Notes
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[1]
Ji?í Linhart – Alena Vodáková, (éd.), Velký sociologický slovník, Prague, 1996, p. 760
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[2]
Ibidem, p. 664.
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[3]
Il serait superflu de mettre en doute que ce nationalisme défini comme une attitude négative ait disparu au milieu du xxe siècle, alors qu’il a pu reprendre de la vigueur de nos jours.
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[4]
On désigne ainsi le royaume de Bohême proprement dit, le margraviat de Moravie et la Silésie avec ses principautés et ses villes.
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[5]
Pavel Skála ze Zho?e, Ok?ik na nedbalého ?echa u?in?ný… (Avertissement à un Tchèque qui ne respecte pas sa langue), Bohumil Ryba (éd.), Prague, 1953. Sur les stéréotypes dans la compréhension des rapports tchéco-allemands au Moyen Âge et aux débuts de l’époque moderne, il existe une abondante littérature, par exemple František Šmahel, Idea národa v husitských ?echách, ?eské Bud?jovice 1971 ; Petr ?ornej, Velké d?jiny zemí Koruny ?eské, t. V, 2 éd., Prague, 2010, p. 413-422 ; Peter Demetz, Praha ?erná a zlatá. Výjevy ze života jednoho evropského m?sta, Prague, 1998.
-
[6]
Il se peut que le renforcement de la langue allemande soit une réponse à la position privilégiée qui était celle du tchèque dans l’État dominé par les ordres d’avant la Montagne blanche.
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[7]
Le dernier en date est Petr Ma?a, Sv?t ?eské aristokracie, Prague, 2004, notamment p. 62-75.
-
[8]
Pour les appeler comme le faisait Robert von Friedeburg, ´Patria´ und ´Patrioten´ vor dem Patriotismus. Pflichten, Rechte, Glauben und die Rekonfugurierung europäischer Gemeinwesen im 17. Jahrhundert, Wiesbaden, 2005, p. 7-54
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[9]
Ibidem, p. 12. Les études contenues dans ce recueil donnent une présentation générale du patriotisme dans l’Europe occidentale des temps modernes. Signalons tout spécialement dans ce précieux volume les articles de Heiko Droste, « Patrioten ausländischer Herkunft. Zum Patriotismus in Schweden im 17. Jahrhunder », p. 309-334 et de Horst Dreitzel, « Zehn Jahre „Patria“ in der politischen Theorie in Deutschland: Prasch, Pufendorf, Leibniz, Becher 1662-1672 », p. 367-534.
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[10]
Voir le recueil dirigé par Claus Bjorn – Alexander Grant – Keith J Stringer, Nations, Nationalism and Patriotism in the European Past, Copenhague, 1994.
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[11]
Voir Mauricio Viroli, For Love of Country, Oxford, 1995, p. 44-45.
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[12]
On trouvera une présentation générale de la question du patriotisme à l’époque moderne dans l’historiographie européenne des années 1990 dans l’article de Reinhart Koselleck, « Patriotismus. Gründe und Grenzen eines neuzeitlichen Begriffs », dans Patria und Patrioten… op. cit., p. 535-552.
-
[13]
František Kutnar, Obrozenské vlastenectví a nacionalismus. P?ísp?vek k národnímu a spole?enskému obsahu ?ešství doby obrozenské, introduction par Martin Ku?era, postface de Ji?í Rak, Prague, 2003 ; Bohdan Chudoba, Jindy a nyní. D?jiny ?eského národa, Prague, 1946. Remarquons que l’ouvrage de Kutnar fut rédigé en même temps que celui de Chudoba. Kutnar acheva son manuscrit à la fin de 1939 et en prépara l’édition au printemps suivant mais, à cause de la situation politique, il ne put l’éditer (voir les remarques introductives de Martin Ku?era, p. 9).
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[14]
C’est le cas avec le petit ouvrage d’un professeur au Gymnase archiépiscopal, le jésuite Emanuel Kubí?ek, « Národní v?domí ?eských jesuit? až po dobu Balbínovu », dans Sedmnáctá výro?ní zpráva ?eského arcibiskupského gymnasia za školní rok 1929-1930, p. 3-19, étude reposant sur la connaissance de sources jusqu’alors inusitées mais que son insistance sur la « tchéquité » du patriotisme d’après la Montagne blanche rend dépourvue de sens critique et aujourd’hui fort archaïque.
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[15]
Cette notion du « temno », les ténèbres d’après la Montagne blanche, provient du titre d’un roman dû au plus célèbre des auteurs tchèques de romans historiques, Alois Jirásek. Sur ce thème du temno, voir mon article « Das „Temno“ im mitteleuropäischen Kontext: Zur Kirchen- und Bildungspolitik im Böhmen der Barockzeit », Bohemia, t. xxxiv (1993), Hf. 2, p. 342-358.
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[16]
F. Kutnar, Obrozenské vlastenectví… op. cit., p. 26.
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[17]
Václav Jan Rosa, ?echo?e?nost, seu Gramatica linguae bohemicae…, Pragae, 1672.
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[18]
Jan P. Ku?era – Ji?í Rak, Bohuslav Balbín a jeho místo v ?eské kultu?e, Prague, 1983, p. 137-143.
-
[19]
Balbín dédia cette œuvre à son ami Tomáš Pešina. Le titre Dissertatio apologetica pro lingua slavonica praecipue bohemica… n’a été utilisé qu’à partir du temps de Pelcl.
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[20]
Après 1620, on qualifiait de « nouveaux » les ordres établis dans les pays de la Couronne depuis moins d’un siècle.
-
[21]
Jan Pa?ez – Hedvika Kucha?ová, Hyberni v Praze – Éireannaigh I bPrág. D?jiny františkánské koleje Neposkvrn?ného po?etí Panny Marie (1629-1786), Prague, 2001.
-
[22]
Cyril Straka, P?enešení ostatk? sv. Norberta z Magdeburku na Strahov (1626-1628). K t?istaletému jubileu roku 1927, Prague, 1927.
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[23]
Reverendi patris Alberti Chanowsky e Societate Iesu Vestigium Boemiae piae…, notis illustratae et auctae a P. Ioanne Tanner eiusdem Societatis sacerdote, Pragae, 1659.
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[24]
Ji?í Mikulec a clairement récapitulé les causes religieuses du patriotisme baroque dans son article « Náboženské souvislosti barokního patriotismu », dans Ivana ?ornejová – Ji?í Kaše – Ji?í Mikulec – Vít Vlnas, Velké d?jiny zemí Koruny ?eské, VIII, 1618-1683, Prague, 2008, p. 312-323.
-
[25]
Sur les saints issus des dynasties régnantes, voir par exemple Gábor Klaniczay, « Le culte des saints dynastiques en Europe centrale. L’Église et le peuple chrétien dans le pays de L’Europe Centre-Est et du Nord », Collection de l’École française de Rome, no 128, s. 237-245. Le livre le plus récent chez nous sur le culte de saint Venceslas est celui de Dana Stehlíková (éd.), Svatý Václav, ochránce ?eské zem?, Prague, 2008.
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[26]
Voir Zden?k Kalista, ?eská barokní gotika a její ž?árské ohnisko, Brno, 1970 ; František Jan Beckovský, Poselkyn? starých p?íb?h?v ?eských I, Prague, 1670, la préface notamment.
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[27]
On en trouvera une présentation d’ensemble dans le livre de Jan Royt, Obraz a kult v ?echách v 17. a 18. století, Prague, 1999.
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[28]
L’ouvrage de référence sur la piété baroque dans la monarchie autrichienne est celui d’Anna Coreth, Pietas Austriaca. Österreichische Frömmigkeit im Barock, 2e éd., Munich, 1982.
