Notes
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[1]
Giorgio Bellavitis, 2009.
-
[2]
Michela Agazzi, p. 79.
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[3]
Giogio Bellavitis, p. 20-21.
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[4]
Ennio Concina, 1987, p. 11, signale l’existence jusqu’au cœur du xvie siècle d’arsenaux privés qui désignaient des espaces clos par une palissade où l’on tirait à couvert les barques, ou qui servaient de dépôt de matériaux. Cette fonction de dépôt prévalait dans l’acception du mot « arsenal ».
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[5]
Jean-Claude Hocquet (2003), p. 88.
-
[6]
Roberto Cessi, I, p. 244, doc. X (ad patronos arsenatus, quod quando habent sex magistros, unus supersit laboreriis).
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[7]
Ces magasins étaient aménagés près des antiques salines disparues.
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[8]
Jean-Claude Hocquet (20101).
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[9]
L’ingénieur et architecte Michele de Sanmicheli de Vérone a laissé une description précise du port, des scanni (bancs de sable) et des forts qu’il a inspectés en compagnie des « sages et exécuteurs aux eaux » en 1535 (Ennio Concina (1983), p. 116-117).
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[10]
Giorgio Bellavitis, p. 143.
-
[11]
Giorgio Bellavitis, p. 91.
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[12]
Giorgio Bellavitis p. 109 ; Hocquet (2010), p. 44.
-
[13]
Giorgio Bellavitis, p. 121.
-
[14]
Giovanni Caniato.
-
[15]
Giovanni Caniato, p. 134.
-
[16]
À raison, en ce qui concerne l’artillerie, de 13 pièces par galère légère et de 32 pour les galées.
-
[17]
Giovanni Caniato, p. 170.
-
[18]
Ennio Concina (1987), p. 13.
-
[19]
Avec entre autres matériels : 500 seaux cerclés de cuivre pour puiser l’eau, 20 pompes « de la sorte qui se fait nouvellement à l’Arsenal », « 100 madriers courbes de chêne à faire les roues (rode), pour les édifices à puiser les eaux dans les salins », 3 000 planches de mélèze de bonne facture, 100 madriers de chantier naval, 10 000 planches de pin et 50 « clés » du type de celles qui soutiennent le pont du navire.
-
[20]
Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 549.
-
[21]
Ces chantiers achevèrent de disparaître sous la seconde occupation française. Ils avaient maintenu une activité industrielle et maritime privée jusqu’alors, mais l’empereur Napoléon fit détruire le quartier et les églises de s. Domenego, s. Nicolò di Castello et s. Antonio pour installer les Jardins. De même il fit enterrer le rio de s. Anna (future via Garibaldi) pour créer un parcours piétonnier continu de s. Marco à s. Pietro di Castello.
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[22]
Ennio Concina (1987), p. 22.
-
[23]
Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 613.
-
[24]
Ennio Concina (1987), p. 23.
-
[25]
Pour la description de cet ambitieux projet, ibidem, p. 24.
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[26]
Le profil de la lagune suffit à expliquer le succès de la marciliane (Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 581) et obligea Venise à vendre à l’étranger en 1305 trois nefs trop grandes pour son port, nimis magne pro portu Veneciarum (ibidem, p. 577). De même la pratique généralisée de l’allègement dans les avant-ports de l’Istrie et une nouvelle fois en rade était une contrainte imposée par la faiblesse des profondeurs.
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[27]
Le manuel édité par Ornella Pittarelllo décrit minutieusement les pièges et les repères (amers) pour les éviter sur les canaux qui conduisaient la galée du bassin de San Marco au port de San Nicolò (p. 153-4, Questo sie quello, zoè l’intrata del porto da Veniexia, zoè segnalli per la fossia et per saver sempre quando serai sora la fossia).
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[28]
asv, Senato Misti, reg. 54, c. 64r (cité par Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 585).
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[29]
Ennio Concina (1987), p. 25.
-
[30]
Ibidem.
-
[31]
Ennio Concina (1987), p. 26.
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[32]
Dans le domaine hanséatique, l’existence de grues pour implanter les mâts est attestée à Danzig (1444), à Brême (au fronton de la plus haute maison sur l’eau dans la zone des chantiers navals), et à Cologne.
-
[33]
Ce fut le père Vincenzo Maria Coronelli, cosmographe public de la Sérénissime, qui, visitant Amsterdam en 1696, observa que les Hollandais utilisaient de grands caissons vides, au profil modelé sur la quille des vaisseaux pour les soulever et leur faire passer les bas-fonds. Ces caissons, appelés « chameaux », étaient remplis d’eau, placés sous la quille, puis vidés à l’aide de pompes : en 1718, le vaisseau de 1er rang de 74 canons, l’Aquila Valiera (deux doges Valier se succédèrent autour de l’année 1700, voir leur monument funèbre à Ss. Giovanni et Paolo) lancé en 1698 put gagner le port de Malamocco en 1718. Un autre vaisseau de 74 canons, La Fenice, eut moins de chance, il s’échoua le 1er avril 1783 sur la bocca del porto de Malamocco et il fallut plus de trois ans pour le renflouer (Bellavitis, p. 160).
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[34]
Le creusement de ce nouveau bassin imposa un nouveau déplacement du canal des Fondamenta nuove, achevé en 1910, le creusement du bassin à – 20 m (le caranto était à cet endroit à – 21, – 22,5 m), le travail était achevé le 24 juillet 1917.
-
[35]
Ibidem, p. 228 et 238.
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[36]
Selon le mot de Patrizio Cuccioletta, président du Magistrato alle acque, auteur de la préface « Un nuovo inizio » à la réédition de l’ouvrage de Bellavitis.
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[37]
Maurizio Reberschak, p. 2248, cite ces propos rapportés par Marino Buracchia, p. 253.
