Athènes, Association pour l’étude des Lumières en Grèce, 1964, p. 270.
  • [30]
    Philippos Iliou, Pour l’éclairement de la Nation. Annonces des revues prérévolutionnaires (1734-1821). Résidus de Philippos Iliou (Διά του γένους τον φωτισµόν. Αγγελίες προεπαναστατικών εντύπων (1734-1821). Από τα κατάλοιπα του Φίλιππου Ηλιού), édité par Popi Polemi en collaboration avec Anna Matthaiou et Irini Rizaki, Athènes, musée Benaki, 2008, p. 161, note 1[2].
  • [31]
    « Littérature. De la littérature grecque contemporaine » (« Φιλολογία. Περί της συγχρόνου Eλληνικής φιλολογίας  »), Anthologie des connaissances utiles (Aνθολογία των κοινωφελών γνώσεων), 1868, no 16, p. 244.
  • [32]
    Nicolaos Papadopoulos, Mercure Kerdôos ou Encyclopédie marchande (Ερµής ο Κερδώος ήτοι Εµπορική Εγκυκλοπαιδεία), introduction de Triantafyllos Sklavenitis, Athènes, Fondation culturelle et technologique ETBA, 1989, t. I, pp. 11-12.
  • [33]
    Théophilos Kairis, Correspondance (Αλληλογραφία), Seconde partie : Lettres d’Evanthia Kairi 1814-1866 (Επιστολαί Ευανθίας Καΐρη 1814-1866), éd. Dimitrios Polemis, Andros, Bibliothèque Kairi, 1997, p. 88.
  • [34]
    Konstantinos Oikonomos de Oikonomoi, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. Kostas Lappas, Rodi Stamouli, t. I : 1802-1817, Athènes, Académie d’Athènes, 1989, p. 56.
  • [35]
    Le Mercure savant (Ερµής ο Λόγιος), 1819, no 9, p. 784.
  • [36]
    Panayotis Moullas, « Le néo-classicisme bat son plein (1862-1867) », Les Concours poétiques de l’université d’Athènes 1851-1877, Archives historiques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, Athènes, 1989, pp. 167-237 ; voir aussi, Athina Georganta, Emmanuel Roïdis. La Voie vers la Papesse Jeanne, (Εμμανουήλ Ροΐδης. Η πορεία προς την Πάπισσα Ιωάννα), Athènes, Istos, 1993, p. 223.
  • [37]
    Pappas, op. cit.
  • [38]
    Georganta, op. cit., pp. 146-154.
  • [39]
    Emmanuel Roïdis, Œuvres complètes (Άπαντα), éd. Alkis Angelou, Athènes, Ermis, 1978, vol. I, p. 24.
  • [40]
    La traduction de la citation est empruntée à Emmanuel Rhoïdis, La Papesse Jeanne, roman historique écrit d’après les documents puisés aux sources originales, précédé d’une étude historique, accompagné de notes et orné d’un portrait de la papesse Jeanne copié sur le manuscrit de Cologne, ouvrage traduit du grec moderne, Paris, Dreyfous, 1878, p. 19.
  • [41]
    Lawrence Venuti, « Retranslations: The creation of value », Bucknell Review: A Scholarly Journal of Letters, Arts and Sciences, 2003, no 47, pp. 25-38.
  • [42]
    Pour les traductions des œuvres occidentales en karamanlidika voir Ioanna Petropoulou, « From West to East : The Translation Bridge. An Approach from a Western Perspective », in Anna Frangoudaki, Caglar Keyder (dir.), Ways to Modernity in Greece and Turkey. Encounters with Europe, 1850-1950, London-New York, I. B. Tauris & Co Ltd, 2007, pp. 91-112.
  • [43]
    L’œuvre était déjà connue par sa première traduction en turc (Terceme-I Telemak) du grand Vezir Yusuf Kamil Pasha, publiée en 1862 ; voir Saliha Paker, « Turkish Tradition », in Mona Baker, Gabriela Saldanha (dir.), Routledge Encyclopedia of Translation Studies, London-New York, 2011, p. 556 ; Arzu Meral, « The Ottoman reception of Fénelon’s Télémaque », in C. Smitt-Maas, S. Stokchorst, D. Ahn (dir.), Fénelon in the Enlightenment: Traditions, Adaptations and Variations, Amsterdam-New York, Rodopi, 2014, pp. 215-216.
