Notes
-
[1]
Voir, notamment, Paul Watzlawick, La réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication, Paris : Seuil, 1978 ; Id. (dir.), L’invention de la réalité. Contributions au constructivisme, Paris : Seuil, 1988.
-
[2]
Voir Jean-Louis Le Moigne, Les épistémologies constructivistes, Paris : PUF, 2012 ; Id., Le constructivisme, t. 1, Les enracinements, 2001 ; t. 2, Épistémologie de l’interdisciplinarité, 2002 ; t. 3, Modéliser pour comprendre, Paris : L’Harmattan, 2003.
-
[3]
Ernst von Glaserfeld, Radical Constructivism: A Way of Knowing and Learning, Londres : The Falmer Press, 1995.
-
[4]
Niklas Luhmann, Das Recht der Gesellschaft [Le droit de la société, 1993], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1995 ; Gunther Teubner, Le droit, un système autopoïétique, Paris : PUF, 1993.
-
[5]
Niklas Luhmann, Die Wissenschaft der Gesellschaft [La science de la société, 1990], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1998 ; Id., Soziologische Aufklärung 5. Konstruktivische Perspektiven [Lumières sociologiques 5. Perspectives constructivistes, 1990], Wiesbaden : VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2009 ; Claudio Baraldi, Giancarlo Corsi et Elena Esposito, Glossar zu Niklas Luhmanns Theorie sozialer Systeme [Glossaire de la théorie des systèmes sociaux de Niklas Luhmann], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1999, p. 100 et suiv. ; Oliver Jarhaus, Armin Nassehi et al., Luhmann Handbuch. Leben-Werk-Wirkung [Manuel Luhmann. Vie-Œuvre-Influence], Stuttgart : Metzler, 2012, p. 327 et suiv.
-
[6]
Helmut Hoping, Einführung in die Christologie, Darmstadt : WBG, 2010, p. 9.
-
[7]
Niklas Luhmann, Die Gesellschaft der Gesellschaft [La société de la société, 1997], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1998, p. 1096 et suiv.
-
[8]
Hugues Rabault, « L’illusion de la réalité : la construction sociale de la réalité par les médias de masse », Droit et Société, 62, 2006, p. 276-291, republié dans Id., Un monde sans réalité ? En compagnie de Niklas Luhmann : épistémologie, politique et droit, Québec : Presses de l’Université Laval, 2012, p. 57 et suiv.
-
[9]
Postface à Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, Paris : Diaphanes, 2012, p. 174.
-
[10]
Danilo Martuccelli, Sociologies de la modernité, Paris : Gallimard, 1999, p. 142-184.
-
[11]
D’après les dictionnaires, notamment le Robert.
-
[12]
La psychologie collective est alors analysée comme distincte de la psychologie individuelle. Le collectif n’est plus simplement identifié à l’addition de psychismes individuels. Les travaux scientifiques influencent la politique concrète. Sigmund Freud, dans un texte fameux, partant des écrits de Gustave Le Bon, traite de la suggestion et de l’hypnose comme instruments de la « constitution libidinale des masses ». Voir Sigmund Freud, Massenpsychologie und Ich-Analyse [1921], Frankfurt/Main : Fischer, 1993, p. 78.
-
[13]
Carl Schmitt, « Weiterentwicklung des totalen Staats in Deutschland » [1933], in Id., Verfassungsrechtliche Aufsätze aus den Jahren 1924-1954. Materialien zu einer Verfassungslehre, Berlin : Duncker & Humblot, 1985, p. 359-365. Ce texte préconise la prise de contrôle des médias de masse par l’État, sur le modèle fasciste italien. Voir Hugues Rabault, « Carl Schmitt et l’influence fasciste. Relire la “Théorie de la constitution” », Revue française de droit constitutionnel, 88, 2011, p. 709-732.
-
[14]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 7.
-
[15]
Pierre Bourdieu, Sur la télévision suivi de L’emprise du journalisme, Paris : Raisons d’Agir, 2008, p. 5-8.
-
[16]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 11.
-
[17]
Ibid., p. 104.
-
[18]
Ibid., p. 91.
-
[19]
Ibid., p. 92.
-
[20]
Ibid., p. 118.
-
[21]
Ibid., p. 125.
-
[22]
Ibid., p. 100.
-
[23]
Ibid., p. 103.
-
[24]
On résume ici, Niklas Luhmann, Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 595 et suiv.
-
[25]
Ibid., p. 634 et suiv.
-
[26]
Ibid., p. 663 et suiv.
-
[27]
Ibid., p. 678 et suiv.
-
[28]
Id., La réalité des médias de masse, op. cit., p. 89 et suiv.
-
[29]
Ibid., p. 68. C’est ce qui explique la publicité : « il n’existe plus de couche sociale supérieure convaincante ». La publicité devient la référence pour le bon goût, elle nous dit comment nous vêtir, nous nourrir, etc.
-
[30]
Id., Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 893 et suiv.
-
[31]
Id., Die Politik der Gesellschaft [La politique de la société], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 2000, p. 266 et suiv.
-
[32]
Ibid., p. 274 et suiv.
-
[33]
Id., Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 866 et suiv.
-
[34]
Id., La réalité des médias de masse, op. cit., p. 115.
-
[35]
Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme [1848], Paris : GF-Flammarion, 1998.
