Notes
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[1]
Un ouvrage récent contribue à ce renouvellement, Christian Jouhaud, Les Pouvoirs de la littérature, Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000.
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[2]
Bremond Henri, L’Humanisme dévot, tome I de l’Histoire littéraire du sentiment religieux en France, depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, Bloud et Gay, 1916.
-
[3]
Nous noterons sur ce point l’apport de la journée d’études de Lyon, du 14 janvier 2006, Les écoles de pensée religieuse à l’époque moderne, actes réunis par Yves Krumenacker et Laurent Thirouin, resea, larhra-umr 5190 Lyon 2006.
-
[4]
Voir plus généralement sur cette question le livre de Bernard Beugnot, Le Discours de la retraite au xviie siècle. Loin du monde et du bruit, Paris, puf, 1996.
-
[5]
Diversites, Tome VI, Livre XXI, Chapitre IV, p. 621-716, « Conference des vies champestre et civile », Lyon, J. Pillehotte, 1610.
-
[6]
L’Esprit du Bienheureux François de Sales, Tome II, Partie IV, Sections XXVI et XXVII, Paris, G. Alliot, 1640.
-
[7]
Diversites, Tome VI, Livre XXI, Chapitre IV, p. 621-716, « Conference des vies champestre et civile », Lyon, J. Pillehotte, 1610.
-
[8]
Les Diversites de Messire Jean-Pierre Camus, Évesque et Seigneur de Belley, t. I, Paris, Cl. Chappelet, 1609.
-
[9]
Acheminement à la Devotion civile, Toulouse, R. Colomiez, 1624.
-
[10]
François de Sales, Introduction à la Vie devote, Lyon, P. Rigaud, 1609.
-
[11]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
-
[12]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
-
[13]
Dans la Troisième partie, chapitre XXIV de l’Introduction à la vie devote, « Des conversations et de la solitude ».
-
[14]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
-
[15]
Ibid, Livre IV, Chapitre III, « Des pelerinages », et Chapitre IV, « Des processions ».
-
[16]
Ibid, Livre II, Chapitres XII et XIV, « Des aspirations », « Du recueillement interieur », « Des retraites spirituelles ».
-
[17]
Ibid, Livre I, Chapitre XVIII, « Ce que c’est proprement que Devotion civile », p. 129-130.
-
[18]
Ibid., Livre I, Chapitre XVIII, « Ce que c’est proprement que Devotion civile », p. 129-130.
-
[19]
Ibid., Livre I, Chapitre XIV « Grandeur et beaute de la vraie Devotion » et Chapitre XV « Distinction de la Devotion en religieuse et civile ».
-
[20]
Emmanuel Bury, Littérature et politesse. L’invention de l’honnête homme 1580-1750, Paris, puf, 1996.
-
[21]
Charles Sorel, De la Connaissance des bons livres ou Examen de plusieurs auteurs, Chapitre IV « Conclusion de la censure des romans », Paris, Pralard, 1671, p. 155 : « Nous lui avons ouï declarer que ce qui l’avait principalement excite à cela, c’estait que le Bienheureux François de Sales, son père d’alliance, lui avait déclare que dans sa jeunesse il avait eu un pareil dessein, mais qu’estant alors appele à d’autres fonctions, il se deschargeait de ce fardeau entre ses mains. Cet emploi fust librement accepte, et celui qui l’entreprit s’en acquitta comme on l’a vu au gre de beaucoup de gens, et avec quelque fruit. »
-
[22]
L’Esprit du Bienheureux François de Sales, Tome II, Partie V, Section XVI, Paris, G. Aliot, 1640.
-
[23]
Voir aussi Jean-Pierre Van Elslande, L’Imaginaire pastoral du xviie siècle, Paris, puf, 1999.
-
[24]
Les Événements singuliers, « Preface », Lyon, J. Caffin et F. Pleignard, 1628.
-
[25]
Arnauld d’Andilly, Vies des Saints Peres des deserts, « Discours sur ces Vies », éd. 1647, t. I, p. 66-67, bn H3978.
-
[26]
Pierre Nicole, Les Imaginaires et les Visionnaires. Traite de la foi humaine, Liège, Adolphe Beyers, 1667. Voir notamment l’édition critique de Laurent Thirouin, Pierre Nicole, Traité de la comédie et autres pièces d’un procès du théâtre, Paris, Champion, 1998. Voir aussi l’édition critique de Béatrice Guion, Pierre Nicole, La Vraie Beauté et son fantôme et autres textes d’esthétique, Paris, Champion, 1996. La condamnation de l’imagination par Port-Royal est largement analysée dans le livre de Laurent Thirouin, L’Aveuglement salutaire. Le réquisitoire contre le théâtre dans la France classique, Paris, rééd. Champion, 2007.
-
[27]
Petronille, Accident pitoyable de nos jours, cause d’une vocation religieuse, « Livre premier », Lyon, J. Gaudion, 1626, p. 21-22.
-
[28]
Révérend Père Pierre Coton, Sermons sur les principales et plus difficiles matières de la Foi, reduits par lui-mesme en forme de Meditations, Paris, S. Huré, 1617.
-
[29]
Agathonphile ou les Martyrs siciliens, Agathon, Triphyne et leurs associes. Suivi de l’« Éloge des Histoires devotes », Paris, Cl. Chappelet, 1621.
