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Article de revue

La bibliothèque d'Honoré d'Urfé : histoire de sa formation et de sa dispersion à travers quelques exemplaires retrouvés

Pages 747 à 773

Notes

  • [1]
    Depuis onze ans, M. Gilles Banderier a mené des recherches opiniâtres sur cette provenance, réussissant à exhumer de nombreux volumes inédits des collections publiques, notamment au sein de la bibliothèque municipale de Besançon. Ces découvertes ont fait l’objet des articles suivants : « Un livre ayant appartenu à Honoré d’Urfé », dans Bulletin de la Diana, t. LVI-7, 1995, p. 578-580 ; « Notes nouvelles sur la bibliothèque d’Honoré d’Urfé », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, t. LIX, n° 2, Genève, Droz, 1997, p. 325-333 ; « La bibliothèque d’Honoré d’Urfé : notes complémentaires », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, t. LXVIII, n° 2, Genève, Droz, 2006, p. 321-332. M. Jean-Marc Chatelain, conservateur en chef à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France, a de son côté poursuivi les mêmes recherches parmi les collections de la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque de l’Arsenal. Avec une très grande générosité, il a mis à ma disposition le fruit de ses découvertes : je lui en exprime toute ma reconnaissance. Tenue par le groupe de recherche « Le Règne d’Astrée », une base de données, publiée en ligne et régulièrement remise à jour, livre les notices détaillées de tous les ouvrages Urfé recensés, rangés par ordre chronologique : http://astree.univ-paris4.fr/bibli_urfe.php.
  • [2]
    Descendant d’une antique famille normande, Louis Malet (vers 1445-1516), seigneur de Graville, avait été élevé à la dignité d’amiral de France par Charles VIII en 1487. Sa fille Anne, dame d’honneur de la reine Claude de France, épousa son cousin germain Pierre de Balsac, lieutenant général du gouvernement des duchés d’Orléans et d’Étampes : Jeanne de Balsac fut l’un de leurs six enfants, elle hérita des livres de son grand-père maternel.
  • [3]
    Le château de La Bastie est situé sur l’actuelle commune de Saint-Étienne-le-Molard, dans le département de la Loire.
  • [4]
    Précision donnée par Jacques Dupont, inspecteur général des Monuments Historiques, dans son « Discours prononcé lors du Centenaire de la Diana (1862-1962) », dans Bulletin de la Diana, t. XXXVII, n° 8, 1962, p. 51. Le chanoine Reure avait pour sa part écrit : « On ne sait pas dans quelle partie du château était la bibliothèque » (La vie et les œuvres d’Honoré d’Urfé, Paris, Plon, 1910, p. 12, note 1). Ces pièces, d’une superficie respective de 35,75 et 16,50 m2 pour 4,20 mètres de hauteur, n’étaient peut-être pas les seules “librairies” de Claude d’Urfé qui devait posséder des annexes dans ses autres demeures.
  • [5]
    Cité par Annie Charon-Parent, « Les grandes collections du xvie siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises – T II : Les Bibliothèques sous l’Ancien Régime (1530-1789), sous la direction de Claude Jolly, Paris, Promodis – Éditions du Le Cercle de la Librairie, 1988, p. 88.
  • [6]
    On ne relève guère, en pure théologie, que l’Expositio in S. Pauli epistolas de saint Augustin, un manuscrit conservé à la British Library (fonds Burney, ms. 38). Claude d’Urfé possédait aussi la traduction par Raoul de Presles du De la Cité de Dieu de saint Augustin (manuscrit du xve siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 18-19) et une Vie des Pères en vers (manuscrit du xive siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. nouv. acq. fr. 993).
  • [7]
    Tite-Live était représenté par un manuscrit du xive siècle de ses Histoires (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20315).
  • [8]
    Grandes Chroniques de France, manuscrit du xive siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20350).
  • [9]
    Chronique en vers de Bertrand du Guesclin par Cuvelier, manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20350).
  • [10]
    On sait, par une copie du manuscrit original « demeuré es mains de Monsieur [Claude] d’Urfé », que ce dernier possédait un Tresor des Armoiries « en vieil langage picart ».
  • [11]
    Les Triomphes de Pétrarque, dans la traduction de Bernard Ilicino, manuscrit du xvie siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 22541).
  • [12]
    Dont un recueil du xvie siècle regroupant des poèmes de Georges Chastellain, Jehan Trotier, Molinet et Pierre Fabri (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24315), deux chansonniers des xiiie et xive siècles dont l’un provençal (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24406 et Arsenal, ms. fr. 22543).
  • [13]
    Citons entre autres : le Roman d’Enseis de Metz, fils de Girbert (manuscrit du xiiie siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24377).
  • [14]
    O.-C. Reure, La vie et les œuvres d’Honoré d’Urfé, Paris, Plon, 1910, p. 14.
  • [15]
    Portant son ex-libris, le vénérable manuscrit virgilien de Claude d’Urfé, P. Virgilii Maronis Eglogue, Bucolica Aenis cum glossis antiquis, remontait au ixe ou xe siècle : il est aujourd’hui conservé dans les collections de la bibliothèque universitaire de Montpellier (Ms. H 253). Au xviiie siècle, le volume avait appartenu au président Bouhier.
  • [16]
    Claude d’Urfé possédait notamment une copie des Voyages de Marco Polo réalisée aux xve-xvie siècles. On trouve aussi, relié en veau vert à ses armes, un des rares ouvrages imprimés connus de cette provenance : la Descrittione di tutta Italia di F. Leandro Alberti (Bologne, A. Giaccarelli, 1550), conservé à la bibliothèque municipale de Roanne.
  • [17]
    Institutes de Justinien, traduites en français, dans un manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20121).
  • [18]
    La pragmatique sanction… de Louis XI, manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 203).
  • [19]
    Cet inventaire fragmentaire est conservé à la Bibliothèque universitaire d’Amsterdam (Remanstrantsche Kerk, III, C. 21). Cité par Annie Charon-Parent, « Les grandes collections du xvie siècle », op. cit., p. 93.
  • [20]
    Père Louis Jacob, Traicté des plus belles bibliothèques publiques et particulières qui ont esté et qui sont à présent dans le monde…, Paris, Rolet Le Duc, 1644, p. 671.
  • [21]
    Voir les inventaires donnés dans les ouvrages suivants : André Vernet, « Les manuscrits de Claude d’Urfé (1501-1558) au château de La Bastie », dans Bulletin de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, janvier-mars 1976, p. 81-97, ainsi que dans ses Études médiévales, Paris, Études augustiniennes, 1981, p. 609-625 ; André Vernet, « La bibliothèque de Claude d’Urfé », dans Claude d’Urfé et La Bastie – L’univers d’un gentilhomme de la Renaissance, Montbrison, Conseil général de la Loire, 1990, p. 198-203 ; Claude Longeon, « Catalogue des livres de la maison d’Urfé », dans Documents sur la vie intellectuelle en Forez au xvie siècle, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1973, p. 143-157 ; Maxime Gaume, « La bibliothèque de la Bastie d’Urfé », dans Les Inspirations et les sources de l’œuvre d’Honoré d’Urfé, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1977, p. 657-669.
  • [22]
    Préface aux Œuvres morales et spirituelles d’Anne d’Urfé, cité par Maxime Gaume, op. cit., p. 39.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    Citation du père Fodéré par Maxime Gaume, op. cit., p. 39, note 99.
  • [25]
    Né en 1507 à Crozet, non loin de Roanne, Jean Papon était issu d’une famille de robe et suivit cette même carrière, occupant une charge de juge royal dès 1529. Lieutenant-général du bailliage de Montbrison en 1545, il accéda finalement à la fonction de maître des requêtes de Catherine de Médicis en 1560. Il mourut à Montbrison en 1590, laissant une œuvre juridique conséquente, notamment avec son Recueil d’arrêts notables des cours souveraines de France (Lyon, Jean de Tournes, 1556, plusieurs fois réédité) ou avec son coutumier du Bourbonnais (voir l’étude consacrée à Jean Papon par Claude Longeon dans Écrivains foréziens du xvie siècle, Saint-Étienne, Centre d’Études foréziennes, 1970, p. 35-58).
  • [26]
    Il s’agissait sans aucun doute des Diverses Œuvres de l’illustrissime cardinal Du Perron… contenant plusieurs livres… non encore vus, ni publiés… ensemble tous les écrits mis au jour de son vivant, et maintenant réimprimés sur ses exemplaires laissez, reveus, corrigez et augmentez de sa main (Paris, A. Estienne, 1622). Il est probable qu’à cet ouvrage en deux parties in-folio aient été jointes Les Ambassades et négociations de l’illustrissime… Cardinal Du Perron… parues chez le même éditeur en 1623 en un volume in-folio. Jacques Davy du Perron (1556-1618), cardinal et diplomate, fut aussi un des poètes les plus renommés du début du xviie siècle. Les vers d’Honoré d’Urfé subirent l’influence de « l’œuvre de Ronsard, de Desportes, de du Perron, de Bertaut et de Vauquelin des Yvetaux » (Maxime Gaume, op. cit., p. 623). Ce même chercheur a souligné que « les quelques poésies amoureuses de du Perron, cet autre poète à la mode après 1585 et disciple de Desportes, ont certainement été appréciées par Honoré d’Urfé » qui avait pu les lire dans différents recueils collectifs à partir de 1597, avant leur première réunion dans l’édition de 1622 (id., p. 630-632).
  • [27]
    Le chanoine Reure estimait que ces volumes étaient un cadeau direct du cardinal, « qui offrit [à Urfé] un exemplaire armorié de ses œuvres » (op. cit., p. 138). Si les deux hommes se sont peut-être bien rencontrés durant le grand séjour parisien d’Urfé en 1608-1609, Du Perron n’a pu toutefois offrir trois volumes de ses œuvres, puisque celles-ci ne furent pas rassemblées avant sa mort.
  • [28]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 183.
  • [29]
    Petri Siculi Historia, ex ms. codice bibliothecae vaticanae, graece cum latina versione edita per Matthaeum Raderum e Soc. Jesu…, Ingolstadt, « ex typografia A. Sartorii », 1604, in-4o de 78 p. Selon la notice du catalogue Claudin, le volume portait l’ex-libris manuscrit « Ex-libris Honorati d’Urfé 1615 » au bas du titre.
  • [30]
    Ascanio Pipino de’ Mori (1533-1591), Giuoco piacevole d’Ascanio Pipino de Mori da Ceno… (Mantoue, Giacomo Ruffinello, 1575), et Sebastiano Erizzo (1525-1585), Le sei giornate di M. Sebastiano Erizzo, mandate in luce da M. Lodovico Dolce… (Venise, Giovan Varisco, 1567). Ces deux volumes in-quarto furent reliés ensemble dans un parchemin au xviie siècle : il s’agit peut-être de leur première reliure. Tous deux comportent au titre la mention « Ex-libris Honorati d’Urfé 1619 ». Ce recueil factice, vu jadis par le chanoine Reure dans la collection Genin des Prosts, a été acquis en 1998 par la Bibliothèque nationale de France : il est aujourd’hui conservé parmi les ouvrages de la Réserve (Rés. p. Y2. 3222, signalé par Jean-Marc Chatelain).
  • [31]
    Œuvres poetiques de Mellin de S.-Gelais, Lyon, A. de Harsy, 1574, in-8o de VIII ff. et 253 p. Né en 1491, Mellin de Saint-Gelais avait été le poète chéri de la cour de François Ier, puis d’Henri II, nommé conservateur de la Bibliothèque royale après avoir été aumônier des enfants de France. Attaqué par Ronsard et ses amis de la nouvelle génération poétique en 1552, ce qui donna lieu à la « Querelle du Louvre », il mourut en 1558. La présence de la version la plus complète de ses œuvres, publiée en 1574, dans la bibliothèque d’Urfé pourrait étonner : elle constitue en fait la preuve de l’importance de ce poète de cour plus d’un demi-siècle après sa disparition, ses poèmes étant régulièrement mis en musique jusqu’au début du xviie siècle. L’achat du volume par Urfé fut cependant plus tardif encore, puisque la mention « Ex-libris Honorati d’Urfé » portée au titre est datée de 1622.
  • [32]
    Cette liste fut donnée pour la première fois par Maxime Gaume d’après les notes inédites du chanoine Reure (Maxime Gaume, op. cit., p. 669).
  • [33]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 668.
  • [34]
    Antonio Riccoboni (1541-1599), Antonii Riccoboni… de Historia commentarius cum fragmentis ab eodem… collectis…, Venise, « apud J. Barilettum », 1568, in-8o de 278 ff. Il ne subsiste de l’exemplaire d’Honoré d’Urfé que le titre du volume rehaussé de l’ex-libris de son prestigieux propriétaire, daté de 1624 (Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Coste, ms. 1134).
  • [35]
    Le manuscrit est aux armes de Claude d’Urfé, mais il comporte la mention suivante, sorte d’hommage d’Honoré à son grand-père : « Ex libris Honorati d’Urfé, filii Jacobi, filii Claudii, cujus Claudii hic liber fuit » (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 5048).
  • [36]
    Hypothèse proposée par Jean-Marc Chatelain.
  • [37]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 119.
  • [38]
    Le couple séjournait ainsi à Paris le 26 octobre 1605 lorsqu’il constitua une rente en faveur d’un médecin de Moulins, Gabriel Drouyn. Les Urfé passèrent peut-être l’hiver suivant dans leur logis parisien de la rue Saint-Honoré, près Saint-Eustache (O.-C. Reure, op. cit., p. 132).
  • [39]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 138.
  • [40]
    Id., p. 137.
  • [41]
    Cesare Ripa, Iconologia overo descrittione di diverse imagini cavate dall’antichità, & di propria inventione…, Rome, Lepido Faci, 1603, in-4o. Le volume, qui comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1617 Taurini », est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal sous la cote 4o bl-5093 Rés. (cité par G. Banderier, 2006, op. cit., p. 328, qui indiquait toutefois par erreur le lieu d’achat comme étant Paris).
  • [42]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 329.
  • [43]
    C. Longeon, 1970, op. cit., p. 227.
  • [44]
    Cité par O.-C. Reure, op. cit., p. 8.
  • [45]
    Ibid.
  • [46]
    Galeotto Marzio (v. 1400-1494), De doctrina promiscua liber, varia multipliciq. eruditione refertus…, Florence, Lorenzo Torrentino, 1548. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 228.529), le volume comporte un ex-libris « Antonii Urfaei » daté 1592, en haut de la page de titre, doublé de celui d’Honoré « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 ». Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [47]
    Francisco Sánchez (1552-1632), Quod nihil scitur, Lyon, Antoine Gryphe, 1581. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 227.623), le volume comporte l’ex-libris d’Antoine d’Urfé sur la page de titre, accompagné de celui de son frère « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 ». Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [48]
    Antonio Scaino, Paraphrasis in XIIII. Aristot. libros de prima philosophia cum adnotationibus et quæstionibus in loca obscuriora…, Rome, Nicolaus Piccolettus, 1587. Ce texte est l’un des derniers livres achetés par l’évêque de Saint-Flour, puisqu’il data son ex-libris « Antonii Urphei » de 1594, l’année de sa mort. Son frère biffa cette mention et apposa son « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». Le volume appartient désormais à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 10.796). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 327.
  • [49]
    Sebastián Fox Morcillo, De demonstratione, ejusque necessitate ac vi, liber I. De usu & exercitatione dialecticæ, liber I. De juventute, liber I. De honore, liber I…, Bâle, Johanne Oporin, [1556]. Le haut de la page de titre présente l’ex-libris biffé d’Antoine d’Urfé, avec mention de sa dignité : « Antonii Urfei abbatis Casi-Dei ». Son frère a rajouté le sien : « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». L’exemplaire se trouve à la Bibliothèque municipale de Troyes (G. 229). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323.
    Le second Morcillo est le De naturæ philosophia, seu de Platonis, & Aristotelis consensione, libri V. Nunc denuò recogniti, & à mendis, quibus anteà scatebant, sedulò repurgati (Paris, Jacques Du Puy, 1560), est conservé à la Bibliothèque nationale de France (Rés. R. 36377). Là encore, les ex-libris étaient « Antonii Urfei abbatis Casi-Dei » (suivi d’une date illisible, la mention étant biffée) et « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». Signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [50]
    Jean Pic de La Mirandole, Opera omnia…, Bâle, Henricpetri, s.d. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 8991), le volume comporte un ex-libris « Antonii Urfaei » daté 1591 et un autre « Ex libris Honorati d’Urfé 160[3 ?] ». Le livre passa ensuite dans la bibliothèque de Pierre Frevet (ex-libris). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330.
  • [51]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 97.
  • [52]
    Ce manuscrit fait aujourd’hui partie des collections de la bibliothèque de l’Arsenal (Ms. 2682). Il est passé par les collections du duc de La Vallière (il apparaît dans le catalogue de sa vente, Paris, 1783, t. I, p. 411, n° 1358), puis de Louis-Jean-Nicolas de Monmerqué (sa vente, Paris, 12 mai 1851, n° 2793). C’est la notice de ce dernier catalogue qui décrit le volume comme enrichi d’« une note autographe de l’auteur de l’Astrée, écrite sur un folio préliminaire ».
  • [53]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 83.
  • [54]
    Francfort-sur-le-Main, André Wechel, 1581, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 » (Bibliothèque municipale de Besançon, cote 229.704). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [55]
    Florence, Giunta, 1584. Cet exemplaire porte l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1603 » et se trouve à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 10.810). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 327. Cette étude de l’Ethique à Nicomaque était la dernière partie d’une série de commentaires des œuvres d’Aristote par le penseur florentin Pietro Vettori (1499-1595), un travail entamé dès 1548 : il est possible qu’Honoré d’Urfé ait possédé l’intégralité de ces volumes.
  • [56]
    Bâle, Pietro de Sedabonis, 1576. Cet important volume intégra la bibliothèque d’Urfé en 1606 selon l’ex-libris. Il est conservé à la Bibliothèque municipale de Troyes (cote B. L. 1757). L’exemplaire avait été cité par Filip Regnèr et Jean-Paul Oddos dans Aux origines de la bibliothèque Bouhier : inventaire des possesseurs dans la série Belles Lettres, Troyes, Bibliothèque municipale, 1980, p. 52, n° 192, puis par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323.
  • [57]
    Grégoire de Nazianze, Opera omnia quæ extant…, Paris, Sébastien Nivelle, 1583, deux volumes dotés de l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1600 » (grattés par un propriétaire ultérieur). Signalé à la Bibliothèque municipale de Dijon [cote 17726 (1-2)] par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 322. Les ouvrages étaient passés aux xviie et xviiie siècles entre les mains de Jacques Fevret, puis des Oratoriens de Dijon.
  • [58]
    Historia ex ms. codice Bibliothecæ Vaticanæ græce cum latina versione edita per Matth. Raderum…, Ingolstadt, A. Sartorius, 1604, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1615 ». Le volume a ensuite appartenu à Jacques Fevret, qui le donna aux Oratoriens de Dijon. Le chanoine Reure l’avait ensuite localisé dans un catalogue de la librairie Claudin (cité par Maxime Gaume, op. cit, p. 669).
  • [59]
    Sententiae morales Ben Syrae… Tobias Hebraice vt is adhvc hodie apvd Jvdaeos invenitur, omnia ex Hebraeo in Latinum translata, in gratiam studisorum linguæ sanctæ, per Pavlvm Fagivm. Isnæ, 1542, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 ». Conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon (Rés. 328.126), le volume, relié en basane du xviiie siècle, est passé par le collège de la Trinité. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328 (avec reproduction).
  • [60]
    Sur cet intérêt des humanistes, catholiques comme réformés, pour les textes religieux hébreux, voir l’article de Jerome Friedman, « Sixteenth-Century Christian-Hebraica : Scripture and the Renaissance Myth of the Past », dans Sixteenth Century Journal, vol. 11, n° 4, hiver 1980, p. 67-85.
  • [61]
    L’Astrée, début de la troisième partie, l’auteur s’adressant à la rivière de Lignon.
  • [62]
    On ne connaît pas d’armorial ou de traité héraldique ou nobiliaire acheté par Honoré d’Urfé. En revanche, Jean-Marc Chatelain a trouvé une plaquette susceptible de relever de ce domaine : le récit par Edmond Du Boullay du Tres excellent enterrement du treshault, & tresillustre prince Claude de Lorraine, duc de Guyse & d’Aumalle, pair de France, &c. auquel sont declarées toutes les ceremonies de la chambre d’honeur du transport du corps. De l’assiette de l’eglise, de l’ordre de l’offrande & grand dueil, avec les blasons de toutes les pieces d’honneur, & banieres armoyées de ses lignes & alliances… (Paris, Arnoul L’Angelier, 1551). Le volume, conservé à la Bibliothèque nationale de France (Résac. 8o Ln27. 9397B), comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé. Parisiis 1609 » en haut de la page de titre. Sur les influences d’ouvrages héraldiques perceptibles dans l’Astrée, voir Maxime Gaume, op. cit., p. 137-138.
  • [63]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 142.
  • [64]
    Antonio Riccoboni (1541-1599), Antonii Riccoboni Rhodigini De historia commentarius. Cum fragmentis ab eodem Antonio summa diligentia collectis. M. Porcii Catonis censorii, Q. Claudii Quadrigarii, L. Sisennae, C. Crispi Salustii, M. Terentii Varronis. Et scholiis eiusdem Antonii in eadem fragmenta, Venise, Barilettus, 1568. Il ne subsiste plus que le titre de ce volume, avec ex-libris daté de 1624, conservé dans le fonds Coste de la Bibliothèque municipale de Lyon (Ms. Coste 1134). Il avait été signalé par Maxime Gaume en premier lieu (op. cit., p. 668). Notons que Jacques-Auguste de Thou possédait lui aussi un exemplaire de cette même édition, qu’il fit relier en maroquin olive à ses armes.
