Notes
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[1]
Sur l’histoire de Gênes au xviie siècle voir Carlo Bitossi, « L’antico regime genovese, 1576-1797 », in Dino Puncuh (ed.), Storia di Genova. Mediterraneo, Europa, Atlantico, Gênes, Società Ligure di Storia Patria, 2003 ; Antoine-Marie Graziani, Histoire de Gênes, Paris, Fayard, 2009, pp. 402-421 ; mais on ne négligera pas Claudio Costantini, La Repubblica di Genova nell’età moderna, Turin, Utet, 1978.
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[2]
Après la chute de la république oligarchique et l’instauration de la République Ligurienne démocratique, eut lieu une quatrième et malheureuse guerre entre les deux États. Voir Paolo Palumbo, Un confine difficile. Controversie tra la Repubblica di Genova e il Regno di Sardegna nel Settecento, Turin, Zamorani Editore, 2010.
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[3]
Carlo Bitossi, “La repubblica è vecchia”. Patriziato e governo a Genova nel secondo Settecento, Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1995, pp. 428-429. Homme politique et historien, Gian Francesco Doria (1703-1753) a laissé un manuscrit inédit considérable, conservé actuellement à la Bibliothèque communale de Sanremo, dont le titre est le suivant : « Del modo di rimediare ad alcuni principali disordini nel governo della Repubblica di Genova e di rendere felice e perpetuo internamente, ed esternamente il dominio di essa. Trattato di Nifrano Cegasdarico patrizio genovese diviso in due parti. » C’est dans cet ouvrage que se trouve le jugement cité. Je me permets de signaler que je prépare une édition critique de ce texte.
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[4]
La guerre de 1625 a fait l’objet de plusieurs écrits provenant de patriciens génois. Les plus importants, conservés dans les bibliothèques et archives de Gênes et même ailleurs, sont : Giovanni Costa, « Della Storia della Guerra de Prencipi collegati contro il Re di Spagna Casa d’Austria, e Rep.ca di Genova Di Giovanni Costa Nobile Genovese 1625 » ; Giulio Pallavicino, « Vero, e distinto ragionamento fatto da Giulio di Agostino Pallavicino, per lo quale con ogni curiosità, si narra la scelerata guerra mossa l’anno 1625 dal Duca di Savoia alla Rep.ca di Genova » ; Raffaele Della Torre senior, « Comentario dell’impresione Ostile fatta dall’armi Francesi, e Piemontesi nella Liguria l’anno 1625 » ; Gio. Battista Cicala, « Relazione dell’Origine della Guerra dell’Anno XDCXXV, che ebbe la Repubblica di Genova col duca di Savoia ».
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[5]
Alessandro Zilioli, Delle Historie Memorabili De suoi tempi […] Libri Dieci, Venise, Turrini, 1642, pp. 158-159 ; Girolamo Brusoni, Della Historia d’Italia […] Libri XL. Riveduta dal medesimo autore, accresciuta, e continuata dall’Anno 1625 fino al 1676, Venise, Antonio Tivanni, 1676, p. 5.
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[6]
« Vero, e distinto ragionamento fatto da Giulio di Agostino Pallavicino, per lo quale con ogni curiosità, si narra la scelerata guerra mossa l’anno 1625 dal duca di Savoia alla Repubblica di Genova », Gênes, Archivio Storico del Comune di Genova (ASCG), Manoscritti, n° 341, fos 85v-86.
-
[7]
Ibidem, f° 218v.
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[8]
Les auteurs des mémoires de la guerre que j’ai mentionnés précédemment, Cicala surtout, soulignèrent toutefois la peur des oligarques de voir la constitution d’associations subversives par le « peuple gras » de la ville. L’institut des Inquisitori di Stato (Inquisiteurs d’État) fut créé justement après la découverte de la conjuration de Vachero.
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[9]
Fernand Braudel, « Le siècle des Génois s’achève-t-il en 1627 ? », in Fernand Braudel, Autour de la Méditerranée, Paris, Éditions de Fallois, 1996, pp. 433-446 ; Manuel Herrero Sánchez, Yasmina Rocío Ben Yessef Garfia, Carlo Bitossi, Dino Puncuh (ed.), Génova y la monarquía hispánica (1528-1713), Atti della Società Ligure di Storia Patria, CXXV, 2011, 2 vol.
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[10]
Raffaele Ciasca (ed.), Istruzioni e relazioni degli ambasciatori genovesi. II. Spagna (1619-1635), Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1955.
-
[11]
Giuliano Ferretti, « La ricerca di un’alleanza : l’istituzione del consolato francese a Genova », in Maria Grazia Bottaro Palumbo (ed.), Genova e Francia al crocevia dell’Europa (1624-1642)/Gênes et France au carrefour de l’Europe (1624-1642), Gênes, Ecig, 1989, pp. 101-147.
-
[12]
Francesco Maria Accinelli, Compendio delle storie di Genova dalla sua fondazione sino all’anno 1776, Gênes, Angelo Lertora, 1850, t. I, p. 124.
