Notes
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[1]
Cf. Antonín Podlaha : D?jiny arcidiecése pražské od konce století XVII. do po?átku století XIX. Díl I. Doba arcibiskupa Jana Josefa hrab?te Breunera (1694-1710) [Histoire de l’archidiocèse de Prague de la fin du xviie siècle au début du xixe. Tome premier [et unique, N. D. T.]. L’archiépiscopat du comte Jean-Joseph Breuner 1694-1710]. Prague, 1917, p. 31-138 ; les nombres donnés ne sont pas absolus, car certains droits de patronages étaient alors l’objet de contestations. Voir aussi Eduard Maur : « Problémy farní organizace pob?lohorských ?ech [Les problèmes d’organisation paroissiale de la Bohême d’après 1620] », dans Traditio et cultus. (Miscellanea historica bohemica Miloslao Vlk, archiepiscopo Pragensi, ab eius collegis amicisque ad annum sexagesimum dedicata.), Prague, 1993, p. 163-176, en particulier p. 172.
-
[2]
Entendre par personnes ecclésiastiques les dignitaires qui possédaient le patronage au titre de leur fonction ou que celle-ci mettait en jouissance de certains domaines où ils remplissaient les fonctions de patron.
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[3]
Cf. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 348 ; cf. aussi l’exemple d’une abbaye de Bohême du Sud étudié par Marie Ryantová « Fary pod patronátem kláštera Zlatá Koruna na konci 17. a na za?átku 18. století. [Les paroisses sous le patronage du couvent de Zlatá Koruna à la fin du xviie siècle et au début du xviiie siècle] » dans Martin Gaži (éd.), Klášter Zlatá Koruna. D?jiny – památky – lidé [Le couvent de Zlatá Koruna. Histoire, bâtiments, personnes]. ?eské Bud?jovice, 2007, p. 79-89, en particulier p. 80-82 ; Dominik Kaindl, D?jiny kláštera Vyšší Brod v ?echách [L’histoire du couvent de Vyšší Brod en Bohême] Libice nad Cidlinou, 2008, p. 81-82.
-
[4]
Eliška ?á?ová, « Vývoj správy pražské arcidiecéze v dob? násilné rekatolizace ?ech (1620-1671) [Le développement de l’administration de l’archidiocèse de Prague à l’époque de la recatholisation d’autorité de la Bohême, 1620-1671] », Sborník archivních prací [Recueil d’études archivistiques] 35, 1985, p. 486-560, en part. p. 503-504.
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[5]
En particulier A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., passim ; František Krásl, Arnošt hrab? Harrach, kardinál sv. církve ?ímské a kníže arcibiskup pražský. Historicko-kritické vypsání náboženských pom?r? v ?echách od roku 1623-1667 [Ernest Comte Harrach, cardinal de la sainte Église romaine et prince-archevêque de Prague. Description historico-critique de la situation religieuse en Bohême, 1623-1667] Prague, 1886 ; Johann Ev. Schlenz, Das Kirchenpatronat in Böhmen. Beiträge zu seiner Geschichte und Rechtsentwicklung, Prague, 1928.
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[6]
NdT : Poddany signifie à la fois sujet et serf ; aucun des deux termes ne le rend toutefois parfaitement en français puisque la réalité sociale du second servage est propre à l’Europe à l’Est de l’Elbe.
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[7]
Les notes qui suivent proviennent, sauf mention contraire, de l’étude du fonds du patronage des princes Eggenberg, Schwarzenberg et Buquoy, dont l’auteur de l’article a publié une partie dans sa thèse : Pavla Stuchlá, Prachatický vikariát 1676-1750. Vybrané otázky církevní správy [le vicariat de Prachatice, 1676-1750 ; questions choisies d’administration ecclésiastique], Prague, 2004. L’activité du patronage des princes Schwarzenberg et sa production écrite a fait dernièrement l’objet de la thèse de Pavel Pumpr, qui n’a pas encore été éditée : Pavel Pumpr, Beneficia, záduší a patronát v barokních ?echách. Na p?íkladu panství T?ebo? na p?elomu 17. a 18. Stolet,. Filozofická fakulta Masarykovy univerzity v Brn? [Bénéfices, revenus de fabrique et patronage dans la Bohême baroque. L’exemple de la seigneurie de T?ebo? au tournant des xviie et xviiie siècles ; Faculté des arts de l’université Masaryk de Brno], 2008. L’auteur remercie M. le Dr Pumpr d’avoir eu l’amabilité de lui communiquer son travail.
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[8]
L’ordonnance fondamentale pour l’archidiocèse de Prague au début de l’époque moderne est celle du Synodus Archi-Dioecesana Pragensis habita… ab Sbigneo Berka… Archi-Episcopo Pragensi… Anno… 1605. Reimpressa. Pragae 1762, p. 144-147, chapitre De beneficiorum collatione, ac jure patronatus. Les patrons des bénéfices recommandaient en règle générale un prêtre avant l’expiration du délai pour envoyer la présentation à l’administration ecclésiastique.
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[9]
F. Krásl, Arnošt hrab? Harrach, op. cit., p. 238 ; A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 432. La liberté de nos jours quasi totale avec laquelle les évêques disposent de leur clergé en république Tchèque n’a été rendue possible que par le changement politique après 1989. Les prêtres sont en règle générale investis des paroisses non comme curés, mais seulement comme administrateurs, et il leur est affecté jusqu’à dix paroisses dans la région frontalière. Tous les droits de patronage ont été annexés en 1949 par l’État.
-
[10]
P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 98, montre que ces dates, déjà habituelles avant la Montagne Blanche, se sont maintenues après ; J. Schlenz le montre aussi, Das Kirchenpatronat, p. 299-300.
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[11]
Poddanské m?sto (la ville sujette, ville serve, faisant partie d’une seigneurie territoriale, mais jouissant d’une certaine autonomie administrative) et m?ste?ko (la petite ville, le bourg) renvoient à des réalités juridiquement claires au xviie siècle. N. d. T.
-
[12]
Hejtman (capitaneus) est un terme assez vague, car il peut désigner un grand nombre de fonctions de direction très différentes, capitaine de cercle, prévôt etc. Vrchní hejtman pourrait ici être traduit par intendant principal, étant entendu que celui-ci a une fonction de lieutenance bien plus large que la seule gestion économique d’un domaine. N. d. T.
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[13]
Par exemple Dietrich von Germersheim (1642-vers 1664), vrchní hejtman du Duché de Krumlov appartenant aux Eggenberg, qui jouissait de ce type de droit.
-
[14]
En Bohême se rencontrait majoritairement auprès des ecclésiastiques le titulus mensæ, accordé par une institution pour la formation des jeunes prêtres (séminaire archidiocésain, convict Saint Barthélémy), par des personnes privées (en particulier des nobles), ou, le cas échéant, par certaines localités. Le candidat aux ordres majeurs qui pouvaient prouver de revenus personnels suffisants était ordonné titulus patrimonii. Le titulus beneficii, garantie de subsistance d’un prêtre sur les revenus d’une cure, ne se rencontre pratiquement pas.
-
[15]
Cf. Marie Ryantová, « P?ísp?vek k poznání struktury jiho?eského sv?tského kléru v období vrcholící rekatolizace [Contribution à l’étude du clergé séculier de Bohême du Sud à l’apogée de la recatholicisation] ». Jiho?eský sborník historický [Recueil d’études historiques de Bohême du Sud] 57, 1988, p. 61-74, en particulier p. 66-68 ; P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 127-130, 109-114.
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[16]
Le Tchèque désigne par droit d’étole les dons faits par les paroissiens lors des baptêmes, mariages et obsèques, selon un tarif fixe. N. D. T.
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[17]
A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 145, 154, 433 ; P. Stuchlá, Prachatický vikariát, op. cit., p. 107 ; Ead., « Nástupní podmínky pro fary eggenberského patronátu na p?elomu 17. a 18. Století [les conditions d’admission aux cures du patronage Eggenberg au tournant des xviie et xviiie siècles] » Archivum Trebonense 2011 (sous presse) ; P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 116-117, 125-126.
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[18]
Le Tchèque nomme kaplan indifféremment les vicaires, auxiliaires du curé, mais aussi les bénéficiers des chapellenies. N. D. T.
-
[19]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 140. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 438-439 : formulaire de lettre de confirmation de l’époque de l’archevêque Breuner (1695-1710) ; les deux délais se trouvent déjà dans un acte similaire de l’époque de l’archevêque Sobek (1669-1675). Instruction pour les vicaires de 1697, points 6, 8 et 22 (A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 144-145, 150) ; Instruction pour les curés de 1697, points 6 à 9 (ibid., p. 153-154). Pour les questionnaires de visite, cf. Veronika Semerádová, « Vizita?ní písemnosti ?ech 17. století. (Farní kostely a farní klérus pražské arcidiecéze 1623-1694) [Les écrits de visite en Bohême au xviie siècle (églises paroissiales et clergé diocésain de l’archidiocèse de Prague, 1623-1694)] ». Sborník archivních prací [Recueil des travaux archivistiques] 47, 1997, p. 125-194, en particulier p. 131-139, 160.
-
[20]
J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 267.
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[21]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 141, 147.
-
[22]
Pour plus de détails sur cette querelle, voir A. Podlaha D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 439-449 ; résumé dans Marie Ryantová, « Církevní patronát Eggenberk? a Schwarzenberk? na p?elomu 17. a 18. století (1694-1730) [Le patronage ecclésiastique des Eggenberg et Schwarzenberg au tournant des xviie et xviiie siècles, 1694-1730] », Opera historica 5, 1996, p. 617-637, particulièrement p. 621-626.