  • [65]
    Battista Fregoso (soit Baptista Fulgosus, 1453-1504) fut doge de Gênes entre 1478 et 1483. Urfé possédait la première édition de son De dictis factisque memorabilibus collectanea, a Camillo Gilino Latina facta, imprimée à Milan par Jacobus Ferrarius en 1509. L’exemplaire, actuellement relié dans un demi-veau du xixe siècle, comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1606 » (Bibliothèque de l’Arsenal, Fol. bl 1134, signalé par Jean-Marc Chatelain).
  • [66]
    Le Registre des ans passez puis la creation du monde, jusques à l’année présente mil cinq cens XXXII, Paris, Galiot du Pré, 1532. Le volume, conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o H 740), comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé Parisiis 1608 » au centre de la page de titre. Recouvert d’un veau blond du xviiie siècle, le volume passa dans la collection du duc de La Vallière, puis dans celle du marquis de Paulmy (avec l’indication « cat. de Nyon 19356 »). Ouvrage signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [67]
    Laurent Surius, Histoire ou commentaires de toutes choses memorables, avenues depuys LXX. ans en ça par toutes les parties du monde, tant au faict seculier que ecclesiastic : composez premierement par Laurens Surius, & nouvellement mis en françois par Jacq. Estourneau Xainctongeois, Paris, Guillaume Chaudière, 1571, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé Parisiis 1608 » au bas de la page de titre. Passé dans la bibliothèque de l’abbaye cistercienne de Bellevaux (Haute-Saône) en 1772 (d’après un ex-libris manuscrit porté au titre), l’ouvrage a réapparu lors de la vente de la collection Gabriel Hanotaux (Paris, 12-14 décembre 1927, n° 4 du catalogue, avec reproduction). Signalé par Jean-Marc Chatelain et Jean Balsamo.
  • [68]
    Lorentz Suhr, dit Laurent Surius (1522-1578), entra à la chartreuse de Cologne en 1541. Grand traducteur des mystiques allemands, il fut surtout le principal hagiographe de son temps, ainsi qu’un historien : son Commentarius brevis rerum in orbe gestarum ab anno 1500 traitait de l’histoire mondiale jusqu’en 1566 et comportait de nombreux passages sur la découverte ou les événements des terres lointaines, Amériques ou Orient.
  • [69]
    Paris, Marc Orry, 1588. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 3594) et comportant l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1603 », cet exemplaire réglé appartint au couvent des dominicains de Dijon. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323. Conseiller d’État du duc Charles-Emmanuel de Savoie, ambassadeur ordinaire en France entre 1584 et 1589, René de Lucinge (1554-1615) a étudié dans ce traité, d’après son expérience de diplomate, les grands bouleversements susceptibles d’ébranler les états, tout en présentant ses théories pour les éviter. Voir l’article de L.-G. Tin, « Mouvements, remuements, renversements. La pensée politique de René de Lucinge », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, LXI-1, Genève, 1999, p. 41-56.
  • [70]
    Giovanni Nicolò Doglioni, Copemdio historico universale di tutte le cose notabili successe nel mondo, dal principio della sua creatione sin’ hora…, Venise, Nicolò Misserini, 1622 (deux volumes in-4o). La mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » a été inscrite au bas des pages de titre. Passés par les collections du duc de La Vallière et du marquis de Paulmy, reliés en veau brun du xviiie siècle, ces volumes se trouvent aujourd’hui à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o H 764 [1-2]). Volumes signalés par Jean-Marc Chatelain.
  • [71]
    De L’Estre perpétuel de l’empire françois, par l’aeternité de cest Estat, au Roy très chrestien ; discours en deux remonstrances faictes aux ouvertures, en l’an 91 après la sainct Martin et 92 après Pasques, de la Chambre de justice et Parlement naguères séant à Chaalons,… contre certain escript fameux, qui au mesme temps en publioit le contraire, Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1595, in-8o. Conservé à Dijon (Bibliothèque municipale, 4010), l’ouvrage comporte un ex-libris d’Urfé datant peut-être de 1615. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 326.
  • [72]
    Hugues de L’Estre se qualifiait au titre de son traité de « conseiller du roi » et « advocat general » du roi en son Parlement siégeant à Chalons (cette chambre était en réalité constituée d’une partie des membres du Parlement de Paris restés fidèles à Henri IV, les autres parlementaires loyalistes se trouvant à Tours, érigée en capitale temporaire).
  • [73]
    Nicole Gilles, Les treselegantes et copieuses annalles des trespreux, tresnobles, treschrestiens & excellens moderateurs des belliqueuses Gaules. Depuis la triste desolation de la tresinclyte & fameuse cité de Troye, jusques au regne du tresvertueux roy Francoys à present regnant… Paris, Gilles de Gourmont, [s. d.]
  • [74]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 235.
  • [75]
    Ce vestige est conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (portefeuille d’estampes n° 40, enveloppe 3). La mention manuscrite de propriété est « Ex libris Honorati d’Urfé 1609 Parisiis ». Le volume appartint à Jean Maugras au xviie siècle, puis au monastère Saint-Bénigne de Dijon.
  • [76]
    Paris, Galliot du Pré, 1531. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 18174) et comportant l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1609 Parisiis ». Signalé par Gilles Banderier, op. cit., p. 326.
  • [77]
    Rerum Burgundionum chronicon… ex bibliotheca historica Nicolai Vignerii…, Bâle, Thomas Warin, 1575. Le titre de l’exemplaire comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1620. Parisiis », il a gardé sa première reliure en vélin à recouvrements. Il est passé dans la vente de la collection Bruno Monnier (Paris, 18 juin 1984, n° 121). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Nicolas Vignier (1530-1596), médecin converti au protestantisme, avait dû fuir la France pour se réfugier en Allemagne, où il se découvrit un talent pour la recherche historique : la Rerum Burgundionum chronicon est le résultat de ses premiers travaux. Revenu en France, nommé médecin et historiographe d’Henri III, il poursuivit son grand-œuvre, La Bibliothèque historiale, qui parut en 1587.
  • [78]
    Histoire de Bretaigne des rois, ducs, comtes et princes d’icelle : l’establissement du Royaume, mutation de ce tiltre en duché, continué jusques au temps de Madame Anne dernière duchesse, & depuis Royne de France…, Paris, Jacques du Puis, 1588, avec une double mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1622 Parisiis » au titre. Le volume, conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon (Rés. 24118), est encore revêtu de sa reliure en veau brun de l’époque. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328-330 (avec reproduction du titre p. 331).
  • [79]
    Christian Wurtisen (1544-1588) était professeur de mathématiques et de théologie à Bâle. Urfé possédait son Epitome historiæ Basiliensis, præter totius Rauricæ descriptionem, urbis primordia, antiquitates, res memorandas, clarorum civium monumenta, cæteraque his similia complectens… dans une édition bâloise non datée, mais imprimée en 1577, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1608 Parisiis » au titre. L’ouvrage a été acquis en vente publique le 17 février 1994 par la Bibliothèque municipale de Lyon (B. 511. 899). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323 et 326 (avec reproduction du titre p. 325).
  • [80]
    De origine, ac rebus gestis Regum Hispaniae liber, multarum rerum cognitione refertus, Anvers, Joannes Steelsius, 1553, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 » au bas du titre. Ce volume a été présenté dans le catalogue Cent livres pour un centenaire de la librairie parisienne Thomas-Scheler (2001, n° 41, avec reproduction du titre). Plus récemment, il a été porté au catalogue de la première partie de la Bibliothèque lyonnaise de Monsieur C*** (Lyon, 15-16 juin 2006, n° 12). Il est désormais retourné sur les rayons de la librairie Thomas-Scheler (renseignement aimablement fourni par le professeur Jean Balsamo, que je remercie).
  • [81]
    Paris, Jacques du Puy, 1566. L’exemplaire Urfé, avec son ex-libris daté de 1609, se trouve à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 18316). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 326.
  • [82]
    Pierre de Ronsard, Les Œuvres…, Paris, Gabriel Buon, 1584. Conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (Fol. bl. 791), ce précieux volume, relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, a été retrouvé par Jean-Marc Chatelain.
  • [83]
    Maxime Gaume, citant les notes inédites du chanoine Reure, parlait d’une édition de « Lyon, 1578 » (op. cit., p. 669) : c’est évidemment une erreur, la seule édition étant celle de A. de Harsy en 1574, avant celle de Benoît Rigaud en 1582.
  • [84]
    Libro intitolato Aquila volante, di latino in volgar lingua dal magnifico et eloquantissimo messer Leonardo Aretino tradotto. Nel qual si contiene del principio del mondo, di molte dignissime historie et favole di Saturno et Giove : delle gran guerre fatte in da Graeci, da Troian et da Romani fin al tempo di Nerone, con molte degne allegationi di Dante, et altri autori, et di nuova con grandissima diligentia ricorretto et ristampato,Venise, Melchior Sessa, [vers 1540], avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 ». Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 3536), il a été signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328. L’humaniste Leonardo Bruni (1370-1444), dit Leonardo Aretino, est essentiellement connu pour ses nombreux travaux de traduction, mais il a surtout laissé une fameuse Vita di Dante Alighieri.
  • [85]
    Ces deux volumes ont conservé leur première reliure de parchemin. Seul le texte de Pipino comporte l’ex-libris d’Urfé, daté 1619, sur sa page de titre. Le volume avait jadis été cité par le chanoine Reure comme appartenant à M. Genin des Prosts, à Virieu-le-Grand : la Bibliothèque nationale de France en a fait l’acquisition en 1998 (Rés. p. Y2. 3222). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Il s’agit ici de l’édition originale des Sei Giornate de Sebastiano Erizzo (1525-1585), un roman d’aventures divisé en trente-six épisodes imaginés alternativement par six étudiants padouans lors d’une réunion hebdomadaire, qui donna son titre à l’œuvre. Les intrigues prennent place dans divers pays méditerranéens autour de l’Italie (Crète, Sicile, Constantinople, etc.).
  • [86]
    Venise, officine d’Alde Manuce, 1546, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 » en haut du titre. Relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (8o bl. 33686). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Le Vénitien Niccolo Liburnio (1474-1557) fut l’auteur de nombreux commentaires sur l’œuvre de Boccace, Pétrarque et Dante (La spada di Dante Alighieri poeta en 1534), ainsi que d’un traité Le vulgari elegantie (1521). Il s’agit ici de l’édition originale des Occorrenze umane.
  • [87]
    Florence, Pietro Cecconcelli, 1620, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en veau blond glacé dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o bl. 5254). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330. Vincenzo Gramigna (vers 1580-1627), dans ses deux traités Della variatione della volgar lingua et Paragone tra il valore degli antichi e dei moderni, s’était fait le défenseur de la poésie de Dante, une position tout à fait marginale et originale en ce début de xviie siècle. Sur ce critique, voir Filippo Salvatore, « Un ignoto difensore di Dante nel Seicento : Vincenzo Gramigna », dans Dante Studies, t. XCII, 1974, p. 153-166.
  • [88]
    La Faustina del Mutio Iustinopolitano : delle arme caualleresche, Venise, Vincenzo Valgrisi, 1560. Ce volume a figuré dans le catalogue d’octobre 1981 de la librairie parisienne « Les Argonautes » (n° 121), cité par Jean Balsamo (« Les poètes français et les anthologies poétiques italiennes », dans Italique, V, Genève, Droz, 2002, p. 29, note 29). L’œuvre de Girolamo Muzio (1496-1576), en partie éditée posthumément par son fils Giulio Cesare, était d’une grande variété, comprenant des rime, des traités savants, des ouvrages polémiques, des recueils de lettres. La poésie était représentée par deux recueils publiés à Venise, les Egloghe (1550) et un volume composé de Rime diverse, d’un Arte poetica et des Lettere in rime sciolte (1551). À la cour d’Hercule II d’Este, dont il fut un familier, ses avis en matière de point d’honneur étaient très écoutés : il écrivit même un traité Del duello, plus tard traduit en français par Antoine Chappuis (1562).
  • [89]
    Sur ce sujet, voir Jean Balsamo, « Les poètes français et les anthologies poétiques italiennes », op. cit., p. 11-32, qui recense de nombreux exemples parmi les bibliothèques littéraires du temps.
  • [90]
    Venise, Evangelista Deuchino et Giovanni Battista Pulciani, 1610, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en parchemin de l’époque, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (8o bl. 6357). Signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [91]
    Venise, Evangelista Deuchino, 1621, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o bl. 5256). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330.
  • [92]
    Rime dell’illustriss. sig. Curtio Gonzaga, già ricorrette, ordinate, & accresciute da lui ; et hora di nuouo ristampate con gli argomenti ad ogni compositione, Venise, « al segno del Leone », 1591, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1608. Parisiis » au titre. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (203.784), ce volume a été signalé par Gilles Banderier dans son article « Un livre ayant appartenu à Honoré d’Urfé », dans Bulletin de la Diana, t. LIV, 1995, p. 578-580. Curzio Gonzaga (vers 1530-1599) resta surtout célèbre pour son grand poème épique Il Fido amante ou Fidamante, publié en 1582 et dont une seconde édition vit le jour en 1591.
  • [93]
    « Andrea da Bergamo » était le pseudonyme du poète siennois Pietro Nelli (1511 – v. 1572), depuis la publication de sa comédie La disgraziate avventure en 1545. Parus pour la première fois en 1546, puis réunis en une édition collective en 1548, ses deux livres de Satire contiennent de précieux éléments autobiographiques. Sur cet auteur et son œuvre, voir Jean Balsamo, De Dante à Chiabrera – Poètes italiens de la Renaissance dans la bibliothèque de la Fondation Barbier-Mueller, Genève, Droz, 2007, t. II, p. 6-9.
  • [94]
    Andrea da Bergamo [soit Pietro Nelli], Il primo [-secondo] libro delle satire alla carlona…, Venise, Alessandro de Viano, 1566, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1610 Parisiis » en haut du titre du premier livre. L’exemplaire, incomplet de la fin du second livre (le cahier signé N, soit les feuillets 97-100), est relié en parchemin à recouvrements du xvie siècle, avec attaches en cuir. La mention manuscrite « Andre de Berg » a été portée au dos : elle pourrait être de la main d’Honoré d’Urfé. Passé chez un certain J. Assezat (selon un ex-libris manuscrit du xixe siècle sur la garde supérieure), puis dans la bibliothèque d’Albert de Rochas d’Aiglun (1837-1914, avec son ex-libris imprimé), le volume est aujourd’hui conservé dans une collection particulière parisienne. Ouvrage signalé par Jean-Marc Chatelain (communication du 16 septembre 2009).
  • [95]
    Collection particulière, Genève.
  • [96]
    Sur la genèse de la Gerusalemme…, voir la notice consacrée par Matteo Residori à l’édition ferraraise de 1581 dans La Renaissance italienne – Peintres et poètes dans les collections genevoises, Milan, Skira, 2006, p. 153-156.
  • [97]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 512.
  • [98]
    Jean Balsamo et Michel Simonin (†), Abel L’Angelier & Françoise de Louvain (1574-1620), Genève, Droz, 2002, p. 271-272.
  • [99]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 517, note 55.
  • [100]
    Joyce G. Simpson, Le Tasse, et la littérature et l’art baroques en France, Paris, librairie Nizet, 1962, p. 78.
  • [101]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 524-525.
  • [102]
    Id., p. 256-262.
  • [103]
    Gilles Banderier a par ailleurs relevé dans l’exemplaire Urfé du De la naissance, duree, et cheute des Estats… de René de Lucinge (voir note 69, ci-dessus) des corrections manuscrites qu’il proposait d’attribuer à Honoré d’Urfé.
  • [104]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 260.
  • [105]
    Aminta Favola boscareccia di Torquato Tasso con le annotationi d’Egidio Menagio Accademico della Crusca, Paris, Augustin Courbé, 1655.
  • [106]
    Le marquisat de Valromey fut créé en février 1612 par lettres patentes de Louis XIII, en réunissant le comté de Châteauneuf, la baronnie de Virieu et la seigneurie de Senoy. Selon ces patentes, le nom avait changé à la demande d’Urfé, « parce que le titre et le nom de Châteauneuf est très commun et ordinaire en ce royaume, qu’il fait prendre les uns pour les autres, et aussi pour l’augmentation de son nom, l’exposant désirerait qu’il nous plût échanger le titre qu’il porte de comte de Châteauneuf en celui de marquis de Valromey, attendu que tout le pays de Valromey est enclos dans le comté de Châteauneuf (…). Ce considéré, avons érigé ladite terre et seigneurie en marquisat sous le nom de Valromey, pour en jouir pleinement et à toujours ledit Honoré d’Urfé et ses successeurs mâles ».
  • [107]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 357.
  • [108]
    François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois et Jacques Badier, Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Schlesinger frères, 1868, t. XII, col. 39-40.
  • [109]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 366.
  • [110]
    Roger Briand, « Le manuscrit Urfé à la Bibliothèque nationale de France », dans Bulletin de la Diana, t. LXIII, n° 2, 2004, p. 104.
  • [111]
    Jeanne Camus de Pontcarré (1705-1775) épousa en 1724 Louis-Christophe de La Rochefoucauld-Lascaris, petit-fils de Jean de La Rochefoucauld, marquis de Langeac, et de Marie-Françoise d’Urfé, dernière du nom. Louis-Christophe, devenu marquis d’Urfé à la mort de son grand-oncle Joseph-Marie d’Urfé, le dernier représentant masculin du nom, le 13 octobre 1724, mourut lui-même précocement de la vérole, au camp de Tortone, le 7 janvier 1734, âgé de trente ans seulement. Il n’avait eu de son mariage qu’un fils, Alexandre-François (1733-1742), et deux filles : Adélaïde-Marie-Thérèse, née en 1727, mariée au marquis Alexandre-Jean du Châtelet-Fersenières en 1754, et Agnès-Marie (1732-1756), mariée à Paul Colbert, comte de Creuilly. La dernière marquise d’Urfé défraya la chronique par ses pratiques occultes extravagantes. Cette férue d’alchimie et d’ésotérisme fit partie des crédules victimes du soi-disant comte de Saint-Germain (elle figure en bonne place dans les souvenirs – apocryphes – de Mme de Créquy) et fut également l’une des maîtresses parisiennes de Casanova. Sur la généalogie des derniers marquis d’Urfé, voir François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois et Jacques Badier, Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Schlesinger frères, 1876-1882, t. XVII, col. 372-373, et t. XIX, col. 293-294.
  • [112]
    Bibliophile peu connu, M. de Bombarde était un amateur de littérature ancienne et de manuscrits médiévaux (voir Henry Martin [H. Martin-Dairvault], Histoire de la Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, Plon et Nourrit, 1900, p. 285). Une copie manuscrite de l’édition princeps des Fortunes et adversitez de feu noble homme Jehan Regnier (Paris, 1526), passée récemment en vente publique, avait été réalisée en 1749 sur un exemplaire original conservé « dans la bibliothèque de M. de Bombarde ». Auteur dramatique amateur, il appartenait au cercle de Morville, réunissant quelques aristocrates lettrés (dont le plus célèbre était le comte de Caylus) qui écrivaient, montaient et représentaient des pièces entre amis, dans les châteaux de Morville, de Loreau ou de Gaillon (voir Dominique Quéro, « Note bibliographique sur le comte de Caylus et le théâtre du château de Morville », dans Revue d’histoire littéraire de la France, 2001-1, p. 135-145).
  • [113]
    Selon Dominique Coq, « Le parangon du bibliophile français : le duc de La Vallière et sa collection », dans Histoire des bibliothèques françaises – T. II : Les Bibliothèques sous l’Ancien Régime (1530-1789), sous la direction de Claude Jolly, Paris, Promodis – Éditions du Cercle de la Librairie, 1988, p. 324.
  • [114]
    Ibid.
  • [115]
    Fils de Germain Richard (1668-1734), seigneur de Ruffey et de Vesvrotte, président de la Chambre des Comptes de Dijon, et de Marie Anne Duraud, Gilles-Germain Richard de Ruffey épousa en 1739 Anne-Claude de La Forest de Montfort. Leur fille Marie-Thérèse, marquise de Monnier, passa à la postérité comme maîtresse de Mirabeau sous le nom de Sophie. Ils eurent par ailleurs deux fils : Frédéric-Henri (né en 1757), seigneur de Ruffey et président à mortier au Parlement de Bourgogne qui émigra à Londres durant la Révolution, et Charles, président de la Chambre des Comptes de Bourgogne, créé comte de Vesvrotte en 1828. La famille Richard de Ruffey portait « D’azur au chef d’or chargé de trois tourteaux de gueules », armes que l’on retrouve sur l’ex-libris de Gilles-Germain.
English version