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[29]
Voir Olivier Chaline, La Bataille de la Montagne blanche (8 novembre 1620) : un mystique chez les guerriers, Paris, 2000.
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[30]
Ji?í Mikulec in: Velké d?jiny zemí Koruny ?eské VIII, op. cit., p. 321.
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[31]
Marie-Elizabeth Ducreux, « L’ordre symbolique d’un pèlerinage tchèque dans l’espace habsbourgeois au 17e siècle : Stará Boleslav », in Ph. Boutry, D. Julia et P.-A. Fabre (dir.), Rendre ses vœux. Les identités pèlerines dans l’Europe moderne, xve-xixe siècles, Paris, Éditions de l’ehess, 2000, p. 87-122.
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[32]
Nos écrivains baroques n’ont pas donné une définition aussi précise de la patrie que celle élaborée dans l’Empire par Samuel Puffendorf ou Gottfried Wilhelm Leibniz. L’historiographie tchèque récente n’a pas prêté à cette notion beaucoup d’attention, hormis Josef Válka, « Obsah pojm? národ a vlast u Komenského. K otázce Komenského „moravanství“ », Vlastiv?dný sborník moravský, 22, 1970, p. 281-290.
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[33]
D’après la légende connue dès la Chronique de Cosmas (voir l’édition récente qui en a été donnée par Karel Hrdina – Marie Bláhová, Kosmova kronika ?eská, Prague – Litomyšl, 2005, p. 7) l’ancêtre ?ech se rendit sur la montagne de ?ip à la limite entre la Bohême centrale et celle du nord et décida qu’il se fixerait là avec son peuple.
-
[34]
Sur le rôle des prémontrés dans la recatholicisation, l’étude la plus fouillée est celle d’Hedvika Kucha?ová et Jan Pa?ez, « Strahovští premonstráti a rekatolizace. P?ístupy a problémy », dans Ivana ?ornejová (ed.), Úloha církevních ?ád? p?i pob?lohorské rekatolizaci, Prague, 2003, p. 36-75.
-
[35]
Josef Hanzal, « Ji?í Ignác Pospíchala a jeho doba », ?eskoslovenský ?asopis historický, 19, 1971, p. 229-257.
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[36]
Malheureusement, il n’existe aucune étude scientifique sérieuse de la question des rapports entre Tchèques et Allemands après la Montagne blanche. Mais, il y a moins de deux ans, on a édité de manière posthume le travail d’Ernst Leipprand, Deutsche und Tschechen im Zeitalter des Dreißigjährigen Krieges. Ein Nationalitätenproblem, Baden Baden, 2008, or il s’agit d’un livre dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a rien de scientifique. Il est l’œuvre d’un historien allemand qui l’écrivit en 1942 alors qu’il était officier dans la Wehrmacht et se disait « responsable littéraire » des prisonniers de guerre français. Très hostile aux Tchèques, ce texte ne dissimule pas ses options nazies !
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[37]
À la différence de l’allemand, la langue tchèque ne distingue pas entre les deux adjectifs, « böhmisch » qui s’appliquent indifféremment aux habitants germanophones et tchécophones, et « tschechisch » qui désignent uniquement ces derniers.
1En tchèque, les mots vlastenectví et patriotismus sont synonymes. Il s’agit d’une traduction tout à fait fidèle du latin patria (vlast en tchèque). Néanmoins, dans nombre de textes, principalement historiques, on remarque un glissement de sens : patriotismus apparaît comme plus noble et aussi plus solennel que vlastenectví. Pareille distinction renvoie aussi à un partage entre le contemporain et le très archaïque, ainsi un dictionnaire tchèque moderne de sociologie ne se préoccupe que du mot patriotismus, celui de vlastenectví étant ignoré [1]. Mais, dans le même volume, on prête bien plus d’attention au nationalisme qui est défini comme « une intense prise de conscience nationale qui se signale par l’hostilité aux membres des autres nations » [2]. Et nous lisons plus loin que « la floraison du nationalisme en Europe occidentale et centrale s’est produite entre la Révolution française et le milieu du xxe siècle ». Il est clair que cette définition se rapporte aux nations telles qu’elles sont nées à l’époque contemporaine ou plus précisément à la prise de conscience par chacune de leur identité au xixe siècle [3]. Cependant, l’historiographie ne met pas le moins du monde en doute que patriotisme et nationalisme soient en fait beaucoup plus anciens, même si notre société contemporaine l’ignore complètement.
2Dans les pays de la couronne de Bohême [4], on cherche périodiquement – et d’ailleurs, on trouve – une sorte de « pré-nationalisme », entendu dans le sens ci-dessus, dans le vieil et interminable antagonisme entre Tchèques et Allemands. Il est par exemple explicite dès la Chronique de Dalimil au début du xive siècle, et nous le voyons aussi bien lors de la révolution hussite que dans la première moitié du xviie siècle. Nous le trouvons encore dans une œuvre aussi hargneusement germanophobe que l’Ok?ik de Pavel Skála ze Zho?e [5]. Mais si, dans la période postérieure à la Montagne blanche, il y a des nationalités, les conflits nationalistes entre Tchèques et Allemands semblent amortis. D’une part, parce que les habitants tchèques et allemands du royaume sont également soumis à une recatholicisation mise en œuvre par l’État, d’autre part, à cause de la mise à égalité des langues tchèque et allemande dans la Constitution rénovée du pays en 1627 [6]. Les différences de nationalité furent bien davantage perçues par les Tchèques (notamment par les utraquistes ou hussites) émigrés en Saxe ou dans d’autres pays du Saint-Empire romain (de nation allemande), car ils se trouvaient confrontés à une autre langue et à d’autres confessions (notamment évangélique), tandis que les luthériens vivant dans les pays de la couronne de Bohême et qui, pour la plupart d’entre eux étaient germanophones, étaient bien intégrés à des groupes confessionnels et linguistiques.
3Aux xixe et xxe siècles, le patriotisme (et aussi le nationalisme) touche toutes les couches de la population, alors que dans des périodes plus anciennes il concernait presque uniquement les plus élevées et donc les plus savantes. Ainsi tandis qu’en Pologne et en Hongrie, le sentiment patriotique était le propre de la noblesse, dans les pays de la couronne de Bohême – et tout spécialement en Bohême même – ce fut le clergé qui en fut le vecteur. Et, comme les séculiers, surtout au xviie siècle, n’étaient guère nombreux, ce furent les réguliers des différents ordres qui eurent le rôle le plus important. Pourquoi les clercs furent-ils au premier rang justement en Bohême ? La réponse est simple : dans les quelques décennies qui suivirent la Montagne blanche, c’est le clergé qui remplaça la noblesse nationale absente. On a écrit des centaines de pages sur les causes de la diminution des effectifs nobiliaires dans le premier tiers du xviie siècle. La majorité des chercheurs s’accorde à penser que les pertes tiennent d’une part à l’extinction de plusieurs des familles les plus importantes dès avant la Montagne blanche (ainsi les Rožmberk, les Smi?ický) ou juste après, et d’autre part à la décimation de la vieille noblesse du pays du fait de l’émigration pour cause de religion [7]. Les membres de la nouvelle aristocratie composée d’immigrés autrichiens, bavarois, italiens ou espagnols, ne s’intéressèrent vraiment à leur pays d’adoption qu’à partir de la deuxième génération, au mieux.
