Notes
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[1]
Nous empruntons cette expression à Chr. Jouhaud et A. Viala qui la définissent en ces termes « […] textes ou portions de textes, si fréquents à l’époque moderne, qui racontent la publication des ouvrages dans lesquels ils apparaissent », De la Publication entre Renaissance et Lumières, Christian Jouhaud et Alain Viala (dir), Paris, Fayard, 2002, p. 14.
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[2]
« Au Lecteur », Mercure galant, Paris, Au Palais, janvier 1678, n.p.
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[3]
« Préface », Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, n.p.
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[4]
Ce premier graphique présente le découpage du contenu thématique des douze Extraordinaires parus entre 1678 à 1680. Le choix des intitulés de contenus fait ici référence à l’emploi ou au sujet traité dans l’ensemble des textes intégralement pris en compte dans ce graphique.
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[5]
La scénographie de l’assemblée galante constitue le procédé de justification privilégié par Jean Donneau de Visé pour son projet éditorial comme l’atteste la préface inaugurale du Mercure galant en 1672, puis celle qui annonce la reprise du périodique sous le titre Nouveau Mercure galant en 1677.
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[6]
Ce graphique met l’accent sur les sujets abordés dans la rubrique « questions à décider ». Les intitulés étant absents de cette section des suppléments, le découpage thématique renvoie à notre lecture du corpus.
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[7]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier d’avril 1678, pp. 298-300.
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[8]
La parole du critique, au sens de censeur ou de satirique est par ailleurs exclue du Mercure galant. L’auteur est d’abord celui qui communique agréablement avec autrui et qui maîtrise un discours fondé sur une lecture du monde civil à la fois personnelle et normative.
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[9]
Nous empruntons cette définition à l’analyse du discours. Voir Dictionnaire d’analyse du discours, P. Charaudeau et D. Maingueneau (dir), Paris, Seuil, 2002 ; Dominique Maingueneau, Le Contexte de l’œuvre littéraire, Paris, Dunod, 1993.
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[10]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 170-171.
-
[11]
Ibidem, pp. 110-111.
-
[12]
Ibidem, pp. 154-155.
-
[13]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier d’avril 1678, pp. 277-278.
-
[14]
Ibidem, pp. 317-318.
-
[15]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de juillet 1678, p. 398.
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[16]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 71-72.
-
[17]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de juillet, 1678, pp. 36-38.
-
[18]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 330-331.
-
[19]
Ibidem, pp. 107-108.
-
[20]
Sara Harvey, « Le Paris galant de Donneau de Visé : modèle urbain et politique louis- quatorzienne dans le Mercure galant (1672-1678) », Les Histoires de Paris, Actes colloque Québec 22-25 sept. 2010, éd. Th. Belleguic et L. Turcot, Paris, Hermann, 2012, pp. 317-329.
-
[21]
Mercure galant, janvier 1678, n.p.
-
[22]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678.
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[23]
Voir l’article de Geoffrey Turnovsky, « Les lecteurs du Mercure galant. Trois aperçus », pp. 65-80.
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[24]
Ces annexes découpent en pourcentage la mention ou l’absence de précision au sujet des villes et des noms propres qui accompagnent chaque article et/ou œuvre publiés dans les Extraordinaires de chaque janvier des trois premières années de parution. Dans le cas des villes, l’étiquette « autres mentions » signifie que le nom apparaît moins de cinq fois.
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[25]
« Libraire au Lecteur », Extraordinaire du Mercure Galant, Lyon, Thomas Almaury, quartier de juillet, 1680, n.p.
-
[26]
Alain Viala, La Naissance de l’écrivain, Paris, Minuit, 1986.
Ceux qui aiment passionnément les lettres, qui se plaisent à lire les beaux livres, qui recherchent tous les beaux vers et aiment à les entendre réciter, ne laisseront pas, bien qu’ils n’écrivent point, d’avoir rang dans le Parnasse après les auteurs.
1 Publiée dans le tome III des Nouvelles Nouvelles parmi la liste des « nouveaux règlements pour le Parnasse », cette prescription ajoute un acteur nouveau dans la composition du monde des lettres tel qu’imaginé par le jeune Jean Donneau de Visé : l’amateur de lettres qui paraît désormais entretenir un rapport de proximité avec l’auteur. Nous sommes en 1663, précisément quinze ans avant la parution du premier Extraordinaire du Mercure galant, ces suppléments trimestriels qui seront entièrement dédiés à ce nouveau membre du Parnasse dont l’identité paraît s’être affirmée autant que le champ d’action élargi. En témoigne le récit de publication [1] que propose Jean Donneau de Visé sur la création de ces suppléments qu’il décrit comme un commerce épistolaire avec son public :
Il est si vray que c’est un Livre qui va partout que je suis pressé par quantité de Personnes du beau monde de donner au Public un Recüeil de Lettres que le Mercure m’attire des Provinces & de plusieurs Païs étrangers. […] Ce sont ces sortes de Lettres, & celles qui me sont envoyées sur les Explications des Enigmes, & sur différens endroits du Mercure, qui formeront le Recüeil que je prétens donner au Public. J’y joindray les Avis que je reçois pour son Embellissement, & pour l’utilité de ceux qui prennent plaisir à lire. [...] j’en donneray tous les trois Mois un Volume qui sera intitulé Extraordinaire Galant du Nouveau Mercure [2].