1Avant même la venue au monde d’Honoré d’Urfé et de ses frères, l’éminente famille forézienne des Urfé avait prouvé son intérêt et son attachement pour les belles-lettres par la constitution d’une des plus riches bibliothèques de son temps. Paradoxalement, cette “librairie” primitive est aujourd’hui bien mieux connue et étudiée que la bibliothèque de l’auteur de l’Astrée. La connaissance de cette dernière s’avère pourtant fondamentale pour la reconstitution précise du panorama culturel et intellectuel du romancier, un univers mental qui n’est appréhendé, le plus souvent, que par des rapprochements intertextuels. L’œuvre d’Honoré d’Urfé est celle d’un écrivain original certes, mais aussi d’un lecteur : son inspiration se nourrit des textes de devanciers admirés, italiens ou français, un jeu d’influences croisées magnifiquement mis en lumière par Maxime Gaume. Cette confrontation entre les textes-sources et leur réinterprétation, qui reste théorique, pourrait trouver d’intéressantes confirmations, voire de nouvelles perspectives, dans une identification et un recensement des volumes ayant réellement appartenu à Honoré d’Urfé. Grâce à des recherches récentes au sein des fonds publics [1] et au passage de quelques ouvrages sur le marché du livre ancien, une quarantaine de volumes imprimés peut désormais être rendue au père de l’Astrée, alors qu’on n’en recensait guère que sept il y a trente ans, souvent d’après des références imprécises.

Aux origines : la bibliothèque de Claude d’Urfé à La Bastie

2L’évocation de la bibliothèque des Urfé renvoyait le plus souvent au souvenir de la collection rassemblée par le grand-père de l’auteur, Claude d’Urfé (1501-1558), en son château de La Bastie. Sans doute amateur de livres dès l’enfance, il eut la bonne fortune de recueillir la riche bibliothèque des Malet de Graville après son mariage, le 29 août 1532, avec l’héritière de cette famille, Jeanne de Balsac, fille de Pierre de Balsac, baron d’Entraigues, et d’Anne Malet de Graville [2]. Après la mort prématurée de sa femme en 1542, à l’âge de 26 ans, Claude d’Urfé fit porter sur nombre de ses livres le chiffre entrelacé des initiales de leur prénom, ainsi que le mot « Uni », abréviation de la devise néoplatonicienne « Uni et nunc et semper » (unis maintenant et pour toujours). Après sa désignation comme bailli du Forez le 12 novembre 1535, Claude d’Urfé avait décidé de s’installer au château de La Bastie [3], hérité de son père Pierre. Il réaménagea totalement les lieux dans le style à l’italienne alors en vogue, plaçant les travaux sous l’autorité de l’architecte Jonyllion (qui réalisa notamment la double galerie dotée d’arcades de l’aile occidentale). La bibliothèque reçut un emplacement de choix, dans « deux pièces de tailles inégales, éclairées par des loggias de pierre situées au-dessus de la grotte » [4] qui servait d’antichambre à la chapelle, le « sacellum mirabile » qui fit si forte impression sur Papire Masson et tous les visiteurs de La Bastie. Le décor de la bibliothèque reflétait le goût de son propriétaire pour l’Antiquité : il avait fait placer « sept bustes : cinq de marbre et deux de bronze. Les premiers sont Pompée, César, Cicéron, Germanicus (…), les deux de bronze, Sénèque et Socrate » [5]. Nommé ambassadeur de France auprès du concile de Trente entre 1548 et 1551, puis gouverneur des enfants de France à partir de cette date, Claude d’Urfé profita de ses séjours en Italie, puis à Paris pour augmenter sa collection. Cet ensemble était caractéristique des goûts d’un aristocrate lettré : « Peu de livres de théologie pure [6] (…) ; mais de la morale usuelle, de l’histoire [7], des chroniques en prose [8] et en vers [9], de la politique, des armoriaux [10], des traductions d’auteurs grecs, latins et italiens [11], des légendes, des poésies françaises [12], des contes, de vieux romans de chevalerie [13], des pièces facétieuses (…), des compilations (…), des curiosités » [14]. La littérature antique [15], la géographie [16] et le droit, ancien [17] ou moderne [18], n’étaient pas davantage absents de ses rayons. En velours, maroquin ou veau, selon la valeur des livres recouverts, les reliures créaient une saisissante unité chromatique des rayons, étant toutes de la même couleur verte. Les ouvrages étaient souvent munis de fermoirs ou bouillons en cuivre doré, rehaussés des armes de la famille ou du chiffre de Claude d’Urfé et de son épouse. Certaines de ces reliures ont été préservées et un inventaire, réalisé au xviiie siècle, nous offre une vue d’ensemble de cette bibliothèque verte :

3

« Tous les livres cy dessus ont la tranche dorée, sont reliés en velours vert avec deux escussons aux armes d’Urfé au milieu de chaque costé et aux quatre coins de la reliure un sacrifice, des devises et des chiffres, le tout de cuyvre dorés en relief »[19].

4Cette liste, très fragmentaire, ne comporte que 134 volumes : un pâle reflet de la bibliothèque originelle, tant admirée par les érudits contemporains. Selon le témoignage du père Louis Jacob, dans son Traicté des plus belles bibliothèques…, la « splendide et riche Bibliothèque » de Claude d’Urfé, « homme d’un grand jugement et doctrine », comptait en effet « plus de quatre mille six cens volumes entre lesquels il y avoit deux cens manuscrits en velin »[20]. Les études les plus récentes sur ce fonds parviennent à recenser au mieux deux cents volumes répartis à travers les bibliothèques publiques européennes [21].
Les petits-fils de Claude d’Urfé, dont Honoré (1567-1625), grandirent en ce château de La Bastie, entourés de ces « antiques, beaux marbres et autres singullarittez » qui marquèrent tant l’aîné de la fratrie, Anne. Ce dernier se souvint avoir été, dès son enfance, « merveilleusement amateur de lecture (…), tellement que le meilleur moyen qu’on pouvoit trouver pour me tenir en place avant que je susse ni a ni b, estoit de me lire un livre, lequel je retenois tres bien… » [22]. Les précepteurs en charge des enfants de Jacques d’Urfé ne pouvaient bien sûr que se féliciter de telles dispositions. Le gouverneur d’Anne, « le sieur de Maucune », conseilla ensuite à son élève de s’adonner à la poésie : le jeune garçon reçut pour cela l’aide du poète forézien Loys Papon, qui lui apprit les règles de versification. Selon Anne, ses parents encourageaient hautement ce travail d’écriture poétique : « connaissant cella estre fort agreable à feu mes pere et mere, je continuay depuis »[23]. Honoré d’Urfé fit sans aucun doute l’objet des mêmes attentions éducatives, développant son goût de la lecture et de l’écriture. Il résida jusque vers 1574-1575 à La Bastie, rejoignant ensuite le célèbre collège de Tournon pour la poursuite de ses études. Durant son enfance forézienne, il avait peut-être bénéficié des leçons de l’archiviste (et bibliothécaire ?) des Urfé, Flory du Vent, en charge du « maniement des papiers de l’illustre famille » et qui avait « plus sçavoir de son estat que les propres seigneurs »[24]. C’est donc à bonne école que le futur auteur contracta le goût de l’histoire, qu’il perfectionna ensuite durant son adolescence au contact d’un proche de ses père et grand-père, l’érudit Jean Papon [25], lieutenant-général du Forez et grand spécialiste de l’histoire de la province.

La bibliothèque d’Honoré d’Urfé : composition et campagne d’achats

5Tant par tradition familiale que par son statut social, son éducation et son inclination personnelle, Honoré d’Urfé ne pouvait être qu’un amateur de livres. Mais l’importance et la composition exacte de sa bibliothèque demeurent énigmatiques : si le vieux fonds familial des manuscrits de Claude d’Urfé, célèbre notamment par les actes du procès de Jeanne d’Arc, est bien étudié, les volumes rassemblés par son petit-fils, depuis longtemps dispersés, restent fort peu connus. En 1910, le chanoine Reure avait donné une vue d’ensemble de cette collection à partir de l’inventaire après-décès dressé du 16 au 19 juin 1626 au château de Virieu, demeure principale d’Urfé dans ses dernières années. Ce document décrivait succinctement ce que Reure nommait « le sanctuaire sacro-saint où Urfé puise la prodigieuse érudition qu’il sème dans ses ouvrages. Sur des tablettes sont rangés 1’465 volumes, “tant gros que petis”, non compris “trois livres et thomes des œuvres de Monsieur le cardinal du Perron, couvers de bazane rouge avec les armes dudit seigneur” [26], exemplaire de présent sans doute [27]. Les manuscrits voisinent avec les livres imprimés : “Ont esté treuvés quelques manuscriptz et fragmens des œuvres dudit seigneur, tant de la Savoysiade, Astrée, Epîtres moralles et Escriptz de philosophie… ; plus deux sacs de toille plains des fragmens de manuscriptz dudit seigneur, quatre livres escriptz à la main des Recherches de l’antiquicté d’Autun en quatre thomes, le premier livre de l’Astrée du dit seigneur, aussi manuscript, les diverses poésies, et un second tome in-folio des Antiquictés de la cité de Venise et autres villes d’Italie” » [28]. Poursuivant ses recherches, le chanoine Reure avait réussi ultérieurement à retrouver la trace de quatre volumes de la bibliothèque Urfé : les Historia de Pierre de Sicile [29], passées dans un catalogue de la librairie parisienne Claudin ; les Giuoco piacevole… d’Ascanio Pipino, reliés avec Le Sei giornate… de Sebastiano Erizzo [30], et un exemplaire de la seconde édition, posthume, des Œuvres poétiques de Mellin de Saint-Gelais [31], ouvrages appartenant alors à la bibliothèque de M. Genin des Prosts à Virieu-le-Grand [32]. Par la suite, Maxime Gaume avait pu ajouter deux nouveaux titres [33] : le De historia commentarius d’Antonio Riccoboni [34] et la présence d’un ex-libris d’Honoré d’Urfé sur un manuscrit de son grand-père, les Chroniques de Charles VII de Gilles Le Bouvier (dit le Héraut Berry) [35]. Au début des années 1980, seuls six volumes ayant appartenu à Honoré d’Urfé pouvaient donc être recensés, sans compter les deux titres vaguement fournis par l’inventaire de 1626.