4Or, c’est justement le lien avec le pays qui s’avéra déterminant pour le patriote des « temps pré-patriotiques » [8] et avec lui celui aux saints patrons du pays en question. Une telle approche prédisposait les membres du clergé à diffuser cette forme de patriotisme. Je vais donc commencer par m’occuper de ce lien avec le pays en laissant de côté les manifestations de nationalisme tournées contre les autres nations. Le pays – la patrie – pas plus que la nation, n’est nécessairement un donné préalable, hérité des ancêtres, puisqu’un individu peut le choisir [9]. Après la Montagne blanche, en une période marquée par nombre de changements et d’inversions, nous constatons un grand nombre de cas d’identification à la nouvelle patrie, aussi bien pour les émigrés tchèques à partir de la deuxième génération à l’étranger que pour ceux qui sont venus s’installer de toute l’Europe dans les pays de la couronne de Bohême. Les signes de patriotisme se repèrent dans toute une série de pays et d’États d’Europe occidentale et centrale au xviie siècle et leurs traits sont souvent les mêmes [10]. Mais la Bohême se distingue précisément par le rôle du clergé et surtout du clergé régulier.
5Au début des temps modernes, les loyautés étaient tournées vers la ville ou la petite région, souvent orientées vers une personnalité marquante de l’ordre seigneurial gratifiée du titre à l’antique de pater patriae. Mais, à grands traits, à partir du xvie siècle, la « patrie » se mit à renvoyer à un espace plus large, dans la plupart des cas toujours lié aux mêmes principes juridiques et au pater patriae mais celui-ci dirigeant un plus grand territoire, à moins que ce ne fût aux institutions d’une République [11]. Le patriotisme pouvait être marqué aussi bien positivement que négativement par la confessionnalisation, par la diffusion de principes religieux opposés portant avec eux un sentiment d’appartenance ou suscitant des résistances collectives. On peut observer parallèlement ces deux phénomènes dans les populations des pays de la Couronne, tant chez ceux qui y restent que chez ceux qui se trouvent contraints d’émigrer.
6L’historiographie tchèque ne s’est vraiment occupée du patriotisme et du nationalisme qu’en les associant au réveil national ou à la naissance de la nation moderne [12]. Seuls de rares historiens se sont intéressés aux périodes antérieures, les premiers ayant été František Kutnar et Bohdan Chudoba [13]. D’autres auteurs qui se sont penchés sur le « patriotisme baroque » séparent ce phénomène de l’ensemble du contexte tchèque, comme s’il s’agissait d’une chose isolée, sans conséquences historiques, ou bien lui appliquent une argumentation nationaliste moderne nettement ahistorique [14].Tandis que Chudoba met l’accent sur la continuité patriotique dans ce qui est au fond une discontinuité, en exaltant le patriotisme baroque par la dénonciation de l’ère joséphiste présentée d’une manière provocatrice comme « les ténèbres joséphistes » et par le refus de l’application courante mais inappropriée de cette notion à la période d’après la Montagne blanche, Kutnar quant à lui s’efforce de saisir le phénomène dans toute sa complexité [15]. Une même idée rassemble Kutnar et Chudoba : à la différence d’autres historiens (ou d’historiens de la littérature), ils présentent les idées patriotiques de Jan Amos Komenský en les reliant directement avec les façons de penser de ceux qui étaient restés dans le pays et placent le plus célèbre de nos émigrants d’après la Montagne blanche sur le même plan que ses compatriotes restés en Bohême.
7Kutnar fait ressortir le fait que Komenský vise à « identifier le corps politique à la nation », ce qui le porte à réclamer que « le Gouvernement ne soit pas exercé par des étrangers mais soit l’émanation de la nation » [16]. Kutnar ajoute ensuite que le patriotisme historicisant de Tomáš Pešina de ?echorod identifiait la patrie au pays, autrement dit à la Bohême, soit à la Bohême et à la Moravie, tandis que pour le philologue – grammairien – Václav Jan Rosa, la patriotisme allait de pair avec la « langue », ce qui le rapprochait davantage de Komenský [17]. Pour Kutnar, il y avait un patriotisme baroque, présenté selon un parallèle Balbín – Komenský, ce qui fut repris dans les années 1980 par Jan P. Ku?era [18].
8Le jésuite Bohuslav Balbín et le chanoine du chapitre métropolitain de Prague Tomáš Pešina de ?echorod sont incontestablement au nombre des représentants les plus illustres du patriotisme baroque. Un examen peu approfondi fait d’eux presque les seuls propagateurs du sentiment patriotique dans les temps sombres et affligeants de l’oppression religieuse, politique et nationale. En ce qui concerne Bohuslav Balbín, on se souvient de son éloge de la langue tchèque, cette Obrana jazyka slovanského, zvlášt? pak ?eského si souvent évoquée. Pourtant, ce texte ne fut publié qu’en 1775 par František Martin Pelcl, un érudit du temps des Lumières [19]. Mais ces deux ecclésiastiques ne furent certainement pas des exceptions faisant figure de rayons de lumière trouant de profondes ténèbres !
9Si nous parlons de patriotisme du clergé, cela nécessite de signaler qu’il s’agissait avant tout de clercs réguliers. Il faut d’abord déterminer de quel ordre religieux on parle. Même si, plus haut, j’ai mentionné l’importance de l’immigration dans les pays tchèques, il n’en faut pas moins constater qu’en matière de patriotisme nous avons le plus souvent affaire à des ordres dans lesquels prédominaient à partir des années 1620 des Tchèques et des Moraves. Un ordre très apprécié en raison de sa mission, mais qui ne put se développer avant plusieurs décennies, fut celui des piaristes – Ordo clericorum regularium pauperum Matris Dei scholarum piarum. Il comptait surtout des Italiens. Je le prends comme exemple mais la même remarque vaudrait aussi pour la plupart des autres ordres dits « nouveaux », notamment de ceux qui ne s’implantèrent dans les pays de la Couronne qu’après 1620 [20].
10Les jésuites, les chevaliers de la croix à l’étoile rouge ou les chanoines augustins qui comptaient une majorité de clercs originaires du pays furent ceux qui s’occupèrent le plus de relever et de développer le sentiment patriotique. Leurs membres indigènes – je veux dire natifs des pays de la couronne de Bohême – pouvaient se vanter d’appartenir à des ordres anciennement implantés : bénédictins, prémontrés, dominicains, etc., et surtout les jésuites qui, au xviie siècle, étaient ici de loin les plus nombreux. Il y eut aussi des querelles nationales à l’intérieur des ordres – par exemple chez les franciscains de Saint-Jacques dans la vieille ville de Prague ainsi que chez les jésuites –, tandis qu’avec les franciscains irlandais ou hyberniens, à la limite de la Vieille Ville et de la Ville Neuve, on avait affaire à une communauté extraordinaire car extraterritoriale [21]. Les querelles intestines n’avaient pas lieu qu’entre Tchèques et Allemands, elles pouvaient aussi concerner les Italiens ou les Espagnols.
11Les ordres religieux eurent dans les pays de la couronne de Bohême un rôle irremplaçable pour faire avancer la recatholicisation, diffuser la foi et, plus largement, relever et répandre l’éducation et aussi le sentiment d’identité nationale. J’ai déjà indiqué que le trait le plus caractéristique du patriotisme baroque dans les pays tchèques était le lien entre le pays et ses saints. Il en va de même pour les ordres religieux. Les instituts réguliers avaient en eux-mêmes des aspects nationaux plus ou moins distincts mais leur présentation ad extra était en général plutôt internationale. Certes, après la Montagne blanche, il y avait bien dans les pays tchèques des ordres qui avaient un profil tchèque plus marqué : étaient ainsi incontestablement du pays les chevaliers de la croix à l’étoile rouge, présents sans interruption depuis le xiiie siècle et face auxquels les chevaliers teutoniques affirmaient nettement leur origine et leur orientation (les biens qu’ils avaient dans les pays de la Couronne se situaient essentiellement en Silésie depuis le début de l’époque moderne).