-
[30]
Diversites, t. IX, « Traite des passions de l’ame », Paris, Cl. Chappelet, 1614.
-
[31]
Voir Sylvie Robic, Le Salut par l’excès. Jean-Pierre Camus, la poétique d’un évêque romancier, Paris, Champion, 1999.
-
[32]
Diversites, t. IX, Livre XXXI, Chapitre IV, « De l’indifference des passions ».
-
[33]
Ibid.
-
[34]
Le Cleoreste, Histoire française espagnole, suivi de la « Defense de Cleoreste », Lyon, A. Chard, 1626.
-
[35]
Aristandre, Histoire germanique, suivie de la « Lettre de Clitophon à Chrysante », Lyon, J. Gaudion, 1624.
-
[36]
Petronille, accident pitoyable de nos jours, cause d’une vocation religieuse, suivie d’un « Dilude », Lyon, J. Gaudion, 1626.
-
[37]
« Defense de Cleoreste », p. 756-757 : « Dans les chaleurs de ce dernier mois d’aout, j’estais alle aux bains sulfureux et alumineux qui sont à Aix en Savoie, bourgade qui n’est esloignee de mon diocese que de deux lieues, pour quelques incommodites qui me menacent (…). Apres les exercices de piete (laquelle est utile à tous comme dit l’Apostre) qui faisaient l’entree du jour, chacun s’estudiait à charmer ses maux particuliers, le travail des eaux et des bains et les facheuses prises des medecines, par des conversations, des entretiens, des recreations et des divertissements honnestes. »
-
[38]
L’Alexis, où sous la suite de divers pelerinages sont deduites plusieurs Histoires tant anciennes que nouvelles, remplies d’enseignements de piete, t. VI, Paris, Cl. Chappelet, 1623, p. 34-35 : « (…) c’estaient des Amadis, des Romans, des Bergeries, des ramas d’histoires estranges, entre lesquels il me souvient que le Roland de l’Arioste mis en prose et l’autre Jerusalem du Tasse, faite française de la mesme façon, me mirent dans le goust de cette sorte d’amusement si conforme à mon age. »
-
[39]
« Defense de Cleoreste », p. 727.
-
[40]
La pieuse Julie, Histoire parisienne, « Dessert au Lecteur », p. 562.
-
[41]
Baronius, Annales ecclesiastici, 12 vol, ex typ. Congragationis Oratorii, Rome, 1593-1607. Roberto Bellarmino, De officio principis christiani libri tres, apud J. Kinchium, 1619.
-
[42]
Louis Richeome, Le Pelerin de Lorette, Bordeaux, S. Millzanges, 1604.
-
[43]
La pieuse Julie, Histoire parisienne, « Dessert au lecteur », p. 562-563.
-
[44]
Nicolas Caussin, La Cour sainte ou Institution chrestienne des Grands, avec les exemples de ceux qui dans les Cours ont fleuri dans la Saintete, Paris, Cl. Chappelet, 1624.
-
[45]
Les Relations morales, « Preface », Paris, J. Cottereau, 1631.
-
[46]
Les Relations morales, « Preface ».
-
[47]
Les Évenements singuliers, « Preface », Lyon, J. Caffin et F. Pleignard, 1628. Les Tapisseries historiques, « Preambule », Paris, M. Durand, 1644.
-
[48]
Charles Sorel, L’Anti-Roman ou l’Histoire du berger Lysis, accompagnee de ses remarques par Jean de La Lande, Paris, T. Du Bray, 1633.
-
[49]
Les Occurrences remarquables, « Preface », Paris, J. Moreau, 1628.
-
[50]
« Defense de Cleoreste », p. 697.
-
[51]
« Defense de Cleoreste », p. 780.
-
[52]
La pieuse Julie, « Dessert au Lecteur », p. 530-531.
-
[53]
Norbert Élias, La Société de Cour, 1975, réédition Paris, Flammarion 1985, préface de Roger Chartier.
1S’intéresser à l’œuvre de Jean-Pierre Camus, c’est aussi réévaluer, à travers elle, cette littérature d’un « premier » xviie siècle, encore largement méconnue ou mal aimée, notamment parce que nous nous obstinons à la lire avec des valeurs d’après-coup et depuis une vision laïque de l’histoire littéraire [1]. Évêque, prédicateur, auteur spirituel, Camus n’en est pas moins romancier et nouvelliste, à l’instar de plusieurs de ses contemporains, hommes d’église écrivains. Ce double engagement leur assigne une place singulière, trop longtemps négligée, dans le champ littéraire alors en constitution. Il convient, dans le prolongement des travaux de l’abbé Bremond [2], et à travers l’exemple spécifique de Jean-Pierre Camus, de reconsidérer le rôle joué, pour la littérature, par ces « humanistes dévots », défenseurs de l’homme chrétien dans le monde et d’une adaptation de la foi aux valeurs nouvelles de sociabilité [3].