6Les recherches récemment entreprises sur la bibliothèque de l’auteur de l’Astrée permettent de recenser aujourd’hui quarante-trois volumes imprimés ayant figuré dans la bibliothèque du château de Virieu-le-Grand. L’habitude d’Honoré d’Urfé de dater ses ex-libris manuscrits, toujours portés au titre des livres, nous permet de savoir que ces volumes furent patiemment réunis entre 1600 et 1624, tout juste quelques mois avant la mort de l’auteur, survenue à Villefranche, près de Nice, le 1er juin 1625. À l’exception de six volumes publiés en 1603, 1604, 1610, 1620, 1621 et 1622, achetés principalement dans les dernières années de la vie d’Urfé, la plupart de ses volumes, 29 titres en fait, ne sont pas contemporains de la date d’acquisition et sortirent des presses entre 1540 et 1600. Quant aux lieux d’impression, ils sont caractéristiques de l’ouverture européenne d’un humaniste tel qu’Honoré d’Urfé : si les éditions parisiennes dominent (douze titres, contre trois éditions de Lyon, pourtant proche des terres de l’auteur), des volumes proviennent aussi bien d’Italie (Venise, dix titres ; Florence, trois ; Rome et Milan, deux ; Pavie et Mantoue, un) que du monde germanique (Bâle, cinq éditions ; Francfort et Ingolstadt, une) ou des Flandres (une édition d’Anvers).

7À l’exception de quelques périodes privilégiées de paix et de stabilité, la vie d’Honoré d’Urfé n’a été qu’une succession de déplacements incessants entre ses différentes terres du Forez ou du Bugey, le château de Châteaumorand, celui de Virieu, Paris (où l’appelaient les impératifs de la vie courtisane et les devoirs de sa charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, décernée par Henri IV qu’il avait pourtant combattu) et l’Italie. Sa jeunesse batailleuse au service de la Ligue ne lui laissa guère le loisir de se livrer aux plaisirs bibliophiliques. Entre 1590 et 1595, ce fidèle du duc de Nemours appuya les prétentions de ce dernier sur le Lyonnais, combattant sans répit les troupes royales, même après la conversion du monarque et les redditions de Paris et Lyon. Réfugié à Montbrison après la mort de Nemours, il organisa une résistance désespérée, mais, trahi, il fut arrêté en septembre 1595. À sa libération, la Ligue étant définitivement écrasée en Forez, il partit dans le Bugey et mit son épée au service du duc de Savoie. Ce n’est qu’en 1599 qu’il envisagea un retour en France, après l’annulation du mariage unissant son frère aîné Anne à Diane de Châteaumorand (dont l’exilé s’était épris des années plus tôt). En 1600, Honoré d’Urfé, jusqu’alors cadet de grande famille désargenté et exilé, se vit pourvu de la charge de bailli du Forez, abandonnée par son frère, et marié, le 15 février 1600, à son amour de jeunesse, par ailleurs très riche parti : le couple s’installa à Châteaumorand, ne quittant guère le domaine entre 1600 et l’été 1602. L’existence de cinq ouvrages portant un ex-libris daté de 1600 pourrait donc témoigner, pendant cette période de « mise en ménage » d’Honoré d’Urfé, d’une conséquente campagne d’achats, des livres destinés à sa toute nouvelle bibliothèque dans les murs de Châteaumorand.

8L’examen des dates données par les ex-libris recensés nous révèle d’étonnantes lacunes chronologiques : cinq volumes pour l’année 1600, six en 1603, deux en 1606, quatre en 1608, quatre en 1609, un en 1610, deux en 1611, trois en 1615, cinq en 1618, deux en 1619, un en 1620, deux en 1622 et cinq en 1624, l’année précédant la mort d’Urfé. Son exemplaire de l’édition collective de 1584 des Œuvres de Pierre de Ronsard ne comporte pour sa part qu’une simple signature au titre, « D’Urfé » : l’absence du prénom et d’une mention de date peut laisser penser que ce volume intégra très tôt la bibliothèque d’Urfé, à une époque où il n’avait pas encore normalisé sa marque de propriété [36]. Ronsard pourrait donc avoir été l’un des premiers achats du jeune Urfé. Quoique l’état fragmentaire de notre connaissance du fonds doive inciter à des réserves, il est tentant de rapprocher ces dates d’acquisition des déplacements connus d’Honoré d’Urfé afin d’identifier les lieux et pratiques d’achat de l’écrivain.

9Si l’année 1600 fut occupée par l’installation d’Urfé à Châteaumorand après son mariage, on peut penser que les volumes datés de 1603 furent achetés à Paris. En effet, Urfé se rendit à la Cour dans le courant de l’été 1602, obligé de venir se disculper d’une méchante rumeur l’accusant de complicité dans la trahison du maréchal de Biron. Sa présence à Paris est attestée dès le 30 août 1602, mais il « y resta (…) jusqu’au mois de mai suivant ; du moins, les actes faits par Diane de Châteaumorand paraissent laisser entendre que son mari est absent » [37]. Urfé profita de ce séjour parisien pour faire imprimer par Jean Micard une nouvelle édition, augmentée d’une seconde partie, de ses Epistres morales et semble être revenu en Forez avec quelques ballots de livres. Entre 1605 et la fin de 1607, Urfé partagea son temps entre Châteaumorand, Virieu et Paris [38] où il fit de fréquents voyages : ils furent toujours l’occasion de nouveaux enrichissements de la bibliothèque. La plupart des volumes achetés en 1608-1610 présente, pour la première fois en plus du nom et de la date, une mention de lieu : « Parisiis ». Ce long séjour parisien du couple Urfé débuta le 23 février 1608 et dura près de deux ans. Même si « son passage n’a laissé aucune trace » [39] durant ce laps de temps, Urfé fréquenta avec assiduité les cercles littéraires de la capitale, notamment le cénacle rassemblé autour de Marguerite de Valois, où brillaient les derniers feux de la littérature du siècle passé. Il lia ainsi une amitié toute particulière avec Étienne Pasquier, dernier survivant de toute une génération d’auteurs. Ayant publié ses premiers textes dans les années 1550, le vieil homme s’apprêtait à imprimer ses œuvres poétiques complètes sous le titre de La Jeunesse et il donna à Urfé un sizain pour le début du second livre de l’Astrée, publié au même moment. Si ce séjour parisien permit l’achat de nouveaux livres, Urfé n’entendait pas se priver pour autant, durant ces longs mois, de la bibliothèque déjà constituée : il en envoya donc une partie en sa demeure de la rue de Bétisy, près de Saint-Germain-l’Auxerrois. Ainsi, semblables à leur propriétaire, les livres d’Urfé voyageaient. Nous en avons la preuve par une des dépenses entraînées par ce séjour parisien, scrupuleusement enregistrée par le régisseur du château de Châteaumorand dans son livre de comptes : au moment du départ de ses maîtres, parmi les frais de déménagement de meubles, tapisseries et vêtements, Étienne Desmanèches consigna le coût de « deux caisses pour les livres emportés par Monseigneur à Paris »[40].
De 1610 à 1615, Urfé effectua de nombreux voyages en Piémont ou en Italie, notamment pour remplir de délicates missions diplomatiques. Effectua-t-il des achats à Rome ou à Venise, où il se trouvait à l’hiver et à l’été 1615 ? Les deux livres portant cette date ne mentionnent aucun lieu d’achat. En revanche, c’est bien à Turin qu’il acheta en 1617 un exemplaire de l’Iconologia overo descrittione di diverse imagini cavate dall’antichità, & di propria inventione… de Cesare Ripa [41]. Urfé passa en effet l’automne et l’hiver 1617-1618 dans cette ville, où il fut décoré le 2 février 1618 du collier de l’ordre de l’Annonciade par le duc Charles-Emmanuel (bien qu’il ait échoué dans sa tentative de briser le siège de Verceil en juillet précédent). Il vécut cette période de 1618-1620, apparemment riche en achats de livres, entre son château de Virieu, la Savoie (et les abords du lac d’Annecy) et le Piémont, avec quelques incursions en Forez auprès de sa femme.
Le chanoine Reure supposait qu’Honoré d’Urfé en ces années 1620 avait « entièrement renoncé à Paris et à la cour, ou du moins aucun fait certain ne nous permet d’établir qu’il soit revenu à Paris pendant les dernières années de sa vie ». Il admettait toutefois qu’ « il ne serait pas prudent de trop conclure du silence des documents » et qu’il était « peu vraisemblable que les relations d’Honoré, ses intérêts, les nouvelles éditions de ses ouvrages (…) ne l’aient jamais ramené à Paris » [42]. De fait, deux ex-libris de 1620 et 1622, datés de Paris, permettent d’attester des séjours parisiens réguliers d’Urfé. Il se trouvait par ailleurs très souvent à Turin, aux côtés de Charles-Emmanuel qui l’appelait « mon cousin ». Urfé avait-il trouvé un correspondant ou un libraire qui lui faisait parvenir des ouvrages italiens ? Toujours est-il que les six derniers achats attestés, réalisés en 1624, étaient tous des livres en cette langue et, pour certains, publiés assez récemment (en 1620, 1621 et 1622).

Des livres en héritage : la bibliothèque d’Antoine d’Urfé

10L’achat de livres au cours de voyages ou sur commande ne fut pas le seul moyen d’enrichissement de la bibliothèque Urfé. Parmi les ouvrages signalés par Gilles Banderier se trouvent en effet des volumes provenant du frère cadet de l’auteur, Antoine d’Urfé. Né en 1571, Antoine avait été élu abbé de la Chaise-Dieu à dix-huit ans, puis évêque de Saint-Flour en 1592. Brillant jeune homme, il avait été « nourri de Platon, d’Aristote et de théories néo-platoniciennes » [43] durant ses études au collège de Tournon : d’après les dires de l’historiographe et poète Pierre Matthieu, il composa ses premiers discours et dialogues philosophiques dès l’âge de quinze ans. Selon le Forézien Loys Papon, proche de la famille d’Urfé, ce prodige d’érudition était considéré comme « un miracle de son temps en toutes sciences, comme vray filz ayné de l’Anciclopédie »[44]. Aussi fervent Ligueur que ses frères, il trouva la mort le 1er octobre 1594, victime d’une arquebusade alors qu’il participait au siège du bourg de Villerest. Honoré d’Urfé avait été très douloureusement frappé par cette disparition qu’il évoqua dans le premier livre de ses Epistres morales, publiées quatre ans plus tard : « Le plus cher de mes freres par sa mort me marqua de noir le premier d’Octobre ». Les liens étaient en effet étroits entre les deux frères : c’est à Honoré qu’Antoine avait dédié son traité L’Honneur paru à Lyon en 1592.

11Antoine d’Urfé devait être pourvu d’une ample bibliothèque : le chanoine Reure rapporte qu’il « ne voyageait pas sans avoir dans son train des chevaux chargés de livres » [45]. Six de ces volumes au moins revinrent donc à son aîné : le De doctrina promiscua liber de Galeotto Marzio [46], le Quod nihil scitur du médecin Francisco Sánchez [47], les Paraphrasis… d’Antonio Scaino [48], deux ouvrages de Sebastián Fox Morcillo [49] et une édition des Opera omnia de Pic de La Mirandole [50]. À l’exception du livre de Marzio, plaisant recueil d’anecdotes et de bons mots, ces ouvrages sont tous philosophiques : traité sceptique dans le cas du Portugais Sánchez, commentaires d’Aristote pour Scaino et Morcillo, néoplatonisme et hermétisme avec Pic de La Mirandole. On peut s’étonner que les livres d’Antoine ne soient parvenus entre les mains de son frère que tardivement, six ans après son décès et en deux fois au moins, semble-t-il, puisque les ex-libris relevés sur ces ouvrages datent de 1600 et 1603. Honoré d’Urfé a bien été « le donataire » de son frère, mais il ne put sans doute rentrer en pleine possession de son héritage qu’à son retour définitif en France, en 1599-1600. Le chanoine Reure rapportait en effet que la question des droits successoraux d’Honoré, notamment à l’égard d’Antoine, ne fut définitivement réglée qu’après une réunion tenue avec ses frères Anne et Jacques au château de La Bastie le 28 mai 1599 [51]. En ce qui concerne les livres entrés en possession d’Honoré en 1603, nous noterons seulement que cette date coïncide avec l’ordination de son frère Anne : ce dernier aurait-il conservé quelques ouvrages d’Antoine en l’absence de son héritier, pour les rendre finalement à Honoré lorsqu’il devint prêtre ?
Lors du même arrangement successoral avec ses frères, Honoré d’Urfé dut se voir attribuer une partie de la bibliothèque familiale constituée par son grand-père : son ex-libris ou des mentions de sa main se rencontrent en effet sur certains manuscrits rassemblés par Claude d’Urfé. Les Chroniques du Héraut Berry, déjà mentionnées, firent partie de ce legs, ainsi que le manuscrit des actes du procès de Jeanne d’Arc et un exemplaire du Songe du vieil pèlerin de Philippe de Maizières, enrichi d’une note manuscrite d’Honoré d’Urfé [52].

Les lectures d’Honoré d’Urfé : philosophie, histoire et belles-lettres

12Que nous révèlent les fragments de la bibliothèque urféenne sur les lectures de l’auteur de l’Astrée ? Tout d’abord, son goût de la philosophie. Durant ses années au collège de Tournon, en 1575-1576, Honoré reçut l’enseignement des pères Valentin et Richardus, abordant tour à tour la Logique, la Physique, la Métaphysique et le De Anima d’Aristote, traités étudiés puis débattus au cours de disputationes. Comme le soulignait Maxime Gaume, Honoré d’Urfé « a appris au collège la précision de l’expression et la rigueur de la pensée » [53]. L’empreinte de cet enseignement demeura profondément inscrite dans l’esprit des frères Urfé : les traités écrits par Antoine, les Epistres morales d’Honoré sont imprégnés de cette formation intellectuelle dispensée par les Jésuites de Tournon. Outre les volumes hérités de son frère Antoine, Honoré acquit en propre de nombreux traités philosophiques, principalement dans les premières années du xviie siècle, soit entre la première édition des Epistres morales, en 1598, et leur seconde parution, augmentée, en 1603. Aux Scaino et Morcillo d’Antoine d’Urfé s’ajoutèrent donc d’autres commentaires célèbres d’Aristote, tels que les Politicorum et œconomicorum Aristotelis interpretationes et explicationes accuratæ données par Joachim Camerarius [54] ou les Commentarii in X. libros Aristotelis de moribus ad Nicomachum… de Pietro Vettori [55]. Constat intéressant, Urfé maîtrisait l’italien au point de pouvoir aborder une œuvre majeure de son philosophe de prédilection, en l’occurrence La Poétique, par l’entremise d’une traduction dans cette langue : cette Poetica d’Aristotele vulgarizzata n’était autre que la traduction fondamentale de l’humaniste Ludovico Castelvetro (1505-1571) [56], dont la première édition vit le jour à Vienne en 1570 et qui contribua à la diffusion de la règle dramatique classique des trois unités. Aux limites de la philosophie et de la théologie, Urfé avait également accordé de l’intérêt au champion de l’anti-arianisme, Grégoire de Nazianze, dont les œuvres intégrèrent très tôt la bibliothèque, dès 1600 [57]. Le Forézien s’était procuré l’une des meilleures éditions existantes, dotée du commentaire du Bénédictin Jacques de Billy († 1581), abbé de Saint-Michel de L’Herm, mais surtout poète et traducteur érudit. Nul doute qu’il fut un lecteur aussi attentif des traités contre les Ariens, de très beaux morceaux de rhétorique religieuse, que de l’œuvre poétique mystique de ce père de l’Église surnommé « Le Théologien ». Apparemment intéressé par les anciennes hérésies, Urfé possédait également les rares Historia de Pierre de Sicile, envoyé en Arménie par l’empereur Basile Ier pour négocier avec les Pauliciens et tenter de leur faire abandonner leurs “erreurs” [58]. Preuve des intérêts très variés d’Urfé dans le domaine théologique, son exemplaire des Sententiæ morales Ben Syræ[59], acquis en 1618. Ce « Séfer ben Syra », composé par le rabbin Yéhochouah ben Syra, était un recueil de préceptes religieux et moraux destinés à la communauté juive d’Alexandrie au iie siècle avant notre ère. L’Église catholique l’a incorporé dans la Bible sous le nom de « Livre de l’Ecclésiastique ». La traduction latine des textes hébreu et grec possédée par Urfé avait été procurée par Paul Fagius (1504-1549), qui fut pasteur à Strasbourg, puis professeur de théologie à Cambridge. L’ancien Ligueur n’hésitait donc pas à utiliser les travaux d’un Réformé de haut vol pour étancher sa curiosité vis-à-vis des textes bibliques pré-chrétiens, une attitude courante dans le milieu humaniste [60]. Comme dans le cas de Jacques de Billy pour Grégoire de Nazianze, Fagius fut longtemps la référence absolue en matière de traduction de textes hébreux : Urfé choisissait manifestement avec soin les meilleures éditions disponibles des textes qui l’intéressaient. Il faut dire qu’Urfé était fort scrupuleux à l’égard de ces matières, comme il l’exprima dans l’Astrée :

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« la philosophie est espineuse, la theologie chatouilleuse, et les sciences traittées par tant de doctes personnages, que ceux qui en nostre siecle en veulent escrire courent une grande fortune, ou de desplaire ou de travailler inutilement, et peut-estre de se perdre eux-mesmes »[61].

14Autre domaine fortement représenté dans la bibliothèque Urfé : l’histoire. On a vu l’intérêt montré par l’auteur dès son enfance pour l’étude du passé et des généalogies [62], un goût qui se manifesta notamment dans le canevas général de l’Astrée, dont l’intrigue est placée au ve siècle. Comme le soulignait Maxime Gaume, « Honoré d’Urfé est le premier créateur en date du roman historique » [63]. On pourrait s’étonner de ne voir aucune œuvre des grands historiens antiques parmi les volumes recensés, si on ne connaissait l’attachement de l’auteur pour l’Antiquité tardive. Aussi, pas de Tacite, de Tite-Live ou d’Hérodote, sinon le De historia commentarius… d’Antonio Riccoboni, qui comportait des textes de Salluste, Varron ou Caton [64]. Urfé possédait aussi l’anthologie des propos fameux écrite par Battista Fregoso [65], à l’imitation de Valère-Maxime. Les chroniques médiévales, textes rares, sont en revanche bien représentées, nous allons le voir.