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[38]
Les vaporetti relient le bassin de S. Marco à la Lagune nord, à Murano, à Burano et à l’aéroport.
1L’Arsenal de Venise occupe un vaste espace à l’est de la ville. Jadis cœur de la force militaire et de la puissance maritime de la République, sa survie le voue à la sauvegarde de la Lagune.
Les débuts
2On ignore quand a commencé la construction de l’Arsenal à Venise et la date de 1104 avancée en 1829, sans le moindre indice documentaire, par l’ingénieur Casoni, auteur du premier Guide de l’Arsenal de Venise, est aujourd’hui abandonnée. Une chose est certaine : jusqu’en 1220-1224 le plus grand chantier naval public se trouvait à Terranova (San Marco), à proximité du castrum ducal, le toponyme terra nova désignant alors des terres gagnées sur la lagune par assèchement. Giorgio Bellavitis [1] a mis en relation cette bonification récente avec les grands travaux entrepris par le doge Sebastiano Ziani (1172-1178), afin de doubler la surface de la place S. Marco, fit enterrer le rio Batario qui traversait la place par son milieu et débouchait dans le bassin éponyme par le rio de la Zecca, à hauteur de la future Monnaie [2]. Les terrains ainsi gagnés auraient été affectés à la construction navale vers l’an 1177 mais cette activité prit fin le 17 avril 1341, quand fut votée la construction des greniers publics [3]. L’Arsenal (arsanae, arsanatus [4]) occupa initialement un quadrilatère de terrains et d’eaux ouvert sur le port de S. Nicolò et sur la mer, à l’extrémité orientale de la ville et donc au débouché des voies de flottage, les fleuves Piave et Tagliamento descendus des Alpes. Cet arsenale (plus tard appelé arsenale vecchio), de 90 par 120 pas vénitiens (1 pas = 1,738 m), était à la fois un dépôt de matériaux (bois, chanvre...), de produits finis et de machines de guerre, un lieu de travail saisonnier et de réparation navale, la base, enfin, d’une modeste flotte de guerre où l’on pouvait construire une vingtaine de galères. Il avait été aménagé sur des terrains occupés par des salines, des pêcheries et le lac des bénédictins de S. Daniele. Ce modeste arsenal reçut une vigoureuse impulsion au tout début du xiie siècle, lorsque Venise fut sollicitée pour transporter et escorter outre-mer les croisés, soit 4 500 chevaliers avec chevaux et armement, 9 000 écuyers et 20 000 combattants à pied. Pour répondre à ce besoin énorme en bateaux « de location », de nombreux chantiers navals privés, les squeri, furent alors improvisés, dont beaucoup occupèrent les rives inclinées du canal de l’Arsenal, afin de profiter de facilités d’approvisionnement (en bois et en poix notamment).
3Certains de ces armateurs privés accompagnèrent l’expédition qui s’empara de Constantinople et de la Romanie. N’ayant pu être dédommagés par leurs commanditaires, ils se payèrent sur la conquête et devinrent seigneurs des îles de l’archipel égéen qui constituait le butin réparti entre les vainqueurs, sur le mode bien connu à Venise de la colleganza [5]. Les divers arsenaux de Venise étaient alors gérés ou plutôt supervisés par des magistrats publics élus par le grand Conseil qui fixait leur mission : « Le 8 mai 1280, a été voté que, là où le capitulaire de l’arsenal déclare qu’il y a six patrons de l’Arsenal ou davantage, [il faut entendre que] l’un d’eux est délégué aux travaux à faire à l’arsenal, c’est-à-dire à l’Arsenal, à Terranova et ailleurs [6]. »
4Les différents arsenaux de Venise avaient donc été dotés d’un statut qui rassemblait coutumes et lois antérieures, et se trouvaient placés sous l’autorité de « patrons », au nombre de six ou plus, dont l’un était spécialement chargé des travaux. Par travaux, il faut entendre non pas la construction des navires, mais les aménagements internes aux chantiers navals, les infrastructures telles que murs, ateliers et creusement de bassins.
5Après 1291, l’Arsenal primitif s’agrandit de la corderie dite la Tana (du nom du port à l’embouchure du Don où était embarqué le chanvre venu de Russie). Puis, le 25 février 1302, la Commune réserva à l’arsenal public le monopole de construction pour tous les navires de la Commune (gallie, navi et altre sorte de navilij del Comun) y compris, au xve siècle, ces puissants voiliers appelés « coques » qui donnaient la chasse aux pirates. Pour répondre à cet objectif, on commença en 1326 la construction de l’Arsenale nuovo aménagé sur ce qui avait été le lac de S. Daniele contigu à l’arsena communis, ce qui porta la superficie totale de l’arsenal à près de 14 ha. Ce nouvel espace avait une capacité de mise en chantier de 80 galères ; il était clos de hauts murs crénelés pour la construction desquels on aménagea, à S. Biagio, deux grands fours à briques. Cet agrandissement du complexe industriel par la construction de la corderie et de l’arsenal nuovo modifia les structures urbaines. Pour avitailler les flottes qui quittaient l’Arsenal, il fallut augmenter les espaces de stockages en remplaçant les vieux magasins à sel de S. Biagio [7] par des greniers publics et en construisant les nouveaux salaria à La Trinité (appelée à devenir la « Pointe au sel » et successivement la « Pointe de la Douane de Mer »). En face, à Terranova, sur les terrains rendus vacants par l’interdiction faite aux squeri de construire des galères, furent édifiés d’autres greniers publics et des entrepôts. L’entrée du Grand Canal, encadrée par les magasins à sel et à grains, devint ainsi un nouveau pôle portuaire situé juste à la jonction des deux navigations maritime et fluviale [8] et le bassin de S. Marco devint le centre portuaire de la ville avec une limite bien marquée au nord, le Môle, lui-même prolongé par la riva degli Schiavoni dont les quais dallés a lastre (lastricati) à partir de 1324, contribuèrent à l’embellissement de la ville. Entre 1333 et 1360 on construisit les ponts de pierre sur les canaux afin d’assurer la continuité de la circulation entre le centre du pouvoir politique (le palais) et le centre du pouvoir naval (l’arsenal). Les avant-postes maritimes furent eux aussi, au cours du xve siècle, fortifiés avec les deux castelli de S. Nicolò et de S. Andrea qui protégeaient la passe du Lido de toute attaque venue par mer [9].