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[13]
Nilo Calvini, « Grave incidente diplomatico fra la Repubblica di Genova e il Sovrano di Savoia (1726-1727) », Giornale storico e letterario della Liguria, nouvelle série, XV, 1939, pp. 161-175, 224-231.
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[14]
Sur la diplomatie génoise voir Aldo Agosto, « La diplomazia genovese in étà moderna : documenti e problemi », in Fonti diplomatiche in étà moderna e contemporanea, Rome, MBCA, 1995, pp. 110-117.
-
[15]
« Lettere originali dell’Agente Tassorelli al Serenissimo Governo di Genova ». Archivio di Stato di Genova (ASGE), Archivio segreto (AS), 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1653.
-
[16]
Rodolfo Savelli, « Un seguace italiano di Selden : Pietro Battista Borghi », Materiali per una storia della cultura giuridica, III, 1973, n° 1, pp. 13-76.
-
[17]
ASGE, AS, 1908, Litterarum registri, 1650-1654, fos 108v-110.
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[18]
Sur la question du marquisat de Finale voir Paolo Calcagno, « La puerta a la mar ». Il Marchesato del Finale nel sistema imperiale spagnolo (1571-1713), Rome, Viella, 2011 ; et sur Saint Georges : Giuseppe Felloni (ed.), La Casa di San Giorgio. Il potere del credito, Atti della Società Ligure di Storia Patria, CXX, 2006.
-
[19]
Carlo Bitossi, « Il granello di sabbia e i piatti della bilancia. Note sulla politica genovese nella crisi del sistema imperiale ispano-asburgico, 1640-1660 », in Manuel Herrero Sánchez, Yasmina Rocío Ben Yessef Garfia, Carlo Bitossi, Dino Puncuh (ed.) Génova y la monarquía hispánica, op. cit., pp. 495-526.
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[20]
Voir les documents publiés par Carlo Prayer, « Oliviero Cromwell dalla battaglia di Worcester alla sua morte. Corrisponenza dei rappresentanti genovesi a Londra », Atti della Società ligure di Storia Patria, XVI, 1882, pp. 7-544.
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[21]
« Lettere originali del Magnifico Spinola al Serenissimo Governo di Genova ». ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1654.
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[22]
Raffaele Ciasca (ed.), Istruzioni e relazioni degli ambasciatori genovesi. III. Spagna (1636-1655), Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1955.
-
[23]
« Lettere originali del Magnifico Dulmeta Segretario di legazione al Serenissimo Governo di Genova », ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1661 ; « lettres du consul Clemente Moscatello », ASGE, AS, 2652, Lettere consoli, Nizza, 1476-1763.
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[24]
« Lettere originali del Magnifico Spinola al Serenissimo Governo di Genova », lettre de Spinola au gouvernement génois du 3 juillet. ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1654.
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[25]
Voir les ouvrages cités note 1.
1Entre 1625 et 1748 la République de Gênes mena trois guerres contre les ducs de Savoie Charles-Emmanuel Ier (1625-1631) et Charles-Emmanuel II (1672) ainsi que contre le Roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III (1745-1748) [2]. La maison de Savoie, observa en 1750 un patricien génois, Gian Francesco Doria, fut le seul ennemi permanent et implacable de la République [3]. Ces conflits furent entrecoupés par des périodes plutôt longues de cohabitation pacifique, même si celle-ci parut toujours difficile. L’époque de Christine de France fut l’une d’entre elles.
2Pour comprendre ce qui se passa entre ces deux États il convient de s’arrêter sur la première guerre de Savoie, à laquelle participa Victor-Amédée, mari de Christine de France et prince héréditaire : une guerre menée par Charles-Emmanuel Ier, mais achevée par son successeur. Elle avait été annoncée et dirigée contre Gênes par une coalition entre Charles-Emmanuel Ier, la France et Venise. Les opérations militaires avaient été conduites par les forces savoyardes et par une armée française commandée par le connétable de Lesdiguières. L’attaque menée contre la République n’était qu’un des éléments du grand jeu diplomatique et militaire opposant les Habsbourg et leurs ennemis sur l’échiquier européen tout entier, et en particulier en Valteline. Selon les historiens du temps ce fut Charles-Emmanuel Ier qui voulut faire de Gênes l’objectif premier des coalisés, comme mesure de rétorsion pour l’acquisition manquée du fief de Zuccarello, en estimant qu’il s’agissait là d’une erreur. Les Vénitiens et peut-être aussi les Français eux-mêmes eurent un avis analogue, étant peu convaincus qu’une diversion sur Gênes eût des effets sur la situation de la Valteline. En outre, attaquer Gênes signifiait provoquer la réaction immédiate des Espagnols, qui avaient mis en garde les gouvernants de la République à partir de l’été 1624 [4].
