On connaît bien la représentation de l’esclave qu’avaient les juristes de l’Empire romain dans leurs ouvrages didactiques. Entre optimisme et pessimisme, et indépendamment de toute formalisation, le servus s’y appréhende surtout, d’après la doctrine moderne, comme un être-objet privé de droits, conception défendue de longue date par T. Mommsen, développée par H. Lévy-Bruhl et radicalisée par la littérature marxiste. Cette vision sera combattue par W. W. Buckland et plus récemment par J. C. Dumont. Et, même s’il faut admettre que cette conception stricte est très discutable, il n’en reste pas moins que l’esclave se définirait avant tout par un ensemble de mesures incontestables établissant son incapacité légale et son exclusion en tant qu’acteur ou bénéficiaire de la législation civile. Il ne peut accéder à la propriété, être créancier ou avoir des dettes, ester en justice ou témoigner (sauf sous la torture), ni tester ou recevoir une succession. En outre, il ne peut contracter mariage et fonder une familia, l’union servile n’étant pas un justum matrimonium mais une cohabitation de fait contubernium.
Mais surtout, l’esclavage implique la domination d’un individu par un autre et la possibilité pour le second d’être propriétaire – dominus – du premier. En effet, s’il est un trait fondamental de l’esclavage romain, c’est bien que tous les esclaves sans exception, et ce quelles que soient leurs réelles conditions d’existence, sont dépendants d’un maître dont ils intègrent le patrimoin…
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