12Chacun des ordres encourageait le culte de ses saints, ainsi saint François d’Assise, saint Antoine de Padoue, saint François de Paule ou saint Bernard de Clairvaux, ou encore saint Dominique. Mais aucun de ces cultes ne fut puissant au point de devenir un symbole reconnu de tous, propre à affermir quelque patriotisme que ce soit. Au contraire, saint Norbert, le fondateur des prémontrés, fut promu patron de la Bohême et en même temps ses fils (surtout ceux de la canonie du mont Sion, Strahov à Prague) furent investis du rôle de gardiens de ce culte « national ». Cet homme originaire de Xanten dans la basse vallée du Rhin se retrouva curieusement en Bohême par la suite d’un concours de circonstances ou par la volonté des autorités. Ses reliques furent apportées en grande pompe depuis Magdebourg, dans la crainte de les voir profanées par des hérétiques (1627-1628) [22]. Officiellement, il se trouva inclus dans le « ciel tchèque », mais dans sa partie externe. Le jésuite Albert Chanovský dans son Vestigium Bohemiae piae range Norbert avec saint Sigismond et saint Guy dans le chapitre consacré aux « Sancti patroni Boemiae externi » [23]. Quant aux saints jésuites, saint Ignace et saint François-Xavier, ils jouissaient d’une grande popularité et se virent consacrer de nombreux autels devant lesquels on disait régulièrement la messe. Indice de leur culte dans la piété collective, on peut aussi démontrer que l’« eau de saint Ignace » avait des vertus curatives et était appréciée des parturientes. Ces saints « importés » n’avaient pourtant du point de vue du patriotisme qu’un rôle très secondaire, leur acceptation facilitant toutefois l’intégration des ordres religieux dans une société jusqu’il y a peu encore majoritairement non-catholique.
13Tenons pour acquis que le clergé régulier eut un rôle clé non seulement pour la recatholicisation et le soin des âmes des fidèles au xviie siècle, mais aussi dans la définition d’un patriotisme territorial sui generis [24]. Certes, on ne peut dissimuler que les membres du clergé catholique n’avaient pas la partie facile : le patriotisme dont l’un des éléments les plus significatifs était le lien avec le passé fut après la Montagne blanche dans les pays tchèques un simple réflexe de rejet de l’époque d’avant 1620, donc d’un temps pendant lequel avait prévalu l’hérésie – et j’insiste à nouveau sur le fait que cela valait tout particulièrement pour la Bohême stricto sensu. Il fallait donc regarder plus loin dans le passé, ce qui voulait dire avant 1420, autrement vers le règne de Charles IV et, bien entendu, vers les premiers patrons du pays, les saints de la dynastie p?emyslide, vers saint Venceslas [25]. De manière générale, on peut noter que la « mémoire » propre au patriotisme tchèque baroque mit particulièrement en valeur les premiers temps du christianisme en Bohême et l’époque de Charles IV [26]. Ces étapes du développement historique allaient de pair avec le culte des reliques des saints patrons du pays, particulièrement saint Venceslas et aussi, dès le xviie siècle, donc bien avant sa béatification et sa canonisation, Jean Népomucène, le seul prêtre tchèque qui connut plus tard une renommée véritablement mondiale.
14L’un des points nodaux du patriotisme après la Montagne blanche fut, par le nombre de ses fidèles, le culte marial qui connut diverses modifications [27]. La piété mariale est certes une des manifestations majeures du catholicisme baroque, qu’elle soit sous une forme intellectuelle (donc savante) ou bien plus populaire, selon un terme imprécis et vague, car il vaut mieux englober toutes les expressions de la piété sans faire acception des différences sociales. Dans presque toute l’Europe catholique (ainsi que dans les parties du monde évangélisées par les missionnaires catholiques), on remarque que de simples paysans ne sachant que lire ou bien totalement analphabètes placent des couronnes sur la tête de la Vierge [28]. La piété mariale s’exprime aussi par un nombre croissant de fêtes et par la multiplication des lieux de pèlerinage. On se met à découvrir de nouvelles fontaines mariales, le culte s’épanouissant aussi avec des images saintes vénérées par des pèlerins sans cesse plus nombreux.
15Un phénomène typiquement tchèque lié au culte de la Vierge est la protection miraculeuse dont bénéficièrent les lieutenants défenestrés depuis le château de Prague en mai 1618 et ensuite surtout la victoire catholique de la Montagne blanche. Si le salut des seigneurs défenestrés, Slavata et Martinic, n’eut pas un grand écho dans la conscience générale, la protectrice céleste des armées catholiques à la Montagne blanche [29] – Notre Dame de la Victoire – se trouva célébrée dans l’ancien temple luthérien de Malá Strana à Prague (où se trouve une copie du tableau trouvé à Strakonice, l’original ayant été envoyé à Rome où il fut hélas détruit ultérieurement par un incendie) puis à la Montagne blanche dans une église de pèlerinage construite plus tardivement. La Vierge ne fut pas l’objet de cette vénération officielle qu’en Bohême, car on en trouve d’autres exemples dans les États voisins, en Pologne (Regina Poloniae), en Bavière (Patrona Boiariae) ou encore dans les pays autrichiens (Magna Mater Austriae) [30].
16La pointe de la piété mariale tchèque est liée à la vénération de l’image conservée à Stará Boleslav (palladium zem? ?eské), là où elle rejoint le culte du plus célèbre des martyrs tchèques, saint Venceslas qui fut tué en ce lieu sur l’ordre de son frère en tant que vrai fidèle de la Vierge. Saint Venceslas est ici à la fois un médiateur du culte marial et un symbole pour la propagande catholique : ce saint très ancien issu de la dynastie régnante attestait de la fidélité antique et récemment restaurée des habitants à la religion catholique [31].
17Le lieu de culte de Stará Boleslav est lié à l’activité de la Compagnie de Jésus, donc à l’ordre qui comptait le plus de membres dans les pays tchèques après 1620. En plus de Stará Boleslav, les jésuites desservaient aussi Svatá Hora près de P?íbram, Tu?any près de Brno et en Silésie, Warta, soit d’importants lieux saints de chacun des pays. Cette dernière localité fut célébrée par Bohuslav Balbín dans son ouvrage Diva Montis Sancti, Diva Turzanensis a Diva Vartensi. C’est aussi des rangs des jésuites que se détachent deux clercs combattants conduisant la défense contre les Suédois, le P. Jan St?eda à Brno en 1645 et le P. Ji?í Plachý à Prague en 1648. Mais le culte de saint Venceslas comptait moins dans les efforts des jésuites que celui de leurs premiers saints, saint Ignace et saint François-Xavier.
18J’avais signalé que Balbín est toujours présenté comme un écrivain et un patriote unique en son genre. Or, c’est tout l’inverse. Car nous ne manquons pas de preuves justement chez les jésuites de la qualité de leur activité pour célébrer la patrie et en faire l’histoire [32]. Bohuslav Balbín lui-même était un parmi d’autres et c’est bien ainsi qu’il se voyait. Il était ami de Ji?í Cruger, l’auteur d’un calendrier historique intitulé Sacri pulveres, Jan Tanner se rendit célèbre en exaltant la mémoire du célèbre missionnaire jésuite et patriote Albert Chanovský et par sa glorification du lieu de pèlerinage de Stará Boleslav (dans un guide du pèlerin publié en tchèque et en allemand) et il y avait encore Jan Ko?ínek qui écrivit en tchèque ses Staré pam?ti kutnohorské. Ces prêtres à l’esprit patriotique trouvèrent un appui surtout auprès de deux prélats séculiers, l’archevêque Jan Bed?ich z Valdštejna (Johann Friedrich von Waldstein issu d’une très vieille famille seigneuriale tchèque et ayant pour confesseur précisément Jan Tanner) et l’évêque de Litom??ice Maxmilián Schleinitz qui fut lui-même écrivain. Dans sa Wandalo-Bohemia, il s’efforça d’établir le lien de parenté entre les anciens Slaves et la souche vandale.