-
[36]
Niklas Luhmann, Die Wissenschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 392 et suiv. Voir Hugues Rabault, Un monde sans réalité ?, op. cit., p. 30 et suiv.
-
[37]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 56.
-
[38]
Ibid., p. 41 et suiv.
-
[39]
Ibid., p. 65 et suiv.
-
[40]
Ibid., p. 73 et suiv.
-
[41]
Ibid., p. 65.
-
[42]
Ibid., p. 78.
-
[43]
Ibid., p. 49.
-
[44]
Ibid., p. 68.
-
[45]
Ibid., p. 105.
-
[46]
Ibid., p. 133-134.
-
[47]
Ibid., p. 135.
-
[48]
Ibid., p. 139.
-
[49]
Ibid., p. 9.
-
[50]
Ibid., p. 121.
-
[51]
Ibid., p. 124.
-
[52]
Ibid., p. 148.
-
[53]
Ibid., p. 126.
-
[54]
Ibid., p. 124.
-
[55]
Ibid., p. 126.
-
[56]
Ibid., p. 127.
À propos de…
■ Luhmann Niklas, La réalité des médias de masse [traduction par Flavien Le Bouter], Paris : Diaphanes, 2012, 199 p.
1 Nous vivons dans un monde dont au moins une large part est non donnée mais construite [1]. Ce thème a été développé par un courant épistémologique [2] désigné par la notion de constructivisme radical [3]. L’approche constructiviste est particulièrement appropriée à un domaine tel que celui de la sociologie du droit. Les concepts juridiques ne correspondent pas à une réalité observable au sens des sciences de la nature, selon des protocoles empiriques, à travers un microscope ou un télescope. Le système juridique est une illustration probante de l’idée d’une réalité construite, d’une réalité artificielle, de ce que Luhmann appelle un système « autopoïétique » [4].
2 Niklas Luhmann rattache son épistémologie au constructivisme, même s’il préfère spécifier le sens de son approche par la notion de « constructivisme opérationnel » [5]. Nous disposons à présent en langue française de la meilleure introduction possible à la sociologie de Niklas Luhmann à travers son livre intitulé La réalité des médias de masse. La traduction, que l’on doit à Flavien Le Bouter, philosophe et chercheur en Allemagne, est particulièrement fluide et rend la lecture aisée. Ce livre fut pour Luhmann un petit succès de librairie. Paru en 1995, c’est l’un des derniers ouvrages édités du vivant de l’auteur. Il permet d’appréhender l’ensemble de l’approche de Luhmann. De même que Thomas d’Aquin a pu énoncer que la christologie est la théologie en réduction (compendium theologiae [6]), la sociologie des médias de masse de Niklas Luhmann représente une forme concentrée de son système théorique.
3 À première vue, le livre relève d’un domaine précis de la sociologie, à savoir, répétons-le, la sociologie des médias de masse. Mais la théorie des médias de masse qu’y développe Luhmann ne peut être distinguée de l’ensemble de son système sociologique. Implicitement, on se trouve renvoyé au chapitre conclusif de La société de la société consacré aux « autodescriptions » de la société [7]. De surcroît, l’ouvrage comporte aussi les éléments fondamentaux de l’épistémologie de Luhmann. L’auteur de ces lignes avait chroniqué une réédition de la version allemande et avait résumé la théorie des médias de masse de Luhmann [8]. Dans cette chronique, il s’agira d’en approfondir la dimension épistémologique. Comme le remarque Flavien Le Bouter : « Nous sommes ici clairement dans une perspective constructiviste qui dépasse la simple thèse courante selon laquelle les médias de masse déformeraient la réalité [9]. » Comme en témoigne le titre du livre, son enjeu est de décrire la façon dont la réalité est fabriquée par les médias de masse.
4 Recommandons donc au public francophone la lecture stimulante de La réalité des médias de masse. Le texte est complété d’une postface et d’un glossaire du traducteur, très utiles pour introduire au système de Luhmann. Après avoir évoqué le phénomène des médias de masse comme caractéristique de la modernité (I), nous présenterons l’explication dispensée par Niklas Luhmann en évoquant le problème de la différenciation sociale fonctionnelle (II) et celui de la construction sociale de la réalité (III).
I. Modernité du problème des médias de masse
5 Niklas Luhmann est un sociologue de la modernité [10]. Selon lui, nous vivons dans un monde qui n’est pas plus vrai, mais entièrement différent du monde des hommes de l’Antiquité, du Moyen Âge ou de la Renaissance. Ce qu’ignoraient nos prédécesseurs, en particulier, ce sont les médias de masse, les journaux, la radiodiffusion et la télévision. Quelle est la fonction sociale des médias de masse ? On dispose de diverses hypothèses en la matière. Dans la tradition issue du XIXe siècle libéral, les médias de masse ont un rôle déterminant en termes de formation de l’opinion publique. Selon une telle interprétation, les médias de masse constituent un pilier de la société démocratique, au sens où ils fournissent à la société civile des données relatives à la réalité. À travers une méthodologie déterminée, les médias de masse permettent au citoyen, au membre de la société politique, de connaître, d’une part, les données relatives au réel et, d’autre part, le spectre des opinions possibles. La méthodologie du journalisme repose donc sur deux principes essentiels : l’objectivité (les informations doivent être vérifiées) et la neutralité (le journaliste doit présenter les diverses opinions possibles). Cette représentation, issue du XIXe siècle, se reflète dans la construction politique de la société, notamment au plan constitutionnel. La liberté d’opinion, d’expression, de manifestation, en un mot les grandes libertés politiques constitutionnelles, sont destinées à faire de la société le lieu de la discussion, de la formation d’une opinion publique, ce qui exige des citoyens éclairés et informés. Éclairer et informer les citoyens, telle est la fonction des médias de masse selon cette conception, héritée, répétons-le, du libéralisme du XIXe siècle.