3 D’après cette citation, la demande des « personnes du beau monde » et la participation des lecteurs au périodique – joueurs d’énigmes et critiques – légitiment la création de ces suppléments. Jean Donneau de Visé adopte en conséquence une ligne éditoriale simple : les amateurs de son mensuel, présentés comme déjà engagés dans le programme de publication du périodique, sont invités à le seconder pour réaliser une publication collective décrite comme « l’œuvre du public ». La formule désigne le lecteur comme un collaborateur, statut évidemment susceptible de conditionner sa fidélité au périodique. De ce point de vue, le projet original des Extraordinaires paraît justifié par une volonté de faire « commerce » au sens large, car les suppléments se présentent à la fois comme un commerce de lettres, mais également comme un commerce de la vie civile qui est lui-même motivé par les intérêts d’un commerce économique, mais aussi politique : d’après les définitions données par le lexicographe Furetière, « commerce » signifie au sens économique, « Négoce, trafic d’argent, de marchandises » ; au sens politique, « la negociation, l’intelligence qui existe entre les Estats » ; au sens littéraire, « la correspondance qui existe entre les particuliers », enfin au sens civil, « en parlant des choses qui entretiennent la société civile, des manieres d’agir qui s’observent dans le monde ». Cette notion de commerce suggère ainsi plusieurs pistes de lectures que nous explorerons dans cet article afin de préciser le statut à la fois symbolique et factuel des voix auctoriales qui composent les Extraordinaires et qui accompagnent celle de l’orchestrateur du périodique qu’est Donneau de Visé. Pour ce faire, nous conjuguerons à une lecture quantitative des Extraordinaires des propositions d’interprétations théoriques et qualitatives permettant d’éclairer les finalités possibles des Extraordinaires.
Commerce épistolaire
4 Dès la première mention des Extraordinaires en janvier 1678, Jean Donneau de Visé emploie l’expression « recueil de lettres » de provinciaux et d’étrangers pour définir son projet de publication. La mention de personnes éloignées géographiquement de Paris rappelle d’emblée une dynamique de correspondance entre particuliers. Celle-ci rappelle le choix initial de la lettre familière à une marquise provinciale qui sert de discours cadre au Mercure galant. Le rédacteur inverse cependant les rôles, car il devient le destinataire de divers correspondants avec qui il entend faire un commerce de lettres. Dans le cadre d’une activité de médiation qui cherche ses repères, l’emploi du modèle épistolaire occupe une fonction pragmatique évidente. Le passage du privé au public, mais aussi du manuscrit à l’imprimé et, plus encore, d’une circulation de l’information fermée à un modèle de diffusion ouvert se traduit par l’expression « recueil de lettres » qui fait basculer le commerce des lettres en une création éditoriale. Il s’attribue ainsi un rôle comparable à celui d’un éditeur, regroupant sous ce vocable anachronique une activité à plusieurs facettes : il compile les lettres reçues ; il commande les contenus ; il donne des consignes de rédaction précises à ces collaborateurs et il s’assure de la complémentarité entre ce projet et son entreprise de publication périodique en général :
Comme toute la France se plaît à ce qui exerce l’esprit, l’Extraordinaire en ouvrira une carriere tres-ample. Chacun y pourra trouver de la matiere à son goust, puisqu’il contiendra trois choses qui ne seront jamais dans le Mercure ; une lettre en Chiffres, dont on laissera la Clef à chercher ; une Question Galante sur laquelle on pourra dire son sentiment ; une Histoire Etrangere. On prie chacun d’estre court. On le fera necessairement sur la Lettre en chiffres, puisque l’Explication n’en peut estre que de peu de lignes. La Question proposée demande quelque étenduë, car il faut établir, raisonner, prouver & resoudre. Pour l’Histoire énigmatique, quoy qu’elle pust estre expliquée en un seul Mot, si on avoit l’avantage de le trouver, on pourrait faire un petit Discours sur chacune en forme d’Histoire pour expliquer plus agréablement ses pensées [3].
6 Le programme proposé en ces termes en 1678 va se développer, s’amplifier, et il va dialoguer avec les sujets d’actualité qui paraissent dans le mensuel inscrivant les Extraordinaires au sein d’une dynamique d’interaction et d’intertextualités propre à soutenir le projet du périodique dans sa globalité. Dans cette perspective, les premiers numéros des suppléments se présentent comme un travail en cours qui donne à lire l’histoire d’une invention éditoriale rondement menée. Si l’on observe la période de construction des Extraordinaires, qui va de 1678 à 1681, l’on constate d’ailleurs qu’une évolution de la présentation matérielle se combine à une organisation des contenus et à une systématisation des commandes d’écriture. Celles-ci déterminent la création de profils de lecteurs-auteurs, tous regroupés sous un portrait commun qui est celui de l’honnête homme.