15Les ouvrages historiques généraux, chroniques de l’histoire mondiale depuis les origines ou pour la seule période contemporaine, consistent en quatre titres. Tout d’abord, Le Registre des ans passez…, déjà ancien, puisque publié par Galiot du Pré en 1532 [66]. La grande Histoire[67] du chartreux allemand Laurent Surius [68] et la fondamentale étude historico-politique De la naissance, durée, et cheute des Estats, où sont traittées plusieurs notables questions, sur l’establissement des Empires, & Monarchies… du diplomate savoyard René de Lucinge [69] sont des ouvrages des années 1570-1580. La plus récente de ses grandes œuvres est une édition italienne du Compendio historico universale… de Giovanni Nicolò Doglioni, imprimée en 1622 [70]. Par son investissement personnel dans les querelles idéologiques de son temps, Honoré d’Urfé a montré son intérêt pour les questions politiques. Néanmoins, hormis le Lucinge, un seul texte nous est parvenu : le De l’estre perpetuel de l’Empire françois par l’æternité de cest Estat d’Hugues de L’Estre (ou Delestre) [71]. Il est assez piquant de voir figurer dans la bibliothèque d’un Ligueur des plus acharnés un traité sur la monarchie française écrit par un “Politique” et parlementaire loyaliste [72], imprimé au moment même où Urfé poursuivait la lutte contre Henri IV dans son dernier carré de Montbrison.
Honoré possédait parmi ses volumes historiques un ouvrage capital : Les treselegantes et copieuses annalles… de Nicole Gilles (vers 1425-1503) [73]. La compilation réalisée par ce secrétaire de Louis XII, également contrôleur du trésor royal, est regardée comme la première véritable histoire de France. Ce titre avait déjà été mentionné en 1910 par le chanoine Reure qui avait écrit : « [Urfé] a pu lire les Grandes chroniques de France et les Annales de Nicole Gilles, qu’il trouva au château de La Bastie » [74]. Il ne semble plus subsister aujourd’hui de cet exemplaire que sa page de titre [75], présentant un ex-libris à la date de 1609, une année riche en achats de livres historiques. C’est en effet cette même année qu’il se procura Le Premier volume des Illustrations de la Gaulle Belgique, antiquitez du pays de Haynnau, et de la grande cité de Belges : à présent dicte Bavay, dont procedent les chaussées de Brunehault…[76]. Son intérêt pour l’histoire des provinces françaises (ou limitrophes au royaume) se confirme avec des achats plus tardifs. En 1620, Urfé ajouta à sa collection la Rerum Burgundionum chronicon, première œuvre du fameux historiographe Nicolas Vignier [77]. Urfé avait un certain goût de l’éclectisme en matière de livres, puisque sa bibliothèque présente d’assez nombreuses réunions d’auteurs ennemis : ainsi, deux ans après l’achat du Vignier, il mit la main sur l’édition condamnée de l’Histoire de Bretaigne de Bertrand d’Argentré [78], sénéchal de Rennes, qui était une véritable apologie du système féodal et des particularités provinciales. Vignier avait combattu et réfuté ce texte avec virulence tant sur le plan historique que légal, afin d’étayer les droits de la couronne de France sur le duché. L’œuvre d’Argentré avait d’ailleurs été dénoncée par le Parlement de Paris dès sa parution. Notons qu’au moment où Urfé se le procura, le texte avait déjà connu trois rééditions, la dernière en 1618 chez Buon grâce aux soins du fils de l’auteur, Charles d’Argentré : le choix de l’édition de 1588, forcément plus difficile à se procurer, n’est bien sûr pas innocent.
Ne se limitant pas au seul royaume de France, Urfé s’était également documenté sur quelques pays européens limitrophes, comme en témoignent l’Epitome historiæ Basiliensis de Christian Wurtisen [79] ou le De origine, ac rebus gestis Regum Hispaniae liber de Francesco Tarafa [80].
Le Forézien devait éprouver un certain plaisir à réunir des textes historiques peu communs, notamment médiévaux. C’est par exemple le cas avec la très intéressante collection des Germanicarum rerum quatuor celebriores vetustioresque chronographi…[81]. Cet ensemble de chroniques médiévales comprenait une Vie de Charlemagne latine attribuée à l’archevêque de Reims Jean Turpin (mais datant en réalité du xie siècle), la chronique de l’abbé Réginon de Prüm († 915), la chronique de Lambert von Hersfeld (ou Lambertus Schaffnaburgensis, mort après 1077) qui portait sur les années 702-1040, et surtout la Chronographia du moine Sigebert de Gembloux (vers 1035-1112) qui s’intéressait aux années 381 à 820. Ce dernier texte présentait en parallèle l’histoire des différents empires ou royaumes de cette époque : Vandales, Ostrogoths, Lombards ou Huns. Connaissant l’intérêt tout particulier d’Honoré d’Urfé pour cette période, nul doute qu’il compulsa abondamment ce volume pour l’écriture de l’Astrée.
Signalons enfin un ouvrage encore inédit ayant appartenu à Honoré d’Urfé, de teneur presque archéologique, puisqu’il s’agit des Funérailles & diverses manières d’ensevelir des Romains, Grecs & autres nations, tant anciennes que modernes, de l’historien Claude Guichard. Cette impression du Lyonnais Jean de Tournes, réalisée en 1581, comporte l’habituelle indication manuscrite au titre « Ex-libris Honorati d’Urfei // 1618 », avec la mention, d’une autre main, « Autoris Dono » (voir reproduction ci-dessous). Il ne peut évidemment s’agir d’un présent fait à Urfé par Guichard, celui-ci étant mort en 1607.

Illustration 1

Ex-libris manuscrit d’Honoré d’Urfé sur le titre des Funérailles & diverses manières d’ensevelir des Romains, Grecs & autres nations, tant anciennes que modernes de Claude Guichard (Lyon, Jean de Tournes, 1581)

Illustration 1

Ex-libris manuscrit d’Honoré d’Urfé sur le titre des Funérailles & diverses manières d’ensevelir des Romains, Grecs & autres nations, tant anciennes que modernes de Claude Guichard (Lyon, Jean de Tournes, 1581)

16Dernier grand pan de la bibliothèque urféenne telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui : les belles-lettres, avec un total de douze titres recensés. La littérature italienne occupait bien entendu une place de choix dans les bibliothèques françaises, notamment celles des auteurs, prosateurs ou poètes, Ronsard en premier lieu. Néanmoins, la disproportion, parmi les volumes subsistants d’Honoré d’Urfé, entre le nombre de textes français et italiens ne laisse pas d’étonner : deux titres seulement pour les premiers contre dix dans la langue transalpine. À titre de comparaison, la bibliothèque de Philippe Desportes, dont on a pu répertorier 287 volumes, comptait 47 livres en italien ; chez Urfé, sur un échantillon, certes plus réduit, de 40 titres recensés, littéraires ou non, 14 sont italiens : hasards d’une conservation aléatoire ou reflet de la composition du fonds ?

17La présence de la littérature française se réduit donc à deux poètes, mais non des moindres : Ronsard et Mellin de Saint-Gelais, à nouveau deux anciens ennemis. Le précieux exemplaire ronsardien n’est autre que l’édition collective de 1584, la dernière supervisée par le poète (mort l’année suivante) et considérée comme son testament littéraire : là encore, Urfé fit preuve de discernement dans le choix de l’édition. La forme de l’ex-libris présent sur la page de titre, réduit au seul patronyme et non daté, laisse penser à un achat de jeunesse [82]. À l’inverse, Urfé dut attendre 1622 pour mettre la main sur les Œuvres poétiques de Mellin de Saint-Gelais dans leur seconde édition de 1574 [83].

18Une partie des œuvres italiennes consiste en textes en prose variés, du roman à la littérature morale : le Libro intitolato Aquila volante de Leonardo Aretino [84], le Giuoco piacevole… d’Ascanio Pipino (Mantoue, Giacomo Ruffinello, 1575) qui fut relié avec Le Sei giornate de Sebastiano Erizzo (Venise, Giovan Varisco, 1567) [85], Le Occorenze humane… de Nicolo Liburnio [86], les Opuscoli… de Vincenzo Gramigna [87] ou La Faustina de Girolamo Muzio [88].

19Contrairement au cas d’autres auteurs, notamment Desportes ou Expilly, dont on a conservé des volumes poétiques italiens, mais pas d’anthologies [89], trois de ces recueils collectifs figurent parmi les livres Urfé : une anthologie non identifiée, un exemplaire de la seconde partie du Tesoro di concetti poetici : scelti da’ piu illustri poeti toscani, e ridotti sotto capi per ordine d’alfabeto…de Giovanni Cisano [90] et l’Accademia Colle Bellunese de ragionamenti accademici, poetici, morali, astrologici, naturali, & varii dilettevoli, & eruditi…réunie par Giovanni Colle [91]. Ces deux derniers textes furent achetés par Urfé en 1624, l’année précédant sa mort. Honoré avait par ailleurs en sa possession le recueil des Rimes de Curtio Gonzaga [92].
Deux nouveaux ouvrages italiens de la bibliothèque Urfé ont récemment réapparu. Le premier est une édition vénitienne des deux livres de Satire alla carlona d’Andrea da Bergamo [93], parue en 1566 et acheté par Urfé à Paris en 1610 [94]. Le second est un exemplaire de la Gerusalemme conquistata… du Tasse (voir illustration 2, reproduction de la page de titre) [95]. Cette grande œuvre avait connu une genèse particulièrement complexe et difficile [96], l’enfermement de l’auteur à l’hospice Sant’Anna de Ferrare pour troubles mentaux, entre 1579 et 1586, l’ayant empêché de contrôler la diffusion du texte. L’œuvre, qui circulait déjà en manuscrits en 1579, connut cette même année des impressions fragmentaires (Il Goffredo), avant la première publication intégrale par Angelo Ingegneri en 1581, à Parme et Casalmaggiore, sous le titre, en réalité apocryphe, de Gerusalemme liberata (Tasso, qui considérait l’œuvre comme inachevée, ne l’avait pas encore intitulée). Un jeune lettré ferrarais, Febo Bonnà, outré du procédé d’Ingegneri, avait alors décidé de fournir une nouvelle édition, plus correcte car fondée sur les manuscrits originaux du poète. Malgré cela, le Tasse tint absolument à revisiter l’œuvre dont il avait été dépossédé : en 1593, sur les presses de Faccioti à Rome, parut donc une Gerusalemme conquistata, profondément amendée selon les canons de l’esthétique tridentine. Découpé non plus en vingt chants, mais en vingt-quatre livres, le poème a été expurgé de tous les passages que le poète jugeait indignes de la gravité de ton d’une épopée. Les contemporains furent néanmoins d’avis que cette nouvelle version, la seule légitime aux yeux du Tasse, n’aboutissait qu’à la mutilation et à l’amoindrissement d’une œuvre originale parfaite. Traduite en prose par Blaise de Vigenère et en vers par Jean de Vignau la même année 1595, puis à nouveau en vers par Pierre de Brach en 1596, la Jérusalem eut un écho retentissant en France « et l’on a pu dire que ce fut l’ouvrage italien qui a exercé l’influence la plus profonde sur le roman français du début du xviie siècle » [97]. Dès 1599, Nervèze donna une Hiérusalem assiégée…, lançant la mode des suites de la Jérusalem du Tasse.

Illustration 2

Illustration 2 : Page de titre de la Gerusalemme conquistata… du Tasse (Pavie, Andrea Viano, 1594).

Illustration 2

Illustration 2 : Page de titre de la Gerusalemme conquistata… du Tasse (Pavie, Andrea Viano, 1594).

20Chose étonnante, Honoré d’Urfé s’était donc décidé à acquérir cette version décriée, ici dans sa deuxième édition, donnée à Pavie par Andrea Viano en 1594. Le texte italien avait pourtant été imprimé en France dès 1595 par les soins d’Abel L’Angelier, mais un éloge trop poussé du pape Sixte-Quint, seul capable – disait le poète – de rendre un roi au trône de France déserté, fit condamner l’édition par un arrêt du Parlement de Paris daté du 1er septembre 1595, pour « idées contraires à l’autorité du Roy et au bien du Royaume » [98].

21Les grands poèmes du Tasse ont toujours été considérés comme des sources essentielles de l’œuvre du Forézien, qui citait d’ailleurs l’Aminta dans son adresse liminaire à Astrée : « Et qu’outre cela, la pluspart de la trouppe est remplie d’Amour, qui dans l’Aminte fait bien paroistre qu’il change et le langage et les conceptions, quand il dit :

22

Queste selve hoggi raggionar d’Amore
Sudranno in nova guisa, e ben parrassi
Che la mia deità sia qui presente
In se medesma, non ne suoi ministri
Spireró nobil senzi à rozi petti
Radolciró de le lor lingue il suono.

23Dans les Epistres morales, dès la première édition de 1598, Urfé avait cité dans le texte, en italien, l’Aminta à trois reprises et la Jérusalem par deux fois (ce qui indique d’ailleurs qu’il devait bel et bien posséder un exemplaire de la Gerusalemme liberata avant d’y ajouter la Gerusalemme conquistata) [99]. « Rien n’est [donc] moins inattendu que l’influence du Tasse chez Honoré d’Urfé, italianisant par excellence, mais le grand fleuve de l’Astrée ne pouvait se nourrir seulement du mince filet de l’Aminta. Toutes les sources, italiennes et espagnoles, chevaleresques et pastorales, contribuent à l’Astrée. (…) L’intérêt de l’Aminta était limité, pour le genre romanesque qui avait besoin d’une richesse d’incidents que la Diane – ou la Jérusalem – étaient plus aptes à fournir » [100]. Tout en notant leur fréquence décroissante entre le premier et le troisième livre de l’Astrée, Joyce G. Simpson avait relevé de nombreux parallélismes avec l’œuvre du Tasse, notamment le thème du concours de générosité, transposé de la Jérusalem (l’épisode d’Olinde et Sophronie, chant II, strophes 1 à 55) dans l’Astrée (épisodes de Céladon et d’Astrée se réclamant comme fille d’Adamas, menacée de mort, puis du valet Belaris offrant à son tour sa vie pour sauver celle de son maître). Maxime Gaume a également rapproché ces passages comme directement inspirés de la Jérusalem[101].

24Il n’en demeure pas moins que les influences du grand poème héroïque sont bien plus visibles encore dans une œuvre restée manuscrite d’Honoré d’Urfé : La Savoysiade. Cette épopée narrant l’histoire de la famille de Savoie était une imitation presque parfaite de la Jérusalem (qui, rappelons-le, avait vu un personnage s’ajouter en cours d’écriture : Renaud, ancêtre supposé de la famille d’Este que le Tasse voulait ainsi flatter). Le premier livre fut achevé le 25 août 1599, les deuxième, troisième, quatrième et cinquième en 1603, le sixième fut entrepris le 25 juillet 1605, avant une tentative de refonte en 1606 qui ne fut jamais achevée. Maxime Gaume a longuement étudié les parallèles les plus marquants entre les deux textes, extrêmement nombreux et précis, au point d’être de véritables traductions [102].
L’acquisition de cette édition de la Gerusalemme conquistata en 1600, comme l’atteste la mention « Ex-libris Honorati d’Urfe 1600 » portée au bas de la page de titre (illustration 3), participa peut-être d’une “campagne de documentation” d’Urfé pour la poursuite de la Savoysiade : il se serait alors procuré cette version voulue par l’auteur afin de la comparer à celle qu’il connaissait déjà. Sa lecture ne resta pas inactive, puisqu’il distingua au fil des pages une cinquantaine de vers répartis à travers toute l’œuvre. Des marques, de la même encre, sont ainsi placées en marge, à côté des passages jugés intéressants : quarante traits horizontaux plus ou moins appuyés, mais toujours nets et longs d’environ un centimètre et demi, huit croix (dont une doublée d’un trait) et une petite griffe. L’attention d’Urfé ne fut pas prise en défaut : il corrigea une leçon fautive dans la strophe 13 du livre I, barrant au troisième vers le « il » de « Scorge il Riccardo poi spirti guerrieri » pour le remplacer par un correct « in », écrit de sa main dans la marge [103] (illustration 4). Il ne nous a pas été possible de mettre en évidence un réemploi direct des vers ainsi distingués dans l’Astrée, mais il est possible qu’un rapprochement avec la Savoysiade puisse aboutir à des résultats plus concluants. Maxime Gaume avait relevé un passage “hippologique” pour illustrer la propension d’Urfé à composer une description pleine de détails à partir d’un passage concis du Tasse : « Le Tasse loue, pendant deux strophes, la rapidité du cheval de Raymond, né sur les bords du Tage [G.D., chant VII, str. 76-77] ; d’Urfé n’en finit plus, pendant une page entière, de vanter la beauté du cheval qu’Anne de Lascaris a donné à Bérold » [104]. Honoré n’avait-il pas écrit à la fin du premier livre de la troisième partie de l’Astrée :

Illustration 3

Illustration 3 : Ex-libris manuscrit d’Honoré d’Urfé sur le titre de la Gerusalemme conquistata… du Tasse.

Illustration 3

Illustration 3 : Ex-libris manuscrit d’Honoré d’Urfé sur le titre de la Gerusalemme conquistata… du Tasse.