19C’est au couvent des augustins déchaussés de Na Zderaze, dans la Ville Neuve de Prague, que se développa un centre absolument unique en son genre pour le culte de saint Venceslas. Les premiers augustins déchaussés s’installèrent là en 1623 et s’établirent très vite dans la société. L’ordre s’intégra très rapidement et ses membres (bientôt aussi recrutés sur place) furent au nombre des principaux propagateurs du culte de saint Venceslas, car la gloire de ce monastère était précisément une prétendue fontaine de ce saint (la dénomination s’est maintenue jusqu’à l’époque contemporaine, la rue s’appelant toujours Václavská et les bains de saint Venceslas qui se trouvaient là furent liés aux événements de la révolution de 1848). À Na Zderaze, le fameux Gregorius à Sancto Vincentio écrivit un ouvrage réhabilitant le glorieux passé tchèque et, lui aussi, prit part aux combats en 1648 ; la défense de Prague lors du siège par les mercenaires suédois fut un des plus grands moments d’élan patriotique dans la Bohême du xviie siècle tant chez les ecclésiastiques que chez les laïcs. Saint Venceslas était honoré à Na Zderaze par la tradition, par la liturgie mais aussi par un cycle de tableaux (en partie perdus aujourd’hui) qui fut l’œuvre d’un des plus grands peintres tchèques, Karel Škreta. Škreta fut attiré par des thèmes faisant du saint un chrétien exemplaire, sage et charitable, protégeant le pays et combattant les infidèles, plus tard il s’intéressa aussi aux scènes rappelant le culte de ses reliques et les miracles effectués après sa mort. Karel Škreta était lui-même très lié au cercle des ecclésiastiques patriotes, principalement grâce à Bohuslav Balbín pour qui il décora le frontispice de l’Epitome rerum bohemicarum.
20Les bénédictins – le plus ancien ordre religieux actif dans les pays de la couronne de Bohême – non seulement avaient joui d’un considérable prestige au cours des siècles, mais leur très ancien monastère de B?evnov (aujourd’hui inclus dans le territoire de la ville de Prague) avait relativement prospéré aux xve et xvie siècles. Cet ordre immémorial était inséparable de la plus ancienne histoire tchèque puisque c’est de lui qu’était issu l’évêque martyr Vojt?ch (Adalbert) qui appartenait à la famille des Slavník, jadis rivale de la dynastie p?emyslide (au tournant des xe et xie siècles). Le monastère de B?evnov, dont le saint était précisément le fondateur, avait une source miraculeuse très appréciée qui portait son nom.
21Les fêtes organisées par les prémontrés lors du transfert des reliques de saint Norbert depuis Magdebourg comptent au nombre des plus importantes de l’époque baroque en Bohême. Elles furent une suite de cérémonies splendides. Par la suite, la fête du saint attirait année après année à Strahov des foules de pèlerins. À ce sujet, il faut noter que les prémontrés de Strahov avaient le droit d’enregistrer (soit celui de remplacer les prêtres) à Mnet?š, un hameau au pied de la montagne de ?ip, là où les religieux administraient la petite église romane dédiée à saint Georges et donc prenaient soin du culte dans ce lieu de mémoire extrêmement ancien [33]. Bien que les prémontrés vivant dans les canonies bohêmes et moraves du xviie siècle ne fussent pas souvent issus de familles du pays, ils firent cependant beaucoup pour soutenir le sentiment national [34].
22Parmi les chevaliers de la croix à l’étoile rouge, on remarque tout particulièrement Jan František Beckovský, l’auteur d’un ouvrage aux vives couleurs intitulé Poselkyn? starých p?íb?h? ?eských (La Messagère de l’ancienne histoire tchèque), qui, s’appuyant sur la Chronique tchèque de Václav Hájek z Libo?an ainsi que sur ses propres recherches, décrit l’histoire tchèque depuis les commencements mythiques et met l’accent sur les grands hommes qui montèrent sur le trône, tel Charles IV, ou d’une charmante façon sur les faits et gestes de sainte Agnès de Bohême, celle qui fut canonisée peu avant la révolution de novembre 1989. Les clarisses vouaient depuis très longtemps un culte à Agnès P?emyslide, celle qui les avait appelées en Bohême. Quant au grand maître de cet ordre de chevalerie, Ji?í Ignác Pospíchal, il consacra une biographie à cette célèbre princesse et, dans ses souvenirs, évoque l’importance du centre pragois des chevaliers à Saint-François [35].
23En introduction, j’avais commencé en disant que la période après la Montagne blanche avait atténué l’antagonisme entre Tchèques et Allemands, alors que j’ai ensuite attiré l’attention sur les continuels conflits qui se déroulèrent derrière les murs des instituts réguliers. Les œuvres littéraires qui comptaient étaient souvent éditées à la fois en latin, en tchèque et en allemand. Les textes latins étaient destinés aux érudits, ceux en tchèque ou en allemand aux habitants qui vivaient ensemble dans les pays de la Couronne et qui participaient aux mêmes fêtes. Assez souvent, l’historiographie tchèque moderne a défini le « véritable » patriotisme d’après la Montagne blanche comme lié à la langue. Bien entendu, sous la dénomination de « langue de saint Venceslas », c’est bien le tchèque que l’on désigne, même lorsque les habitants des pays « de la Couronne de saint Venceslas » parlaient aussi allemand [36]. On a mis en valeur les œuvres qui, au xviie siècle, furent d’abord écrites directement en tchèque (celles de Pešina, Ko?ínek, Beckovský) ou qui parlaient ouvertement en faveur de la langue tchèque (Balbín), en mettant en évidence d’opportunes citations retirées de leur contexte. Mais c’est là déformer la situation et les auteurs contemporains s’emparent des façons de penser de leurs prédécesseurs en réduisant le patriotisme à la « tchéquité » et à la langue tchèque. En outre, une telle interprétation ne peut s’appliquer qu’à la Bohême et à la Moravie, le paradigme silésien étant absolument différent. Dans ce pays, prédominait une population germanophone très attachée au luthéranisme, si bien que la recatholicisation n’y eut jamais le même succès qu’en Bohême et en Moravie.
24J’ai tenté d’expliquer que pour comprendre le patriotisme d’après la Montagne blanche, il faut examiner le lien entre le pays et ses saints. Dans un tel contexte, la question linguistique apparaît bien secondaire [37]. Car, dans les sources d’époque, nous ne savons rien de la nationalité, alors que ce qui compte, c’est le lieu d’origine : Bohemus, Moravus, Silesius… En Bohême et en Moravie, le clergé est le grand vecteur du patriotisme, d’un patriotisme catholique. L’insistance sur l’argumentation historique par la médiation des saints du pays et sur l’amour pour celui-ci, d’une part légitiment la recatholicisation forcée, d’autre part valorisent ses habitants en les délivrant du mépris porté aux rebelles et aux hérétiques depuis la révolte de 1618-1620.
25(traduit du tchèque par Olivier Chaline)
Chronologie
2624 août 1599 : l’Empereur Rodolphe II remplace ses conseillers protestants par des catholiques.
