Notes
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[1]
Thèse en cours à l’université Paris VIII sous la direction de Joël Cornette.
-
[2]
Charles Diehl, Études byzantines, Paris, 1905, p. 16.
-
[3]
Lucien Bely, Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard, 1990.
-
[4]
Alexandre Haran, le Lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux xvie et xviie siècles, Paris, Champ Vallon, Paris. Anne-Marie Lecoq, François Ier Imaginaire, Paris, Éditions Macula, 1987, p. 259-323.
-
[5]
Marie-France Auzepy, Jean-Pierre Grelois, Byzance retrouvée, Érudits et voyageurs français (xvie-xviiie siècle), catalogue de l’exposition, Chapelle de la Sorbonne, 13 août-2 septembre 2001, diff. De Boccard, Paris, 2001.
-
[6]
Deux catalogues ont été rédigés par les secrétaires de Peiresc. Le catalogue contenu dans le manuscrit 640 (Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras) a été rédigé par François Parrot pour la plus grande partie avec des ajouts et des annotations du frère de Peiresc. Le catalogue présent à la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence (mss 1218) est, quant à lui, entièrement de la main de Parrot. Le manuscrit de Carpentras a servi vers 1647-1650 comme catalogue de vente pour le neveu de Peiresc, Claude de Rians si bien qu’il comporte des renseignements de prix et des informations sur les ouvrages que nous ne trouvons pas dans le manuscrit d’Aix. Notre étude s’appuie sur le manuscrit de Carpentras.
-
[7]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc, senatoris Aquisextiensis, vita, Paris, 1641, traduit du latin par Roger Lasalle, Paris, Belin, 1992.
-
[8]
Peiresc a rédigé deux « ouvrages » : une Dissertation sur un trépied antique, publiée en 1749 par le Père Desmolets et Une histoire abrégée de la Provence. L’historique de cet ouvrage est révélateur. C’est certainement vers 1630 que Peiresc organise et met au propre ses notes sur la Provence accumulées au fil du temps. Il se trouve alors à Belgentier pour un séjour prolongé lié à l’arrivée de la peste en juillet 1629 à Aix et à la révolte contre l’Edit des Élus promulgué en 1630 par Richelieu pour faire recouvrer les impôts par des délégués royaux à la place des représentants des États de Provence (« la révolte des cascavéu » 1630-1631). Peiresc va vivre encore sept ans mais il ne publiera pas son ouvrage. Pourtant, il y a bien à la BnF sur cet « abrégé de l’histoire de Provence » une mention « prest à estre imprimé » écrite de la main de Peiresc. Ce livre ne sera publié par Jacques Ferrier et Michel Feuillas qu’en 1982 sous le titre Abrégé de l’histoire de Provence et autres textes inédits, Avignon, Archives du Sud, Aubanel, 1982.
-
[9]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 21 et p. 23.
-
[10]
Claude Saumaise (1588-1653), orientaliste polyglotte connaissait le persan, le chaldéen, l’arabe, le copte. Il a multiplié les traités sur de nombreux sujets.
-
[11]
Jacques et Pierre Dupuy, érudits parisiens, héritiers de la bibliothèque de De Thou, animateurs d’une académie qui eut un rayonnement immense et inégalé dans la première moitié du xviie siècle.
-
[12]
Antoine Furetiere, Dictionnaire universel, Contenant généralement tous les Mots françois tant vieux que modernes, et les Termes de toutes les sciences et des Arts (…), La Haye et Rotterdam, 1690.
-
[13]
Catherine Dauvergne, Un moteur de la révolution scientifique : la curiosité dans la correspondance de N. Cl. Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix, Paris, pu du Septentrion, 2000.
-
[14]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 30.
-
[15]
Marc Fumaroli, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Prince de la République des Lettres, Anderlecht,1992, p. 14. http://www.peiresc.org/fumaroli.htm. Marc Fumaroli, Alain Baudry, Peiresc et l’Italie – Actes du colloque international,, Decitre,2009.
-
[16]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 31.
-
[17]
Pierre Bayle Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1697 (première édition), Troisième édition revue par l’auteur… Rotterdam, M. Böhm, 1720, t. III, p. 2216-2217.
-
[18]
« je dirais seulement que jamais homme ne rendit plus de service à la République des Lettres que celui-ci. Il en estait pour ainsi dire le Procureur général : il encourageait les Auteurs, il leur fournissait des lumières et des matériaux, il emploiait ses revenus à faire acheter, ou à faire copier les monuments les plus rares, et les plus utiles. Son commerce de Lettres embrassait toutes les parties du monde : les expériences philologiques, les raretés de la nature, les productions de l’art, l’antiquariat, l’histoire, les langues estaient également l’objet de ses soins et de sa curiosité. »
-
[19]
Bots, Hans, Waquet Françoise, la République des Lettres, Paris, Belin, 1997.
-
[20]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 38-65.
-
[21]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 54-55.
-
[22]
Paolo Gualdo, disciple et ami de Pinelli, a rédigé sa biographie, Vita Joannis Vincentii Pinelli, patricii genuensis…, Augustae Vindelicorum en 1607.
-
[23]
Marc Fumaroli, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, prince de la République des Lettres…, p. 13.
-
[24]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 56.
-
[25]
Selon Jacqueline Hellin sa correspondance compte plus de dix milles lettres. Jacqueline Hellin, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Bruxelles, Lielens, 1980, p. 5.
-
[26]
Robert Mandrou, Histoire de la pensée européenne, 3, Paris, 1973, p. 147.
-
[27]
Robert Mandrou, Histoire de la pensée européenne…, p. 145.
-
[28]
Serge. Mapouet, le registre des correspondants de Peiresc ou le réseau épistolaire et relationnel, européen et méditerranéen d’un humaniste aixois de la 3e décennie du xviie siècle, 4 vol. (Mémoire de maîtrise, université de Paris XII-Val de Marne, 1996) cité par P. N. Miller, « Nicolas-Claude Fabri de Peiresc and the Mediterranean World: mechanic », dans Christiane BerkvenS-Stevelinck, Hans Bots, Jens Haseler, Les grands intermédiaires culturels de la République des Lettres, Paris, H. Champion, 2005, p. 103-127.
-
[29]
BnF, Nouvelles acquisitions françaises, 5169.
-
[30]
Ainsi Boniface Borilly, notaire à Aix et ami de Peiresc, est détenteur d’un cabinet important abritant des curiosités égyptiennes.
-
[31]
L. Bergasse, G. Rambert, Histoire du commerce de Marseille (t. IV), Paris, 1954, p. 94-95.
-
[32]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque …, I, p. 296 (9 décembre 1627)
-
[33]
Mss 1821, fol. 488 (Carpentras)
-
[34]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, IV, p. 71 (5 septembre 1631)
-
[35]
Sydney. Aufrere, « Peiresc et sa connaissance de l’Égypte », dans Peiresc ou la passion de connaître, Paris, 1990, p. 142.
-
[36]
H. J. M. Nellen, « La correspondance savante au xviie siècle », dans la revue xviie siècle, 1993, 1, p. 87-98.
-
[37]
André Bailly, Défricheurs d’inconnu : Peiresc, Tournefort, Adanson, Saporta, Aix, Edisud, 1992.
-
[38]
Catherine Dauvergne, Un moteur de la révolution scientifique : la curiosité dans la correspondance de N. Cl. Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix, Paris, PU du Septentrion, 2000. Sydney Aufrere, La momie et le tempête …
-
[39]
Agnès Bresson, Un zoologiste en quête de nouveaux savoirs, Aubanel, 1987.
-
[40]
Georgelin Y et Arzanos S, « les astronomes érudits en Provence, Peiresc et Gassendi », http://www.Peyresq, les rencontres scientifiques et culturelles internationales.
-
[41]
Emmanuelle Hubert, « Les grands archéologues, un précurseur Nicolas-Claude Fabri de Peiresc », Archéologie, n° 170, septembre 1982, p. 73-76.
-
[42]
Henri Morel, « Peiresc, humaniste ou savant ? », in Fioretti, 1981, p. 169-181.
André Bailly, « Peiresc, Homme de science », http://www.lesamisdepeiresc.net. -
[43]
Dossier LIII
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[44]
Selon A. Viala, Naissance de l’écriture. Sociologie de la littérature classique, Paris, éditions de Minuit, 1985.
Simone Mazauric, « Aux origines du mouvement académique en France : proto-histoire des académies et genèse de la sociabilité savante (1617-1666) », dans Académies et sociétés savantes en Europe (1650-1800), direction Daniel Odon Hurel et Gérard Laudin, Paris, Champion, 2001. Frances YATES, Les Académies en France au xvie siècle, Paris, puf, 1996. Marc Fumaroli, « Les conversations savantes », dans Commercium litterarium. La communication dans la République des Lettres, 1600-1750, Conférences des colloques tenus à Paris 1992 et Nimègues 1993, publié par Hans Bots et Françoise Waquet, Amsterdam et Maarsen, 1994. -
[45]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque, t. II, p. 338 (27 août 1632).
-
[46]
Paris, Musée du Louvre, département des objets d’art, oa 9063
-
[47]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…t. III, p. 155 (1er août 1634) et Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l’ordre des Capucins, p. 82-84 (1er août 1634).
-
[48]
Simone Mazauric, Savoirs et philosophie à Paris dans la première moitié du xviie siècle. Les conférences du Bureau d’Adresse de Théophraste Renaudot, Paris, 1997.
-
[49]
Vie de Monsieur Des Cartes, t. II, Paris, 1691, p. 352.
-
[50]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…t. V, p. 209 (23 mai 1635).
-
[51]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 13 (10 janvier 1634) et Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 24 (30 janvier 1634)..
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[52]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 67 (27 mars 1634).
-
[53]
Peiresc souhaite obtenir La Gazette dès sa parution et se montre très intéressé par la relation de la mort de Wallenstein (général de l’armée impériale pendant la guerre de Trente ans). Mais, dans la même lettre aux frères Dupuy (t. III, p. 66, 27 mars 1634), quelques lignes plus loin, il affirme que lire ce journal est une perte de temps. Il considère également La Gazette comme peu utile « je n’auray pas de subject de la regretter plus que les autres, et m’en passeray tout aussi bien comme j’avoys faict avant qu’elle s’imprimast »
-
[54]
« quant au Sieur Renaudot, je ne scay plus comment le prendre, ne comment vous en parler (…) n’estimant pas que la chose mérite la peine la demander si souvent. C’est pourquoy il vauldra mieux luy faire payer le passé et le laisser là sans plus y songer. Aussy bien ses advis se rendent tous les jours plus viles et les plus mesprisables ». Dans une lettre du 15 avril 1634, il parle même de la « tyrannie du gazetier ».
-
[55]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 24-25 (30 janvier 1634)
-
[56]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 44 (9 mars 1634)
-
[57]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 66 (27 mars 1634)
-
[58]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 31 (6 février 1634)
-
[59]
Simone Mazauric, De la petite fille velue et autres conférences du Bureau d’adresse (1632-1642), Paris, Klincksieck, 2004.