6 Ce contexte explique le développement des journaux au XIXe siècle et le rôle fondamental qui leur est attribué. Parallèlement s’observe la critique des médias de masse à travers la distinction information/propagande. La notion de propagande, qui vient du lexique de l’Église catholique, est transposée à la politique dès la Révolution française [11]. Cela implique une double acception. D’un point de vue positif, la propagande consiste à diffuser les bonnes doctrines, à éclairer le peuple. D’un point de vue négatif, elle constitue une manipulation qui entrave la libre formation de l’opinion publique. Le conflit entre libéralisme et antilibéralisme se reflète dans la théorie de l’utilisation des médias de masse. Au début du XXe siècle, la psychologie et la sociologie mettent en évidence le rôle du conditionnement collectif par les médias de masse. L’opinion publique n’est alors plus le produit d’un processus spontané, mais elle peut être forgée. La réflexion autour de ces thèmes est le fait non seulement des intellectuels [12], mais aussi des leaders politiques tels que Lénine, Mussolini ou Goebbels. Ceux-ci développent une conception où l’utilisation politique des médias de masse permet de modifier la réalité politique, de transformer la société, de forger l’homme nouveau. Or l’idée d’une utilisation consciente des médias de masse ne doit pas ici être conçue comme forcément négative. Le conditionnement des masses est considéré comme le moyen de réaliser des objectifs politiques. Les différentes polarités antilibérales mettent en avant l’utilisation des médias de masse, soit dans un sens révolutionnaire, soit dans un sens autoritaire. C’est ainsi que s’explique l’idée de la nécessité d’un contrôle étatique des médias de masse, qui constitua une doctrine très répandue à partir de la Première Guerre mondiale [13]. On sait qu’en droit public français on distingua, après la Seconde Guerre mondiale, le statut juridique de la presse écrite, régi par un principe de liberté issu de la loi de 1881, et celui de la radio- et de la télédiffusion placées sous un contrôle étatique poussé. Cette distinction ne s’estompa que dans les années 1980.
7 Tout cela explique que, selon la terminologie de Luhmann, le « soupçon de manipulation » fasse partie intégrante de la sémantique des médias de masse : « Nous considérons par avance tout ce savoir comme douteux [14]. » On ne manquera pas d’établir un lien entre la sociologie des médias de masse de Pierre Bourdieu et celle de Niklas Luhmann. Chez Pierre Bourdieu cependant, la télévision est en quelque sorte pervertie au plan politique. Elle « fait courir un danger », elle contribue à la « xénophobie » et autres « passions primaires », alors qu’elle « aurait pu devenir un extraordinaire instrument de démocratie directe » [15]. Selon Luhmann, il convient plutôt de se concentrer sur la fonction sociale effective des médias de masse. Pour Luhmann, les médias de masse ont pour fonction de construire la réalité comme « illusion transcendantale » [16]. Cependant l’illusion doit ici être entendue comme construction. Cette illusion ne saurait être démasquée car : « cela présupposerait qu’il existe, par-delà l’illusion, une réalité sur laquelle on pourrait agir » [17]. Les médias de masse correspondent à une nécessité, ils caractérisent la société fonctionnellement différenciée. C’est parce que, dans la modernité, ni la théologie ni la science ne garantissent la consistance de la réalité, qu’elles sont remplacées par les médias de masse, dont la fonction est de constituer l’imaginaire d’une réalité commune. Mais il n’est pas question d’endoctrinement. Il ne s’agit que d’une « réalité d’arrière-plan qui peut servir de point de départ, on peut s’en détacher et se singulariser en exprimant ses opinions personnelles, en faisant des prévisions pour l’avenir, en affichant ses prédilections, etc. » [18]. On peut parler d’une « culture quotidienne latente » [19], qui fait office de réalité commune à l’ensemble de la société. « L’“innocence” sociale des médias de masse, leur caractère inoffensif, se fonde sur le fait qu’ils ne contraignent personne » [20] : « les médias de masse génèrent certes une réalité, mais non une réalité tenue au consensus » [21].
8 Surtout, les médias de masse induisent l’« autodescription » de la société comme agrégat d’individualités, d’êtres humains, d’hommes : « les nouvelles et les reportages présupposent que les individus sont des observateurs cognitivement intéressés » [22]. « Cet homme [l’individu construit par les médias de masse] est “intéressé” par l’information, et même dépendant de l’information dans les choses importantes de la vie : il faut donc qu’il soit informé [23]. » Les médias de masse manifestent donc une théorie de la société, une « autodescription » de la modernité, une véritable sémantique. Ils nous disent qui nous sommes. C’est ainsi que nous sommes à la fois décrits et produits par cette « autodescription » sociale que constituent les médias de masse.