7 L’observation matérielle des suppléments suggère que d’un projet éditorial assez large, les Extraordinaires ont évolué en une « revue » stratégiquement divisée et rythmée par la publication d’auteurs fidèles de moins en moins nombreux. En témoigne l’évolution des trois mois de janvier de 1678 à 1680 : en janvier 1678, les Extraordinaires s’ouvrent par une série de pièces liminaires qui vise à légitimer le projet et à établir un contrat avec les lecteurs. Sont ensuite imprimées de nombreuses lettres numérotées jusqu’au nombre de soixante-seize sur un peu plus d’une centaine de textes dont un traité, des poèmes et des réponses en vers aux énigmes. L’ensemble de ce corpus est présenté par le rédacteur qui assure les transitions entre chaque pièce par une lettre suivie comparable à celles qui encadrent les nouvelles mensuelles de son périodique. Dans les suppléments, le rôle du rédacteur se limite à formuler des commentaires sur les pièces reçues, à critiquer la facture stylistique des correspondants et à fournir quelques précisions factuelles sur les auteurs publiés en insistant à plusieurs reprises sur la mention du nom propre. En janvier 1679, de soixante-seize lettres minutieusement numérotées, nous passons à une quarantaine de textes qui empruntent la forme épistolaire pour répondre aux questions du rédacteur. De plus en plus singularisées et autonomes par des titres, précisions et/ou marqueurs visuels (bandeaux et cul de lampe), ces lettres se distinguent matériellement de l’année précédente. Sans surprise, le mois de janvier 1680 est constitué d’articles toujours plus longs et la présence désormais notable et identifiable d’un réseau d’auteurs s’affirme. Ce phénomène coïncide avec l’accentuation de la discrétion du compilateur qui paraît partager symboliquement son autorité. Cette évolution remarquable et quantifiable est le reflet de choix éditoriaux et de prescriptions de contenus habilement disposées (annexe I [4]).
8 Tel qu’annoncé dans l’ordinaire de janvier 1678, le premier Extraordinaire est dominé par les jeux (énigmes en vers et en peinture), mais aussi les éloges du Mercure galant qui ont une fonction de légitimation. Dans ce premier coup d’essai, une « question à décider » est également publiée pour lancer officiellement le recueil et initier la version publique du commerce épistolaire. Cette question initiale est significativement mise en scène dans une compagnie galante et elle concerne la passion amoureuse [5]. Au cours de 1678, les différentes propositions de contenus vont aboutir à un véritable programme éditorial présenté dès octobre 1678 et fixé en 1679. D’une seule question en janvier 1678, l’on aboutit à quatre ou cinq demandes numérotées et inscrites systématiquement à la fin du supplément. Ces questions relèvent principalement de l’univers de la galanterie et concernent le domaine de la passion amoureuse et du commerce de la vie civile (annexe II [6]). À ce dossier s’ajoutent une ou deux commandes d’écriture portant sur l’origine des arts, des divertissements, de la vie civile, des inventions techniques ou encore des sciences et superstitions. Au surplus, les nombreuses réponses aux énigmes sont augmentées par des lettres en chiffre et par une histoire énigmatique propre aux suppléments. S’ajoute à ces demandes la composition de dessins et de peintures qui doivent orner les Extraordinaires ainsi que des propositions ponctuelles en lien avec l’actualité éditoriale ou politique et qui, elles, ne seront pas mises en série, ni même cycliques.
9 Très rapidement le recueil se divise en deux grandes catégories : les questions, inventions, explications et propositions ponctuelles, d’un côté, les jeux et les gravures de l’autre. La première catégorie est dominante d’un point de vue quantitatif et ces textes prennent progressivement l’apparence d’articles avec titre et intertitre, même si le modèle initial de la lettre est généralement conservé. Les sujets imposés par le rédacteur bien que très diversifiés se subdivisent en quelques thèmes. Tout au long de la période, les questions de morale galante et de comportement en société s’imposent en quantité de questions et de réponses, mais les traités sur les arts et les sciences représentent les plus longs articles en nombre de pages. Cette répartition signale une recherche d’équilibre et d’agencement de la part du rédacteur. La disposition des jeux et des gravures qui ponctue la lecture des articles plus longs appuie cette hypothèse. Les réponses aux énigmes sont publiées en bloc, jusqu’à obtenir trois blocs correspondant au rythme de publication trimestriel du supplément. Quant à l’histoire énigmatique et à la lettre en chiffres, elles forment généralement une seule et même catégorie que l’on trouve dans le dernier tiers des volumes. Cette disposition montre que se substitue progressivement au modèle de lecture linéaire de la lettre encadrante à la marquise un modèle de lecture tabulaire. La disposition fixe permet ainsi un repérage approximatif et anticipe la création de la table des matières qui apparaît en 1681. L’organisation en rubrique et en thèmes est par ailleurs soutenue par des discours de « spécialistes » dont ceux du prolifique de l’abbé de la Valt qui, dès le premier supplément, signe avec une série de lettres sur les énigmes. Ce premier « dossier » précède celui sur les énigmes en peinture (juillet 1678) et celui sur les fictions (octobre 1678). Ces longs articles à visée historique, et dans une moindre mesure pédagogique, justifient le choix des sujets des Extraordinaires et légitiment la voix des auteurs qui les illustrent. Ces discours semblent également servir de prototypes aux articles sur l’origine des arts et des inventions. À ces textes « théoriques » s’ajoutent des conseils de méthode touchant la rédaction, ainsi que des consignes matérielles et des suggestions de formes et de types de discours à privilégier.