25

« Voire je diray bien plus, il vaudroit beaucoup mieux estre un beau cheval, ou un beau chien, que d’avoir la figure d’un homme, et n’en avoir pas la forme telle qu’elle doit estre, parce qu’un cheval est un animal parfaict, et celuy qui a l’ame defaillante en sa principale partie telle que l’entendement, en est un infiniment imparfait » ?

Illustration 4

Illustration 4 : Détail de quelques marques de lecture et de la correction manuscrite d’Urfé dans sa Gerusalemme conquistata

Illustration 4

Illustration 4 : Détail de quelques marques de lecture et de la correction manuscrite d’Urfé dans sa Gerusalemme conquistata

26Comme la Savoysiade, l’Astrée donne lieu à d’impressionnantes cavalcades, comme celle-ci, extraite de l’« Histoire de Lydias et de Melandre » :

27

« mon cheval que peut-estre picqueé plus que son courage ne vouloit, aussi tost que je l’eus tourné, prit de luy-mesme sa course, et si à propos qu’il vint heurter Lypandas de telle furie, qu’il le porta les pieds contremont ; mais en passer il luy donna de l’espée dans le corps si avant que peu après je le sentis faillir dessous moy, et ce ne fut peu que je me ressouvinsse d’oster les pieds des estrieux ».

28C’est donc naturellement que cet amoureux de l’art équestre releva, en lisant sa Gerusalemme conquistata, les premiers vers des strophes suivantes :

29

« Qual il destrier, che da le regie stalle,
Dove à l’usa de l’arme ei si riserba,
Fugge ; e libero al fin per largo calle
U à tra gli armenti, ò al fiume usato, ò à l’herba ;
Scherzan fù’l collo i crini ; e sù le spalle
si scote la cervice alta, e superba ;
Suonano i piè nel corso ; e pàr, ch’avampi,
Tutti d’un nitrir lieto empiendo icampi »
(livre X, str. 78, p. 116) et « Qual veloce destrier, ch’al faticoso // Honor de l’arme vincitor sia tolto (…) » (livre XIII, str. 30, p. 147).
Vers la fin du xviie siècle, cet exemplaire Urfé du Tasse fut relié à neuf, associé à l’édition de l’Aminta procurée et annotée par Gilles Ménage [105], sous une solide basane dotée d’un dos à nerfs aux caissons décorés de fleurons et de petits fers. Le relieur adapta la taille de la Gerusalemme à celle de l’Aminta, rognant légèrement certaines des marques de lecture marginales. En dehors d’une mention manuscrite anonyme datée de 1891, le volume ne comporte qu’un seul autre ex-libris postérieur à celui d’Honoré d’Urfé : essayons donc de retracer son cheminement après la mort de son premier propriétaire.

La disparition des livres d’Honoré d’Urfé : quelques pistes

30Qu’advint-il de la bibliothèque d’Honoré d’Urfé après sa disparition en juin 1625 ? La baronnie de Virieu et le château où se trouvait la bibliothèque revinrent, selon les termes du contrat de mariage conclu en 1600, à Diane de Châteaumorand. Cette dernière décida de tester en faveur d’un neveu à la mode de Bretagne, Jean-Claude de Lévis-Charlus, à condition de relever le nom de Châteaumorand. Lévis-Châteaumorand reçut donc en premier lieu, pour son mariage en décembre 1625, toutes les terres possédées par Diane en Bourbonnais. La veuve d’Honoré d’Urfé ne survécut que peu de temps à son époux : elle mourut le 8 mars 1626. Son héritier universel se trouva alors entraîné dans une très longue contestation testamentaire, le marquisat de Valromey (dont dépendait Virieu [106]) étant réclamé par Jacques d’Urfé d’une part et 20 000 ducatons exigés par Charlotte-Emmanuelle d’Urfé, nièce d’Honoré, d’autre part. L’affaire traîna en longueur durant plus d’un siècle, passant notamment devant le Parlement de Bourgogne à Dijon, mais le fief resta durant cette procédure entre les mains des Lévis-Châteaumorand.

31Les ex-libris, manuscrits ou gravés, relevés dans les volumes de la bibliothèque d’Honoré d’Urfé attestent que de nombreux livres étaient déjà sortis de la famille de Lévis-Châteaumorand dans la seconde moitié du xviie siècle. Proche de Gaston d’Orléans, Jean-Claude de Lévis-Châteaumorand dut se retirer dans ses terres après avoir épousé les querelles et les complots du frère de Louis XIII : selon le chanoine Reure, « l’amitié de ce faible prince et des intrigants qui l’entouraient fut fatale à la fortune du marquis de Châteaumorand (…) ; aussi laissait-il à sa mort, arrivée le 25 décembre 1672, une succession embarrassée » [107]. Son fils unique, Henri-Louis, suivit son père dans la tombe trois ans plus tard, âgé de vingt-sept ans et laissant à sa veuve, Marguerite d’Austrein, six enfants [108]. Cette situation financière difficile, encore aggravée par la mort prématurée de l’héritier du titre, a pu rendre nécessaire la vente de certains biens, dont la bibliothèque du château de Virieu-le-Grand. Sa dispersion contribua en tout cas à sa sauvegarde, puisque le château d’Honoré d’Urfé à Virieu, fort délaissé depuis sa mort (les Lévis-Châteaumorand habitaient la demeure éponyme dans le Forez), fut entièrement ravagé par les flammes, le 18 avril 1726 [109].

32Le sort de la bibliothèque de la branche aînée des Urfé, en revanche, est un peu mieux documenté. On sait qu’une centaine de volumes resta au château de La Bastie jusqu’en 1770 [110], avant d’être transportée à Paris pour enrichir la bibliothèque de l’hôtel particulier de la dernière représentante de la famille : Jeanne de La Rochefoucauld, dernière marquise d’Urfé, un personnage haut en couleurs [111]. Après sa mort, en 1775, ce reliquat de la bibliothèque originelle des Urfé fut acheté par le duc de La Vallière. Le grand bibliophile semble avoir obtenu, à la même époque, d’autres fragments de la bibliothèque Urfé, par une source différente. En faisant l’acquisition en bloc, en 1776, de la collection de M. de Bombarde [112], le duc se procura environ deux cents autres volumes de provenance Urfé, essentiellement des manuscrits [113]. Six imprimés au moins, provenant d’Honoré d’Urfé et conservés aujourd’hui dans les collections de la Bibliothèque de l’Arsenal, comportent une mention manuscrite renvoyant au « catalogue Nyon » (du nom du libraire qui assura la dispersion de la seconde partie de la bibliothèque La Vallière en 1786, achetée en grande partie par le marquis de Paulmy). La présence de cette cote laisse penser que des livres d’Honoré furent peut-être récupérés, après sa mort, par la famille d’Urfé à La Bastie, et non par les Lévis-Châteaumorand, pour aboutir finalement dans la collection du duc de La Vallière en 1775-1776. Il est à noter que tous ces livres faisaient partie des acquisitions les plus récentes d’Honoré, entre 1617 et 1624.
En ce qui concerne la bibliothèque de Virieu, il semble bien qu’une piste bourguignonne doive être suivie, au moins pour une partie du fonds, sans doute celle héritée par les Lévis-Châteaumorand. De son vivant déjà, Honoré d’Urfé avait entretenu des contacts amicaux dans cette province, offrant le manuscrit du procès de Jeanne d’Arc, hérité de son grand-père, au bibliophile bourguignon Nicolas de Chevannes [114]. L’examen des ex-libris portés dans les exemplaires Urfé à partir de la seconde moitié du xviie siècle laisse apparaître de manière récurrente des noms bien connus du milieu parlementaire dijonnais. Le nom des Fevret revient à quatre reprises, soit celui de Jacques Fevret (1655-1694), avocat au Parlement de Bourgogne et échevin de Dijon, soit celui de Pierre Fevret (1625-1706), conseiller-clerc au Parlement de Bourgogne, chancelier et chanoine de la Sainte-Chapelle de Dijon. Le premier semble avoir légué ses livres aux Oratoriens de la ville, selon le témoignage des ex-libris ; le second les donna au collège des Jésuites, sous condition qu’elle soit ouverte à tous deux fois par semaine, créant ainsi la première bibliothèque publique dijonnaise. Citons également le nom de Jean Maugras, avocat au même Parlement, qui signa le titre des Annales de Nicole Gilles : le volume passa ensuite, peut-être par legs testamentaire une fois encore, au monastère Saint-Bénigne de Dijon. D’autres établissements monastiques dijonnais reçurent des volumes Urfé, sans doute de la même manière : c’est par exemple le cas du couvent dominicain de la ville. On retrouve l’antique manuscrit virgilien de Claude d’Urfé dans la bibliothèque de Jean Bouhier (1673-1746), président au Parlement de Dijon et académicien français, un fonds gigantesque dispersé en 1786 et dont une bonne part se trouve aujourd’hui à la bibliothèque municipale de Troyes. Dernier exemple avec la Gerusalemme du Tasse qui arbore au contre-plat l’ex-libris héraldique, gravé par Scotin, de Gilles-Germain Richard de Ruffey (1706-1794) [115], président à la Chambre des Comptes de Bourgogne, puis président du Parlement de Bourgogne (en succédant à Bouhier), mais aussi vice-chancelier de l’Académie royale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.
La reconstitution de la bibliothèque urféenne s’avère donc être un chantier ouvert et plein de perspectives, utile notamment pour venir confirmer ou préciser les influences présentes dans son œuvre, en recréant son univers de lecteur. L’examen des éventuelles notes de lecture d’Urfé pourrait se révéler déterminant : annoter un livre, dans le calme de son cabinet, est en effet un acte intime, très révélateur des intérêts et préoccupations du lecteur. Ces marginalia constituent tout autant de confessions involontaires, de témoignages pris sur le vif et fixés dans les marges du volume, dévoilant quelques aspects de la pensée de l’auteur. L’obstacle principal à cette étude demeure l’éclatement de ce fonds Urfé, réparti entre plusieurs bibliothèques parisiennes et provinciales, ainsi que plusieurs collections privées. Des recherches dans les réserves des principales bibliothèques bourguignonnes devraient sans doute apporter de nouvelles découvertes, ainsi que, peut-être, l’explication de cette dispersion et des filières (liens familiaux, ventes publiques) d’écoulement des livres.