Agir dans le monde
2Dès 1609 et son installation à Belley, Camus a clairement fait sien ce choix d’une vie chrétienne active. Au fil des différents volumes de ses Diversités, les évocations de la solitude religieuse, de la retraite hors du monde sont toujours négatives, associées à la misanthropie [4]. Ainsi sa « Conference des vies champestre et civile », au tome VI des Diversites [5], met-elle aux prises deux « pourparleurs », dont les prénoms, Urbin et Rustic, signalent d’entrée de jeu la tonalité allégorique mais aussi cocasse du propos. Urbin, premier à prendre la parole, reproche à Rustic, ancien homme du monde, d’avoir délaissé par vice ses activités dans le monde : « vous retirant aux champs sous pretexte d’une vie douce et tranquille, vous enfouissez le beau talent que vous avez reçu du Ciel, et couvrez sous ce specieux manteau de repos et fuite d’ambition et de gloire, la sombre laschete de votre faineantise. »
3Trente ans plus tard, dans L’Esprit du Bienheureux François de Sales, Camus racontera, dans un semblable registre comique, sa rencontre avec un « ascète assez chagrin » [6] à qui, comme Urbin à Rustic, il rappellera la nature sociable de l’être humain et donc, la nécessité, par nature, d’agir dans le monde. D’un texte à l’autre se déploie la même représentation dépréciative d’une solitude où l’être humain, livré au désœuvrement, ne peut que s’abîmer dans la mélancolie, la triste contemplation de soi, sans que cela favorise aucunement sa relation à Dieu :
(…) il semble qu’en ce monde nous devons contribuer au soulagement les uns aux autres, l’homme etant un animal sociable (…). C’est une brute stupidite de penser n’estre né que pour soy, nous nous devons en partie à l’autruy, autrement c’est estre un poids inutile de la terre [7].
5La faute commise par Rustic en s’éloignant de la société où il est né est présentée comme d’autant plus grave qu’il est cultivé, « né d’une race lettree, gentihomme de bonne part, nourri et instruit soigneusement aux bonnes lettres, imbu des sciences par une non legere teinture, en pleine ville ». Doté d’une solide culture, fervent lecteur de Montaigne, Camus exprime ici sa confiance dans les vertus formatrices et éducatives des « lettres », tant anciennes que modernes. Il est, sur ce point, parfaitement représentatif de cette génération d’écrivains religieux du début du xviie siècle qui se font la plus haute idée de la culture, sacrée et profane. Dans ses premiers textes que sont les Diversites, on voit aussi la rencontre avec François de Sales estomper puis éclipser l’admiration pour Montaigne. Très significativement, Camus inscrit, à l’orée du premier volume, un frontispice qui témoigne du passage d’une figure tutélaire à une autre, de celle, privée et profane, de Montaigne, à celle, publique et religieuse, de François de Sales :
Comme si Camus avait chassé, pour lui-même, la tentation du repli solitaire, narcissique, dans le cabinet des livres, au profit d’une inscription active dans le monde et le prosélytisme dévot.Cette consideration, après plusieurs autres, m’a fait resoudre de communiquer mes petits labeurs au public, pour servir le monde par escrit, comme je tasche de faire aussi en chaire de vive voix [8].
La « dévotion civile », héritage salésien
7En 1624, Camus se pose officiellement en disciple de François de Sales, en publiant un Acheminement à la Devotion civile [9] présenté comme la suite de l’Introduction à la vie devote [10] : « Il a comme secularise, s’il faut ainsi dire, la Devotion, et de fuyarde et sauvage qu’elle estait, il l’a rendue tellement apprivoisee, et domestique, qu’elle se range à la mercy de qui veut lui tendre la main et de qui veut la recevoir en sa maison. » [11] Sa propre définition de la dévotion est donc explicitement reprise à François de Sales : « La Devotion, dit-il en ce lieu-là, doit estre differemment exercee par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariee : et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la Devotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. » [12]
8L’originalité de sa réflexion consiste alors à reformuler cette vraie dévotion en « Devotion civile », formule qui n’apparaît qu’une seule fois chez son maître [13]. Sous la plume de Camus, l’adjectif « civil » est polysémique. Il s’oppose avant tout à « religieux » ou « ecclesiastique ». Ses synonymes sont « politique », « seculiere », « mondaine » mais Camus les emploie peu, « parce qu’ils me semblent avoir je ne sais quoi de decrie en terme de piété » [14]. Pour l’évêque de Belley, la dévotion n’est pas un état mais un mouvement, un élan. Son inscription dans la société des hommes n’est donc pas à ses yeux un affadissement ou une dégradation de la dévotion mais, au contraire, l’occasion, pour chaque homme, d’un accomplissement exigeant. Le traité de Camus prend bien soin de distinguer la « vraie devotion » de ses deux contrefaçons les plus fréquentes : une pure extériorité de la foi, réduite à la fréquentation des Sacrements, emportée dans la frénésie des pratiques [15] ; ou la pure intériorité mystique de la relation à Dieu [16].
9De même la civilité, qualité déterminante de la relation à autrui, a-t-elle sous sa plume une nature dynamique qui favorise son rapprochement avec la dévotion. L’une comme l’autre aident à réformer la conduite de la vie, et le texte de Camus décrit, plus qu’une simple analogie, presque une contamination réciproque de leurs caractéristiques : où, au contact de la dévotion, la civilité informe autant l’intériorité que l’apparence de l’homme. Et où, au contact de la civilité, la dévotion fait siens les principes de bienséance et d’agrément [17]. Toutes deux sont dites créatrices d’harmonie et procurent le sentiment du beau :
Et comme cette habitude [la Civilite ndlr] sait ranger en si bel ordre, et avec un tel temperament, les mouvements et les gestes du corps, le maintien et la contenance, les regards et l’action, les discours, et même les pensees ; de même la Devotion est une vertu qui repand son influence sur toutes les facultes interieures, qui donne le poids, le prix et le branle à toutes les bonnes habitudes rendant l’ame agreable à Bieu, comme la Civilite rend l’exterieur agreable aux hommes [18].
