Notes
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[1]
Racine arrive à Uzès en novembre 1661 et y restera probablement jusqu’au printemps de 1663. Jean Mesnard propose cependant de situer le retour du poète à Paris plus tôt, « à la fin de l’automne 1662 ». Voir « Racine, Nicole et Lancelot », dans Jean Racine 1699-1999, éd. G. Declercq et M. Rosellini, Paris, puf, 2003, p. 337, note 3. La question de la date de son retour à Paris reste encore ouverte.
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[2]
H. Bremond, Inauguration d’une plaque rappelant le séjour que fit Racine à Uzès, en 1661 et 1662, Paris, Firmin-Didot et Cie, imprimeurs de l’Institut de France, 1929, p. 4.
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[3]
Ibid., p. 9.
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[4]
La Réponse à la lettre adressée à l’auteur des « Hérésies imaginaires » a longtemps été attribuée à Barbier d’Aucour, mais cette paternité a été mise en cause par J. Mesnard qui propose, de façon convaincante, Lancelot comme auteur de cet écrit. Voir art. cit., en particulier, p. 345-348.
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[5]
Voir, par exemple, Raymond Picard, La Carrière de Jean Racine, Paris, Gallimard, 1961, p. 122 ; Antoine Adam, Histoire de la littérature française au xviie siècle, t. 3, Paris, Domat, 1956, p. 269.
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[6]
J. Racine, Œuvres, éd. Paul Mesnard, 2e éd., t. 4, Paris, Hachette, coll. « Les Grands Écrivains de la France », 1885-1888, p. 293-294.
-
[7]
Ibid., p. 340.
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[8]
Pierre Nicole, Traité de la Comédie, éd. Laurent Thirouin, Paris, Champion, 1998, p. 80. La rédaction de cet ouvrage est présumée avoir eu lieu en 1659, c’est-à-dire qu’elle est antérieure à la polémique. Cependant, la formule de Nicole évoque directement l’idée de Racine comme si ce passage était une réponse à la critique de son élève. S’agit-il d’une pure coïncidence ? Ou bien, Nicole aurait-il remanié ou ajouté cette partie, compte tenu de l’attaque de Racine ? Ou encore, celui-ci aurait-il connu le texte de Nicole avant même la publication ?
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[9]
Voir L. Thirouin, L’Aveuglement salutaire, Paris, Champion, 1997, p. 223-230.
-
[10]
G. de Scudéry, Apologie du théâtre, Paris, Augustin Couvre, 1639, p. 1-2. Le passage est d’ailleurs cité par Jean Dubu ; voir Les Églises chrétiennes et le théâtre (1550-1850), Presses Universitaires de Grenoble, 1997, p. 31.
-
[11]
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, La Tempérance, tome deuxième, Société Saint-Jean l’Évangéliste, Desclée et Cie, Imprimeurs du Saint-Siège et de la S. Congrégation des Rites, Paris, Tounai, Rome, 1928, p. 264-265.
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[12]
Le 13 juin 1662, J. Racine, Lettres d’Uzès, éd. J. Dubu, 2e éd., Nîmes, C. Lacour, 1991, p. 83.
-
[13]
Cette lettre est reproduite par J. Dubu. Voir ibid., p. 107.
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[14]
Le 25 juillet 1662. Voir ibid., p. 100.
-
[15]
Ibid., p. 6.
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[16]
Ibid., p. 33.
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[17]
Ibid., p. 64.
-
[18]
Ibid., p. 57.
-
[19]
C’est J. Dubu qui le signale. Voir ibid., p. 59, note 20.
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[20]
Le 15 novembre 1661, à N. Vitart, ibid., p. 6. L’emploi du conditionnel passé atteste que Racine n’a pu aller à Avignon, sans doute parce qu’il n’avait pas encore son « démissoire ».
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[21]
À N. Vitart, ibid., p. 78.
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[22]
Le 15 novembre 1661, à N. Vitart, ibid., p. 7.
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[23]
Le 17 janvier 1662, à N. Vitart, ibid., p. 32-33.
-
[24]
Le 30 mai 1662, à N. Vitart, ibid., p. 73.
-
[25]
Il naquit à La Ferté-Milon le 27 septembre 1608, reçut l’habit des chanoines réguliers de Saint-Augustin le 29 septembre 1628 et, quatre ans plus tard, il fut ordonné prêtre le 18 décembre 1632. Pour tous les renseignements biographiques sur Sconin, nous nous référons à l’ouvrage de Louis Vaunois, L’Enfance et la jeunesse de Racine, Paris, Éditions Mondiales, 1964, p. 125-127, et aussi à l’article de J. Dubu, « Le R. P. Antoine Sconin et son neveu Racine », Revue d’Histoire Littéraire de la France, janvier-mars 1962, p. 1-27.
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[26]
Le passage est cité par J. Dubu dans l’art. cit. à la note précédente, p. 21. Voir aussi J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 35, note 12.
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[27]
Voir Isabelle Brian, Messieurs de Sainte-Geneviève, Paris, Cerf, 2001, p. 230-231.
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[28]
I. Brian, op. cit., p. 227.
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[29]
Voir ibid., p. 226.
-
[30]
J. Racine, Œuvres, op. cit., t. 4, p. 283.
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[31]
Ibid., p. 294.
-
[32]
Ibid., p. 309-310.
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[33]
Ibid., p. 316.
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[34]
L’année a été récemment rectifiée par Georges Forestier. Voir son Jean Racine, Gallimard, 2006, p. 80-81.