3La surprise fut l’effondrement initial de l’armée génoise. Elle laissa craindre un moment la chute de Gênes. Un secours opportun à la République vint de la mobilisation des Génois influents dans le système impérial espagnol (le cardinal Giannettino Doria, don Carlo Doria, le grand Ambrogio Spinola, etc.) et de nombreux riches personnages, nobles et non nobles, qui armèrent des troupes à leurs frais. L’arrivée d’une galère de Barcelone avec une grande quantité d’argent permit à la République de prévenir une crise momentanée de liquidités. La guérilla des milices villageoises se révéla efficace en bouleversant la logistique de l’armée franco-savoyarde. Les miliciens des vallées de Polcevera et de Bisagno empêchèrent la retraite du duc de Savoie depuis Savignone, où avait été assiégé son fils naturel don Felix ; à cette occasion le duc lui-même risqua de perdre la vie. La République provoqua les désertions au sein de ses ennemis en promettant un sauf-conduit et une prime à tous les soldats français qui voudraient retourner chez eux. Corrompit-elle Lesdiguières lui-même ? Des historiens non-Génois, comme Alessandro Zilioli et Gerolamo Brusoni, l’ont soutenu [5]. En réalité Lesdiguières, excellent tacticien, avait de bonnes raisons de déconseiller l’avancée sur Gênes soutenue par son allié, craignant de voir taillées ses lignes de communication et de ravitaillement. Les « dégôuts » entre les deux condottieri devinrent rapidement notoires : un mémorialiste génois, Giulio Pallavicino, attribua à l’ancien combattant des guerres de religion en France le refus de faire de Novi, Gavi, Ovada et Voltaggio une terre brûlée, comme Charles-Emmanuel Ier aurait voulu le faire [6]. La tentative de le corrompre, imaginaire ou réelle, faisait partie des pratiques courantes, et atteste de la volonté des oligarques génois de jouer leur meilleure carte, celle de l’argent, et du faible engagement français dans cette guerre. Et ce n’est pas par hasard si dans les récits des historiens génois sur cette guerre le jugement le plus défavorable a toujours été réservé au duc de Savoie, et non aux Français et que la mort de Charles-Emmanuel Ier ait été accueillie avec une grande joie [7].
4Quel est le bilan du conflit ? La blitzkrieg manquée de Charles-Emmanuel Ier était une tentative aventureuse mais surtout difficile à réaliser. La Rivière du Ponant pouvait être rapidement occupée par les troupes savoyardes, mais tout aussi rapidement reconquise par les troupes hispano-génoises, maîtresses de la mer. Le duc ne pouvait connaître le succès que si une rapide victoire militaire était suivie par l’effondrement interne de la République. Mais plutôt que de se soumettre au duc de Savoie les oligarques étaient disposés à se donner à l’Espagne. Fallait-il un renversement violent du gouvernement ? Une conjuration ? Charles-Emmanuel Ier joua aussi cette carte. De fait, Gênes ne fut en danger que dans un temps très court. Les coalisés se mirent en marche depuis Asti le 8 mars 1625, et déjà le 26 avril une escadre de trente-deux galères avec quelques milliers de soldats espagnols aguerris entrait dans le port de Gênes : à partir de ce moment s’emparer de la cité devenait impensable. La grande peur des oligarques dura donc à peine un mois. Les envahisseurs évacuèrent Novi le 16 juin, Ovada cinq jours après. Le 25 juillet les Génois reconquirent Gavi et, entre septembre et octobre, l’entière Rivière du Ponant, en occupant de plus les terres savoyardes d’Oneglia et de Maro, Pigna et Ormea. Les envahisseurs avaient subi des pertes considérables : les seuls Français auraient perdu quinze mille hommes, selon Giulio Pallavicino, ce qui paraît une estimation excessive. Si l’on ajoute à cela la prise de la galère capitane de Savoie avec son étendard et celle du parc d’artillerie du duc avec de grandes quantités d’armes et de munitions, on peut conclure que cette attaque contre la République s’était soldée pour Charles-Emmanuel Ier par une claire défaite, conséquence directe d’une erreur stratégique fondamentale.
5Charles-Emmanuel Ier n’était pas en mesure de vaincre sans l’aide des Français, lesquels pourtant ne pouvaient pas opérer avec succès sur le long terme, en étant aussi loin de leurs bases de ravitaillement. En outre, l’intervention française entraînait les Espagnols dans la guerre, en exposant les États du duc à l’invasion. Avec un conflit limité le duc pouvait conquérir quelque localité de frontière, mais les Génois en conquérant Oneglia et Maro avaient acquis facilement des pions à échanger lors des négociations ; avec une guerre d’anéantissement, il amorçait un conflit de vaste portée qu’il aurait dû soutenir sur son propre territoire contre un ennemi formidable. On peut légitimement considérer que le mouvement de Charles-Emmanuel Ier avait été mal calculé, et que celui-ci avait mal interprété la position de la France, prête à l’avoir comme allié mais non à servir ses objectifs. Le succès de la République, de son côté, n’était pas lié aux qualités militaires des patriciens. L’aide espagnole, à travers l’envoi de troupes de renfort et l’ouverture d’un second front dans le Montferrat, avait été essentielle. Quant aux victoires militaires, elles avaient surtout été l’œuvre des miliciens villageois, qui avaient harcelé sans cesse les envahisseurs, mais aussi des troupes corses au service de Gênes et des contingents espagnols, napolitains et trentins.