11Respectivement utilisés pour décrire la dévotion et la civilité, les chapitres XIV et XV du Livre I [19] développent des thèmes semblables, avec des constructions syntaxiques voisines, reprenant l’idée néoplatonicienne du lien entre le beau et le bien, mais la réengageant dans une optique fortement spirituelle. La réflexion camusienne paraît bien symptomatique de ce moment du début du siècle, analysé et théorisé par Emmanuel Bury dans Littérature et politesse [20], où civilité et dévotion, loin de préexister l’une à l’autre, se forment en même temps. En publiant L’Acheminement à la Devotion civile, l’évêque de Belley s’affirme donc comme le plus fidèle continuateur de la pastorale salésienne et pose aussi les bases de sa propre relation à la littérature de son temps.
Des Astrées dévotes
12Camus se met en effet à publier une multitude de livres qui enseignent pratiquement la dévotion : non seulement sous la forme de traités ou de petits manuels mais plus encore sous l’apparence de ces romans profanes qui remportent, à son époque, un très grand succès. Là encore, il s’inscrit dans la filiation de l’évêque de Genève, répandant le récit – la légende ? – d’une mission que lui aurait confié François de Sales. La légende s’est suffisamment propagée pour que Charles Sorel la mentionne dans De la Connaissance des bons livres [21]. Plus intéressante encore, l’anecdote, rapportée par Camus lui-même dans L’Esprit du Bienheureux François de Sales, où l’auteur de L’Astrée en personne, Honoré d’Urfé, par ailleurs proche de l’évêque de Genève, l’aurait encouragé à se lancer dans cette voie :
Outre le conseil de notre bienheureux Père, qui me donna, comme de la part de Dieu, la commission d’escrire des Histoires devotes, le bon seigneur (Honoré d’Urfé) n’eut pas peu de pouvoir, par ses persuasions, d’y animer mon ame, me protestant que s’il n’eust point ete de la condition dont il etoit, par une espece de reparation de son Astree, il se fust volontiers adonne à ce genre d’escrire, auquel il avait beaucoup de talent [22].
14« Par une espece de reparation de son Astree »… Cette formule est révélatrice de l’opinion de Camus sur la production romanesque de son époque, dont pourtant L’Astrée et la forme pastorale représenteraient l’expression la plus acceptable [23]. Dans sa préface aux Événements singuliers, en 1628, Camus défendait déjà son projet d’écrire des « Astrees devotes », pour « contrelutter, ou plutost contre-butter ces livres ou frivoles ou dangereux qui s’enveloppent tous sous ce nom de roman. » [24] Là où François de Sales se révélait lecteur indulgent voire enthousiaste de l’œuvre d’Honoré d’Urfé, son disciple se montre bien plus critique et bien plus pessimiste. On trouve, dans ses écrits, une condamnation des romans aussi virulente que celles, plus tardives et plus connues, d’hommes d’Église comme Arnauld d’Andilly, dans son Introduction aux Vies des saints Pères des déserts [25], ou Pierre Nicole dans sa célèbre diatribe de la première Visionnaire [26]. Au livre premier de Pétronille, en 1626, Camus n’hésite pas à vilipender
ces livres mondains et folastres, qui sont le jouet des cours et le poison des cœurs, (…) ces histoires fabuleuses et profanes, (…) ces romans inutiles et dangereux qui sous des paroles emmiellées cachent les fraudes, les artifices, les supercheries amoureuses, et apprennent ce que l’on devroit ignorer… [27]
16Bien sûr, Camus n’est pas le seul, dans ces années 1620-130, à condamner doublement la littérature romanesque, pour sa fausseté et son immoralité. Cette méfiance grandissante à l’égard des belles-lettres est à la fois religieuse et scientifique. En 1617, le Sixième Sermon sur les principales et plus difficiles matières de la Foi du Père Coton décrit Lucifer présentant les romans aux âmes chrétiennes et « la lecture des auteurs profanes, les Histoires tragiques, les Astrees, les Armides (…) qui chatouillent peu à peu la sensualite. » [28] Derrière l’image traditionnellement optimiste et conquérante, associée à cette première génération d’« humanistes dévots », se joue déjà une redéfinition de la littérature et de sa place dans l’éducation. Non seulement un certain nombre d’écrivains religieux aspirent à christianiser les belles- lettres mais, plus fondamentalement, en les considérant comme moralement et intellectuellement biaisées, ils remettent en cause l’idéal ancien d’une formation de l’homme par l’apprentissage lettré. On constate sur ce point une évolution de la position de Camus depuis les Diversités, et l’affirmation d’un point de vue de plus en plus personnel, à partir de la parution, en 1621, de la première de ses « Histoires dévotes », Agathonphile ou les martyrs siciliens [29].