6L’Arsenal, qui était organisé pour la construction et l’armement des galères, avait disposé magasins et dépôts selon une séquence linéaire le long d’un canal élargi qui ouvrait sur le bassin de S. Marco, à proximité des greniers et des trente-deux fours conçus en 1473 pour ravitailler en biscuit les équipages d’une centaine de galères. Une voie d’eau interne, constituée par les bassins (darsene appelés aussi « canali ») des divers arsenaux, organisait et distribuait les activités avant de relier la fabrique au bassin de S. Marco. Au milieu du xve siècle l’arsenal nuovo n’était encore qu’un bassin entouré de terrains incultes en pente, sur lesquels des équipes d’artisans charpentiers, scieurs, calfats, travaillaient à réparer, calfater ou construire des vaisseaux à l’abri d’une enceinte de briques renforcée de tours. Les ateliers couverts vinrent plus tard.
7Après la chute de Constantinople (1453) et la défaite de Négrepont (1470), première défaite navale de Venise devant les Turcs, la République souhaita se doter d’une flotte permanente et homogène de navires de guerre. La mission de l’Arsenal consista dès lors à construire, équiper et entretenir une escadre d’une centaine de galères de combat. Il fallut doubler la capacité de production, agrandir la fonderie de canons [10] et, sur un nouvel espace lagunaire au nord, construire l’Arsenal nuovissimo constitué de bassins couverts. La construction, commencée en 1473, dura un siècle, jusqu’en 1570, et porta la surface totale à 263 000 m2. La construction des ateliers couverts commença en 1518, lorsque les trêves avec les Impériaux soulagèrent les finances de la République grâce à la reprise du marché du sel avec la Terre Ferme (l’Office du sel était en effet le principal pourvoyeur de fonds des constructions publiques). Le financement de ces ateliers devint une priorité lorsque Venise apprit que le sultan Sélim Ier avait commencé à construire un nouvel arsenal à Istanbul [11] (bientôt appelé « de Qasim pacha », du nom du vizir qui développa ce quartier de Péra). Si l’arsenal nuovo en son temps avait été construit pour répondre aux nécessités des trafics et de la guerre contre Gênes, le nuovissimo, lui, fut conçu pour répondre aux exigences d’un conflit maritime avec le puissant empire turc.
8Le dernier agrandissement de l’Arsenal sous la République commença en 1535 aux dépens des jardins du monastère de la Celestia à l’ouest et d’une sacca qui s’était constituée à l’abri du mur ouest de la darsena nuovissima. Ce secteur de 18 000 m2 fut aussitôt entouré d’un puissant mur d’enceinte. L’espace gagné fut dans un premier temps destiné à la fabrication des poudres et à l’entrepôt des explosifs.
9Ces explosifs avaient provoqué des catastrophes mémorables : en 1476 les poudres avaient pris feu et en 1509, elles avaient explosé en endommageant gravement les églises de S. Daniele et S. Pietro. Les poudres furent entreposées dans les tours d’enceinte San Cristoforo et San Pietro, mais en 1569 une violente explosion les détruisit, en tuant des gardes [12]. La coïncidence de ces explosions avec l’aggravation de la situation extérieure, le désastre d’Agnadel en 1509 et l’imminence de l’attaque turque contre Chypre en 1569, fit naître le soupçon de l’intervention d’espions ennemis.
10En 1561 fut construit le long du mur oriental de la darsena nuova le bâtiment de l’artillerie : long de 180 m, avec sa séquence de cellules de 18 m sur 18 ouvertes sur de larges portails et éclairées de deux fenêtres, ce bâtiment rappelle les barchasse que Palladio construisait alors dans les villas de la Terre Ferme [13]. En 1564 le Conseil des Dix annexa les jardins de La Celestia, pour creuser le canal des galéasses (1569), qui porta la surface totale de l’arsenal à 263 000 m2. L’Arsenal avait alors une capacité de cent galere sottili, plus six grosses et six galéasses. L’adoption de ces nouveaux et gros navires à plusieurs hommes par rame entraîna l’agrandissement de l’atelier de fabrication des rames : en 1559, il avait fallu fournir 15 000 rames pour une sortie de l’escadre [14]. La modernisation de l’Arsenal procédait continûment, sous l’autorité du « prote » de l’office du sel, Antonio da Ponte, le futur constructeur du pont du Rialto et véritable ingénieur en chef des grands travaux municipaux : da Ponte termina la construction des Gagiandre en 1573, sur arcades et murs pleins pour contre-buter la poussée des fermes de la charpente, avant de construire la nouvelle corderie de 1579 à 1583. Long de 316 m, cet édifice repose sur des colonnes de 6,5 m de hauteur tandis que la charpente s’élève à 20 m. Selon Bellavitis, une telle hauteur répondait à un souci d’hygiène publique, car la terrible épidémie de peste qui ravagea Venise dans les années 1575-1577, aurait fait moins de ravages parmi les travailleurs de l’Arsenal [15] que dans le reste de la population. Selon les médecins, une bonne circulation de l’air contribuait à la prévention de la contagion. Et Venise se souciait beaucoup de conserver cette précieuse et indispensable main-d’œuvre. Un dernier édifice, tout de briques, fut construit à la fin du xviiie siècle. Long de 155 m, large de 27,6 et haut de 16,2, bâti sur la rive orientale du canal des galéasses, il remplaça le tezon pour les bois de 1568. On y taillait les bois pour les quilles des navires, selon des modèles entreposés sur place. Dans ce bâtiment dit delle seghe ou degli squadratori, les scieurs équarrissaient les troncs d’arbre.