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[35]
Voir R. Picard, op. cit., p. 28-31.
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[36]
Voir J. Racine, Œuvres complètes, t. II, éd. R. Picard, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1966, p. 1066 (note 3 de la page 377).
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[37]
Le 30 mai 1662, J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 72-73.
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[38]
Rappelons que ces textes polémiques de Pascal avaient été mis à l’Index dès la première publication collective en 1657, qui remontait déjà à cinq années auparavant.
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[39]
J. Racine, Lettre aux deux apologistes de l’auteur des Hérésies imaginaires, datée du 10 mai 1666, dans Œuvres, t. 4, éd. P. Mesnard, op. cit., p. 339. Ce texte n’a jamais été publié du vivant de son auteur.
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[40]
Le 4 juillet 1662, à l’abbé Le Vasseur, J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 88.
1 Le premier septembre 1929, à l’occasion de l’inauguration d’une plaque sur la façade du pavillon dit de « Racine » à Uzès, Henri Bremond de l’Académie française rendait hommage au poète qui passa environ un an de sa jeunesse dans cet ancien évêché avant de se lancer dans la carrière que l’on connaît []. Dans ce discours, l’auteur de Racine et la poésie pure insistait sur l’idée que Racine en tant que poète était né pendant son séjour à Uzès : « Et, après l’avoir nourri pendant plus d’un an, vous nous le rendez, sinon tout changé en lui-même, [...] du moins volontairement et infailliblement orienté vers cette bienheureuse métamorphose. Le Racine de l’histoire est né à Uzès []. »
2 Pour témoigner de cette naissance, Bremond évoquait essentiellement les annotations faites par le jeune Racine sur l’Odyssée à Uzès ; à travers la lecture du poète grec, le poète français aurait découvert « l’unique splendeur d’Homère et, du même coup, la pure essence de la poésie » []. Cette image du génie qui s’éveille à la rencontre de la Grèce antique est liée, fondamentalement, à son berceau de culture qu’était Port-Royal – elle est, en cela, fidèle à l’image d’un enfant élevé et éduqué par les Messieurs de Port-Royal dont Claude Lancelot, éminent helléniste de l’époque.
3 Dans le présent article, à partir de l’examen des vingt-quatre lettres conservées d’Uzès et aussi des écrits polémiques de Racine avec ses anciens maîtres, nous nous proposons d’esquisser une autre image du poète naissant, qui complétera celle de l’enfant de Port-Royal. C’est à Uzès que s’opère effectivement chez lui « cette bienheureuse métamorphose » qui, à son retour à Paris, le détermina à s’engager entièrement dans le théâtre.
L’enjeu de la querelle des Imaginaires
4 Rappelons cependant que le début de sa carrière d’auteur dramatique ne fut pas facile ; pour s’y lancer, il devait surtout surmonter l’opposition de ses anciens maîtres ; laquelle se manifesta de manière virulente et spectaculaire en 1666 dans la querelle dite des Imaginaires.
5 Il s’agit, à l’origine, d’une polémique entre Pierre Nicole, le défenseur de Port-Royal et Desmarets de Saint-Sorlin, l’adversaire notoire des jansénistes. Pour répondre à une attaque lancée par Desmarets, Nicole publia en décembre 1665 une lettre intitulée Visionnaire, dans laquelle il condamna le théâtre et le roman en qualifiant l’auteur d’« empoisonneur public » « coupable d’une infinité d’homicides spirituels ». Or, ce passage enflamme la colère de son ancien élève, Racine, qui était en réalité complètement en dehors de la polémique. Immédiatement après la publication de la deuxième Visionnaire en janvier 1666, afin de lui répliquer, Racine publia une violente Lettre à l’auteur des Hérésies imaginaires et des deux Visionnaires sous le couvert de l’anonymat. Pour défendre la position de Nicole, deux jansénistes, Goibaud du Bois et Lancelot (ou Barbier d’Aucour) [] rédigèrent chacun une lettre contre ce jeune poète sans le nommer pour autant, et celui-ci leur répondit aussitôt en écrivant la Lettre aux deux apologistes de l’auteur des Hérésies Imaginaires que son entourage réussit à le dissuader de publier. Un an plus tard, en 1667, Racine rédigea encore un autre texte contre Nicole qu’il renonça également à publier.
6 Soulignons encore que Racine n’était pas initialement concerné par la polémique, si bien que, pour expliquer cette intervention saugrenue du jeune poète, on ne se fait pas faute d’avancer qu’il s’agissait simplement d’attirer l’attention du public pour être lu, et partant, pour mieux réussir dans sa carrière []. Et, en effet, à la première lecture des trois lettres que Racine nous laissa dans cette querelle, force est de constater que l’apologie proprement dite du théâtre y est peu développée et que son intention principale est de ridiculiser les dirigeants spirituels du monastère de Port-Royal. Néanmoins, si l’on y regarde de plus près, il appert que ces textes polémiques méritent un examen plus sérieux, dans la mesure où ils comportent des éléments révélateurs de sa position sur le théâtre. Ceux-ci apparaissent de façon à la fois concise et représentative à la fin du premier texte, le seul qui ait été publié de son vivant.
Enfin, je vous demanderais volontiers ce qu’il faut que nous lisions, si ces sortes d’ouvrages nous sont défendues. Encore faut-il que l’esprit se délasse quelquefois. Nous ne pouvons pas toujours lire vos livres ; et puis, à vous dire la vérité, vos livres ne se font plus lire comme ils faisaient. [...] Que l’on regarde tout ce que vous avez fait depuis dix ans, [...], on n’y trouve aucune chose, sinon que les propositions ne sont pas dans Jansénius. Hé ! Messieurs, demeurez-en là, ne le dites plus. Aussi bien, à vous parler franchement, nous sommes résolus d’en croire plutôt le pape et le clergé de France que vous.