II. La différenciation sociale fonctionnelle
9 Le problème posé par les médias de masse du point de vue de la sociologie, selon Niklas Luhmann, est celui de leur fonction sociale. Il s’agit de comprendre ce qui, dans la société contemporaine, explique ce phénomène totalement nouveau, inconnu, répétons-le, de l’Antiquité, du Moyen Âge ou de la Renaissance. La thèse centrale de la sociologie de Niklas Luhmann peut être résumée par la notion de différenciation fonctionnelle [24]. Selon Luhmann, la modernité se distingue des étapes antérieures de l’évolution sociale par ce processus. Luhmann distingue plusieurs types de structure sociale. La structure sociale peut être segmentaire [25], comme dans le monde des primitifs, où les groupes sociaux sont relativement isolés. La distinction centre/périphérie [26] correspond aux empires, romain, chinois ou autres, à la distinction d’avec les barbares. Enfin, la société stratifiée [27] désigne notamment la civilisation européenne qui se développe à partir de la Renaissance, avec la société des ordres puis l’État absolutiste. Dans de telles sociétés, les médias de masse n’existent pas. C’est pourquoi leur surgissement, au XIXe siècle [28], semble répondre au traitement d’un problème particulier dans le contexte d’une structure sociale de forme inédite.
10 Ce problème est celui de la construction sociale de la réalité. Dans la théorie de Luhmann, la société, pour traiter la relation à son environnement, construit une sémantique, un système, pour ainsi dire, de concepts et de préceptes. Dans la société primitive, la question de la réalité est traitée à travers les mythes. De sorte, par exemple, que chaque ethnie dispose de sa propre réalité construite, de son système d’explications. Avec la complexification de la société, la sémantique doit s’adapter, elle évolue, bifurque, etc. L’empire romain tardif présente un exemple frappant où une diversité de sémantiques coexistent, les conceptions grecques traditionnelles, avec notamment la théorie du temps cyclique des stoïciens, l’eschatologie chrétienne, les mythes gnostiques, etc.
11 Mais limitons-nous à ce dont nous sommes issus, à savoir la société que Luhmann qualifie de stratifiée. Dans ce type de société, qui correspond, pour simplifier, à l’État absolutiste du Xviie siècle, tous les problèmes peuvent être référés à la hiérarchie sociale [29]. Cela vaut pour la question de la morale, celle de l’esthétique ou de la vérité. Dans tous les cas, il existe une structure sociale qui incarne le traitement d’un problème, l’aristocratie, les clercs, etc. Tout cela se traduit par une sémantique relativement unifiée. Cette sémantique explique aussi l’idée traditionnelle de réalité, à savoir le thème de l’ontologie classique [30].
12 Selon Luhmann, la structure de la société contemporaine ne correspond plus à cette sémantique traditionnelle. Au XIXe siècle surgissent des problèmes nouveaux. Ces problèmes connaissent des manifestations variées. L’une des expressions en est le parlementarisme. Celui-ci correspond à la diversification des sémantiques et à leur coexistence. À partir de la période des Grandes Révolutions, l’idée naît que le parlement doit être le miroir de la société. C’est ainsi qu’apparaissent les partis politiques [31], les techniques de suffrage, l’idée d’opinion publique [32], etc. Les anciennes institutions représentatives, les diètes et états provinciaux ou généraux, correspondaient à une autre conception de la représentation. La société était alors conçue comme divisée par ses fonctions, c’est-à-dire qu’elle demeurait unifiée par sa hiérarchie. La notion de partis, par exemple à l’époque de la Fronde, correspond à une situation de guerre civile. La nouveauté du XIXe siècle est la coexistence des partis, des opinions et des idéologies, ou, dans les termes de Luhmann, des sémantiques. Marx et Engels, à travers la notion d’idéologie, veulent montrer le conflit à l’intérieur de la société. Avec la notion de conscience de classe, le marxisme décrit la coexistence de sémantiques antagonistes. Les libéraux, qui voient le parlementarisme comme une solution à ce problème, mettent au centre de leur conception la notion de discussion. On doit se résoudre à la pluralité des sémantiques, mais on peut proposer une solution procédurale. Dans le vocabulaire philosophique du XIXe siècle surgit une notion qui aura un succès considérable, le concept de « vision du monde ». La société implique des visions du monde et non plus une ontologie unifiée.
13 Cette situation est-elle nouvelle ? L’émergence de ce problème semble dater de la Réforme. Mais, comme on sait, la Réforme ne correspond nullement à l’idée d’une coexistence, au sein de la société, des diverses religions. Bien au contraire, la règle juridique cujus regio, ejus religio opère un partage territorial, de nature segmentaire. La période des Grandes Révolutions résout donc le problème religieux de façon originale, à travers l’idée d’une coexistence des Églises, d’une neutralité de l’État vis-à-vis de la religion. La nouveauté de la situation peut donc se laisser décrire par l’idée d’une diffraction au sein de la sémantique. Luhmann analyse la sémantique comme « autodescription » de la société [33]. La modernité se caractérise donc précisément par une « autodescription » singulière, parce qu’elle admet la pluralité des « autodescriptions » au sein de la société. C’est ainsi que l’on peut aborder la thèse principale de l’œuvre de Luhmann. Étudiant la sémantique de la société, Luhmann aboutit au constat que diverses sémantiques coexistent et que ces sémantiques correspondent à la coexistence de ce qu’il appelle des « systèmes sociaux ». Dans ce que l’on peut désigner comme son cycle des systèmes sociaux, Luhmann propose une explication englobante de ce phénomène social. Celle-ci peut être synthétisée par la notion de différenciation sociale fonctionnelle.
