La phrase placée ici en exergue, tirée de son livre Le Régime démocratique et le droit civil moderne dit bien le sens de l’entreprise de Georges Ripert, du moins à partir de la seconde moitié des années 1930. Après tout, le droit n’est que « l’art de conduire les hommes ». Mais si Ripert cherche à faire de la politique, il s’agit bien de la faire en juriste, plus exactement une politique de civiliste – ce n’est pas un hasard si son adversaire récurrent dans ces textes est un civiliste « mineur » comme Emmanuel Lévy. Et faire de la politique en juriste civiliste, signifie avant tout de la faire au nom du Droit. À la différence du sociologue, le juriste ne constate pas les faits, il dirige et ordonne ces faits à travers les règles, ou du moins il indique comment le faire, pour le maintien de l’ordre et la paix dans une société. Ainsi, lorsqu’il écrit que « la science juridique n’admet ni les doctrines ni les partisans », il ne tombe nullement en contradiction avec ses affirmations précédentes, encore moins cherche-t-il à « cacher » ses intentions : il entend marquer le régime spécifique de cette politique. Elle se différencie, par exemple, de la politique du législateur, une distinction qui passe justement par le type de discours juridique qu’ils mobilisent respectivement – « le droit, pour le juriste, c’est tout autre chose » dira-t-il. En effet, « les conceptions juridiques ont une force logique à laquelle il est difficile d’échapper ». C’est pourquoi il va se servir souvent d…