Pour vous, Monsieur, qui entrez maintenant en lice contre Desmarets, nous ne refusons point de lire vos lettres. Poussez votre ennemi à toute rigueur. [...] Employez l’autorité de saint Augustin et de saint Bernard, pour le déclarer visionnaire. [...] Surtout, je vous le répète, gardez-vous bien de croire vos lettres aussi bonnes que les Lettres provinciales : ce serait une étrange vision que cela [].
7 On voit ici présentés en résumé les trois éléments essentiels qui constituent l’attaque de Racine contre son ancien maître. Le premier point concerne directement l’apologie du théâtre ; retenons cette phrase : « Encore faut-il que l’esprit se délasse quelquefois. » Vient ensuite l’invective à l’adresse de Port-Royal sur l’affaire des cinq propositions et du formulaire : « Nous sommes résolus, dit-il, d’en croire plutôt le pape et le clergé de France que vous. » Et, enfin, le troisième et dernier point consiste à alléguer Pascal contre Nicole : « Gardez-vous bien de croire vos lettres aussi bonnes que les Lettres provinciales : ce serait une étrange vision que cela. » Ces trois points qui paraissent à première vue sans rapport entre eux sont, en fait, organiquement liés dans l’esprit de Racine, si bien qu’on ne peut élucider le vrai sens de chacun d’eux qu’en les mettant ensemble dans un contexte commun qui est, justement, son séjour à Uzès.
L’apologie du théâtre chez Racine
8 Commençons par regarder de près son plaidoyer pour le théâtre. Lorsque Racine déclare qu’il faut « que l’esprit se délasse quelquefois », il affirme clairement que c’est le besoin de se divertir qui rend nécessaire l’existence de l’art dramatique ou romanesque. Or, Racine n’abandonnera pas cette position tout au cours de la polémique, puisque, dans son deuxième texte non publié, en réponse à Lancelot (ou Barbier d’Aucour) qui préconise la lecture des choses plus sérieuses que des romans, il réaffirme son opinion initiale non sans quelque ironie : « Pour moi, je n’en avais pas une idée si haute : je croyais que ces sortes d’ouvrages n’étaient bonnes que pour désennuyer l’esprit []. »
9 Comme réplique à cette position de Racine, Nicole intitule un des chapitres de son Traité de la Comédie, publié en 1667 : « La plupart de ceux qui assistent à la Comédie le font sans aucune nécessité de se délasser l’esprit » ; et dans ce chapitre, après avoir relaté le danger du divertissement en général, il condamne vigoureusement le théâtre : « Cela suffit pour condamner la plupart de ceux qui vont à la Comédie. Car il est visible qu’ils n’y vont pas pour se délasser l’esprit des occupations sérieuses [...]. Leur vie n’est qu’une vicissitude de divertissements []. »
10 On peut constater que, pour Nicole et les Messieurs de Port-Royal, c’est précisément parce que le théâtre constitue une forme du « divertissement » qu’il est dangereux. L’enjeu du débat est donc bien clair ; il consiste à savoir si l’on peut légitimer ou non le théâtre au nom du divertissement.
11 Or rappelons qu’au xviie siècle, il y a deux arguments principaux pour défendre l’art dramatique [] : l’un consiste à lui accorder une utilité morale, tandis que l’autre vise à le créditer d’une valeur d’hygiène. Le premier argument met en avant l’aspect édifiant du théâtre qui peut être considéré comme une école de vertu. C’est l’idée souvent exprimée par les défenseurs du théâtre de l’époque, comme Georges de Scudéry qui, dans son Apologie du théâtre, écrite en 1639, souligne dès le début que certains pères de l’Église nomment les poètes dramatiques « des exemples de vertu, dignes d’honneur et de louanges » et que leurs poèmes méritent « une glorieuse approbation » [].
12 C’est un argument apparemment séduisant, mais on s’aperçoit assez vite que ce genre de plaidoyer se prête mal à légitimer les pièces les plus légères comme les farces par exemple. Ce n’est, donc, qu’en reconnaissant pleinement l’utilité du divertissement pour l’hygiène mentale que la justification plus globale du théâtre peut être envisagée. C’est justement la seconde voie majeure de l’apologie, et c’est aussi le raisonnement que suit le jeune Racine. Qu’est-ce qui, alors, le détermina à prendre cette position pour le théâtre en tant que divertissement ? Cette question nous permettra de voir plus clairement le moment de la naissance du poète.
13 Il est à noter que cette pensée d’origine aristotélicienne était parvenue à la France du xviie siècle par le biais de saint Thomas d’Aquin. Dans la deuxième section de la deuxième partie (IIa-IIae) de la Somme théologique, à l’article trois de la question cent soixante-huit, on lit le passage suivant : « Le jeu est une nécessité de la vie humaine. Mais à chacune de ces nécessités peut correspondre un métier licite. Donc le métier de comédien, qui est destiné à distraire les hommes, n’est pas illicite en soi, et ceux qui l’exercent ne vivent pas en état de péché []. » La phrase de Racine – « Encore faut-il que l’esprit se délasse quelquefois » – peut être considérée comme une autre manière d’exprimer l’idée de saint Thomas contenue dans des propositions telles que « le jeu est une nécessité (pour la conduite) de la vie humaine » (ludus est necessarius ad conversationem humanae vitae), ou « le métier de comédien [...] est destiné à distraire les hommes » (officium histrionum [...] ordinatur ad solatium hominibus exhibendum).