-
[23]
Cf. par exemple Marie Ryantová, « Fará?i na lobkovickém panství Vysoký Chlumec po Bílé ho?e a jejich podíl na rekatolizaci [Les curés de la seigneurie des Lobkovic à Vysoký Chlumec après la Montagne Blanche et leur contribution à la recatholicisation] », dans Pavla Stuchlá (éd.), Antonín Jan Václav Vokoun (1691-1757) a církevní správa jeho doby v ?echách. (Sborník p?ísp?vk? z odborného seminá?e, konaného dne 11. zá?í 2007 v M?stské galerii ve Vod?anech.) [Antonin Jean Venceslas Vokoun (1691-1757) et l’administration ecclésiastique de son temps en Bohême, actes du séminaire spécialisé du 11/09/2007 au musée municipal de Vod?any], Vod?any, 2008, p. 95-108.
-
[24]
Instruction pour les curés de 1697, points 11 à 13 (A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 154-155).
-
[25]
Cf. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 458.
-
[26]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 146-147. Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 312.
-
[27]
F. Krásl, Arnošt hrab? Harrach, op. cit., p. 225, 238.
-
[28]
Cf. par exemple Ji?í Mikulec, Poddanská otázka v barokních ?echách [La question du servage dans la Bohême baroque], Prague, 1993, p. 70-89 avec l’indication des autres sources, des imprimés et de la bibliographie. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 363-364.
-
[29]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 346-350.
-
[30]
Ibid., p. 341.
-
[31]
Sur la défense des sujets par la seigneurie contre l’imposition de nouvelles obligations, en relation avec les progrès de l’encadrement paroissial, voir par exemple Michal ?ezní?ek « Podoba a pr?b?h obnovy katolické farní sít? v letech 1620 až 1780 na Lede?sku, Pod?bradsku a Prachaticku [formes et étapes de la rénovation du réseau paroissial dans les cercles de Lede?, Pod?brady et Prachatice entre 1620 et 1780] » dans Pavla Stuchlá (éd.), Antonín Jan Václav Vokoun (1691-1757) a církevní správa jeho doby v ?echách, op. cit., p. 109-119, en particulier p. 115-117.
-
[32]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 32, 143.
-
[33]
Ibid., p. 141-142.
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[34]
Le tchèque ne possède pas les termes spécifiques qu’a le français : droits de garde ou d’avouerie. N. D. T.
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[35]
Le terme recouvre les attributions du sacristain mais aussi celles du bedeau et du marguillier. N. D. T.
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[36]
Pour l’exemple de la seigneurie de T?ebo? voir P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 221-228.
-
[37]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 332-349 ; A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 507-513, 527-528.
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[38]
Le terme signifie maître d’école et chantre, et de fait, ils étaient l’un et l’autre. N. D. T.
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[39]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 173-175 : De Testamentis Clericorum.
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[40]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 320-329.
1Il serait presque inimaginable de se consacrer à l’étude des relations entre pouvoir spirituel et temporel dans la Bohême du xviie siècle sans accorder l’attention nécessaire à la cohabitation de leurs cellules de base et de leurs représentants dans l’espace rural – le clergé paroissial et la seigneurie, son possesseur, son administration et ses habitants-paroissiens.
2En Bohême, traditionnellement, le patron de l’Église et du bénéfice occupait une position forte. Localement, au xviie siècle, c’était le droit de patronage laïc (jus patronatus laicale) qui dominait, ainsi que le droit de patronage dit réel (sur les biens : reale), lié en tant que droit dit accessoire (accessorium) à la propriété d’un bien donné (par exemple une seigneurie). Dans ce cas de figure, la règle était la suivante : celui qui possédait la seigneurie du sol était patron de l’église et de la paroisse. Témoigne de l’importance que l’État absolu accordait à cette question du patronage l’intervention du souverain de 1651. C’est à lui en effet qu’appartenait, en vertu de la Constitution rénovée de 1627 (Obnoveného z?ízení zemského), le droit de patronage suprême. Par la mesure de 1651, il retirait les procès de patronage de la compétence des tribunaux ecclésiastiques, et ordonnait qu’ils se fassent désormais devant l’instance appelée tribunal suprême du royaume (v?tší zemský soud). L’État ensuite édicta d’autres normes légales, en particulier au cours du xviiie siècle, par lesquelles il ajustait les relations mutuelles dans des questions particulières liées à l’exercice des droits et obligations du patronage. Les mesures définitives – comme pour tout le reste de la société – arrivèrent à la fin du xviiie siècle.
3Selon les données publiées [1], la situation de l’archidiocèse de Prague était grosso modo la suivante, sur les 772 paroisses qu’il comptait en 1710 : les possesseurs des domaines et seigneuries, en premier lieu des nobles de l’ordre des seigneurs, avaient droit de patronage sur 67,8 % d’entre elles ; les administrations représentant le souverain ou celles du royaume le possédaient pour 6,5 % d’entre elles ; les localités, en particulier les villes royales, en contrôlaient 5,3 % ; à peu près 20,5 % des paroisses étaitent du droit de patronage d’ordres religieux, d’institutions ou de personnes ecclésiastiques [2]. La part du patronage ecclésiastique dans l’archidiocèse de Prague dépassait ainsi des deux tiers la proportion du sol bohême réellement possédé par l’Église. C’était là une conséquence des donations médiévales de droits de patronage sur des domaines laïcs au bénéfice d’institutions ecclésiastiques, mais aussi de patronages restés ecclésiastiques dans des domaines sécularisés, ou encore de transferts de patronage sur les domaines de cette noblesse, qui à la fin du xvie siècle avait fondé des collèges jésuites pour soutenir la foi catholique (par exemple à Jind?ich?v Hradec, Chomutov, ou ?eský Krumlov). Alors que dans les paroisses dont la compagnie de Jésus avait le patronage, les curés étaient des prêtres diocésains, dans celles des ordres dits « anciens » (comme les bénédictins, cisterciens ou prémontrés), des religieux de ces ordres étaient chargés de la cure des âmes. Le décret romain de 1669, envoyé à l’archevêque Sobek, déclarait en vigueur les décisions du concile de Trente, selon lesquelles les bénéfices séculiers devaient être occupés par des prêtres séculiers, les réguliers prêtres ne pouvant, eux, être admis qu’à des cures de leur ordre. Les supérieurs des instituts religieux réussirent cependant par la suite à défendre la pratique d’envoyer leurs religieux dans des paroisses même situées en dehors de la seigneurie territoriale de leur couvent, à condition toutefois d’en posséder au moins le droit de patronage. Pour exercer dans les cures, les réguliers devaient avoir une approbation en règle. Ils étaient aussi tenus de procéder en harmonie avec les constitutions de l’archidiocèse de Prague [3]. La période qui suivit la bataille de la Montagne blanche (1620) connut un manque durable de prêtres séculiers d’origine locale. On fit alors appel, par nécessité, aux services pas toujours satisfaisants de religieux et de prêtres d’au-delà des frontières du royaume pour les paroisses séculières. La situation s’améliora progressivement dans la seconde moitié du xviie siècle, quand – entre autres – l’administration ecclésiastique (centrale et vicariale) put enfin contrôler la qualité des aspirants aux cures, qu’elle ignorait jusqu’ici. Ces aides délaissèrent alors peu à peu les paroisses séculières dans lesquelles ne restaient plus, à la fin du siècle, que quelques religieux isolés.
4Dans son étude classique sur le développement de l’administration de l’archidiocèse de Prague à l’époque de sa recatholicisation d’autorité [4], Eliška ?á?ová a attiré, il y a un quart de siècle, l’attention sur l’importance de l’étude des sources nées de l’activité des organes dirigeants. Elle remarque que le centre de la recherche devrait se trouver dans les archives des grandes seigneuries, là où les chancelleries étaient bien organisées et où ont été conservés les vieux registres. Les fonds des grands domaines renferment aussi en général des collections relativement amples de sources d’origine patronale portant surtout sur des affaires d’églises et de paroisses. Leur étude, fort prometteuse, peut modifier la vision que l’on a de la forme et de l’activité de l’administration ecclésiastique d’après la Montagne Blanche. Les travaux antérieurs [5] s’appuyaient en effet sur des archives principalement ecclésiastiques. Dresser grâce aux unes et aux autres un tableau plus complet de la situation à cette époque est désormais possible.
5Les collections patronales d’affaires étaient classées à part dans le cadre des fonds d’archives. Elles reflètent tout d’abord, dans une certaine mesure, les droits honorifiques du patron, surtout l’exigence générale de préséance sur les autres laïcs. Mais la matière juridique conservée est essentiellement celle liée aux obligations. Obligations à l’égard de l’église dont on possède le patronage : sa défense et sa représentation à l’extérieur, l’obligation d’en faire réparer le sanctuaire délabré, les mises en garde de son recteur, le cas échéant de l’évêque pour la non-gestion de ses revenus, qu’ils soient à titre de dîmes ou de fondation particulière. Obligations aussi à l’égard du bénéfice dont on possède le patronage : présenter ou donner une recommandation à valeur d’engagement pour un candidat, quand le bénéfice se libère, et signaler les manquements du bénéficier. Les différentes interprétations de ces droits fournissaient ensuite une arène, à peu près à chaque niveau, où les pouvoirs séculier et ecclésiastique s’affrontaient non sans quelques exagérations. Dans les cas où le patron de l’église était quelqu’un d’autre que le seigneur foncier, les affaires de patronage se dédoublaient dans certains domaines, par exemple les comptes des églises, origine de nombreuses contestations. Dans ce cas de figure aussi le seigneur foncier pesait d’un plus grand poids, et pouvait exiger la préséance sur le patron.
6La question du patronage dans les fonds des possesseurs des domaines était organisée grosso modo de la sorte :
- contrôle de la religion des sujets [6]
- patronage du bénéfice : présentation et introduction des clercs dans les bénéfices, règlement des doléances, visite, héritages du clergé du patronage, propriétés et revenus du bénéfice, érection d’autres églises et chapellenies.
