Il y a bien des raisons de songer à la conquête espagnole des Indes lorsque l’on réfléchit sur le thème de la guerre. Cette conquête fut un cauchemard de cruautés s’étendant sur des décennies, caractérisée par une quantité de massacres, par la réduction des Indiens en esclavage, et s’est soldée par l’extermination de millions d’Indiens. Guerre, donc, sans nobles batailles rangées ni ingénieux mouvements de troupes, guerre constituée de ce que l’aveugle et insensé Arès porte dans ses flancs – pour reprendre une formule d’Homère – la très antique aptitude de l’homme civilisé à se comporter joyeusement de la façon la plus abjecte. Dans l’un de ses ouvrages paru en 1552, la Très brève relation de la destruction des Indes, livre insoutenable entièrement dédié aux pratiques des Espagnols aux Indes, le dominicain Bartolomé de Las Casas – pour qui « les Indiens ont toujours livré aux chrétiens une guerre très juste, tandis que les chrétiens n’ont jamais livré une seule guerre juste contre les Indiens » – témoigne :
« Avec leurs chevaux, leurs épées et leurs lances, les chrétiens commencèrent des tueries et des cruautés [...] ils entraient dans les villages et ne laissaient ni enfants, ni vieillards, ni femmes enceintes qu’ils n’aient éventrés et mis en pièce [...] ils faisaient des paris à qui ouvrirait un homme d’un coup de couteau ou lui couperait la tête d’un coup de pique ou mettrait ses entrailles à nu. Ils arrachaient les bébés qui tétaient leurs mères, les prenaient par les pieds et leur cognaient la tête contre les rochers […
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