10 Le commerce de lettres initialement proposé par Jean Donneau de Visé est loin de souscrire au modèle de la correspondance entre particuliers, mais ce cadre permet de penser la fabrique de ce projet éditorial inédit de par sa chronicité fixe, sa forme en rubrique et sa dynamique collective. Il permet du reste de légitimer le modèle de l’auteur occasionnel, car le commerce épistolaire proposé repose sur des propositions programmatiques. Les différentes commandes d’écriture orientent le profil de ces auteurs en fonction de leur pratique personnelle et de leur culture. Par exemple, les questions galantes mettent l’accent sur un profil d’auteur capable de soutenir une opinion juste et agréable à partager en collectivité et qui maîtrise les sujets liés à l’amour et la civilité. En témoigne notamment la question formulée par le rédacteur au sujet de La Princesse de Clèves :
Le trait est singulier, & partage les Esprits. Les Uns prétendent qu’elle ne devoit point faire une confidence si dangereuse, & les autres admirent la vertu qui la fait aller jusque-là ; mais on ne nous dit point les raisons sur lesquelles les uns & les autres se fondent pour soûtenir leur Opinion. Elles ne peuvent estre que belles & agreables à sçavoir [7].
12 Inspirées très librement des débats académiques, des discours de confréries et des plaidoyers, les questions dessinent un type d’auteur galant ouvert au débat d’idées et soutenant un discours critique à fonction civilisatrice [8]. Les discussions sur les comportements moraux en lien avec la passion amoureuse, qui sont les plus représentatifs dans les premières années des Extraordinaires, sont ainsi l’occasion d’exposer un esprit de raisonnement et de nombreux auteurs choisissent de présenter des discours pro et contra. Les professions les plus représentatives des suppléments celles d’avocat et de conseiller expliquent ces choix discursifs. De manière stéréotypée, l’auteur qui répond aux questions disserte et délibère et il complète en quelque sorte le portrait d’auteur-lecteur fondateur des suppléments, celui du devineur d’énigmes dont la qualité première est d’être spirituel et inventif. Ce personnage se caractérise en effet par sa perspicacité, sa maîtrise des formes brèves et son talent créatif. Le devineur représente avant tout un joueur et un poète : il amuse, orne et illustre la matière des questions et des inventions. L’érudit vulgarisateur ou l’historien amateur complète cette galerie d’auteurs amateurs. Interprète du monde et passeur de savoir, ce troisième type instruit ses contemporains par la voie du divertissement lettré. S’il peut varier dans ses fonctions, l’auteur invité par le rédacteur renvoie cependant à une figuration unique : il s’agit d’un acteur de la vie civile et, à ce titre, il représente une figure de transmission de la culture galante dominante. Il en va de même pour le rédacteur qui compile, collecte, classe, divise, organise la matière du public et qui la commente. L’autorité prise par Jean Donneau de Visé sur cette production collective, de par le rôle qu’il occupe, le désigne comme la première autorité de ces suppléments qu’il va associer à un commerce du monde par la médiation du périodique. Pour gagner la fidélité du public et bientôt l’attention du roi, Jean Donneau de Visé doit en effet faire croire en son projet et créer l’illusion d’une communauté où chaque voix se module harmonieusement entre des raisonneurs, des inventeurs, des devineurs, des érudits, des commentateurs et des collecteurs d’informations, tous honnêtes hommes qui apparaissent à fréquence régulière au sein du périodique.
Commerce de société
13 Il suffit de lire les premiers numéros du Mercure galant ou des Extraordinaires pour constater que la publication du périodique est justifiée par une scénographie [9] topique, celle de la compagnie galante dans laquelle le livre est célébré pour son pouvoir rassembleur. Si les scènes et les personnages changent et que les discours montrent différentes facettes du projet éditorial, cette scénographie occupe toujours une fonction de légitimation. Le périodique se voit même décrit comme un acteur de la vie civile et il est stratégiquement confondu avec la personne de l’auteur. En témoigne ce passage du premier Extraordinaire : « Je vous écris d’une Ruelle où vous ne sçauriez croire combien l’on parle de vous. Vostre Mercure, Monsieur, est un Homme si galant & si genereux, que vous ne devez pas vous étonner qu’il vous fasse regner dans les Provinces éloignées […] [10]. » Ainsi confondu avec une personne humaine, la réputation du Mercure rejaillit sur la représentation sociale du rédacteur et, par extension, sur tous les collaborateurs potentiels. On ne s’étonnera pas de voir que ce jeu de réflexivité se décline sur différents tons et avec plus ou moins de distance critique dans les premiers Extraordinaires :
Jamais dessein ne fut plus approuvé que celuy que vous avez de faire connoistre le merite par tout où il se trouve, autant parmy les Autheurs que parmy les Guerriers, & bien qu’il y en ait quelquefois de secret & de caché, personne n’aura plus sujet de se plaindre en cela de son malheur, puisqu’on n’a qu’à recourir à vous pour estre connu [11].