11L’Arsenal était la « machine de guerre » permanente de l’État, qui juxtaposait les magasins spécialisés, les uns pour l’armement (voiles, rames, bancs, mâts, antennes, cordages) dont toutes les pièces étaient numérotées, les autres pour l’artillerie. Les bois étaient classés selon leur qualité, et tout ce qui appartenait à l’armement d’une même galère était, à la sortie des ateliers de production, dirigé vers des magasins spécialisés pour y être entreposé au chiffre correspondant au chiffre inscrit à la proue du navire. Il ne restait plus, le moment venu, qu’à charger tout ce matériel classé sur la galère et à l’installer dans des délais très brefs.
Tout le système des ateliers et des travailleurs avait été réorganisé selon ce principe : les différents dépôts de rames, de cordages, de voiles, d’armes et les magasins d’artillerie étaient équipés pour armer cent galères légères et douze grosses [16]. Tout ce matériel dûment préparé, chaque navire était déplacé d’un magasin à l’autre sur le canal (bassin ou darse) et à chaque halte, il recevait le matériel rassemblé pour lui. On avait donc systématisé et augmenté l’efficacité de la séquence linéaire d’armement conçue pour l’essentiel dès le xive siècle, grâce à ce système de numérotation. Cette organisation de l’espace permettait de contrôler les quantités de matériel utilisé et les temps de travail.
Il ne s’agissait pas toutefois d’une « chaîne de montage », car les éléments n’étaient ni interchangeables ni fabriqués en série, et la numérotation répondait au seul objectif de fournir à chaque bâtiment des matériaux à sa mesure. Chaque galère avait sa propre assiette, selon les bois employés et surtout selon le savoir-faire du constructeur.
L’Arsenal ravitaillait et commandait d’autres arsenaux placés en avant-postes sur les théâtres d’opérations navales contre les flottes ottomanes, à Candie et La Canée, en Crête, ou à Corfou. Contribuant à l’image de Venise et de son buon governo, l’Arsenal était libre d’accès et les étrangers illustres invités à le visiter, pour se persuader de la puissance de la République et de sa capacité à riposter à toute attaque ennemie. Une image du « bon gouvernement » qui était cependant largement usurpée, car à l’Arsenal, comme dans ses autres institutions, la République s’était toujours contentée d’ajouter du neuf à côté de l’ancien, sans jamais abolir celui-ci.
L’essaimage industriel autour de l’Arsenal : les chantiers privés
12L’Arsenal, entreprise publique, intervint dès l’origine dans les structures et les fonctions portuaires de la ville et il collabora toujours activement à la réalisation des grands projets industriels de la République [17] : c’est ainsi qu’en 1322, l’Arsenal fut chargé de restaurer le phare de pierre qui signalait l’entrée du port à S. Nicolò [18] ; de 1558 à 1568, il envoya à Chypre du matériel de haute qualité pour extraire le sel de la sebkha de S. Lazzaro à Larnaca [19] (l’Arsenal de Venise et la saline de Chypre étant deux monopoles d’État, les institutions maritimes coopéraient pour la production monopolisée du sel avec leur matériel le plus récent). De plus, bien inséré dans la ville, l’Arsenal disposait d’une main-d’œuvre qualifiée à laquelle on faisait appel en cas d’incendie : les marangoni accouraient avec leurs haches et leurs échelles pour abattre charpentes et toitures et tenter de confiner le feu.
13L’Arsenal accordait aussi son assistance technique aux squeri (chantiers) privés, à qui il prêtait du matériel lourd au moment de la mise à l’eau des nefs : les squeri vénitiens eurent donc tendance à se regrouper autour de l’Arsenal en abandonnant le secteur du Spirito Santo, à Dorsoduro.
14Trois secteurs étaient actifs dans le secteur oriental : à S. Pietro sur le canal de Quintavalle, à S. Antonio et surtout à S. Domenego au sud de l’Arsenal, où des chantiers capables de construire simultanément plusieurs nefs ouvraient directement sur le bassin de S. Marco [20]. La première moitié du xvie siècle vit donc une concentration des chantiers navals et l’affirmation du développement industriel à Castello autour d’une monoactivité, la construction navale. Le plan de Jacopo de Barbari témoignait déjà de cette concentration d’activités maritimes à l’est du bassin de S. Marco [21]. Un fait témoigne de l’efficacité toute moderne de l’arsenal de Venise : lorsque Colbert entreprit de doter le royaume de France d’une marine puissante, Clerville, son envoyé, inséra parmi les rapports qu’il adressait à la Cour un relevé de la corderie et un plan très précis de l’Arsenal. Ces documents furent utilisés dans la construction de la corderie de Toulon et de l’arsenal de Marseille [22], où fut adoptée la séquence linéaire de construction et d’armement des galères en usage à Venise.
Avec une exception toutefois, la place Saint-Marc et sa piazzetta où l’urbanisme avait créé une admirable synthèse entre des bâtiments dont les styles parcouraient toutes les époques, du roman jusqu’au xixe siècle. Et l’Arsenal, puissante structure industrielle dépourvue d’unité, juxtaposait en 1797 quatre bassins (canali) séparés, qui communiquaient entre eux par d’étroits passages d’eau. Le vieil arsenal du xiiie siècle qui alignait les divers ateliers sur un seul axe présentait certes une rationalité supérieure, mais les créations ultérieures avaient plus été conçues en fonction des « exigences d’une citadelle qu’à celles d’une fabrique ». Les divers chantiers obéissaient à des finalités diverses, changeant selon les époques, les armements ayant évolué de la galère légère à la galéasse et au vaisseau de 74 canons.
