S’interroger sur l’ingérence à partir de la théorie du droit de Fichte revient à démontrer pourquoi l’idée aujourd’hui si prisée d’un « droit d’ingérence » est rigoureusement impossible dans le cadre de son élaboration conceptuelle. Avant que de déployer les raisons qui rendent cette idée littéralement insensée dans la théorie fichtéenne du droit, il convient au préalable de rappeler que l’ingérence, qui se définit comme intervention non consentie dans un espace donné (c’est-à-dire littéralement comme intrusion), peut s’entendre de deux manières : la première renvoie à l’ingérence entre états et marque le moment où un état ou une association d’états décide d’intervenir dans les affaires d’un autre pour des raisons le plus souvent considérées comme humanitaires. Dans ce cas, le problème philosophique posé par la notion d’ingérence est celui de sa compatibilité avec la notion de souveraineté et d’indépendance des états. Ce syntagme de droit d’ingérence, même s’il ne devient véritablement populaire qu’à partir des années 1970, puise ses racines dans une longue histoire philosophique et juridique, dans ce que, par exemple, Antoine Rougié, au début du xxe siècle, appelait la « théorie d’intervention d’humanité », ou encore dans ce que les penseurs médiévaux qualifiaient de « guerre juste ». Mais la notion d’ingérence doit également s’entendre comme intrusion de l’état dans une sphère qui n’était pas de l’ordre de ses prérogatives initiales, telle la sphère privée de l’individu ou la sphère délimitée d’une association…
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