17C’est vraisemblablement parce qu’il a lui-même publié, dès 1614, un Traité des passions de l’ame [30], que Camus est l’un de ceux qui perçoivent avec le plus d’acuité, comme le feront après lui les théoriciens de Port-Royal, le redoutable pouvoir du roman, aussi corrupteur que séducteur : parce qu’il est directement en prise sur les passions humaines, il s’insinue dans les âmes, touche directement les sens, en appelle à ce qu’il y a de plus insaisissable et de moins contrôlable dans la nature humaine. À partir de ce constat, le projet de l’évêque de Belley est donc risqué, mais simple : construire, en combinant les acquis des réflexions menées à la fois dans L’Acheminement à la devotion civile et dans le Traité des passions de l’ame, une paradoxale apologétique romanesque [31]. Pour aider son lecteur à déceler en lui ces « mauvaises passions », ces « affections eteintes », réveillées et exacerbées au contact des mauvais livres, Camus n’hésite pas à brosser un tableau extrêmement noir de la nature humaine, dans le constat de l’homme déchu, dont la nature fragile s’assujettit à la seule satisfaction de ses désirs.
Et dans l’homme, quel dereglement, l’entendement est tenebreux, la memoire confuse, la volonte courbee, la raison traversee. Mais c’est notamment en la partie inferieure et sensitive, où le ravage a ete le plus grand (…) de là vient cette rebellion tant celebre de la chair contre l’esprit, et ce conflit ordinaire que nous ressentons en nous, de là le dereglement et inordination de nos passions [32].
19Ce qui distingue pourtant sa position du pessimisme radical d’un Blaise Pascal ou d’un Pierre Nicole, c’est la croyance de l’évêque de Belley en un fond originellement neutre ou « indifférent » des passions. Ce « dereglement », cette « inordination » qu’il déplore en l’homme sont, selon lui, le fruit d’une société elle-même déréglée et non la manifestation d’une nature humaine par essence mauvaise.
Camus soutient l’idée que par leur nature dynamique mais, en soi, indifférente, réversible, les passions sont pour l’homme la base d’un possible élan vers Dieu. À l’aune de cette analyse des passions, dont le pessimisme n’exclut pas la croyance en une perfectibilité de la conduite humaine, Camus élabore son projet des « Histoires devotes » ainsi que sa théorie de la lecture. Les « Histoires dévotes » prétendent imiter les romans profanes à la mode, en reprendre les motifs et la rhétorique, mais avec un lecteur prévenu. C’est-à-dire mis en garde à de multiples reprises : à l’intérieur même des récits, par des interventions d’auteur, et plus encore sur leurs marges, par une multitude de préfaces et postfaces que Camus définit comme des « antidotes » ou des « contrepoisons » au venin immanquablement distillé par les romans. La principale originalité des récits de Camus réside sans doute là, dans ce double jeu, clairement présenté au lecteur, qui à la fois, utilise le pouvoir de séduction des romans et, en même temps, en dénonce, de manière obsessionnelle, les puissances mensongères, immorales, dangereuses. On ne trouve chez aucun autre écrivain contemporain une telle obstination du commentaire critique ou de l’autoanalyse. « Preludes », « diludes », « eloges », « defenses », constituent un corpus en soi et composent l’un des aspects les plus passionnants de l’œuvre de l’évêque de Belley.Les passions ne sont mauvaises qu’autant qu’elles ont un mauvais objet mais elles sont rendues bonnes par un bon [33].
Un rapport civil au lecteur
20Rédigées sur un ton amical, toujours bienveillant, les préfaces et postfaces, parfois aussi volumineuses que les Histoires dévotes elles-mêmes, prennent soin d’instaurer avec leurs lecteurs un constant rapport de civilité. Adepte de l’eutrapélie, Camus multiplie les clins d’œil, les anecdotes humoristiques qui, sans masquer l’intention didactique du propos, évite la culpabilisation. Eux-mêmes généralement construits sous une forme narrative, les péritextes des « Histoires devotes » présentent des figures de lecteurs accomplis, à valeur hautement exemplaire. Modèles de civilité, doubles idéaux du lecteur, ils miment dans les récits les activités et divertissements du monde – échanges épistolaires, conversations entre amis –, qui brouillent les frontières entre réel et fiction et favorisent d’autant plus l’identification : homme de lettres dans la « Defense de Cleoreste » à la suite de l’Histoire éponyme [34], courtisan converti à la lecture de Camus dans la « Lettre de Clitophon à Chrysante » à la suite d’Aristandre [35], ou l’inconditionnelle lectrice de romans, figure déclinée à plusieurs reprises, notamment dans le « Dilude » qui suit Petronille [36] et dans un autre passage de la « Defense de Cleoreste ». Dans ce dernier, l’auteur n’hésite pas à se mettre lui-même en scène, dans une situation d’oisiveté mondaine, « aux bains sulfureux et alumineux qui sont à Aix en Savoie » [37]. Au sein de cette « fort bonne compagnie », l’auteur fait la rencontre d’une femme, atteinte du mal apparemment incurable de la lecture des romans. Elle ne devra son salut qu’à des conversations avec le bon évêque et à la lecture de ses ouvrages. Pour convaincre le public de l’intérêt de ses « Histoires devotes », Camus imagine ainsi des fictions où ses livres circulent dans le monde, deviennent des objets de civilité, prétextes à des conversations et des échanges de lettres qui finissent toujours par parler en leur faveur et corriger les a priori à leur égard. Au sixième tome de L’Alexis, récit où abondent les points communs avec la jeunesse de l’évêque, le narrateur – son double presque avoué – raconte à son tour son amour enfantin des romans, pour faire sentir un auteur doté des mêmes penchants, des mêmes faiblesses et de la même culture que son lecteur [38]. Initié simultanément aux plaisirs de l’imagination et à ceux de la sensualité par une jeune cousine entreprenante qui aime ses lectures à voix haute, le narrateur d’Alexis prétend n’avoir dû son salut qu’à l’intervention d’un précepteur, substituant habilement aux romans une autre puissance captivante, celle de Dieu, en une exemplaire réversibilité des passions.