6À Charles-Emmanuel Ier restait seulement ouverte la voie de la subversion. Mais quand il chercha à renverser le gouvernement génois par une conspiration la conquête militaire avait déjà échoué. La conjuration de Giulio Cesare Vacchero fut un moment héroïque dans l’historiographie de l’oligarchie génoise. La décision d’exécuter les conspirateurs, malgré la menace de Charles-Emmanuel Ier de faire décapiter en représailles les patriciens génois faits prisonniers au cours de la première et désastreuse phase des opérations militaires fut unanime et approuvée de loin par Ambrogio Spinola, intermédiaire autorisé entre la République et Olivares. En outre, grâce aussi aux mesures de répression préventives prises par le gouvernement contre les populaires, la conjuration de Vachero n’entraîna aucune insurrection [8].
7Une fois la situation militaire rétablie, les gouvernants de la République voulurent pourtant obtenir une revanche et un agrandissement territorial, mais ces objectifs étaient incompatibles avec la grande stratégie espagnole, redéfinie après l’éclatement de la seconde guerre de succession du Montferrat. L’Espagne avait assuré à la République un soutien militaire prompt et efficace, bien qu’évidemment intéressé et payé par les Génois. Malgré cela, justement au cours des années séparant la signature de l’armistice qui mit fin aux affrontements armés (1626) et la paix entre la République et le duc de Savoie (1631), un secteur du patriciat citadin cultiva l’ambition de donner à Gênes un rôle autonome sur la scène européenne. Les Espagnols avaient obtenu une procuration des Génois afin de signer la paix pour eux, mais, occupés à faire passer Charles-Emmanuel Ier dans leur camp, ils déçurent les attentes de la République. S’ajoutaient à cela les dommages subis par de nombreux financiers génois en 1627 du fait de la « banqueroute » décrétée par Philippe IV. Celle-ci ne mit pas fin à la prépondérance de la finance génoise en Espagne, comme on l’a longtemps pensé [9]. Mais elle mit en exergue les difficultés d’un rapport qui avait fonctionné sans à-coups pendant plus d’un demi-siècle. En arrière-plan apparaît l’impulsion vers un tournant politique qui entraîna quelques années plus tard, en 1637, la revendication de la dignité de « tête couronnée » de la part de la République, source de contentieux dans toutes les négociations diplomatiques.
8La pacification entre la République et le duché de Savoie, avec le retour au status quo ante, fut atteinte avec lenteur et difficulté justement parce que les Génois avaient délégué les négociations aux Espagnols, en la personne du duc de Feria, et que ceux-ci ne voulaient pas soutenir leurs requêtes pour être dédommagés [10]. D’autre part Victor-Amédée Ier, en plus de la restitution de la galère capitane et de l’artillerie, demandait la clémence pour ceux qui avaient été bannis comme complices de la conjuration de Vachero. C’était là le principal motif d’opposition : il était impensable pour les Génois de gracier des traîtres, et en fait ils ne le firent pas. Mais les longues tractations sur l’application des conditions de paix se déroulèrent avec un arrière-plan en rapide mutation : d’un côté émergeait au sein des gouvernants génois une faction qui réclamait une politique de détachement vis-à-vis de l’Espagne (les « repubblichisti ») et de l’autre la diplomatie française s’efforçait d’établir des relations diplomatiques régulières avec la République [11]. À la suite de quoi, les événements jouèrent en faveur d’un éloignement de Gênes par rapport aux faits qui se déroulaient dans le duché de Savoie. Le début de la régence de Christine de France, la guerre civile au Piémont, les développements des opérations militaires entre la France et l’Espagne firent de la République une spectatrice de la guerre en cours, courtisée pour son importance logistique et financière. Les hostilités généralisées n’étaient pas toujours nuisibles aux puissances neutres comme Gênes. Et les relations entre celle-ci et le duché de Savoie dépendaient du contexte plus général de la grande politique italienne et européenne.
9Il existait toutefois des causes permanentes de friction entre les deux États : (a) des différents pour les frontières dans la Rivière du Ponant ; (b) des incidents liés au commerce maritime et terrestre, relevant d’infractions réelles ou supposées aux droits douaniers savoyards ou génois (de la République ou de la Casa di San Giorgio), ce qui provoquait la mise sous séquestre de marchandises ou d’embarcations et une série d’oppositions juridiques. Le premier motif de friction était impossible à éliminer. Il était déterminé par la configuration compliquée des frontières entre les deux États, et il se manifesta encore pendant une grande partie du xviiie siècle. Les localités des deux côtés de la frontière entre la République et le Piémont avaient des coutumes et des revendications opposées sur les droits de pâturage et d’usage des terres : en découlaient de fréquents conflits, traditionnellement gérés par les capitaines ou les gouverneurs locaux. Ces incidents ne constituaient pas en eux-mêmes des motifs de conflit entre les États, mais pouvaient à l’occasion fournir un casus belli, comme on le vit peu avant la guerre de 1672 [12]. Le second motif de friction était lui aussi récurrent et pouvait servir de prétexte : il entraîna en 1726 encore une grave crise diplomatique [13]. En outre les accusations de contrebande et de violation des douanes étaient très faciles à porter dans une phase de guerre de course généralisée comme celle des années 1630-1650.