Je m’estois donc donné l’honneur de vous écrire une grande Lettre il y a trois semaines, où je vous demandois un peu d’immortalité, mais je n’y ai point reçeu, quoy que pourtant j’en aye attendu jusqu’à l’arrivée de vostre Mercure où je ne me suis point veu. Cela, comme vous pouvez croire, m’a jetté dans une fort grande consternation, car je m’estois flaté de l’espérance d’estre bientost Mr l’Auteur, & formant mille projets là-dessus, j’avois commencé à renoncer à mes anciennes connoissances, parce que je ne voulois plus voir que les Gens à Stances, Sonnets, Madrigaux, & le reste [12].
Il n’y a point, Monsieur, de Provinciaux en France, qui soient plus enflez de bonne opinion d’eux mesmes que je le suis. Depuis que j’ay veu paroistre une de mes Lettres dans vostre Extraordinaire, j’ay commencé à regarder de haut en bas tous mes Confreres les Campagnards, me persuadant qu’on ne pouvoit passer pour Homme d’esprit dans le monde, si l’on n’estoit dans vos Ouvrages [13].
Je ne sçaurois jamais vous remercier dignement de l’honneur que vous m’avez fait en faisant imprimer ma Lettre, car dés là je suis Autheur en bonne et deuë forme. C’est un titre qu’on ne sçauroit plus disputer raisonnablement. Or ce n’est pas peu de choses que d’estre Autheur, & il faut bien que le monde en soit persuadé [14].
Vous avez ouvert une Carriere où l’on peut entrer en lice, de quelque âge, & de quelque Païs que l’on soit, pour peu qu’on ait de bon goust, & d’amour pour les belles choses. Vous n’avez ny borné le nombre, ny fixé les années de ceux qui peuvent vous écrire. Tout ce qui se mesle de Literature vous doit tribut, & j’ay crû puis qu’on devoit le payer tôt ou tard, qu’il valoit autant que je commençasse aujourd’huy [15].
15 Mise en série et même exploitée avec humour, la figuration de l’auteur consacré par le livre met l’accent sur la circulation d’une idée aussi simple qu’essentielle à la stratégie d’adhésion mise en place par le polygraphe Jean Donneau de Visé : l’auteur gagne en notoriété grâce à la publication imprimée. La topique qui joue le rôle d’une preuve permet de faire la promotion de cette idée au sein de ce projet de médiatisation que représente le Mercure galant. Cette topique interroge évidemment la véracité de ces lettres publicitaires de lecteurs, à tout de moins de certains passages qui ont pu être ajoutés par le rédacteur lui-même. D’autant que plusieurs lettres qui traitent de cet enjeu sont anonymes et elles paraissent dans la phase de démarrage de la production. On peut du reste interroger la volonté de conserver l’anonymat à cette étape du projet alors que l’attention portée à l’inscription du nom propre va aller en augmentant. Il s’agit peut-être d’une stratégie fondée sur des jeux de connivence entre des communautés de lecteurs, jeux qui ont sans aucun doute également participé à la réussite du projet des Extraordinaires. Les articles qui fonctionnent par indices, renvois et clin d’œil vont cependant diminuer avec les années et la mention du nom propre deviendra notable et sera signalée par Jean Donneau de Visé. Cette progression vers l’affirmation de la signature personnelle va sans doute dans le sens de la fidélisation et de la diffusion au plus grand nombre, puisque le nom propre représente autant le marqueur d’une identité personnelle que la marque de l’adhésion au périodique et à la collectivité qu’il soutient et représente. C’est peut-être pour cette raison que Jean Donneau de Visé insiste sur la lisibilité du nom propre dans ses conseils de rédaction où il prend bien soin de souligner que le nom garantit la réputation des lettres publiées. Ce raisonnement paraît cohérent en regard de sa propre stratégie de consécration indissociable en tous les cas dans les premières années de l’adhésion du public à son projet périodique. Ce procédé de légitimation de la figure de l’auteur est du reste très efficace, parce qu’il est associé à une topique qui envahit les Extraordinaires : le projet périodique est décrit comme un commerce du monde dans laquelle la figure de l’auteur et du public forment une même communauté.
16 Le recueil des Extraordinaires est décrit comme un espace de médiation qui a une fonction civilisatrice et qui permet de lier Paris à la province :
Il falloit estre aussi ingénieux que vous l’estes, pour instruire les Provinciaux sans sortir de leurs Cabanes, & leur rendre Paris commun sans les obliger d’y aller faire de la dépense [16].
Depuis que le Mercure Galant va par toute la France, on peut dire, Monsieur, qu’il y a répandu une certaine semence d’esprit si generale, & si feconde, qu’il n’y a point de lieu, si sauvage & si rude qu’il puisse estre, qui n’en ressente l’effet [17].
Le temps que l’on employe à le lire, à faire des reflexions sur les Articles qu’il contient, à deviner les Enigmes, & à travailler à quelques petits Ouvrages dignes d’y estre placez, occupe si agreablement celuy qu’on employeroit au jeu, à la médisance, & peut-estre mesme à la débauche, qu’on ne sçauroit assez exagerer l’obligation que toute la France a au Mercure, puis qu’il ne nous fait pas seulement passer les heures avec plaisir, mais encore qu’il nous donne lieu d’acquerir de l’Esprit [18].