14 Molière ne défend pas autrement sa pièce lorsque la Compagnie du Saint-Sacrement s’en prend à son Tartuffe. Simplement, alors que chez Molière la dimension moralisatrice du théâtre n’est pas totalement absente – par exemple, son Premier placet présenté au Roi sur la Comédie du Tartuffe en 1664 commence par une définition de la comédie qui consiste à « corriger les hommes en les divertissant » –, dans les écrits de Racine, cet aspect édifiant n’entre pas dans l’argumentation. Le jeune tragique se range, donc, du côté du théâtre-divertissement, encore plus radicalement que le grand comique. Mais ce qu’il faut surtout retenir ici, c’est que, si l’accusation contre le théâtre lancée par Nicole vient directement de saint Augustin, son ancien élève réagit sous l’égide de saint Thomas. Que signifie cette opposition ? De façon significative, l’affaire des cinq propositions nous aidera à répondre à cette question.
Le jansénisme et racine à Uzès
15 Dans les écrits polémiques de Racine, nous avons relevé qu’il s’efforçait de discréditer Port-Royal en faisant allusion aux cinq propositions condamnées par Rome. Étant donné que la querelle de Nicole et de Desmarets a pour origine la publication de l’Apologie pour les religieuses de Port-Royal, entreprise par Nicole, on comprend aisément que Racine saisisse ce sujet pour ridiculiser son ancien maître. Néanmoins, l’affaire semble trop sérieuse pour être considérée simplement comme une occasion de raillerie de la part d’un jeune auteur ambitieux. Dans le passage cité, après l’allusion à la condamnation par Rome, Racine déclare qu’il est résolu « d’en croire plutôt le pape et le clergé de France ». Le jeune poète qui revendique la légitimité du théâtre se montre, ainsi, résolument fidèle à l’Église. C’est parce que, loin d’être un événement de circonstance, l’affaire des « cinq propositions » est un épisode qu’il a vécu et qui le ramène directement au moment où, tout en étudiant la théologie de saint Thomas, il se destina à être auteur dramatique à part entière.
16 C’est, donc, à Uzès qu’il vécut ce moment important juste avant le lancement dans sa carrière à Paris. La raison de son départ pour Uzès est bien connue : il espérait obtenir un bénéfice ecclésiastique en comptant sur l’aide de son oncle maternel Antoine Sconin qui était vicaire général et official du diocèse, c’est-à-dire, le deuxième dignitaire après l’évêque. Or il est à retenir que c’est précisément pendant son séjour à Uzès que la signature du formulaire fut prescrite à tous les ecclésiastiques. Alors qu’il ne subsiste malheureusement pas de lettre de Racine évoquant directement cette affaire, il fait allusion plusieurs fois au jansénisme ou à Port-Royal. Il en est ainsi du passage suivant d’une lettre adressée à son cousin, Nicolas Vitart, qui était très proche de Port-Royal :
Nous avons un religieux qu’on dit être un Janséniste couvert : je connais le bonhomme, et je puis dire sans le flatter, qu’il ne sait pas encore seulement l’état de la question. Son sous-prieur le déféra à M. l’Évêque, lequel appela mon Oncle, et lui dit avec beaucoup d’empressement qu’il voulait l’interroger et en être le juge seul, sans que le Prévôt ni le chapitre s’en mêlassent. Mon Oncle lui dit froidement qu’il l’interrogeât, mais que ce bon Religieux ne savait pas seulement comme je vous ai dit ce que c’était du Jansénisme [].
17 Il y a surtout deux points à retenir ici ; d’abord, cet épisode qu’on peut considérer comme une chasse aux jansénistes était probablement lié à la prescription de la signature du formulaire ; puis, à travers ce passage, on voit bien que l’oncle de Racine faisait une entière confiance à son neveu à tel point que celui-ci pouvait comprendre parfaitement la situation délicate de son oncle vis-à-vis de l’évêque.
18 En 1661, l’année où Racine retrouva son oncle à Uzès, Louis XIV reprit personnellement la lutte contre les jansénistes après la mort de Mazarin survenue le 9 mars ; par la promulgation le 23 avril d’un arrêt du Conseil d’État, il réitéra l’obligation impérieuse de la signature d’un formulaire désavouant les thèses de l’Augustinus. Or, sans doute, l’interrogation d’un religieux que raconte le passage cité de Racine découlait-elle directement de ce dernier arrêt, car, dans une lettre de l’évêque d’Uzès, adressée à l’agent général du Clergé de France le 15 août 1662, c’est-à-dire deux mois après l’épisode de l’interrogation, l’évêque signale qu’il « envoie une signature très authentique de tout (son) clergé séculier et régulier au formulaire de la profession de foi dressé par l’assemblée du clergé []. » Par ailleurs, un mois avant cet envoi, toujours à son cousin Vitart, Racine rapportait encore un autre événement lié au jansénisme :
Depuis quelques semaines, le bruit avait couru en ce pays que M. d’Uzès serait Archevêque de Paris, et j’ai vu une de ses lettres où il mandait lui-même à mon Oncle que le Roi avait jeté la vue sur lui, et en avait parlé en des termes fort obligeants. Mais nous avons su que c’était M. de Rodez. On dit que le Jansénisme est étrangement menacé [].