Les Temps modernes
15Depuis le début du xvie siècle [23], les nouvelles puissances maritimes, Angleterre et Hollande, étaient présentes en Méditerranée où elles avaient conclu avec la Porte des traités de commerce et où dès lors, elles multiplièrent les intrusions de vaisseaux de guerre. À la fin de la guerre de Candie (1645-1669), Venise se résolut à construire des vaisseaux de guerre. En 1667, l’Arsenal lançait son premier vaisseau armé de canons et dès lors, l’histoire de l’Arsenal fut celle d’une reconversion entraînée par l’incidence de la nouvelle production sur les structures internes des chantiers navals, la révision du système d’armement, et la résolution des « difficultés portuaires » auxquelles se heurtaient les nouveaux vaisseaux [24].
Les difficultés d’accès et les aménagements portuaires
16Pour adapter les chantiers couverts édifiés pour les galères aux dimensions des nouveaux vaisseaux, il aurait fallu creuser à 18 pieds les darses et les canaux de circulation, au risque de provoquer l’effondrement des voûtes. Pour ne pas avoir à envoyer les vaisseaux de guerre en carénage sur les chantiers hollandais, on invita le mathématicien Zendrini à étudier la question. En attendant, et jusqu’à la fin du xviie et durant tout le xvie siècle, Venise resta fidèle à la méthode traditionnelle du « sbando all’acqua » représentée par Vittore Carpaccio dans ses Histoires de sainte Ursule. En 1793 l’amiral de l’Arsenal, Piero Peretti, présenta bien un projet de construction d’un bassin de radoub à écluses conçu pour les vaisseaux de guerre [25], mais ce projet ne fut pas adopté en raison des multiples problèmes générés par les vaisseaux de guerre : ainsi, le 30 avril 1793 l’amiral faisait procéder au lancement du navire de premier rang Vulcano à marée haute. La manœuvre se déroula initialement comme prévu dans le rio de l’Arsenal, mais arrivé à hauteur des fours publics, le navire se retrouva bloqué.
17On l’allégea en débarquant les boulets et on détruisit une partie de la fondamenta ; le 23 mai un second navire, Medea, éprouva des difficultés semblables et il fallut le reconduire à l’Arsenal.
18Élargir le canal était certes possible, mais cela ne résolvait pas la difficulté la plus grave, celle des fonds, de la hauteur d’eau. James Richard, sergent général de l’artillerie vénitienne à la fin du xviie siècle, avait déjà souligné en 1704 que « le manque d’eau dans les canaux de l’Arsenal interdit de donner le sesto, la profondeur sous l’eau aux navires comme on [le] fait aux bateaux anglais ». Et il ajoutait : ils ont déjà « à peine assez d’eau à la pleine mer, quand survient le maigre ; ils sont posés sur la quille et le corps et les parties externes sont soulevés ».
19On recourut à divers expédients comme d’installer le château ou gaillard d’avant une fois le navire lancé à l’eau, d’adapter les proportions du bateau aux difficultés des fonds lagunaires, ce qui du reste s’était toujours fait et conférait aux bateaux de commerce vénitien une silhouette pataude [26]. La configuration des passes et des chenaux [27] imposait aux navires vénitiens en matière de tirant d’eau et de profondeur de cale certaines caractéristiques peu en harmonie avec les qualités nautiques requises pour des vaisseaux. Ceci était un problème récurrent dans l’histoire de l’Arsenal. Déjà en 1422, le Sénat avait autorisé les patrons de l’Arsenal à entreprendre la construction de deux coques de 1 200 botti à deux ponts, donc des navires de combat rapides, destinés à assurer la sécurité des navires désarmés contre les pirates en recommandant « qu’elles soient faites de telle manière et selon telles dispositions qu’elles puissent entrer et sortir par notre port [28] ». À la fin du xvie siècle, le vice-proto des charpentiers de l’Arsenal étudiait les moyens de « faire des vaisseaux de grande portée et de peu de tirant d’eau (di poco pescare) pour sortir chargés du port de Venise [29] ». En 1686, on se demandait comment procéder car pour bien porter la voilure, il fallait fortement lester les navires. Mais avec le poids de leur artillerie, ceux-ci devenaient tellement chargés qu’il fallait alors retirer les batteries et fermer les sabords. Et même alors, certains navires, malgré leur lest, ne pouvaient porter la voilure [30].
20Pour faire passer les navires entre les rives empierrées du rio de l’Arsenal, on envisagea même de réduire la « bocca », c’est-à-dire la largeur du vaisseau, au risque de bouleverser toutes les proportions à présent dictées par le nombre de canons embarqués et donc par le rang du navire.