2728 septembre 1605 : ouverture du synode diocésain de Prague qui reçoit les décrets du concile de Trente (ils ont été adoptés à Breslau dès 1580 puis à Olomouc en 1591).
281608 : début du Bruderzwist, la lutte entre les deux frères Habsbourg, l’empereur Rodolphe II et l’archiduc Mathias qui s’appuie sur les ordres protestants des pays de la monarchie autrichienne.
291609 : Lettres de Majesté bohême (9 juillet) et silésienne (20 août)
301611 : juin, Rodolphe contraint à renoncer à la couronne de Bohême. Il parvient à conserver celle impériale jusqu’à sa mort l’année suivante. L’archiduc Mathias est sans plus attendre couronné roi de Bohême.
31Juin 1617 : la diète de Bohême élit roi l’archiduc Ferdinand de Styrie qui est couronné le 29 juin. 11 décembre : destruction du temple luthérien de Hrob (Klostergrab).
3223 mai 1618 : Défenestration de deux lieutenants du roi, Martinic et Slavata, ainsi que de leur secrétaire, Fabricius. Cet épisode marque le début de la rébellion de Bohême et de la guerre de Trente Ans.
334 novembre 1619 : L’Électeur Palatin Frédéric de Wittelsbach est couronné roi de Bohême.
34décembre 1619 : iconoclasme royal dans la cathédrale de Prague.
358 novembre 1620 : victoire des troupes impériales et de la Ligue catholique à la Montagne blanche près de Prague, suivie de la fuite du Palatin et de la chute de Prague. 23 novembre : Ferdinand II abolit la Lettre de Majesté de Rodolphe II.
3611 janvier 1621 : le cardinal Dietrichstein, évêque d’Olomouc est nommé gouverneur et lieutenant de l’empereur en Moravie.
3712 avril 1621 : instruction de Grégoire XV au nonce Caraffa sur la propagation de la religion catholique, le relèvement de la juridiction et de la discipline ecclésiastiques ainsi que de l’autorité du Siège apostolique.
3821 juin 1621 : exécution sur la place de la Vieille Ville de 27 rebelles, nobles et bourgeois.
3913 décembre 1621 : décret impérial chassant de Prague et des villes royales les prédicateurs de l’Unité des Frères et des calvinistes.
401622 : le chanoine de Passau et d’Olomouc Ernst Adalbert von Harrach est nommé archevêque de Prague par Ferdinand II. Il prend possession de son siège l’année suivante et est élevé à la dignité cardinalice le 19 janvier 1626.
4125 octobre 1622 : expulsion de Prague et des villes royales des pasteurs luthériens.
42Novembre 1622 : Ferdinand II retire l’université Charles (droit et médecine) aux utraquistes et la confie aux jésuites du Clementinum (philosophie et théologie). Début de la longue querelle entre l’archevêque et les jésuites (jusqu’en 1654).
43À Rome, fondation de la congrégation De propaganda fide.
4415 mai 1623 : Ferdinand, venu à Prague pour la première fois depuis la rébellion, rentre à Vienne avec la couronne de Bohême. La même année est créée la province jésuite de Bohême.
4529 mars 1624 : patente impériale faisant du catholicisme la seule religion autorisée (avec le judaïsme) en Bohême. Une patente semblable est rendue pour la Moravie le 9 avril. 18 mai : tous les prêtres non catholiques doivent quitter le pays. 7 septembre : Ferdinand II donne aux carmes déchaux l’église luthérienne de la très Sainte-Trinité à Malá Strana (désormais Sainte Marie de la Victoire).
461625 : Ferdinand II met en œuvre la révision des institutions du pays par deux commissions successives. Le retour du clergé à la diète de Bohême se prépare.
4710 mai 1627 : Obnovené zemské ?izení / Verneuerte Landesordnung pour la Bohême. La couronne de saint Venceslas devient héréditaire.
4831 juillet 1627 (fête de saint Ignace) : promulgation par Harrach de la patente impériale faisant du catholicisme la seule religion pour la noblesse de Bohême, les récalcitrants doivent quitter le pays.
4915 novembre 1627 : première diète depuis la rébellion de 1618.
50Couronnements de Ferdinand III (25 novembre) et de l’impératrice Éléonore, épouse de Ferdinand II.
519 mars 1628 : les nobles moraves doivent être catholiques ou bien quitter le pays.
521628 : Obnovené zemské ?izení / Verneuerte Landesordnung pour la Moravie. Il n’y a pas eu l’équivalent pour la Silésie.
5322 mars 1629 : édit de Restitution dans l’Empire.
548 mars 1630 : accord entre l’Église et la Cour impériale (accepté par Ferdinand II le 22 mars puis par Urbain VIII le 30 juillet) aux termes duquel l’archevêque de Prague recevra une partie du produit de l’impôt sur le sel (15 carantani per moggio) en contrepartie de sa renonciation aux biens d’Église perdus lors des guerres hussites.
551631 : le cardinal Harrach divise son archidiocèse en 23 vicariats. Le cardinal Dietrichstein fonde dans sa ville seigneuriale de Mikulov le premier collège piariste hors d’Italie.
5615 novembre 1631 – 25 mai 1632 : occupation de Prague par les Saxons.
5725 février 1634 : assassinat de Valdštejn (Waldstein).
5830 mai 1635 : paix de Prague entre Ferdinand II et l’Électeur de Saxe Johann Georg qui renonce à demander la liberté de religion pour ses coreligionnaires luthériens de Bohême. Publication de l’Arcangelo di Bohemia, pamphlet jésuite dirigé contre l’entourage du cardinal Harrach.
5919 septembre 1636 : mort du cardinal Dietrichstein, évêque d’Olomouc et gouverneur de Moravie.
60À la suite d’une rixe entre étudiants, le cardinal Harrach excommunie un apprenti juriste, ce qui suscite une riposte des jésuites.
6115 février 1637 : mort de Ferdinand II à Vienne.
6221 juin 1638 : Ferdinand III retire le Carolinum (facultés de droit et de médecine) aux jésuites et le place sous l’autorité d’un protector qu’il nomme. Les jésuites conservent leur Académie, le Clementinum.
6312 septembre 1638 : réinstallation au sanctuaire de pèlerinage de Stará Boleslav de l’image de la Vierge enlevée par les Suédois en mars 1632.
6422 décembre 1638 : bulle d’Urbain VIII définissant la juridiction du séminaire archiépiscopal de Prague qui est en mesure de devenir une troisième université.
6530 juillet 1639 : bulle d’Urbain VIII concernant le Collegium norbertinum de Prague.
661641 : Placetum regium de Ferdinand III qui subordonne la publication des bulles pontificales à l’autorisation du monarque. Fin novembre : sur l’ordre du grand burgrave Martinic, des soldats interdisent l’accès des étudiants laïcs au séminaire archiépiscopal et au collège des prémontrés.
678 janvier 1642 : patente du conseil de lieutenance interdisant aux habitants d’envoyer leurs enfants aux écoles fondées par l’archevêque de Prague et l’abbé prémontré de Strahov.
681645 : Ferdinand III fait transférer les reliques du Royaume de la forteresse de Karlštejn à la cathédrale de Prague.
695 août 1646 : couronnement de Ferdinand IV. Fin du conflit concernant le Collegium norbertinum.
701647 : Maximilian von Schleinitz nommé par Ferdinand III évêque de Litom??ice sans l’accord de Rome. L’abbé cistercien Caramuel y Lobkowitz est nommé abbé des bénédictins espagnols d’Emmaüs à Prague.