-
[60]
C’est-à-dire des ouvrages allant de 330 à 1453 quelque soit les disciplines (théologie, histoire, géographie, astronomie, droit…). Le choix de commencer cette étude dès 330 se justifie par le fait que comme le déplacement du centre politique de l’Empire romain en Orient, la fondation de Constantinople en 324, fut l’événement décisif qui ouvre la voie à la naissance de l’Empire romain d’Orient et de l’Empire byzantin, il semble légitime aujourd’hui de considérer que l’histoire du ive siècle appartient aux études byzantines. La fin chronologique est généralement fixée à la chute de Constantinople en 1453 qui marque la fin rapide de l’Empire byzantin.
-
[61]
Gabriel Naude, Advis pour dresser une bibliothèque, reproduction de l’édition de 1644, Paris, aux Amateurs de Livres, 1990.
-
[62]
Robert Damien, Bibliothèque et État. Naissance d’une raison politique dans la France du xviie siècle, Paris, puf, 1995.
-
[63]
Gabriel Naude, Advis pour dresser une bibliothèque…, p. 39-40
-
[64]
Gabriel NaudE, Advis pour dresser une bibliothèque…, p. 90
-
[65]
BnF, mss fr., 5172 n. acq.
-
[66]
Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.
-
[67]
Bibliothèque de Tours, Constantini Porphyrogeniti collectaneorum et excerptorum liberL de virtute et vitio. (mss 980).
-
[68]
Ms 640, fol 88.
-
[69]
Ms 640, fol 17.
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[70]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. VI, p. 504 (3 mai 1626).
-
[71]
Pour Cedrenus il s’agit de l’édition accompagnée de la traduction latine de G. Xylander qui fut imprimée en 1566, in fol, à Heidelberg.
-
[72]
Pseudo-Kodinos, Traité des offices, éd. J. Verpeaux, Editions du cnrs, Paris, 1966, 41-43 et 114-123. Ce livre est peut-être le traité du protocole dit du Pseudo Kodinos (traité du xive) best seller de la fin du xvie siècle dans l’Europe entière. Il présente les fonctions impériales : il donne de la cour impériale l’image d’un ordre abstrait, mis en scène selon la hiérarchie des offices. C’est le seul traité de protocole byzantin connu avant le xviiie siècle (période où fut édité le De Cerimoniis de Constantin Porphyrogénète). Il en existe de très nombreux manuscrits présents dans les bibliothèque des humanistes et dans celles des rois de France et d’Espagne (3 éditions avant celle de Goar en 1648)
-
[73]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 68-69 (5 septembre 1631).
-
[74]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 173 (9 avril 1631).
-
[75]
Ms 640, fol 15.
-
[76]
Cité par Tamizey de Larroque dans l’introduction de son ouvrage, Lettres de Peiresc, t. I.
-
[77]
Alexandre Haran, le Lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux xvie et xviie siècles, Paris, Champ Vallon, Paris.
-
[78]
Correspondance de Nicolas Fabri de Peiresc-A. de Rambervillers, publiée par Anne Reinbold, Paris, cnrs, 1983.
-
[79]
Lettre de Rambervillers à Peiresc du 2 décembre 1620 et réponse de Peiresc du 19 décembre 1620.
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[80]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 383 (13 novembre 1633).
-
[81]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. II, p. 640-641 (7 novembre 1633)
-
[82]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 54.
-
[83]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, I, p. 676-677 (21 juillet 1628) et t. IV, p. 63-64 (19 mars 1634) pour exemples.
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[84]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. I, p. 32 (28 avril 1624)
-
[85]
Théophile est mort à Constantinople ver 536 où il professa la jurisprudence. Il fut chargé par Justinien avec Tribonien et d’autres jurisconsultes d’élaborer les grands recueils de lois. Ses cours sont des commentaires des trois premières parties du Digestes.
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[86]
Charles-Annibal. Fabrot est né à Aix en 1580 où il devient professeur de droit puis avocat Il traduit le Théophile (1638) et publie la traduction latine des Basiliques en 1647.
-
[87]
Correspondance TdL, II, p. 202, 18 novembre 1629 à Belgentier (aux frères Dupuy).
-
[88]
BnF, département des manuscrits, Grec 510.
1Charles Diehl affirme, dans sa leçon d’ouverture du cours d’histoire byzantine à l’Université de Paris en décembre 1899, qu’« il y a deux siècles et demi, la France fondait la science de l’histoire byzantine » [2]. Il fait alors référence à la « Byzantine du Louvre », entreprise d’édition de textes byzantins encouragée par Louis XIV et Colbert. C’est en effet en 1648 qu’est imprimé, par les presses de l’Imprimerie royale, sous la direction du père Labbe le premier volume de la première collection d’historiens byzantins. Elle s’enrichira au fil des années de 35 volumes in-folio édités par Ch. Du Cange, J. Goar ou C-A Fabrot.
2Avant Louis XIV, d’autres rois ont favorisé le développement des études byzantines en France. Ainsi, lors de son expédition italienne de 1495, Charles VIII obtient 25 manuscrits grecs que le roi de Naples, Ferdinand Ier, détenait. Se constitue alors le premier noyau de manuscrits grecs présents dans une bibliothèque royale en France. De grandes abbayes, notamment celle de Saint-Denis, dédiée à Denys l’Aréopagite, possédaient un ou deux manuscrits isolés mais leur petit nombre ne permet pas de parler de véritables collections. François Ier continue l’œuvre de Charles VIII, si bien que cinq ans après sa mort en 1552, la bibliothèque de Fontainebleau, créée pour abriter la collection royale d’ouvrages grecs, compte 546 manuscrits. Elle devient alors la plus grande collection grecque de l’Occident.
3L’engouement des savants pour Byzance à partir des années 1650 est le reflet de l’intérêt de la monarchie louis quatorzième pour l’idée impériale. Au moment où les espions de Louis XIV préparent des projets de conquête de l’Empire ottoman, les érudits recherchent dans l’histoire les preuves des droits français sur le trône de Constantinople [3]. La translatio imperii, transfert de la dignité impériale de l’Orient à l’Occident, est censée avoir lieu en 800 lors du couronnement de Charlemagne à Rome. Après 1453 et la prise de Constantinople par les Turcs, la translatio imperii a donné du sens à l’obtention de la couronne impériale qui a opposé en tant qu’héritiers de Charlemagne, Valois et Habsbourg [4]. Si bien qu’il est habituel de lier le développement des études byzantines à une volonté royale, celle de Louis XIV [5].
4Or l’étude d’une bibliothèque privée, celle du provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), ouvre d’autres perspectives. Le fait que de nombreux ouvrages byzantins y soient présents et qu’ils circulent dans les milieux érudits montre que l’intérêt pour Byzance n’existe pas seulement pour des raisons politiques et idéologiques. Cette étude souhaite ainsi souligner l’apport des bibliothèques privées dans le développement des études byzantines en France. Elle s’appuie sur l’inventaire après décès de la bibliothèque de Peiresc [6] et sur sa correspondance. Grâce à cet inventaire, nous pouvons évaluer la bibliothèque de Peiresc à 5400 volumes dont environ 130 manuscrits. Il s’agit donc d’une bibliothèque d’une taille remarquable étant donné le niveau encore très bas, en général, de l’éducation, joint à la relative cherté des livres. Le contenu d’une bibliothèque diffère évidemment selon les connaissances et les goûts des possesseurs. Il semble dès lors important, avant d’étudier le fonds byzantin de cette bibliothèque, de comprendre le « projet » de Peiresc.
Né en 1580, il meurt en 1637, année où Descartes publie le Discours de la méthode pour bien construire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. Il se situe donc à une période charnière, entre deux époques et deux esprits. L’esprit des « humanistes » est apparu à la fin du xve siècle et se prolonge pendant tout le xvie siècle. Il considère que la connaissance doit être universelle et élabore une vision du monde centrée sur l’homme. L’autre esprit qui prend naissance au cours du xviie siècle, s’appuie sur une nouvelle conception de la rationalité et sur de nouvelles méthodes d’analyse. Il se détourne également du commentaire des auteurs anciens : c’est l’esprit « scientifique ».
Un humaniste ?
5Le philosophe Pierre Gassend dit Gassendi (1592-1655), qui publie en 1641 la première biographie sur Peiresc, choisit d’intituler son ouvrage « Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc, senatoris Aquisextiensis, vita » (Vie de l’illustre sénateur d’Aix [conseiller au Parlement d’Aix], Nicolas-Claude Fabri de Peiresc) [7]. L’adjectif retenu pour qualifier Peiresc, « Illustre », fait référence aux « illustres » Romains du Haut-Empire. Cet adjectif qualifiait alors les sénateurs et définissait une catégorie sociale avec des droits et des devoirs particuliers. Mais nous pouvons également l’entendre dans un sens plus moderne : il qualifie alors quelqu’un qui s’est acquis la renommée, la célébrité ou la gloire par ses actions, son mérite ou ses qualités extraordinaires. On peut en effet penser que c’est là l’objectif de Gassendi : sauvegarder la mémoire et l’œuvre de Peiresc, projet d’autant plus nécessaire que la parlementaire n’a quasiment rien publié [8]. L’ouvrage de Gassendi, édité seulement quatre ans après la mort de Peiresc, s’inscrit dans le genre des Vitae propre à l’ancienne République des Lettres humaniste. Ce genre biographique a pour but de retracer les étapes de la vie d’un personnage et d’en démontrer la valeur par l’exemplarité de son existence. Elle doit en empêcher l’oubli et en assurer une postérité par l’éloge. Les cinq premiers livres de la Vita sont le récit chronologique de la vie de Peiresc, de sa naissance à sa mort, et montrent comment le jeune Provençal est devenu un grand érudit. Le sixième et dernier livre est consacré aux recherches de Peiresc, sa méthode de travail, sa bibliothèque, sa correspondance et sa charge de conseiller au Parlement d’Aix. Plusieurs développements relèvent moins de la biographie que de l’exposé scientifique, cette Vie étant encore une occasion de propager un savoir.
6Le but recherché par Gassendi est bien de rappeler ce que la communauté des savants doit à son cher ami. D’ailleurs, ne note-t-il pas dans son épître dédiée à Louis de Valois, gouverneur de Provence :
« comme il apparaît qu’il faille craindre la même chose pour notre Mécène à nous, il est assurément juste que ceux qui ont vécu dans sa familiarité veillent à ce que reste connu même de nos lointains neveux le personnage qu’il fut »
8Et il ajoute, pour conclure son épître :
« nous allons nous engager sur deux terrains que nous parcourrons entièrement et dans lesquels il s’est signalé tout spécialement : l’un étant sa grande érudition en toutes disciplines, avec une ardeur de connaître inépuisable, l’autre une infatigable volonté de promouvoir les arts libéraux, avec une générosité royale ou princière envers les savants » [9]
10Gassendi décrit Peiresc comme un mécène de l’humanisme. Mais il ne faudrait pas entendre le terme de « mécène » dans son sens traditionnel, qui suppose la protection accordée à un artiste par un puissant personnage. Peiresc n’est pas Laurent le Magnifique mais davantage un érudit protecteur.