19 L’année 1662 est une année pivot pour l’affaire de Port-Royal. Le cardinal de Retz qui était archevêque de Paris depuis 1654 doit renoncer au siège, et son successeur, Pierre de Marca, archevêque de Toulouse, meurt soudainement le 29 juin sans avoir reçu ses bulles d’installation. Louis XIV nomme alors son ancien précepteur Hardouin de Péréfixe, évêque de Rodez, qui n’obtiendra les bulles du Saint-Siège que quelque deux ans plus tard. Or, si l’on songe que Marca était l’auteur même du formulaire et que Péréfixe, dès son installation en avril 1664, exercera des mesures de rigueur sur les religieuses de Port-Royal, on peut estimer l’importance du choix de ces personnalités. La menace dont parle Racine dans cette lettre est, donc, bien réelle et le sort que subira Port-Royal y est clairement prédit. Il est pourtant bien surprenant qu’un simple candidat-bénéficier prévoie avec perspicacité la répercussion de cette nomination. Comment expliquer cette familiarité de Racine avec les affaires des hauts dignitaires de l’Église ? Il n’y a qu’une explication possible ; c’est que sa relation avec son oncle était suffisamment étroite pour qu’il fût mis au courant de tout ce qui se passait autour de l’évêque. Or cette relation étroite de nos deux protagonistes mérite d’être examinée de près, d’autant que les lettres de Racine montrent qu’il suivait fidèlement le programme des lectures donné par son oncle, et on peut parler ici avec certitude d’une formation ecclésiastique.
La formation du jeune poète et saint Thomas
20 En effet, bien qu’il soit impossible de restituer exactement le programme d’études qui était proposé à Racine par son oncle, dans les lettres conservées d’Uzès, on peut relever quelques indices révélateurs. En premier lieu s’impose le mot « démissoire » qu’on trouve au total trois fois. Le mot apparaît déjà dans une des toutes premières lettres qu’il écrit à Nicolas Vitart, qui est comme lui originaire de La Ferté-Milon en Picardie. Dès son arrivée à Uzès, le 15 novembre 1661, Racine lui rapporte que son oncle « est fort fâché de ce qu’(il) n’(a) pas apporté de Démissoire » [] ; et il rappelle encore à son cousin le 17 janvier 1662 qu’ « (il) (attend) toujours un démissoire » []. C’est donc Nicolas Vitart qui se charge de l’envoi de ce document que Racine obtient enfin en mai 1662 ; dans la lettre datée du 16 mai, ce dernier remercie son cousin « de la peine qu’(il a) prise de (lui) envoyer un démissoire » []. Mais quel est ce document que Racine tient absolument à se procurer ? Qu’y a-t-il de significatif dans cette persévérance ?
21 Pour le mot « démissoire » (dimissoire), Furetière donne la définition suivante : « Lettre que donne un prélat à son diocésain pour pouvoir prendre valablement la tonsure, ou quelque autre Ordre Ecclésiastique par un autre prélat étant en la communion de l’Église Romaine. » Ce document est, donc, nécessaire pour ceux qui aspirent à recevoir les ordres d’un autre évêque que celui de leur lieu de naissance ; Racine qui était originaire de la Ferté-Milon dans le diocèse de Soissons en aurait eu besoin pour son ordination dans le diocèse d’Uzès.
22 Envisageait-il de recevoir simplement les ordres mineurs ou d’aller jusqu’à la prêtrise ? Sans pouvoir trancher la question, nous pouvons du moins considérer désormais comme acquis le sérieux de la formation ecclésiastique que suivit Racine à Uzès, comme le montrent, du reste, d’autres indices éparpillés dans ses lettres. Il parle, par exemple, du commencement de son « noviciat » le 30 avril 1662, et dans la même lettre, il dit qu’il « passe(ra) volontiers par-dessus toutes ces considérations d’habit noir et d’habit blanc » []. Cette dernière mention atteste clairement qu’il pouvait songer à obtenir un bénéfice en devenant prêtre séculier ou moine bénédictin (habit noir) ou encore chanoine génovéfain (habit blanc) []. On peut encore évoquer le mot « tonsure » qu’il écrit au total deux fois dans ses lettres ; dès son arrivée, son oncle « (l’) aurait déjà mené à Avignon pour y prendre la tonsure » [], et dans la lettre du 6 juin 1662 il dit encore que son oncle « est résolu de (le) mener un de ces jours à Nîmes ou à Avignon pour (le) faire tonsurer » []. Retenons encore les passages suivants qui sont particulièrement significatifs de la confiance réciproque de l’oncle et du neveu et du zèle avec lequel ce dernier suit le programme d’études imposé par le premier :
Mon Oncle veut m’acheter des livres, et il veut que j’étudie. Je ne demande pas mieux, [...]. Il est bien aise que j’apprenne un peu de Théologie dans saint Thomas, et j’en suis tombé d’accord fort volontiers. Enfin, je m’accorde le plus aisément du monde à tout ce qu’il veut. Il est d’un naturel fort doux et il me témoigne toutes les tendresses possibles [].
Je passe tout le temps avec mon oncle, avec saint Thomas et avec Virgile (...). Mon Oncle a toute sorte de bons desseins pour moi [].
Pour le P. Sconin, il est sans mentir fort sage et fort habile homme, peu moine, et grand Théologien [].