10Avec de telles prémisses ce qui surprend ce n’est pas qu’il y ait eu des oppositions entre la République et le duché de Savoie, mais qu’elles aient été plutôt rares au cours de la période que nous examinons. Il y avait en effet entre les deux États une opposition fondamentale en matière d’intérêts et sur les moyens de les réaliser. Le duché de Savoie, depuis l’acquisition de Oneglia par Emmanuel-Philibert (1576), cherchait un débouché pratique sur la mer pour ses états, et ne pouvait pas le trouver sans une expansion vers la Rivière de Ponant ; en outre Charles-Emmanuel Ier affichait sa volonté de mener une politique extérieure indépendante de l’Espagne et, à l’occasion, ouvertement opposée à celle-ci. Gênes au contraire était pleinement inscrite dans le système impérial hispano-habsbourgeois, avec lequel elle avait un rapport de véritable symbiose, et pour lequel elle représentait un soutien financier et logistique fondamental. En outre, pour protéger son commerce maritime, dont relevaient les entrées financières de la Banque de Saint Georges, la République devait contrôler, dans la mesure du possible, les côtes de la Mer ligurienne. Le marquisat de Finale, qui était une enclave espagnole, lui causait déjà des ennuis, mais au moins il appartenait à un État allié. Or, les ambitions du duché de Savoie représentaient en perspective un danger bien plus grand qui suscita, en 1745, le conflit le plus sérieux que la République oligarchique n’eut jamais à affronter durant les deux siècles et demi de son histoire.
11Après une vingtaine d’années durant lesquelles Gênes et le Piémont s’étaient pratiquement tourné le dos, en 1653-1654 deux missions diplomatiques génoises furent envoyées à Turin, alors que Christine de France était régente pour son fils Charles-Emmanuel II [14].
12Elles eurent des origines et des caractères fort différents : la première fut causée par la saisie d’une barque d’Alassio par un brigantin de la douane maritime de Villefranche ; la seconde par la violente crise entre Gênes et l’Espagne déchaînée par les séquestres des biens de la République à Naples, en Sicile et à Milan en 1654. Dans le premier cas la prise était survenue carrément dans les eaux de la République, près de la plage d’Alassio [15]. Elle posait la question de la souveraineté sur la Mer Ligurienne, que les Génois prétendaient être mare clausum, alors que les autorités savoyardes s’en tenaient au principe du mare liberum pour justifier l’action du brigantin de Villefranche loin de ses propres eaux [16]. Pour demander que la barque soit relâchée avec ses marchandises, on envoya un homme de lois, le docteur Felice Tassorello, représentant d’une dynastie de notaires et bureaucrates. L’affaire était de dimension modeste, mais la négociation se révéla étonnamment longue et compliquée. Tassorello obtint une audience auprès de Madame Royale et du duc le 5 février 1653 et fut reçu avec grande courtoisie par la régente. Aussitôt après, pourtant, commencèrent les réunions avec l’abbé de Verrua et par la suite avec le marquis de Saint-Thomas. Elles portèrent en premier lieu sur les titres honorifiques à employer au cours de ces rencontres, puis sur la restitution des marchandises ; à cette requête génoise répondit aussitôt une requête savoyarde visant à rendre de l’argent pris à un commerçant piémontais à Gênes. Auparavant, Madame Royale avait déjà écrit à la République, tant pour l’informer de l’accord conclu avec ses beaux-frères que pour accepter la restitution d’une autre barque, en 1651, mais les oligarques n’avaient pas répondu parce que dans sa lettre Christine leur avait donné le titre de « mes cousins », au lieu de celui de « sérénissimes ». Madame Royale, signalait Verrua, écrivait dans les mêmes termes à la République de Venise, sans rencontrer d’objections. Mais la question était particulièrement délicate pour les Génois, dont la revendication d’un traitement royal pour leurs envoyés était refusée par les cours d’Espagne et de France. Cela donnait lieu à des querelles continues sur les droits de préséance avec les représentants des autres puissances. Par exemple, des écrivains comme Federico Federici e Raffaele Della Torre senior, soulignaient volontiers que la maison de Savoie fondait ses ambitions au statut royal sur les titres souverains de Chypre et de Jérusalem, qui ne leur appartenaient pas, tandis que Gênes fondait les siennes sur la possession réelle de la Corse. Bref, au lieu de négocier un conflit de nature commerciale, Tassorello se trouva pris dans une discussion concernant des titres (pour laquelle il ne possédait pas d’instructions et qui réclamait un diplomate d’un rang supérieur au sien) et des concepts juridiques, tel celui de mare clausum et de mare liberum. Verrua demanda directement que la République envoyât à Tassorello une copie de la correspondance antérieure avec les ducs, en alléguant la surprenante justification que les archives savoyardes étaient en désordre et qu’il n’était pas possible d’y trouver ces documents. Depuis Gênes un chancelier du Sénat stupéfait adressa une copie des lettres de Charles-Emmanuel Ier de 1590 et de Victor-Amédée Ier de 1635, en faisant observer pourtant qu’il « avait du mal à admettre que des négociations, qui se traitent entre des Princes par l’entremise de lettres ne soient pas consignées dans un registre bien tenu et clair [17] ». La question des titres à employer fut finalement réglée à travers l’acceptation réciproque de formules convenues, mais pas celle du séquestre de la barque, en raison du fait qu’il apparut que le droit douanier de Villefranche avait été affermé à des marchands juifs protégés par la Cour ! Il était donc nécessaire de mener à bien un procès civil. Tassorello avait l’impression d’assister à un jeu de rôles : Madame Royale était toujours très courtoise, mais ses ministres le traitaient ensuite bien différemment, en faisant traîner les discussions. La mission s’acheva sur une impasse au début du mois de novembre.