11Il est intéressant de noter que Claude Saumaise, contemporain de Gassendi, érudit comme lui [10] et ami de Peiresc, caractérise le magistrat aixois de manière similaire : un « protecteur » et un « animateur » des « études ». En effet, il écrit, dans une lettre adressée aux frères Dupuy [11] quelques semaines après la mort de Peiresc :
« il m’est impossible de reprendre courage, moi qui l’ai totalement perdu, et je n’ai plus aucune faculté d’études, depuis que n’existe plus celui qui en était le protecteur et l’animateur (…) Ce qu’il reste de possible, c’est que j’honore sa mémoire de ma vénération et que par mes écrits je transmette à la postérité le témoignage de son incomparable vertu et des mérites jamais assez estimés de la part d’un homme qui l’a admiré tout le temps qu’il vécut, et a reçu de lui plus de bienfaits que d’aucun mortel ».
13Il semble évident que Peiresc se rattache à l’humanisme par sa curiosité universelle, son accumulation encyclopédique et son admiration pour l’Antiquité grecque et romaine. La formule de Pic de la Mirandole, « De omni re scibili », s’applique parfaitement à Peiresc : il veut savoir tout sur tout. Il s’intéresse à l’histoire ancienne et à l’histoire de France, à la numismatique, à l’archéologie, au droit, à la philosophie, à la géologie, à la zoologie, à la biologie, aux sciences physiques avec l’optique, à l’astronomie… C’est par l’accumulation du savoir que le curieux du début xviie siècle, « celuy qui veut tout sçavoir, et tout apprendre » [12], pense acquérir une connaissance du monde dans son ensemble [13].
14De plus, Peiresc a du goût et de l’admiration pour l’Antiquité grecque et romaine. Il possède dans sa bibliothèque toutes les œuvres d’Aristote dans leurs différentes éditions, l’histoire naturelle de Pline, la Géographie de Ptolémée, les ouvrages de médecine d’Hippocrate et de Galien. Il continue ou plutôt reprend en deuxième et troisième lectures la collation de manuscrits des auteurs de l’Antiquité et les traductions déjà existantes. Gassendi raconte que, dès 15 ans, il se « mit à rechercher avidement et à rassembler tout ce qu’il put en matière de monnaies antiques », le goût lui étant venu après que son père lui eut offert une monnaie d’or d’Arcadius trouvée à Belgentier [14]. Sa passion pour les médailles et les monnaies antiques ne le quittera pas.
15Autre trait humaniste : de 1599 à 1602, Peiresc entreprend un voyage avec son jeune frère. Il demande à ses parents de compléter sa formation juridique en allant à Padoue où les études de droit étaient réputées. Il reste trois ans en Italie. Cependant le véritable objet de ce long séjour n’est pas le droit mais bien l’acceptation par ses pairs humanistes et, comme le note Marc Fumaroli,
Le goût de Peiresc pour l’Antiquité et certaines de ses pratiques humanistes lui ont été enseignés, en grande partie, au collège jésuite d’Avignon où il a été élève de 1590 à 1595. Cette formation fut financée par son père et son oncle Claude car c’est de ce dernier que Peiresc hérite de sa charge de Conseiller au Parlement. Gassendi rapporte cette remarque de Claude Fabri qui assure, en parlant de son neveu, « qu’il serait bien vain pour quelqu’un d’être né chanceux, s’il ne recevait pas de formation humaniste » [16]. Une « formation humaniste », voilà donc le parcours qu’a suivi le futur magistrat.« il était venu étudier l’Antiquité dans son Musée et recevoir le sacre des héritiers de Pétrarque, de Valla et de Bembo » [15].
Enfin, la science de Peiresc est celle des humanistes. Elle souhaite, par la variété de son enquête encyclopédique, reconnaître des constantes visibles et les faire contempler. Elle diffère de celle de Descartes qui vise moins la contemplation que l’action. Elle passe par les mathématiques et non par une philologie générale qui doit permettre de déchiffrer dans la Nature la langue et les signes de Dieu. Les mathématiques sont la langue de l’Univers. La philologie générale telle que la conçoit Peiresc s’applique autant à la Nature qu’à l’histoire et aux langues humaines. Elle reste fidèle à l’esprit de la philologie des humanistes, ses fins sont contemplatives, elle ne veut pas à rendre l’homme comme « maître et possesseur de la Nature ». Celle de Descartes est rationnelle et méthodique.
Le « procureur général » de la République des Lettres
17À l’extrême fin du xviie siècle, Pierre Bayle, dans son Dictionnaire historique et critique [17] qui condense l’héritage des auteurs et érudits passés, définit Peiresc comme « le Prince de la République ». Il l’appelle le « Procureur général » des Lettres. Il loue ici non le style de Peiresc qui ne s’en est d’ailleurs jamais soucié mais l’aide apportée aux autres Lettrés [18]. Nous retrouvons à nouveau l’image de Peiresc véhiculée par Gassendi, celle d’un mécène, d’un érudit protecteur à travers, cette fois, l’expression de : procureur de la « République des Lettres » (respublica literarum) [19]. Ce terme, apparu pour la première fois en 1417 dans la correspondance entre le jeune noble et humaniste vénitien Francesco Barbaro et l’humaniste florentin Poggio Bracciolini, s’est imposé au cours du xvie siècle dans la communauté des savants humanistes pour s’autodésigner. Ils se sentent membres d’un État idéal, la République des Lettres. Elle rassemble en Europe tous ceux, quelles que soient leur nationalité, leur confession religieuse ou leur appartenance sociale, qui se passionnent pour le savoir et la connaissance. C’est donc désormais au delà des cercles habituels, une part de plus en plus importante des élites sociales qui manifeste son goût pour le savoir et qui se dote d’une bibliothèque utile à la communauté des savants.
18De 1599 au printemps 1602 [20], Peiresc séjourne en Italie. Cette perigrinatio academica le conduit à Padoue où il étudie le droit, à Bologne, Florence, Sienne, Rome où il séjourne six mois, à Naples, Pérouse, Ravenne, Venise ou encore Turin. Il reste trois ans en Italie se liant d’amitié avec tous les humanistes italiens qui comptent, étudiant l’hébreu, le syriaque, l’arabe et le grec, s’intéressant aux mathématiques, à l’astronomie, à la botanique, aux antiquités [21]. Son deuxième périple a lieu en 1606. Il est tourné vers l’Angleterre, destination plus rare pour l’époque, et la Hollande. Ce deuxième pôle principal des hautes études humanistes s’organise autour de deux princes rivaux : le protestant Joseph-Juste Scaliger (1540-1609), professeur à Leyde, que Peiresc rencontre et avec lequel il entretient une correspondance, et le catholique Juste Lipse (1547-1606), professeur à l’Université de Louvain.
19Le voyage en Italie est décisif dans sa formation. Si l’on en croit Gassendi, le magistrat aixois est considéré par Paulo Gualdo [22] comme le successeur de Gian Vincenzo Pinelli. Ce grand érudit, mécène et bibliophile passionné, correspondant avec toute l’Europe savante, est considéré comme un des trois « princes de la République des Lettres » [23]. Il meurt en 1601 lors du séjour en Italie de Peiresc. Paolo Gualdo écrit alors dans la Vita Pinelli :
« Si notre époque doit fournir quelqu’un de cette espèce, ce ne sera, si Dieu me veut du bien, personne d’autre que le Français Nicolas Fabri, demeurant à Aix, très brillant jeune homme qui, à Rome et à Padoue, à peine sortie de la puberté, s’est voué à Pinelli et aux études de Pinelli avec une telle ardeur que ce fut pour nous tous et pour tous les savants qui se passionnent pour les Lettres, un vrai miracle » [24].
21Si les érudits du xvie siècle échangeaient déjà de volumineuses correspondances, les membres de la République des Lettres accordent à ce vecteur de diffusion de l’information savante une importance accrue. Et dans ce « siècle des correspondances », Peiresc tient une place à part. Il est une des figures majeures de cet échange savant, tant par la quantité des lettres émises et reçues [25] que par l’étendue de son réseau de correspondants et l’efficacité de son fonctionnement. Cela justifie pleinement son titre de « procureur général » des Lettres donné par Pierre Bayle.
22R. Mandrou estime à quelques cinq cents le nombre de correspondants de Peiresc à travers le monde [26]. La carte qu’il a dressée permet de connaître la répartition de ces correspondants [27]. Elle montre très clairement que le réseau Peiresc dépasse le cadre du royaume. Il est particulièrement riche en Italie et au Levant. Seules l’Angleterre, à peine représentée (Londres et Oxford), l’Espagne quasi-absente (deux correspondants) et l’Europe orientale totalement inconnue, échappent au réseau de Peiresc. Nous avons porté une attention plus particulière aux correspondants du magistrat en Orient en nous fondant, comme R. Mandrou, sur la table de l’inventaire de la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, mais également sur les informations apportées par sa correspondance. Le réseau au Levant est plus important que celui présenté par Mandrou. Peiresc possède en effet des correspondants à Constantinople (7), à Smyrne (2), à Alep (8), à Tripoli (2), à Damas (3), à Jérusalem (2), à Alexandrie (3), au Caire (5), à Chypre (3) et à Alger (1). Serge Mapouet [28] a calculé à partir du registre des correspondants de Peiresc présents à la BnF que Constantinople est la destination de 1 % des lettres de Peiresc. Paris représente 30 % [29].
23Il n’est pas aisé de suivre l’extension géographique et la constitution de ce réseau dans le temps. Toutefois, nous pouvons penser qu’il se met en place lors de son voyage de jeunesse en Italie et en Angleterre au début du xviie siècle. Il y rencontre Welser, Scaliger, Gualdo et Pinelli. Ce réseau a été complété et enrichi à partir des années 1620 : Peiresc entre en contact avec Aléandro et Alemmani vers 1620, il rencontre Barberini en 1625. Il entretient une relation forte avec Naudé, Holstenius, Cassiano dal Pozzo et Bouchard, alors à Rome autour de 1630. Jacques Gaffarel appartient à ce système mais son rôle est moins important. La chasse aux manuscrits menée par le magistrat provençal s’étend à Rome, Milan, Florence et Pérouse.