23 Mais quel est cet ecclésiastique qui semble avoir joué un rôle important dans la vie du jeune candidat-bénéficier ? Quinquagénaire, lorsque Racine le retrouva à Uzès [], Sconin était chanoine régulier de la congrégation de Sainte-Geneviève au sein de laquelle il avait fait une carrière tout à fait impressionnante. En effet, après avoir été prieur de Saint-Quentin-lès-Beauvais de 1643 à 1647, il fut appelé à Paris pour être sous-prieur et maître des novices et finit par être élu abbé de l’Abbaye royale de Sainte-Geneviève, donc, supérieur général de la congrégation en 1650, poste qu’il occupa jusqu’à son départ pour la cathédrale d’Uzès en 1653.
24 Notons que l’époque où Sconin joua le rôle de dirigeant dans cette institution coïncide en partie avec celle des péripéties liées au jansénisme. Les chanoines réguliers étant tenus de suivre la règle de saint Augustin, les génovéfains ne pouvaient certainement pas être indifférents au soupçon d’hérésie qui pesait sur un nouveau mouvement se réclamant de l’augustinisme. Aussi l’une des premières décisions de l’abbé Sconin concerna-t-elle justement le jansénisme ; sous son généralat en 1650, le chapitre général « a déclaré et fait expresses défenses à tous les religieux de la Congrégation, de lire Jansénius et ordonné que, dans les écoles de théologie, sera enseigné saint Thomas tout pur » []. Cette défense de la lecture de Jansénius fut proclamée trois ans avant sa condamnation par le pape Innocent X : réaction, donc, très rapide à l’expansion de cette nouvelle « hérésie ». Retenons de plus que, dans cette déclaration, saint Thomas est présenté comme un rectificateur de toute déviation de la doctrine et que, au sein de la congrégation, cette fidélité au thomisme est sans cesse rappelée tout au long du xviie siècle [].
25 Dans les lettres de Racine, saint Thomas est évoqué précisément lorsque le futur poète dramatique parle de son oncle et de ses études ; c’est que, ancien maître des novices, ancien supérieur général de la congrégation de Sainte-Geneviève, Antoine Sconin a vraisemblablement donné à son neveu un programme d’études calqué sur le modèle de l’institution à laquelle il appartenait. Par ailleurs, il convient de préciser ici que, pour les génovéfains, les études constituaient une vocation particulière, étant considérées comme « garantes de l’union des esprits et de l’authenticité de la vie religieuse » [] ; et soulignons encore que, dans le programme de leurs collèges, ils préconisaient les arts d’agrément et les exercices du corps, suivant en cela l’exemple bien connu des collèges jésuites []. Sconin était sans aucun doute un directeur spirituel exigeant quant aux études, mais en revanche, à l’égard du théâtre, il n’avait certainement pas la même sévérité que les jansénistes.
26 À son retour à Paris, pour défendre l’art dramatique contre ses anciens maîtres de Port-Royal, Racine s’appuiera sur la conception thomiste de cet art. Sans doute est-il permis d’y voir l’empreinte de ses études théologiques à Uzès, d’autant que l’autorité de saint Thomas devait servir de garant de l’orthodoxie de sa foi envers l’Église ; autrement dit, pour l’auteur dramatique débutant qu’était Racine, le théâtre ne représentait aucunement une forme de trahison par rapport à l’autorité spirituelle. C’est cette fidélité qui est soulignée dans ses écrits polémiques quand il déclare clairement qu’il est résolu « d’en croire plutôt le pape et le clergé de France ».
les provinciales et Racine
27 Comme preuve du lien entre le candidat-bénéficier à Uzès et le jeune auteur dramatique à Paris, il nous reste encore à examiner le dernier des trois éléments essentiels que nous avons relevés dans les écrits polémiques de Racine en 1666 ; c’est l’allusion aux Provinciales de Pascal. Pour critiquer Nicole, en effet, Racine commence et finit sa Lettre à l’auteur des Hérésies imaginaires et des deux Visionnaires par la comparaison des deux auteurs :
Je remarquais que vous prétendiez prendre la place de l’auteur des Petites Lettres, mais je remarquais en même temps que vous étiez beaucoup au-dessous de lui et qu’il y avait une grande différence entre une Provinciale et une Imaginaire [].
Je vois bien que vous voulez attraper ce genre d’écrire : l’enjouement de M. Pascal a plus servi à votre parti que tout le sérieux de M. Arnauld. Mais cet enjouement n’est point du tout votre caractère [].
28 Le dénigrement de celui que Racine prend à partie est mis en relief par la louange de l’auteur des Provinciales. Mais reste à savoir sur quel plan le poète compare ces deux auteurs. La réponse à cette interrogation nous sera donnée par ses adversaires ; d’abord, Philippe Goibaud du Bois qui reprend le propos avancé par Racine : « Vous dites à l’auteur des Imaginaires qu’il a affecté le style des Provinciales » [] ; ensuite, Lancelot (ou Barbier d’Aucour) qui reconnaît les qualités de l’ouvrage de Pascal : « Il est certain que les Petites Lettres sont inimitables. Il y a des grâces, des finesses, des délicatesses qu’on ne saurait assez admirer []. » Après ces remarques stylistiques, tous les deux répliquent à leur adversaire que la comparaison n’a pas de sens du moment que le sujet traité est différent. Ils ont, donc, très bien vu que chez le jeune poète, la comparaison consistait moins dans le sujet même que dans le style ; ce que Racine apprécie dans les Provinciales, c’est avant tout l’originalité du langage.