21Tout comme le récit de l’enfance d’Alexis, préludes et diludes tendent ainsi à leurs destinataires le miroir de leur propre éducation. Ils misent sur leur intelligence, leur capacité de distance pour prendre conscience de la dangerosité de certaines lectures, dans un climat de confiance, dans une prétendue égalité entre auteur et lecteur. Chez Camus, la civilité crée cette atmosphère de connivence sociale, esthétique et intellectuelle, sans être jamais une fin en soi. L’évolution structurelle des « Histoires devotes », qui passent, dans les années 1640, des narrations amples aux recueils d’Histoires brèves, prouve bien son désir de constamment s’adapter aux modes littéraires et culturelles, pour mieux toucher son lecteur.
22Cet accommodement aux manières du temps va de pair avec une constante revendication, chez Camus, de la modernité et nouveauté de son projet :
Je reconnais que ce dessein est nouveau, et qu’il le faut justifier par des raisons nouvelles, ce qui me rend si soigneux de mettre des Apologies, des Defenses, des Prefaces, des Avertissements, des Preludes, à la teste ou à l’issue de chacune de mes Histoires, pour oster tout sujet aux limaçons de la medisance, de repandre leur bave sur les feuilles que je produis [39].
24Certes il lui arrive de rappeler la tradition chrétienne de pastorale dans laquelle, à sa manière, il s’inscrit. Le « Dessert au Lecteur » de La pieuse Julie [40] cite les Apôtres, les prophètes de l’Ancien Testament, Les Pères de l’Église, saint Augustin et, chez ses presque contemporains, les cardinaux Baronius et Bellarmin [41]. Mais dans son souci d’écrire des histoires « particulières » pour les lecteurs de son temps, Camus se reconnaît un unique devancier, le Père Louis Richeome, dont Le Pèlerin de Lorette, paru en 1604 [42], contiendrait – mais seulement dans ses dernières pages – l’intuition du « fait historié » [43]. Il admet de même un seul imitateur, en la personne du Père Nicolas Caussin, dont La Cour sainte est publiée en 1624 [44]. Pourtant, alors qu’à ses yeux, Caussin use d’un « fonds ancien » ou de « nouvelles antiquités », l’évêque de Belley prétend raconter des « Histoires modernes », puisant « dans le fonds des actions humaines, qui nous sont si voisines, et dans les exemples qui tombent tous les jours sous nos yeux. » [45]
25Dans son choix de récits qui s’étendent « jusqu’aux occurrences particulières, et aux actions de ceux qui sont cachés dans la foule du monde » [46], Jean-Pierre Camus présente – et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes – un certain nombre d’affinités esthétiques et morales avec les auteurs contemporains d’« histoires comiques », Charles Sorel notamment. Au nom d’une conception providentialiste de l’Histoire où rien ne saurait surpasser la vérité du fait, tous deux emploient le terme « antiroman » : Camus, dans la « Préface » des Évenements singuliers et dans le « Préambule » des Tapisseries historiques [47], l’un de ses derniers titres ; Sorel dans sa réédition du Berger extravagant [48]. À l’inverse d’autres écrivains religieux, l’évêque de Belley prétend donc préférer, à la mémoire des livres (qu’il dissimule), le grand registre du monde et, au modèle savant, la simple culture d’un honnête homme : « C’est là le but de ce recueil de nouvelles Histoires, que j’ai tire du livre de mes pelerinages, des memoires de mes voyages et de la pratique du monde. » [49]
26C’est encore ce même esprit de civilité qui sert, dans les préfaces et postfaces, à justifier le recours – qui pourrait sembler surprenant – à des éléments de fiction. Les inventions romanesques, au sein des « Histoires devotes », ne sont jamais que des ornements pour adoucir la rudesse des faits et des vérités nues. Les métaphores vestimentaires (habillage, déguisement, ornement) et culinaires (sauce, sel, assaisonnement) sont les plus fréquentes pour dire l’instrumentalisation dévote de la fable, sa réduction à une forme de « politesse, d’elegance et d’invention » [50] : « (…) et puisque tant de mondains se perdent par la lecture des fables, j’essayais par une porte en apparence fabuleuse de faire entrer en leurs ames de véritables evenements, assaisonnes d’enseignements salutaires. » [51] Pour autant, Camus ne cherche pas à tromper son public, au contraire. Le dévoilement de ces procédés ou artifices d’écriture est justement un gage supplémentaire de la relation de confiance engagée entre auteur et lecteur, sur le mode de la franchise et de l’esprit critique :
À sa manière, le vaste projet des « Histoires devotes » témoigne bien de ce moment particulier de la pensée religieuse française où, au début du xviie siècle, a affleuré le désir de transformer la littérature en un nouveau pouvoir spirituel. La place de Camus, dans cette configuration, est singulière. Tout en étant sans doute l’auteur à en avoir poussé le plus loin l’expérimentation, il est aussi celui qui manifeste le plus lucidement la fragilité d’une telle entreprise. Toute son œuvre témoigne certes de cette volonté d’intériorisation et de contrôle des affects qui, selon Norbert Élias, caractérise le « procès de civilisation » [53] ou mouvement de civilité qui s’étend alors dans la société française. Cependant, ces préfaces et postfaces omniprésentes, qui veulent jouer la carte de la démystification, de la connivence intellectuelle, n’en sont pas moins de terribles aveux d’impuissance. Digues dressées aux alentours des « Histoires », elles trahissent surtout la conscience, chez l’auteur, de ce qu’il y a d’incontrôlable dans l’imagination, et d’irrésistible dans la force d’emportement du romanesque. Elles révèlent chez l’évêque de Belley, et malgré toute l’énergie déployée, l’intuition d’un reste, d’une résistance du plaisir lettré à toute instrumentalisation, serait-elle divine.Tu vois, Lecteur, avec combien de bonne foi et de sincérité je procède avec toi, puisque sans cet avertissement, plusieurs eussent pris cette adjonction pour une pièce de l’habit ou plutôt du corps de cette narration [52].