24Par les marchands marseillais, Peiresc a dû avoir assez tôt des contacts avec le Levant. Le Parlement aixois où Peiresc est conseiller depuis 1607 est, du fait de ses attributions, lié à la chambre de commerce de Marseille. Or, aux xvie-xviie siècles, celle-ci a des relations commerciales particulièrement suivies avec l’Égypte et le Levant qui est devenu une source régulière d’antiquités à l’époque moderne pour les érudits français, mieux que l’Italie qui voyait la concurrence de curieux locaux. Aix est alors, par le biais de cadeaux faits aux parlementaires, un lieu de transit de curiosités exotiques qui enrichissent les cabinets méridionaux [30]. Il n’est donc pas étonnant qu’un certain nombre de « rabatteurs » du réseau Peiresc en Orient possèdent une maison de commerce à Marseille ou soient liés au commerce marseillais. Les registres de l’amirauté [31] ont permis d’établir la liste des principales maisons de commerce de Marseille en relation avec le Levant à l’époque de Peiresc. Plusieurs d’entre elles participent au « réseau Peiresc » en Orient : Jean Magy et Napollon (Égypte), Antoine et Jehand Allemand, Napollon (Syrie), Jean-Baptiste Magy et Léon Valbelle (pour les pays grecs). De plus, la chambre de commerce de Marseille est liée aux représentants de la France en Orient. Ainsi, la pension de l’ambassadeur à Constantinople est payée par la chambre de commerce de Marseille. À l’époque de Peiresc, les dettes contractées par le Comte de Cézy et par son successeur, Monsieur de Marcheville, ambassadeurs auprès de la Sublime Porte, sont mises à la charge de la communauté de Marseille par décision royale. La tradition veut que le parlement d’Aix règle les litiges survenus entre les membres des diverses Nations françaises de ces régions. Ces exemples soulignent les points de rencontre entre le Parlement d’Aix, la chambre de commerce de Marseille et les ambassadeurs ou consuls en Orient. Peiresc a donc bien un contact privilégié avec le Levant.
25Une remarque de l’érudit dans un courrier de 1627 permet de préciser un peu la chronologie. En effet, il reçoit à cette date un exemplaire des Assises de Jérusalem dans l’édition vénitienne de 1535. Cet exemplaire viendrait de Flamand qui l’a apporté de Seyde. Bien qu’il espère que le consul de Chypre lui en trouve un autre moins abîmé, Peiresc note qu’ayant « ouvert cette porte du Levant en matière de livres », il pourrait en obtenir d’autres [32], ce qui laisse donc penser que les années 1627-1628 seraient décisives dans l’extension du réseau de Peiresc en Orient. Dans les années 1630, il peut ainsi rédiger des instructions très précises au Père Minuti qui se rend à Jérusalem [33] et écrire en 1631 à Jean-Jacques Bouchard qui souhaite partir pour Constantinople et le Levant : « je vous en supplie (…) de me pardonner si je vous escript trop librement mes advis et mes sentiments, la longue practique que j’ay en cez païs la m’ayant fait cognoistre leur humeur et la mezure à laquelle on les peult mesurer » [34].
26La place de l’Égypte date des années 1630. C’est à cette date que se multiplient les lettres avec des marchands français et que Peiresc est en relation avec les missions religieuses des Capucins. La plus précoce est celle de Saïda en 1626 suivie de celle du Caire en 1634. Peiresc entretient une correspondance suivie avec les Capucins de 1633 à mai 1637. Mais son goût pour l’Égypte antique remonte aux années 1620-1621 au moment où il reçoit un fragment de stèle et un plastron de momie qui ont été acquis au Vieux-Caire [35].
27En ce qui concerne Constantinople, la datation peut être précisée grâce au registre des correspondants de Peiresc de la BnF. Le 7 décembre 1626, Peiresc note la « venue des plantes de Constantinoble ». Du fait de l’importance politique de la capitale de l’Empire ottoman, Peiresc a toujours eu des liens avec les ambassadeurs ou les représentants français dans cette ville. Mais il semble que ce soit davantage dans un but stratégique, afin d’obtenir des manuscrits ou d’autres antiquités, que dans un but purement politique. Être en lien avec un ambassadeur permet au magistrat de connaître rapidement les événements pour pouvoir sauver ses envois.
Au regard des lettres de recommandation fournies à François-Auguste de Thou lors de son voyage en 1628, à la lecture des lettres envoyées, notamment aux frères Dupuy, à Jean-Jacques Bouchard et à Lucas Holstenius, le Levant semble constituer pour Peiresc un espace important pour l’obtention de manuscrits.
Ce réseau épistolaire est donc né de la nécessité de recevoir des livres, des objets et des informations et non du besoin de se confier ou de converser. L’amitié, entendue dans son sens moderne, n’est que secondaire. Pour le savant, la lettre est avant toute chose le « véhicule de l’information scientifique » [36]. Cette correspondance permet de mettre en contact des érudits et joue également un rôle plus actif dans le processus de constitution de la connaissance scientifique. À travers sa correspondance, on voit ainsi Peiresc devenir, plus qu’un « simple relais », une « éminence grise », un rouage essentiel dans l’édition d’œuvres, la transmission de connaissances et le processus de constitution de la connaissance scientifique. Les ouvrages achetés par Peiresc ne sont pas choisis pour leur beauté mais pour leur contenu. Sa bibliothèque n’est pas une collection de beaux ouvrages mais une somme de « matériaux » utile à la République des Lettres. Sa préoccupation première est la collecte systématique de documents de première main.
Cependant, nous ne pouvons pas résumer Peiresc à cette unique figure de l’érudit humaniste, mécène et protecteur. Par certains aspects, il s’en détache profondément.
Un homme partagé entre humanisme et sciences modernes
28Les études récentes présentent Peiresc comme un « défricheur d’inconnu » [37], un « curieux » [38], un « zoologiste » [39], un « astronome érudit » [40], un « grand archéologue » [41]. Ces exemples montrent que notre époque veut spécialiser Peiresc dans un domaine de connaissances précis : zoologie, astronomie, archéologie …
29Cette spécialisation éloigne Peiresc de la figure de l’humaniste et le rapproche du modèle du « savant ». Ce terme doit être entendu dans un sens très large. Un savant au début du xviie siècle est certes « un homme qui possède toutes les formes de connaissances ». Mais nous ajouterons à cette définition l’idée qu’un savant ou un homme de sciences se différencie de l’érudit humaniste par sa participation à la « révolution scientifique » qui touche le monde du savoir dans les premières décennies du xviie siècle. Même si ce terme ou l’idée qu’il véhicule ne sont employés qu’exceptionnellement par les historiens actuels [42], leurs publications ne sous-entendent-elles pas que Peiresc a participé à l’émergence de la science moderne en participant à la spécialisation du savoir ?
30Cette « révolution scientifique » se marque par un changement dans la conception de la rationalité, changement qui crée une rupture entre « vraies sciences » et « fausses sciences », l’alchimie ou l’astrologie par exemple. La conception aristotélicienne d’une physique de la qualité est rejetée au profit d’une physique de la quantité s’attachant à la recherche de lois mathématiques qui régissent les phénomènes naturels. Les savants adoptent les principes d’une nouvelle représentation de la nature, le mécanisme cartésien qui ramène un ensemble de phénomènes à un système de relations mécaniques. Cette science moderne se caractérise également par un changement au niveau des méthodes et par une nouvelle conception de la rationalité. Le savant de ce début du xviie siècle se détourne des commentaires des auteurs anciens qui jusqu’alors étaient la référence de vérité unique, pour observer par lui-même et recourir, de plus en plus fréquemment, aux expériences qui permettent de construire la connaissance.
31Le 27 août 1635, Peiresc demande à des amis, des correspondants et à d’autres érudits d’observer, grâce à des lunettes astronomiques, l’éclipse de lune à Digne, Aix, Padoue, Rome, Naples, Le Caire et Alep. Depuis plusieurs années, il a posé l’hypothèse que l’observation de phénomènes lointains au même moment doit permettre de calculer les longitudes. Le résultat de ce remarquable travail d’équipe fut de réduire de mille kilomètres la partie orientale de la Méditerranée. Que viennent donc de réaliser ici Peiresc et son équipe, composée en grande partie de religieux ? Tout simplement de corriger la carte de la Méditerranée en vigueur depuis Ptolémée. Hypothèse de recherche, travail en équipe, observation, analyse du résultat ont permis de corriger un savoir élaboré par un « géant » de l’Antiquité. Cet exemple montre que Peiresc ne peut pas être défini exclusivement comme un humaniste ayant pour unique référence les Anciens.
32Il existe d’ailleurs dans la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras un dossier intitulé « Observations de diverses merveilles de la nature » [43]. Citons pêle-mêle : des observations sur la forme des cailloux du Rhône et des cristaux de neige, sur les mensurations d’un éléphant, sur les habitudes de vie du caméléon. Il s’aide pour ses observations de la « lunette » grossissante de Drebbel (l’ancêtre du microscope) et de la lunette astronomique qui vient d’être mise au point et que Peiresc installe dans sa maison d’Aix. Après avoir observé, Peiresc pose une hypothèse qu’il tente de vérifier par une expérimentation. Il accepte que son hypothèse de départ soit erronée, ce qui le rend parfois fort perplexe et il peut en proposer une autre. Il recherche la vérité sans répéter nécessairement ce que disent les Anciens, mais en assumant la possibilité d’une recherche autonome et nouvelle. Peiresc peut ainsi être considéré comme un véritable savant, le premier qui ait prouvé par l’expérimentation la théorie de Harvey sur la circulation sanguine, l’un des premiers qui ait dessiné la carte de la lune.
Notons cependant le goût persistant de Peiresc pour les mirabilia, goût qui ne manque pas d’étonner chez un soi-disant scientifique moderne. Au fond, il y a là l’indice d’une réalité moins tranchée que prévue. Peiresc n’est pas toujours capable de se détacher des aspects « maniéristes » de son époque, de son goût pour les bizarreries et les signes « merveilleux ». Cette constatation n’est d’ailleurs pas si étonnante si l’on considère son manque d’enthousiasme pour les académies spécialisées et les journaux, nouveaux vecteurs de communication des milieux scientifiques.
Un académiste singulier
33Il existe en France, à l’époque de Peiresc, près de soixante-dix académies [44]. Ce terme d’académie est entendu dans un sens large. Il caractérise toute assemblée savante et ne désigne pas uniquement les fondations institutionnalisées. Hormis l’Académie française fondée par Richelieu en 1635, les autres académies relèvent majoritairement de l’initiative privée et sont nées du désir d’intervenir de façon nouvelle dans la vie intellectuelle, hors du monopole des universités qui proposent un savoir qui apparaît alors comme sclérosé. Il existe des académies dont le fonctionnement et les finalités les rattachent aux premières académies italiennes du xve siècle. Parallèlement, certaines académies, dans une démarche plus moderne, se spécialisent au xviie siècle. Peiresc a des attitudes différentes selon qu’il côtoie l’un ou l’autre de ces modèles académiques.