  • [44]
    C. Caliadis, « De la littérature. Les fortunes du Télémaque de Fénelon » (« Φιλολογικά. Αι Τύχαι του Τηλεμάχου του Φενελώνος »), Revue hebdomadaire de Néologos (Νεολόγου εβδοµαδιαία επιθεώρησις), 1894, no 3, pp. 567-568, 593-595, 605-608.
  • [45]
    I. K. Asopios, « Le nouvel idéal » (« Το νέον ιδεώδες »), Les Olympiques (Ολύµπια), 1897, no 2, pp. 15-16.
  • [46]
    Patricia Touboul, « Le statut des femmes : nature et condition sociale dans le Traité de l’éducation des filles de Fénelon », Revue d’histoire littéraire de la France, 2004, vol. 104, n° 2, pp. 325-342.
  • [47]
    P. M. Kitromilidis, « The Enlightenment and womanhood: Cultural change and the politics of exclusion », Journal of Modern Greek Studies, 1983, no 1, pp. 39-61.
  • [48]
    Voir page 10.
  • [49]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), t. III : 1810-1816, éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, Emm. Frangiskos, Athènes, Ermis, 1979, p. 380 ; Théophilos Kairis, Correspondance (Αλληλογραφία), troisième partie : Lettres à Théophilos Kairis 1808-1839 (Επιστολαί προς Θεόφιλον Καΐρην 1808-1839), éd. Dimitrios Polemis, t. I, Andros, Bibliothèque Kairi, 1998, pp. 373-374.
  • [50]
    Adamance Coray, Correspondance (Αλληλογραφία), éd. C. Th. Dimaras, Alkis Angelou, Aik. Koumarianioù, Emm. Frangiskos, t. IV : 1817-1822, Athènes, Association pour l’étude de Lumières en Grèce, 1982, p. 58.
  • [51]
    Kairis, Correspondance, op. cit., p. 137.
  • [52]
    Coray, Correspondence, op. cit., p. 185.
  • [53]
    Ibidem, p. 186.
  • [54]
    Vicky Patsiou, « Indices d’intellectualité féminine en Grèce au début du xix e siècle : L’œuvre traduite d’Evanthia Kairi et la tradition des Lumières néo-helléniques » (« Ενδείξεις γυναικείας λογιοσύνης τον αρχόμενο ελληνικό 19ο αιώνα: Το μεταφραστικό έργο της Ευανθίας Καΐρη και η παράδοση του νεοελληνικού Διαφωτισμού »), dans les Actes du Symposium Evanthia Kairi. Bicentenaire de sa naissance 1799-1999. Andros, 4 septembre 1999 (Ευανθία Καΐρη. Διακόσια χρόνια από τη γέννησή της 1799-1999. Πρακτικά Συµποσίου, Άνδρος, 4 Σεπτεµβρίου 1999), Andros, Annales d’Andros no 31, Bibliothèque Kairis, 2000, pp. 45-62 ; Sofia Denissi, « The Greek Enlightenment and the changing cultural status of women », Comparaison, 2001, no 12, pp. 42-47.
  • [55]
    Robert Granderoute, « De “L’Éducation des filles” aux “Avis d’une mère à sa fille” : Fénelon et Madame de Lambert », Revue d’histoire littéraire de la France 1987, vol. 87, n° 1, pp. 15-30.
  • [56]
    Sidiroula Zioga-Karastergiou, L’Enseignement secondaire des filles en Grèce (1830-1893) (Η µέση εκπαίδευση των κοριτσιών στην Ελλάδα (1830-1893), Athènes, Archives historiques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, 1986, p. 50.
  • [57]
    Une école privée pour les filles était déjà créée en 1830 à Ermoupolis ; il est donc probable que l’édition de Zontanos s’inscrive dans ce contexte, ibid., p. 51.