21Au début du xvie siècle, les façons de procéder à l’armement des navires de premier rang s’adaptèrent : les vaisseaux sortaient mâtés de la darse de l’Arsenal nuovo et allaient jeter l’ancre dans le bassin de San Marco où ils recevaient le complément de leur équipement de base et quelques vivres. Ils se dirigeaient alors vers le port de Malamocco, séjournaient dans le canal Spignon en compagnie de toute une flottille de bateaux de service, des trabacoli, qui leur apportaient les vivres, et les pièces de rechange. Puis les navires passaient le port et s’ancraient en rade à 6-8 milles au large où d’autres bâtiments de transport complétaient le chargement, avec l’artillerie, les munitions, les vivres et tout le nécessaire à une campagne navale. Pour faciliter ces opérations, on avait construit un entrepôt (tezone) sur l’île de Poveglia. L’armement complet d’un vaisseau de guerre sorti de l’arsenal se déroulait donc en trois phases, et avec lenteur. Le représentant français Pierre-Alexandre Forfait écrivait en 1798 qu’un port qui n’avait pas 25 pieds d’eau et au moins 30 pieds en rade ne pouvait plus disposer d’une marine capable de rivaliser avec les marines anglaise, française ou espagnole. Or Venise ne pouvait faire sortir de l’Arsenal vers le port de Malamocco que des vaisseaux de 13 pieds, et de Malamocco aux rades du Piave et du Po ne passaient que des vaisseaux de 14 pieds et demi, alors que les plus petites frégates françaises tiraient 16 pieds… L’Arsenal ne pouvait donc construire que des corvettes et autres bâtiments bas de faible tirant d’eau. Si l’on voulait créer des arsenaux répondant à ces critères modernes, il fallait les construire en Istrie ou en Dalmatie « où on dit qu’il y a beaucoup de fond [31] ».
22Et pourtant les ingénieurs français des Ponts et Chaussées dépêchés sur place en 1806 conclurent que l’Arsenal de Venise pouvait être agrandi et donc offrir de belles possibilités à la marine impériale. Les travaux d’amélioration afin de rendre les installations compatibles avec les exigences de la marine française furent confiés un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées transféré de Toulon. Ce dernier décida que : les activités de chantier seraient réglées sur le modèle français et orientées vers la construction de vaisseaux de 74 canons dans la darse nuovissima mise aux nouvelles normes, notamment par le remplacement de douze chantiers du xvie siècle par cinq cales en pierre ; les unités de guerre sortiraient directement dans la lagune ; le port de Malamocco serait la sortie exclusive sur la mer. En 1813, ces travaux, pourtant entrepris immédiatement, n’étaient pas achevés : seule une porte (sur le côté oriental de la darsena nuovissima), avait été ouverte, flanquée d’une tour néogothique destinée à mâter les navires (les machines ne furent installées qu’en 1826 [32]), et un nouveau canal, le Canal franco la relia au canal des marani, les navires de guerre arrivant ainsi directement au croisement des canaux de S. Marco et Orfano avant d’emprunter ceux qui menaient au port de Malamocco : il fallut porter ces canaux par dragage au gabarit de 5,50 m sous le niveau moyen de la mer, et les déblais de ce chantier furent utilisés pour agrandir et remblayer l’île de Poveglia prévue comme lieu de services et de petites réparations.
Cette ouverture de la Porta nuova imprima une rotation à 90° de l’axe de développement de l’Arsenal et relégua l’Arsenal vecchio à un rôle administratif et de représentation : l’Arsenal tournait désormais le dos au bassin de S. Marco. À l’intérieur de la passe de Malamocco, on avait prévu pour le stationnement des vaisseaux de creuser un bassin protégé par les forts d’Alberoni et de S. Pietro ; il fallait aussi construire une nouvelle digue en mer à Alberoni pour libérer le port de Malamocco des bancs de sable et garantir un accès aux navires de 74 canons. Tous ces travaux de longue haleine (qui reprirent avec les Autrichiens en 1827) maintinrent en activité les cammelli [33] qui soulevaient les navires de 74 canons et leur faisaient passer le port.
À l’Arsenal même, pour cette mise aux normes, on abattit neuf ateliers couverts et on les remplaça par quatre chantiers découverts aptes à la construction de vaisseaux de 74 et 80 canons. On projetait aussi d’aménager un bassin de carénage « à la manière de Toulon » sur les bas-fonds à la sortie de la « porte neuve », en face de l’île du monastère de S. Maria delle Vergini. D’autres aménagements suivirent qui achevèrent d’adapter l’antique arsenal des galères aux nouveaux besoins opérationnels de la marine française. Les Autrichiens, maîtres de Trieste, ne firent que conduire à leur terme les travaux commencés par les Français, afin de rendre cohérent un mécanisme productif à finalité militaire. Ce changement d’échelle entraÎna de facto la séparation des activités : la construction de vaisseaux de guerre à l’Arsenal fut déconnectée des activités portuaires, elles-mêmes bientôt transférées du bassin de S. Marco à la Stazione marittima à proximité des voies ferrées à l’ouest de la ville et à Marghera au xxe siècle.
L’époque contemporaine
23Quand le royaume d’Italie entreprit, à la fin du xixe siècle, de doter sa marine de vaisseaux de guerre à vapeur et en acier, il s’agissait de construire des navires mesurant plus de 100 m de long, quelquefois 120 m. La darsena nuovissima avait une largeur de 130 m pour une longueur de 300 m. En creusant l’isolotto qui la séparait de la darsena nuova, on obtenait un bassin d’une largeur de 230 m. Et il fallait aussi faire les cales, d’une longueur de 100 à 120 m. L’ingénieur général Domenico Chiodo envisageait de détruire l’enceinte, de dévier le canal des Fondamente Nuove, de combler la lagune et de creuser les cales directement sur le canal des Marani… Son projet, trop coûteux, fut repoussé. En 1870 fut adopté un autre projet : enterrer une zone lagunaire au nord-est de la Porta Nuova après avoir détourné le canal des Fondamente Nuove dont l’ancien lit, recreusé, offrirait un second bassin de carénage de 90 m, tandis qu’un plus vaste, de 160 m, serait aménagé sur les bas-fonds lagunaires (l’existence du caranto, couche argileuse imperméable à – 8 m, sur laquelle reposent les alluvions et les eaux salées lagunaires, interdisait de creuser à plus de 7,50 m). La course aux armements maritimes incita le ministère de la Marine à installer un troisième bassin de carénage de 240 m sur 47 durant la Première Guerre mondiale [34]. En 1870 enfin, l’île des Vierges avait été réunie au périmètre de l’Arsenal par comblement du rio della Guerra. L’ensemble des travaux [35] avait porté la superficie de l’Arsenal à 461 800 m2. Toutes les nouvelles installations furent enfermées dans un périmètre de murs et de petites tours néogothiques, un pastiche qui faisait alors florès à Venise et dans toute l’Europe. Ce choix du néogothique eut pour effet d’intégrer dans le paysage lagunaire et urbain les bassins de radoub située extra moenia à l’Arsenal infra moenia et de faire de toute cette zone une « citadelle murée de la construction navale [36] », un secteur à part et secret.