13L’année suivante Gênes envoya en revanche à Turin un gentilhomme, Gian Francesco Spinola, au milieu d’une crise entre la République et l’Espagne. Le vice-roi de Naples, le gouverneur de Milan et le vice-roi de Sicile avaient décrété au cours des premiers mois de 1654 la saisie de tous les biens des Génois dans les domaines espagnols, comme représailles de la prise des embarcations de Finale qui avaient violé les droits douaniers de Saint Georges [18]. Au cours de cette même année la République envoya des représentants auprès de différentes cours pour soutenir ses positions, alors même qu’elle traitait avec Madrid pour obtenir la révocation de ces séquestres [19]. Il y eut même au cours cette valse-hésitation diplomatique une tentative de rapprochement entre Gênes et l’Angleterre de Cromwell [20]. Dans ce contexte vint se placer une mission à Turin, durant laquelle Spinola vint au début de juillet 1654 remercier Madame Royale de la lettre de solidarité envoyée à la République justement à propos de ces saisies [21]. Cette fois-ci l’accueil fut bien différent. Spinola fut reçu avec les honneurs dus à un ambassadeur ordinaire plus qu’au simple gentilhomme « inviato » (envoyé) qu’il était. La question des titres fut résolue élégamment par Madame Royale, qui reçut à Rivoli le représentant génois en compagnie du jeune Charles-Emmanuel II. D’abord en français (une langue que Spinola ne comprenait pas parfaitement) puis en italien, Christine ne l’assura de rien moins que du soutien militaire savoyard à la République, en suggérant l’opportunité d’une étroite collaboration entre les deux États. Au cours des jours suivants, Spinola rencontra plusieurs hauts dignitaires de la cour de Turin, le marquis de Pianezza, le comte Philippe d’Agliè et le prince Maurice de Savoie, qui passèrent à des propositions plus concrètes, par exemple celle que la République puisse acheter des blés en Piémont. Puis ce fut le marquis de Grancey, commandant des forces françaises en Piémont, qui l’assura de l’appui de ses troupes, selon ses dires, nombreuses et fortes. Enfin le prince Maurice envoya auprès de Spinola un maître d’hôtel du prince Thomas, son frère, avec une proposition encore plus incroyable. Ce dernier proposait d’agir en médiateur entre la République et la cour de France, en suggérant que les Génois fassent secrètement un prêt aux Français pour faciliter l’imminente campagne qu’ils préparaient pour attaquer l’État de Milan là où les Génois le préfèreraient. Au cours des jours suivants, le marquis Villa montra à Spinola une lettre de Mazarin, dans laquelle le cardinal montrait espérer une entente entre la République et la France. Villa sollicita lui aussi un prêt d’environ 50 000 pièces de huit (« reali », soit environ 200 000 livres de Gênes). Spinola fit savoir au gouvernement que l’armée française était beaucoup moins forte que ce qu’elle prétendait et que le duché épuisé ne pouvait pas la nourrir sur son propre territoire. Au bout d’une semaine, le 21 juillet, Villa retourna à la charge, réclamant cette fois 8 000 ou 10 000 doubles (« écus », soit une somme réduite d’un bon tiers par rapport à la précédente). Spinola repoussa courtoisement toutes les propositions, en faisant valoir qu’avant de rompre avec l’Espagne la République voulait attendre la conclusion des tractations en cours à Madrid. Le 23 juillet, il retourna à Gênes. La crise entre la République et l’Espagne s’acheva au début de l’automne 1655 et les saisies furent révoquées [22]. De cette alliance avec le duché de Savoie et la France, à laquelle du reste le gros du patriciat génois aurait été opposé, on ne parla plus. Durant cet épisode l’attitude du gouvernement turinois envers la République, amicale plutôt qu’hostile, s’était rapidement adaptée à la logique de la politique internationale des grandes puissances et en particulier de la France.