  • [58]
    P. 60 ; cf. Eleni Phournaraki, Enseignement et éducation des filles. Réflexions Grecques (1830-1910). Un florilège (Εκπαίδευση και αγωγή των κοριτσιών. Ελληνικοί προβληµατισµοί (1830-1910). Ένα ανθολόγιο), Athènes, Archives hHistoriques de la jeunesse grecque, Secrétariat général à la jeunesse, 1987, pp. 79-98.
  • [59]
    « Τα πρώτα της ανατροφής θεμέλια » (pp. 21-28) / « Quels sont les premiers fondements de l’éducation » (pp. 13-22) « Ζωντανός μίμησις επίφοβος » (pp. 20-30) / « Imitation à craindre » (pp. 23-25), « Διδασκαλία πλάγιος. Οι παίδες δεν πρέπει να στενοχωρώνται » (pp. 30-53) / « Instructions indirectes : Il ne faut pas presser les enfants » (pp. 26-54), « Σημειώσεις περί πολλών ελαττωμάτων των κορασίων » (pp. 53-58) / « Remarques sur plusieurs défauts des filles » (92-97), « Χρέη των γυναικών » (pp. 71-76) / « Instruction des femmes sur leurs devoirs » (pp. 106-113), « Περί τροφών » (pp. 76-80) / « Des gouvernantes » (pp. 130-138), cf. Fénelon, De l’éducation des filles. Texte collationné sur l’édition de 1687, par Charles Defodon, Paris 1898.
  • [60]
    Il faut mentionner qu’au cours de l’année scolaire 1876-1877 à l’École Normale des institutrices, l’établissement principal de l’« Association des Amis de l’instruction », on enseignait dans l’original français le texte intégral du Télémaque. Voir Condylia Choida, « Le cours de français dans les écoles secondaires grecques de l’état grec libre et de l’hellénisme de l’étranger au xix e siècle (objectifs, curriculum, organisation, livres) », (« Το μάθημα των γαλλικών στα ελληνικά σχολεία της μέσης εκπαίδευσης του ελεύθερου κράτους και του έξω ελληνισμού κατά τον 19o αιώνα (σκοπός, περιεχόμενο, οργάνωση, βιβλία) »), thèse de doctorat de l’université Aristote de Thessalonique, 2003, p. 221.
  • [61]
    Sa publication provoqua un débat littéraire, puisque André-Michel Ramsay, biographe officiel et éditeur de Fénelon, a contesté sa paternité.
  • [62]
    Gregorio Piaia, « François Fénelon (1651-1715). Abrégé des vies des anciens philosophes », in Giovanni Santinello, Gregorio Piaia (dir.), Models of the History of Philosophy, t. II : From Cartesian Age to Brucker, Dordrecht, Heidelberg, London-New York, Springer, 2011, pp. 148-151.
  • [63]
    Il fut inclus dans les éditions des Œuvres Complètes et eut au moins 23 réimpressions jusqu’à 1875; il fut traduit en anglais (1726, 18406), en allemand (1748, 1761, 1796) et en espagnol (1825).
  • [64]
    Konstantinos M. Koumas, Constitution de Philosophie (Σύνταγµα Φιλοσοφίας), Vienne, 1818, pp. iii-lxii et Abrégé d’histoire de Philosophie, écrit en allemand par Wilh. Gottl. Tennemann, traduit à l’usage du Gymnase philologique de Smyrne par K. M. Koumas (Σύνοψις της Ιστορίας της Φιλοσοφίας, συγγραφείσα µεν γερµανιστί υπό Βιλ. Γοτλ. Τενεµάννου, µεταφρασθείσα δε εις χρήσιν του φιλολογικού της Σµύρνης Γυµνασίου υπό Κ. Μ. Κούµα), Vienne, 1818 ; cf. Nikos Psimmenos, « Konstantinos Koumas comme historien de la philosophie néo-hellénique » (« Ο Κωνσταντίνος Κούμας ως ιστορικός της νεοελληνικής φιλοσοφίας »), Philosophie (Φιλοσοφία), 1985-1986, no 15-16, pp. 376-397.