34Ainsi, Peiresc a séjourné trois fois à Paris. Il rencontre les frères Dupuy lors de son premier voyage en 1605. Les frères Dupuy, Pierre et Jacques, avocats, sont les créateurs de l’Académie putéane, académie parisienne qui eut un rayonnement immense et inégalé dans la première moitié du xviie siècle. Cousins de Jacques-Auguste de Thou, président au Parlement de Paris, Pierre et Jacques Dupuy héritent, à sa mort, en 1617, d’une bibliothèque de plusieurs milliers d’ouvrages. Ils s’installent alors rue des Poitevins et ouvrent cette bibliothèque pour des réunions tous les jours (ou presque) en fin d’après-midi. Se retrouve là un public large et divers, passionné par les choses de l’esprit. Ce sont des hommes de lettres, des philologues, des mathématiciens, des philosophes, des historiens ou encore des jurisconsultes qui se rencontrent pour échanger des idées plusieurs fois par semaine chez les Dupuy. Ces conversations libres abordent une multitude de sujets. L’académie putéane reprenant les idéaux propres à la tradition humaniste a une volonté déclarée d’encyclopédisme. Peiresc a assisté à quelques unes de ces réunions académiques dont il « estime fort les charmes […] et la douceur de conversation de tant de galantz hommes, avec la commodité de voir toute sorte de bons libvres qu’on sçauroit desirer » [45].
35Lors de sa présence en Provence, que ce soit à Aix ou à Belgentier, Peiresc accueille lui aussi tous les érudits ou savants de passage dans la région. Il ouvre sa bibliothèque, son cabinet de curiosité, son « laboratoire » sous les toits avec ses lunettes astronomiques, sa galerie de portraits et son jardin. Il transmet des informations, prête des ouvrages, pose des questions, confronte des opinions. Les discussions ont lieu le plus souvent en comité réduit et portent sur les dernières publications, les travaux des autres érudits, les manuscrits à obtenir, les nouvelles du monde… De nombreuses capitales provinciales ont ainsi abrité des assemblées savantes autour d’un érudit : Marc-Antoine Dominici à Cahors, le chanoine et collectionneur de Cordes à Limoges, ou bien Jacques du Poirier, érudit helléniste et médecin à Tours. Mais, par la qualité de ses visiteurs, le cas de Peiresc est certainement le plus remarquable exemple provincial de rencontres savantes. Ses maisons d’Aix et de Belgentier semblent être devenues les étapes obligées entre le nord et le sud de l’Europe, entre les Pays-Bas et l’Italie. De nombreux érudits ou peintres s’y arrêtent, comme Holstenius, Rubens, Grotius ou Scaliger. Venant d’Italie et mandé comme légat auprès de la Cour de France, Barberini rend visite à Peiresc à Aix en 1625, qui lui offre alors le diptyque connu aujourd’hui sous le nom « d’ivoire Barberini » [46]. De même, l’ambassadeur Marcheville s’arrête chez le magistrat avant d’embarquer pour Constantinople. Il le fera aussi lors de son voyage de retour en 1634 [47]. Mais ces exemples sont moins des réunions organisées et régulières que des rencontres de passage. Il n’y ainsi pas d’heures fixes comme pour d’autres assemblées savantes. Nous avons déjà noté que l’académie putéane se réunissait quotidiennement en fin de journée, d’autres académies se réunissant de manière hebdomadaire. Peiresc, quant à lui, reçoit des érudits lorsqu’ils passent en Provence mais il n’anime pas de manière régulière une assemblée savante. Les visites régulières de Gassendi s’inscrivent également dans un autre cadre : celui de l’amitié. De plus, contrairement au modèle académique, les sources laissent à penser qu’il s’agit davantage d’une discussion entre Peiresc et son invité que d’une conversation entre plusieurs érudits.
36Même si le mouvement académique est très divers en ce premier xviie siècle [48], Peiresc ne montre pas une volonté farouche d’animer une assemblée savante comme celle des Dupuy, de Bourdelot ou de Mersenne.
37D’ailleurs, la comparaison avec Mersenne, la mesure de leurs différences peuvent permettre d’éclairer encore la personnalité de Peiresc. Le Père Mersenne (1588-1648) eut un rôle prépondérant dans la science du xviie siècle. En contact avec des hommes tels que Pascal, Descartes ou Fermat, il a, tout comme Peiresc, animé, stimulé et impulsé la recherche des savoirs. Il a entretenu une immense correspondance avec tout ce que l’Europe comptait d’érudits, de curieux et de scientifiques, diffusant ainsi informations, conseils et questions. Il a encouragé la publication de travaux en suscitant des observations scientifiques, en posant des problèmes sur lesquels il interrogeait les savants de l’époque. Adrien Baillet (1649-1706), historien de Descartes, a écrit, en parlant de Mersenne :
« Jamais mortel ne fut plus curieux que le P. Marin Mersenne pour pénétrer tous les secrets de la nature et pour porter toutes les sciences et tous les arts à leur perfection. Peu de gens furent plus industrieux à satisfaire ceste insatiable curiosité par des expériences de toutes manières, par ses propres méditations et par les relations continuelles qu’il avoit avec tous les scavants et curieux de l’Europe… » [49].
39Cet éloge pourrait, à quelques mots près, être destiné à Nicolas-Claude Fabri de Peiresc. Les deux hommes ont en commun cette conviction que le progrès du savoir exige résolument la communication et la collaboration entre érudits. Il est donc naturel qu’ils aient tous deux utilisé ce moyen traditionnel de la communication savante qu’est la correspondance et qu’ils aient ainsi entretenu une relation épistolaire. Mersenne a, par ailleurs, dédicacé son ouvrage, L’Harmonie universelle, à Peiresc.
40En revanche, et là apparaît une différence importante entre les deux hommes, Mersenne va immédiatement adopter ce moyen nouveau que constituent les assemblées savantes. Peiresc, quant à lui, s’il apprécie et parfois sollicite les visites d’érudits, ne va pas montrer la même volonté de créer une académie à Aix. Mersenne, familier du cabinet des frères Dupuy, de l’académie Bourdelot, des réunions autour de Descartes en 1626, va très tôt, sans doute dès 1619, date de son arrivée à Paris et de son installation au couvent des Minimes, rassembler autour de lui des savants, des érudits, des amateurs éclairés. À partir de 1635, il spécialise ces conversations autour des mathématiques, conviant les personnalités scientifiques les plus renommées (Gassendi, Pascal, Roberval…). Il écrit alors à Peiresc :
Les mathématiques sont une discipline en pleine révolution et qui créent alors la physique. C’est ici que réside peut-être l’essentiel de la différence entre les deux hommes. Cette comparaison rapide montre que le Père Mersenne (plus jeune de huit ans que Peiresc) a utilisé les assemblées savantes en vue d’un objectif plus spécialisé, moins « touche-à-tout », plus scientifique et moins convivial que dans la tradition humaniste. D’une manière à la fois proche mais néanmoins clairement distincte de Mersenne, Peiresc est resté attaché à la pratique d’un Pinelli recevant ses hôtes pour défricher avec eux tous les champs de la connaissance sans revendiquer aucune spécialisation véritable. Peiresc n’est pas ici à la pointe de la modernité scientifique. ce que confirmera l’analyse de son rapport à un autre nouveau média du xviie siècle : le journal.« L’on m’a assuré que nous aurions Mr Gassendi au commencement de juin dont je me réjouis. Il y verra la plus noble académie du monde qui se fait depuis peu dans cette ville, dont il sera sans doute, car elle est toute mathématique » [50].
Peiresc-Renaudot : un malentendu
41La Gazette de Théophraste Renaudot est le premier hebdomadaire imprimé à être paru en France en 1631. Ce journal a pour rôle d’informer les lecteurs sur les nouvelles provenant de l’étranger et de la Cour. Il est spécialisé surtout dans les affaires politiques et diplomatiques. Tous les mois, Renaudot publie des Relations des nouvelles du monde qui complètent et résument la Gazette. À partir de 1632, le journal s’enrichit de suppléments et à la fin de l’année 1633 d’Extraordinaires, qui consistent en la publication de documents officiels, de récits d’événements marquants.
42Ce journal incarne un élément de modernité du xviie siècle. Peiresc eut une attitude ambivalente face à cette nouveauté, à ce média inédit en France qui concrétisait une nouvelle manière de faire circuler des informations différentes de celles qu’il recueillait et s’adressait à des cercles plus larges que la République des Lettres.
43Peiresc reçoit La Gazette par un correspondant de Renaudot, un dénommé Monsieur Roux, ou par d’autres mains [51]. Dès sa parution, Peiresc a demandé aux Dupuy d’intervenir auprès de Renaudot pour qu’il lui envoie La Gazette régulièrement. Il reçoit également Les Nouvelles ordinaires de divers endroits et Les Extraordinaires [52]. Il préfère les suppléments à La Gazette. Visiblement, Peiresc est intéressé par cette nouvelle littérature. Pourtant, à la lecture de sa correspondance, notamment avec les frères Dupuy, il apparaît que le sens de cet intérêt est ambivalent, pouvant aisément se muer en une indifférence circonspecte [53], voire en une certaine hostilité [54]. Dans un premier temps, il semble que Renaudot ait voulu utiliser l’amitié entre Jacques Dupuy et Peiresc pour obtenir sa collaboration à La Gazette. En effet, Peiresc peut être un vecteur d’informations pour le journaliste. Il dispose d’un réseau important d’informateurs en Provence et en Orient et la Méditerranée paraît s’imposer en 1633 comme le prochain grand théâtre d’opération de la guerre de Trente ans. Le magistrat demande alors à Dupuy de donner à Renaudot une réponse négative en arguant de sa santé trop fragile. Cependant, il ne s’oppose pas à ce que Dupuy montre au gazetier les nouvelles qu’il lui envoie si cela lui semble intéressant. Une autre réponse aurait été étonnante de la part d’un membre éminent de la République des Lettres. Mais une lettre de Peiresc donne à penser que Renaudot a insisté et même « menacé » de ne plus lui envoyer la Gazette. Quoiqu’il en soit, Peiresc préfère ne plus recevoir le journal plutôt que de se « soumettre à une telle sujétion ». De plus, il reproche à Renaudot de ne pas être constant dans ses décisions. Il parle de « cez capprices et incertitudes [55] » et de son attitude très différente « quand il estoit de bonne humeur » [56]. Il pense que Renaudot utilise de fausses excuses pour ne plus lui envoyer La Gazette et qu’il a plutôt changé d’avis ou d’humeur. Il termine cette lettre en insistant, un peu moqueur, sur l’apparent désintéressement de Renaudot car Bourdelot lui a dit que son Bureau lui donnait 20 000 livres de rente [57]. Peiresc va surtout désapprouver la publication du texte de la sentence du Tribunal de l’Inquisition contre Galilée dans La Gazette, en février 1633. Ici Renaudot se transforme en serviteur zélé de la papauté et de Richelieu et cette publication ne peut que desservir Galilée, que Peiresc a soutenu dans son opposition à la papauté. La décision de Renaudot va entraîner des tensions vives entre le journaliste et l’érudit provençal [58]. Le magistrat considère que Renaudot s’est servi de cette affaire pour faire « tant de bruict et de scandale ». C’est une attitude choquante pour Peiresc. À travers sa correspondance perce cette désapprobation pour la publicité et les mondanités mises au premier plan par Renaudot.