14 La notion de différenciation est classique en sociologie. Pour exprimer l’originalité de son approche, Luhmann utilise le concept d’« Ausdifferenzierung ». Par ce concept, il entend que partant de l’idée de société, la différenciation s’opère à l’intérieur de la société, par un processus évolutif interne. On ne peut identifier de cause précise, d’explication ontologique simple, concernant la différenciation sociale. Il ne s’agit pas d’une division du travail au sens d’Adam Smith ou de Durkheim. Cette différenciation se traduit par la coexistence de systèmes fonctionnels. Ces systèmes sont clos, ce qui veut dire qu’ils impliquent une « autodescription » propre, et c’est ce qui explique la coexistence des sémantiques. Pour revenir au niveau de l’observation empirique, il suffit de constater que, dans la société contemporaine, différentes problématiques coexistent qui ne se laissent jamais complètement coordonner. La politique traite de la question de la décision collective, la science de la vérité, le droit de la légalité, l’art de l’esthétique, la religion de la transcendance, etc. On dispose ici de sémantiques qui ne peuvent être réunifiées.
15 Ce problème sémantique a-t-il existé auparavant ? On peut poser l’hypothèse que tel n’est pas le cas. Dans la société stratifiée, à la fin du Moyen Âge par exemple, domine l’idée d’une unification sémantique par la théologie, par « l’omniprésence d’un Dieu observant simultanément tous les temps » [34]. Luhmann dit qu’alors Dieu est l’observateur absolu. Dieu est en somme l’horizon qui garantit l’unité de la réalité. Bien sûr, cela n’interdit pas, comme on sait, les querelles d’écoles. Mais toutes les écoles sont d’accord, pour ainsi dire, sur l’objectif d’unité, de même qu’à l’époque de la Réforme tous les partis prétendent à la vérité. La Somme théologique de Thomas d’Aquin (1273) est une illustration singulièrement probante de cette volonté d’unification de la sémantique. Le concept de justice est décliné dans les divers domaines de la sémantique : la morale, le droit, l’économie, etc. C’est ainsi que la théologie apparaît comme la science des sciences, la science suprême, la clef de voûte de la sémantique de l’Occident. Bien sûr, à partir du moment où dans la société coexistent les croyants et les athées, cette solution ne peut plus fonctionner.
16 Une autre voie a pu consister, au XIXe siècle, à postuler que la science pouvait constituer la solution unificatrice. C’est ce que l’on peut appeler la sémantique du scientisme naïf. Pour exprimer les choses de façon triviale, c’est l’idée que la science pourrait mettre toutes les parties en présence d’accord. Dans une telle conception, la science assumerait la mission autrefois dévolue à la théologie. En vérité, cette conception existe dans la société. Mais selon Luhmann, elle relève de l’« autodescription » de la science. En pratique, par exemple, l’affirmation d’une vérité scientifique ne suffit pas à clore un débat au parlement. De même, dans la procédure juridique, le juge ne peut écarter la loi au nom de la science. C’est pourquoi le scientisme naïf se leurre en imaginant que la science, comme dans le positivisme d’Auguste Comte [35], pourrait remplacer la théologie. Luhmann propose, en quelque sorte, un scientisme éclairé, qui admet que la science est condamnée à demeurer une sémantique partielle au sein de la société, et dont l’achèvement épistémologique serait la connaissance de ses propres limites [36].
III. La construction de la réalité par les médias de masse
17 Les médias de masse, nous le savons, n’ont pas pour objet de formuler une vérité de type scientifique. « À la différence de ce qui se passe en sciences, l’information n’est pas réfléchie de telle sorte que, avant que la vérité ne soit affirmée, on puisse établir avec véracité que la fausseté peut être exclue [37]. » Chaque scientifique dans son domaine s’en rend bien compte, les données retranscrites par les médias de masse apparaissent toujours approximatives, biaisées, etc. Le journaliste est souvent décrit comme l’éternel incompétent, qui parle de tout sans connaître rien. Et pourtant, dans la société contemporaine, on ne saurait se passer des médias de masse. C’est cette situation qui exige une explication scientifique. Ajoutons que, selon Luhmann, les médias de masse ne consistent pas exclusivement en la diffusion des nouvelles. Luhmann distingue trois domaines, « les nouvelles et les reportages » [38], la « publicité » [39] et le « divertissement » [40]. La théorie de la fonction sociale des médias de masse doit englober tous ces aspects. Pour Niklas Luhmann, la publicité n’est pas, en termes de fonction sociale, inférieure aux nouvelles et reportages. Elle s’en distingue d’un point de vue sémantique. Il est pour ainsi dire convenu que « la publicité cherche à manipuler », qu’« elle ne travaille pas avec sincérité » [41]. Mais alors que les nouvelles et reportages diffusent une « information » sur le monde, la publicité est l’expression du « bon goût », elle fournit une « information » sur la façon dont on doit se vêtir ou occuper son temps libre, sur les objets dont on peut faire l’acquisition, etc. De sorte que la publicité ne contribue pas moins que les nouvelles et les reportages à la construction de la réalité sociale. Elle contribue en particulier à la construction de l’esthétique commune. Le même style d’analyse est mis en œuvre pour le « divertissement », la téléréalité, les jeux, qui dans la société contemporaine constituent le « roman moderne » [42], c’est-à-dire un imaginaire commun.