14Dans la période considérée, une ultime mission génoise à Turin se déroula en janvier 1661, et fut à nouveau occasionnée par une saisie : celle de la barque du patron Grillo d’Arenzano, effectuée devant la plage d’Alassio par un brigantin de la douane maritime de Villefranche [23]. Comme en 1653, les garde-côtes savoyards avaient suivi une embarcation génoise à l’intérieur de l’espace maritime de la République. Et comme en 1653, pour régler la controverse fut envoyé à Turin un bureaucrate, Orazio Dulmeta, lui aussi de famille notariale, et secrétaire du Sénat. La mission, qui prévoyait une brève audience auprès de Madame Royale et du duc, se conclut en moins de trois mois par un succès : au début du mois d’avril la barque fut restituée (mais pas toutes les marchandises), le capitaine et le lieutenant du brigantin de Villefranche, qui s’étaient emparés d’une partie de l’équipement, furent tout de suite arrêtés. L’événement montre bien que la souplesse des autorités savoyardes était variable, selon les circonstances. Ce qui avait été considéré comme impossible en 1653 pouvait être tranquillement accordé huit plus tard. Dans toutes ces occasions Christine s’était pourtant montrée très conciliante et formellement amicale.
15Le duc Charles-Emmanuel II qui, durant l’audience accordée à Gian Francesco Spinola en 1654, avait mis la main sur son épée et promis qu’il aurait personnellement guidé ses troupes au secours de la République [24], prit en 1672 pour prétexte une controverse sur les frontières dans la Rivière du Ponant pour l’assaillir et la conquérir grâce à la conspiration d’un exilé génois, Raffaele Della Torre junior, contre le gouvernement. Comme son grand-père, il fut vaincu et dut consentir au retour au status quo ante [25]. À la suite de quoi, la ligne fondamentale de la politique savoyarde envers Gênes resta celle d’exercer une pression sur les frontières de la République, surtout sur le Ponant, avec l’objectif d’acquérir, par achat ou par conquête, une partie du territoire et d’obtenir un débouché sur la mer plus commode que Nice et Villefranche. Au cours des décennies centrales du xviie siècle la conjoncture internationale avait favorisé une approche plus souple et des desseins plus larges, visant à faire de Gênes un État ami du duché, mais indirectement surtout de la France. Ce n’est pas un hasard si cette approche, qui subordonnait la politique extérieure du duché de Savoie aux intérêts de la France, fut poursuivie durant la régence de Madame Royale et abandonnée après sa mort au profit de la poursuite d’objectifs stratégiques proprement piémontais.
Notes
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[1]
Sur l’histoire de Gênes au xviie siècle voir Carlo Bitossi, « L’antico regime genovese, 1576-1797 », in Dino Puncuh (ed.), Storia di Genova. Mediterraneo, Europa, Atlantico, Gênes, Società Ligure di Storia Patria, 2003 ; Antoine-Marie Graziani, Histoire de Gênes, Paris, Fayard, 2009, pp. 402-421 ; mais on ne négligera pas Claudio Costantini, La Repubblica di Genova nell’età moderna, Turin, Utet, 1978.
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[2]
Après la chute de la république oligarchique et l’instauration de la République Ligurienne démocratique, eut lieu une quatrième et malheureuse guerre entre les deux États. Voir Paolo Palumbo, Un confine difficile. Controversie tra la Repubblica di Genova e il Regno di Sardegna nel Settecento, Turin, Zamorani Editore, 2010.
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[3]
Carlo Bitossi, “La repubblica è vecchia”. Patriziato e governo a Genova nel secondo Settecento, Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1995, pp. 428-429. Homme politique et historien, Gian Francesco Doria (1703-1753) a laissé un manuscrit inédit considérable, conservé actuellement à la Bibliothèque communale de Sanremo, dont le titre est le suivant : « Del modo di rimediare ad alcuni principali disordini nel governo della Repubblica di Genova e di rendere felice e perpetuo internamente, ed esternamente il dominio di essa. Trattato di Nifrano Cegasdarico patrizio genovese diviso in due parti. » C’est dans cet ouvrage que se trouve le jugement cité. Je me permets de signaler que je prépare une édition critique de ce texte.
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[4]
La guerre de 1625 a fait l’objet de plusieurs écrits provenant de patriciens génois. Les plus importants, conservés dans les bibliothèques et archives de Gênes et même ailleurs, sont : Giovanni Costa, « Della Storia della Guerra de Prencipi collegati contro il Re di Spagna Casa d’Austria, e Rep.ca di Genova Di Giovanni Costa Nobile Genovese 1625 » ; Giulio Pallavicino, « Vero, e distinto ragionamento fatto da Giulio di Agostino Pallavicino, per lo quale con ogni curiosità, si narra la scelerata guerra mossa l’anno 1625 dal Duca di Savoia alla Rep.ca di Genova » ; Raffaele Della Torre senior, « Comentario dell’impresione Ostile fatta dall’armi Francesi, e Piemontesi nella Liguria l’anno 1625 » ; Gio. Battista Cicala, « Relazione dell’Origine della Guerra dell’Anno XDCXXV, che ebbe la Repubblica di Genova col duca di Savoia ».
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[5]
Alessandro Zilioli, Delle Historie Memorabili De suoi tempi […] Libri Dieci, Venise, Turrini, 1642, pp. 158-159 ; Girolamo Brusoni, Della Historia d’Italia […] Libri XL. Riveduta dal medesimo autore, accresciuta, e continuata dall’Anno 1625 fino al 1676, Venise, Antonio Tivanni, 1676, p. 5.