- patronage de l’église : fondation, travaux et réparations des bâtiments sacrés et de la cure, leur ameublement, y compris la documentation iconographique, affaires de propriété de dîmes, comptes compris, affaires litigieuses.
- affaires scolaires, assistance aux pauvres, fondations, confréries pieuses, pèlerinages, pèlerins, institutions régulières.
- normes édictées pour les affaires de patronage.
7Le premier acte des futures relations réciproques était la négociation pour pourvoir un bénéfice paroissial vacant. À la condition toutefois qu’à ce moment donné il y ait un bénéfice à occuper ; à condition aussi que celui-ci dispose des finances suffisantes pour assurer au futur bénéficier, sur le long terme, une subsistance adéquate à son état. Le droit de présenter (jus præsentandi) était l’un des droits et obligations les plus importants du patron : celui-ci préconisait un candidat pour un bénéfice vacant à celui qui avait la juridiction, en règle générale l’évêque diocésain, pour qu’il l’institue – à condition que ce dernier le trouve approprié et apte pour cet endroit. Un patron laïc disposait d’un délai de quatre mois pour procéder à la présentation, un patron ecclésiastique de six mois. Au-delà du délai, le droit de présentation expirait pour cette fois et l’évêque pouvait pourvoir librement la paroisse [8]. Ce système plaçait l’occupation des bénéfices ecclésiastiques, notamment des paroisses, sous la dépendance étroite du choix du candidat par les seigneurs patrons et leur administration. A contrario l’archevêque de Prague ne pouvait nommer librement qu’aux bénéfices de ses domaines (ce que l’on appelait la libera collatio), et n’installer des prêtres que dans les paroisses de son patronage, qui formaient un ensemble négligeable à l’échelle de l’archidiocèse [9]. Il y eut juste quelques décennies au cours du xviie siècle pendant lesquelles il put, en vertu d’une décision du souverain, envoyer des prêtres dans les cures des villes royales et des domaines du roi.
8Ce fut le cas, pendant la Guerre de Trente Ans, et encore un peu après. Mais c’était pour les administrations en charge du patronage une tâche quasi-surhumaine d’assurer à leurs sujets-paroissiens une administration spirituelle suffisante – trouver un candidat apte, accepté de l’administration ecclésiastique, et capable, dans les conditions du temps, de s’y consacrer à long terme à sa vocation de pasteur envoyé pour le salut des âmes. Il fallait trouver un candidat pour le bénéfice à la prochaine de ces deux fêtes, la Saint Georges (24 avril) ou la Saint Havel (16 octobre) [10], dates traditionnelles de changement de bénéficier. Sinon, les craintes grandissaient, et non sans raison, de voir la cure rester longtemps privée de prêtre. C’est aussi pour cela qu’en claire continuité avec la pratique d’avant la Montagne Blanche, dans quelques patronages probablement (par exemple celui des Eggenberk), on admettait l’initiative des villes serves et des bourgs [11]. On en retrouve aussi des traces sporadiques pour des paroisses de simples villages. Là, les habitants recherchaient eux-mêmes leur nouveau curé après en avoir demandé l’autorisation auprès de l’administration du patronage, à chaque cas de vacance de la paroisse locale. Les localités, même au temps du manque de clergé, se renseignaient dans les lieux de son ministère antérieur sur les activités du prêtre qu’elles convoitaient. Elles vérifiaient son aptitude à s’occuper de la population locale, et à administrer les autres paroisses qui lui étaient souvent rattachées. Au cas où l’intérêt se maintenait de part et d’autre, elles l’invitaient à une visite avec une messe. Si tout cela débouchait sur un accord, l’affaire était transmise à l’administration du patronage, avec demande de délivrer la présentation. Cela se faisait en général lors d’une rencontre personnelle à laquelle assistait le candidat. Si l’on débouchait au contraire sur un désaccord, l’employé responsable (habituellement le vrchní hejtman [12]) recueillait les éléments sur le candidat qu’il transmettait au patron pour décision définitive avec son opinion sur l’occupation du bénéfice. Cet administrateur pouvait, en vertu d’un pouvoir spécial à lui conféré [13], procéder lui-même seul à la présentation au nom de son patron durablement absent ou trop jeune. Dans le texte de l’acte de présentation, à côté de l’attestation que le candidat est connu de celui qui le présente et que, par ses bonnes qualités, il semble convenir au bénéfice vacant, on peut trouver aussi la phrase signalant que les paroissiens le souhaiteraient pour curé. Cette pratique disparaît peu à peu au cours du troisième quart du xviie siècle. Le choix entre des candidats qui se font petit à petit plus nombreux devint alors l’affaire exclusive de l’administration du patronage. Celle-ci prenait cependant en considération les spécificités de telle ou telle paroisse. Elle les connaissait bien, et préparait son expertise en fonction de laquelle le patron se décidait. Sa chancellerie dressait ensuite pour le candidat choisi l’acte de présentation.
9Dans les grands patronages, où s’est conservée une série d’archives presqu’ininterrompue sur la question, on peut discerner l’émergence d’une véritable politique du personnel. Au fur et à mesure que se réduisait l’acuité du manque de prêtres pour la cure des âmes, les administrations patronales cessèrent d’être forcées de « choisir » le seul candidat possible, si tant est qu’il y en avait bien un. Le candidat à une cure vacante devait être connu de l’administration – le mieux étant qu’il ait déjà exercé dans l’une des paroisses du patronage avec succès et de façon salutaire pour les âmes des sujets. Les ecclésiastiques qui étaient connus par leur origine familiale avaient de grandes chances d’être présentés. Cela pouvait être parce qu’ils avaient été sujets du seigneur-patron dans l’une de ses villes, bourgs ou parfois même villages, qu’ils lui devaient de la reconnaissance pour les études qu’il leur avait rendues possibles, ou encore qu’ils étaient nés d’employés de la seigneurie. Un groupe particulier était celui des titulaires (titulisté), c’est-à-dire les prêtres qui avaient reçu de ces seigneurs-patrons le titre de la mense (titulus mensæ), par lequel le patron s’engageait en son nom et en celui de ses successeurs légaux à garantir la subsistance du prêtre-titulaire, qui serait rendu durablement incapable de remplir son ministère et d’en toucher les fruits en raison d’une maladie ou de son âge [14]. Le lien était réciproque. Le prêtre devait pour sa part exercer son ministère dans ledit patronage pendant un temps donné. Il y jouissait de la priorité pour l’occupation des bénéfices vacants pour, disons-le ainsi, toute la durée de son ministère. Ainsi, au tournant grosso modo du xviie et du xviiie siècle, s’était formée dans les patronages une clientèle bien définie, avec une claire hiérarchie interne, dans laquelle pouvaient entrer aussi des candidats venus de l’extérieur. Il suffisait qu’ils fassent preuve de loyauté à l’égard de l’administration du patronage et s’acquittent méticuleusement de leur travail dans la vigne du seigneur que constituaient les sujets. Les prêtres cherchaient par ce moyen à se rapprocher du berceau de leur famille, et des régions où leur langue maternelle était dominante [15]. Les administrations patronales étaient bien conscientes de l’importance de l’enseignement de l’Église à ses ouailles dans leur langue maternelle, avec leur mentalité et leur dialecte. Il y avait des avantages et des inconvénients pour le clergé à avoir un enracinement local et à s’en servir. Parfois, les ecclésiastiques expérimentaient dans leur propre chair la vérité de la parole de l’Écriture, que nul n’est prophète en son pays (Mt, 13,57, Mc 6,4).
10Venait alors une étape importante. Elle fournit une belle illustration des rapports entre pouvoir temporel et spirituel au niveau local : on dressait l’acte de présentation au bénéfice du candidat, qui devait verser pour sa confection une taxe de chancellerie élevée. Dans certains patronages, il était obligé avant l’envoi de l’acte de signer et cacheter des reversales, selon lesquelles il s’engageait à respecter les conditions d’entrée dans le bénéfice. Celles-ci pouvaient être de nature générale : observer les tarifs en vigueur dans l’archidiocèse de Prague pour les droits dits d’étole – štólový poplatek [16] – les prescriptions ecclésiastiques concernant le début des offices religieux, respecter le délai habituel pour résigner le bénéfice, etc. Mais il y avait aussi des conditions propres au lieu du bénéfice : entretien d’un prêtre auxiliaire, utilisation de la langue majoritaire, relations avec les sujets de l’Église ou de la paroisse. De tels engagements cependant, pris sans la permission des supérieurs ecclésiastiques, n’étaient pas autorisés. Les contrevenants convaincus de les avoir pris s’exposaient aux peines ecclésiastiques. L’étape suivante de la procédure après la constitution d’un candidat présenté au bénéfice était, selon le synode de Prague de 1605, le serment du demandeur que, contre la promesse de la présentation, il n’avait pas consenti à une réduction des revenus ou des droits de l’Église ou du bénéfice en faveur du patron. Par nécessité, les ecclésiastiques joignaient à leur engagement une réserve, selon laquelle ils procédaient ainsi sans préjudice pour les droits des supérieurs et de leurs successeurs. La répétition des interdictions de telles pratiques par l’autorité ecclésiastique à la fin du xviie et encore en 1741 montre à quel point elles étaient vivaces [17]. Ailleurs se concluaient des contrats avec les prêtres encore en possession des bénéfices, dont le but principal était de leur garantir la sécurité matérielle. Ils furent soumis à la ratification consistoriale à partir de 1698. La fin que se proposait en cela l’administration ecclésiastique était celle-ci : qu’à l’avenir les fondations nouvelles (églises et chapelles, bénéfices curiaux et chapellenies [18], fondations de messes, etc.) ne soient pas seulement protégées par des actes d’érection (instrumentum erectionis) valables, mais encore confirmées par l’administration archidiocésaine et, dans certains cas précis, inscrites à la Table du royaume (deska zemská).