18 Ce qui retient cependant davantage l’attention est le domaine, qui affecte le style du sérieux, quand il ne s’agit pas du tragique, des « nouvelles et reportages ». Ici, Luhmann montre que les médias de masse ne fonctionnent pas en transmettant l’information, mais en la fabriquant. Il y a une sélection et une thématisation poussées de l’information. L’environnement, les relations internationales, l’économie, la culture, etc., sont les thèmes qui permettent la construction d’une réalité commune. Cette réalité commune est une sémantique, ce qui explique qu’elle ne saurait exister sans une telle thématisation. Luhmann montre qu’il ne s’agit donc pas d’articuler un discours relatif à un réel, mais de construire l’illusion d’une réalité commune, qui manque à l’individu isolé dans son existence quotidienne. Luhmann insiste notamment sur la connotation puissamment morale de l’information formulée par les « nouvelles et reportages ». Les médias de masse mettent l’accent sur le scandale, les crimes, la corruption, etc. Il s’agit de créer l’ambiance morale de la société, c’est-à-dire en d’autres termes, un monde moral commun. Le code sémantique fondamental produit par les médias de masse est « la différence entre le bon et le mal (ou mauvais) agir ». « En ce sens, les médias de masse ont une fonction importante de maintien et de reproduction de la morale. » On a affaire à un « discours moralisateur qui n’est pas adossé à des obligations contrôlables » [43]. Les médias nous disent ce qui est bien et ce qui est mal, mais sans endosser la fonction de garantir le respect des normes sociales.
19 C’est pourquoi les médias de masse remplissent, dans la société contemporaine, une fonction à laquelle ont pu prétendre la théologie ou la science – notamment dans la mesure où la théologie se concevait comme la science de la science –, à savoir la production et la garantie du contenu sémantique correspondant à l’idée d’une réalité commune. L’explication sociologique de ce phénomène tient au fait qu’en vertu de l’évolution sociale évoquée plus haut, à savoir la différenciation sociale, aujourd’hui « il n’existe plus de couche sociale supérieure » [44]. C’est, pour ainsi dire, la déhiérachisation au sein de la société qui explique la fonction sociale des médias de masse. Celle-ci est le produit, par exemple, du fait que l’aristocratie n’incarne plus comme autrefois le monopole du goût. De même, les clercs n’assument plus le monopole de la vérité. Dès lors que le bon goût ne peut plus être référé à une structure sociale particulière, la publicité est amenée à remplacer cette dernière. De même, la science dispense toujours la vérité, mais dans une société fonctionnellement différenciée la vérité scientifique est réduite au caractère d’une sémantique partielle. La vérité des scientifiques n’est accessible qu’à ces derniers. La théorie de la relativité générale, par exemple, ne dégage tous ses effets en termes de vérité que parmi les spécialistes de la physique. La science n’est pas en mesure de constituer la réalité commune à l’ensemble de la société. Aussi les médias de masse sont-ils chargés de la vulgarisation scientifique, c’est-à-dire d’une réduction de la complexité de la science permettant de la transformer en une vérité simplifiée, trivialisée pour ainsi dire, et susceptible d’être partagée.
20 Le problème traité par les médias de masse est donc celui de « la construction de la réalité du monde moderne ». Les médias de masse forment une sorte de relais entre divers champs de la sémantique sociale, en particulier, d’une part, le champ cognitif et, d’autre part, le champ normatif. Pour ce qui est du domaine cognitif, « le système de la science ne peut, à lui seul, garantir à la société l’établissement de la réalité » [45]. De même, le droit, dans la société contemporaine, est-il autonomisé, distinct de la morale, et ne peut être largement partagé. Cela explique que les médias de masse soient apparus au XIXe siècle, pour exercer une fonction vacante. La science et le droit sont les domaines typiques de ces sémantiques différenciées, qui ne peuvent constituer la réalité commune.
À la différence du système fonctionnel des médias de masse, la science peut être spécialisée dans des gains cognitifs, c’est-à-dire dans des processus d’apprentissage sociétaux, alors que le système juridique se charge de l’ordonnancement des attentes normatives qui sont maintenues contrefactuellement et sont dans cette mesure rétives à l’apprentissage. La répartition cognitive ou normative selon la science et le droit ne peut pourtant jamais satisfaire la totalité du besoin d’orientation de la communication sociétale. Dans les cas normaux, la communication sociétale ne se fonde ni sur la science ni sur le droit. Mais dans la société mondiale moderne, elle ne peut pas non plus être laissée au savoir quotidien local qui n’est connu que dans un espace très étroit. Par conséquent, il semble que la fonction des médias de masse soit de pallier ce besoin qui n’est spécifié ni cognitivement, ni normativement. Les médias de masse garantissent à tous les systèmes fonctionnels un présent étendu à toute la société et connu de tous les individus, qui peut servir de point de départ lorsqu’il importe de sélectionner un passé spécifique au système et de déterminer des attentes envers l’avenir qui sont importantes pour le système [46].