29 Or cette appréciation que Racine porte sur le chef-d’œuvre de Pascal atteste la dette de l’auteur dramatique envers le grand polémiste. La première lettre de Racine qui nous soit parvenue date du 26 janvier 1658 [] ; élève en classe de philosophie au collège d’Harcourt à Paris, il avait tout juste dix-huit ans. Dans cette lettre, il décrit à Arnauld d’Andilly le « catéchisme » antijanséniste auquel il a assisté dans l’église Saint-Louis, c’est-à-dire, l’église des jésuites. La scène du catéchisme y est décrite de telle manière que le ridicule soit naturellement perçu par le lecteur à travers une présentation apparemment objective des personnages : on reconnaît par là que c’est un beau « pastiche » de la méthode employée par Pascal dans ses Provinciales []. On peut, certes, regarder cette lettre comme un simple exercice de style d’autant que l’ancien élève des Petites Écoles en aurait eu le texte à traduire en latin comme exercice de thème []. Mais l’influence des Provinciales sur le jeune poète dépasse largement un simple souvenir d’écolier et représente un des éléments constitutifs de son langage dramatique à venir. Une fois de plus, c’est dans les Lettres d’Uzès qu’on en trouve le témoignage ; lisons ce passage d’une lettre adressée à Nicolas Vitart :
Je ne vous prie plus de m’envoyer des Lettres Provinciales. On nous les a prêtées ici, [...]. Elles sont peu connues mais beaucoup estimées de ceux qui les connaissent. Tous les autres écrits de cette nature sont venus pour la plupart en ce pays, jusques aux Nouvelles Méthodes. Tout le monde a les Plaidoyers de M. le Maistre [].
30 Quand on sait que Racine devait toute sa formation aux langues anciennes et étrangères – le grec en premier lieu – à ces manuels, « Nouvelles Méthodes », écrits par Lancelot, et, quant à l’autre monsieur de Port-Royal, Antoine Le Maître, on sait aussi qu’il témoignait au jeune Racine une telle affection qu’il l’appelait « (son) fils », on peut, alors, mesurer l’importance de la mention des Provinciales à cet endroit ; en effet, l’ouvrage de Pascal figure avant les écrits de ses maîtres qu’il devait lire et relire à plusieurs reprises. Manifestement, même éloigné de la capitale, le jeune poète cherchait d’abord à se délecter du style et de la manière des Provinciales []. Or ce régal intellectuel de Racine fait certainement partie intégrante de sa formation d’auteur dramatique, comme le prouve le passage suivant qu’il adressa en guise de réplique à ses adversaires de Port-Royal lors de la querelle des Imaginaires :
Et vous semble-t-il que les Lettres provinciales soient autre chose que des comédies ? Dites-moi, Messieurs, qu’est-ce qui se passe dans les comédies ? On y joue un valet fourbe, un bourgeois avare, un marquis extravagant, et tout ce qu’il y a dans le monde de plus digne de risée. J’avoue que le Provincial a mieux choisi ses personnages : (...). Combien de rôles leur fait-il jouer ! Tantôt il amène un Jésuite bonhomme, tantôt un Jésuite méchant, et toujours un Jésuite ridicule. Le monde en a ri pendant quelque temps et le plus austère Janséniste aurait cru trahir la vérité que de n’en pas rire [].
31 N’est-ce pas avec l’œil d’un auteur dramatique que Racine révèle cet aspect essentiel des Provinciales, dont l’originalité consiste à représenter un théâtre imaginaire chez le lecteur ?
32 Dans une des dernières lettres d’Uzès, après avoir avoué sa déception au sujet d’un bénéfice escompté, Racine parle à son ami parisien d’un projet littéraire qui est, justement, une pièce de théâtre : « Je cherche quelque sujet de Théâtre, et je serais assez disposé à y travailler []. » Il est vrai que, même avant son départ pour Uzès, Racine avait déjà manifesté sa vocation pour le théâtre notamment avec son premier essai intitulé Amasie en 1660, malheureusement perdu aujourd’hui. Mais, c’est certainement vers la période où il écrivait cette lettre qu’il se destina, de façon plus déterminée, à être auteur dramatique à part entière. C’est ce que confirment, en tout cas, les textes polémiques que Racine écrira quelques années plus tard contre ses anciens maîtres en intervenant dans la querelle des Imaginaires ; sa position sur le théâtre cautionné par Thomas d’Aquin, sa fidélité affirmée envers l’autorité ecclésiastique, le style de Pascal comme modèle exemplaire, ce sont autant d’éléments qu’on trouve déjà dans ses lettres d’Uzès et qui réapparaissent dans un contexte tout à fait différent au moment de sa querelle avec Nicole en 1666, l’année qui précède d’un an la création triomphale d’Andromaque.
33 Aussi est-il permis d’affirmer avec Bremond que « le Racine de l’histoire est né à Uzès » et d’y ajouter que l’enfant de Port-Royal est aussi l’enfant d’Uzès, la ville qui orienta l’éclosion de son génie dramatique.
Notes
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[1]
Racine arrive à Uzès en novembre 1661 et y restera probablement jusqu’au printemps de 1663. Jean Mesnard propose cependant de situer le retour du poète à Paris plus tôt, « à la fin de l’automne 1662 ». Voir « Racine, Nicole et Lancelot », dans Jean Racine 1699-1999, éd. G. Declercq et M. Rosellini, Paris, puf, 2003, p. 337, note 3. La question de la date de son retour à Paris reste encore ouverte.
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[2]
H. Bremond, Inauguration d’une plaque rappelant le séjour que fit Racine à Uzès, en 1661 et 1662, Paris, Firmin-Didot et Cie, imprimeurs de l’Institut de France, 1929, p. 4.
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[3]
Ibid., p. 9.