Vostre Mercure, Monsieur, fait le divertissement de tous les honnestes Gens. La maniere dont il est écrit, & cette certaine Urbanité, s’il est permis de se servir de ce terme, si rare dans les autres Ouvrages, & qui regne par tout dans le vostre, y font trouver tous les jours de nouveaux agrémens [19].
18 D’après ces extraits, les suppléments sont comparables à un territoire qui rassemble, qui pacifie les rapports sociaux et les comportements, qui éveille l’esprit et qui apprend même à maitriser l’écriture. En d’autres termes, les Extraordinaires apparaissent comme un lieu d’éducation et de formation à la civilité à partir du modèle parisien. Le choix de publier les lecteurs éloignés de Paris s’inscrit ainsi dans le prolongement du Mercure qui vise, à décentraliser les informations de Paris vers la province [20]. Ainsi institués comme le pendant provincial du périodique parisien, les Extraordinaires s’appuient sur une volonté d’expansion du territoire, des auteurs et des lecteurs. Les suppléments visent à « faire connaître la France à la France et tous les Beaux-esprits comme je sais tous les Braves [21] ». Avoir une place au sein de cette vitrine du beau monde comme auteur, c’est donc obtenir un pouvoir de diffusion et d’influence mais ainsi accéder à un statut distinctif reconnu dans la collectivité, tout autant que par la collectivité. Autorité fondatrice de cette activité d’écriture périodique, Jean Donneau de Visé joue sur des effets de miroir avec son public. Celui-ci prend donc place symboliquement aux côtés de l’auteur sur le Parnasse pour véhiculer non plus seulement sa passion des lettres, mais plus encore son adhésion à la culture galante et au périodique qui en est le médiateur. L’illusion de la proximité par le commerce épistolaire est non seulement accentuée par la topique du commerce de société, elle joue sur des rapports d’identification entre le public et le fondateur du Mercure galant. La création de cette identité commune m’apparaît comme la condition de la réussite économique, idéologique et bientôt politique de ce périodique.
Commerce économique
19 Si le modèle galant parisien est la référence à imiter et à intérioriser, les provinciaux qui éprouvent le modèle et en font la promotion dans les Extraordinaires témoignent non seulement du fait qu’ils sont intégrés au groupe, mais encore qu’ils en sont des porte-parole dans leur propre espace géographique. L’auteur publié au sein du périodique joue un rôle d’intermédiaire et de passeur. S’il se met en scène et assure sa réputation, il a également une fonction de représentant. Les suppléments diffusent une image médiatisée et idéalisée du monde provincial et de ses acteurs qui doit imiter le modèle culturel parisien pour assurer une meilleure circulation du modèle français, et ainsi signifier l’unité du royaume :
Si la France a de tout temps passé de l’aveu mesme des autres Nations, pour le Royaume du monde où les Personnes d’esprit, les Gens galans, & les vrais Braves se trouvent en plus grand nombre, on a toûjours regardé Paris comme la Ville où il s’en rencontre le plus, & dans laquelle tout ce que les Provinces ont de plus illustre vient de prendre des Leçons pour se polir. Ainsi, il ne faut pas s’étonner si ces Villes sont à l’égard du reste du monde, ce que Paris est à leur égard ; c’est à dire les plus polies de toutes celles qui ont quelque Nom [22].
21 L’image du commerce de société dans lesquels les auteurs occupent un rôle majeur repose sur un montage discursif au sein duquel se superposent des jeux de réflexivité et de promotion du rédacteur et du public. L’auctorialité de l’un et de l’autre paraît être de nature médiatique, c’est-à-dire que la prise de parole personnelle est porteuse de figurations collectives qui doivent avoir une portée sociale et politique immédiate, même si elles sont évidemment médiatisées par le discours. Dans cette construction, le nom propre associé à un lieu géographique et dans plusieurs cas à une profession constitue un élément clef, puisqu’il permet de confronter l’idéal proposé à des informations factuelles contenues dans les Extraordinaires [23] comme le montre cet échantillon statistique qui portent sur les suppléments des années 1678-1680 (annexe III [24]).
22 Au regard du programme proposé, les statistiques obtenues sur les villes mentionnées montrent que dans le premier numéro plusieurs villes, et notamment plusieurs villes étrangères, sont mentionnées, alors que dans la suite des suppléments les mentions se concentrent sur quelques lieux, dont Paris et Lyon qui dominent sur l’ensemble de la période. Si l’on observe des ascensions ponctuelles, celles-ci sont généralement liées à la présence seule d’un auteur qui est alors mis en avant. D’après ces résultats, les Extraordinaires représentent moins une image de la province, telle qu’annoncée dans les pièces préliminaires, qu’un tableau du royaume assez conforme à la réalité démographique, mais aussi au capital symbolique de ces villes, sans compter le fait que Paris et Lyon apparaissent comme les deux uniques villes où le Mercure galant est officiellement publié. Les autres lieux dominants tels que Rouen et Troyes possèdent des ateliers d’imprimerie qui sont reconnus, ce qui invite à penser que des éditions clandestines du Mercure galant ont pu y être fabriquées. Au surplus, ces deux villes de province ne sont pas représentées par un auteur dominant. Au contraire, différentes voix et des auteurs aux noms cryptés sont associés à ces villes, ce qui appuie l’hypothèse d’une édition clandestine. Un autre élément à signaler concerne les différences entre les mentions non fréquentes d’une ville en janvier 1678 en comparaison avec l’ensemble de la période sondée. Cette observation corrobore l’hypothèse selon laquelle au début de la production des suppléments, les lettres ont pu être composées par le rédacteur, ce dernier choisissant de s’appuyer sur une grande diversité de villes et de propositions d’auteurs afin d’exposer les ambitions de son projet. Le pourcentage de textes qui ne donnent pas d’information géographique demeure assez significatif au regard du programme annoncé. Sans surprise, l’absence d’information géographique se combine à l’absence de signature (anonymes, noms cryptés, caviardés, initiales, précisions) dans plus de 70 % des cas. On remarque enfin qu’une importante partie de ces publications consiste en poèmes et histoires galantes, ce qui montre que les formes poétiques de circonstance paraissent mieux adaptées à la dynamique de la publication orale et collective initiale et à l’esprit de connivence qui est à l’origine de ces pratiques culturelles. Il ressort de ce sondage que l’anonymat chute considérablement de 1678 à 1680. Les anonymes sont presque entièrement remplacés par des patronymes.