711648 : 25 juillet, raid suédois sur Prague, prise de la rive gauche (avec la cathédrale et le Château, le cardinal Harrach se retrouvant prisonnier) et siège infructueux de la rive droite jusqu’au 1er novembre. 25 octobre, paix de Westphalie mettant fin à la guerre de Trente Ans. Ruine des espoirs des émigrés protestants. La paix se borne à reconnaître l’existence de quelques lieux de cultes en Silésie (Friedenskirchen).
721650 : mort du grand burgrave Jaroslav Martinic, Ferdinand III nomme directeur de la diète Bernhard Ignac Martinic. Octobre : diète de Bohême qui décide de créer davantage de paroisses. Republication des actes du synode de 1605 recevant les décrets du concile de Trente. Mais la diète de Bohême ne les a jamais reçus.
731651 : Ferdinand III retire les procès de patronage de la compétence des tribunaux ecclésiastiques et en attribue la connaissance au tribunal suprême du royaume (v?tší zemský soud).
741653 : début des mesures antiprotestantes en Silésie (fermetures d’églises et d’écoles, expulsions de pasteurs). 28 février : rescrit de Ferdinand III maintenant le statu quo concernant le patronage des paroisses. Publication à Prague des trois premiers des Dix livres de la Hiérarchie de l’ Église romaine. Envoi à Rome par Bernhard Ignac Martinic d’un pamphlet intitulé Idea gubernationis ecclesiasticae, quae modo est in regno Bohemiae contre l’entourage du cardinal Harrach (Caramuel y Lobkowitz, le capucin Basile d’Aire, Valerianus Magni).
751654 : aux yeux des autorités, la Bohême est redevenue catholique. Rescrit du 23 février 1654 : union des deux universités pragoises (université Charles et Académie ferdinandine) imposée par Ferdinand III. Il y a désormais une université Carolo-Ferdinandine sous la surveillance d’un superintendant royal, avec l’archevêque comme chancelier, des jésuites comme professeurs.
76Ferdinand III désigne Caramuel comme le futur évêque de Hradec Králové.
7724 mai 1655 : le pape crée l’évêché de Litom??ice, dont il reconnaît le nouvel évêque le 3 juillet. Novembre 1655 – septembre 1656 : conflit entre Harrach et les jésuites à propos de la censure. Ferdinand III, par un rescrit du 27 novembre, fait savoir que le privilège appartient à l’Université et non à la Compagnie de Jésus.
781656 : couronnements de l’impératrice Éléonore (11 septembre), troisième épouse de Ferdinand III, et de l’archiduc Léopold (14 septembre).
79Silésie : contrôle du clergé par l’État.
801657 : Moravie : idem. 2 avril 1657 : mort de Ferdinand III à Vienne.
811658 : Bohême : idem.
821662 : renouvellement de l’accord sur le sel.
8310 novembre 1664 : création par le pape de l’évêché de Hradec Králové.
8429 juillet 1665 : Sobek z Bilenberka installé évêque de Hradec Králové.
8522 septembre 1665 : décret de la Congrégation De propaganda fide restituant au clergé séculier les paroisses tenues par des réguliers.
8625 octobre 1667 : mort du cardinal Harrach à Vienne.
873 septembre 1673 : pose de la première pierre de la nef de la cathédrale de Prague par Léopold Ier, mais cette reprise des travaux de construction est de courte durée. Publication à Prague du Phosphorus septicornis du chanoine Pešina à la gloire de la cathédrale et du chapitre et de la Vita Joannis Nepomuceni du jésuite Balbín.
881675 : Jan Bed?ich z Valdštejna (Johann Friedrich von Waldstein) nommé archevêque de Prague.
891680 : pèlerinage de Léopold Ier à Prague sur la tombe de Jean Népomucène.
901681 : décret de Léopold Ier confirmant le droit du clergé de siéger à la diète de Bohême.
911683 : érection sur le pont Charles, à Prague, d’une statue de Jean Népomucène. Siège de Vienne et défaite ottomane le 12 septembre.
921691-1697 : Abraham Godyn peint pour le comte de Šternberk dans la grande salle du château de Troja l’Allégorie de la Sainte-Alliance contre la Sublime Porte ainsi que le Triomphe de Léopold Ier.
931693-1694 : vive tension entre l’archevêque de Prague et le clergé d’une part, le pouvoir impérial et royal d’autre part. L’archevêque est privé du droit de vote à la diète. Envoi à Prague par la cour de Vienne du P. Wolff, jésuite.
943 juin 1694 : mort de Mgr de Valdštejn.
9528 août : décret impérial rendant au clergé de Bohême l’administration de ses biens temporels et le droit de vote à la diète.
Notes
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[1]
Ji?í Linhart – Alena Vodáková, (éd.), Velký sociologický slovník, Prague, 1996, p. 760
-
[2]
Ibidem, p. 664.
-
[3]
Il serait superflu de mettre en doute que ce nationalisme défini comme une attitude négative ait disparu au milieu du xxe siècle, alors qu’il a pu reprendre de la vigueur de nos jours.
-
[4]
On désigne ainsi le royaume de Bohême proprement dit, le margraviat de Moravie et la Silésie avec ses principautés et ses villes.
-
[5]
Pavel Skála ze Zho?e, Ok?ik na nedbalého ?echa u?in?ný… (Avertissement à un Tchèque qui ne respecte pas sa langue), Bohumil Ryba (éd.), Prague, 1953. Sur les stéréotypes dans la compréhension des rapports tchéco-allemands au Moyen Âge et aux débuts de l’époque moderne, il existe une abondante littérature, par exemple František Šmahel, Idea národa v husitských ?echách, ?eské Bud?jovice 1971 ; Petr ?ornej, Velké d?jiny zemí Koruny ?eské, t. V, 2 éd., Prague, 2010, p. 413-422 ; Peter Demetz, Praha ?erná a zlatá. Výjevy ze života jednoho evropského m?sta, Prague, 1998.
-
[6]
Il se peut que le renforcement de la langue allemande soit une réponse à la position privilégiée qui était celle du tchèque dans l’État dominé par les ordres d’avant la Montagne blanche.
-
[7]
Le dernier en date est Petr Ma?a, Sv?t ?eské aristokracie, Prague, 2004, notamment p. 62-75.
-
[8]
Pour les appeler comme le faisait Robert von Friedeburg, ´Patria´ und ´Patrioten´ vor dem Patriotismus. Pflichten, Rechte, Glauben und die Rekonfugurierung europäischer Gemeinwesen im 17. Jahrhundert, Wiesbaden, 2005, p. 7-54
-
[9]
Ibidem, p. 12. Les études contenues dans ce recueil donnent une présentation générale du patriotisme dans l’Europe occidentale des temps modernes. Signalons tout spécialement dans ce précieux volume les articles de Heiko Droste, « Patrioten ausländischer Herkunft. Zum Patriotismus in Schweden im 17. Jahrhunder », p. 309-334 et de Horst Dreitzel, « Zehn Jahre „Patria“ in der politischen Theorie in Deutschland: Prasch, Pufendorf, Leibniz, Becher 1662-1672 », p. 367-534.
-
[10]
Voir le recueil dirigé par Claus Bjorn – Alexander Grant – Keith J Stringer, Nations, Nationalism and Patriotism in the European Past, Copenhague, 1994.
-
[11]
Voir Mauricio Viroli, For Love of Country, Oxford, 1995, p. 44-45.
-
[12]
On trouvera une présentation générale de la question du patriotisme à l’époque moderne dans l’historiographie européenne des années 1990 dans l’article de Reinhart Koselleck, « Patriotismus. Gründe und Grenzen eines neuzeitlichen Begriffs », dans Patria und Patrioten… op. cit., p. 535-552.