Notes

  • [1]
    Depuis onze ans, M. Gilles Banderier a mené des recherches opiniâtres sur cette provenance, réussissant à exhumer de nombreux volumes inédits des collections publiques, notamment au sein de la bibliothèque municipale de Besançon. Ces découvertes ont fait l’objet des articles suivants : « Un livre ayant appartenu à Honoré d’Urfé », dans Bulletin de la Diana, t. LVI-7, 1995, p. 578-580 ; « Notes nouvelles sur la bibliothèque d’Honoré d’Urfé », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, t. LIX, n° 2, Genève, Droz, 1997, p. 325-333 ; « La bibliothèque d’Honoré d’Urfé : notes complémentaires », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, t. LXVIII, n° 2, Genève, Droz, 2006, p. 321-332. M. Jean-Marc Chatelain, conservateur en chef à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France, a de son côté poursuivi les mêmes recherches parmi les collections de la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque de l’Arsenal. Avec une très grande générosité, il a mis à ma disposition le fruit de ses découvertes : je lui en exprime toute ma reconnaissance. Tenue par le groupe de recherche « Le Règne d’Astrée », une base de données, publiée en ligne et régulièrement remise à jour, livre les notices détaillées de tous les ouvrages Urfé recensés, rangés par ordre chronologique : http://astree.univ-paris4.fr/bibli_urfe.php.
  • [2]
    Descendant d’une antique famille normande, Louis Malet (vers 1445-1516), seigneur de Graville, avait été élevé à la dignité d’amiral de France par Charles VIII en 1487. Sa fille Anne, dame d’honneur de la reine Claude de France, épousa son cousin germain Pierre de Balsac, lieutenant général du gouvernement des duchés d’Orléans et d’Étampes : Jeanne de Balsac fut l’un de leurs six enfants, elle hérita des livres de son grand-père maternel.
  • [3]
    Le château de La Bastie est situé sur l’actuelle commune de Saint-Étienne-le-Molard, dans le département de la Loire.
  • [4]
    Précision donnée par Jacques Dupont, inspecteur général des Monuments Historiques, dans son « Discours prononcé lors du Centenaire de la Diana (1862-1962) », dans Bulletin de la Diana, t. XXXVII, n° 8, 1962, p. 51. Le chanoine Reure avait pour sa part écrit : « On ne sait pas dans quelle partie du château était la bibliothèque » (La vie et les œuvres d’Honoré d’Urfé, Paris, Plon, 1910, p. 12, note 1). Ces pièces, d’une superficie respective de 35,75 et 16,50 m2 pour 4,20 mètres de hauteur, n’étaient peut-être pas les seules “librairies” de Claude d’Urfé qui devait posséder des annexes dans ses autres demeures.
  • [5]
    Cité par Annie Charon-Parent, « Les grandes collections du xvie siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises – T II : Les Bibliothèques sous l’Ancien Régime (1530-1789), sous la direction de Claude Jolly, Paris, Promodis – Éditions du Le Cercle de la Librairie, 1988, p. 88.
  • [6]
    On ne relève guère, en pure théologie, que l’Expositio in S. Pauli epistolas de saint Augustin, un manuscrit conservé à la British Library (fonds Burney, ms. 38). Claude d’Urfé possédait aussi la traduction par Raoul de Presles du De la Cité de Dieu de saint Augustin (manuscrit du xve siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 18-19) et une Vie des Pères en vers (manuscrit du xive siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. nouv. acq. fr. 993).
  • [7]
    Tite-Live était représenté par un manuscrit du xive siècle de ses Histoires (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20315).
  • [8]
    Grandes Chroniques de France, manuscrit du xive siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20350).
  • [9]
    Chronique en vers de Bertrand du Guesclin par Cuvelier, manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20350).
  • [10]
    On sait, par une copie du manuscrit original « demeuré es mains de Monsieur [Claude] d’Urfé », que ce dernier possédait un Tresor des Armoiries « en vieil langage picart ».
  • [11]
    Les Triomphes de Pétrarque, dans la traduction de Bernard Ilicino, manuscrit du xvie siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 22541).
  • [12]
    Dont un recueil du xvie siècle regroupant des poèmes de Georges Chastellain, Jehan Trotier, Molinet et Pierre Fabri (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24315), deux chansonniers des xiiie et xive siècles dont l’un provençal (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24406 et Arsenal, ms. fr. 22543).
  • [13]
    Citons entre autres : le Roman d’Enseis de Metz, fils de Girbert (manuscrit du xiiie siècle, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 24377).
  • [14]
    O.-C. Reure, La vie et les œuvres d’Honoré d’Urfé, Paris, Plon, 1910, p. 14.
  • [15]
    Portant son ex-libris, le vénérable manuscrit virgilien de Claude d’Urfé, P. Virgilii Maronis Eglogue, Bucolica Aenis cum glossis antiquis, remontait au ixe ou xe siècle : il est aujourd’hui conservé dans les collections de la bibliothèque universitaire de Montpellier (Ms. H 253). Au xviiie siècle, le volume avait appartenu au président Bouhier.
  • [16]
    Claude d’Urfé possédait notamment une copie des Voyages de Marco Polo réalisée aux xve-xvie siècles. On trouve aussi, relié en veau vert à ses armes, un des rares ouvrages imprimés connus de cette provenance : la Descrittione di tutta Italia di F. Leandro Alberti (Bologne, A. Giaccarelli, 1550), conservé à la bibliothèque municipale de Roanne.
  • [17]
    Institutes de Justinien, traduites en français, dans un manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 20121).
  • [18]
    La pragmatique sanction… de Louis XI, manuscrit du xve siècle (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 203).
  • [19]
    Cet inventaire fragmentaire est conservé à la Bibliothèque universitaire d’Amsterdam (Remanstrantsche Kerk, III, C. 21). Cité par Annie Charon-Parent, « Les grandes collections du xvie siècle », op. cit., p. 93.
  • [20]
    Père Louis Jacob, Traicté des plus belles bibliothèques publiques et particulières qui ont esté et qui sont à présent dans le monde…, Paris, Rolet Le Duc, 1644, p. 671.
  • [21]
    Voir les inventaires donnés dans les ouvrages suivants : André Vernet, « Les manuscrits de Claude d’Urfé (1501-1558) au château de La Bastie », dans Bulletin de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, janvier-mars 1976, p. 81-97, ainsi que dans ses Études médiévales, Paris, Études augustiniennes, 1981, p. 609-625 ; André Vernet, « La bibliothèque de Claude d’Urfé », dans Claude d’Urfé et La Bastie – L’univers d’un gentilhomme de la Renaissance, Montbrison, Conseil général de la Loire, 1990, p. 198-203 ; Claude Longeon, « Catalogue des livres de la maison d’Urfé », dans Documents sur la vie intellectuelle en Forez au xvie siècle, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1973, p. 143-157 ; Maxime Gaume, « La bibliothèque de la Bastie d’Urfé », dans Les Inspirations et les sources de l’œuvre d’Honoré d’Urfé, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1977, p. 657-669.
  • [22]
    Préface aux Œuvres morales et spirituelles d’Anne d’Urfé, cité par Maxime Gaume, op. cit., p. 39.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    Citation du père Fodéré par Maxime Gaume, op. cit., p. 39, note 99.
  • [25]
    Né en 1507 à Crozet, non loin de Roanne, Jean Papon était issu d’une famille de robe et suivit cette même carrière, occupant une charge de juge royal dès 1529. Lieutenant-général du bailliage de Montbrison en 1545, il accéda finalement à la fonction de maître des requêtes de Catherine de Médicis en 1560. Il mourut à Montbrison en 1590, laissant une œuvre juridique conséquente, notamment avec son Recueil d’arrêts notables des cours souveraines de France (Lyon, Jean de Tournes, 1556, plusieurs fois réédité) ou avec son coutumier du Bourbonnais (voir l’étude consacrée à Jean Papon par Claude Longeon dans Écrivains foréziens du xvie siècle, Saint-Étienne, Centre d’Études foréziennes, 1970, p. 35-58).
  • [26]
    Il s’agissait sans aucun doute des Diverses Œuvres de l’illustrissime cardinal Du Perron… contenant plusieurs livres… non encore vus, ni publiés… ensemble tous les écrits mis au jour de son vivant, et maintenant réimprimés sur ses exemplaires laissez, reveus, corrigez et augmentez de sa main (Paris, A. Estienne, 1622). Il est probable qu’à cet ouvrage en deux parties in-folio aient été jointes Les Ambassades et négociations de l’illustrissime… Cardinal Du Perron… parues chez le même éditeur en 1623 en un volume in-folio. Jacques Davy du Perron (1556-1618), cardinal et diplomate, fut aussi un des poètes les plus renommés du début du xviie siècle. Les vers d’Honoré d’Urfé subirent l’influence de « l’œuvre de Ronsard, de Desportes, de du Perron, de Bertaut et de Vauquelin des Yvetaux » (Maxime Gaume, op. cit., p. 623). Ce même chercheur a souligné que « les quelques poésies amoureuses de du Perron, cet autre poète à la mode après 1585 et disciple de Desportes, ont certainement été appréciées par Honoré d’Urfé » qui avait pu les lire dans différents recueils collectifs à partir de 1597, avant leur première réunion dans l’édition de 1622 (id., p. 630-632).
  • [27]
    Le chanoine Reure estimait que ces volumes étaient un cadeau direct du cardinal, « qui offrit [à Urfé] un exemplaire armorié de ses œuvres » (op. cit., p. 138). Si les deux hommes se sont peut-être bien rencontrés durant le grand séjour parisien d’Urfé en 1608-1609, Du Perron n’a pu toutefois offrir trois volumes de ses œuvres, puisque celles-ci ne furent pas rassemblées avant sa mort.
  • [28]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 183.
  • [29]
    Petri Siculi Historia, ex ms. codice bibliothecae vaticanae, graece cum latina versione edita per Matthaeum Raderum e Soc. Jesu…, Ingolstadt, « ex typografia A. Sartorii », 1604, in-4o de 78 p. Selon la notice du catalogue Claudin, le volume portait l’ex-libris manuscrit « Ex-libris Honorati d’Urfé 1615 » au bas du titre.
  • [30]
    Ascanio Pipino de’ Mori (1533-1591), Giuoco piacevole d’Ascanio Pipino de Mori da Ceno… (Mantoue, Giacomo Ruffinello, 1575), et Sebastiano Erizzo (1525-1585), Le sei giornate di M. Sebastiano Erizzo, mandate in luce da M. Lodovico Dolce… (Venise, Giovan Varisco, 1567). Ces deux volumes in-quarto furent reliés ensemble dans un parchemin au xviie siècle : il s’agit peut-être de leur première reliure. Tous deux comportent au titre la mention « Ex-libris Honorati d’Urfé 1619 ». Ce recueil factice, vu jadis par le chanoine Reure dans la collection Genin des Prosts, a été acquis en 1998 par la Bibliothèque nationale de France : il est aujourd’hui conservé parmi les ouvrages de la Réserve (Rés. p. Y2. 3222, signalé par Jean-Marc Chatelain).
  • [31]
    Œuvres poetiques de Mellin de S.-Gelais, Lyon, A. de Harsy, 1574, in-8o de VIII ff. et 253 p. Né en 1491, Mellin de Saint-Gelais avait été le poète chéri de la cour de François Ier, puis d’Henri II, nommé conservateur de la Bibliothèque royale après avoir été aumônier des enfants de France. Attaqué par Ronsard et ses amis de la nouvelle génération poétique en 1552, ce qui donna lieu à la « Querelle du Louvre », il mourut en 1558. La présence de la version la plus complète de ses œuvres, publiée en 1574, dans la bibliothèque d’Urfé pourrait étonner : elle constitue en fait la preuve de l’importance de ce poète de cour plus d’un demi-siècle après sa disparition, ses poèmes étant régulièrement mis en musique jusqu’au début du xviie siècle. L’achat du volume par Urfé fut cependant plus tardif encore, puisque la mention « Ex-libris Honorati d’Urfé » portée au titre est datée de 1622.
  • [32]
    Cette liste fut donnée pour la première fois par Maxime Gaume d’après les notes inédites du chanoine Reure (Maxime Gaume, op. cit., p. 669).
  • [33]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 668.
  • [34]
    Antonio Riccoboni (1541-1599), Antonii Riccoboni… de Historia commentarius cum fragmentis ab eodem… collectis…, Venise, « apud J. Barilettum », 1568, in-8o de 278 ff. Il ne subsiste de l’exemplaire d’Honoré d’Urfé que le titre du volume rehaussé de l’ex-libris de son prestigieux propriétaire, daté de 1624 (Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Coste, ms. 1134).
  • [35]
    Le manuscrit est aux armes de Claude d’Urfé, mais il comporte la mention suivante, sorte d’hommage d’Honoré à son grand-père : « Ex libris Honorati d’Urfé, filii Jacobi, filii Claudii, cujus Claudii hic liber fuit » (Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 5048).
  • [36]
    Hypothèse proposée par Jean-Marc Chatelain.
  • [37]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 119.
  • [38]
    Le couple séjournait ainsi à Paris le 26 octobre 1605 lorsqu’il constitua une rente en faveur d’un médecin de Moulins, Gabriel Drouyn. Les Urfé passèrent peut-être l’hiver suivant dans leur logis parisien de la rue Saint-Honoré, près Saint-Eustache (O.-C. Reure, op. cit., p. 132).
  • [39]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 138.
  • [40]
    Id., p. 137.
  • [41]
    Cesare Ripa, Iconologia overo descrittione di diverse imagini cavate dall’antichità, & di propria inventione…, Rome, Lepido Faci, 1603, in-4o. Le volume, qui comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1617 Taurini », est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal sous la cote 4o bl-5093 Rés. (cité par G. Banderier, 2006, op. cit., p. 328, qui indiquait toutefois par erreur le lieu d’achat comme étant Paris).
  • [42]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 329.
  • [43]
    C. Longeon, 1970, op. cit., p. 227.
  • [44]
    Cité par O.-C. Reure, op. cit., p. 8.
  • [45]
    Ibid.
  • [46]
    Galeotto Marzio (v. 1400-1494), De doctrina promiscua liber, varia multipliciq. eruditione refertus…, Florence, Lorenzo Torrentino, 1548. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 228.529), le volume comporte un ex-libris « Antonii Urfaei » daté 1592, en haut de la page de titre, doublé de celui d’Honoré « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 ». Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [47]
    Francisco Sánchez (1552-1632), Quod nihil scitur, Lyon, Antoine Gryphe, 1581. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 227.623), le volume comporte l’ex-libris d’Antoine d’Urfé sur la page de titre, accompagné de celui de son frère « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 ». Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [48]
    Antonio Scaino, Paraphrasis in XIIII. Aristot. libros de prima philosophia cum adnotationibus et quæstionibus in loca obscuriora…, Rome, Nicolaus Piccolettus, 1587. Ce texte est l’un des derniers livres achetés par l’évêque de Saint-Flour, puisqu’il data son ex-libris « Antonii Urphei » de 1594, l’année de sa mort. Son frère biffa cette mention et apposa son « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». Le volume appartient désormais à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 10.796). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 327.
  • [49]
    Sebastián Fox Morcillo, De demonstratione, ejusque necessitate ac vi, liber I. De usu & exercitatione dialecticæ, liber I. De juventute, liber I. De honore, liber I…, Bâle, Johanne Oporin, [1556]. Le haut de la page de titre présente l’ex-libris biffé d’Antoine d’Urfé, avec mention de sa dignité : « Antonii Urfei abbatis Casi-Dei ». Son frère a rajouté le sien : « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». L’exemplaire se trouve à la Bibliothèque municipale de Troyes (G. 229). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323.
    Le second Morcillo est le De naturæ philosophia, seu de Platonis, & Aristotelis consensione, libri V. Nunc denuò recogniti, & à mendis, quibus anteà scatebant, sedulò repurgati (Paris, Jacques Du Puy, 1560), est conservé à la Bibliothèque nationale de France (Rés. R. 36377). Là encore, les ex-libris étaient « Antonii Urfei abbatis Casi-Dei » (suivi d’une date illisible, la mention étant biffée) et « Ex libris Honorati d’Urfé 1603 ». Signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [50]
    Jean Pic de La Mirandole, Opera omnia…, Bâle, Henricpetri, s.d. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 8991), le volume comporte un ex-libris « Antonii Urfaei » daté 1591 et un autre « Ex libris Honorati d’Urfé 160[3 ?] ». Le livre passa ensuite dans la bibliothèque de Pierre Frevet (ex-libris). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330.
  • [51]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 97.
  • [52]
    Ce manuscrit fait aujourd’hui partie des collections de la bibliothèque de l’Arsenal (Ms. 2682). Il est passé par les collections du duc de La Vallière (il apparaît dans le catalogue de sa vente, Paris, 1783, t. I, p. 411, n° 1358), puis de Louis-Jean-Nicolas de Monmerqué (sa vente, Paris, 12 mai 1851, n° 2793). C’est la notice de ce dernier catalogue qui décrit le volume comme enrichi d’« une note autographe de l’auteur de l’Astrée, écrite sur un folio préliminaire ».
  • [53]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 83.
  • [54]
    Francfort-sur-le-Main, André Wechel, 1581, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1600 » (Bibliothèque municipale de Besançon, cote 229.704). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 326.
  • [55]
    Florence, Giunta, 1584. Cet exemplaire porte l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1603 » et se trouve à la Bibliothèque municipale de Besançon (cote 10.810). Signalé par Gilles Banderier, 1997, op. cit., p. 327. Cette étude de l’Ethique à Nicomaque était la dernière partie d’une série de commentaires des œuvres d’Aristote par le penseur florentin Pietro Vettori (1499-1595), un travail entamé dès 1548 : il est possible qu’Honoré d’Urfé ait possédé l’intégralité de ces volumes.
  • [56]
    Bâle, Pietro de Sedabonis, 1576. Cet important volume intégra la bibliothèque d’Urfé en 1606 selon l’ex-libris. Il est conservé à la Bibliothèque municipale de Troyes (cote B. L. 1757). L’exemplaire avait été cité par Filip Regnèr et Jean-Paul Oddos dans Aux origines de la bibliothèque Bouhier : inventaire des possesseurs dans la série Belles Lettres, Troyes, Bibliothèque municipale, 1980, p. 52, n° 192, puis par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323.
  • [57]
    Grégoire de Nazianze, Opera omnia quæ extant…, Paris, Sébastien Nivelle, 1583, deux volumes dotés de l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1600 » (grattés par un propriétaire ultérieur). Signalé à la Bibliothèque municipale de Dijon [cote 17726 (1-2)] par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 322. Les ouvrages étaient passés aux xviie et xviiie siècles entre les mains de Jacques Fevret, puis des Oratoriens de Dijon.
  • [58]
    Historia ex ms. codice Bibliothecæ Vaticanæ græce cum latina versione edita per Matth. Raderum…, Ingolstadt, A. Sartorius, 1604, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1615 ». Le volume a ensuite appartenu à Jacques Fevret, qui le donna aux Oratoriens de Dijon. Le chanoine Reure l’avait ensuite localisé dans un catalogue de la librairie Claudin (cité par Maxime Gaume, op. cit, p. 669).
  • [59]
    Sententiae morales Ben Syrae… Tobias Hebraice vt is adhvc hodie apvd Jvdaeos invenitur, omnia ex Hebraeo in Latinum translata, in gratiam studisorum linguæ sanctæ, per Pavlvm Fagivm. Isnæ, 1542, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 ». Conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon (Rés. 328.126), le volume, relié en basane du xviiie siècle, est passé par le collège de la Trinité. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328 (avec reproduction).
  • [60]
    Sur cet intérêt des humanistes, catholiques comme réformés, pour les textes religieux hébreux, voir l’article de Jerome Friedman, « Sixteenth-Century Christian-Hebraica : Scripture and the Renaissance Myth of the Past », dans Sixteenth Century Journal, vol. 11, n° 4, hiver 1980, p. 67-85.
  • [61]
    L’Astrée, début de la troisième partie, l’auteur s’adressant à la rivière de Lignon.
  • [62]
    On ne connaît pas d’armorial ou de traité héraldique ou nobiliaire acheté par Honoré d’Urfé. En revanche, Jean-Marc Chatelain a trouvé une plaquette susceptible de relever de ce domaine : le récit par Edmond Du Boullay du Tres excellent enterrement du treshault, & tresillustre prince Claude de Lorraine, duc de Guyse & d’Aumalle, pair de France, &c. auquel sont declarées toutes les ceremonies de la chambre d’honeur du transport du corps. De l’assiette de l’eglise, de l’ordre de l’offrande & grand dueil, avec les blasons de toutes les pieces d’honneur, & banieres armoyées de ses lignes & alliances… (Paris, Arnoul L’Angelier, 1551). Le volume, conservé à la Bibliothèque nationale de France (Résac. 8o Ln27. 9397B), comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé. Parisiis 1609 » en haut de la page de titre. Sur les influences d’ouvrages héraldiques perceptibles dans l’Astrée, voir Maxime Gaume, op. cit., p. 137-138.
  • [63]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 142.
  • [64]
    Antonio Riccoboni (1541-1599), Antonii Riccoboni Rhodigini De historia commentarius. Cum fragmentis ab eodem Antonio summa diligentia collectis. M. Porcii Catonis censorii, Q. Claudii Quadrigarii, L. Sisennae, C. Crispi Salustii, M. Terentii Varronis. Et scholiis eiusdem Antonii in eadem fragmenta, Venise, Barilettus, 1568. Il ne subsiste plus que le titre de ce volume, avec ex-libris daté de 1624, conservé dans le fonds Coste de la Bibliothèque municipale de Lyon (Ms. Coste 1134). Il avait été signalé par Maxime Gaume en premier lieu (op. cit., p. 668). Notons que Jacques-Auguste de Thou possédait lui aussi un exemplaire de cette même édition, qu’il fit relier en maroquin olive à ses armes.