44Par ailleurs, les lettres de Peiresc ne contiennent aucune allusion aux réunions organisées par Renaudot de 1632 à 1642. Ces conférences hebdomadaires médicales, puis sur des thème de plus en plus divers avaient une intention pédagogique et vulgarisatrice forte [59]. Or, les érudits comme Peiresc ou les Dupuy ne peuvent ignorer leur existence. Cette indifférence tient-elle à des motifs politiques, tels les liens qui unissent Renaudot et Richelieu, ou intellectuels ? La première hypothèse peut être écartée car Peiresc n’est pas un opposant farouche à Richelieu. Ce sont plutôt les centres d’intérêts et les objectifs intellectuels entre Renaudot et Peiresc qui s’opposent : les activités du journaliste peuvent sembler trop triviales, avec des ambitions bien modestes. Renaudot n’est ni un érudit ni un savant, mais un homme très proche du pouvoir politique avec une volonté d’intervenir dans le champ social. Ses conférences sont ouvertes à tous avec des intentions pédagogiques de vulgarisation et de divertissement. Et pour des érudits comme Peiresc ou les Dupuy un tel fonctionnement ne peut pas être favorable à une discussion sérieuse.
Ainsi, l’attitude distanciée de Peiresc face aux académies spécialisées et à La Gazette de Renaudot nous fait découvrir un homme finalement peu sensible aux innovations du xviie siècle. Sa bibliothèque est donc celle d’un homme qui a incarné à la fois le goût de l’aventure scientifique moderne, mais aussi un attachement aux valeurs traditionnelles de son milieu d’élection ; celle d’un homme qui a joué un rôle exemplaire de transition entre un humanisme finissant et une « révolution scientifique » en pleine éclosion. C’est assurément le fonds byzantin de cette bibliothèque qui fait office de révélateur des pratiques intellectuelles de Peiresc.
Le byzantinisme de Peiresc
45L’étude de sa bibliothèque permet de relever actuellement près de cent cinquante ouvrages de l’époque byzantine [60] que Peiresc possède à sa mort ou a possédé. Cela représente environ deux % de l’ensemble de sa bibliothèque. C’est un pourcentage qui peut apparaître comme assez faible. Il est donc nécessaire de le mettre en perspective. Tout d’abord, dans la première moitié du xviie siècle, le nombre d’ouvrages byzantins édités et disponibles en France est relativement peu important. Ensuite, nous pouvons comparer la bibliothèque de Peiresc avec la bibliothèque « idéale » d’un érudit de la première moitié du xviie siècle, celle que présente Gabriel Naudé (1600-1653), bibliothécaire de Henri de Mesmes, président du Parlement de Paris dans son livre Advis pour dresser une bibliothèque (1627) [61].
46Ce livre, qui connut un succès considérable, comprend à la fois des considérations techniques à usages bibliothéconomiques et des appréciations sur les objectifs et le contenu des bibliothèques des grandes collections privées [62]. Naudé montre qu’une bibliothèque d’érudit doit posséder les principaux auteurs, anciens et modernes, choisis dans les meilleures éditions de préférence commentées, mais il ne cite aucun exemple concernant les études byzantines [63]. Cela montre simplement que certains ouvrages semblent indispensables pour s’enorgueillir d’une riche bibliothèque et pour cela Naudé les nomme expressément. Dans cette liste, relativement longue, ni Procope, Zonaras ou Chalcocondyles ne trouvent leur place. Seuls les grands Codes grecs (Codes et Digestes) sont nommés. Naudé considère qu’« il est de l’essence d’une bibliothèque d’avoir grand nombre de Manuscripts, parce qu’ils sont maintenant les plus estimez et les moins communs » et il note qu’il faut les « rechercher non seulement icy, mais à Constantinople » [64]. Cette précision est intéressante car si les éditions de textes byzantins ne semblent pas être un élément de valorisation de la bibliothèque type d’un érudit du début du xviie siècle, le contact direct et savant prôné par Naudé passe donc par l’apport oriental. Avec cent cinquante ouvrages byzantins, la bibliothèque de Peiresc apparaît ainsi comme particulièrement intéressante. Elle a d’ailleurs permis d’enrichir de nombreuses bibliothèques françaises. Un calendrier de 354 [65], un évangéliaire grec en onciale du ixe siècle [66], le manuscrit de Constantin Porphyrogénète sur les Vertus et les vices [67] ou encore de nombreux manuscrits présents dans le fonds arabe de la Bibliothèque nationale de France, proviennent de la collection de l’érudit aixois.
47L’étude de l’inventaire de la bibliothèque et de la correspondance du magistrat montre clairement l’importance que Peiresc accorde aux éditions d’historiens byzantins. Il a ainsi possédé les premières éditions d’historiens byzantins datant du milieu du xvie siècle et réalisées par le bibliothécaire et secrétaire des Fugger à Augsbourg, Jérôme Wolf (1516-1580).
48Il est intéressant de noter que l’érudit aixois détient L’Histoire et la chronique de Zonaras [68]. La richesse de sa matière et l’étude des sources par Zonaras (mort vers 1150) font de cet abrégé d’histoire universelle (jusqu’en 1118) un des plus importants ouvrages historiques byzantins. Edité par Wolf à Bâle en 1547 avec une traduction latine, il est traduit en français par Jean de Maumont à Paris en 1561 sous le titre Les Histoires et chroniques du monde, tirées tant du gros volume de Jan Zonaras, aucteur byzantin, que de plusieurs autres scripteurs hebrieus et grecs. La Chronique de Nicétas Choniate (mort vers 1212 ou 1215/1216) et l’Histoire de Nicéphore Grégoras [69] (mort vers 1359/1360) sont également présentes dans l’inventaire après décès de la bibliothèque de Peiresc. Choniate a continué l’œuvre de Zonaras de 1118 à 1206. Il fut l’historien du temps des Comnènes et de l’époque de la quatrième croisade. L’Histoire de Grégoras traite des années suivantes, de 1204 à 1359. À partir de 1351, elle est un mémoire documenté sur la controverse palamite. Elle est l’œuvre d’un grand savant. Une lettre de Peiresc à son frère en mai 1626 nous apprend qu’il a perdu l’ouvrage de Zonaras [70]. Il l’a certainement prêté à un de ses amis. En mars 1627, il parle aux frères Dupuy des ouvrages qu’il souhaite obtenir et note, concernant une édition de la vie du pape :
« s’il ne se trouve à présent, il se rencontrera quelque jour. Aussy bien le Zonare et le Cedrenus [71]. Si j’eusse mieux gardé les miens, je n’en aurois pas faulte maintenant, mais je ne sais rien refuser à mes amis ».
50Dix ans plus tard, il précise :
« j’ay eu besoin cez jours passez du Cedrenus et Jo. Curopalates sans qu’il s’en soit trouvé aulcun en cette ville (Aix) ; si par hazard en quelque inventaire il s’en rencontroit quelque exemplaire à prix tollerable quoyque frippé, je seroys bien aise de m’en assortir et du Zonare grec et encores plus de l’Almageste de Ptolemée dont je vous avoys aultres foys importuné. Ce sont de vieilles editions de difficile rencontre. Excusez moy de la peine ».
52Cet épisode nous renseigne sur l’intérêt porté à l’ouvrage byzantin. Peiresc se sert donc des historiens byzantins, qu’il s’agisse de Zonaras, de Cedrenus ou de Georgius Codinus Curopolate [72]. Les livres sont pour l’érudit un instrument indispensable au cheminement de la pensée. Ils sont considérés comme un instrument de travail, un instrument de transmission et d’élaboration du savoir. La bibliothèque de Peiresc ne peut être comprise autrement que par ce plaisir de la connaissance pour elle-même. Le projet de Peiresc est bien la constitution d’une bibliothèque encyclopédique qui réunirait tout ce qui est utile à la communauté scientifique. Cette exigence de quasi-exhaustivité est, au début du xviie siècle, encore « réaliste » tant sur le plan épistémologique que sur un plan quantitatif. Ainsi, concernant l’empire byzantin, il consigne le moindre détail car il n’existe pas encore d’encyclopédie sur Byzance en France. La mise en place de la Byzantine du Louvre est postérieure à Peiresc. Chacun peut encore former son propre corpus. Humaniste accompli, Peiresc fonde ses réflexions historiques sur les écrits des auteurs anciens (Tite-Live et Tacite notamment) mais aussi sur des ouvrages moins connus comme un manuscrit du temps de Constantin ou un livre de Photius [73]. Il lit aussi avec un grand plaisir un manuscrit de Théophane écrit de la main « du plus curieux grec de son temps » [74]. Dans la bibliothèque de Peiresc se trouve également l’ouvrage de Martin Crusius (1526-1607) Turcograeciae libri VIII (1584). Ce livre est une publication de sources sur l’histoire byzantine que Martin Crusius, professeur à Tübingen et contemporain de Jérôme Wolf, a obtenu en correspondant avec des savants grecs [75]. La présence de ce livre rappelle la posture scientifique de l’érudit aixois. Peiresc a le souci de s’assurer de l’exactitude des événements et de rétablir des chronologies rigoureuses des faits. Il utilise pour cela les sources écrites traditionnelles, mais il recherche aussi de nombreux ouvrages ou manuscrits au Levant qui ont pu être peu utilisés voire qui sont restés méconnus jusqu’alors du fait de l’ignorance des langues dans lesquelles ils avaient été rédigés. En 1630, un projet de voyage savant est envisagé lors de la nomination d’Henri de Gournay, comte de Marcheville comme ambassadeur à Constantinople. Gassendi, Descartes, Holstenius, Bouchard devaient accompagner l’ambassadeur français. Peiresc soutient ce projet et pense qu’ils « saulveront de bons livres et aultres singularitez ». Bougerel note que « l’on ne parlait de rien moins que d’enlever à l’Orient tous ses manuscrits et toutes ses raretez » [76].
