À première vue, rien n’appelle le monde frivole du jeu à rejoindre la gravité et le sérieux qui règnent dans le monde du droit. Malgré cela, de savants docteurs se sont amusés depuis longtemps à pointer des rapprochements entre ces deux secteurs de l’activité humaine que tout semblait séparer. Mais se sont-ils vraiment « amusés » ? Le recours à l’analogie n’est jamais exempt de quelque mystère. S’agit-il de se livrer à un jeu de l’esprit ou faut-il imputer le goût des métaphores ludiques à quelque volonté pédagogique destinée à éclaircir certaines zones de pénombre d’une discipline à grands enjeux pratiques ? Si l’on cherche à savoir dans quelle mesure la considération simultanée du droit et du jeu peut présenter un intérêt quelconque pour un juriste – par exemple lui apprendre quelque chose à propos de sa propre discipline – il semble de bonne méthode de délaisser les trop vastes champs des synthèses ambitieuses au profit d’une question beaucoup plus étroitement circonscrite. Dans les lignes qui suivent, il s’agira seulement de se demander dans quelle mesure la notion de « règle », évidemment centrale dans les deux mondes ludique et juridique, peut s’éclairer d’un croisement de leurs perspectives.
Même étroite, cette interrogation n’est pas l’expression d’une fantaisie plus ou moins subite ou la manifestation d’une curiosité aussi arbitraire que subjective. Elle est le résultat de la perplexité dans laquelle nous plonge la consultation de textes de droit positif et la lecture de nombre d’ouvrages, les uns théorisant, les autres non, où l’on voit apparaître ce que les juristes théoriciens et praticiens appellent « règle »…
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