22 En somme, les médias de masse ne déforment pas une réalité existante, mais constituent un monde d’objets communs : « C’est grâce au système des médias de masse que de tels objets “existent” pour la société moderne [47]. » Cette fonction est assumée de manière innocente et nécessaire : « certes, les médias de masse ne prétendent pas à l’exclusivité de la construction de la réalité » [48]. Le problème traité de la réalité des médias de masse correspond ainsi à un double aspect. « On peut parler de la réalité des médias de masse en un double sens […]. La réalité des médias de masse, leur réalité réelle pourrait-on dire, réside dans leurs opérations propres [49]. » D’une part, les médias de masse produisent la représentation d’un monde commun, une réalité imaginaire pour ainsi dire. D’autre part, les médias de masse fonctionnent, ils ont une réalité opérationnelle indiscutable. On peut toujours critiquer les médias de masse, les dénoncer, cela ne les empêche pas de fonctionner selon leurs routines, et même d’intégrer la critique. La critique des médias de masse n’a guère plus d’effets que la critique de l’art moderne, voire même la critique de la physique. Telle est la réalité profonde des médias de masse : ils fonctionnent.
Conclusion
23 À la fin de son parcours sociologique, Niklas Luhmann en arrive donc à une conclusion ironique. Le scientifique peut toujours s’évertuer à comprendre la réalité, celle-ci relève en définitive, dans la société moderne, du journalisme. Or les raisons de ce constat résultent de l’épistémologie la plus élevée. Le problème consiste dans l’inexistence de cette réalité objective qui est au cœur de l’objectif scientifique dans la tradition occidentale. La science contemporaine est encore à la recherche d’essences, dans la filiation de Platon, d’Aristote ou de la théologie médiévale. Elle reste programmée par la maxime méthodologique de l’adaequatio rei et intellectus. On peut concevoir éventuellement, abstraction faite d’ailleurs de la mécanique quantique, de telles essences dans le domaine de la physique. Mais pour ce qui est de la société, le principe de l’adaequatio rei et intellectus est encore plus difficile à tenir. Le blocage qui surgit est celui de la sémantique : la science relative à la société ne peut être conçue que comme « autodescription » de la société elle-même. Le problème, comme on sait, est celui du sujet, dont on ne sait plus trop qui il est, s’il est individuel ou collectif, etc. La science devient une manière complexe de réflexion de la sémantique sur elle-même.
24 On peut conclure que si la réalité ne peut être observée de façon stricte, au sens de l’empirisme, on peut observer la manière dont elle est construite. Certes : « Toute théorie constructiviste (et la nôtre ne fait pas exception) doit répondre à l’objection selon laquelle elle ne rend pas compte de la réalité [50]. » Le problème est celui de l’accès à une telle réalité extérieure. Les « théories de la connaissance qui se réfèrent au sujet […] avaient déjà parlé de l’inaccessibilité d’un monde extérieur ». Mais elles « avaient échoué sur le problème de la multiplicité des sujets » [51]. À travers son « constructivisme opérationnel », Luhmann propose de substituer à la notion de sujet celle de système : « Un tel problème ne se pose plus si on passe à une théorie de la connaissance radicalement constructiviste [52]. » Dans la théorie classique de la connaissance, c’est le « système cognitif, qu’on nomme alors “sujet” » [53]. Cependant, le système, notamment au plan cognitif, n’est pas en contact direct avec une réalité extérieure : « le constructivisme opérationnel se fonde sur la récursivité des opérations propres au système » [54]. Toutefois, « aucun système cognitif ne peut renoncer à supposer la réalité » [55]. La réalité doit donc être construite et peut l’être de diverses manières, comme vérité scientifique, dogmatique ou autre : « La distinction d’un monde qui n’est pas tenu au consensus et qui peut se configurer individuellement pourrait constituer une […] solution à ce problème ; et cela semble être précisément la solution qu’offrent et que diffusent les médias de masse [56]. »
Notes
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[1]
Voir, notamment, Paul Watzlawick, La réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication, Paris : Seuil, 1978 ; Id. (dir.), L’invention de la réalité. Contributions au constructivisme, Paris : Seuil, 1988.
-
[2]
Voir Jean-Louis Le Moigne, Les épistémologies constructivistes, Paris : PUF, 2012 ; Id., Le constructivisme, t. 1, Les enracinements, 2001 ; t. 2, Épistémologie de l’interdisciplinarité, 2002 ; t. 3, Modéliser pour comprendre, Paris : L’Harmattan, 2003.
-
[3]
Ernst von Glaserfeld, Radical Constructivism: A Way of Knowing and Learning, Londres : The Falmer Press, 1995.
-
[4]
Niklas Luhmann, Das Recht der Gesellschaft [Le droit de la société, 1993], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1995 ; Gunther Teubner, Le droit, un système autopoïétique, Paris : PUF, 1993.