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[6]
« Vero, e distinto ragionamento fatto da Giulio di Agostino Pallavicino, per lo quale con ogni curiosità, si narra la scelerata guerra mossa l’anno 1625 dal duca di Savoia alla Repubblica di Genova », Gênes, Archivio Storico del Comune di Genova (ASCG), Manoscritti, n° 341, fos 85v-86.
-
[7]
Ibidem, f° 218v.
-
[8]
Les auteurs des mémoires de la guerre que j’ai mentionnés précédemment, Cicala surtout, soulignèrent toutefois la peur des oligarques de voir la constitution d’associations subversives par le « peuple gras » de la ville. L’institut des Inquisitori di Stato (Inquisiteurs d’État) fut créé justement après la découverte de la conjuration de Vachero.
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[9]
Fernand Braudel, « Le siècle des Génois s’achève-t-il en 1627 ? », in Fernand Braudel, Autour de la Méditerranée, Paris, Éditions de Fallois, 1996, pp. 433-446 ; Manuel Herrero Sánchez, Yasmina Rocío Ben Yessef Garfia, Carlo Bitossi, Dino Puncuh (ed.), Génova y la monarquía hispánica (1528-1713), Atti della Società Ligure di Storia Patria, CXXV, 2011, 2 vol.
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[10]
Raffaele Ciasca (ed.), Istruzioni e relazioni degli ambasciatori genovesi. II. Spagna (1619-1635), Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1955.
-
[11]
Giuliano Ferretti, « La ricerca di un’alleanza : l’istituzione del consolato francese a Genova », in Maria Grazia Bottaro Palumbo (ed.), Genova e Francia al crocevia dell’Europa (1624-1642)/Gênes et France au carrefour de l’Europe (1624-1642), Gênes, Ecig, 1989, pp. 101-147.
-
[12]
Francesco Maria Accinelli, Compendio delle storie di Genova dalla sua fondazione sino all’anno 1776, Gênes, Angelo Lertora, 1850, t. I, p. 124.
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[13]
Nilo Calvini, « Grave incidente diplomatico fra la Repubblica di Genova e il Sovrano di Savoia (1726-1727) », Giornale storico e letterario della Liguria, nouvelle série, XV, 1939, pp. 161-175, 224-231.
-
[14]
Sur la diplomatie génoise voir Aldo Agosto, « La diplomazia genovese in étà moderna : documenti e problemi », in Fonti diplomatiche in étà moderna e contemporanea, Rome, MBCA, 1995, pp. 110-117.
-
[15]
« Lettere originali dell’Agente Tassorelli al Serenissimo Governo di Genova ». Archivio di Stato di Genova (ASGE), Archivio segreto (AS), 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1653.
-
[16]
Rodolfo Savelli, « Un seguace italiano di Selden : Pietro Battista Borghi », Materiali per una storia della cultura giuridica, III, 1973, n° 1, pp. 13-76.
-
[17]
ASGE, AS, 1908, Litterarum registri, 1650-1654, fos 108v-110.
-
[18]
Sur la question du marquisat de Finale voir Paolo Calcagno, « La puerta a la mar ». Il Marchesato del Finale nel sistema imperiale spagnolo (1571-1713), Rome, Viella, 2011 ; et sur Saint Georges : Giuseppe Felloni (ed.), La Casa di San Giorgio. Il potere del credito, Atti della Società Ligure di Storia Patria, CXX, 2006.
-
[19]
Carlo Bitossi, « Il granello di sabbia e i piatti della bilancia. Note sulla politica genovese nella crisi del sistema imperiale ispano-asburgico, 1640-1660 », in Manuel Herrero Sánchez, Yasmina Rocío Ben Yessef Garfia, Carlo Bitossi, Dino Puncuh (ed.) Génova y la monarquía hispánica, op. cit., pp. 495-526.
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[20]
Voir les documents publiés par Carlo Prayer, « Oliviero Cromwell dalla battaglia di Worcester alla sua morte. Corrisponenza dei rappresentanti genovesi a Londra », Atti della Società ligure di Storia Patria, XVI, 1882, pp. 7-544.
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[21]
« Lettere originali del Magnifico Spinola al Serenissimo Governo di Genova ». ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1654.
-
[22]
Raffaele Ciasca (ed.), Istruzioni e relazioni degli ambasciatori genovesi. III. Spagna (1636-1655), Rome, Istituto Storico Italiano per l’Età Moderna e Contemporanea, 1955.
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[23]
« Lettere originali del Magnifico Dulmeta Segretario di legazione al Serenissimo Governo di Genova », ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1661 ; « lettres du consul Clemente Moscatello », ASGE, AS, 2652, Lettere consoli, Nizza, 1476-1763.
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[24]
« Lettere originali del Magnifico Spinola al Serenissimo Governo di Genova », lettre de Spinola au gouvernement génois du 3 juillet. ASGE, AS, 2488, Lettere ministri, Torino, 1515-1722, fasc. 1, Torino 1654.
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[25]
Voir les ouvrages cités note 1.