Arrêt de l’activité ou survie
24Dans la seconde moitié du xxe siècle, l’Arsenal cessa progressivement son activité. La main-d’œuvre y avait fondu de moitié en dix ans, de 5 000 travailleurs à 2 700 en 1951, puis à 2 244 en janvier 1957, ce qui, aux dires de l’amiral commandant la place maritime, répondait « à l’intention des directives gouvernementales de favoriser l’initiative privée, en particulier à Venise, le pôle industriel renaissant de Marghera, par un transfert de personnel vers les nouvelles structures [37] ». En octobre 1957 l’Arsenal passa sous administration de la marine militaire qui conserva provisoirement 800 travailleurs. L’abandon en douceur des activités productives (départs anticipés à la retraite, déqualification des maistrances, arrêt de l’embauche) eut de néfastes conséquences car, pendant des siècles, l’Arsenal, le plus grand chantier de la cité, avait employé une nombreuse main-d’œuvre établie dans la ville. Sa réduction aux seules activités militaires et, en corollaire, son entrée désormais interdite aux résidents vénitiens, l’interdiction d’y faire passer les vaporetti [38], malgré l’ouverture en 1964 d’une porte au nord du bassin des galéasses, l’allongement considérable des temps de parcours qui s’ensuivit, ont transformé l’Arsenal en un corps étranger sur lequel la Commune de Venise n’avait plus aucun moyen d’intervention et de décision. Le problème se pose aujourd’hui : que faire de l’Arsenal de Venise ? Le patrimoine monumental fait l’objet de restaurations conduites par la Soprin-tendenza per i beni ambientali e architettonici di Venezia, ce qui marque une rupture avec un passé récent de dégradations et d’abandon ruineux. Comment intégrer l’Arsenal à la vie de la cité ? La Biennale d’Arte moderna a aménagé la corderie de La Tana en pavillons d’exposition qui attirent un public nombreux. Le Magistrato alle acque et le Consorzio Venezia Nuova ont contribué à l’installation d’activités de technologie marine et environnementale (société Thétis), de laboratoires du cnr (Centro Nazionale delle Ricerche) et du Centre de Prévision des Marées. Récemment (2007), on y voyait en construction quatre gigantesques tours métalliques qui seraient des mooring dolphins destinés à l’usine de gazéification de Rovigo dans le Polésine. Les Domaines ont consigné au Consorzio Venezia Nuova 112 000 m2 pour y développer les activités de manutention du Mose et la gestion de l’ensemble du système lagunaire de protection. L’Arsenal aurait renoué avec l’ingénierie hydraulique et contribuerait à la sauvegarde de Venise et de sa lagune et à la protection d’un écosystème unique au monde. L’emploi serait ainsi passé de 25 à 450 travailleurs de 1997 à 2007, mais le secteur favorisé par cette forte reprise est celui des Bassins opportunément appelé « Arsenal nord » qui est en réalité un corps étranger à l’Arsenal de la République.
Sources et bibliographie
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- Bellavitis Giorgio, L’arsenale du Venezia. Storia di una grande struttura urbana, Venezia, 1983 et 20092.
- Caniato Giovanni, L’Arte dei remèri. I 700 anni dello statuto dei costruttori di remi, Vérone, 2007.
- Casoni Giovanni, Guida per l’Arsenale di Venezia, Venise, 1829.
- Cessi Roberto, Deliberazioni del Maggior Consiglio di Venezia, 3 vol., Bologne, 1931-1950.
- Concina Ennio, La Macchina territoriale. La progettazione territoriale nel Cinquecento Veneto, Rome-Bari, 1983.
- Concina Ennio, L’Arsenale della Repubblica di Venezia. Techniche e istituzioni dal Medioevo all’età moderna, Milan (nouvelle édition augmentée, Milan, 2006).
- Concina Ennio, « Venezia: arsenale, spazio urbano, spazio marittimo. L’età del primate e l’età del confronto », p. 11-32, in Idem (ed.), Arsenali e città nell’Occidente europeo, Rome, 1987.
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- Hocquet Jean-Claude, Venise et la mer, xiie-xviiie siècle, Paris, Fayard, 2006.
- Hocquet Jean-Claude, « The System of Trade/Le Système commercial de Venise/Il sistema del commercio veneziano », in Giandomenico Romanelli (ed.), Dogana da mar. La punta dell’arte, Milan, 2010, p. 176-235.
- Hocquet Jean-Claude, Venise et le monopole du sel. Production, commerce et finance d’une République marchande (xe-xviie siècles), 2 vol., Paris et Venise, 2010.
- Lane Frédéric, Navires et constructeurs à Venise pendant la Renaissance, Paris, 1965.
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- Reberschak Maurizio, « Dalla ricostruzione al problema di Venezia », in Storia di Venezia, L’Ottocento e il Novecento, III, Rome, 2002, p. 2225-2278.
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- Tenenti Alberto et Tucci Ugo, « II mare », Storia, Encyclopedia italiana, Rome, 1992, vol. 12.
Notes
-
[1]
Giorgio Bellavitis, 2009.
-
[2]
Michela Agazzi, p. 79.
-
[3]
Giogio Bellavitis, p. 20-21.