-
[13]
František Kutnar, Obrozenské vlastenectví a nacionalismus. P?ísp?vek k národnímu a spole?enskému obsahu ?ešství doby obrozenské, introduction par Martin Ku?era, postface de Ji?í Rak, Prague, 2003 ; Bohdan Chudoba, Jindy a nyní. D?jiny ?eského národa, Prague, 1946. Remarquons que l’ouvrage de Kutnar fut rédigé en même temps que celui de Chudoba. Kutnar acheva son manuscrit à la fin de 1939 et en prépara l’édition au printemps suivant mais, à cause de la situation politique, il ne put l’éditer (voir les remarques introductives de Martin Ku?era, p. 9).
-
[14]
C’est le cas avec le petit ouvrage d’un professeur au Gymnase archiépiscopal, le jésuite Emanuel Kubí?ek, « Národní v?domí ?eských jesuit? až po dobu Balbínovu », dans Sedmnáctá výro?ní zpráva ?eského arcibiskupského gymnasia za školní rok 1929-1930, p. 3-19, étude reposant sur la connaissance de sources jusqu’alors inusitées mais que son insistance sur la « tchéquité » du patriotisme d’après la Montagne blanche rend dépourvue de sens critique et aujourd’hui fort archaïque.
-
[15]
Cette notion du « temno », les ténèbres d’après la Montagne blanche, provient du titre d’un roman dû au plus célèbre des auteurs tchèques de romans historiques, Alois Jirásek. Sur ce thème du temno, voir mon article « Das „Temno“ im mitteleuropäischen Kontext: Zur Kirchen- und Bildungspolitik im Böhmen der Barockzeit », Bohemia, t. xxxiv (1993), Hf. 2, p. 342-358.
-
[16]
F. Kutnar, Obrozenské vlastenectví… op. cit., p. 26.
-
[17]
Václav Jan Rosa, ?echo?e?nost, seu Gramatica linguae bohemicae…, Pragae, 1672.
-
[18]
Jan P. Ku?era – Ji?í Rak, Bohuslav Balbín a jeho místo v ?eské kultu?e, Prague, 1983, p. 137-143.
-
[19]
Balbín dédia cette œuvre à son ami Tomáš Pešina. Le titre Dissertatio apologetica pro lingua slavonica praecipue bohemica… n’a été utilisé qu’à partir du temps de Pelcl.
-
[20]
Après 1620, on qualifiait de « nouveaux » les ordres établis dans les pays de la Couronne depuis moins d’un siècle.
-
[21]
Jan Pa?ez – Hedvika Kucha?ová, Hyberni v Praze – Éireannaigh I bPrág. D?jiny františkánské koleje Neposkvrn?ného po?etí Panny Marie (1629-1786), Prague, 2001.
-
[22]
Cyril Straka, P?enešení ostatk? sv. Norberta z Magdeburku na Strahov (1626-1628). K t?istaletému jubileu roku 1927, Prague, 1927.
-
[23]
Reverendi patris Alberti Chanowsky e Societate Iesu Vestigium Boemiae piae…, notis illustratae et auctae a P. Ioanne Tanner eiusdem Societatis sacerdote, Pragae, 1659.
-
[24]
Ji?í Mikulec a clairement récapitulé les causes religieuses du patriotisme baroque dans son article « Náboženské souvislosti barokního patriotismu », dans Ivana ?ornejová – Ji?í Kaše – Ji?í Mikulec – Vít Vlnas, Velké d?jiny zemí Koruny ?eské, VIII, 1618-1683, Prague, 2008, p. 312-323.
-
[25]
Sur les saints issus des dynasties régnantes, voir par exemple Gábor Klaniczay, « Le culte des saints dynastiques en Europe centrale. L’Église et le peuple chrétien dans le pays de L’Europe Centre-Est et du Nord », Collection de l’École française de Rome, no 128, s. 237-245. Le livre le plus récent chez nous sur le culte de saint Venceslas est celui de Dana Stehlíková (éd.), Svatý Václav, ochránce ?eské zem?, Prague, 2008.
-
[26]
Voir Zden?k Kalista, ?eská barokní gotika a její ž?árské ohnisko, Brno, 1970 ; František Jan Beckovský, Poselkyn? starých p?íb?h?v ?eských I, Prague, 1670, la préface notamment.
-
[27]
On en trouvera une présentation d’ensemble dans le livre de Jan Royt, Obraz a kult v ?echách v 17. a 18. století, Prague, 1999.
-
[28]
L’ouvrage de référence sur la piété baroque dans la monarchie autrichienne est celui d’Anna Coreth, Pietas Austriaca. Österreichische Frömmigkeit im Barock, 2e éd., Munich, 1982.
-
[29]
Voir Olivier Chaline, La Bataille de la Montagne blanche (8 novembre 1620) : un mystique chez les guerriers, Paris, 2000.
-
[30]
Ji?í Mikulec in: Velké d?jiny zemí Koruny ?eské VIII, op. cit., p. 321.
-
[31]
Marie-Elizabeth Ducreux, « L’ordre symbolique d’un pèlerinage tchèque dans l’espace habsbourgeois au 17e siècle : Stará Boleslav », in Ph. Boutry, D. Julia et P.-A. Fabre (dir.), Rendre ses vœux. Les identités pèlerines dans l’Europe moderne, xve-xixe siècles, Paris, Éditions de l’ehess, 2000, p. 87-122.
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[32]
Nos écrivains baroques n’ont pas donné une définition aussi précise de la patrie que celle élaborée dans l’Empire par Samuel Puffendorf ou Gottfried Wilhelm Leibniz. L’historiographie tchèque récente n’a pas prêté à cette notion beaucoup d’attention, hormis Josef Válka, « Obsah pojm? národ a vlast u Komenského. K otázce Komenského „moravanství“ », Vlastiv?dný sborník moravský, 22, 1970, p. 281-290.
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[33]
D’après la légende connue dès la Chronique de Cosmas (voir l’édition récente qui en a été donnée par Karel Hrdina – Marie Bláhová, Kosmova kronika ?eská, Prague – Litomyšl, 2005, p. 7) l’ancêtre ?ech se rendit sur la montagne de ?ip à la limite entre la Bohême centrale et celle du nord et décida qu’il se fixerait là avec son peuple.
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[34]
Sur le rôle des prémontrés dans la recatholicisation, l’étude la plus fouillée est celle d’Hedvika Kucha?ová et Jan Pa?ez, « Strahovští premonstráti a rekatolizace. P?ístupy a problémy », dans Ivana ?ornejová (ed.), Úloha církevních ?ád? p?i pob?lohorské rekatolizaci, Prague, 2003, p. 36-75.
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[35]
Josef Hanzal, « Ji?í Ignác Pospíchala a jeho doba », ?eskoslovenský ?asopis historický, 19, 1971, p. 229-257.
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Malheureusement, il n’existe aucune étude scientifique sérieuse de la question des rapports entre Tchèques et Allemands après la Montagne blanche. Mais, il y a moins de deux ans, on a édité de manière posthume le travail d’Ernst Leipprand, Deutsche und Tschechen im Zeitalter des Dreißigjährigen Krieges. Ein Nationalitätenproblem, Baden Baden, 2008, or il s’agit d’un livre dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a rien de scientifique. Il est l’œuvre d’un historien allemand qui l’écrivit en 1942 alors qu’il était officier dans la Wehrmacht et se disait « responsable littéraire » des prisonniers de guerre français. Très hostile aux Tchèques, ce texte ne dissimule pas ses options nazies !
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À la différence de l’allemand, la langue tchèque ne distingue pas entre les deux adjectifs, « böhmisch » qui s’appliquent indifféremment aux habitants germanophones et tchécophones, et « tschechisch » qui désignent uniquement ces derniers.