  • [65]
    Ilias Tsitselis, Mélanges de Céphallénie. Contributions à l’histoire et à la culture populaire de l’île de Céphallénie (Κεφαλληνιακά Σύµµεικτα. Συµβολαί εις την ιστορίαν και λαογραφίαν της νήσου Κεφαλληνίας), Athènes, 1904, vol. I, pp. 669-690.
  • [66]
    « Avis du traducteur au lecteur » (« Ο μεταφραστής προς τον αναγνώστην »), De l’abrégé des vies des illustres philosophes anciens de Fénelon. Celui de Thales (Εκ των του Φενελώνος κατ’ επιτοµήν Βίων των ενδοξοτέρων αρχαίων Φιλοσόφων. Ο του Θάλητος), traduit par K. Typaldos, Corfou, 1827, pp. 3-5.
  • [67]
    Anthologie des connaissances utiles (Ανθολογία των κοινωφελών γνώσεων), 1837, no 8, pp. 126-127.
  • [68]
    « Préambule », (« Προοίµιον »), Abrégé des vies des philosophes illustres de l’Antiquité avec leurs doctes, systèmes, morales et Recueil de leurs plus belles sentences (Επιτοµή των Βίων των Ενδόξων Φιλοσόφων της Αρχαιότητος, οµού µε τα Δόγµατα, τα Συστήµατα, το ηθικόν των, και Συλλογήν των ωραίων γνωµών αυτών), traduit par A. Pothetos, Constantinople, 1842, p. xi.
  • [69]
    Dans le Projet Général du Gymnase Grec d’Ermoupolis (Γενικόν Σχέδιον του εν Ερµουπόλει Ελληνικού Γυµνασίου) rédigé par l’éminent adepte des Lumières Neophytos Vamvas en 1833, on prêtait une attention particulière à l’enseignement de la philosophie et spécialement à l’histoire de philosophie ancienne ; voir en bref Vassilios Sphyroeras, « Les premiers journaux d’Ermoupolis : repères littéraires et politiques » (« Οι πρώτες εφημερίδες της Ερμούπολης: Φιλολογικές και πολιτικές ανιχνεύσεις »), dans les Actes du Congrès International à la mémoire de K.Th. Dimaras. Culture et Société Néo-hellénique. Athènes 29 septembre-1er octobre 1999 (Νεοελληνική Παιδεία και Κοινωνία. Πρακτικά Διεθνούς Συνεδρίου αφιερωµένου στη µνήµη του Κ. Θ. Δηµαρά, Αθήνα 29 Σεπτεµβρίου -1η Οκτωβρίου 1993), Athènes, Association pour l’étude des Lumières en Grèce, 1995, p. 299.
  • [70]
    Nadia Minerva, « Présentation », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1465, consulté en janvier 2017.
  • [71]
    Elizabeth Papageorgiou-Provata, « Fleury Lécluse. Un helléniste français inconnu » (« Fleury Lécluse. Ένας άγνωστος γάλλος ελληνιστής »), Athènes, collection de l’Institut français d’Athènes, 1984.
  • [72]
    Le Mercure Savant (Ερµής ο Λόγιος), 1816, no 6, pp. 31-32.
  • [73]
    Iliou, op. cit., p. 233.
  • [74]
    Apparemment Govdelas a eu pour modèle la réédition récente à Paris en 1814.
  • [75]
    L’éducateur Jean Joseph Jacotot (1770-1840) a introduit en 1818 la méthode de l’« enseignement universel » ; il l’a appliquée pour la première fois à Louvain en proposant, lors du cours d’enseignement du français aux étudiants flamands, comme exercice une édition bilingue de Télémaque ; voir Javier Suso López, « Télémaque au cœur de la “méthode Jacotot” », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 2003, no 30, http://dhfles.revues.org/1608 (site consulté en janvier 2017).
  • [76]
    Johan S. Egilsrud, Le « dialogue des morts » dans les littératures française, allemande et anglaise (1644-1789), Paris, 1934, pp. 58-85.
  • [77]
    Eugénie Képfhallinaiou, « Lumières et Révolution française dans les “Dialogues des morts” », dans les Actes du IIIe Colloque d’histoire. La Révolution française et l’hellénisme moderne (Athènes 14-17 octobre 1987), Athènes, Centre de recherches néohelléniques / Fondation nationale de la recherche scientifique, 1989, pp. 519-534.