53Peiresc n’a pas cherché ces ouvrages pour des raisons politiques et idéologiques liées au « rêve impérial » qui aurait échu à la France [77]. Celui-ci repose sur une prophétie byzantine du ive siècle qui est devenue partie intégrante du patrimoine politique de l’Occident : celle de l’« Empereur des derniers jours » qui unifierait l’Empire romain et la chrétienté. Cette prophétie, dans le contexte de la naissance de la Réforme protestante et de l’extension ottomane, atteint son apogée au début des temps modernes. L’Europe occidentale est en attente d’un « roi sauveur » et la France se considère comme la candidate idéale. De nombreux auteurs cherchent des signes qui prédisent l’arrivée de ce roi sauveur. Peiresc reçoit ainsi en décembre 1620 une lettre d’Alphonse de Rambervillers, érudit lorrain (1560-1633) [78]. Celui-ci lui envoie « la déclaration de la victoire obtenue par l’armée impériale en Bohême, par la déffaite de l’ennemy, et la prinse de Prague ». Rambervillers considère que c’est « l’accomplissement de la première partie de l’Apocalypse bohémique » et prie que « Dieu nous fasse la grace de voir bien tost la consommation de la seconde, et les princes chrestiens dans Constantinople, ceste conqueste est deue au roy, lequel comme il est admirable en justice et piété, aussy il est forcé que la main de Dieu le conduise en un empire très grand ». La réponse de Peiresc est bien moins exaltée [79]. Certains érudits ont voulu voir dans des événements qui touchent l’Empire ottoman des signes révélateurs du futur accomplissement de la prophétie de « l’empereur des derniers jours ». Peiresc n’a pas cette attitude. Il se désole au contraire de l’incendie qui touche Istanbul en 1633. Il écrit à Gassendi : « Vous en verrez deux relations bien déplorables » [80]. Une lettre à Jacques Dupuy nous apporte plus de précisions : « vous verrez maintenant un estrange embrasement advenu en Constantinople si les advis sont véritables au calcul comme je le tiens au demeurant, où je ne plains que les livres mss qui seront périz avec tant d’autres richesses » [81]. Certes, Peiresc est davantage attristé par la perte de manuscrits que par la mort des habitants, mais, qu’il s’agisse ici de l’incendie à Constantinople, du tremblement de terre au Caire ou des pluies « extraordinaires » qui se seraient abattues en Arabie, Peiresc ne voit pas de signes prophétiques. Il demande simplement au Marseillais qui lui a rapporté les deniers événements de noter pour lui précisément le jour de « touts ces grands accidents, pour en voir le rapport avec ceux de Naples ». Les considérations scientifiques l’emportent sur les remarques politiques et idéologiques.
54La présence d’ouvrages byzantins dans la bibliothèque de Peiresc ne serait être anecdotique ou due à un pur hasard. Le magistrat provençal, comme le montrent de nombreuses lettres, recherche certains livres plutôt que d’autres, formule des avis précis et utilise les écrits historiques byzantins. La présence de ces cent cinquante livres ne peut pas uniquement s’expliquer par la curiosité universelle de Peiresc qui le transformerait en un génial « touche à tout » qui obtiendrait, aux hasards des envois de ses correspondants au Levant, des écrits byzantins. La fortune du magistrat, à première vue imposante, s’est finalement révélée plus réduite. Peiresc n’est pas un Emery Bigot qui a pu utiliser librement sa grande fortune ; l’érudit aixois doit opérer des choix lors d’achats de livres.
Peiresc exprime un intérêt réel et conscient pour Byzance. Ce qui a amené Peiresc à s’intéresser à Byzance semble être en premier lieu le droit. En effet, quand il commence en 1597 des études de jurisprudence, il entreprend la lecture expliquée des Institutions. Il va alors dresser la liste des empereurs ayant élaboré des lois. En 1601, à Padoue, il se consacre à l’étude des langues. Il distingue l’étude du grec pour plusieurs raisons dont la première serait « à cause de diverses Institutions des empereurs grecs, et des origines du droit qui renvoie à des sources grecques » [82]. L’Empire romain d’Orient est en ce sens héritier de l’Empire romain. Le magistrat possède tous les codes grecs qu’il connaît parfaitement [83]. Il considère même que Les Basiliques sont un trésor, qu’il ne faut pas qu’elles sortent du royaume et que ce serait « un grand opprobe en ce siècle, le Roy les devrait payer cent fois autant qu’elles valent pour les donner au public » [84]. Peiresc, à partir de l’été 1628, va soutenir Charles-Annibal Fabrot dans son travail d’édition du Théophile [85] qu’il considère comme important. Il recommande ce travail par amitié pour Fabrot [86] et pour l’honneur de la Provence, ce « pauvre et stérile païs ». Il conseille Fabrot sur le choix des caractères, la présence de notes et la nécessité de maintenir ou non le texte de Justinien. Il finance l’impression d’un certain nombre de feuilles. Il presse les imprimeurs. Pendant près de dix ans, jusqu’à sa mort, Peiresc va soutenir cette édition qui ne paraîtra qu’en 1638.
En novembre 1629, Peiresc reçoit en provenance du Levant un manuscrit « d’assez bonne marque en vellin in fol. de cinq à 600 ans d’antiquité » contenant quinze ou seize homélies de Saint Grégoire de Nazianze. Peiresc est alors un peu déçu car il pensait, d’après les informations de son correspondant au Levant, qu’il s’agissait de conciles. Il propose tout de même à Dupuy de conférer les titres des homélies sur l’ouvrage imprimé afin de vérifier si certaines sont encore inédites. Mais il ajoute : « ce que je n’espère pas, me souvenant d’en avoir veu auculnes dans mon exemplaire qui est demeuré à Aix » [87]. La bibliothèque royale possédait également depuis 1599 un manuscrit des homélies de Grégoire de Nazianze réalisé entre 879 et 883 à Constantinople. Il fut exécuté pour l’empereur Basile 1er et il est remarquable par la richesse de son iconographie et par la grande diversité de styles [88]. Il faisait partie de la bibliothèque du cardinal Ridolfi (mort en 1550) qui fut rachetée par le maréchal Pierre Strozzi (mort en 1558) avant de devenir la propriété de Catherine de Médicis, cousine de ce dernier. Nous pouvons ainsi mieux comprendre la déception de Peiresc. Posséder un manuscrit de plus de cinq cents ans contenant des homélies d’un des plus illustres théologiens de l’Église grecque devient peu précieux si d’autres manuscrits d’homélies sont présents dans le royaume et surtout si les textes ont déjà été édités. Peiresc ne peut plus œuvrer pour « ayder le public ».
Le byzantinisme n’est donc pas né en France sous Louis XIV. L’étude de la bibliothèque d’un homme remarquable permet d’entrevoir la richesse en ouvrages byzantins d’une bibliothèque privée au début du xviie siècle. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc recueille et accumule, en humaniste, les ouvrages et documents byzantins. Mais, par son attitude érudite, il dépasse le stade de la simple collection ou du simple classement raisonnable des faits. Sa bibliothèque est ouverte à la communauté érudite. Il a ainsi participé pleinement à la période d’édition de textes byzantins même si son nom n’apparaît pas parmi les hommes qui ont compté dans les études byzantines. L’intérêt du magistrat aixois pour Byzance s’explique par une curiosité universelle, un goût pour le droit et la littérature ecclésiastique. Il s’appuie sur un réseau de correspondants savamment tissé. Il met également en évidence que les études byzantines ne sont pas seulement un enjeu politique au xviie siècle. Byzance appartient à l’héritage européen, elle est restée durant toute l’histoire européenne, un horizon de cette histoire. Elle est indispensable à l’Europe car elle en forme les confins tant géographiques que politiques et culturels. Cette étude témoigne ainsi de la curiosité d’un lettré partagé entre l’humanisme et l’esprit scientifique qui marque le Grand Siècle.
Notes
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[1]
Thèse en cours à l’université Paris VIII sous la direction de Joël Cornette.
-
[2]
Charles Diehl, Études byzantines, Paris, 1905, p. 16.
-
[3]
Lucien Bely, Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard, 1990.
-
[4]
Alexandre Haran, le Lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux xvie et xviie siècles, Paris, Champ Vallon, Paris. Anne-Marie Lecoq, François Ier Imaginaire, Paris, Éditions Macula, 1987, p. 259-323.
-
[5]
Marie-France Auzepy, Jean-Pierre Grelois, Byzance retrouvée, Érudits et voyageurs français (xvie-xviiie siècle), catalogue de l’exposition, Chapelle de la Sorbonne, 13 août-2 septembre 2001, diff. De Boccard, Paris, 2001.
-
[6]
Deux catalogues ont été rédigés par les secrétaires de Peiresc. Le catalogue contenu dans le manuscrit 640 (Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras) a été rédigé par François Parrot pour la plus grande partie avec des ajouts et des annotations du frère de Peiresc. Le catalogue présent à la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence (mss 1218) est, quant à lui, entièrement de la main de Parrot. Le manuscrit de Carpentras a servi vers 1647-1650 comme catalogue de vente pour le neveu de Peiresc, Claude de Rians si bien qu’il comporte des renseignements de prix et des informations sur les ouvrages que nous ne trouvons pas dans le manuscrit d’Aix. Notre étude s’appuie sur le manuscrit de Carpentras.
-
[7]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc, senatoris Aquisextiensis, vita, Paris, 1641, traduit du latin par Roger Lasalle, Paris, Belin, 1992.
-
[8]
Peiresc a rédigé deux « ouvrages » : une Dissertation sur un trépied antique, publiée en 1749 par le Père Desmolets et Une histoire abrégée de la Provence. L’historique de cet ouvrage est révélateur. C’est certainement vers 1630 que Peiresc organise et met au propre ses notes sur la Provence accumulées au fil du temps. Il se trouve alors à Belgentier pour un séjour prolongé lié à l’arrivée de la peste en juillet 1629 à Aix et à la révolte contre l’Edit des Élus promulgué en 1630 par Richelieu pour faire recouvrer les impôts par des délégués royaux à la place des représentants des États de Provence (« la révolte des cascavéu » 1630-1631). Peiresc va vivre encore sept ans mais il ne publiera pas son ouvrage. Pourtant, il y a bien à la BnF sur cet « abrégé de l’histoire de Provence » une mention « prest à estre imprimé » écrite de la main de Peiresc. Ce livre ne sera publié par Jacques Ferrier et Michel Feuillas qu’en 1982 sous le titre Abrégé de l’histoire de Provence et autres textes inédits, Avignon, Archives du Sud, Aubanel, 1982.
-
[9]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 21 et p. 23.
-
[10]
Claude Saumaise (1588-1653), orientaliste polyglotte connaissait le persan, le chaldéen, l’arabe, le copte. Il a multiplié les traités sur de nombreux sujets.
-
[11]
Jacques et Pierre Dupuy, érudits parisiens, héritiers de la bibliothèque de De Thou, animateurs d’une académie qui eut un rayonnement immense et inégalé dans la première moitié du xviie siècle.
-
[12]
Antoine Furetiere, Dictionnaire universel, Contenant généralement tous les Mots françois tant vieux que modernes, et les Termes de toutes les sciences et des Arts (…), La Haye et Rotterdam, 1690.
-
[13]
Catherine Dauvergne, Un moteur de la révolution scientifique : la curiosité dans la correspondance de N. Cl. Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix, Paris, pu du Septentrion, 2000.
-
[14]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 30.
-
[15]
Marc Fumaroli, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Prince de la République des Lettres, Anderlecht,1992, p. 14. http://www.peiresc.org/fumaroli.htm. Marc Fumaroli, Alain Baudry, Peiresc et l’Italie – Actes du colloque international,, Decitre,2009.
-
[16]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 31.
-
[17]
Pierre Bayle Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1697 (première édition), Troisième édition revue par l’auteur… Rotterdam, M. Böhm, 1720, t. III, p. 2216-2217.