23 Si le graphique de janvier 1679 signale un mouvement ponctuel, dans l’ensemble les pourcentages sont assez stables : 45 % des pièces sont signées, et l’on observe un équilibre entre les noms plus ou moins cryptés et les anonymes. Le fait que l’on arrive à une moitié seulement de textes signés semble signaler une résistance de la part des communautés galantes de s’extraire de la connivence et du circuit fermé. Toutefois, cet élément ne modifie pas les résultats souhaités, car le jeu d’adhésion fonctionne même si Jean Donneau de Visé semble chercher à décloisonner les cercles pour mieux uniformiser le modèle. Les années suivantes accentuent la courbe vers le patronymat, puisque les articles sont de plus en plus longs et parfois suivis d’un numéro à l’autre. Du reste, de nouveaux auteurs « vedettes » apparaissent qui ne publient pas encore dans la période sondée : La Fevrerie, Claude Comiers, Vienne de Plancy, Germain, vont se mêler à Gardien, Panthot, Bouchet qui, eux, poursuivent leur collaboration. Ces auteurs vedettes, sont associés à leurs lieux de production dans 7 cas sur 9. On remarque par ailleurs que les noms les mieux représentés sont liés à des sections précises, à l’exception de Georges-Elie Gardien, le plus fécond, mais aussi le plus polyvalent de tous, même s’il a tendance à produire des textes en lien avec le politique (notamment, parce qu’il explique des devises et produit des planches), ce qui paraît assez normal pour un secrétaire du roi. Gardien est en outre l’un des auteurs des Extraordinaires à figurer dès 1679 dans le mensuel, ce qui donne à penser que les Extraordinaires constituent un lieu de passage ou de transition vers l’ordinaire. Dernier fait notable, les Extraordinaires s’adressent à un lectorat féminin, mais les auteurs masculins y sont majoritaires pour ne pas dire en situation de monopole.
24 L’analyse statistique, bien que laborieuse, apparaît comme l’un des seuls moyens pour mesurer l’écart entre le programme éditorial annoncé et mis en œuvre et sa réalisation factuelle dans le temps. Puisque nous manquons de chiffres disponibles relatifs aux ventes du Mercure galant et de ses suppléments, les statistiques représentent le modèle indiciel le plus fiable pour observer comment se construit ce projet périodique entre les ambitions d’un directeur intéressé et très habile en stratégies discursives diverses, et la réception du public et de sa collaboration. Pour les années 1678-1680, les résultats objectifs témoignent d’un écart assez relatif entre le programme visé et sa mise en action. Jean Donneau de Visé a réussi à capter l’attention du public jusqu’à faire adhérer suffisamment de correspondants pour instituer ce qui semble bien être un système d’abonnement avec les provinciaux. En témoigne cette note de libraire qui paraît dans l’édition lyonnaise de juillet 1680 :
Ceux qui veulent qu’on leur envoye le Mercure Galant, ou Extraordinaire, auront soin d’envoyer l’argent trois ou six mois une année par avance ; & quand leur terme sera finy, ils en feront d’autres s’ils veulent que l’on continuë à leur envoyer ledit Mercure ou Extraordinaire : car autrement ce seroit une confusion ; & ils payeront de plus les Ports de lettres pour le Mercure ou Extraordinaire, s’ils veulent voir les Pieces qu’ils auront faites [25].
26 Si Jean Donneau de Visé a bien gardé la main sur les Extraordinaires, c’est sans aucun doute en raison du commerce économique que le projet représentait au départ, mais aussi du potentiel idéologique et politique de cette publication vitrine.