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[4]
La Réponse à la lettre adressée à l’auteur des « Hérésies imaginaires » a longtemps été attribuée à Barbier d’Aucour, mais cette paternité a été mise en cause par J. Mesnard qui propose, de façon convaincante, Lancelot comme auteur de cet écrit. Voir art. cit., en particulier, p. 345-348.
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[5]
Voir, par exemple, Raymond Picard, La Carrière de Jean Racine, Paris, Gallimard, 1961, p. 122 ; Antoine Adam, Histoire de la littérature française au xviie siècle, t. 3, Paris, Domat, 1956, p. 269.
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[6]
J. Racine, Œuvres, éd. Paul Mesnard, 2e éd., t. 4, Paris, Hachette, coll. « Les Grands Écrivains de la France », 1885-1888, p. 293-294.
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[7]
Ibid., p. 340.
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[8]
Pierre Nicole, Traité de la Comédie, éd. Laurent Thirouin, Paris, Champion, 1998, p. 80. La rédaction de cet ouvrage est présumée avoir eu lieu en 1659, c’est-à-dire qu’elle est antérieure à la polémique. Cependant, la formule de Nicole évoque directement l’idée de Racine comme si ce passage était une réponse à la critique de son élève. S’agit-il d’une pure coïncidence ? Ou bien, Nicole aurait-il remanié ou ajouté cette partie, compte tenu de l’attaque de Racine ? Ou encore, celui-ci aurait-il connu le texte de Nicole avant même la publication ?
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[9]
Voir L. Thirouin, L’Aveuglement salutaire, Paris, Champion, 1997, p. 223-230.
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[10]
G. de Scudéry, Apologie du théâtre, Paris, Augustin Couvre, 1639, p. 1-2. Le passage est d’ailleurs cité par Jean Dubu ; voir Les Églises chrétiennes et le théâtre (1550-1850), Presses Universitaires de Grenoble, 1997, p. 31.
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[11]
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, La Tempérance, tome deuxième, Société Saint-Jean l’Évangéliste, Desclée et Cie, Imprimeurs du Saint-Siège et de la S. Congrégation des Rites, Paris, Tounai, Rome, 1928, p. 264-265.
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[12]
Le 13 juin 1662, J. Racine, Lettres d’Uzès, éd. J. Dubu, 2e éd., Nîmes, C. Lacour, 1991, p. 83.
-
[13]
Cette lettre est reproduite par J. Dubu. Voir ibid., p. 107.
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[14]
Le 25 juillet 1662. Voir ibid., p. 100.
-
[15]
Ibid., p. 6.
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[16]
Ibid., p. 33.
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[17]
Ibid., p. 64.
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[18]
Ibid., p. 57.
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[19]
C’est J. Dubu qui le signale. Voir ibid., p. 59, note 20.
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[20]
Le 15 novembre 1661, à N. Vitart, ibid., p. 6. L’emploi du conditionnel passé atteste que Racine n’a pu aller à Avignon, sans doute parce qu’il n’avait pas encore son « démissoire ».
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[21]
À N. Vitart, ibid., p. 78.
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[22]
Le 15 novembre 1661, à N. Vitart, ibid., p. 7.
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[23]
Le 17 janvier 1662, à N. Vitart, ibid., p. 32-33.
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[24]
Le 30 mai 1662, à N. Vitart, ibid., p. 73.
-
[25]
Il naquit à La Ferté-Milon le 27 septembre 1608, reçut l’habit des chanoines réguliers de Saint-Augustin le 29 septembre 1628 et, quatre ans plus tard, il fut ordonné prêtre le 18 décembre 1632. Pour tous les renseignements biographiques sur Sconin, nous nous référons à l’ouvrage de Louis Vaunois, L’Enfance et la jeunesse de Racine, Paris, Éditions Mondiales, 1964, p. 125-127, et aussi à l’article de J. Dubu, « Le R. P. Antoine Sconin et son neveu Racine », Revue d’Histoire Littéraire de la France, janvier-mars 1962, p. 1-27.
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[26]
Le passage est cité par J. Dubu dans l’art. cit. à la note précédente, p. 21. Voir aussi J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 35, note 12.
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[27]
Voir Isabelle Brian, Messieurs de Sainte-Geneviève, Paris, Cerf, 2001, p. 230-231.
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[28]
I. Brian, op. cit., p. 227.
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[29]
Voir ibid., p. 226.
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[30]
J. Racine, Œuvres, op. cit., t. 4, p. 283.
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[31]
Ibid., p. 294.
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[32]
Ibid., p. 309-310.
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[33]
Ibid., p. 316.
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[34]
L’année a été récemment rectifiée par Georges Forestier. Voir son Jean Racine, Gallimard, 2006, p. 80-81.
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[35]
Voir R. Picard, op. cit., p. 28-31.
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[36]
Voir J. Racine, Œuvres complètes, t. II, éd. R. Picard, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1966, p. 1066 (note 3 de la page 377).
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[37]
Le 30 mai 1662, J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 72-73.
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[38]
Rappelons que ces textes polémiques de Pascal avaient été mis à l’Index dès la première publication collective en 1657, qui remontait déjà à cinq années auparavant.
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[39]
J. Racine, Lettre aux deux apologistes de l’auteur des Hérésies imaginaires, datée du 10 mai 1666, dans Œuvres, t. 4, éd. P. Mesnard, op. cit., p. 339. Ce texte n’a jamais été publié du vivant de son auteur.
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[40]
Le 4 juillet 1662, à l’abbé Le Vasseur, J. Racine, Lettres d’Uzès, op. cit., p. 88.