11Selon les constitutions en vigueur de l’archidiocèse de Prague, on ne devait pas s’aviser d’admettre à la cure des âmes des prêtres, réguliers ou séculiers, qui n’auraient pas disposé d’une investiture écrite en règle ou d’une autorisation, temporaire ou pas. Dans le texte des documents est indiqué clairement qu’avant de rejoindre leurs bénéfices, les arrivants devaient les transmettre au vicaire de district (vicaire forain – vicarius foraneus) responsable du nouveau lieu de leur ministère. Les formulaires imprimés d’institution des curés du dernier tiers du xviie indiquent à la fin du texte deux délais importants : le curé nouvellement institué avait huit jours pour transmettre au vicaire de district son acte d’institution et deux mois pour se faire installer par lui. Ces documents devaient aussi être exhibés lors de la visite canonique [19]. Sauf exceptions remontant la plupart du temps à la guerre de Trente Ans ou à son immédiate après-guerre [20], les administrations patronales veillaient généralement avec soin à ce que les prêtres exerçant leur ministère dans les cures aient des mandats en règle des autorités ecclésiastiques, pour éviter, entre autres, que les paroissiens-sujets ne reçoivent des sacrements invalides. Au cas où ils assuraient seuls ou avec des prêtres auxiliaires entretenus par le conseil de ville l’administration d’une paroisse temporairement vacante, ils demandaient au vicaire de district une autorisation temporaire, qu’il pouvait donner pour 30 jours. Encore au tournant des xviie et xviiie siècles, on voit naître cependant parfois des controverses ; ce, jusqu’à ce que les administrations patronales laissent totalement à la compétence de l’administration ecclésiastique le soin de cette affaire. Les prêtres confirmés pour un ministère paroissial, devaient présenter devant l’administration patronale la preuve de leur institution, et dans le cas contraire auraient été empêchés de s’installer dans la possession de leur bénéfice. Il y avait une bonne coutume, que l’ecclésiastique présente personnellement son successeur à l’administration patronale. Ensuite, en fonction de l’ordre donné par cette dernière, les paroissiens assuraient son déménagement au lieu de son nouveau ministère, selon une veille coutume. Pour certains bénéfices particulièrement importants, il convenait aussi d’aller présenter ses remerciements au seigneur-patron en personne.
12L’étape suivante était la prise de possession du bénéfice. À cette occasion, le procureur de l’administration patronale présentait leur nouveau pasteur aux représentants des paroissiens. Il les exhortait à faire preuve à son endroit du respect et de la docilité qui lui étaient dus. Il rappelait aussi au prêtre les principes d’une bonne cohabitation. Faisait aussi partie de la cérémonie la passation technique, quand le curé successeur prenait possession de l’inventaire de la cure et de ses dépendances, habituellement une liste refaite pour l’occasion, et voyait remettre à ses soins l’inventaire de l’église. On le prévenait clairement qu’il aurait à son départ à rendre en même nombre et dans le même état les objets qui lui étaient confiés, ce qu’il n’arrivait pas toujours à tenir, pour certains objets utilisables aussi dans d’autres ministères. Bien au contraire, dans le serment de son entrée en fonction, il s’engageait à ne renoncer à rien des revenus ou droits de son bénéfice, momentanément refusés ou diminués. Au contraire, il promettait de s’efforcer à récupérer les biens perdus ou occupés. Il disposait d’un délai de trois mois pour dresser l’inventaire de la cure et de l’église et les revenus y afférant [21]. Les deux côtés procédaient donc par une claire coopération. Cependant, en matière de contrôle, il est clair que l’administration patronale était, localement, dominante.
13L’installation du curé, qui fournissait l’occasion d’une rencontre physique de toutes les autorités, était le lieu de sérieuses frictions entre pouvoir temporel et spirituel. Dans la perspective ecclésiastique, il s’agissait d’un acte à caractère spirituel, l’introduction solennelle du nouveau curé dans ses fonctions, qui était signifiée symboliquement par l’entrée dans le nouveau lieu de son ministère. Le point de vue du seigneur-patron, que soutenaient des raisonnements juridiques, était qu’il s’agissait d’une démonstration manifeste de son pouvoir, et au besoin de sa force réelle, devant les clercs et les paroissiens-sujets. Le vicaire de district remplissait habituellement la fonction d’installateur, mais en sa personne c’était l’archevêque lui-même qui agissait. Pour procéder à son installation, le curé devait demander l’accord écrit du seigneur-patron. Celui-ci déléguait habituellement comme procureur l’hejtman responsable de la seigneurie. Pour restreindre les risques de querelles de préséance, le procureur du patronage et celui de l’administration ecclésiastique ne devaient pas se rencontrer en dehors de la cérémonie elle-même, qui se tenait à l’église. Hors de l’église, la préséance revenait au patronage. Elle se manifestait extérieurement par la place à main droite et le pas en avant. Ensuite, dans l’église, elle appartenait au représentant du pouvoir spirituel. Habituellement le nouveau curé était tout d’abord présenté à la cure par le procureur du patronage à ses paroissiens, aux représentants du conseil de ville, au juge (rychtá?) et aux jurés (p?ísežný) des villages. Les uns comme les autres étaient alors exhortés conformément à l’instruction. Le prêtre, debout, devait souffrir que le laïc commis par le patron, assis à main droite, exhorte le troupeau des âmes à lui confiées à une attitude de paix à son égard. Pendant l’installation à proprement parler, dans l’église, le patronage accordait une grande importance à la remise des clés de l’édifice. Ce symbole de la juridiction spirituelle, le commissaire du patronage le remettait d’abord au prêtre chargé de l’installation, et celui-ci le remettait ensuite au nouveau curé. Probablement en application de l’ordonnance impériale de 1679, le procureur du patronage, sur celui du prince de Schwarzenberg, remettait aussi au nouveau curé les clés de la cure en signe de sa prise de possession des jouissances matérielles (temporálií). Cette cérémonie, qui avait lieu en dehors de l’installation dans l’église, était ignorée des constitutions ecclésiastiques. L’ordre de préséance au banquet solennel fournissait aussi des occasions de contestations. C’est pour cela que les procureurs de certains patronages n’y participaient pas. On trouve aussi des mésententes là où le représentant de la seigneurie territoriale laïque exigeait la préséance sur le procureur du patron ecclésiastique et ce, non pas seulement pendant la procession d’entrée à l’église, mais pendant la cérémonie d’installation du curé. Témoigne de l’importance de la chose, la querelle sur le rituel d’installation des curés (1698-1708) entre l’archevêque de Prague Mgr Breuner et le prince d’Eggenberg, pendant laquelle pas un seul curé ne put être installé sur le territoire de son patronage [22]. Ce n’est que dans de rares cas que l’installation des curés pouvait respecter le délai prescrit de deux mois à compter de l’investiture.
14Les administrations patronales faisaient valoir leurs exigences également pour le choix des prêtres auxiliaires dans les paroisses, en particulier là où elles collaboraient à leur entretien. Le patron du bénéfice en possédait le droit d’enregistrement, selon la plupart des actes de fondation, en particulier dans le cas des chapellenies dites de fondation (funda?ní kaplanství), qui furent abondamment créées au tournant des xviie et xviiie siècles, devant l’augmentation tant du nombre d’habitants que du clergé. Les administrations patronales recommandaient aussi des candidats pour les quelques places de vicaire résidentiel (kaplanství residen?ní) que possédaient certaines paroisses ; et ensuite le curé les présentait au consistoire comme son vicaire (kaplan). Pour le reste, le curé pouvait choisir seul ses prêtres auxiliaires, à charge pour lui de leur procurer une investiture valide par l’administration archiépiscopale et de leur fournir une subsistance matérielle suffisante.
15Les relations locales entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel étaient donc influencées par une série de réalités générales ; au quotidien, la personnalité des acteurs historiques était déterminante. Le prêtre jouissait de privilèges respectés et d’immunités propres à l’état clérical, auxquelles étaient cependant liées des limitations très claires. Sa position particulière le séparait du reste de la société et le plaçait au-dessus d’elle grâce à son caractère de personne sacrée. Il était le pasteur spirituel et le père de ses paroissiens, le serviteur de Dieu et le serviteur des âmes. Ces âmes, à lui confiées pour les amener au salut, avaient en même temps à lui assurer sa subsistance matérielle à un certain niveau. Ce, par les dons fixes obligatoires et en particulier les dîmes en nature et leurs équivalents en argent, mais aussi par les taxes occasionnelles, qui consistaient surtout dans les droits dits d’étole. Une relation de service le liait non seulement à ses supérieurs ecclésiastiques, mais aussi, d’une certaine façon, au patron du bénéfice, ou le cas échéant, à l’administration du patronage. Celle-ci jouissait à son égard d’une position de fondateur, d’où découlaient les droits et devoirs liés au patronage, quoique cette fondation fût incapable de prendre effet avant confirmation par l’autorité ecclésiastique compétente. Atteindre, pour accomplir sa mission, des relations harmonieuses dans une situation de direction (d’un office, ú?ad, officium) et en même temps subordonnée (služebný, munus) demandait en vérité prudence pastorale, courage et réflexion. Les buts et intérêts des différents membres de cette part de la société provoquaient naturellement d’évidentes tensions, qui pouvaient aboutir de façon négative à des collisions, mais aussi plus positivement constituer des motivations pour un développement ultérieur.
