“ Il est des lieux où souffle l’esprit. Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère... ” : les Lorrains auront reconnu les premiers mots de La colline inspirée de M. Barrès. Bel anachronisme que cette citation dans le Monde ancien des juristes ! Cependant il s’agit bien d’aborder une “ colline inspirée ”, une montagne, une sainte montagne, un lieu où souffle l’esprit – l’esprit de justice – qui tire l’âme de sa léthargie – l’âme du magistrat. Ce lieu, cette montagne, cet inaccessible, ce sont le cœur et la conscience des magistrats d’Ancien Régime, lieu enveloppé et baigné de mystère.
Au xvii e siècle, le dialogue de l’église et de la prairie tourne à la controverse. Il n’est pas de question plus disputée que celle des rapports de la nature et de la grâce. La publication en 1640 de l’Augustinus, ouvrage posthume de Jansénius, déclenche les violentes réactions des jésuites de Louvain. Le débat théologique fait rage, quand bien même la papauté tente d’imposer le silence sur ces matières. Quelles sont les conséquences du péché originel ? Qu’en est-il des rapports de la grâce et de la liberté ? Les voix des théologiens et des philosophes se font entendre : celles de Saint-Cyran, d’Antoine Arnauld, de Pascal, de Bossuet. La question déborde la théologie et envahit toute la vie sociale : il s’agit de définir l’homme et l’agir humain. Cela a des répercussions dans le domaine du droit et de la magistrature. D’autres voix s’élèvent : celles de Lamoignon, Domat ou d’Aguesseau…
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