-
[5]
Niklas Luhmann, Die Wissenschaft der Gesellschaft [La science de la société, 1990], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1998 ; Id., Soziologische Aufklärung 5. Konstruktivische Perspektiven [Lumières sociologiques 5. Perspectives constructivistes, 1990], Wiesbaden : VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2009 ; Claudio Baraldi, Giancarlo Corsi et Elena Esposito, Glossar zu Niklas Luhmanns Theorie sozialer Systeme [Glossaire de la théorie des systèmes sociaux de Niklas Luhmann], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1999, p. 100 et suiv. ; Oliver Jarhaus, Armin Nassehi et al., Luhmann Handbuch. Leben-Werk-Wirkung [Manuel Luhmann. Vie-Œuvre-Influence], Stuttgart : Metzler, 2012, p. 327 et suiv.
-
[6]
Helmut Hoping, Einführung in die Christologie, Darmstadt : WBG, 2010, p. 9.
-
[7]
Niklas Luhmann, Die Gesellschaft der Gesellschaft [La société de la société, 1997], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 1998, p. 1096 et suiv.
-
[8]
Hugues Rabault, « L’illusion de la réalité : la construction sociale de la réalité par les médias de masse », Droit et Société, 62, 2006, p. 276-291, republié dans Id., Un monde sans réalité ? En compagnie de Niklas Luhmann : épistémologie, politique et droit, Québec : Presses de l’Université Laval, 2012, p. 57 et suiv.
-
[9]
Postface à Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, Paris : Diaphanes, 2012, p. 174.
-
[10]
Danilo Martuccelli, Sociologies de la modernité, Paris : Gallimard, 1999, p. 142-184.
-
[11]
D’après les dictionnaires, notamment le Robert.
-
[12]
La psychologie collective est alors analysée comme distincte de la psychologie individuelle. Le collectif n’est plus simplement identifié à l’addition de psychismes individuels. Les travaux scientifiques influencent la politique concrète. Sigmund Freud, dans un texte fameux, partant des écrits de Gustave Le Bon, traite de la suggestion et de l’hypnose comme instruments de la « constitution libidinale des masses ». Voir Sigmund Freud, Massenpsychologie und Ich-Analyse [1921], Frankfurt/Main : Fischer, 1993, p. 78.
-
[13]
Carl Schmitt, « Weiterentwicklung des totalen Staats in Deutschland » [1933], in Id., Verfassungsrechtliche Aufsätze aus den Jahren 1924-1954. Materialien zu einer Verfassungslehre, Berlin : Duncker & Humblot, 1985, p. 359-365. Ce texte préconise la prise de contrôle des médias de masse par l’État, sur le modèle fasciste italien. Voir Hugues Rabault, « Carl Schmitt et l’influence fasciste. Relire la “Théorie de la constitution” », Revue française de droit constitutionnel, 88, 2011, p. 709-732.
-
[14]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 7.
-
[15]
Pierre Bourdieu, Sur la télévision suivi de L’emprise du journalisme, Paris : Raisons d’Agir, 2008, p. 5-8.
-
[16]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 11.
-
[17]
Ibid., p. 104.
-
[18]
Ibid., p. 91.
-
[19]
Ibid., p. 92.
-
[20]
Ibid., p. 118.
-
[21]
Ibid., p. 125.
-
[22]
Ibid., p. 100.
-
[23]
Ibid., p. 103.
-
[24]
On résume ici, Niklas Luhmann, Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 595 et suiv.
-
[25]
Ibid., p. 634 et suiv.
-
[26]
Ibid., p. 663 et suiv.
-
[27]
Ibid., p. 678 et suiv.
-
[28]
Id., La réalité des médias de masse, op. cit., p. 89 et suiv.
-
[29]
Ibid., p. 68. C’est ce qui explique la publicité : « il n’existe plus de couche sociale supérieure convaincante ». La publicité devient la référence pour le bon goût, elle nous dit comment nous vêtir, nous nourrir, etc.
-
[30]
Id., Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 893 et suiv.
-
[31]
Id., Die Politik der Gesellschaft [La politique de la société], Frankfurt/Main : Suhrkamp, 2000, p. 266 et suiv.
-
[32]
Ibid., p. 274 et suiv.
-
[33]
Id., Die Gesellschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 866 et suiv.
-
[34]
Id., La réalité des médias de masse, op. cit., p. 115.
-
[35]
Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme [1848], Paris : GF-Flammarion, 1998.
-
[36]
Niklas Luhmann, Die Wissenschaft der Gesellschaft, op. cit., p. 392 et suiv. Voir Hugues Rabault, Un monde sans réalité ?, op. cit., p. 30 et suiv.
-
[37]
Niklas Luhmann, La réalité des médias de masse, op. cit., p. 56.
-
[38]
Ibid., p. 41 et suiv.
-
[39]
Ibid., p. 65 et suiv.
-
[40]
Ibid., p. 73 et suiv.
-
[41]
Ibid., p. 65.
-
[42]
Ibid., p. 78.
-
[43]
Ibid., p. 49.
-
[44]
Ibid., p. 68.
-
[45]
Ibid., p. 105.
-
[46]
Ibid., p. 133-134.
-
[47]
Ibid., p. 135.
-
[48]
Ibid., p. 139.
-
[49]
Ibid., p. 9.
-
[50]
Ibid., p. 121.
-
[51]
Ibid., p. 124.
-
[52]
Ibid., p. 148.
-
[53]
Ibid., p. 126.
-
[54]
Ibid., p. 124.
-
[55]
Ibid., p. 126.
-
[56]
Ibid., p. 127.