16L’intérêt et la fin de tous les efforts des pouvoirs temporel et spirituel étaient, au plus haut comme au plus bas échelon, le salut des âmes qui étaient confiées à leurs soins. Les deux côtés s’acquittaient dans leur ordre propre de cette tâche, qui nécessitait leur collaboration et admettait, jusqu’à un certain point, un contrôle mutuel. L’un des grands enjeux dans l’après 1620 fut le contrôle de l’orthodoxie des fidèles. Dans les débuts en particulier cela pouvait représenter un problème pour les seigneurs eux-mêmes. Ils étaient eux aussi contrôlés pour savoir s’ils avaient bien eux-mêmes remplis leurs devoirs de chrétiens catholiques. Ils craignaient en outre, et à juste titre, dans les temps incertains de la guerre de Trente Ans, les conséquences économiques de l’effort de recatholicisation de leurs sujets, qui poussait ceux-ci dehors. Dans un espace formellement catholique, l’action systématique sur le long terme du clergé paroissial gagna en importance – sous la protection puissante du bras séculier (brachium sæculare), ce qui entraînait à la fois des avantages et des inconvénients [23]. Son aide était saluée et réclamée là où existaient ou pouvaient exister des dangers pour le culte établi, ses « infrastructures » ou son « personnel », tant sur le plan des idées, que matériellement ou physiquement. Il était très difficile pour l’Église de souffrir cette protection avec ses corollaires de contrôle dans les domaines de son activité propre. Là, elle devait respecter et tolérer des exigences, découlant des droits et devoirs des patrons (et, au sens figuré, des droits et devoirs du seigneur), qui pouvaient aller jusqu’à entamer ses libertés et sa juridiction. C’est ce que montre clairement l’instruction pour les curés de 1697. Dans la perspective de l’assistance possible qu’apporte l’autorité temporelle, on y ordonne au clergé paroissial d’avoir à cœur de rendre l’honneur qui leur est dû aux patrons de leurs églises, de respecter leur état, et d’essayer de garder la concorde et de vivre dans la paix avec tous les seigneurs temporels, leurs serviteurs et employés et bien sûr aussi avec les paroissiens – à condition cependant que ce ne soit pas au préjudice des droits et juridiction ecclésiastiques. La hiérarchie ecclésiastique exhortait ses subordonnés à des relations affables et harmonieuses, à un règlement prudent des différends éventuels, soit à l’amiable, soit par l’utilisation des moyens les plus doux ; enfin, à ne pas donner lieu à la moindre colère des paroissiens contre leur pasteur [24].
17La visite canonique, qui devait avoir lieu tous les ans, était confiée à l’échelon intermédiaire de l’administration ecclésiastique, c’est-à-dire, depuis les années 1630-1631, aux vicaires forains. Elle était l’occasion de formuler des observations, tant de la part du clergé paroissial que des paroissiens et de l’administration du patronage. À l’occasion de la visite, on convoquait aussi les représentants des autres domaines et seigneuries, qui avaient des sujets paroissiens là, mais aussi l’autoadministration locale. Les employés envoyés par l’autorité séculière entendaient d’abord auprès de l’autoadministration locale les plaintes que pouvaient avoir les sujets à l’égard de leur curé, et ensuite les envoyaient par l’intermédiaire de leurs représentants au supérieur ecclésiastique mandaté. Pendant la visite canonique, outre les questions du curé et de la cure des âmes, étaient aussi envisagées les affaires touchant l’église (l’état technique du bâtiment, sa fondation, son équipement, ses biens), des autres lieux sacrés s’il y avait lieu et, au besoin, de l’école et de son maître, du cimetière, de l’hospice et des autres fondations pieuses. Le visiteur remettait un rapport sur le déroulement de la visite aux autorités archidiocésaines, tandis que l’employé de l’administration du patronage en remettait un au patron lui-même. La visite canonique régulière était l’un des instruments les plus efficaces pour garantir une coexistence sans conflit, pour prévenir les événements malheureux et les accrochages publics qui sapaient la cohésion de la paroisse. Elle permettait de discuter à temps des problèmes locaux. Mais la visite régulière ne fonctionna qu’à partir de l’apaisement qui suivit la guerre de Trente Ans. Auparavant, l’autorité séculière était parvenue, par référence à ses privilèges, à bloquer totalement la visite générale de tout le pays. Or, cette visite générale était très nécessaire, car elle aurait permis, après les péripéties et tracas de la guerre, de consolider et d’assurer l’encadrement pastoral mais aussi, il est vrai, de découvrir les évidents abus de pouvoir perpétrés contre lui.
18Une partie courante des affaires de patronage était constituée par le traitement des demandes et doléances. Vérifier l’exécution des fondations faisait partie des droits et obligations du patron. Il s’agissait entre autres de s’assurer que les offices stipulés étaient bien célébrés. Lorsque le bénéficier n’obtempérait pas aux injonctions du patron, les sanctions étaient déclarées en liaison aussi avec le patron du bénéfice. Le concept de cura beneficii est parfois employé. Selon la ligne de l’administration ecclésiastique, une telle tâche aurait dû revenir au vicaire de district. C’est en vérité à leur seigneur, qui était le plus souvent aussi patron du bénéfice, ou plutôt en premier lieu à l’employé responsable de la seigneurie que les sujets avaient recours lorsqu’ils estimaient que leur curé leur avait fait quelque tort, s’il n’était pas possible de régler la querelle au niveau de l’autoadministration locale. Après une enquête adaptée à la gravité du délit, le patron, par l’intermédiaire de son administration locale, renvoyait une mise en garde au prêtre qui s’était rendu fautif vis-à-vis de ses sujets. Il devait vivre en paix avec eux à l’avenir, et ne plus fournir prétexte à doléance, faute de quoi le patron devrait demander son renvoi. Dans les cas graves, le seigneur envoyait ensuite à son agent à Prague l’ordre de préparer une plainte auprès du consistoire fondée sur des preuves convaincantes. Entretemps, il pouvait encore choisir un autre moyen de répression : interdire à ses sujets de verser au curé les dîmes et ainsi le forcer à quitter son bénéfice [25]. Dans les cas où l’ecclésiastique se rendait coupable d’une faute contre le patron ou l’administration du patronage, toute la procédure s’accélérait. Quand, après une enquête en règle, l’administration ecclésiastique établissait la culpabilité du prêtre dans une infraction particulièrement grave, il lui était en général ordonné de résigner son bénéfice à la date la plus proche (Saint Havel ou Saint Georges), et de rechercher un autre ministère. A contrario, il arrivait aussi que certains patrons demandent injustement le renvoi d’un curé, simplement parce que sa vieillesse ou une maladie durable lui ôtaient les forces nécessaires à l’accomplissement des devoirs de sa charge ; c’était que, pour des raisons de personnel et d’argent, il ne convenait pas au patron de lui affecter un auxiliaire [26]. Autre cas encore, lorsque le patron, au contraire, regardait comme un préjudice à ses droits l’empiétement juridictionnel des autorités ecclésiastiques supérieures sur le prêtre exerçant dans le patronage. Le clergé pouvait ainsi se sentir dépendre en réalité plus du patron de son bénéfice que de ses supérieurs hiérarchiques, comme le manifestait le serment d’entrée en charge du curé – et ce, jusqu’au milieu du xviie siècle grosso modo [27].
19Parmi les petits accrocs dans les relations avec le patron, il ne faut pas oublier des épisodes bien attestés, quoique, en termes de pouvoir, dérisoires à l’époque dont nous parlons. Il s’agit des prises de position du clergé paroissial, aux côtés de ses paroissiens-serfs, contre les exigences abusives de la seigneurie et de son appareil, contre lesquels les ecclésiastiques n’hésitaient pas à utiliser la chaire et l’imprimé. L’Église condamnait énergiquement les abus de l’appareil seigneurial, qui interdisait aux serfs de pratiquer la religion comme le demandaient les commandements de Dieu et de l’Église, en particulier par l’assistance aux offices des dimanches et jours de fête, par la sanctification des jours saints, et par l’observation exacte des obligations de confession annuelle et réception de la sainte communion pascale. Sous pression des réalités générales cependant, elle dut admettre dans le dernier tiers du xviie siècle que les curés n’aient pas le droit de marier les sujets sans consentement préalable du seigneur. En se référant désormais au danger pour le salut des âmes, elle protesta cependant contre cette pratique, quand les fiancés, pour cause de refus de cette permission, se mirent à partir dans les pays frontaliers non catholiques pour s’y marier [28].
20La seigneurie reprochait fréquemment à l’Église de ne pas s’occuper assez de l’instruction religieuse des sujets-paroissiens, en particulier au moyen des « exercices chrétiens » (k?es?anské cvi?ení). En règle générale, les supérieurs ecclésiastiques s’en tiraient par une admonestation sévère des curés. Mais l’Église répliquait aussi généralement en condamnant l’insuffisante dotation matérielle des cures. Ce n’était, en effet, pas seulement pour des raisons de manque de personnel, mais aussi pour des raisons financières que l’on regroupait plusieurs paroisses sous un même curé. Autant que les conditions locales le permettaient, on veillait clairement à ce que lesdites églises soient sous le même patronage pour éviter d’autres difficultés. Certaines seigneuries finalement s’efforcèrent de façon arbitraire à modifier les limites des paroisses au bénéfice de leurs églises patronales et de leurs paroisses [29]. Le cadre de la paroisse, bouleversé par la guerre, mit fort longtemps à se consolider. Il ne s’agissait pas seulement de la lente remise en culture des terres paroissiales. Les locations qui n’avaient pas été rénovées pendant longtemps pouvaient en ces temps incertains aboutir à une aliénation du sol ou à une erreur quant à son propriétaire [30]. De façon plus sensible, les biens des paroisses se réduisaient, lorsque leur étaient ôtées les dîmes et autres taxes complètes. Cette perte de valeur n’était que temporaire si celles-ci n’étaient récupérées par personne, mais elle s’avérait plus durable, lorsqu’elles étaient intégrées à l’exploitation seigneuriale. La variable des revenus dépendait encore du nombre d’habitants, de la compensation des pertes de guerre et de la croissance démographique de la fin du xviie siècle. Dans ce cadre bouleversé, on retrouve souvent le problème de prêtres qui cherchent à garantir leur subsistance par une augmentation des taxes dites d’étole, ce qui se faisait nécessairement au détriment de leurs paroissiens, qui souffraient de la misère. Cela pouvait faire naître jusqu’à un dégoût pour la forme catholique du christianisme. Les seigneurs-patrons devaient bien compter avec le fait que la rénovation du réseau paroissial était impossible sans leur contribution. Les contributions en nature étaient souvent une forme de charité, renouvelée, mais révocable. L’administration ecclésiastique demandait cependant que ces dons soient confirmés par des actes de fondations de bénéfices. Ainsi déposées, elles devenaient d’obligation et ne laissaient pas de prise au doute. Par la suite, pour la rénovation de bénéfices qui n’avaient pas été occupés de façon continue déjà avant la Montagne blanche, un financement venu de sources diverses devint toujours plus de rigueur. Y entrait cependant toujours la contribution directe des paroissiens. Leurs seigneurs veillaient à ce que l’on arrive à une contribution de leurs sujets tolérable sur le long terme et aussi restreinte que possible [31]. Là où le bénéfice disposait de ses propres serfs, les curés devaient respecter la juridiction supérieure du seigneur patron local, en ce qui concernait particulièrement les serfs de la fabrique (de l’église).