-
[4]
Ennio Concina, 1987, p. 11, signale l’existence jusqu’au cœur du xvie siècle d’arsenaux privés qui désignaient des espaces clos par une palissade où l’on tirait à couvert les barques, ou qui servaient de dépôt de matériaux. Cette fonction de dépôt prévalait dans l’acception du mot « arsenal ».
-
[5]
Jean-Claude Hocquet (2003), p. 88.
-
[6]
Roberto Cessi, I, p. 244, doc. X (ad patronos arsenatus, quod quando habent sex magistros, unus supersit laboreriis).
-
[7]
Ces magasins étaient aménagés près des antiques salines disparues.
-
[8]
Jean-Claude Hocquet (20101).
-
[9]
L’ingénieur et architecte Michele de Sanmicheli de Vérone a laissé une description précise du port, des scanni (bancs de sable) et des forts qu’il a inspectés en compagnie des « sages et exécuteurs aux eaux » en 1535 (Ennio Concina (1983), p. 116-117).
-
[10]
Giorgio Bellavitis, p. 143.
-
[11]
Giorgio Bellavitis, p. 91.
-
[12]
Giorgio Bellavitis p. 109 ; Hocquet (2010), p. 44.
-
[13]
Giorgio Bellavitis, p. 121.
-
[14]
Giovanni Caniato.
-
[15]
Giovanni Caniato, p. 134.
-
[16]
À raison, en ce qui concerne l’artillerie, de 13 pièces par galère légère et de 32 pour les galées.
-
[17]
Giovanni Caniato, p. 170.
-
[18]
Ennio Concina (1987), p. 13.
-
[19]
Avec entre autres matériels : 500 seaux cerclés de cuivre pour puiser l’eau, 20 pompes « de la sorte qui se fait nouvellement à l’Arsenal », « 100 madriers courbes de chêne à faire les roues (rode), pour les édifices à puiser les eaux dans les salins », 3 000 planches de mélèze de bonne facture, 100 madriers de chantier naval, 10 000 planches de pin et 50 « clés » du type de celles qui soutiennent le pont du navire.
-
[20]
Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 549.
-
[21]
Ces chantiers achevèrent de disparaître sous la seconde occupation française. Ils avaient maintenu une activité industrielle et maritime privée jusqu’alors, mais l’empereur Napoléon fit détruire le quartier et les églises de s. Domenego, s. Nicolò di Castello et s. Antonio pour installer les Jardins. De même il fit enterrer le rio de s. Anna (future via Garibaldi) pour créer un parcours piétonnier continu de s. Marco à s. Pietro di Castello.
-
[22]
Ennio Concina (1987), p. 22.
-
[23]
Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 613.
-
[24]
Ennio Concina (1987), p. 23.
-
[25]
Pour la description de cet ambitieux projet, ibidem, p. 24.
-
[26]
Le profil de la lagune suffit à expliquer le succès de la marciliane (Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 581) et obligea Venise à vendre à l’étranger en 1305 trois nefs trop grandes pour son port, nimis magne pro portu Veneciarum (ibidem, p. 577). De même la pratique généralisée de l’allègement dans les avant-ports de l’Istrie et une nouvelle fois en rade était une contrainte imposée par la faiblesse des profondeurs.
-
[27]
Le manuel édité par Ornella Pittarelllo décrit minutieusement les pièges et les repères (amers) pour les éviter sur les canaux qui conduisaient la galée du bassin de San Marco au port de San Nicolò (p. 153-4, Questo sie quello, zoè l’intrata del porto da Veniexia, zoè segnalli per la fossia et per saver sempre quando serai sora la fossia).
-
[28]
asv, Senato Misti, reg. 54, c. 64r (cité par Jean-Claude Hocquet (20102), I, p. 585).
-
[29]
Ennio Concina (1987), p. 25.
-
[30]
Ibidem.
-
[31]
Ennio Concina (1987), p. 26.
-
[32]
Dans le domaine hanséatique, l’existence de grues pour implanter les mâts est attestée à Danzig (1444), à Brême (au fronton de la plus haute maison sur l’eau dans la zone des chantiers navals), et à Cologne.
-
[33]
Ce fut le père Vincenzo Maria Coronelli, cosmographe public de la Sérénissime, qui, visitant Amsterdam en 1696, observa que les Hollandais utilisaient de grands caissons vides, au profil modelé sur la quille des vaisseaux pour les soulever et leur faire passer les bas-fonds. Ces caissons, appelés « chameaux », étaient remplis d’eau, placés sous la quille, puis vidés à l’aide de pompes : en 1718, le vaisseau de 1er rang de 74 canons, l’Aquila Valiera (deux doges Valier se succédèrent autour de l’année 1700, voir leur monument funèbre à Ss. Giovanni et Paolo) lancé en 1698 put gagner le port de Malamocco en 1718. Un autre vaisseau de 74 canons, La Fenice, eut moins de chance, il s’échoua le 1er avril 1783 sur la bocca del porto de Malamocco et il fallut plus de trois ans pour le renflouer (Bellavitis, p. 160).
-
[34]
Le creusement de ce nouveau bassin imposa un nouveau déplacement du canal des Fondamenta nuove, achevé en 1910, le creusement du bassin à – 20 m (le caranto était à cet endroit à – 21, – 22,5 m), le travail était achevé le 24 juillet 1917.
-
[35]
Ibidem, p. 228 et 238.
-
[36]
Selon le mot de Patrizio Cuccioletta, président du Magistrato alle acque, auteur de la préface « Un nuovo inizio » à la réédition de l’ouvrage de Bellavitis.
-
[37]
Maurizio Reberschak, p. 2248, cite ces propos rapportés par Marino Buracchia, p. 253.
-
[38]
Les vaporetti relient le bassin de S. Marco à la Lagune nord, à Murano, à Burano et à l’aéroport.