Notes
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[1]
Un ouvrage récent contribue à ce renouvellement, Christian Jouhaud, Les Pouvoirs de la littérature, Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000.
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[2]
Bremond Henri, L’Humanisme dévot, tome I de l’Histoire littéraire du sentiment religieux en France, depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, Bloud et Gay, 1916.
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[3]
Nous noterons sur ce point l’apport de la journée d’études de Lyon, du 14 janvier 2006, Les écoles de pensée religieuse à l’époque moderne, actes réunis par Yves Krumenacker et Laurent Thirouin, resea, larhra-umr 5190 Lyon 2006.
-
[4]
Voir plus généralement sur cette question le livre de Bernard Beugnot, Le Discours de la retraite au xviie siècle. Loin du monde et du bruit, Paris, puf, 1996.
-
[5]
Diversites, Tome VI, Livre XXI, Chapitre IV, p. 621-716, « Conference des vies champestre et civile », Lyon, J. Pillehotte, 1610.
-
[6]
L’Esprit du Bienheureux François de Sales, Tome II, Partie IV, Sections XXVI et XXVII, Paris, G. Alliot, 1640.
-
[7]
Diversites, Tome VI, Livre XXI, Chapitre IV, p. 621-716, « Conference des vies champestre et civile », Lyon, J. Pillehotte, 1610.
-
[8]
Les Diversites de Messire Jean-Pierre Camus, Évesque et Seigneur de Belley, t. I, Paris, Cl. Chappelet, 1609.
-
[9]
Acheminement à la Devotion civile, Toulouse, R. Colomiez, 1624.
-
[10]
François de Sales, Introduction à la Vie devote, Lyon, P. Rigaud, 1609.
-
[11]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
-
[12]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
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[13]
Dans la Troisième partie, chapitre XXIV de l’Introduction à la vie devote, « Des conversations et de la solitude ».
-
[14]
Acheminement à la Devotion civile, « Preface ».
-
[15]
Ibid, Livre IV, Chapitre III, « Des pelerinages », et Chapitre IV, « Des processions ».
-
[16]
Ibid, Livre II, Chapitres XII et XIV, « Des aspirations », « Du recueillement interieur », « Des retraites spirituelles ».
-
[17]
Ibid, Livre I, Chapitre XVIII, « Ce que c’est proprement que Devotion civile », p. 129-130.
-
[18]
Ibid., Livre I, Chapitre XVIII, « Ce que c’est proprement que Devotion civile », p. 129-130.
-
[19]
Ibid., Livre I, Chapitre XIV « Grandeur et beaute de la vraie Devotion » et Chapitre XV « Distinction de la Devotion en religieuse et civile ».
-
[20]
Emmanuel Bury, Littérature et politesse. L’invention de l’honnête homme 1580-1750, Paris, puf, 1996.
-
[21]
Charles Sorel, De la Connaissance des bons livres ou Examen de plusieurs auteurs, Chapitre IV « Conclusion de la censure des romans », Paris, Pralard, 1671, p. 155 : « Nous lui avons ouï declarer que ce qui l’avait principalement excite à cela, c’estait que le Bienheureux François de Sales, son père d’alliance, lui avait déclare que dans sa jeunesse il avait eu un pareil dessein, mais qu’estant alors appele à d’autres fonctions, il se deschargeait de ce fardeau entre ses mains. Cet emploi fust librement accepte, et celui qui l’entreprit s’en acquitta comme on l’a vu au gre de beaucoup de gens, et avec quelque fruit. »
-
[22]
L’Esprit du Bienheureux François de Sales, Tome II, Partie V, Section XVI, Paris, G. Aliot, 1640.
-
[23]
Voir aussi Jean-Pierre Van Elslande, L’Imaginaire pastoral du xviie siècle, Paris, puf, 1999.
-
[24]
Les Événements singuliers, « Preface », Lyon, J. Caffin et F. Pleignard, 1628.