21L’administration de la fabrique (správa v?cí zádušních – fabrica ecclesiæ) était un autre champ possible d’affrontement entre les autorités ecclésiastique et séculière au niveau paroissial. La fabrique avait pour attributions l’entretien de l’Église, ses propriétés et son fonctionnement. Le synode de Prague de 1605 commandait à chaque recteur de se soucier de la belle apparence de l’Église comme de celle d’une fiancée aimée, de surveiller le bon état matériel du bâtiment, la propreté et le bon état, conforme aux prescriptions, des objets et linges sacrés, afin que rien ne heurte l’œil du visiteur ; il fallait puiser les sommes nécessaires pour cela dans les revenus de l’église, les dons des pieux fidèles ou les finances publiques (ex ære publico) [32]. Ces prescriptions furent répétées par la suite, de même que celle qui exigeait des nouveaux bénéficiers, l’établissement, trois mois au plus après leur arrivée, d’un inventaire des propriétés et droits de l’église ainsi que du bénéfice, en mentionnant les rentes qui y étaient attachées. Il leur était prescrit de veiller sur le patrimoine du Christ (patrimonium Christi) contre toute aliénation ou utilisation injustifiée [33]. La protection et la défense [34] de l’église au-dehors faisaient partie des droits et obligations les plus importants du patron, tout comme le contrôle de la bonne gestion des biens de la fabrique (mais dont il ne devait pas en prendre l’administration directe) et l’obligation de faire réparer l’église en mauvais état (pour laquelle il n’avait pas, jusqu’à Joseph II, à contribuer directement). Mais les patrons apportaient leur aide d’une autre façon – en fournissant du matériel de construction au prix de revient, par le remboursement partiel des frais ou par le don des matériaux les plus coûteux pour la construction ou l’ornementation de l’église. Il est nécessaire de mentionner encore un avantage – le privilège, pour le patron appauvri, d’être nourri sur les revenus de la fabrique, s’ils étaient suffisants, dans le cas cependant où il était tombé dans le besoin non par sa faute, mais à la suite d’un concours de circonstances malheureuses (incendie, inondation, invasion).
22Les sacristains [35] (kostelníci – zádušní ú?edníci, aeditui, vitrici, Kirchenväter) avaient traditionnellement la charge concrète de l’église et des autres bâtiments relevant de sa fabrique (cure, cimetière, école, et le cas échéant les autres bâtiments sacrés) et de leur assise matérielle. L’église était l’orgueil et le lieu de représentation de la localité et les administrateurs laïcs de la fabrique qui vivaient souvent toute leur vie dans la même paroisse, et avaient une relation bien plus étroite avec celle-ci que le clergé qui, sauf exception, changeait souvent au xviie siècle, à moins que la paroisse ne soit encore administrée par un prêtre venu d’ailleurs. Ils étaient plus attachés à leur église que l’administration du patronage, qui avait en charge plusieurs églises, particulièrement dans les grandes seigneuries. Il ne faudrait pas non plus oublier de signaler l’influence des confiscations qui suivirent la Montagne blanche et la tendance à former de plus grandes unités territoriales au détriment de la possession de petites parcelles. Les kostelníci, dont le nombre était compris grosso modo entre deux et sept (le nombre variant selon chaque fabrique), étaient choisis parmi les habitants les mieux possessionnés, car leurs revenus servaient de garantie. Ils avaient la responsabilité des propriétés de l’église – les revenus de la fabrique jouissant, comme ceux des orphelins, du privilège de dédommagement entier (en cas de non-paiement), mais qui n’était pas toujours respecté. Dans les villes et bourgs en particulier, c’était l’autoadministration locale qui choisissait, avec l’accord du curé, les kostelníci. Ils prêtaient leur serment d’entrée en charge devant l’office patronal. Au cours du xviie siècle, le vieux modèle fut peu à peu abandonné, et en particulier dans les localités de type urbain, il y eut deux administrateurs de fabrique laïcs et une autre division du travail se mit en place. Un kostelník qualifié d’ancien (starší kostelník, senior aedituus, Kirchenvater) avait un rôle de comptable et réglait les dépenses courantes ; les autres kostelníci (Kirchendiener) remplissaient les fonctions habituelles de leur office. Pour que les comptes soient plus facilement exigibles, on veillait à ce qu’au moins l’ancien soit en même temps sujet du seigneur-patron. Les kostelníci dépendaient de l’administration du patronage et étaient responsables avant tout devant elle. La plupart des curés ne pouvaient avoir d’influence sur la fabrique que pour les dépenses de fonctionnement ; pour le reste, ils devaient négocier avec l’administration du patronage. Cependant, la situation réelle variait selon les endroits.
23Au cours du xviie siècle, la position de l’administration du patronage se renforça de façon sensible tandis que le champ de son activité s’élargissait. La situation pendant la guerre (et ses conséquences) en est dans une certaine mesure la cause, le patronage étant traditionnellement fort et son fondement juridique respecté obtenant l’exclusion de l’influence ecclésiastique dans les affaires de propriétés (temporalií) des fondations. C’est pour cela que les seigneurs-patrons réussirent à empêcher la visite générale prévue de l’archidiocèse de Prague. Cette affirmation de la position de l’administration patronale eut lieu en particulier dans les domaines des finances des fabriques, des investissements et des archives. Autant qu’il était possible, des efforts furent faits, aussitôt après la Montagne blanche, pour retrouver le « fonctionnement » de l’Église, et pour tenir à nouveau les archives de la fabrique, en particulier les comptes des églises. La plus grande partie de l’argent et des objets de valeur, à part ce qui était nécessaire à l’usage courant des églises, furent confiés pour plus de sécurité aux administrations de patronage pour les y garder. Quelques documents importants suivirent le même chemin. La situation de guerre amena avec elle non seulement des dégâts pour les églises, la destruction ou le vol de leur mobilier, mais aussi, comme pour les paroisses, la destruction plus ou moins complète de leur assise foncière – désertification des localités dépendant des églises, départ des personnes redevables, baisse du nombre des habitants et appauvrissement de ceux-ci, perte de valeur des terres non cultivées, etc. Tout cela s’accompagnait d’une augmentation disproportionnée des lourdes créances exigibles.
24L’opération de redressement de l’après-guerre devait donc par force passer par un assainissement des finances des fabriques. Elle fut menée avec une inflexibilité quasi totale par l’autorité séculière, dans le but de rassembler des moyens suffisants. Ceux-ci devaient servir à mener à bien des actions d’investissement : réparation, reconstruction ou construction nouvelle des églises, de leurs annexes et jouissances. Mais les moyens rassemblés devaient aussi être la source d’une amélioration future des revenus des fabriques. Aux alentours du troisième quart du xviie siècle, les administrations du patronage annexèrent à leur régie presque toutes les finances des fabriques, jusqu’aux plus petites sommes, confiées aux kostelníci pour les dépenses courantes, et ils commencèrent à mettre massivement la main sur les registres de comptes des églises pour les entreposer dans leurs locaux. L’administration des fabriques se centralisa et se professionnalisa alors [36]. Les administrations patronales étaient par exemple tout juste autorisées à fournir un crédit sur les revenus des fabriques, qui remplissait le rôle – si l’on peut dire – d’une caisse de prêt, en particulier pour les habitants de la paroisse ou de la seigneurie. Les intérêts de ces prêts devinrent une importante source de revenus pour les fabriques. Les dépenses faites sur la caisse de la fabrique étaient soumises à l’autorisation de l’administration du patronage.
25Pour la cure des âmes, ces mesures, destinées à assurer la prospérité matérielle à l’Église, présentaient cependant aussi des inconvénients. À la fin du xviie siècle, c’était certes partout l’usage : les kostelníci rendaient leurs comptes annuels devant l’administration du patronage. Mais tous les curés, et loin s’en faut, n’avaient pas la possibilité de prendre connaissance de leur contenu. L’information s’arrêtait pour eux aux registres des kostelníci, dont les rubriques ne soufflaient mot des capitaux et de leurs revenus, des frais de construction (à part la maintenance courante) ou des achats des ornements les plus coûteux. La remise publique des comptes de l’église à la cure ou, dans les villes, à l’Hôtel de ville n’avait pas lieu tous les ans. Se réduisait ainsi la possibilité d’un contrôle public, dans lequel le clergé paroissial aurait eu sa part de responsabilité. Dans certains patronages on refusait de montrer au curé les inventaires ou de lui laisser regarder les livres de comptes. Il ne faut dès lors pas s’étonner des nombreuses plaintes contre la mauvaise gestion par les administrations patronales du patrimoine du Christ [37]. Le décret d’État de 1724 exigeait la participation obligatoire du clergé à la remise des comptes des églises ; mais l’octroi au curé de la troisième clé de la caisse de la fabrique conservée au siège de la seigneurie ne fut guère appliqué.