Conclusion : le commerce politique du Mercure galant
27 Les Extraordinaires exemplifient la démarche de Jean Donneau de Visé. L’habile fondateur du Mercure galant se sert des figurations conjuguées du commerce épistolaire et du commerce de société pour en faire le moteur des stratégies d’adhésion qui reposent, en raison de sa périodicité, sur la fidélité du public du moins tant que le rédacteur ne reçoit pas de pensions officielles. Pour reprendre l’une des idées principales d’A. Viala dans La Naissance de l’écrivain, nous sommes dans le cas d’un auteur qui cherche des alliances plurielles [26]. Sa réussite qui cumule les écrits, les pratiques et les activités de littérateur, tient dans la capacité de ce dernier à persuader ses lecteurs et collaborateurs qu’ils ont un véritable rôle à jouer en tant que médiateur (intermédiaire), voire médiatisateur (publicitaire) d’une culture qu’il présente comme dominante : la culture galante. Ce procédé d’identification et d’adhésion repose sur une forme d’instrumentalisation, mais aussi d’uniformisation des voix auctoriales. Si les auteurs doivent y trouver un intérêt symbolique, puisqu’ils accèdent peut-être effectivement à une forme de reconnaissance au sein de leur communauté, ils représentent aussi et surtout un premier réseau d’abonnés qui a lui-même un pouvoir de diffusion et d’influence. C’est un phénomène simple, mais nécessaire d’émission par multiplication des sources. Les auteurs des Extraordinaires sont donc acteurs au sein du système de diffusion sur lequel repose la dimension économique du projet, mais cependant figurants au sein du commerce politique auquel adhère au fond le rédacteur du Mercure galant. En présentant l’image d’un royaume pacifié et unifié autour d’un modèle culturel où les voix s’accordent harmonieusement, le fondateur du Mercure galant cherche à attirer l’attention du pouvoir. En 1684, Jean Donneau de Visé est pensionné. En 1685, les Extraordinaires disparaissent.
28 Annexes
29 Annexe I - Contenus des Extraordinaires
30 Annexe II - Matières des « questions à décider »
31 Annexe III
Notes
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[1]
Nous empruntons cette expression à Chr. Jouhaud et A. Viala qui la définissent en ces termes « […] textes ou portions de textes, si fréquents à l’époque moderne, qui racontent la publication des ouvrages dans lesquels ils apparaissent », De la Publication entre Renaissance et Lumières, Christian Jouhaud et Alain Viala (dir), Paris, Fayard, 2002, p. 14.
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[2]
« Au Lecteur », Mercure galant, Paris, Au Palais, janvier 1678, n.p.
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[3]
« Préface », Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, n.p.
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[4]
Ce premier graphique présente le découpage du contenu thématique des douze Extraordinaires parus entre 1678 à 1680. Le choix des intitulés de contenus fait ici référence à l’emploi ou au sujet traité dans l’ensemble des textes intégralement pris en compte dans ce graphique.
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[5]
La scénographie de l’assemblée galante constitue le procédé de justification privilégié par Jean Donneau de Visé pour son projet éditorial comme l’atteste la préface inaugurale du Mercure galant en 1672, puis celle qui annonce la reprise du périodique sous le titre Nouveau Mercure galant en 1677.
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[6]
Ce graphique met l’accent sur les sujets abordés dans la rubrique « questions à décider ». Les intitulés étant absents de cette section des suppléments, le découpage thématique renvoie à notre lecture du corpus.
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[7]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier d’avril 1678, pp. 298-300.
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[8]
La parole du critique, au sens de censeur ou de satirique est par ailleurs exclue du Mercure galant. L’auteur est d’abord celui qui communique agréablement avec autrui et qui maîtrise un discours fondé sur une lecture du monde civil à la fois personnelle et normative.
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[9]
Nous empruntons cette définition à l’analyse du discours. Voir Dictionnaire d’analyse du discours, P. Charaudeau et D. Maingueneau (dir), Paris, Seuil, 2002 ; Dominique Maingueneau, Le Contexte de l’œuvre littéraire, Paris, Dunod, 1993.
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[10]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 170-171.
-
[11]
Ibidem, pp. 110-111.
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[12]
Ibidem, pp. 154-155.
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[13]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier d’avril 1678, pp. 277-278.
-
[14]
Ibidem, pp. 317-318.
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[15]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de juillet 1678, p. 398.
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[16]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 71-72.
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[17]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de juillet, 1678, pp. 36-38.
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[18]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678, pp. 330-331.
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[19]
Ibidem, pp. 107-108.
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[20]
Sara Harvey, « Le Paris galant de Donneau de Visé : modèle urbain et politique louis- quatorzienne dans le Mercure galant (1672-1678) », Les Histoires de Paris, Actes colloque Québec 22-25 sept. 2010, éd. Th. Belleguic et L. Turcot, Paris, Hermann, 2012, pp. 317-329.
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[21]
Mercure galant, janvier 1678, n.p.
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[22]
Extraordinaire du Mercure galant, quartier de janvier 1678.
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[23]
Voir l’article de Geoffrey Turnovsky, « Les lecteurs du Mercure galant. Trois aperçus », pp. 65-80.
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[24]
Ces annexes découpent en pourcentage la mention ou l’absence de précision au sujet des villes et des noms propres qui accompagnent chaque article et/ou œuvre publiés dans les Extraordinaires de chaque janvier des trois premières années de parution. Dans le cas des villes, l’étiquette « autres mentions » signifie que le nom apparaît moins de cinq fois.
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[25]
« Libraire au Lecteur », Extraordinaire du Mercure Galant, Lyon, Thomas Almaury, quartier de juillet, 1680, n.p.
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[26]
Alain Viala, La Naissance de l’écrivain, Paris, Minuit, 1986.