-
[25]
Arnauld d’Andilly, Vies des Saints Peres des deserts, « Discours sur ces Vies », éd. 1647, t. I, p. 66-67, bn H3978.
-
[26]
Pierre Nicole, Les Imaginaires et les Visionnaires. Traite de la foi humaine, Liège, Adolphe Beyers, 1667. Voir notamment l’édition critique de Laurent Thirouin, Pierre Nicole, Traité de la comédie et autres pièces d’un procès du théâtre, Paris, Champion, 1998. Voir aussi l’édition critique de Béatrice Guion, Pierre Nicole, La Vraie Beauté et son fantôme et autres textes d’esthétique, Paris, Champion, 1996. La condamnation de l’imagination par Port-Royal est largement analysée dans le livre de Laurent Thirouin, L’Aveuglement salutaire. Le réquisitoire contre le théâtre dans la France classique, Paris, rééd. Champion, 2007.
-
[27]
Petronille, Accident pitoyable de nos jours, cause d’une vocation religieuse, « Livre premier », Lyon, J. Gaudion, 1626, p. 21-22.
-
[28]
Révérend Père Pierre Coton, Sermons sur les principales et plus difficiles matières de la Foi, reduits par lui-mesme en forme de Meditations, Paris, S. Huré, 1617.
-
[29]
Agathonphile ou les Martyrs siciliens, Agathon, Triphyne et leurs associes. Suivi de l’« Éloge des Histoires devotes », Paris, Cl. Chappelet, 1621.
-
[30]
Diversites, t. IX, « Traite des passions de l’ame », Paris, Cl. Chappelet, 1614.
-
[31]
Voir Sylvie Robic, Le Salut par l’excès. Jean-Pierre Camus, la poétique d’un évêque romancier, Paris, Champion, 1999.
-
[32]
Diversites, t. IX, Livre XXXI, Chapitre IV, « De l’indifference des passions ».
-
[33]
Ibid.
-
[34]
Le Cleoreste, Histoire française espagnole, suivi de la « Defense de Cleoreste », Lyon, A. Chard, 1626.
-
[35]
Aristandre, Histoire germanique, suivie de la « Lettre de Clitophon à Chrysante », Lyon, J. Gaudion, 1624.
-
[36]
Petronille, accident pitoyable de nos jours, cause d’une vocation religieuse, suivie d’un « Dilude », Lyon, J. Gaudion, 1626.
-
[37]
« Defense de Cleoreste », p. 756-757 : « Dans les chaleurs de ce dernier mois d’aout, j’estais alle aux bains sulfureux et alumineux qui sont à Aix en Savoie, bourgade qui n’est esloignee de mon diocese que de deux lieues, pour quelques incommodites qui me menacent (…). Apres les exercices de piete (laquelle est utile à tous comme dit l’Apostre) qui faisaient l’entree du jour, chacun s’estudiait à charmer ses maux particuliers, le travail des eaux et des bains et les facheuses prises des medecines, par des conversations, des entretiens, des recreations et des divertissements honnestes. »
-
[38]
L’Alexis, où sous la suite de divers pelerinages sont deduites plusieurs Histoires tant anciennes que nouvelles, remplies d’enseignements de piete, t. VI, Paris, Cl. Chappelet, 1623, p. 34-35 : « (…) c’estaient des Amadis, des Romans, des Bergeries, des ramas d’histoires estranges, entre lesquels il me souvient que le Roland de l’Arioste mis en prose et l’autre Jerusalem du Tasse, faite française de la mesme façon, me mirent dans le goust de cette sorte d’amusement si conforme à mon age. »
-
[39]
« Defense de Cleoreste », p. 727.
-
[40]
La pieuse Julie, Histoire parisienne, « Dessert au Lecteur », p. 562.
-
[41]
Baronius, Annales ecclesiastici, 12 vol, ex typ. Congragationis Oratorii, Rome, 1593-1607. Roberto Bellarmino, De officio principis christiani libri tres, apud J. Kinchium, 1619.
-
[42]
Louis Richeome, Le Pelerin de Lorette, Bordeaux, S. Millzanges, 1604.
-
[43]
La pieuse Julie, Histoire parisienne, « Dessert au lecteur », p. 562-563.
-
[44]
Nicolas Caussin, La Cour sainte ou Institution chrestienne des Grands, avec les exemples de ceux qui dans les Cours ont fleuri dans la Saintete, Paris, Cl. Chappelet, 1624.
-
[45]
Les Relations morales, « Preface », Paris, J. Cottereau, 1631.
-
[46]
Les Relations morales, « Preface ».
-
[47]
Les Évenements singuliers, « Preface », Lyon, J. Caffin et F. Pleignard, 1628. Les Tapisseries historiques, « Preambule », Paris, M. Durand, 1644.
-
[48]
Charles Sorel, L’Anti-Roman ou l’Histoire du berger Lysis, accompagnee de ses remarques par Jean de La Lande, Paris, T. Du Bray, 1633.
-
[49]
Les Occurrences remarquables, « Preface », Paris, J. Moreau, 1628.
-
[50]
« Defense de Cleoreste », p. 697.
-
[51]
« Defense de Cleoreste », p. 780.
-
[52]
La pieuse Julie, « Dessert au Lecteur », p. 530-531.
-
[53]
Norbert Élias, La Société de Cour, 1975, réédition Paris, Flammarion 1985, préface de Roger Chartier.