26Sans une claire coopération du curé et de l’administration laïque, l’activité d’autres personnes ou institutions en liens étroits avec la paroisse n’était pas possible. C’était le cas en particulier de l’instituteur et de l’école. Dans les villages surtout, l’école était propriété de la fabrique. Le maître (u?itel, kantor, ludimagister) était engagé et congédié par le curé après accord de l’administration patronale. Celle-ci veillait à ce que le kantor [38] ne soit pas surexploité par le curé et utilisé au-delà du cadre de son office à l’école et au chœur, par exemple à la sacristie. L’administration patronale réglait aussi les querelles, en dehors généralement de celles des villes, où l’école était administrée par la localité et le kantor un employé de celle-ci. Le choix du kantor local dépendait de l’accord entre le curé du lieu et l’autoadministration urbaine, même si là encore l’administration patronale cherchait à imposer son influence. Dans les bourgs, le kantor servait souvent aussi de scribe (písa?) à la communauté. Il était des devoirs du curé de veiller à ce que le kantor soit bon catholique et instruise convenablement la jeunesse, et que rien de contraire à la foi catholique et aux bonnes mœurs ne soit ni enseigné, ni lu à l’école. Outre cela, le curé exerçait un contrôle exact sur les institutions caritatives locales (špitály, xenodochia), que leur fondateur ait été la localité ou la seigneurie, ainsi que sur les sages-femmes (obstetrices), qui devaient être bien instruites de la façon de procéder à un baptême valide en cas de nécessité. A contrario, des activités de nature clairement religieuse, comme la fondation d’une confrérie religieuse, d’une chapelle ou l’érection d’une croix ne pouvaient se faire si manquait, outre l’accord nécessaire de l’autorité ecclésiastique, l’assentiment valide de l’administration séculière.
27Sans l’action commune des pouvoirs laïc et ecclésiastique, ne pouvait même avoir lieu généralement le dernier acte du curé, qui accompagnait son départ – vers un autre lieu de ministère, ou vers l’éternité. Dans les cas où le prêtre cherchait à quitter sa paroisse par un chemin terrestre, il devait annoncer son intention au patron du bénéfice avec un délai suffisant avant la Saint Havel ou la Saint Georges et envoyer une résignation écrite à l’administration ecclésiastique. Mais nombreux étaient les prêtres qui n’observaient pas ce procédé. Dans les temps troublés, ils abandonnaient leurs cures sans autorisation des supérieurs et finalement sans prévenir l’administration du patronage, pour laquelle s’amenuisaient les chances de dénicher un candidat convenable pour la cure libérée. Dans l’après-guerre, la discipline s’améliora peu à peu. Le départ du curé était annoncé en même temps au représentant de l’administration du patronage, aux kostelníci et, le cas échéant, à d’autres représentants des localités administrées. On procédait au contrôle de l’église conformément à l’inventaire, à celui de la cure et de leurs dépendances, et aussi à leurs comptes, qui ne pouvaient pas toujours se passer dans le calme et les points litigieux appelaient parfois des suites ultérieures. On ne pouvait pas cependant empêcher totalement que le bénéficier n’emporte en partant quelqu’objet inscrit à l’inventaire paroissial ou, le cas échéant, ne rende pas des objets empruntés à l’église. Lorsque, dans la suite du xviie siècle, un nouveau curé prenait le relais, la transmission du bénéfice se faisait dans les mêmes conditions. C’était à nouveau l’occasion de possibles controverses sur la valeur proportionnelle de certains revenus (par exemple ceux des semailles et des récoltes de fruits, sur les dîmes et autres), qui s’avéraient finalement correspondre aux constitutions de l’archidiocèse de Prague, éventuellement aussi des instructions patronales.
28Quand le bénéfice se libérait par décès, l’autoadministration locale en prévenait l’administration patronale et le curé le plus proche, qui devaient ensemble procéder à la mise sous scellés des biens du défunt, mais avec préséance pour le scel du patron, ce qui était aussi valable pour le cachet sur son inventaire. Les représentants du patronage et de l’Église devaient aussi, en général après l’enterrement du défunt, dresser ensemble l’inventaire des biens qu’il avait laissés et procéder à leur mise en ordre. L’instance compétente pour les affaires touchant les biens laissés par le clergé diocésain était le consistoire archiépiscopal. Même pour l’enterrement du prêtre dans son église, il fallait l’accord du patron et l’achat d’une place de sépulture, que ce soit par un don pieux pendant sa vie, par legs dans son testament ou par déduction du prix de son héritage. Si le prêtre était mort sans avoir fait de testament, s’appliquaient les mesures édictées par le synode de Prague de 1605 : l’héritage était divisé en trois parts entre l’église dont il avait eu la charge, le patron de cette église et la parenté du prêtre. Une partie déterminée des revenus devait aussi être laissée à son successeur [39]. Avant que la situation ne se décante à mesure que l’on approche de la fin du xviie, certains patrons refusaient de reconnaître la liberté de tester des prêtres, et exerçaient des exigences infondées sur les héritages du clergé du patronage [40] ; les taxes exigées par le consistoire sur les héritages de prêtres leur étaient insupportables. Les héritages non encore distribués se retrouvaient jusque-là sous la surveillance intermédiaire de l’administration patronale et le représentant de l’Église n’avait qu’un accès limité jusqu’à eux. Ce système patronal pouvait cependant garantir une estimation plus réaliste des sommes. Les affaires d’héritage se plaidaient devant l’autorité ecclésiastique supérieure, compétente en la matière, mais aussi devant l’administration patronale.
29Les relations entre pouvoir spirituel et temporel au niveau paroissial dans la Bohême du xviie siècle pourraient être comparées à une tapisserie. Il avait une trame claire et ferme, s’appuyant sur la forme traditionnelle du système du patronage, sur des coutumes reconnues, sur des normes écrites et, après 1620, sur un élément d’unité essentiel : le christianisme catholique, seule confession reconnue officiellement. Les individus, avec leurs traits personnels et avec leur vocation propre, mais respectée socialement, y formaient tous ensemble l’écheveau des couleurs bariolées de la vie quotidienne. Leurs actions réciproques, selon la situation, évoluaient entre la collaboration, et la rivalité avec le danger de confrontation. À ces conditions locales, l’Église, qui constituait en elle-même une autorité, devait s’adapter pour remplir sa mission salvifique ; mais c’était la puissance temporelle qui avait le plus grand poids, et elle maintenait l’Église d’une main totalement protectrice. Cette image de l’administration paroissiale dans la Bohême du xviie siècle, dans les limites de nos connaissances actuelles, doit aussi être comprise comme une invitation à des chercheurs enthousiastes. Ils pourraient à nouveau se pencher sur le matériau littéraire existant, mais leur appétit sera avant tout attiré par les trésors qui se trouvent dans les riches fonds des archives ecclésiastiques et laïques.
30(traduit du tchèque par Nicolas Richard)
Notes
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[1]
Cf. Antonín Podlaha : D?jiny arcidiecése pražské od konce století XVII. do po?átku století XIX. Díl I. Doba arcibiskupa Jana Josefa hrab?te Breunera (1694-1710) [Histoire de l’archidiocèse de Prague de la fin du xviie siècle au début du xixe. Tome premier [et unique, N. D. T.]. L’archiépiscopat du comte Jean-Joseph Breuner 1694-1710]. Prague, 1917, p. 31-138 ; les nombres donnés ne sont pas absolus, car certains droits de patronages étaient alors l’objet de contestations. Voir aussi Eduard Maur : « Problémy farní organizace pob?lohorských ?ech [Les problèmes d’organisation paroissiale de la Bohême d’après 1620] », dans Traditio et cultus. (Miscellanea historica bohemica Miloslao Vlk, archiepiscopo Pragensi, ab eius collegis amicisque ad annum sexagesimum dedicata.), Prague, 1993, p. 163-176, en particulier p. 172.
-
[2]
Entendre par personnes ecclésiastiques les dignitaires qui possédaient le patronage au titre de leur fonction ou que celle-ci mettait en jouissance de certains domaines où ils remplissaient les fonctions de patron.
-
[3]
Cf. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 348 ; cf. aussi l’exemple d’une abbaye de Bohême du Sud étudié par Marie Ryantová « Fary pod patronátem kláštera Zlatá Koruna na konci 17. a na za?átku 18. století. [Les paroisses sous le patronage du couvent de Zlatá Koruna à la fin du xviie siècle et au début du xviiie siècle] » dans Martin Gaži (éd.), Klášter Zlatá Koruna. D?jiny – památky – lidé [Le couvent de Zlatá Koruna. Histoire, bâtiments, personnes]. ?eské Bud?jovice, 2007, p. 79-89, en particulier p. 80-82 ; Dominik Kaindl, D?jiny kláštera Vyšší Brod v ?echách [L’histoire du couvent de Vyšší Brod en Bohême] Libice nad Cidlinou, 2008, p. 81-82.
-
[4]
Eliška ?á?ová, « Vývoj správy pražské arcidiecéze v dob? násilné rekatolizace ?ech (1620-1671) [Le développement de l’administration de l’archidiocèse de Prague à l’époque de la recatholisation d’autorité de la Bohême, 1620-1671] », Sborník archivních prací [Recueil d’études archivistiques] 35, 1985, p. 486-560, en part. p. 503-504.
-
[5]
En particulier A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., passim ; František Krásl, Arnošt hrab? Harrach, kardinál sv. církve ?ímské a kníže arcibiskup pražský. Historicko-kritické vypsání náboženských pom?r? v ?echách od roku 1623-1667 [Ernest Comte Harrach, cardinal de la sainte Église romaine et prince-archevêque de Prague. Description historico-critique de la situation religieuse en Bohême, 1623-1667] Prague, 1886 ; Johann Ev. Schlenz, Das Kirchenpatronat in Böhmen. Beiträge zu seiner Geschichte und Rechtsentwicklung, Prague, 1928.