  • [78]
    Christos A. Moulias, Georgios B. Théocharopoulos (1770-1852 ?). Un érudit peu connu de Patras (Γεώργιος Β. Θεοχαρόπουλος (1770-1852 ;). Ένας άγνωστος πατρινός λόγιος), Patras, 1993.
  • [79]
    Georges Théocharopoulos, Dialogues familiers Précédés de quelques phrases faciles, et suivis de plusieurs dialogues de Fénelon, en français, anglais et grec. // Familiar Dialogues Preceeded by some Easy Phrases, And followed by Several Dialogues from Fenelon, in French, English and Greek. // Διάλογοι Οικειακοί µετά προηγουµένων τινών φράσεων, και έτεροι εκ των του Φενελών, Γαλλο-Αγγλο-Ελληνικοί, Paris, 1827, pp. iii-iv.
  • [80]
    Choida, op. cit.
  • [81]
    Fénelon, Bossuet et La Βruyère figurent parmi les prosateurs du xvii e siècle les plus couramment cités ; parmi les poètes figurent La Fontaine et Racine. Les chrestomathies dans leur majorité contiennent 19 extraits, la plupart tirés de Télémaque ; voir Choida, ibidem, pp. 245, 247.
  • [82]
    Par exemple « Démonstration sur l’existence de Dieu », in Georges N. Makridis, Chrestomathie française (Γαλλική Χρηστοµάθεια), Constantinople, 1886 ; « Dialogues des morts », in N. Contopoulos, Chrestomathie française à l’usage de l’enseignement secondaire (Γαλλική Χρηστοµάθεια προς χρήσιν των Γυµνασίων), Athènes, 1898.
  • [83]
    Politis, op. cit., p. 132. La citation a été empruntée à D. Bikélas, Louki Laras, traduit du grec par le Mis de Queux de Saint-Hilaire, nouvelle édition illustrée par M. Ralli, Paris, Firmin Didot, 1892, p. 47.
  • [84]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 1855, p. iii.
  • [85]
    Ibidem, xii.
  • [86]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21859, p. xii.
  • [87]
    K. N. Oikonomidis, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21866, p. 173.
  • [88]
    Ioannis Karasoutsas, Chrestomathie française (Χρηστοµάθεια Γαλλική), Athènes, 21859, p. xiii.
  • [89]
    Ibidem, pp. xii-xiii.
  • [90]
    « Pendant le règne de Louis XIV naquirent les œuvres les plus illustres de l’éloquence, de l’histoire et de l’art poétique qui ont glorifié éternellement la France ; […] Fénelon tient la seconde place pour l’éloquence et il prime dans l’art de faire aimer la vertu ; il a inspiré à tous la justice et la charité par son Télémaque », Le Mercure Savant (Ερµής ο Λόγιος), 1812, no 2, p. 278, note a.
  • [91]
    Si l’on considère la production livresque, le xx e siècle ne se montra pas si accueillant pour l’œuvre de Fénelon. Dans la Bibliographie des traductions néo-helléniques de la littérature étrangère, xix e-xx e siècle (1901-1950) (Βιβλιογραφία των ελληνικών µεταφράσεων της ξένης λογοτεχνίας, ΙΘ΄–Κ΄ αι. Αυτοτελείς εκδόσεις (1901-1950), Athènes, t. II, SDOV, 2013, de Konstantinos G. Kassinis ne figure qu’une entrée portant le titre : Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse (Οι περιπέτειες του Τηλεµάχου γιού του Οδυσσέα), adapté par Nikos Pantzaris, Athènes 1950, destiné à la jeunesse. Pour la seconde moitié du xx e siècle, la recherche dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque Nationale de Grèce n’a pu qu’ajouter les deux titres suivants : Les Aventures de Télémaque (Οι περιπέτειες του Τηλεµάχου), trad. Leonidas D. Kotsifakos, Athènes 1964 et Fortunes de Télémaque (Τηλεµάχου Τύχαι), trad. Vanessa Lappa (précédé d’une introduction étayée par Maria Stassinopoulou), Athènes, Kanaki, 1998.
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