-
[18]
« je dirais seulement que jamais homme ne rendit plus de service à la République des Lettres que celui-ci. Il en estait pour ainsi dire le Procureur général : il encourageait les Auteurs, il leur fournissait des lumières et des matériaux, il emploiait ses revenus à faire acheter, ou à faire copier les monuments les plus rares, et les plus utiles. Son commerce de Lettres embrassait toutes les parties du monde : les expériences philologiques, les raretés de la nature, les productions de l’art, l’antiquariat, l’histoire, les langues estaient également l’objet de ses soins et de sa curiosité. »
-
[19]
Bots, Hans, Waquet Françoise, la République des Lettres, Paris, Belin, 1997.
-
[20]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 38-65.
-
[21]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 54-55.
-
[22]
Paolo Gualdo, disciple et ami de Pinelli, a rédigé sa biographie, Vita Joannis Vincentii Pinelli, patricii genuensis…, Augustae Vindelicorum en 1607.
-
[23]
Marc Fumaroli, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, prince de la République des Lettres…, p. 13.
-
[24]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 56.
-
[25]
Selon Jacqueline Hellin sa correspondance compte plus de dix milles lettres. Jacqueline Hellin, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Bruxelles, Lielens, 1980, p. 5.
-
[26]
Robert Mandrou, Histoire de la pensée européenne, 3, Paris, 1973, p. 147.
-
[27]
Robert Mandrou, Histoire de la pensée européenne…, p. 145.
-
[28]
Serge. Mapouet, le registre des correspondants de Peiresc ou le réseau épistolaire et relationnel, européen et méditerranéen d’un humaniste aixois de la 3e décennie du xviie siècle, 4 vol. (Mémoire de maîtrise, université de Paris XII-Val de Marne, 1996) cité par P. N. Miller, « Nicolas-Claude Fabri de Peiresc and the Mediterranean World: mechanic », dans Christiane BerkvenS-Stevelinck, Hans Bots, Jens Haseler, Les grands intermédiaires culturels de la République des Lettres, Paris, H. Champion, 2005, p. 103-127.
-
[29]
BnF, Nouvelles acquisitions françaises, 5169.
-
[30]
Ainsi Boniface Borilly, notaire à Aix et ami de Peiresc, est détenteur d’un cabinet important abritant des curiosités égyptiennes.
-
[31]
L. Bergasse, G. Rambert, Histoire du commerce de Marseille (t. IV), Paris, 1954, p. 94-95.
-
[32]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque …, I, p. 296 (9 décembre 1627)
-
[33]
Mss 1821, fol. 488 (Carpentras)
-
[34]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, IV, p. 71 (5 septembre 1631)
-
[35]
Sydney. Aufrere, « Peiresc et sa connaissance de l’Égypte », dans Peiresc ou la passion de connaître, Paris, 1990, p. 142.
-
[36]
H. J. M. Nellen, « La correspondance savante au xviie siècle », dans la revue xviie siècle, 1993, 1, p. 87-98.
-
[37]
André Bailly, Défricheurs d’inconnu : Peiresc, Tournefort, Adanson, Saporta, Aix, Edisud, 1992.
-
[38]
Catherine Dauvergne, Un moteur de la révolution scientifique : la curiosité dans la correspondance de N. Cl. Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix, Paris, PU du Septentrion, 2000. Sydney Aufrere, La momie et le tempête …
-
[39]
Agnès Bresson, Un zoologiste en quête de nouveaux savoirs, Aubanel, 1987.
-
[40]
Georgelin Y et Arzanos S, « les astronomes érudits en Provence, Peiresc et Gassendi », http://www.Peyresq, les rencontres scientifiques et culturelles internationales.
-
[41]
Emmanuelle Hubert, « Les grands archéologues, un précurseur Nicolas-Claude Fabri de Peiresc », Archéologie, n° 170, septembre 1982, p. 73-76.
-
[42]
Henri Morel, « Peiresc, humaniste ou savant ? », in Fioretti, 1981, p. 169-181.
André Bailly, « Peiresc, Homme de science », http://www.lesamisdepeiresc.net. -
[43]
Dossier LIII
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[44]
Selon A. Viala, Naissance de l’écriture. Sociologie de la littérature classique, Paris, éditions de Minuit, 1985.
Simone Mazauric, « Aux origines du mouvement académique en France : proto-histoire des académies et genèse de la sociabilité savante (1617-1666) », dans Académies et sociétés savantes en Europe (1650-1800), direction Daniel Odon Hurel et Gérard Laudin, Paris, Champion, 2001. Frances YATES, Les Académies en France au xvie siècle, Paris, puf, 1996. Marc Fumaroli, « Les conversations savantes », dans Commercium litterarium. La communication dans la République des Lettres, 1600-1750, Conférences des colloques tenus à Paris 1992 et Nimègues 1993, publié par Hans Bots et Françoise Waquet, Amsterdam et Maarsen, 1994. -
[45]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque, t. II, p. 338 (27 août 1632).
-
[46]
Paris, Musée du Louvre, département des objets d’art, oa 9063
-
[47]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…t. III, p. 155 (1er août 1634) et Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l’ordre des Capucins, p. 82-84 (1er août 1634).
-
[48]
Simone Mazauric, Savoirs et philosophie à Paris dans la première moitié du xviie siècle. Les conférences du Bureau d’Adresse de Théophraste Renaudot, Paris, 1997.
-
[49]
Vie de Monsieur Des Cartes, t. II, Paris, 1691, p. 352.
-
[50]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…t. V, p. 209 (23 mai 1635).
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[51]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 13 (10 janvier 1634) et Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 24 (30 janvier 1634)..
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[52]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 67 (27 mars 1634).
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[53]
Peiresc souhaite obtenir La Gazette dès sa parution et se montre très intéressé par la relation de la mort de Wallenstein (général de l’armée impériale pendant la guerre de Trente ans). Mais, dans la même lettre aux frères Dupuy (t. III, p. 66, 27 mars 1634), quelques lignes plus loin, il affirme que lire ce journal est une perte de temps. Il considère également La Gazette comme peu utile « je n’auray pas de subject de la regretter plus que les autres, et m’en passeray tout aussi bien comme j’avoys faict avant qu’elle s’imprimast »
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[54]
« quant au Sieur Renaudot, je ne scay plus comment le prendre, ne comment vous en parler (…) n’estimant pas que la chose mérite la peine la demander si souvent. C’est pourquoy il vauldra mieux luy faire payer le passé et le laisser là sans plus y songer. Aussy bien ses advis se rendent tous les jours plus viles et les plus mesprisables ». Dans une lettre du 15 avril 1634, il parle même de la « tyrannie du gazetier ».
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[55]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 24-25 (30 janvier 1634)
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[56]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 44 (9 mars 1634)
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[57]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. III, p. 66 (27 mars 1634)
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[58]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 31 (6 février 1634)
-
[59]
Simone Mazauric, De la petite fille velue et autres conférences du Bureau d’adresse (1632-1642), Paris, Klincksieck, 2004.
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[60]
C’est-à-dire des ouvrages allant de 330 à 1453 quelque soit les disciplines (théologie, histoire, géographie, astronomie, droit…). Le choix de commencer cette étude dès 330 se justifie par le fait que comme le déplacement du centre politique de l’Empire romain en Orient, la fondation de Constantinople en 324, fut l’événement décisif qui ouvre la voie à la naissance de l’Empire romain d’Orient et de l’Empire byzantin, il semble légitime aujourd’hui de considérer que l’histoire du ive siècle appartient aux études byzantines. La fin chronologique est généralement fixée à la chute de Constantinople en 1453 qui marque la fin rapide de l’Empire byzantin.
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[61]
Gabriel Naude, Advis pour dresser une bibliothèque, reproduction de l’édition de 1644, Paris, aux Amateurs de Livres, 1990.
-
[62]
Robert Damien, Bibliothèque et État. Naissance d’une raison politique dans la France du xviie siècle, Paris, puf, 1995.
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[63]
Gabriel Naude, Advis pour dresser une bibliothèque…, p. 39-40
-
[64]
Gabriel NaudE, Advis pour dresser une bibliothèque…, p. 90
-
[65]
BnF, mss fr., 5172 n. acq.
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[66]
Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.
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[67]
Bibliothèque de Tours, Constantini Porphyrogeniti collectaneorum et excerptorum liberL de virtute et vitio. (mss 980).
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[68]
Ms 640, fol 88.
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[69]
Ms 640, fol 17.
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[70]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. VI, p. 504 (3 mai 1626).
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[71]
Pour Cedrenus il s’agit de l’édition accompagnée de la traduction latine de G. Xylander qui fut imprimée en 1566, in fol, à Heidelberg.
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[72]
Pseudo-Kodinos, Traité des offices, éd. J. Verpeaux, Editions du cnrs, Paris, 1966, 41-43 et 114-123. Ce livre est peut-être le traité du protocole dit du Pseudo Kodinos (traité du xive) best seller de la fin du xvie siècle dans l’Europe entière. Il présente les fonctions impériales : il donne de la cour impériale l’image d’un ordre abstrait, mis en scène selon la hiérarchie des offices. C’est le seul traité de protocole byzantin connu avant le xviiie siècle (période où fut édité le De Cerimoniis de Constantin Porphyrogénète). Il en existe de très nombreux manuscrits présents dans les bibliothèque des humanistes et dans celles des rois de France et d’Espagne (3 éditions avant celle de Goar en 1648)
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[73]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 68-69 (5 septembre 1631).
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[74]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 173 (9 avril 1631).
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[75]
Ms 640, fol 15.
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[76]
Cité par Tamizey de Larroque dans l’introduction de son ouvrage, Lettres de Peiresc, t. I.
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[77]
Alexandre Haran, le Lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux xvie et xviie siècles, Paris, Champ Vallon, Paris.
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[78]
Correspondance de Nicolas Fabri de Peiresc-A. de Rambervillers, publiée par Anne Reinbold, Paris, cnrs, 1983.
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[79]
Lettre de Rambervillers à Peiresc du 2 décembre 1620 et réponse de Peiresc du 19 décembre 1620.
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[80]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. IV, p. 383 (13 novembre 1633).
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[81]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. II, p. 640-641 (7 novembre 1633)
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[82]
Pierre Gassendi, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc…, p. 54.
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[83]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, I, p. 676-677 (21 juillet 1628) et t. IV, p. 63-64 (19 mars 1634) pour exemples.
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[84]
Lettres de Peiresc publiées par Tamizey de Larroque…, t. I, p. 32 (28 avril 1624)
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[85]
Théophile est mort à Constantinople ver 536 où il professa la jurisprudence. Il fut chargé par Justinien avec Tribonien et d’autres jurisconsultes d’élaborer les grands recueils de lois. Ses cours sont des commentaires des trois premières parties du Digestes.
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[86]
Charles-Annibal. Fabrot est né à Aix en 1580 où il devient professeur de droit puis avocat Il traduit le Théophile (1638) et publie la traduction latine des Basiliques en 1647.
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[87]
Correspondance TdL, II, p. 202, 18 novembre 1629 à Belgentier (aux frères Dupuy).
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[88]
BnF, département des manuscrits, Grec 510.