-
[6]
NdT : Poddany signifie à la fois sujet et serf ; aucun des deux termes ne le rend toutefois parfaitement en français puisque la réalité sociale du second servage est propre à l’Europe à l’Est de l’Elbe.
-
[7]
Les notes qui suivent proviennent, sauf mention contraire, de l’étude du fonds du patronage des princes Eggenberg, Schwarzenberg et Buquoy, dont l’auteur de l’article a publié une partie dans sa thèse : Pavla Stuchlá, Prachatický vikariát 1676-1750. Vybrané otázky církevní správy [le vicariat de Prachatice, 1676-1750 ; questions choisies d’administration ecclésiastique], Prague, 2004. L’activité du patronage des princes Schwarzenberg et sa production écrite a fait dernièrement l’objet de la thèse de Pavel Pumpr, qui n’a pas encore été éditée : Pavel Pumpr, Beneficia, záduší a patronát v barokních ?echách. Na p?íkladu panství T?ebo? na p?elomu 17. a 18. Stolet,. Filozofická fakulta Masarykovy univerzity v Brn? [Bénéfices, revenus de fabrique et patronage dans la Bohême baroque. L’exemple de la seigneurie de T?ebo? au tournant des xviie et xviiie siècles ; Faculté des arts de l’université Masaryk de Brno], 2008. L’auteur remercie M. le Dr Pumpr d’avoir eu l’amabilité de lui communiquer son travail.
-
[8]
L’ordonnance fondamentale pour l’archidiocèse de Prague au début de l’époque moderne est celle du Synodus Archi-Dioecesana Pragensis habita… ab Sbigneo Berka… Archi-Episcopo Pragensi… Anno… 1605. Reimpressa. Pragae 1762, p. 144-147, chapitre De beneficiorum collatione, ac jure patronatus. Les patrons des bénéfices recommandaient en règle générale un prêtre avant l’expiration du délai pour envoyer la présentation à l’administration ecclésiastique.
-
[9]
F. Krásl, Arnošt hrab? Harrach, op. cit., p. 238 ; A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 432. La liberté de nos jours quasi totale avec laquelle les évêques disposent de leur clergé en république Tchèque n’a été rendue possible que par le changement politique après 1989. Les prêtres sont en règle générale investis des paroisses non comme curés, mais seulement comme administrateurs, et il leur est affecté jusqu’à dix paroisses dans la région frontalière. Tous les droits de patronage ont été annexés en 1949 par l’État.
-
[10]
P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 98, montre que ces dates, déjà habituelles avant la Montagne Blanche, se sont maintenues après ; J. Schlenz le montre aussi, Das Kirchenpatronat, p. 299-300.
-
[11]
Poddanské m?sto (la ville sujette, ville serve, faisant partie d’une seigneurie territoriale, mais jouissant d’une certaine autonomie administrative) et m?ste?ko (la petite ville, le bourg) renvoient à des réalités juridiquement claires au xviie siècle. N. d. T.
-
[12]
Hejtman (capitaneus) est un terme assez vague, car il peut désigner un grand nombre de fonctions de direction très différentes, capitaine de cercle, prévôt etc. Vrchní hejtman pourrait ici être traduit par intendant principal, étant entendu que celui-ci a une fonction de lieutenance bien plus large que la seule gestion économique d’un domaine. N. d. T.
-
[13]
Par exemple Dietrich von Germersheim (1642-vers 1664), vrchní hejtman du Duché de Krumlov appartenant aux Eggenberg, qui jouissait de ce type de droit.
-
[14]
En Bohême se rencontrait majoritairement auprès des ecclésiastiques le titulus mensæ, accordé par une institution pour la formation des jeunes prêtres (séminaire archidiocésain, convict Saint Barthélémy), par des personnes privées (en particulier des nobles), ou, le cas échéant, par certaines localités. Le candidat aux ordres majeurs qui pouvaient prouver de revenus personnels suffisants était ordonné titulus patrimonii. Le titulus beneficii, garantie de subsistance d’un prêtre sur les revenus d’une cure, ne se rencontre pratiquement pas.
-
[15]
Cf. Marie Ryantová, « P?ísp?vek k poznání struktury jiho?eského sv?tského kléru v období vrcholící rekatolizace [Contribution à l’étude du clergé séculier de Bohême du Sud à l’apogée de la recatholicisation] ». Jiho?eský sborník historický [Recueil d’études historiques de Bohême du Sud] 57, 1988, p. 61-74, en particulier p. 66-68 ; P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 127-130, 109-114.
-
[16]
Le Tchèque désigne par droit d’étole les dons faits par les paroissiens lors des baptêmes, mariages et obsèques, selon un tarif fixe. N. D. T.
-
[17]
A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 145, 154, 433 ; P. Stuchlá, Prachatický vikariát, op. cit., p. 107 ; Ead., « Nástupní podmínky pro fary eggenberského patronátu na p?elomu 17. a 18. Století [les conditions d’admission aux cures du patronage Eggenberg au tournant des xviie et xviiie siècles] » Archivum Trebonense 2011 (sous presse) ; P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 116-117, 125-126.
-
[18]
Le Tchèque nomme kaplan indifféremment les vicaires, auxiliaires du curé, mais aussi les bénéficiers des chapellenies. N. D. T.
-
[19]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 140. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 438-439 : formulaire de lettre de confirmation de l’époque de l’archevêque Breuner (1695-1710) ; les deux délais se trouvent déjà dans un acte similaire de l’époque de l’archevêque Sobek (1669-1675). Instruction pour les vicaires de 1697, points 6, 8 et 22 (A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 144-145, 150) ; Instruction pour les curés de 1697, points 6 à 9 (ibid., p. 153-154). Pour les questionnaires de visite, cf. Veronika Semerádová, « Vizita?ní písemnosti ?ech 17. století. (Farní kostely a farní klérus pražské arcidiecéze 1623-1694) [Les écrits de visite en Bohême au xviie siècle (églises paroissiales et clergé diocésain de l’archidiocèse de Prague, 1623-1694)] ». Sborník archivních prací [Recueil des travaux archivistiques] 47, 1997, p. 125-194, en particulier p. 131-139, 160.
-
[20]
J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 267.
-
[21]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 141, 147.
-
[22]
Pour plus de détails sur cette querelle, voir A. Podlaha D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 439-449 ; résumé dans Marie Ryantová, « Církevní patronát Eggenberk? a Schwarzenberk? na p?elomu 17. a 18. století (1694-1730) [Le patronage ecclésiastique des Eggenberg et Schwarzenberg au tournant des xviie et xviiie siècles, 1694-1730] », Opera historica 5, 1996, p. 617-637, particulièrement p. 621-626.
-
[23]
Cf. par exemple Marie Ryantová, « Fará?i na lobkovickém panství Vysoký Chlumec po Bílé ho?e a jejich podíl na rekatolizaci [Les curés de la seigneurie des Lobkovic à Vysoký Chlumec après la Montagne Blanche et leur contribution à la recatholicisation] », dans Pavla Stuchlá (éd.), Antonín Jan Václav Vokoun (1691-1757) a církevní správa jeho doby v ?echách. (Sborník p?ísp?vk? z odborného seminá?e, konaného dne 11. zá?í 2007 v M?stské galerii ve Vod?anech.) [Antonin Jean Venceslas Vokoun (1691-1757) et l’administration ecclésiastique de son temps en Bohême, actes du séminaire spécialisé du 11/09/2007 au musée municipal de Vod?any], Vod?any, 2008, p. 95-108.
-
[24]
Instruction pour les curés de 1697, points 11 à 13 (A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 154-155).
-
[25]
Cf. A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 458.
-
[26]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 146-147. Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 312.
-
[27]
F. Krásl, Arnošt hrab? Harrach, op. cit., p. 225, 238.
-
[28]
Cf. par exemple Ji?í Mikulec, Poddanská otázka v barokních ?echách [La question du servage dans la Bohême baroque], Prague, 1993, p. 70-89 avec l’indication des autres sources, des imprimés et de la bibliographie. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 363-364.
-
[29]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 346-350.
-
[30]
Ibid., p. 341.
-
[31]
Sur la défense des sujets par la seigneurie contre l’imposition de nouvelles obligations, en relation avec les progrès de l’encadrement paroissial, voir par exemple Michal ?ezní?ek « Podoba a pr?b?h obnovy katolické farní sít? v letech 1620 až 1780 na Lede?sku, Pod?bradsku a Prachaticku [formes et étapes de la rénovation du réseau paroissial dans les cercles de Lede?, Pod?brady et Prachatice entre 1620 et 1780] » dans Pavla Stuchlá (éd.), Antonín Jan Václav Vokoun (1691-1757) a církevní správa jeho doby v ?echách, op. cit., p. 109-119, en particulier p. 115-117.
-
[32]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 32, 143.
-
[33]
Ibid., p. 141-142.
-
[34]
Le tchèque ne possède pas les termes spécifiques qu’a le français : droits de garde ou d’avouerie. N. D. T.
-
[35]
Le terme recouvre les attributions du sacristain mais aussi celles du bedeau et du marguillier. N. D. T.
-
[36]
Pour l’exemple de la seigneurie de T?ebo? voir P. Pumpr, Beneficia, záduší a patronát, th. cit., p. 221-228.
-
[37]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 332-349 ; A. Podlaha, D?jiny arcidiecése pražské, op. cit., p. 507-513, 527-528.
-
[38]
Le terme signifie maître d’école et chantre, et de fait, ils étaient l’un et l’autre. N. D. T.
-
[39]
Synodus Archi-Dioecesana Pragensis, p. 173-175 : De Testamentis Clericorum.
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[40]
Cf. J. Schlenz, Das Kirchenpatronat, op. cit., p. 320-329.