  • [65]
    Battista Fregoso (soit Baptista Fulgosus, 1453-1504) fut doge de Gênes entre 1478 et 1483. Urfé possédait la première édition de son De dictis factisque memorabilibus collectanea, a Camillo Gilino Latina facta, imprimée à Milan par Jacobus Ferrarius en 1509. L’exemplaire, actuellement relié dans un demi-veau du xixe siècle, comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1606 » (Bibliothèque de l’Arsenal, Fol. bl 1134, signalé par Jean-Marc Chatelain).
  • [66]
    Le Registre des ans passez puis la creation du monde, jusques à l’année présente mil cinq cens XXXII, Paris, Galiot du Pré, 1532. Le volume, conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o H 740), comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé Parisiis 1608 » au centre de la page de titre. Recouvert d’un veau blond du xviiie siècle, le volume passa dans la collection du duc de La Vallière, puis dans celle du marquis de Paulmy (avec l’indication « cat. de Nyon 19356 »). Ouvrage signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [67]
    Laurent Surius, Histoire ou commentaires de toutes choses memorables, avenues depuys LXX. ans en ça par toutes les parties du monde, tant au faict seculier que ecclesiastic : composez premierement par Laurens Surius, & nouvellement mis en françois par Jacq. Estourneau Xainctongeois, Paris, Guillaume Chaudière, 1571, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé Parisiis 1608 » au bas de la page de titre. Passé dans la bibliothèque de l’abbaye cistercienne de Bellevaux (Haute-Saône) en 1772 (d’après un ex-libris manuscrit porté au titre), l’ouvrage a réapparu lors de la vente de la collection Gabriel Hanotaux (Paris, 12-14 décembre 1927, n° 4 du catalogue, avec reproduction). Signalé par Jean-Marc Chatelain et Jean Balsamo.
  • [68]
    Lorentz Suhr, dit Laurent Surius (1522-1578), entra à la chartreuse de Cologne en 1541. Grand traducteur des mystiques allemands, il fut surtout le principal hagiographe de son temps, ainsi qu’un historien : son Commentarius brevis rerum in orbe gestarum ab anno 1500 traitait de l’histoire mondiale jusqu’en 1566 et comportait de nombreux passages sur la découverte ou les événements des terres lointaines, Amériques ou Orient.
  • [69]
    Paris, Marc Orry, 1588. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 3594) et comportant l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1603 », cet exemplaire réglé appartint au couvent des dominicains de Dijon. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323. Conseiller d’État du duc Charles-Emmanuel de Savoie, ambassadeur ordinaire en France entre 1584 et 1589, René de Lucinge (1554-1615) a étudié dans ce traité, d’après son expérience de diplomate, les grands bouleversements susceptibles d’ébranler les états, tout en présentant ses théories pour les éviter. Voir l’article de L.-G. Tin, « Mouvements, remuements, renversements. La pensée politique de René de Lucinge », dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, LXI-1, Genève, 1999, p. 41-56.
  • [70]
    Giovanni Nicolò Doglioni, Copemdio historico universale di tutte le cose notabili successe nel mondo, dal principio della sua creatione sin’ hora…, Venise, Nicolò Misserini, 1622 (deux volumes in-4o). La mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » a été inscrite au bas des pages de titre. Passés par les collections du duc de La Vallière et du marquis de Paulmy, reliés en veau brun du xviiie siècle, ces volumes se trouvent aujourd’hui à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o H 764 [1-2]). Volumes signalés par Jean-Marc Chatelain.
  • [71]
    De L’Estre perpétuel de l’empire françois, par l’aeternité de cest Estat, au Roy très chrestien ; discours en deux remonstrances faictes aux ouvertures, en l’an 91 après la sainct Martin et 92 après Pasques, de la Chambre de justice et Parlement naguères séant à Chaalons,… contre certain escript fameux, qui au mesme temps en publioit le contraire, Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1595, in-8o. Conservé à Dijon (Bibliothèque municipale, 4010), l’ouvrage comporte un ex-libris d’Urfé datant peut-être de 1615. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 326.
  • [72]
    Hugues de L’Estre se qualifiait au titre de son traité de « conseiller du roi » et « advocat general » du roi en son Parlement siégeant à Chalons (cette chambre était en réalité constituée d’une partie des membres du Parlement de Paris restés fidèles à Henri IV, les autres parlementaires loyalistes se trouvant à Tours, érigée en capitale temporaire).
  • [73]
    Nicole Gilles, Les treselegantes et copieuses annalles des trespreux, tresnobles, treschrestiens & excellens moderateurs des belliqueuses Gaules. Depuis la triste desolation de la tresinclyte & fameuse cité de Troye, jusques au regne du tresvertueux roy Francoys à present regnant… Paris, Gilles de Gourmont, [s. d.]
  • [74]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 235.
  • [75]
    Ce vestige est conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (portefeuille d’estampes n° 40, enveloppe 3). La mention manuscrite de propriété est « Ex libris Honorati d’Urfé 1609 Parisiis ». Le volume appartint à Jean Maugras au xviie siècle, puis au monastère Saint-Bénigne de Dijon.
  • [76]
    Paris, Galliot du Pré, 1531. Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 18174) et comportant l’« Ex libris Honorati d’Urfé 1609 Parisiis ». Signalé par Gilles Banderier, op. cit., p. 326.
  • [77]
    Rerum Burgundionum chronicon… ex bibliotheca historica Nicolai Vignerii…, Bâle, Thomas Warin, 1575. Le titre de l’exemplaire comporte la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1620. Parisiis », il a gardé sa première reliure en vélin à recouvrements. Il est passé dans la vente de la collection Bruno Monnier (Paris, 18 juin 1984, n° 121). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Nicolas Vignier (1530-1596), médecin converti au protestantisme, avait dû fuir la France pour se réfugier en Allemagne, où il se découvrit un talent pour la recherche historique : la Rerum Burgundionum chronicon est le résultat de ses premiers travaux. Revenu en France, nommé médecin et historiographe d’Henri III, il poursuivit son grand-œuvre, La Bibliothèque historiale, qui parut en 1587.
  • [78]
    Histoire de Bretaigne des rois, ducs, comtes et princes d’icelle : l’establissement du Royaume, mutation de ce tiltre en duché, continué jusques au temps de Madame Anne dernière duchesse, & depuis Royne de France…, Paris, Jacques du Puis, 1588, avec une double mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1622 Parisiis » au titre. Le volume, conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon (Rés. 24118), est encore revêtu de sa reliure en veau brun de l’époque. Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328-330 (avec reproduction du titre p. 331).
  • [79]
    Christian Wurtisen (1544-1588) était professeur de mathématiques et de théologie à Bâle. Urfé possédait son Epitome historiæ Basiliensis, præter totius Rauricæ descriptionem, urbis primordia, antiquitates, res memorandas, clarorum civium monumenta, cæteraque his similia complectens… dans une édition bâloise non datée, mais imprimée en 1577, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1608 Parisiis » au titre. L’ouvrage a été acquis en vente publique le 17 février 1994 par la Bibliothèque municipale de Lyon (B. 511. 899). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 323 et 326 (avec reproduction du titre p. 325).
  • [80]
    De origine, ac rebus gestis Regum Hispaniae liber, multarum rerum cognitione refertus, Anvers, Joannes Steelsius, 1553, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 » au bas du titre. Ce volume a été présenté dans le catalogue Cent livres pour un centenaire de la librairie parisienne Thomas-Scheler (2001, n° 41, avec reproduction du titre). Plus récemment, il a été porté au catalogue de la première partie de la Bibliothèque lyonnaise de Monsieur C*** (Lyon, 15-16 juin 2006, n° 12). Il est désormais retourné sur les rayons de la librairie Thomas-Scheler (renseignement aimablement fourni par le professeur Jean Balsamo, que je remercie).
  • [81]
    Paris, Jacques du Puy, 1566. L’exemplaire Urfé, avec son ex-libris daté de 1609, se trouve à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 18316). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 326.
  • [82]
    Pierre de Ronsard, Les Œuvres…, Paris, Gabriel Buon, 1584. Conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (Fol. bl. 791), ce précieux volume, relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, a été retrouvé par Jean-Marc Chatelain.
  • [83]
    Maxime Gaume, citant les notes inédites du chanoine Reure, parlait d’une édition de « Lyon, 1578 » (op. cit., p. 669) : c’est évidemment une erreur, la seule édition étant celle de A. de Harsy en 1574, avant celle de Benoît Rigaud en 1582.
  • [84]
    Libro intitolato Aquila volante, di latino in volgar lingua dal magnifico et eloquantissimo messer Leonardo Aretino tradotto. Nel qual si contiene del principio del mondo, di molte dignissime historie et favole di Saturno et Giove : delle gran guerre fatte in da Graeci, da Troian et da Romani fin al tempo di Nerone, con molte degne allegationi di Dante, et altri autori, et di nuova con grandissima diligentia ricorretto et ristampato,Venise, Melchior Sessa, [vers 1540], avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 ». Conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon (cote 3536), il a été signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 328. L’humaniste Leonardo Bruni (1370-1444), dit Leonardo Aretino, est essentiellement connu pour ses nombreux travaux de traduction, mais il a surtout laissé une fameuse Vita di Dante Alighieri.
  • [85]
    Ces deux volumes ont conservé leur première reliure de parchemin. Seul le texte de Pipino comporte l’ex-libris d’Urfé, daté 1619, sur sa page de titre. Le volume avait jadis été cité par le chanoine Reure comme appartenant à M. Genin des Prosts, à Virieu-le-Grand : la Bibliothèque nationale de France en a fait l’acquisition en 1998 (Rés. p. Y2. 3222). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Il s’agit ici de l’édition originale des Sei Giornate de Sebastiano Erizzo (1525-1585), un roman d’aventures divisé en trente-six épisodes imaginés alternativement par six étudiants padouans lors d’une réunion hebdomadaire, qui donna son titre à l’œuvre. Les intrigues prennent place dans divers pays méditerranéens autour de l’Italie (Crète, Sicile, Constantinople, etc.).
  • [86]
    Venise, officine d’Alde Manuce, 1546, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1618 » en haut du titre. Relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (8o bl. 33686). Signalé par Jean-Marc Chatelain. Le Vénitien Niccolo Liburnio (1474-1557) fut l’auteur de nombreux commentaires sur l’œuvre de Boccace, Pétrarque et Dante (La spada di Dante Alighieri poeta en 1534), ainsi que d’un traité Le vulgari elegantie (1521). Il s’agit ici de l’édition originale des Occorrenze umane.
  • [87]
    Florence, Pietro Cecconcelli, 1620, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en veau blond glacé dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o bl. 5254). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330. Vincenzo Gramigna (vers 1580-1627), dans ses deux traités Della variatione della volgar lingua et Paragone tra il valore degli antichi e dei moderni, s’était fait le défenseur de la poésie de Dante, une position tout à fait marginale et originale en ce début de xviie siècle. Sur ce critique, voir Filippo Salvatore, « Un ignoto difensore di Dante nel Seicento : Vincenzo Gramigna », dans Dante Studies, t. XCII, 1974, p. 153-166.
  • [88]
    La Faustina del Mutio Iustinopolitano : delle arme caualleresche, Venise, Vincenzo Valgrisi, 1560. Ce volume a figuré dans le catalogue d’octobre 1981 de la librairie parisienne « Les Argonautes » (n° 121), cité par Jean Balsamo (« Les poètes français et les anthologies poétiques italiennes », dans Italique, V, Genève, Droz, 2002, p. 29, note 29). L’œuvre de Girolamo Muzio (1496-1576), en partie éditée posthumément par son fils Giulio Cesare, était d’une grande variété, comprenant des rime, des traités savants, des ouvrages polémiques, des recueils de lettres. La poésie était représentée par deux recueils publiés à Venise, les Egloghe (1550) et un volume composé de Rime diverse, d’un Arte poetica et des Lettere in rime sciolte (1551). À la cour d’Hercule II d’Este, dont il fut un familier, ses avis en matière de point d’honneur étaient très écoutés : il écrivit même un traité Del duello, plus tard traduit en français par Antoine Chappuis (1562).
  • [89]
    Sur ce sujet, voir Jean Balsamo, « Les poètes français et les anthologies poétiques italiennes », op. cit., p. 11-32, qui recense de nombreux exemples parmi les bibliothèques littéraires du temps.
  • [90]
    Venise, Evangelista Deuchino et Giovanni Battista Pulciani, 1610, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en parchemin de l’époque, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (8o bl. 6357). Signalé par Jean-Marc Chatelain.
  • [91]
    Venise, Evangelista Deuchino, 1621, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1624 » au bas du titre. Relié en veau écaille dans la seconde moitié du xviiie siècle, le volume est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (4o bl. 5256). Signalé par Gilles Banderier, 2006, op. cit., p. 330.
  • [92]
    Rime dell’illustriss. sig. Curtio Gonzaga, già ricorrette, ordinate, & accresciute da lui ; et hora di nuouo ristampate con gli argomenti ad ogni compositione, Venise, « al segno del Leone », 1591, avec mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1608. Parisiis » au titre. Conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon (203.784), ce volume a été signalé par Gilles Banderier dans son article « Un livre ayant appartenu à Honoré d’Urfé », dans Bulletin de la Diana, t. LIV, 1995, p. 578-580. Curzio Gonzaga (vers 1530-1599) resta surtout célèbre pour son grand poème épique Il Fido amante ou Fidamante, publié en 1582 et dont une seconde édition vit le jour en 1591.
  • [93]
    « Andrea da Bergamo » était le pseudonyme du poète siennois Pietro Nelli (1511 – v. 1572), depuis la publication de sa comédie La disgraziate avventure en 1545. Parus pour la première fois en 1546, puis réunis en une édition collective en 1548, ses deux livres de Satire contiennent de précieux éléments autobiographiques. Sur cet auteur et son œuvre, voir Jean Balsamo, De Dante à Chiabrera – Poètes italiens de la Renaissance dans la bibliothèque de la Fondation Barbier-Mueller, Genève, Droz, 2007, t. II, p. 6-9.
  • [94]
    Andrea da Bergamo [soit Pietro Nelli], Il primo [-secondo] libro delle satire alla carlona…, Venise, Alessandro de Viano, 1566, avec la mention « Ex libris Honorati d’Urfé 1610 Parisiis » en haut du titre du premier livre. L’exemplaire, incomplet de la fin du second livre (le cahier signé N, soit les feuillets 97-100), est relié en parchemin à recouvrements du xvie siècle, avec attaches en cuir. La mention manuscrite « Andre de Berg » a été portée au dos : elle pourrait être de la main d’Honoré d’Urfé. Passé chez un certain J. Assezat (selon un ex-libris manuscrit du xixe siècle sur la garde supérieure), puis dans la bibliothèque d’Albert de Rochas d’Aiglun (1837-1914, avec son ex-libris imprimé), le volume est aujourd’hui conservé dans une collection particulière parisienne. Ouvrage signalé par Jean-Marc Chatelain (communication du 16 septembre 2009).
  • [95]
    Collection particulière, Genève.
  • [96]
    Sur la genèse de la Gerusalemme…, voir la notice consacrée par Matteo Residori à l’édition ferraraise de 1581 dans La Renaissance italienne – Peintres et poètes dans les collections genevoises, Milan, Skira, 2006, p. 153-156.
  • [97]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 512.
  • [98]
    Jean Balsamo et Michel Simonin (†), Abel L’Angelier & Françoise de Louvain (1574-1620), Genève, Droz, 2002, p. 271-272.
  • [99]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 517, note 55.
  • [100]
    Joyce G. Simpson, Le Tasse, et la littérature et l’art baroques en France, Paris, librairie Nizet, 1962, p. 78.
  • [101]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 524-525.
  • [102]
    Id., p. 256-262.
  • [103]
    Gilles Banderier a par ailleurs relevé dans l’exemplaire Urfé du De la naissance, duree, et cheute des Estats… de René de Lucinge (voir note 69, ci-dessus) des corrections manuscrites qu’il proposait d’attribuer à Honoré d’Urfé.
  • [104]
    Maxime Gaume, op. cit., p. 260.
  • [105]
    Aminta Favola boscareccia di Torquato Tasso con le annotationi d’Egidio Menagio Accademico della Crusca, Paris, Augustin Courbé, 1655.
  • [106]
    Le marquisat de Valromey fut créé en février 1612 par lettres patentes de Louis XIII, en réunissant le comté de Châteauneuf, la baronnie de Virieu et la seigneurie de Senoy. Selon ces patentes, le nom avait changé à la demande d’Urfé, « parce que le titre et le nom de Châteauneuf est très commun et ordinaire en ce royaume, qu’il fait prendre les uns pour les autres, et aussi pour l’augmentation de son nom, l’exposant désirerait qu’il nous plût échanger le titre qu’il porte de comte de Châteauneuf en celui de marquis de Valromey, attendu que tout le pays de Valromey est enclos dans le comté de Châteauneuf (…). Ce considéré, avons érigé ladite terre et seigneurie en marquisat sous le nom de Valromey, pour en jouir pleinement et à toujours ledit Honoré d’Urfé et ses successeurs mâles ».
  • [107]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 357.
  • [108]
    François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois et Jacques Badier, Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Schlesinger frères, 1868, t. XII, col. 39-40.
  • [109]
    O.-C. Reure, op. cit., p. 366.
  • [110]
    Roger Briand, « Le manuscrit Urfé à la Bibliothèque nationale de France », dans Bulletin de la Diana, t. LXIII, n° 2, 2004, p. 104.
  • [111]
    Jeanne Camus de Pontcarré (1705-1775) épousa en 1724 Louis-Christophe de La Rochefoucauld-Lascaris, petit-fils de Jean de La Rochefoucauld, marquis de Langeac, et de Marie-Françoise d’Urfé, dernière du nom. Louis-Christophe, devenu marquis d’Urfé à la mort de son grand-oncle Joseph-Marie d’Urfé, le dernier représentant masculin du nom, le 13 octobre 1724, mourut lui-même précocement de la vérole, au camp de Tortone, le 7 janvier 1734, âgé de trente ans seulement. Il n’avait eu de son mariage qu’un fils, Alexandre-François (1733-1742), et deux filles : Adélaïde-Marie-Thérèse, née en 1727, mariée au marquis Alexandre-Jean du Châtelet-Fersenières en 1754, et Agnès-Marie (1732-1756), mariée à Paul Colbert, comte de Creuilly. La dernière marquise d’Urfé défraya la chronique par ses pratiques occultes extravagantes. Cette férue d’alchimie et d’ésotérisme fit partie des crédules victimes du soi-disant comte de Saint-Germain (elle figure en bonne place dans les souvenirs – apocryphes – de Mme de Créquy) et fut également l’une des maîtresses parisiennes de Casanova. Sur la généalogie des derniers marquis d’Urfé, voir François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois et Jacques Badier, Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Schlesinger frères, 1876-1882, t. XVII, col. 372-373, et t. XIX, col. 293-294.
  • [112]
    Bibliophile peu connu, M. de Bombarde était un amateur de littérature ancienne et de manuscrits médiévaux (voir Henry Martin [H. Martin-Dairvault], Histoire de la Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, Plon et Nourrit, 1900, p. 285). Une copie manuscrite de l’édition princeps des Fortunes et adversitez de feu noble homme Jehan Regnier (Paris, 1526), passée récemment en vente publique, avait été réalisée en 1749 sur un exemplaire original conservé « dans la bibliothèque de M. de Bombarde ». Auteur dramatique amateur, il appartenait au cercle de Morville, réunissant quelques aristocrates lettrés (dont le plus célèbre était le comte de Caylus) qui écrivaient, montaient et représentaient des pièces entre amis, dans les châteaux de Morville, de Loreau ou de Gaillon (voir Dominique Quéro, « Note bibliographique sur le comte de Caylus et le théâtre du château de Morville », dans Revue d’histoire littéraire de la France, 2001-1, p. 135-145).
  • [113]
    Selon Dominique Coq, « Le parangon du bibliophile français : le duc de La Vallière et sa collection », dans Histoire des bibliothèques françaises – T. II : Les Bibliothèques sous l’Ancien Régime (1530-1789), sous la direction de Claude Jolly, Paris, Promodis – Éditions du Cercle de la Librairie, 1988, p. 324.
  • [114]
    Ibid.
  • [115]
    Fils de Germain Richard (1668-1734), seigneur de Ruffey et de Vesvrotte, président de la Chambre des Comptes de Dijon, et de Marie Anne Duraud, Gilles-Germain Richard de Ruffey épousa en 1739 Anne-Claude de La Forest de Montfort. Leur fille Marie-Thérèse, marquise de Monnier, passa à la postérité comme maîtresse de Mirabeau sous le nom de Sophie. Ils eurent par ailleurs deux fils : Frédéric-Henri (né en 1757), seigneur de Ruffey et président à mortier au Parlement de Bourgogne qui émigra à Londres durant la Révolution, et Charles, président de la Chambre des Comptes de Bourgogne, créé comte de Vesvrotte en 1828. La famille Richard de Ruffey portait « D’azur au chef d’or chargé de trois tourteaux de gueules », armes que l’on retrouve sur l’ex-libris de Gilles-Germain.
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